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La problématique de la diffusion des musiques du monde en France


par Alexandre Aimé Siewe Leupi
Université Paris III Sorbonne nouvelle - DESS Relations interculturelles 0000
  

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CHAPITRE III-

L'AVENIR DES MUSIQUES DU MONDE DANS UNE France
GLOBALISEE

I- LES FRANÇAISA L'ECOUTE DES MUSIQUES DU MONDE : LA
PLACE DES MUSIQUES DU MONDE DANS LEURS ...GOUTS MUSICAUX

A- D'APRES L'ENQUETE DU DEP

B- D'APRES LE SONDAGES SOFRES / SACEM

II- S'ACHEMINE-T-ON VERS L'EROSION COMPLETE DES MUSIQUES DU MONDE

III- PROPOSITIONS POUR UNE MEILLEURE VISIBILITE DES MUSIQUES DU MONDE EN FRANCE : MANIFESTE POUR UNE SOCIETE MULTICULTURELLE.

IV- LE PRIX RFI MUSIQUE DU MONDE : PRESENTATION D'UN PROJET STRUCTURANT

A- RFI LE PLUS GRAND MEDIA FRANCOPHONE DU MONDE EN RACCOURCI

A1- LA MUSIQUE SUR RFI

B- NAISSANCE ET EVOLUTION DU PRIX MUSIQUES DU MONDE

B1- DES DECOUVERTES AU PRIS RFI MUSIQUES DU MONDE

B2- LE PRIX RFI MUSIQUE DU MONDE COMME UN TREMPLIN POUR LES JEUNES MUSICIENS DU MONDE

...EN GUISE DE CONCLUSION

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INTRODUCTION

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L'on associe généralement les années 80 avec une certaine idée romantique qui veut que Paris ait réaffirmé avec vigueur sa vocation de capitale des arts et des lettres et capitale de la liberté. L'arrivée de la gauche au pouvoir ayant donné lieu à la mise en oeuvre d'une politique culturelle qui, dans sa dimension internationale, s'est efforcée de développer une image humaine, tolérante, et accueillante. Humaniste, Paris s'est placé à la tête de front de la lutte antiapartheid, ouvrant ses scènes aux artistes et militants sud-africains qui animent la croisade contre le régime de ségrégation raciale. Johnny Clegg, surnommé « le zoulou blanc » est fait chevalier des arts et des lettres par Jack Lang alors ministre de la culture. Accueillante, la France facilite la participation d'artistes originaires de ses anciennes colonies à des spectacles et festivals. Notamment des artistes africains qui bénéficient d'une promotion exceptionnelle et surfent sur une vague favorable. La capitale Française devient le creuset du beat africain. L'avènement des radios libres qui font découvrir les rythmes nouveaux, l'arrivée à la tête des maisons de disques et des festivals d'anciens soixante-huitards ouverts à d'autres horizons, l'émergence d'artistes avides d'échanges (Higelin n'hésite pas à faire le griot avec le guinéen Mory Kanté ET Lavilliers fait connaître les accents secrets du Brésil), d'une nouvelle génération de Français, fils d'immigrés qui, tout en désirant s'intégrer, revendiquent la reconnaissance de leurs cultures d'origines expliquent en partie cette explosion des musiques africaines. Comme effet catalyseur, on peut aussi noter l'arrivée d'hommes politiques qui considèrent les « cultures d'immigration » comme un outil d'intégration et une vitrine française de la culture universelle. Leur notoriété est telle que Manu DIBANGO ou Salif KEITA organisent des tournées dans tout l'hexagone et sont adulés par les grands médias qui jusqu'alors, les ignoraient. Peu à peu la France se métisse et se colore.

« L'universalité cesse d'être une simple abstraction et devient une réalité vivante dans un pays qui s'est tant de fois enorgueilli de montrer au monde les chemins de la Liberté » selon Jack Lang (1)

De majoritairement black ou bleu, le public se métisse en « black-blanc-bleu ». Nés français et passés par l'apprentissage de l'école publique, les enfants

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d'immigrés maghrébins et africains se rendent de plus en plus souvent aux concerts d'artistes de leur communauté d'origine, en compagnie de leurs compatriotes français de souche. Ce qui suscite un véritable engouement et une demande croissante contribuant à sortir ces musiques du ghetto culturel dans lequel elles évoluaient. Les artistes du Sud en général effectuent une percée remarquable européenne, y compris ceux réputés réfractaires aux produits culturels « autres » que les leurs.

On peut penser que les années 80 consacrent l'élargissement de l'univers musical mondial et marquent l'arrivée sur la scène de la concurrence internationale de protagonistes exclus jusque-là, de l'idée même de marché. Cette période présente l'avantage de faciliter la promotion en faveur de ses musiques tout en soulignant et préservant leur diversité, leurs qualités intrinsèques, leur capacité à témoigner de valeurs ajoutées. Le succès des musiques du Sud concourent alors à offrir au monde une image bigarré et dynamique d'une famille commune. Au fil des années, l'analyse des données du spectacle vivant, des ventes de disques ou du flux de droits d'auteurs a montré qu'en s'en donnant les moyens, les productions du Sud pouvaient conforter leurs positions sur le marché mondial de la diffusion.

Cette grosse embellie dans le ciel des musiques du Sud a eu pour principaux actionnaires les héros d'une culture « alternative » que l'on retrouve aussi bien du côté de Kingston avec le mouvement Reggae que du Cap-Vert avec le succès international de Cesaria Evora

En France, un ensemble de musiciens, de studios, et de scènes comme le festival des arts traditionnels de Rennes, le festival des Musiques Métisses d'Angoulême, le théâtre de la ville de Paris dont peu à peu du pays le centre de redistribution des idiomes musicaux de la planète. Les diasporas africaines et des caraïbes se laissent aller à des alchimies musicales inédites. L'héritage de la francophonie se décline en lingala avec un Papa Wemba au Japon, un Youssou Ndour aux Etats-Unis, un Mory Kanté en Allemagne ou alors Salif Keita en Australie. Ces ambassades de l'Afrique réussissent l'exploit de façonner le

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goût des publics du Nord, notamment français au point de les familiariser avec des formules rythmiques, des modes vocaux, des couleurs instrumentales qui vont trouver place dans leurs habitudes d'écoute. Les médias n'hésitent pas à parler de l'« Age d'or » de la musique africaine.

Vers la fin de la deuxième moitié des années 80, la macro-économie discographique flaire l'essor des musiques du Sud et pour exploiter le filon, invente le terme de WORLD MUSIC afin de bien identifier leurs productions dans les bacs de disquaires. Désormais le Mbalax de Youssou Ndour côtoie la bossa nova de Caetano Veloso ou les oeuvres du grand chanteur de la tradition soufie Nusrat Fatel ali khan. Sur le périphérique des Musiques du Monde (traduction française et World Music), s'alignent et se bousculent aujourd'hui toutes les nationalités autrefois dites politiquement « non-alignés ». L'espace pour chacune d'elle rétrécit chaque jour de plus en plus. Les maisons de disques adoptent une attitude plus sélective. Les années 90 vont inaugurer une nouvelle forme de mondialisation qui a eu pour effets d'engendrer une industrie musicale normalisatrice en matière de productions.

Les grandes compagnies de disques qui n'ont pas spécialement la réputation d'être audacieuses, s'efforcent depuis lors de contrôler l'état de la production indépendante qui constitue le fer de lance et le creuset de l'innovation pour ces nouvelles musiques. Cette nouvelle organisation de la production et de la distribution musicale est fondée sur la mise en avant systématique des critères de rentabilité immédiate. Elle favorise la circulation d'artiste conçus pour la consommation de masse. Sur le champ des Musiques du Monde, elle évolue à coups d'effets de modes qu'elle crée. La musique africaine a ainsi été remplacée dans les schémas de marketing ces dernières années par la trova cubaine. Jusqu'au moment où elle décidera de passer à autre vague, en réduisant le filon actuel en cendres. Les « papy » de la havane n'auront plus qu'à retourner à leurs longs cigares, cédant la place à un autre rythme « tribal » étiqueté world - music et choisi par l'instance suprême que représente la concentration de l'industrie musicale et celle des mass-média, appelons-la world beat connection. Pour exister aujourd'hui, les musiques du monde

