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Effets de débordement des politiques budgétaires en union monétaire hétérogène: cas de l'union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA)


par Ismaila SANGHARE
Université Cheikh Anta Diop Dakar (UCAD) - Doctorat  2021
  

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II.2.2- La politique de relance budgétaire

Selon la nouvelle macroéconomie keynésienne avec Mankiw (2007) ; Akerlof (1970) ; Geenwald (1980) les gouvernements pourraient efficacement relancer l'économie par des dépenses supplémentaires. Elles permettraient de passer d'un équilibre sous-optimal (demande et offre faible, chômage et sous-utilisation du capital, des anticipations négatives) à un équilibre plus satisfaisant (plein- emploi, demande et offre plus fortes, anticipations positives). La relance budgétaire se traduit souvent par une augmentation des taux d'intérêt. Enéconomie ouverte, la hausse des taux d'intérêt attire les capitaux étrangers qui viennent combler le déséquilibre national et réduire les taux d'intérêt domestiques par le jeu de la concurrence. Ainsi, l'effet d'éviction ne joue pas, mais c'est au prix d'un endettement de la nation.

Sur le plan empirique Chatelais et al (2008) dans leurs travaux, montrent qu'en union monétaire, une hausse du déficit budgétaire dans le pays domestique stimule sa demande et donc ses importations d'où l'augmentation des échanges commerciaux. Ainsi, l'activité et les prix sont stimulés dans la zone tout entière et surtout dans le pays lui-même durant la période de relance budgétaire. Pour Garnier (2007) à court terme, en plus, de cette l'inflation, la Banque Centrale augmente ses taux directeurs ; ce qui entraine une hausse des taux obligataires et une appréciation du taux de change de l'union (zone euro). À long terme, l'activité et les prix de la zone euro entrainent une augmentation des entrées de capitaux pour compenser la détérioration de la balance courante et favorisent un accroissement du PIB par une production soutenue. Par conséquent, ce pays va attirer les entreprises étrangères et les travailleurs qualifiés des autres pays.

On peut retenir de ce qui précède que la politique budgétaire demeure encore la solution face aux ajustements nécessaires surtout dans les cas spécifiques. Toutefois, du fait de l'hétérogénéité des économies dans l'union, elles font encore l'objet de nombreuses contestations, puisque leur mise oeuvre crée des effets négatifs. Selon Badarau et Ndiaye (2010), les divergences entre pays membres apparaissent au niveau de leurs structures économiques (spécificités des marchés financiers, du travail ou des biens et services), à la nature des chocs et dans la conduite de politiques nationales.

II.3- Caractère cyclique de la politique budgétaire

Le caractère cyclique des politiques budgétaires continue de diviser les économistes. Au plan empirique, Huart (2011) montrent que dans un pays en union monétaire, une politique budgétaire discrétionnaire contra-cyclique au niveau national est nécessaire pour stabiliser les fluctuations économiquesconjoncturelles spécifiques, lorsqu'il y a des rigidités nominales ou réelles dans l'économie ou lorsqu'il manque des mécanismes d'ajustement14. Pommier (2003) adapte la méthode d'estimation des règles budgétaires de Ballabriga et de Mongay (2002) sur données de panel des pays de l'union européenne et montre que la politique budgétaire semble suivre un profil contra-cyclique sur la période 1987-

1994. Toujours selon auteur, pendant les périodes défavorables, une orientation budgétaire expansive et contra-cyclique vise à soutenir la demande globale alors qu'en périodes favorables, une politique budgétaire restrictive et contra-cyclique permettrait de réduire les déficits publics (éventuellement accumulés pendant les périodes défavorables) et de dégager des excédents publics afin de s'assurer des marges de manoeuvre pour les « jours pluvieux ». En effet, il faudrait améliorer le solde budgétaire pendant les périodes favorables en affectant le surplus de recettes au désendettement pour pouvoir le laisser se détériorer pendant les périodes défavorables. Ainsi, le jeu des stabilisateurs automatiques budgétaires implique moins de rentrées fiscales et davantage de dépenses publiques sociales.

D'autres travaux comme ceux de Barro (1979) ; Talvi et Végh (2005) mettent en évidence le caractère pro-cyclique de la politique budgétaire dans les pays en développement excepté ceux du G715 où elle est neutre. Cette analyse est motivée par le fait que des interventions budgétaires discrétionnaires peuvent s'avérer pro-cycliques : c'est le cas d'un resserrement budgétaire en période de récession. Bénassy et Carton (2004) utilisant la méthode des Moindres Carrés Ordinaires (MCO) examinent la corrélation entre le solde budgétaire structurel et le niveau (signe) de l'écart de production et concluent que la politique budgétaire a été pro-

cyclique dans la zone euro entre 1999 et 2006, alors qu'elle a été contra-cyclique

14 Le débat sur l'efficacité de la politique budgétaire dépasse l'objet de cet article. Voir, à ce sujet, une autre contribution (celle de Jérôme Creel, Éric Heyer et Mathieu Plane) dans cette revue

15 Le Groupe des sept (G7) : les États-Unis, le Japon, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la France, l'Italie, le Canada. Depuis

1998 le groupe inclut la Russie. Ensemble, ces pays représentent environ les 3/5 de l'économie mondiale.

aux États-Unis. Dans cette même lancée, Taylor (2000 ; 2009) et Auerbach (2002 ; 2008) appliquent la même méthode à ces mêmes Etats. Le résultat conclue que la politique budgétaire discrétionnaire a été de plus en plus contra- cyclique, notamment depuis le début des années 1990.

En Afrique, les travaux de Guillaumont et Tapsoba, (2009) montrent que la politique budgétaire est pro cyclique dans l'ensemble des pays lorsque l'on considère les dépenses publiques. Le taux de dépenses (en % du PIB tendanciel) est positivement affecté par la conjoncture. Ce qui est ainsi conforme à la prédiction du modèle de Talvi et Végh (2005). En raison de l'existence des stabilisateurs automatiques, l'évolution des recettes est contra cyclique et le taux de recettes réagit positivement à la conjoncture. Il en résulte ainsi un effet nul de la conjoncture sur le solde.

Une étude de Carmignani (2010) portant sur les pays d'Afrique corrobore les conclusions des études susmentionnées. Il montre que la politique budgétaire est responsable de la persistance de la volatilité puisqu'elle ne remplit pas la fonction de stabilisation. Globalement, on peut dire que le caractère cyclique de la politique budgétaire demeure intrigant16. Parmi ces sources de disparité, l'hétérogénéité structurelle pose des problèmes particuliers, puisqu'elle est à l'origine de la transmission des chocs asymétriques entre les pays de l'union. Il est intéressant de voir les divergences essentielles entre les économies des pays en union.

Nous pouvons retenir qu'au-delà de l'ampleur des effets que les politiques budgétaires génèrent en union monétaire, il est aussi important de savoir comment ces effets se transmettent d'une économie à l'autre. Dans la littérature courante, les moyens qui facilitent les effets de contagions sont connus sous le nom de canaux de transmission. À cet effet, il convient d'analyser comment la

contagion se fait suivant les canaux.

16 Intrigant : signifie ici matière ou sujet à réflexion

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