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L'effet de la structure familiale sur l'abandon scolaire au Cameroun


par Stéphane Messina Poute
Université de Yaoundé 1- Ngoa ekele  - Master 2 sciences de L’éducation  2020
  

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2.2.5.2- Le sexe de l'enfant et l'abandon scolaire

En Afrique de façon générale, et dans certaines régions au Cameroun, la fille demeure « une force de travail tout autant qu'un bien matrimonial, indispensable pour la famille, le lignage, voire le groupe social étendu dont l'inscription à l'école peut remettre en cause l'organisation domestique, pose des problèmes pour la garde du nouveau-né, mais aussi rompre les échanges matrimoniaux » (Geral, 1998 cités par Kaboré et Pilon, 1999).

Cette marginalisation dont sont victimes les filles en matière de scolarisation tire ses fondements dans le processus de socialisation et d'éducation familiale qui met plus l'accent sur la dépendance que sur la réussite des filles. En conséquence, dans les sociétés traditionnelles africaines, la fille n'a pas besoin de l'éducation formelle pour assurer son rôle de mère et d'épouse, (Mungah 1993, cité par Wakam et al. 1999).

Les caractéristiques individuelles des enfants affectent leur scolarisation. Des études ont montré qu'en Afrique, la différence de scolarisation entre fille et garçon existe. Les études sur la performance scolaire des enfants montrent que les filles réussissent mieux à l'école que leurs camarades de sexe masculin, les travaux effectués par Marcoux (1994) et Wakam (2003) révèlent une sous scolarisation des filles due à la participation à des travaux et aux activités domestiques que les garçons.

Au Mali par exemple, Marcoux montre que, 97% des filles participent aux travaux domestiques contre 25% des garçons. Aux Caraïbes, on a pu constater que les filles, comparativement aux garçons, ont une scolarité plus stable et longue, qu'elles abandonnent plus rarement leurs études et parviennent à des niveaux d'éducation fonctionnelle plus avancés à l'issue de leur scolarité que les garçons (UNESCO, 2004).

Dans les pays industrialisés, et plus précisément les pays de l'OCDE, on a également remarqué que les filles de 15 ans révolus obtenaient, dans les domaines littéraires, de meilleurs résultats que les garçons du même âge. Dans les domaines scientifiques par contre, les garçons enregistraient des performances supérieures à celles des filles. Néanmoins, des études plus récentes montrent une amélioration des compétences féminines dans les disciplines telles que les mathématiques et les sciences, ceci à cause des initiatives scolaires et de l'évolution générale du rôle de la femme dans la société (UNESCO, 2004). De manière générale, les meilleures performances scolaires féminines s'expliquent par la maîtrise du raisonnement verbal, l'adoption de stratégie d'apprentissage plus efficace et leur aspiration professionnelle plus ambitieuse que celle des garçons.

L'écart entre les rendements scolaires des filles et des garçons est d'autant plus accru qu'à l'adolescence, les garçons éprouvent très souvent du dédain pour l'autorité, subissent plus fortement la pression de leur groupe d'amis et adoptent des comportements de petits durs afin d'affirmer leur masculinité (UNESCO, 2004). Cette affirmation de leur virilité se manifeste également par des retards et un absentéisme plus ou moins régulier lors des enseignements. Au regard de la sous-scolarisation féminine, de leurs lourdes responsabilités domestiques et des pesanteurs sociales et culturelles, on peut fort opportunément se demander si ce qui est constaté dans les pays industrialisés peut être également valable pour les pays africains.

Ainsi la femme est d'abord mère et épouse et sa fonction principale est celle de la reproduction. Chez ses parents, elle est considérée comme une « résidente passagère » devantsubir une migration pour cause de mariage alors que chez son mari, elle reste étrangère venue d'une famille à laquelle elle reste rattachée. La femme se marie très jeune et exerce la plupart de ses activités au sein du foyer conjugal sans perspectives d'épanouissement personnel et individuel autre qu'au service d'autres personnes (Tchabewou, 2002).

A contrario, l'homme est perçu comme celui à qui incombent les charges du ménage. Il lui revient par conséquent d'exercer des activités hors du foyer conjugal afin de subvenir aux besoins de sa famille ou de son ménage.

L'école offrant les possibilités d'insertion dans des activités pérennes et valorisantes, l'inscription et l'encadrement du garçon dans les institutions scolaires s'avèrent de facto assuré de la part des parents. Ces normes et perceptions spécifiques à la société africaine dans sa majorité expliquent en grande partie la réticence à la réussite scolaire de la fille en raison du statut particulier de la femme auquel elle est appelée à devenir.

Alors que l'existence d'une performance scolaire différentielle en Afrique subsaharienne selon le sexe de l'enfant en faveur du sexe masculin est un facteur explicatif de la composition diversifiée des ménages rencontrés en Afrique. De nombreux travaux de recherche montrent effectivement que la scolarisation des enfants est affectée par la composition du ménage. Cette dernière participe tantôt à la scolarisation, tantôt à la sous-scolarisation. Ainsi cette influence de la composition des ménages sur la fréquentation scolaire des enfants est fonction de la taille du ménage, de la présence des enfants en bas âges, de la présence d'adultes et des personnes âgées.

On a constaté que la présence des enfants en bas âge constitue une entrave à la fréquentation scolaire des enfants. Ceci parce que ces enfants demandent de la part de leurs aînés beaucoup de soins et d'attention (Chernikhovsky 1985). Au Botswana, Lloyd et Blanc (1996) dans leur étude portant sur sept pays d'Afrique subsaharienne montrent que, la présence des personnes âgées et surtout celle des femmes âgées agit positivement sur la scolarisation, car ces dernières participent aussi aux activités domestiques ; ce qui témoigne de la substituabilité des activités domestiques entre les femmes et les enfants, aussi entre femmes et fillescorroborée par les études (DeVreyer 1994 ; Clevenot et Pilon 1996) comme une réalité peu surprenante, cela se rencontre aussi bien chez les hommes chefs de ménages que chez les femmes chefs de ménages. Cependant, les femmes chefs de ménages accordent autant d'importance à la réussite scolaire de leurs filles que de leurs fils.

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