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Du marketing mix au marketing numérique, entre interopérabilité et défis liés à  la modernisation : cas des professionnels de la publicité au Cameroun de 2008 à  2018


par Amour Joel Ombassa
Université de Yaoundé 2 - Master en Marketing International  2021
  

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Paragraphe 2 : Démarche opérationnelle du marketing mix

La stratégie opérationnelle de marketing mix a pour champ d?expérimentation la mise en oeuvre de la politique commerciale qui se décline en quatre (04) composantes principales : le produit, le prix, la distribution et la place.

A. Opérationnalité du marketing mix axée sur les 4P et création de nouvelles chaines de valeurs

Une bonne stratégie opérationnelle conduit à la création de nouvelles chaines de valeurs qui prennent en compte toutes les caractéristiques liées au prix, la place, la promotion et le produit lui-même.

1. Stratégie opérationnelle du marketing mix basée sur quatre variables principales

Selon les travaux de Philip Kotler (2009) la stratégie mix fait intervenir un ensemble d?éléments98 approprié à chaque composante.

i) Le produit : toute offre présentée sur le marché, qu?il s?agisse d?un bien (tangible) ou d?un service (intangible) destinée à être remarquée, acquise, ou consommée en vue de satisfaire un besoin. On distingue à cet effet, des produits de consommation et

98 P. Kotler et al. Marketing Management, Pearson Education France, 2009.

des produits industriels qui peuvent être identifiables de par la marque, le packaging, l?emballage, l?étiquette, le design, l?assortiment ou la gamme.

ii) Le prix : est l?élément important d?action sur le marché et doit être en cohérence avec les autres variables marketing car il a une incidence forte pour l?entreprise : il procure des revenus, il influe sur la demande et la concurrence. Trois (03) stratégies de fixation de prix peuvent être envisagées : la stratégie de pénétration (se caractérise par la pratique des prix inférieurs au prix moyen du marché afin d?attirer le maximum de consommateurs), la stratégie d?écrémage (se caractérise par la pratique des prix supérieurs au prix moyen sur le marché) et la stratégie des prix différentiés (elle consiste à proposer le même produit mais à des prix différents et sans que la différence soit justifiée par des écarts de couts de fabrication).

iii) La place ou distribution : elle permet à l?entreprise de répondre à la question de savoir où est ce qu?elle souhaite être présente sur le marché autrement dit où est ce qu?on peut retrouver ses produits et services. La politique de distribution peut alors être extensive (créer des points de vente partout en fonction de la ville, la région ou la couverture nationale), sélective (l?entreprise sélectionne quelques points de vente) et exclusive (l?entreprise accorde l?exclusivité à un partenaire et les MDD99 représente le plus souvent cette forme de distribution).

iv) La promotion : elle permet à l?entreprise de faire connaitre ses produits et services. La promotion peut prendre différentes formes mais le plus souvent regroupées en deux (02) variables : la promotion hors média (englobe les PLV100, les RP, les foires, les salons, le bouche à oreille, la prospection, les visites à domicile, le porte à porte etc.) et la promotion média (englobe le TV, Radio, l?affichage, le mailing, le télémarketing, le phoning, le cinéma, Internet etc.).

2. Création de nouvelles chaines de valeurs dans une approche organisationnelle

Nous observons des pratiques de l?entreprise transversale où les fonctions d?entreprises sont décloisonnées dans le processus pour un but de création de valeur. Nos observations mobilisent une approche de la valeur. Cet approfondissement de la notion de valeur, grâce aux travaux en marketing et en ingénierie organisationnelle, est riche d?enseignements dans le sens où elle permet les remarques suivantes :

99 MDD signifie Marque De Distribution. Exemple : Auchan, Carrefour, Leader Price.

100 PLV signifie Publicité sur Lieu de Vente. Exemple : les hôtesses de MTN ou Orange, les hôtesses de Guinness.

- Si la notion de valeur, en général, est très répandue parmi les diverses disciplines, on mobilise une définition de la valeur d?un produit à partir de la notion de transversalité101 (MACK, 1995) ;

- Les spécialistes du marketing ont montré les différentes échelles de mesure de la valeur. La valeur est prise en compte à partir d?analyses des caractéristiques individuelles qui appartiennent au consommateur. La notion de valeur est très souvent confondue avec celle de la motivation et des besoins. Les valeurs affectives102 restent en marge de ces considérations, y compris dans le domaine du « marketing olfactif » (BARBET et al., 1999). On revient toujours à une logique fondée sur la notion de besoins matériels, en négligeant les aspects immatériels. Ainsi le marketing basé sur la notion de « valeurs individuelles103 » des consommateurs et sur la rationalisation des besoins ne répond pas à l?objet de la recherche ;

- Les gestionnaires rendent compte de la création de la valeur pour le client, à partir d?une chaîne de valeurs (LORINO, 1995). Les activités intégrées dans la chaîne de valeurs créent et anticipent de nouvelles fonctionnalités du produit, dont la performance ne sera évaluée par le consommateur qu?a posteriori. La chaîne de valeurs ne comprend pas les activités du consommateur. Or, au cours de notre recherche, nous avons pu observer que le consommateur participe à la création de la valeur du produit personnel et agit comme le consommateur- producteur, ou selon les termes de ROCHEFORT (1998) comme le « consommateur- entrepreneur ».

Il est donc intéressant de s?interroger sur la transversalité entre les activités du producteur et celles du client, pour la création simultanée de la valeur. Cette interrogation est particulièrement intéressante pour notre recherche, notamment, pour présenter une première proposition de l?interopérabilité entre le marketing mix et le numérique qui enrichit l?approche de transversalité de l?organisation par l?intégration des activités des clients dans son processus.

