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La rdc et le dilemme de securité : etude comparative entre la deuxième et la troisième république


par Didier CHIGANGU MUNGUAKONKWA
Université Officielle de Bukavu  - Licence en Relations Internationales  2018
  

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2. ÉTAT DE LA QUESTION

Pour ne pas forcer une porte déjà ouverte par la recherche, nous avons procédé à une revue de littérature renseignant sur la théorie sécuritaire dans le pays qui fait l'objet de notre étude à savoir la République Démocratique du Congo (RDC).

Raymond Aron4(*), au terme de son enquête, tente de définir la morale de l'action diplomatique, la stratégie qui donne la meilleure chance de sauver la paix sans sacrifier la liberté. Enfin, en un exercice de pensée utopique, il cherche les conditions de paix par la loi. En 1962, lorsque cet ouvrage paraît, ces conditions ne sont pas réalisées et la paix se résume à l'absence ou à la limitation des guerres. L'analyse de Raymond Aron prend place en pleine guerre froide et explicite les rapports de force qu'impose l'arme nucléaire détenue par quelques puissances militaires. C'est aussi une réflexion sur le devenir de l'humanité.

Colette Braeckman5(*), analyse le point sur l'Afrique centrale à la fin du XXe siècle, la situation intérieure en RDC et chez chacun de ses voisins. La chute du régime le plus corrompu d'Afrique centrale, devenu le symbole de l'ordre néocolonial, n'a-t-elle pas été obtenue grâce à l'alliance de plusieurs pays déterminés à parier sur l'avenir du continent?

La guerre qui, un an après la chute de Kinshasa, mettra aux prises les anciens alliés, engendrera une déception à la mesure de l'espoir qu'avait suscité la « renaissance africaine »6(*), dont le Congo devait être le berceau. Il apparaît alors que si les pays qui prétendaient incarner la nouvelle Afrique se sont dégagés de l'influence européenne, ils restent en proie à leurs vieux démons : l'égoïsme d'État, l'ethnisme, le goût du profit immédiat, le recours à la violence. Tout à la fois chronique des événements récents, elle analyse des forces en présence (États, leaders, ethnies, peuples, grandes puissances, organisations humanitaires, etc.) et fait une réflexion prospective, cet ouvrage s'attache aussi à déceler les signes d'espoir au coeur de ce continent à la dérive.

Elle présente encore la configuration de l'espace congolais après Mobutu, un espace déchiré par une guerre qui oppose les alliés d'hier qui ont conduit Laurent Désiré Kabila au pouvoir en République Démocratique du Congo. Elle aborde largement cette guerre dans ses premiers jours, passe en revue les actions et les parrains engagés, écrit ses principaux enjeux, ses grands objectifs. Toutefois, elle note que la guerre a conduit à une impasse tant politique que militaire. Dans sa conclusion elle énumère quelques conditions pour arriver à une solution durable, il s'agit entre autres : « le désarmement des milices par une force d'interposition »7(*). Cet auteur, dans une autre analyse8(*), nous retrace la scission des alliés d'hier maintenant regroupés en camps montés les uns contre les autres, ayant mis en relief une division autour des intérêts économiques. De la mort de Laurent Désiré Kabila à son remplacement par son fils Joseph Kabila, de la remise en cause du régime Kabila père à la mise en place des institutions de la transition.

Breackmann décrit la précarité de l'ordre politique en RDC, les velléités des États voisins dont les armées sont dotées de grandes capacités de projection et la lutte pour le contrôle de l'exploitation des matières premières. Elle met aussi en scène des « aventuriers »9(*)qui ont investi ou qui gagnent dans cette tragédie de tout un peuple.

Enfin, elle parle du rôle des puissances dans cette crise dont le bilan humanitaire est très lourd, notamment de leur soutien supposé ou réel auprès des agresseurs ainsi que de leur engagement dans le dénouement de la situation.

Ces deux ouvrages ont le mérite d'avoir analysé la confusion qui a régné en Afrique centrale avec les deux guerres du Congo dans lesquelles les pays des Grands Lacs ont joué un rôle de première importance. Un décalage de temps les sépare néanmoins de notre étude suite à l'évolution du contexte régional des guerres ouvertes vers une guerre civile masquée, et où la participation des acteurs étrangers à la République Démocratique du Congo (RDC) devient plutôt subtile dans une crise que les multiples efforts n'ont pas réussi à faire disparaître. En cela, notre quête parait sectorielle et limitée par rapport aux deux ouvrages.

Mulamba Mubyabo Ngeleka, dans un ouvrage collectif, traite des alliances stratégiques et conflits armés dans la région des Grands Lacs : exemple du Rwanda et de la République Démocratique du Congo. Dans sa réflexion, il examine le rôle que les États de la sous-région de Grands Lacs ont joué dans le renversement des régimes dictatoriaux en République Démocratique du Congo et au Rwanda.10(*)

Max Gounelle11(*) dans ses études sur les relations internationales conçoit un aspect nouveau des questions relatives à la paix et la sécurité. Selon lui la paix et la sécurité internationale ne découlent pas seulement de l'absence de guerre et de conflit armés. D'autres menaces à la paix et à la sécurité, de nature non militaire, trouvent leur source dans l'instabilité qui existe dans les domaines économiques, sociaux, humanitaires et écologiques. Ceci nous pousse à imaginer que la mauvaise gestion des ressources naturelles par les États, en général et en particulier ceux de la Région des Grands Lacs constitue un danger aussi et une menace à la paix, à la sécurité et à la stabilité des institutions de l'État.

Olivier Lanotte12(*), aborde les aspects extérieurs de deux guerres dites de libération, de leurs origines rwandaises à son internationalisation jusqu'à devenir la première guerre continentale et africaine. Il analyse géopolitiquement le conflit en dégageant ses enjeux régionaux ainsi que l'implication des acteurs africains tant internes qu'étrangers qu'il nomme les nouveaux parrains africains, d'une part, et évoque d'autre part les enjeux internationaux au coeur desquels il place l'économie des moyens dans la politique interventionniste des puissances à certaines parties dans le conflit et le regain d'intérêts des autres pour les parties ouvertes. Dans son post face signé par Gérard Prunier, ce conflit est présenté comme le rejeton monstrueux du génocide et du non traitement par la communauté internationale tant du génocide lui-même que de ses conséquences. Lanotte part d'une dynamique externe qui est venue changer le cours des choses en République Démocratique du Congo (RDC) et qui a imprimé un caractère nouveau aux relations inter-africaines, la possibilité de diviser des États autour des intérêts et de les opposer directement par des affrontements armés. Cette perspective, sur l'échiquier régional est dépassée, chaque État comptant à agir par une main invisible avec des stratégies de substitution militaire. En outre, il ne s'agit ici que des rapports entre trois (3) États et d'une rivalité, non plus ouverte mais latente.13(*)

Paul Matthieuet les autres, ont analysé en deux parties, les problèmes politiques, sécuritaires et identitaires qui se sont posés au Kivu jusqu'en 1999.

À côté des guerres paysannes au Nord-Kivu articulées autour des enjeux fonciers et identitaires aussi bien entre divers groupes locaux anciennement implantés sur le territoire de cette province que différents groupes des Banyarwandas présents dans la région, est développée l'« Africa War I».14(*) Celle-ci est une guerre régionale qui a impliqué militairement sept (7) à dix (10) États africains, trois(3) mouvements rebelles congolais, des nombreux groupes rebelles ougandais, rwandais, burundais et angolais, sans compter de multiples acteurs privés africains et occidentaux. Entre prétexte et réalité, ils dépeignent le motif sécuritaire qui a permis au Rwanda d'attaquer la RDC. Ils évoquent également les prédations qui se présentent comme un modèle économique rigoureusement contrôlé par des Seigneurs de guerre dans une Afrique de comptoirs, conséquence de la guerre. Ces auteurs nous éclairent tant sur les acteurs que sur les enjeux en présence.

CEPOST15(*), dans son rapport final du séminaire-atelier sur la « sécurisation de la République Démocratique du Congo : Menaces, Défis et opportunités », tenue à Bukavu du 13 au 15 Juillet 2005, vise la recherche des difficultés liées à la sécurisation de la Province du Sud- Kivu en particulier et de la RDC en général, l'élargissement des contacts et des connaissances pouvant contribuer à la prévention de l'insécurité, l'exploitation des attentes de la communauté locale en matière de sécurisation du Sud- Kivu et l'élaboration des structures et des mécanismes de renforcement de la sécurité tant au niveau provincial, national, que de toute la sous-région des grands lacs.

Basil Davidson écrit : « L'éveil et le combat du nationalisme africain ». Jusqu'à la fin des années 1980, il a prévalu l'idée selon laquelle : l'idéal démocratique auquel aspiraient les peuples ailleurs, était positivement dangereux et un luxe pour l `Afrique, et que les régimes monolithiques à parti unique, autoritaires, étaient les mécanismes par excellence de la sécurité et de l'unification des sociétés.16(*)

Il est vrai que l'idée de Davidson nous laisse supposer que la sécurité de l'État est garantie mieux dans un régime autoritaire car celui-ci assure la maitrise de son territoire différemment de la démocratie alors que, celle-ci est un luxe pour l'Afrique. Cependant, beaucoup des conflits se multipliaient dans des zones particulièrement riches de l' « Afrique médiane »17(*), carrefour de tous les impérialismes, où s'entrecroisent aujourd'hui, des logiques politiques, économiques et sociales, des logiques de prédation, pour être précis.

Mais de tous les conflits africains de l'après-guerre froide, la guerre à rebondissements du Congo-Zaïre, actuelle République Démocratique du Congo(RDC), est celle qui rend le mieux compte des différents aspects des conflictualités africains, à savoir, sans souci d'exhaustivité : l'ethnicité, l'effondrement de l'État, la lutte pour le pouvoir-territoire, la privatisation de la guerre, le pillage des ressources, etc....

Ainsi, pour dégager l'originalité de notre travail par rapport à tous ceux qui précédent, il est question pour nous d'identifier les acteurs qui jouent un rôle important dans la quête et dans la consolidation de la sécurité sur le territoire congolais, établir une similaritéentre les deux républiques que nous nous proposons de comparer dans cette analyse.

* 4R.Aron, Paix et guerre entre les nations, Paris, éd. Calmann-Lévy, 1962, p794.

* 5C. Braeckman, L'enjeu congolais. L'Afrique centrale après MOBUTU, Bruxelles, Fayard, 1999, pp 269-270.

* 6Idem, p260

* 7C. Braeckman, Les nouveaux prédateurs. La politique des puissances en Afrique centrale, Bruxelles, Fayard, 2003, p 344.

* 8C. Braeckman, Vers la deuxième indépendance du Congo, Kinshasa, Éditions Le Cri, 2008, p280.

* 9C. Breackman, Op. Cit., p280

* 10Mulamba Ngeleka, « Alliances stratégiques et conflits armés dans la Région des Grands Lacs : exemple du Rwanda et de la République Démocratique du Congo »In LIKUNDOLI : mémoire et enquêtes d'histoire congolaise, X 1-2. Conflits et violences dans l'histoire contemporaine de l'Afrique centrale, CERDAC, PUL, 2006, p4.

* 11 Max Gounelle, Relations internationales, Paris, Dalloz, 7ème Edition, p.194.

* 12O. Lanotte, Guerres sans frontières en République Démocratique du Congo. De Joseph Désiré Mobutu à Joseph Kabila, Bruxelles, Éditions du GRIP, 2006, p. 264.

* 13Idem, p264

* 14P. Matthieu, at. alii, « Conflits et guerre au Kivu et dans la région des Grands Lacs. Entre tensions locales et escalade régionale », Paris, Le Harmattan, Cahiers Africains N° 39-40, 1997, p 216.

* 15CEPOST, Rapport final du séminaire-Atelier sur la sécurisation de la RDC : Menaces, Défis et opportunités, Bukavu, 2005, p 19.

* 16Basil Davidson, L'Afrique au XXème Siècle. L'éveil et le combat du nationalisme africain, Paris, Éditions. J.A., 1979, p 109.

* 17Y. Lacoste, « Géopolitique d'une Afrique médiane », In Hérodote, n°86/87,3è et 4èTrimestres, 1997, p 160.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein