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Usages locaux des ressources forestieres autour de trois concessions camerounaises (1050, 1046 et 1059) : complementarité ou compétition ?


par Duplex NOUMBISSI
Université de Dschang - Diplôme d’Ingénieur Agronome 2012
  

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6.5.2. Hypothèse 2

« Il existe des ressources forestières multi-usage, qui sont aussi bien convoitées par les populations locales que par les exploitants forestiers. »

Les résultats de nos enquêtes nous ont permis d'identifier 19 essences exploitées par les compagnies forestières ayant une valeur de PFNL. Parmi ces essences uniquement 7 ont été utilisées par les populations durant le semestre de l'enquête. Ces PFNL sont utilisés dans l'alimentation et la pharmacopée traditionnelle. Cependant, dans certains cas, ce sont les populations riveraines qui vendent ou abattent ces essences. Ainsi, elles acceptent elles-mêmes de privilégier l'aspect financier plutôt que de préserver la récolte de leur propre PFNLet d'en tirer un profit à court terme.Ceci nous amène tout de même à accepter l'hypothèse 2.

6.5.3. Hypothèse 3

Enfin, la troisième hypothèse s'articule comme suit : « le contrôle des ressources forestières est à l'origine de conflits entre les populations locales et les compagnies forestières ».

Les résultats des enquêtes sur le terrain montrent qu'il existe des impacts positifs liés à l'exploitation forestière tels que : le développement des activités économiques des villages, la prolifération de certains PFNL le long des routes, la facilitation des activités agricoles, de cueillette et de chasse à travers l'utilisation des pistes et des routes forestières. Mais ces avantages ne sont pas durables. Car une fois que la compagnie part ou change d'AAC, les populations perdent les avantages qu'elles avaient.

Il existe également des points de discorde entre les populations locales et les compagnies forestières.Il s'agit de différents dus au fait que certaines essences comme le moabi, le sapelli ou l'ayousqui sont à la fois utilisées par les populations locales pour leur subsistance, leur revenu,etpar les compagnies forestières pour le bois d'oeuvre disparaissent. Cette disparition est surtout l'oeuvre des scieurs illégaux qui avec la complicité des populations locales vendent les arbres pourvoyeurs de PFNL pour en tirer un bénéfice à court terme. En plus, malgré le fait que la plupart des prélèvements des PFNL aient lieu en forêt, les AAC des compagnies sont situées à près de 25 km du village le plus proche. Réduisant l'exploitation des arbres utiliséscomme source PFNL par les concessionnaires. La compétition existe plus entre le sciage illégal et l'exploitation des compagnies.

De même, les populations se plaignent du faitque les compagnies détruisent certains PFNL utiles, comme la mangue sauvage, le njansang lors des abattages et de l'ouverture des pistes. Les routes et les pistes forestières facilitent également le braconnage. Les bruits des engins font fuir les animaux. Avec l'exploitation on assiste à des cas d'infidélité conjugale et à une recrudescence du VIH/SIDA. Ces impacts sont inhérents à l'exploitation forestière. Dans la réalisation de leur activité, les compagnies essayent de réduire les dégâts mais ne peuvent pas les annuler.

Les populationsestiment que la compagnie n'emploie pas assez de jeunes dans les villages et ne satisfait pas leurs doléances.Outre ces aspects négatifs,les populations se plaignent de lanon-rétrocession des RFA. Certains villages disent ne pas recevoir les RFA.D'autres prétendent que les maires ne leur donnent par cette RFA sous la forme qu'ils désirent.

Selon l'article 61 de la loi n°94/01 du 20 janvier 1994, l'exploitation d'une concession forestière est assortie d'un cahier des charges. Ce dernier comporte des clauses relatives aux aspects techniques et des clauses relatives aux aspects financiers et socioéconomiques. Selon les clauses financières les compagnies doivent participer à la réalisation des infrastructures sociales à travers le payement de la RFA. Les populations sont conscientes que les compagnies la payent, donc le problème se trouve au niveau des communes. Toutes les autres doléances émisespar les populations doivent être négociées entre les populations, la compagnie et l'administration et inscrites dans le cahier des charges durant une réunion de concertation ou d'information.

Pour consolider les relations avec les populations et être bien vu au niveau national ou international, en plus de la RFA et des doléances, les compagnies peuvent assister les populations locales dans la réalisation de certains projets sociaux qui ne sont pas inscrits dans le cahier des charges. Ils peuventformer et employer les jeunes au niveau local. A compétence égale, les riverains sont choisis comparativement aux étrangers. Les compagnies ont généralement plusieurs villages riverains et elles ne peuvent pas employer tous les jeunes. Elles essayent donc d'employer les jeunes des villages proches des AAC en cours d'exploitation.

Quant aux concessionnaires, ils sont mécontents du fait que les populations étendent les surfaces cultivablesau détriment des UFA, car ils veulent les conserver pour faire plusieurs rotations. Ils sont aussi mécontents du fait que certains riverains pratiquent le sciage artisanal dans les UFA et ils n'ont pas le droit de les arrêter. Lorsque le contrôle de l'administration forestière arrive dans la concession et que les compagnies ne peuvent pas justifier les arbres coupés illégalement, elles endossent la responsabilité et payent des amendes. Elles n'apprécient pas aussile fait que les populations locales leur posent des doléances qui ne relèvent pas de leur ressort et qu'elles ne peuvent satisfaire, à l'instar de l'emploi des jeunes.

Nous constatons qu'il existe des germes de conflit entre ces différentes parties. Des conflits plus potentiels que réels liés au contrôle des ressources forestières existentbien entre les concessionnaires et les populations.La troisième hypothèse estdonc acceptée.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault