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La blockchain et l'offre au public de titres financiers


par Lise Wantier
Université Paris Nanterre - Master 2 Droit des affaires 2017
  

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Section II. Les solutions pour pallier le problème de gouvernance

L'un des problèmes qui reste donc insoluble dans le cadre d'une chaîne de blocs décentralisée est la question de gouvernance, analysons donc si le recours aux smart contracts pourrait être une solution (§1) voire, si la blockchain pourrait intégrer une régulation en son sein (§2).

§1. Les smart contracts

Comment faire respecter la législation dans une blockchain ouverte, si la question de la gouvernance ne peut être résolue, sans la ré-instauration d'un tiers de confiance ? Le recours aux smart contracts pourrait-il être une solution envisageable ?

Pour cela un smart contract doit être reconnu juridiquement. Pour être reconnu, il doit être capable d'identifier les parties de manière fiable. Cependant la blockchain publique repose sur un principe d'anonymat sur la base de clefs publiques, comment concilier cet anonymat avec ce besoin d'identification ? L'identification pourrait-elle se faire par une signature électronique légale ? Cette signature suppose l'existence d'un tiers de confiance afin de l'authentifier. Il est donc possible de passer par ce cadre, mais la technologie blockchain pourrait peut-être elle-même permettre d'établir une signature électronique.

La blockchain est selon Satoshi Nakamoto une chaine de signatures électroniques. Les deux technologies reposent en effet sur la cryptographie asymétrique. Ainsi on pourrait s'interroger sur la possibilité de créer une chaîne de blocs permettant de signer électroniquement des documents et des contrats afin de se passer d'un tiers.

La Place de Paris a analysé la possibilité d'utilisation de la technologie blockchain au service de la signature électronique, notamment au travers de la législation applicable et a conclu à la possibilité de cette utilisation, et même aux avantages que cela pourrait avoir en terme de coût et de sécurité. Elle a également analysé les difficultés en terme de confidentialité qui se posaient et a démontré que ces difficultés pouvaient être résolues, en intégrant dans le bloc signé par les parties un hash du contrat et non le contrat en entier, et en utilisant des signatures multiples, ou des ring signatures afin d'identifier les signataires les uns envers les autres tout en cachant leur identité aux tiers. Ces difficultés ne constituent donc pas un obstacle. La Place de Paris conclue que « la solution blockchain, pour les signatures électroniques semble donc être une solution moderne bien plus pragmatique, efficace, économe et sécurisée135. »

Ainsi, rien ne semble s'opposer à la reconnaissance juridique d'un smart contract tant que les parties puissent être identifiées. Mais en pratique, l'instauration des smart contracts est-elle

133A. PINNA, W. RUTTENBERG , « Occasional Paper Series, Distributed ledger technologies in securities post-trading, Revolution or evolution? », p.24,25

134 ISRAELVALLEY DESK, « Née en Israël, QED-it est une start-up en Blockchain « BtoB » », Site officiel de la chambre de commerce France-Israel, 7 oct 2017

135 PARIS EUROPLACE, p.89-90

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réellement souhaitable ? La publication d'un livre blanc questionnant l'apport de la DLT et des smart contracts aux produits dérivés, publié par l'association internationale des Swaps et dérivés (International Swap and Derivatives Association, ISDA) peut nous apporter une réponse. Un smart contract code pourrait remplacer certaines clauses opérationnelles d'un contrat (comme la date d'un paiement en fonction de certains paramètres) ou automatiser des clauses déjà existantes d'un contrat mais les clauses non opérationnelles comme la juridiction ou la loi applicable en cas de litige ne pourraient être intégrées dans le smart contract selon l'ISDA. La difficulté de l'automatisation ressort également de la possibilité qu'ont les parties de faire des choix au cours de la transaction. Les parties peuvent ne pas souhaiter que certaines clauses s'appliquent de manière automatique. L'ISDA considère donc qu'il n'est pas possible pour un contrat juridique d'être intégralement reflété dans un code informatique s'exécutant automatiquement sur une blockchain. Dès lors une blockchain autonome, entièrement régie par des smart contracts semble difficilement viable pour l'ISDA. Cependant, selon certains auteurs, le manque de flexibilité n'est pas irrémédiable136.

L'exemple de the DAO démontre les limites des smart contracts. Toutes les décisions d'investissements étaient décentralisées et prises par le pseudonyme DAO « token-holders » à travers un vote digital. Les règles de ce vote étaient encodées dans un smart contract gouvernant the DAO. Ainsi le code remplaçait le management et établissait un lien direct entre les investisseurs et la mise en oeuvre de la stratégie d'investissement. Cette blockchain fut hackée du fait d'erreurs dans le smart contract en juin 2016, et le hacker déclara que ce transfert d'argent était légal car ce détournement avait été possible du fait d'une faiblesse du smart contract, et qu'ainsi, « le code fait loi ».

§2. L'utilisation de la blockchain comme outil au service du régulateur

Comme nous l'avons compris la technologie blockchain est difficile à réguler du fait de l'absence d'une autorité centrale, on pourrait donc imaginer une intervention publique par l'incorporation d'une autorité dans la technique. S'il est possible d'incorporer un cadre réglementaire dans le code informatique qui régit la blockchain, les objectifs de régulation pourraient être facilement respectés. Un auteur propose même que le secteur public développe son propre système de blockchain137. Ainsi, par exemple dans une blockchain, le régulateur pourrait être l'un des noeuds du réseau et ainsi avoir accès à toutes ses données. Cela permettrait aux régulateurs d'avoir des données plus traçables et plus complètes138. Même si le contre-sens de cette idée est latent, puisque la blockchain vise en principe la suppression des tiers de confiance139.

C'est pourquoi pour certains auteurs, l'enjeu n'est pas que la blockchain soit saisie par le droit des états mais qu'elle aboutisse à une création juridique autonome. La blockchain est intrinsèquement difficilement compatible avec le droit classique, pour dépasser ces blocages on pourrait donc utiliser la chaîne de blocs comme support aux relations normatives140. Ainsi les différents acteurs de la blockchain pourraient créer des régimes d'engagements singuliers, où ils réguleraient eux-même leurs obligations ainsi que les questions de responsabilité, qu'ils enregistreraient sur la blockchain grâce aux smart contracts141.

Après avoir analysé le cadre législatif qui pourrait s'appliquer en cas d'utilisation de la blockchain lors d'une offre au public de titres financiers, du point de vue des normes régissant les

136 C. LIM, TJ SAW, C. SARGEANT, « Smart Contracts: Bridging the gap between expectation and reality », Oxford University blog

137 PJ. BENGHOZI, « Blockchain : objet à réguler ou outil pour réguler ? », La Semaine Juridique Entreprise et Affaires n° 36, 7 Sept 2017, 1470

138 IOSCO, « IOSCO Research Report on Financial Technologies (Fintech) », fév 2017, p.59

139 S. DE CHARENTENAY, « Blockchain et Droit: Code is deeply Law », 19 sept 2017, Blockchain France

140 Ibid

141 Ibid

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marchés financiers. Il convient d'analyser comment s'articulerait cette utilisation avec les législations existantes dans les autres domaines du droit, qui ne concernent pas directement l'offre au public de titres financiers mais qui pourraient avoir un impact sur celle utilisation.

Titre II. La conciliation entre la chaîne de blocs et les réglementations extrinsèques aux marchés financiers

En cas d'utilisation au profit des offres au public de titres, un DEEP peut se voir appliquer des législations extérieures aux marchés financiers, ainsi nous analyserons la compatibilité entre ces différentes législation et les DEEP (Chapitre 1), mais également avec les législation internationales (Chapitre 2).

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery