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Un écrivain public aurès des seniors? un accompagnement innovant pour aider à  bien vieillir


par Marie-Laure Vermeil
Université Sorbonne Nouvelle - Ecrivain Public-Conseil en écriture professionnelle et privée  2020
  

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Conclusion

Dans la société française comme dans de nombreux pays dits « riches », les personnes âgées sont de plus en plus nombreuses. Les seniors âgés d'au moins 65 ans représentent ainsi aujourd'hui près de 20 % de la population (Source INSEE 2018). Et, le nombre des personnes âgées ne devrait cesser d'augmenter, de sorte qu'en 2050, il devrait y avoir dans notre pays plus de 4,8 millions de personnes de 85 ans et plus17.

Dans cette perspective, de nombreux lieux de vie se multiplient, offrant des types d'habitats adaptés à tous les styles de vie et à tous les profils. Ainsi, à côté des EPHAD, d'autres structures, telles que les résidences services, ou encore des habitats partagés, voient le jour afin de répondre à une demande de prise en charge qui va se faire croissante.

Dans ces lieux de vie, il va de soi que l'on cherche à préserver le plus possible les capacités des personnes âgées, de façon à ce qu'elles vivent au mieux leur vieillesse, en entrant dans la dépendance le plus tard possible car la dépendance, on le sait, représente un coût élevé pour la société, d'autant que le renouvellement des générations ne se fait plus comme avant. Il en va de même lorsque les personnes vivent assez longtemps à leur domicile. Nous savons que pour bien vieillir, la stimulation des facultés cognitives est indispensable. On sait aussi que la préservation des liens sociaux, en combattant la solitude (et la dépression, qui est souvent son corollaire), aide à entretenir la vitalité.

Dans ce contexte, les activités telles que celles que je propose en tant qu'écrivain public semblent répondre aux besoins d'un public, trop souvent encore, déconsidéré, dont on ne parle que pour en signaler la « fragilité », surtout en cette période de pandémie mondiale.

Certes, les personnes âgées sont plus vulnérables que des personnes plus jeunes, leurs défenses immunitaires sont en effet, c'est biologique, moins performantes, néanmoins, les personnes âgées, elles me le disent souvent, ne veulent pas qu'on les mette sous cloche. La récente période de confinement a révélé à quel point, plus que jamais, les seniors ont besoin de vivre au coeur de la société à laquelle ils appartiennent. Ils veulent se sentir vivants et en connexion avec les autres. C'est ainsi que dans les maisons de retraite, dans les services de gériatrie des hôpitaux, dans les résidences services pour seniors, ou même reclus dans leurs maisons, les personnes âgées se sont senties dernièrement beaucoup trop isolées, coupées du monde, avec le sentiment de ne plus avoir rien d'intéressant à vivre ou à faire, privées de rencontres, y compris avec les êtres qui leurs sont les plus chers.

Les événements récents doivent résonner comme un signal. Il est temps de construire un nouveau monde qui donne enfin aux seniors la place qui leur revient, en les considérant comme des adultes qui, malgré leurs troubles de la mémoire, leurs défaillances intellectuelles parfois, ont cependant beaucoup à transmettre et une immense envie de partager.

J'aimerais ici citer le cas de Jeanine, une dame âgée de 83 ans, charmante, très vive, pétillante. Elle a rejoint l'atelier « Paroles et Textes » tout à la fin, lors de la dernière séance. Elle venait

17 Source : https://solidarites-sante-gouv.fr/affaires-sociales/

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d'arriver à la résidence services, cela faisait à peine 8 jours qu'elle habitait là. Elle a expliqué que, si elle avait accepté de venir à la résidence, c'est parce qu'elle avait vécu isolée pendant le confinement, qu'elle avait eu peur et que, ne voyant plus ses enfants à cause du virus, elle avait dépéri et déprimé. Lors de cet atelier, Jeanine a participé avec entrain, elle a beaucoup souri et ri, elle a parlé avec joie de ses souvenirs. Puis, à la fin de la séance, Jeanine a remercié en disant qu'elle était très contente, qu'elle se sentait très bien. Elle qui disait avoir décliné, je l'ai en effet trouvée en pleine forme dans cette situation d'interaction avec les autres où elle a pu dire un peu, elle qui venait tout juste d'arriver, qui elle était vraiment.

Que ce soit à travers l'animation d'ateliers d'expression, spécialement adaptés aux capacités et aux désirs des seniors, qui aiment parler mais ont en général délaissé l'écriture, ou bien à travers l'accompagnement que je peux offrir dans le cadre de la réalisation d'un récit de vie, je propose de stimuler la créativité, de favoriser le lien social et de développer l'estime de soi dans un seul et unique but : permettre aux seniors de vivre pleinement cette étape de leur vie que représente la vieillesse.

L'écrivain public n'est pas le seul professionnel à proposer une relation d'aide, mais l'originalité de sa proposition réside dans le fait qu'elle passe par les mots, dont on sait, depuis les découvertes liées à la psychanalyse et à la psychothérapie en général, le pouvoir thérapeutique. Carl Rogers définit ainsi la relation d'aide, dans laquelle je me reconnais pleinement : « L'intérêt que je porte à la psychothérapie m'a conduit à m'intéresser à tous les genres de relations d'aide. J'entends par ce terme des relations dans lesquelles l'un au moins des deux protagonistes cherche à favoriser chez l'autre la croissance, le développement, la maturité, un meilleur fonctionnement et une plus grande capacité d'affronter la vie. L'« autre », dans ce cas, peut être soit un individu, soit un groupe. On pourrait encore définir une relation d'aide comme une situation dans laquelle l'un des participants cherche à favoriser chez l'une ou l'autre partie ou chez les deux une appréciation plus grande des ressources latentes internes de l'individu, ainsi qu'une plus grande possibilité d'expression et un meilleur usage fonctionnel de ces ressources. 18»

Cette démarche dans laquelle je cherche à m'inscrire aujourd'hui, dans le cadre d'une reconversion professionnelle, n'est pas éloignée de mon métier de professeur de Français que j'ai pratiqué durant plus de 20 ans, elle ne fait qu'en garder la substantifique moëlle. C'est ainsi qu'à travers cette activité d'écrivain public, je pense pouvoir atteindre sur un plan purement personnel, ce que les habitants de l'île d'Okinawa au Japon nomment l' « Ikigai », une philosophie de vie qui correspond à notre raison d'être, et que l'on retrouve au confluent de 4 éléments : ce que l'on aime, ce pour quoi on est doué ou compétent, ce dont le monde a besoin, et ce pour quoi on pourrait être payé.

18 ROGERS, Carl, Le développement de la personne, Dunod, Paris, 1968.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo