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Les enseignements de seconde génération pour la formation des citoyens aptes à  promouvoir le vivre ensemble : cas de quelques établissements d'enseignement secondaires de Yaoundé


par Arnauld WANDJI
Université de Yaoundé I - Master en Management de l'éducation 2021
  

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2.2.15.3.5.2 L'intégration politique

Ce sous-domaine de l'intégration se penche sur les principes et les fondamentaux de la gestion du vivre ensemble au sein de la communauté nationale. Il s'intéresse au cadre constitutionnel, au respect des institutions de la République, à ses règles de fonctionnement, à l'organisation des pouvoirs publics, à l'expression des opinions et des choix des citoyens. Il invoque les notions de patrie, de patriotisme, de civisme, de sanctuarisation et de défense du territoire national et des institutions de la République, mais aussi celles de décentralisation, de gouvernance locale, de droits et devoirs des citoyens et des droits de l'Homme en général.

Il s'agit, au niveau de l'Etat, de garantir l'intégrité du territoire national, de le défendre contre toutes les menaces, d'assurer la connaissance et le respect des institutions, symboles et dispositifs juridiques de l'Etat, mais également, de garantir son caractère unitaire et décentralisé. Relèvent de ce thème les questionnements tels que : les dispositions étatiques de diffusion des instruments juridiques (constitutionnels, législatifs, réglementaires...) concernant l'organisation et le fonctionnement de l'Etat ; les dispositions visant à garantir les libertés des citoyens ainsi que l'expression de leur citoyenneté ; les initiatives susceptibles d'encourager et de promouvoir, sur le plan politique, le vivre ensemble ; - les mesures destinées à assurer la défense du territoire national contre les agressions extérieures, mais aussi, à combattre les éventuelles velléités centrifuges ou menace de l'intérieur ; - la gestion des frustrations et revendications sociopolitiques légitimes ; l'état des lieux de la décentralisation et des mesures d'accompagnement ou de responsabilisation ou d? « empowerment » des collectivités territoriales décentralisées.

L'attitude des citoyens dans le domaine politique renseigne sur la connaissance par eux des textes fondamentaux et leur appropriation de ceux-ci, leur conscience civique et citoyenne, leur connaissance de leurs droits, ainsi que la façon dont ils les expriment dans le quotidien de leur vie. Elle permet également d'interroger leur sens du bien commun et du respect de la chose publique, ainsi que leur participation à la politique locale dans le cadre de la décentralisation.

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2.2.16 Le vivre ensemble commence à l'école

« Préparer tous les élèves à être des citoyens responsables, capables de contribuer au développement d'une société démocratique, solidaire, pluraliste et ouverte aux autres cultures ». Cet extrait du Décret « Missions » de l'enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles ne laisse pas de doute : le vivre-ensemble, ça doit commencer à l'école. Démocratie, solidarité, ouverture, contribution au bien commun... Nous sommes nombreux à considérer que ces valeurs sont la clé de notre avenir commun sur cette planète. Mais les écoles, comme la société dans son ensemble, baignent dans un capitalisme néolibéral qui non seulement régit le travail, les échanges marchands et financiers, mais qui imprègne aussi nos vies à un point dont nous n'avons pas toujours conscience. Et que dire de l'imprégnation des jeunes, qui n'ont pas connu l'avant 1989, quand il y avait encore au moins deux idéologies qui s'affrontaient et pas une seule, triomphante, soi-disant indiscutable (« There's no alternative », disait Margaret Thatcher) comme aujourd'hui. Les plus de 40 ans sont les enfants de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, des progrès de la sécurité sociale, de l'espoir d'un avenir plus beau que le présent. La solidarité, la force de l'action collective, la primauté des droits humains faisaient partie de leur univers mental, culturel. Ce qui n'est, et de loin, plus le cas de tous les élèves aujourd'hui.