101M. MACK, « L?organisation apprenante comme système de transformation de la connaissance en valeur », In

Revue Française de Gestion, septembre - décembre 1995, pp. 43-48.

102V. BARBET,P. BREESE,N. GUICHARD, LEHU, J-M. et R. VAN HEEMS, Le marketing olfactif. La « bible » commerciale, juridique et créative du parfum et des odeurs, Paris, Les Presses du Management, 1999.

103P. LORINO, et J-C. TARONDEAU, « De la stratégie aux processus stratégiques », In Revue Française de Gestion, janvier-février 1998, pp. 5-17.

B. Les éléments de mesure des actions marketing et les contraintes technologiques

Après avoir posé son choix sur la stratégie finale à adoptée et après l?avoir mise en oeuvre sur une période définie, le décideur a, dans son panier, quelques outils qui lui permettront d?évaluer la performance de la stratégie exécutée.

1. Mesurer sa stratégie de marketing mix à partir d'une évaluation quantitative et qualitative

La démarche marketing s?insère dans la démarche stratégique globale de l?entreprise. L?élaboration et la formulation d?une stratégie marketing passe par la définition des activités et les grandes opinions stratégiques de l?entreprise vis-à-vis de son marché et de ses concurrents. Ainsi, la stratégie adéquate que doit adopter une entreprise dépend de ses propres objectifs, il se trouve que l?optimisme des dirigeants ne soit pas aussi grand que leur capacité de s?imposer sur le marché afin de le conquérir. L?analyse de sa stratégie de marketing mix ou de son plan d?action marketing passe par une évaluation qualitative et une évaluation quantitative104.

L?évaluation qualitative obéit à quatre (04) principes :

- Le principe d?adaptation (au marché visé et à l?entreprise qui l?adopte),

- Le principe de cohérence (entre chacune des composantes du marketing mix, et entre ces composantes et le positionnement),

- Le principe de supériorité (sur les concurrents à travers au moins un aspect de la stratégie qui donne à l?entreprise un avantage concurrentiel),

- Le principe de sécurité (qui limite les risques pour l?entreprise au cas où un certain nombre d?hypothèses et de prévisions ne se réalisent pas).

L?évaluation quantitative porte sur différents aspects : la détermination des volumes des ventes, les PDM105, ensuite l?analyse des résultats financiers qui permet d?établir un budget prévisionnel et de calculer le point mort (volume de vente à partir duquel on atteint le seuil de rentabilité).

104Lendrevie, Levy, Lindon, Mercator, 8e édition In Chapitre 16 « Elaboration d?une stratégie marketing »

105 PDM signifie Parts De Marché, cette abréviation est souvent utilisée dans les ouvrages de gestion et marketing.

2. Les contraintes liées à la modernisation et à la technologie

La modernisation est aperçue ici non pas sous un angle vu du haut106 (producteur, annonceur, fournisseur, organisme, entreprise, distributeur etc.) mais plutôt sous un angle vu du bas (le consommateur final, l?usager, le prescripteur, l?utilisateur etc.). Depuis plusieurs années, le secteur public tout comme le secteur privé change, il se transforme dans les méthodes de travail, les méthodes de distribution, les méthodes de communication ou encore les méthodes organisationnelles avec pour objectif principal de mieux servir les consommateurs tout en restant rationnel dans leur démarche. Dans les années 1930 et bien avant (Ford et Taylor 1933) il a existé des courants de pensée tels que « l?offre crée sa propre demande » (Loi de jean Baptiste SAY 1767-1832) et « la demande crée l?offre » (Loi de John M. KEYNES 1883-1946)107. Ces doctrines ont favorisé la production de masse et réduit le rôle de la fonction marketing. Dans les années 2000, nous avons observé un inversement de la situation favorisée par le changement des habitudes de consommation. Dans le marché traditionnel, ces habitudes intègrent à la fois des besoins et des motivations qui sont quelques fois influencés par la culture, la coutume, la religion, la tradition, les associations des consommateurs, les syndicats des professionnels ou le climat108. La modernisation des marchés met en exergue des contraintes qui pèsent sur les différents acteurs (offreurs et demandeurs) ; il s?agit des tensions entre l?homogénéisation et la concentration d?une part et la singularité (proche de la similarité de l?offre) des produits et des transactions d?autre part.

Une autre contrainte est liée au caractère technologique entre l?offre et la demande car selon Berk (1994, P. 7), si l?on considère les caractéristiques du marché comme des données, il se produirait de nouvelles formes d?organisation de ce marché (producteurs, négociants, détaillants, consommateurs). Cette situation conduirait à une implication directe sur des modèles marchands et une reconfiguration des relations entre l?offre et la demande (Harvey et al., 2002, p. 228). Cette approche technologique du marketing fondamental a suscité beaucoup d?intérêt de la part des artisans du modernisme qui y ont trouvé des définitions et démarches spécifiques au marketing numérique ou digital.

106 J-M Weller, La modernisation des services publics par l?usager : une revue de littérature (1986-1996) In

Sociologie du travail, 1998, pp. 365-392.

107 J. M. Keynes, Théorie Générale, 1936, Chapitre 10 sur La pensée économique dans l?entre deux guerre p. 253.

108 A. B. de Raymond, Dispositif d?intermédiation marchande et politique des marchés. La modernisation du marché des fruits et légumes en France, 1950-1980, In Sociologie du travail Vol 52, N°1, 2010, pp. 1-20.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci