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L'enjeu du développement durable dans le cadre de l'organisation mondiale du commerce l'émergence d'un modèle de diplomatie écologique et commerciale.


par Caleb MOISE
Université de Paris - Master II 2010
  

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2. Dimension et indicateurs de durabilité/soutenabilité (sustanability)

Le développement durable est la traduction de l`expression anglaise "sustainable development". L'adjectif "sustainable" est aussi traduit par soutenable, acceptable, raisonné pour prendre en compte non seulement l'inscription dans le temps mais aussi la dimension éthique de cette notion. En ce sens, l`adjectif durable/soutenable associé au développement insiste à la fois sur la dimension du long terme dans la planification du développement et aussi sur le respect simultané que l`on doit accorder à l'efficacité économique, l'équité sociale et la préservation de l'environnement. Mais pour comprendre le débat sur la notion de durabilité, il faut se référer au fait que, du point de vue de l`histoire de la pensée économique, la nature peut être vue de deux manières : il existe d'une part un « capital naturel », non-renouvelable à l'échelle humaine (comme la terre ou la biodiversité), et d'autre part des ressources renouvelables (comme le bois, l'eau)6. De cette double vision de la nature découleront les deux principales conceptions de la durabilité.

Il y a d`un côté la position des économistes systémiques7 selon laquelle le "capital naturel" n'est pas substituable. Plutôt que de se concentrer sur l'aspect purement économique des choses, les économistes systémiques souhaitent avoir une vision globale qui comprend la totalité des éléments du système étudié, ainsi que leurs interactions et leurs interdépendances. Selon cette approche, « la sphère des activités économiques est incluse dans la sphère des activités humaines, elle-même incluse dans la biosphère »8. Afin d'insister sur les contraintes de la biosphère, les tenants de cette approche préfèrent utiliser une traduction littérale de sustainable development qui est « développement soutenable ».

Il y a par ailleurs la position des économistes néoclassiques9 qui suppose le caractère substituable total du capital naturel en capital artificiel : si l'utilisation de

6 Par analogie avec l'économie, on peut donc voir la nature comme un capital et un ensemble de revenus : lorsque les revenus sont épuisés (dépassement de la biocapacité), c'est le capital qui est amputé.

7 On peut citer Rosnay (de) J. (1975), Le Macroscope : vers une vision globale; Schumacher E.F. (1977), A Guide for the Perplexed ; ou encore Georgescu-Roegen N. (1971), The Entropy law and the Economic Process.

8 Marechal J.P (1996), « L'écologie de marché, un mythe dangereux », Le Monde diplomatique n°511.

9 On peut citer notamment Solow R.M., «On the intergenerational allocation of natural resources», Scandinavian Journal of Economics, 1986; et Hartwick J.M., «Intergenerational equity and the investing rents from exhaustible resources», The American Economic Review, 1977.

10 Voir, par exemple, Jacquet P., Mignot G. & Loup J. (1981), Les pays les plus pauvres: Quelle coopération pour quel développement ?, Paris, Economica.

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ressources non-renouvelables conduit à la création d'un capital artificiel transmissible de générations en générations, elle peut être considérée comme légitime. Cette approche du développement durable est aussi de type technico-économiste : à chaque problème environnemental correspondrait une solution technique, solution disponible uniquement dans un monde économiquement prospère. Dans cette approche, aussi le pilier économique occupe une place centrale et reste prépondérant, à tel point que le développement durable est parfois rebaptisé « croissance durable ». En ce sens, un sentier de croissance ou de développement est durable si la consommation et l`utilité sont non-décroissantes au cours du temps. Ainsi, pour ces économistes, on peut parler de durabilité forte pour un sentier sur lequel le stock de capital naturel est non-décroissant au cours du temps. Et la durabilité faible s`appliquerait à un sentier sur lequel le stock de capital total (capital naturel + capital manufacturé + capital humain + capital social) est non-décroissant au cours du temps.

Pour ce qui concerne les indicateurs de la durabilité du développement, si le produit intérieur brut (PIB) est très utilisé pour mesurer la croissance économique sur le long terme, certains auteurs10 critiquent cet usage en raison du fait que le PIB ne prend pas en compte la variation du stock de ressources naturelles qui est un effet de long terme. En effet, le PIB considère comme une production courante la valeur des ressources naturelles mises sur le marché et n`intègre pas les atteintes à l`environnement parce qu`aucun agent n`en supporte les coûts (les externalités négatives). Par ailleurs, le calcul du PIB ne permet pas de comprendre sa répartition et les différences de niveau de vie. En tant qu`une moyenne globale de l`ensemble des revenus par habitant, le PIB est peut aussi masquer des évolutions dans la répartition des revenus : son augmentation peut ainsi aller de pair avec une amplification des disparités des niveaux de vie, ce qui peut générer des coûts sociaux et fragiliser la cohésion sociale. En sus de la distribution des revenus, le PIB ne tient pas compte des inégalités dans l`accès aux services publics, à l`éducation, à la culture, à la santé, qui peuvent entraver l`obtention d`une croissance forte et régulière sur le long terme. Enfin, une autre insuffisance du PIB pour refléter la durabilité du développement se trouve dans le fait qu`il ne mesure pas la qualité de la vie et ne saurait prétendre à l`évaluation du bien être. Il ne tient pas compte des

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activités non rémunérées, des engagements associatifs ou des loisirs. C`est en raison de toutes ces insuffisances du PIB que des économistes ont été amenés à construire des indicateurs agrégés qui permettent de mieux rendre compte de l'efficacité d'une politique de développement durable.

C`est ainsi que Nicholas Stern11 parle du « PIB vert » ou de capital naturel pour donner une valeur monétaire à la qualité environnementale ou pour exprimer le coût du changement climatique. Le PIB vert désigne la correction du PIB en fonction des coûts environnementaux, permettant ainsi de mesurer les effets de la croissance sur l`environnement12. On parle par ailleurs d'index de durabilité environnementale (environmental sustainability index, ESI), de tonnes de CO2 émises (bilan carbone personnel pour les particuliers) et notamment d'empreinte écologique. L`empreinte écologique mesure les surfaces biologiquement productives de terre et d'eau nécessaires pour produire les ressources qu'un individu, une population ou une activité consomme et pour absorber les déchets générés, compte tenu des technologies et de la gestion des ressources en vigueur. Cette « surface » métaphorique est virtuelle, mais elle traduit une réalité très concrète. Plus on s`éloigne de l`idéal de soutenabilité et de durabilité du développement, plus son empreinte sera profonde et moins réversible sur la planète. L'empreinte écologique s'efforce ainsi de répondre à une question scientifique précise, et non à tous les aspects de la durabilité, ni à toutes les préoccupations environnementales. Enfin, sur le plan social, on parle d'indice de développement humain qui mesure à la fois la richesse, le taux d'alphabétisation et la santé d'une population ; on utilise aussi le coefficient de Gini qui mesure la répartition des richesses ou les disparités des niveaux de vie ; on peut surtout noter l`indicateur de progrès véritable (IPV) qui est un indicateur alternatif au produit intérieur brut (PIB) ou à l'indice de développement humain (IDH) pour mesurer l'évolution du bien-être réel d'un pays. Alors que le PIB ne mesure que l'activité économique monétaire, l'IPV ajoute au PIB la valeur estimée des activités économiques non monétaires et en retranche la valeur estimée des richesses naturelles.13

11 Nicholas Stern est surtout connu pour le Rapport Stern sur l'économie du changement climatique publié le 30 octobre 2006.

12 La Commission Stiglitz s'est également penchée sur le problème des effets de la mesure du produit intérieur brut sur l'environnement.

13 On peut aussi se référer aux 11 indicateurs du développement durable selon l'Insee dans l'Annexe II. Il y a par ailleurs le Global Reporting Initiative qui comporte 79 indicateurs sur les mesures

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