2.2.16.1 À contre-courant

Le système dans lequel nous vivons aujourd'hui, ce modèle de société qui a été choisi au tournant des années 90, va à l'encontre du vivre-ensemble, puisqu'il est fondé sur l'accumulation de richesses et de pouvoir par une minorité, sur la surconsommation comme clé de l'existence sociale, sur la concurrence généralisée, sur la loi du plus fort, sur le mérite individuel et la croyance qu'on peut se construire et s'épanouir par la seule force de sa propre volonté.

Or, ce sont les valeurs du vivre-ensemble - la solidarité, le respect, le partage, la justice... - que les écoles sont censées inculquer aux jeunes. Autant dire que la tâche n'est pas facile. On lui demande, en quelque sorte, pour caricaturer et pour parodier une célèbre marque de chocolat suisse, d'être une oasis de vivre- ensemble et de citoyenneté dans un monde de brutes égoïstes et sans scrupules.

Bien vivre ensemble n'est pourtant pas seulement nécessaire pour former les citoyens de demain : vivre bien ensemble est nécessaire pour que les élèves soient en condition de réaliser des apprentissages. Il est difficile à un élève de se concentrer quand son esprit est absorbé par des problèmes relationnels, des moqueries, voire des harcèlements - plus ou moins perçus par l'équipe éducative. Respect et bienveillance ne sont pas des options, ce sont des

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conditions de l'apprentissage. Entre les élèves comme des profs envers les élèves - et inversement.

Vivre ensemble n'est pas un concept statique. Vivre ensemble, dans la société comme à l'école, ne se résume pas à la paix sociale, à la coexistence pacifique, à vivre les uns à côté des autres sans se taper dessus. Vivre ensemble, c'est dynamique, c'est fécond, c'est porteur de vie et de joie. Vivre ensemble, c'est avant tout ÊTRE ensemble, et puis c'est FAIRE ensemble.

2.2.16.2 Être soi-même à l'école : un défi ?

Être ensemble, tout d'abord. Et, pour cela, pouvoir être soi-même. A quoi ressemble le vivre-ensemble dans une école secondaire aujourd'hui ? L'école n'est-elle pas souvent un lieu où le jeune doit montrer une image de lui-même qui va lui permettre d'être intégré, admis, reconnu ? Ne doit-il pas se doter d'une carapace, jouer un rôle, sous peine de souffrir moqueries et exclusions diverses ?

Qui fréquente des jeunes connaît forcément les expressions casser ou clasher, qui signent la victoire de l'un (celui qui a de la répartie, de l'assurance, de l'ironie, voire de la méchanceté) sur l'autre (celui qui s'est laissé piéger, qui est du côté des perdants, qui s'est fait avoir, qui est pigeon). Agresser et rabaisser l'autre semble être la norme dans les relations, le top pour se faire bien voir de ses congénères.

D'où la question : l'école est-elle un lieu où l'on peut être soi-même ? Les adolescents ne se sentent-ils pas obligés d'occulter une partie d'eux-mêmes ? Le timide, le roux, le sensible, celui qui a toujours des bonnes notes, celui qui au contraire ne comprend jamais rien, le trop basané... S'ils ne se construisent pas cette apparence « conforme », ou s'ils essaient mais qu'ils n'y parviennent pas, ils risquent bien des exclusions et parfois de réelles difficultés affectives et psychologiques.

Se fabriquer et entretenir cette image conforme - notamment sur les réseaux sociaux, où cette image de soi « idéale » prend des proportions démesurées - leur demande certainement beaucoup d'énergie - qu'ils ne pourront pas consacrer sereinement aux apprentissages scolaires - et occasionne une souffrance, en raison du décalage entre ce qu'ils sont vraiment et ce qu'ils doivent paraître pour « survivre » à l'école. Si l'on ajoute à cela des situations familiales parfois douloureuses, on imagine ce que cela peut représenter comme énergie gaspillée et comme poids dans la vie d'un adolescent.

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2.2.16.3 Indispensable bienveillance

Sans un climat de bienveillance où chacun est accueilli et reconnu tel qu'il est et pour ce qu'il est (et non pour sa popularité, ses résultats scolaires ou sa façon de s'habiller), on ne peut pas vraiment parler de vivre-ensemble, que ce soit dans une école où dans la société en général.

Mais comment le créer, ce climat ? Il peut bien-sûr être favorisé par l'enseignant, par sa façon d'être, par les règles et limites qu'il applique en classe durant ses cours (comme de ne pas tolérer les insultes, les manques de respect ou les injustices), par le climat d'écoute et de non-jugement qu'il peut instaurer dans la classe. Tout cela peut avoir une influence positive mais, pour un réel « être bien ensemble », il faudrait que cet esprit règne dans toute l'école, et que ce soit une démarche intériorisée, intégrée. Sans cela, les jeunes en resteront au stade des règles imposées et n'arriveront pas à un changement durable et profond.

Pour installer un climat bienveillant dans sa classe, l'enseignant doit être lui-même suffisamment serein. Or, enseigner est de plus en plus difficile et les pressions que subissent les enseignant sont multiples. « Quand on est jeune prof, on doit plaire à la fois à la direction, aux collègues, aux élèves, aux parents et à l'inspection », constate une jeune enseignante. Pressés par le programme à respecter, par certains élèves difficiles à gérer, par l'insécurité d'emploi (pour les jeunes non nommés), il faudrait aux profs une heure de méditation chaque matin pour rester toujours « zen » ! Il conviendrait aussi intégrer davantage cette dimension de « climat bienveillant » dans la formation des enseignants.

Ouvrir les jeunes à leur propre intériorité paraît essentiel dans ce monde où le règne de l'apparence et du tape-à-l'oeil les exile d'eux-mêmes. Un cours de citoyenneté qui ne commencerait pas par une reconnexion à soi-même risquerait bien de n'obtenir que des résultats de surface et pas le changement radical dont nous avons besoin pour aujourd'hui et pour demain. C'est le fondement - souvent négligé - de toute démarche de « citoyenneté », cours ou autre. Spiritualité, sensibilité, foi éventuellement, fragilité, fêlures, diversité des vécus et des aspirations... ont-ils leur place dans nos classes et nos cours de récréation ? (Isabelle De Wee, s. d.).

2.2.16.4 Vivre ensemble pour changer (le monde) ensemble

Deuxième facette : vivre ensemble, c'est faire ensemble. Faire ensemble, parce que c'est avant tout par l'expérience qu'on découvre que vivre ensemble n'est pas seulement une obligation, mais aussi une source de joie et de créativité. Enseigner quelque chose qui est de

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l'ordre des valeurs - la participation, la solidarité, le respect de la diversité, le sens du collectif... - sans avoir l'occasion de le vivre, c'est très artificiel et peu efficace.

Faire ensemble, aussi, parce que vivre ensemble, aujourd'hui, c'est changer ensemble, construire ensemble une société où il fasse bon vivre. Les jeunes peuvent, comme les adultes, constater que la terre ne tourne pas très juste. Ils ont parfois l'impression que l'école est un microcosme hors de la société et qu'en tant qu'élèves, en tant que jeunes, ils n'ont pas de rôle à jouer dans cette société qui, par ailleurs, ne leur semble guère accueillante. Leur donner l'occasion, par une action collective, de faire changer les choses, même au niveau local, renforcera leur confiance en eux-mêmes et en leur capacité à devenir des acteurs de changement.

Pour cela, on peut créer, avec la participation des élèves, des projets au sein de l'école, où chacun peut exprimer ce qu'il/elle est, en tenant compte de la diversité des intelligences, de façon à ce que chacun soit reconnu comme compétent (ce qui renforce le « être - bien avec - soi-même »). Cela peut-être un projet culturel, ou lié à l'environnement, ou à l'aménagement de l'école et de ses alentours, etc.

Pour vivre des expériences de vivre-ensemble, l'école gagnerait à sortir plus souvent de ses murs et à systématiser des expériences de vie avec des personnes différentes par l'âge, le milieu social, le handicap, l'origine culturelle, etc. Systématiser, parce que cela doit être plus qu'une visite ponctuelle à la résidence pour personnes âgées ou au centre d'accueil pour réfugiés, même si ces rencontres sont déjà positives en soi. Cela doit être un processus qui se construit avec les élèves, qui les amène à se rendre compte qu'ils ont dès maintenant un rôle positif à jouer dans la société, qu'ils peuvent y être utiles, qu'ils ont des compétences et que toutes les compétences sont nécessaires pour faire société. Pas seulement l'intelligence logico-mathématique et linguistique, mais aussi toutes les autres, et notamment l'intelligence relationnelle, qui n'est peut-être pas assez stimulée ni travaillée à l'école.

Pour cela, il faut bien entendu que ce vivre-ensemble soit l'affaire de toute l'école, de toute l'équipe éducative. Cette dernière doit être prête à s'engager dans l'aventure, à y mettre de l'énergie. L'équipe éducative doit accepter de céder un peu de son pouvoir (les enseignants sont maîtres dans leur classe, ce sont eux qui détiennent le savoir) pour se lancer dans des projets nouveaux, afin que ce pouvoir qu'ils cèdent se transforme en puissance d'agir pour les élèves, pour reprendre une expression chère à l'éducation populaire. Une remise en chantier des méthodes d'enseignement, donc, qui sera tout bénéfice pour les élèves, mais aussi, l'expérience le montre, pour les enseignants. Et, faisons-en le pari, pour la société.

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Nous sommes à une époque où de nombreuses initiatives un peu hors-cadre, hors-système, voient le jour, promues par des personnes ou des collectifs qui sont persuadés que le changement viendra des citoyens avant de venir du monde politique. On les observe dans des secteurs aussi divers que l'agriculture, la culture, le logement, l'épargne, les monnaies locales, les réseaux d'échanges et d'entraide... ou l'enseignement. Elles n'attendent pas que le monde change pour changer le monde.

Pourquoi attendre que l'école change (par un nouveau décret, de nouveaux socles de compétences, un nouveau pacte d'excellence, un nouveau cours de citoyenneté...) pour changer l'école ? Montrer qu'autre chose est possible, c'est peut-être le meilleur moyen de convaincre nos élus d'oser innover.

Travailler à un mieux vivre-ensemble à l'école, on l'a dit, c'est contribuer à la réussite et à l'épanouissement de chacun (y compris des enseignants, d'ailleurs), mais aussi contribuer à donner au monde de demain des citoyens responsables et désireux de mettre leurs compétences au service d'un monde qui, pour reprendre le slogan d'Entraide et Fraternité, tourne plus juste (Isabelle Franck, 2015). Pour ce qui est du Cameroun, on relève dans les documents officiels une préoccupation constante qui concerne les valeurs à transmettre dans la formation citoyenne. La constitution du Cameroun met l'accent sur l'idéal de paix et d'unité nationale, ainsi que sur le respect de la diversité. Par ailleurs, (Biya P, 1986) président de la république, prône une idéologie reposant sur les valeurs morales. Pour traduire cette idéologie en action, plusieurs discours, décrets, circulaires et notes de service ont été produits et ont participé à la construction d'une vision de la nation, de la justice et du contrat social.

Bien plus, le chapitre 3, paragraphe III.3 du document de la « vision Cameroun 2035 », consacre à la stratégie d'intégration nationale et à la consolidation du processus démocratique, stipule que « le développement du Cameroun nécessite la mobilisation efficiente de toutes les énergies dans un cadre de cohabitation harmonieux. Elle exige donc le renforcement de l'intégration nationale » (Cameroun, 2009), dont il définit les contours et trace les axes de stratégie. Quant à la loi d'orientation de l'éducation au Cameroun, elle stipule, en son article 5, al 2, que « l'éducation a pour objectif la formation aux grandes valeurs éthiques universelles que sont la dignité et l'honneur, l'honnêteté et l'intégrité, ainsi que le sens de la discipline » (Cameroun, 1998). (Fonkoua et Toukam, 2007), décrivent un ensemble de faits de la vie quotidienne, de la vie politique et économique à partir desquels une analyse une analyse critique

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peut être engagé dans le sens de former l'esprit critique du citoyen afin qu'il devienne un acteur social éclairer et engagé.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway