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Dynamique des échanges fluvio-lacustres entre la basse vallée de l'Ouémé et Cotonou


par Jean LAOUROU
Université d'Abomey-Calavi - Maîtrise ès lettres de Géographie  2010
  

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CHAPITRE V : L'ORGANISATION DES ECHANGES

La dynamique d'un secteur suppose une organisation rigoureuse des acteurs. Entre la basse vallée de l'Ouémé et Cotonou, des espaces bien définis servent de support des échanges. Les circuits sont établis en fonction des acteurs et des moyens de transport.

5.1. Le support des échanges

5.1.1. Les marchés

De part leurs influences, on distingue trois types de marchés : les marchés locaux, les marchés régionaux et un marché international.

5.1.1.1. Les marchés locaux

Dans notre secteur d'étude, chaque agglomération dispose d'un petit marché qui s'anime surtout dans l'après midi. Ces marchés sont caractérisés par une prédominance des produits de première nécessité et en particulier des produits maraîchers. Les catégories de commerçants rencontrés sont les demi-grossistes et les détaillantes. C'est dans ces marchés que les populations s'approvisionnent quotidiennement pour la consommation familiale.

A Cotonou, ce sont les marchés de moyenne importance où les commerçantes s'occupent de la vente en détail des produits alimentaires notamment des condiments et légumes achetés à l'embarcadère. Au nombre de ces marchés nous avons les marchés de Gbégamey et de Wologuèdè.

5.1.1.2. Les marchés régionaux

Ce sont les marchés fréquentés par les populations de plusieurs arrondissements et communes. Les plus importants sont Azowlissè et Dangbo. C'est dans ces marchés que s'approvisionnent les commerçants de Cotonou.

55

5.1.1.2.1. Le marché d'Azowlissè

Il est le plus grand marché de la basse vallée de l'Ouémé de par son dynamisme. Il rassemble différents acteurs de diverses provenances. Ainsi, les collecteurs de plusieurs villages de la basse vallée de l'Ouémé s'y rendent pour écouler leurs produits.

Par ailleurs, on distingue deux sortes d'animation du marché : le grand Azowlissè qui s'anime tous les quatre jours et le petit Azowlissè qui s'anime une fois entre deux grands Azowlissè. Ce marché comptait 886 vendeurs en 1996. Aujourd'hui, cet effectif est passé à 1241 ; ce qui témoigne de son dynamisme. Cet accroissement d'effectif s'assortit de l'augmentation des quantités de produits exposés dans le marché, ce qui offre une disponibilité plus large de produits aux commerçants d'origine variée.

5.1.1.2.1. Le marché de Dangbo

C'est le deuxième plus influent marché de la basse vallée de l'Ouémé après celui d'Azowlissè. Il fut le lieu d'échange privilégié des populations de la commune de Dangbo et environs et recevait même des commerçants étrangers. Mais son influence a été réduite depuis la création du marché de Malomè situé à cheval entre le marché de Dangbo et Késsounou et qui s'anime le même jour que Dangbo. De ce fait, ce marché draine certains commerçants de Dangbo qui s'approvisionnent en produits maraçichers. Malomè se positionne donc comme un marché de produits maraîchers alors qu'à Dangbo, on y trouve un peu de tout.

5.1.1.3. Le marché Dantokpa

Avec une concentration de plus de 20000 commerçants à chaque foire, Dantokpa est le plus grand marché du Bénin et l'un des plus grands de l'Afrique de l'Ouest (LARES, 2001). Situé au carrefour des voies lagunaires et routières, il s'identifie à travers son dynamisme. Ainsi, le nombre de vendeurs est passé de 12000 en 1984 à 18500 en 1992 puis de 24500 en 1998 à plus de 27000

56

aujourd'hui. Cette variation de l'effectif des vendeurs témoigne du dynamisme de ce marché.

5.1.2. Les embarcadères

Outre les marchés qui constituent des lieux d'échange originels, les premières négociations qui concourent à la vente des produits se font au niveau des embarcadères. Leur nombre est très important dans la basse vallée. En raison de la densité du réseau hydrographique, chaque espace aménagé le long d'un cours d'eau ou d'un canal sert de lieu d'embarquement ou de débarquement. A Cotonou, les embarcadères se situent le long du lac et du chenal. Le plus important est celui de Dantokpa. Ils abritent des constructions précaires : apatam en bois recouvert de nattes ou d'une bâche. Ces espaces servent en même temps de lieux d'échange et on y retrouve divers produits : vivriers, condiments, légumes frais, poissons d'eau douce, bidons vides, fruits, oranges, bananes, ananas. On y trouve également des produits de l'artisanat (bois, osier servant entre autre à la vente de tomate, natte, etc.) et les produits agricoles venant du nord du pays tels que : le mil, le sorgho, les oignons, l'ail, etc. Cet espace ne reçoit pas les produits pétroliers frelatés du Nigeria à cause de l'implantation du groupement d'intervention subaquatique des sapeurs pompiers qui régule le trafic à ce niveau. Les autres embarcadères sont notamment situés à Mènontin, Zogbohouè, Yénawa, Agbato. Les produits pétroliers transitent par Hozin avant d'être convoyés vers les autres communes de la basse vallée. La partie qui arrive à Cotonou transite souvent par le débarcadère d'Abomey-Calavi avant d'être convoyée à l'embarcadère de Mènontin. La conséquence est que ce produit coûte parfois moins cher à Abomey-Calavi qu'à Cotonou.

6°4s'

6'40'

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2°30' 2°35'

+ 6°45'

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16

Kilomètres

Réalisation: Jean LAOUROU Logiciel: Mapinfo 8.0

+ +

2'30' 2'35' LARD, 2010

57

Figure 8: Carte de répartition des principaux marchés de la basse vallée de l'Ouémé

58

5.2. La commercialisation des produits

5.2.1. Les circuits de commercialisation des produits agricoles et halieutiques

Le commerce des produits agricoles et halieutiques obéit à un circuit simple qui met en relation trois principaux acteurs : les producteurs, les grossistes et les détaillantes ou revendeuses. Ces acteurs convoient les produits vers les consommateurs selon quatre voies :

- producteurs- consommateurs

- producteurs- détaillantes- consommateurs

- producteurs- grossistes- détaillantes- consommateurs

- producteurs- grossistes- consommateurs

Figure 9 : Circuits de commercialisation des produits agricoles et halieutiques

Les produits de la basse vallée sont convoyés en grande quantité vers l'embarcadère de Dantokpa. C'est à ce point de débarquement que se négocient

les transactions entre les grossistes et les revendeuses de la ville. Il s'en suit alors une distribution vers les principaux marchés de la ville.

Les produits vendus dans les marchés et embarcadères sont de deux sortes. Il y a les produits frais et les produits transformés. Si les hommes jouent un rôle important pendant la production, la transformation et la commercialisation sont réservées aux femmes. Les produits halieutiques se vendent aussitôt après les prises. Seuls ceux transformés sont conservés pour animer les marchés.

5.2.2. La commercialisation des produits d'élevage

Ce commerce est très peu développé entre la basse vallée de l'Ouémé et cotonou. Les produits de l'élevage sont pour la plupart destinés à la consommation interne alimentant ainsi les échanges entre les populations du département de l'Ouémé comme le montre le tableau suivant :

Tableau XVII : Mouvements commerciaux des animaux sur pied (commerce intérieur) dans l'Ouémé.

Bovins

Ovins

Caprins

Porcins

Volailles

207

2367

4532

1097

20183

Source : Rapport annuel CeRPA, 2007.

Les produits les plus échangés avec Cotonou sont la volaille et ses oeufs ainsi que les caprins notamment le porc.

59

Photo 3 : Vente d'ovins à Dangbo Photo 4 : Vente de porcs à Dangbo

Clichés : Jean LAOUROU, mars 2009

60

La photo 3 montre des chèvres apprêtées pour être vendues alors que la photo 4 montre des femmes assises devant leurs animaux (porcs) en attenant l'arrivée des clients.

Le marché à bétail est très animé pendant la grande saison sèche que ce soit dans la basse vallée ou à Cotonou. Cette période correspond à celle des grandes fêtes (fin d'année, Ramadan, Tabaski, etc.). De plus, la grande saison sèche est considérée comme une période de repos dans la vallée de l'Ouémé et donc réservée aux cérémonies de toutes sortes ; d'où des importations d'animaux.

Tableau XVIII : Importation des animaux sur pied et exportation

Ouémé

Bovins

Ovins

Caprins

Porcins

Importation

-

7303

1330

-

Exportation

4178

327

375

0

Source : Rapport annuel CeRPA, 2007.

Le tableau XVIII montre que 4,48 % des bovins et 28,20 % des caprins importés sont exportés. Le reste, ajouté aux productions locales alimentent le marché à bétail dans l'Ouémé. Les bovins participent très peu aux échanges intérieurs de l'Ouémé à cause de leur prix élevé par rapport aux autres catégories d'animaux.

Tableau XIX: Prix moyens des animaux sur pied sur les marchés à bétail dans l'Ouémé/ Plateau

Canards

Bovins

Ovins

Caprins

Porcins

Poulets

Pintades

Pigeon

6000

170000

18000

18000

28000

1300

2500

1500

Source : Rapport annuel, Direction de l'élevage, 2007.

61

Tableau XX: Mercuriales des denrées d'origine animale (en FCFA/kg).

Bovins

Ovins

Caprins

Porcins

Volaille (unité)

OEufs (unité)

1800

1800

1700

1700

1500

65

Source : Rapport annuel, Direction de l'élevage, 2007.

Les bovins, les porcins et les caprins sont les plus chers et la volaille porte le plus bas prix. Lorsqu'on considère le prix du kilogramme de viande, les espèces les plus chers demeurent les mêmes et les prix varient entre 1700 et 1800 FCFA ; lequel prix est supérieur à celui de la volaille (1500F).

5.2.3. Les prix et leurs facteurs de variation

Les prix sont les données fondamentales stimulant les échanges. Ils varient en fonction des périodes de l'année et des marchés considérés.

D'une manière générale, on distingue deux facteurs majeurs de variation des prix : les facteurs internes et les facteurs externes.

5.2.3.1. Les facteurs internes de variation des prix

Il s'agit des facteurs endogènes de variation des prix dans les localités de production et au niveau des zones d'échange. Ainsi, nous avons :

5.2.3.1.1. Les facteurs liés à la période

Les prix des produits agricoles sont élevés au début de la récolte puisque les produits sont considérés comme étant rares. Ainsi, ce sont les premiers à récolter qui bénéficient de cet avantage. Lorsque la récolte devient abondante, les coûts des produits chutent ; une nouvelle hausse s'observera pendant la période intermédiaire.

62

Tableau XXI : Prix moyens (FCFA/Kg) de quelques produits agricoles en fonction des saisons dans la basse vallée de l'Ouémé

Produits

Grande saison

sèche

Grande saison

des pluies

Petite saison

sèche

Petite saison

des pluies

Maïs

130

115

125

145

Riz importé

350

335

400

425

Gari ordinaire

170

150

130

115

Haricot blanc

350

325

325

325

Arachide graine

515

495

475

520

Source : Calculs de l'auteur à partir des données de l'ONASA et des enquêtes de terrain 2009

Tableau XXII : Prix moyens (FCFA/Kg) de quelques produits agricoles en fonction des saisons à Cotonou

Produits

Grande saison

sèche

Grande saison

des pluies

Petite saison

sèche

Petite saison des pluies

Maïs

135

125

135

155

Riz importé

325

345

345

385

Gari ordinaire

285

200

210

180

Haricot blanc

325

310

325

325

Arachide graine

675

705

480

480

Source : Calculs de l'auteur à partir des données de l'ONASA et des enquêtes de terrain 2009

Pour faire ces calculs, nous avons considéré les relevés de prix de l'ONASA durant les douze mois de l'année 2008 que nous avions complétés par les données des enquêtes de terrain. Ensuite, nous avons regroupé les mois de l'année en fonction des saisons dans chaque région. La somme des prix mensuels divisée par le nombre de mois de la saison nous a donné le prix moyen. Ce calcul a été fait au niveau de chaque produit.

Les prix moyens du maïs, du gari ordinaire, et de l'arachide graine sont plus faibles dans les marchés de la basse vallée que sur les lieux d'échange de Cotonou quelque soit la période de l'année. Par contre, les prix moyens du riz importé, et de l'haricot blanc sont en hausse par rapport aux prix enregistrés

63

dans les lieux d'échange de Cotonou. Ainsi, les denrées alimentaires produites dans la basse vallée de l'Ouémé sont moins chers qu'à Cotonou dans la mesure où le commerçant de Cotonou doit comptabiliser les frais de transport et les autres taxes avant de fixer les prix de vente des produits. Le phénomène inverse s'observe au niveau des produits importés de Cotonou et vendus dans les marchés de la basse valée. Dans l'ensemble, la production de la basse vallée, bien qu'elle soit faible pour certains produits (riz, haricot etc.) permet la réduction temporaire des prix sur les marchés.

En ce qui concerne les produits halieutiques, les prix sont bas en période de crue où on note une forte production. Les périodes de décrue s'assortissent de la baisse des prises et donc d'une hausse des prix.

5.2.3.1.2. La qualité du produit

Elle constitue un facteur de variation des prix. Pour les céréales par exemple, les éléments contrôlés sont : la teneur en eau des grains, la propreté des céréales et la variété (gros grain, petit grain). Le prix du haricot blanc est différent de celui du haricot rouge. Au niveau des produits halieutiques et d'élevage, on tient plutôt compte du type d'espèces.

5.2.3.13. L'état du produit

Certains produits subissent des transformations avant d'être commercialisés. C'est ainsi qu'on retrouve dans les lieux d'échange, des tourteaux d'arachide, de la farine de manioc etc. pour ce qui est de la production agricole. Le prix d'un grand panier de piments rouges varie entre 7000 FCFA et 9000 FCFA. Le même panier de piments verts a un prix variant entre 4000 FCFA et 7000 FCFA dans les marchés de la basse vallée. En ce qui concerne les produits halieutiques, ils peuvent être à l'état frais, fumé ou fris comme le montre le tableau ci-après :

64

Tableau XXIII : Prix de quelques espèces halieutiques en 1997 selon leur état

Espèces

Etat

Prix moyen annuel en FCFA le kilogramme

Cychlidae

Frais

953

Fumé

1037

Chrysichthys

Frais

1041

Fumé

1078

Ethmaloses

Frais

828

Fumé

1108

Penaeidae

Frais

1240

Fumé

2082

Source : Direction des Pêches

Les prix varient ici en fonction des espèces et de leur état. Les espèces ont un prix plus élevé à l'état fumé qu'à l'état frais. Cette variation est liée au coût de la transformation qui est compris entre 37 FCFA et 842 FCFA.

5.2.3.1.4. Les difficultés de transport

En période de crue, la navigation devient difficile. Ainsi, on note une diminution du nombre de pirogues d'où une augmentation des frais de transport et par ricochet des prix des produits. Dans la basse vallée, il y a des localités à accès très difficile en période de crue. L'approvisionnement en produits étant hypothéqué, les prix montent.

5.2.3.2. Les facteurs externes de fluctuation des prix Au niveau externe, nous avons :

5.2.3.2.1. L'évolution des prix des produits pétroliers.

En effet, les échanges sont liés au transport. Ainsi, lorsque le coût du carburant augmente, les frais de transport aussi augmentent ; ce qui se répercute sur le prix des produits échangés. Dans les marchés de Cotonou, les commerçants qui s'approvisionnent au nord du pays voient les prix de leurs produits un peu à la hausse par rapport à ceux des commerçants qui s'approvisionnent dans la basse vallée. Lorsque le produit devient rare, les

65

commerçants, clients de la basse vallée ramènent les prix de leurs produits au même niveau que ceux des autres commerçants ; ce qui leur permet de gagner un peu plus de gains.

5.2.3.2.2. La fréquentation des marchés de la basse vallée par des
commerçants nigérians

En effet, lorsque la production est faible au Nigeria, les commerçants de ce pays débarquent en grand nombre dans les marchés de la basse vallée notamment à Azowlissè et à Dangbo ; ce qui entraîne une hausse des prix des produits.

5.2.4. Les unités de mesure

Elles concernent surtout les produits halieutiques et agricoles. Les produits de l'élevage étant vendus à l'unité.

Pour les produits de pêche, l'unité courante est le panier. Ce sont des paniers de différentes dimensions prêtes à satisfaire le client en fonction de la culture. Le tableau suivant présente les unités courantes utilisées par les commerçants et leurs équivalences en kilogramme.

Tableau XXIV : Unités de mesures et équivalences en kilogramme

Types de produits

Unités courantes

Equivalence approximative en kilogramme

Grains

Tohoungolo Adjandjan Lèbè

01

05

2,5

Racines et

tubercules

Panier Sac

Variable

Légumes

Panier

Variable

Source : Enquête de terrain, 2009

66

Ce tableau présente les principales unités de mesure utilisées dans la basse vallée de l'Ouémé et à Cotonou. La manipulation de ces unités de mesure est maîtrisée par les acteurs qui s'en servent quotidiennement.

5.3. Les infrastructures de stockage et les moyens de transport

5.3.1. La conservation des produits

Les techniques et moyens de conservation varient d'un produit à un autre. Pour les produits halieutiques, les commerçants de Cotonou adoptent une technique toute simple et dans l'immédiat. Elle consiste à déposer les poissons au milieu de deux couches de glace concassée et disposée dans une bassine. Cette technique permet de conserver le produit frais durant quelques heures voire toute une journée. Dans la basse vallée de l'Ouémé, les produits sont soit fumés, séchés ou fris ; ce qui permet de conserver le produit durant quelques jours.

Les produits vivriers sont généralement conservés dans des sacs. Mais avant, les produits céréaliers sont biens séchés et parfois mélangés avec des insecticides dans le cas d'une conservation à long terme. En cas de mévente, les légumes fruits (piment, gombo) sont séchés alors que les légumes feuilles sont exposés à l'air libre afin qu'ils soient maintenus frais.

Les lieux de stockage varient du producteur au commerçant. En effet, au niveau des producteurs, les produits sont stockés dans des greniers ou à la maison. Les commerçants par contre conditionnent leurs marchandises dans des magasins réservés à cet effet avant de les convoyer à destination.

Ces infrastructures de stockage sont construites soit par des structures de gestion des marchés soit par des ONG intervenant dans ce secteur.

5.3.2. Les moyens de transport

Les moyens de transport varient en fonction du niveau des échanges.

67

5.3.2.1. Les moyens de transport au niveau local

Dans la basse vallée de l'Ouémé, le transport des produits de la zone de production vers les domiciles ou les lieux d'échange est assuré par les engins à deux roues (moto ; vélo), les pirogues et les barques. De plus, en raison de la courte distance qui sépare les zones de production maraîchère des marchés (cas de Dangbo, Malomè et d'Azowlissè), le transport par la tête est aussi pratiqué par les femmes.

Les barques (motorisés ou non) sont fortement utilisées en raison de la densité du réseau hydrographique et de l'impraticabilité des voies. A la différence de Cotonou où l'utilisation de véhicules est courante, dans la basse vallée de l'Ouémé, les véhicules sont utilisés par des commerçants qui quittent une commune autre que celle du lieu d'implantation du marché à fréquenter.

5.3.2.2 Les moyens de transport entre la basse vallée et Cotonou Ce sont des barques et pirogues qui servent de moyens de transport entre les deux régions d'étude. On en distingue plusieurs types et leur fréquence varie en fonction de l'importance des lieux d'échange.

5.3.2.2.1. Les barques et les pirogues en plastique ou en métallique

Ce sont des embarcations motorisées utilisées par les responsables administratifs et d'autres agents techniques des structures de développement. Dans la basse vallée de l'Ouémé, chaque commune en dispose au moins une. A Cotonou, ce type de moyen est utilisé par le groupe d'intervention subaquatique des sapeurs pompiers installé à proximité du plus grand débarcadère de la ville. On en compte 4 fréquemment utilisées par ce groupement pour des opérations de contrôle et de sauvetage des populations.

68

Photo 5 : Pirogue en plastique aux Aguégués (Cliché : Jean LAOUROU, 2009)

La photo 5 montre une pirogue moderne au bord d'un plan d'eau aux Aguégués. Le moteur a été enlevé et conservé dans un bureau.

5.3.2.2.2. Les barques et les pirogues en bois

Ce sont les barques utilisées par les transporteurs tant au niveau local qu'entre la basse vallée de l'Ouémé et Cotonou. Elles sont de différentes capacités et servent au transport des marchandises et des personnes. Les tableaux suivants présentent les types d'embarcation et leur fréquence dans les zones d'enquête.

Tableau XXV : Fréquence des embarcations au marché d'Azowlissè

Types

d'embarcations

Nombre

d'embarcations

Nombre de passagers

1996

2009

1996

2009

Pirogues de 10

places

11

34

110

340

Barques de 20 à 50 places

-

15

-

300

Barques de 70

places

-

02

-

95

Totaux

11

41

110

735

Source : Enquête de terrain 2009 (données 1996 : TOHOZIN A., 1999)

On compte 11 moyens de transport en 1996 contre 41 en 2009 soit une augmentation de 30 embarcations en une période de 13 ans.

69

Tableau XXVI : Fréquence des embarcations au marché de Dangbo

Types

d'embarcations

Nombre d'embarcations

Nombre de passagers

1996

2009

1996

2009

Pirogues de 10 places

30

53

300

530

Barques de 20 à 50 places

08

20

160

400

Barques de 70 places

-

-

-

-

Totaux

38

73

460

930

Source : Enquête de terrain 2009 (données de 1996, TOHOZIN A., 1999)

En 2009 on enregistre 73 pirogues et barques contre 38 en 1996 soit une augmentation de 92,11 %.

Tableau XXVII: Fréquence des embarcations au marché de Hozin

Types de

pirogues

Nombre de pirogues

Nombre de passagers

1996

2009

1996

2009

Pirogues de 10 places

44

71

440

710

Barques de 20 à 50 places

02

15

40

800

Pirogues de 70 places

-

-

-

-

Totaux

46

86

480

1510

Source : Enquête de terrain 2009 (données 1996 : TOHOZIN A., 1999)

On compte 86 pirogues et barques en 2009 contre 46 en 1996 ; soit une augmentation de 86,96 % en une période de 13 ans.

70

Photo 6 Photo 7

Barques chargées à l'embarcadère de Tovè, (Clichés : Jean LAOUROU, 2009)

Les photos 6 et 7 montrent des barques en bois chargées de divers produits. Au niveau de la photo 6 nous avons du bois de chauffage. La photo 7 montre des produits alimentaires notamment ceux maraîchers.

Dans l'ensemble, on note une nette augmentation du nombre d'embarcations entre 1996 et 2009 et par ricochet un accroissement du nombre de passagers. On distingue cependant des barques motorisées et des barques non motorisées. Les pirogues de 10 places sont généralement sans moteur. Elles se déplacent donc à l'aide des pagaies dont la manipulation est maîtrisée par les transporteurs. Ces pirogues sont généralement utilisées par les mareyeuses pour les activités de pêche. On compte 21184 pirogues de pêche en 1998 (Direction des pêches). Ces petites embarcations sont également utilisées pour le transport des biens et des personnes d'une rive à une autre dans les villages coupés en deux par un cours d'eau. Les barques de 20 places et plus portent des moteurs et ce sont elles qui servent de moyens de transport entre Cotonou et la basse vallée de l'Ouémé. Sur les grandes barques sont disposées des bâches pour faire écran aux intempéries de la nature. L'augmentation de la population a entraîné un accroissement des besoins de transport d'où une augmentation du nombre de moyens de transport.

71

5.3.2.2.2. La fréquence des barques à l'embarcadère de Cotonou

L'effectif des embarcations varie d'une période à une autre dans les embarcadères de Cotonou. En effet, on compte en moyenne 80 pirogues et barques par jour dont 79 % provenant de la basse vallée de l'Ouémé et 21 % d'Abomey-Calavi et des environs de Cotonou. Lorsqu'on aborde la période des récoltes dans la basse vallée cet effectif passe à 130 embarcations. Dans ces embarcations, on retrouve des marchandises et des personnes qui peuvent être des commerçants, des usagers de marché ou des fonctionnaires comme le montre la photo 8

Photo 8 : Barque assurant le transport entre Cotonou et la basse vallée de
l'Ouémé (Cliché : Jean LAOUROU, 2009)

La photo 8 montre une barque chargée en direction de la basse vallée. Les marchandises sont rangées au fond de la barque avant l'installation des passagers.

L'organisation est faite de telle sorte qu'un transporteur ne peut faire qu'un voyage (aller et retour) par jour. Une vague de barques débarque à Cotonou le matin à partir de 6 heures. Les barques non motorisées repartent quelques minutes après alors que les grandes barques motorisées peuvent attendre jusqu'à 14 heures au plus tard ; c'est à cette même heure que la seconde vague de barques débarque pour assurer le transport de la soirée. Cependant, on

72

compte en moyenne 38 barques le matin contre 25 l'après midi ; ce qui montre que l'affluence est plus grande dans la matinée.

5.4. L'analyse des flux

Les flux s'apprécient à travers la quantité de marchandises et le nombre de personnes enregistrées au niveau des lieux d'échange. Ces flux sont résumés dans la figure 9.

73

Figure 10: Carte des flux des produits dans les différents marchés de la basse vallée L'analyse de la figure 9 montre que chaque localité à ses spécificités. Les produits sont convoyés vers les marchés locaux puis vers les marchés régionaux

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(Azowlissè et Dangbo). Ce sont donc ces deux marchés qui reçoivent les plus grandes affluences dans la basse vallée de l'Ouémé. Dans ces lieux, s'approvisionnent les commerçants de Cotonou. Ces marchés reçoivent donc outre les produits locaux, les produits manufacturés des régions urbaines. Sur les 1026 usagers du marché d'Azowlissè, 450 proviennent des régions autres que la vallée ; ce qui témoigne de la fréquentation du marché par des acteurs aux origines diverses. Par ailleurs, la commune de Sô-Ava envoie beaucoup plus ces produits vers Cotonou en raison de la courte distance qui sépare les deux localités. Elle reçoit également beaucoup de produits en provenance de Cotonou à cause de sa faible production agricole et de son poids démographique.

D'une façon générale, les produits de Cotonou sont convoyés vers les plus importants marchés de la basse vallée avant d'être distribués dans les autres localités de la région comme le montre la figure suivante :

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Figure 11 : Carte des réseaux de distribution des produits de Cotonou

Au total, différents facteurs ont participé à l'évolution des échanges. Ainsi, les variations de la production influencent l'animation des marchés dans

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la mesure où c'est la disponibilité du produit qui permet de déterminer les prix sur les lieux d'échange. Les offres de la basse vallée sont notamment des produits du secteur primaire alors que Cotonou fournit outre ses produits alimentaires, les produits manufacturés importés. Ces biens sont transportés par des barques et des pirogues dont la capacité varie en fonction du trajet. On note une augmentation de leur nombre et du nombre de vendeurs dans les marchés ; ce qui permet de dire que le secteur est en plein dynamisme. Cette activité a un impact socio-économique non négligeable qu'il importe de connaître.

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