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doivent-elle forcément passer par cette « fabrique universelle du rythme », pour reprendre la juste formule de Pascale Casanova (2) ?

Comment évoluer, participer au spectacle du monde global, digérer d'autres influences sans pour autant se perdre ? Le délai sur le mélange et l'identité interpelle aujourd'hui les différents acteurs de la scène musicale du Sud embarqué qu'ils sont dans le navire de la mondialisation tous azimuts

La problématique de la diffusion des musiques du monde en France que nous tentons d'examiner ici se pose de la même manière selon qu'il s'agit des musiques d'Afrique, de l'Asie, ou du Moyen-Orient. Tout au plus pourrait-on noter ici et là quelques différences de degré, la nature de cette problématique étant de même pour tous. Par ailleurs, les données somme toute récentes (3), auxquelles nous avons eu recours pour nourrir notre réflexion font état de la World Music dans son acceptation la plus large.

Aussi allons-nous, dans le cadre de ce travail, utiliser les termes World Music ou Musique du Monde pour dire Musiques du Sud et vice versa. Notre démarche s'ouvrira par la présentation d'un certain état des lieux de la diffusion des Musiques du Monde en France. Nous nous sommes appuyés, pour cet état des lieux, sur des indicateurs comme l'offre discographique, les spectacles et la diffusion dans les médias.

L'objet de notre analyse n'est pas tant d'apporter une réponse originale à la problématique principale qui est celle de savoir comment améliorer la diffusion des Musiques du Monde. Notre propos consiste davantage à proposer un éclairage de cette réalité (celle de l'existence d'une véritable demande en constante progression en matière de Musiques du Monde), à décrire un univers (celui de la macro-économie mondiale de la musique dont les recettes purement marketing sont hymne à l'uniformité et les actes de résistances qui organisent) où on veut commander des productions à des formats standards, propres à la consommation planétaire au nom du profit.

Enfin, nous présenterons LE PRIX RFI MUSIQUES DU MONDE. Il s'agira essentiellement de voir comment ces dernières années, Radio France

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Internationale à travers ce programme (anciennement PRIX DECOUVERTES), essaie de créer un espace où la création musicale s'exprime à priori avec plus de liberté, au point de produire quelques résultats qui sont autant de terrains conquis face à l'infrastructure de la « WORLD BEAT CONNECTION »

Du fait de la faiblesse des données statistiques et documentaires sur le sujet, notre méthode de travail a privilégié la collecte d'informations sur le terrain auprès des professionnels au cours de plusieurs entretiens, interviews et consultations des archives (généralement les leurs) qu'ils ont bien voulu mettre à notre disposition. Un sondage auprès des anciens lauréats RFI de ces cinq dernières années nous a permis d'apprécier les premiers résultats de la restructuration de l'opération anciennement baptisée PRIX DECOUVERTES FRI

(1) Jack Lang, preface de Les musiciens du beat africain par Nago Seck et Sylvie Clerfeuille, Paris, Bordas, 1993 p.9-

(2) CASANOVA, Pascale La République mondiale des Lettres, Paris Seuil, 1999, p179-

(3) Cette étude réalisée par Gildas Lefeuvre, journaliste spécialisé et fondateur de l'observatoire du disque, pour le compte de ZONE FRANCHE, est la première phase d'une étude chiffrée consacrée au poids des musiques du monde de l'Hexagone. Cette étude, la première du genre sur le sujet, a été lancée en juin 99 et sa publication est prévue pour juin 2021.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius