WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Apport des réseaux sociaux à  la conservation des savoirs locaux au Burkina Faso: cas de la parenté à  plaisanterie sur Facebook


par Seydou SOGOBA
Université de Cergy Pontoise - Master 2 Recherche 2019
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Annexe 3 : Guide d'entretien

9

Introduction

Au Burkina Faso comme dans plusieurs autres pays de l'Afrique, la parenté à plaisanterie(PAP) est une pratique traditionnelle profondément ancrée dans les moeurs. Connue pour sa capacité à rassembler les hommes et à donner du sens à la diversité, la parenté à plaisanterie semble avec la modernité perdre son lustre d'antan. Pire l'avènement des nouvelles technologies a ravivé les inquiétudes des détenteurs de la tradition quant à la disparition de cette valeur culturelle. En effet l'attachement tout azimut de la jeunesse à internet et de façon singulière aux réseaux sociaux numériques(RSN) donne à croire que le cordon sera rompu entre la génération future et les savoirs locaux, symboles de son appartenance culturelle. La réalité des réseaux sociaux, notamment celle de Facebook(FB) avec sa grande capacité de rassemblement et ses outils de partages semble relativiser les inquiétudes quant à la survie de la PAP dans la modernité.

Les milliers d'individus qui visitent quotidiennement FB se contentent ils du plaisir qu'il offre sans y exporter des aspects de leurs cultures ? A cette étape déjà nous pensons pouvoir postuler que non ! C'est du reste ce que nous tenterons de vérifier en initiant cette investigation sur le rapport qui existe entre Facebook et la pratique de la Parenté à plaisanterie. A cet effet notre sujet s'intitule ainsi qu'il suit : Apport des réseaux sociaux à la conservation des savoirs locaux au Burkina Faso : Cas de la parenté à plaisanterie sur Facebook

La restitution de notre travail de recherche comporte principalement deux parties :

? la première se constitue des aspects théoriques à savoir la revue de littérature, la problématique, le cadre théorique, et le cadre méthodologique ;

? la seconde partie se compose de l'analyse et de l'interprétation des résultats, suivies des perspectives sur lesquelles s'ouvre l'étude.

10

PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE

La première partie du mémoire est composée de la revue de la littérature, de la problématique, des fondements théoriques de la recherche et de la méthodologie suivie.

CHAPITRE 1 : REVUE DE LITTERATURE

En vue de nous faire une idée de l'état des connaissances sur notre thème de recherche, nous avons effectué des lectures dont nous rendons compte dans cette rubrique. Notre revue de littérature est constituée de la présentation de Facebook, d'une description du concept de savoir locaux et celui de parenté à plaisanterie.

1. Facebook, qu'est-ce que c'est ?

Les réseaux sociaux sont devenus grâce à internet, partie intégrante de la vie des êtres humains. Un site de réseau social est un système de «services qui permettent aux individus de construire un réseau public ou semi-public au sein d'un système lié ; de définir une liste d'autres utilisateurs avec lesquels ils partagent une connexion ; d'afficher et parcourir la liste de leurs connexions et celles faites par d'autres au sein du système » (Caroline Vallet, 2012, p5). Leur influence aujourd'hui touchent tous les domaines d'activités (politique, économie, stratégie militaire...). Les réseaux sociaux sont nombreux avec des activités diverses mais leur ambition commune est de réunir des personnes humaines autour d'intérêt individuel et collectif (Caroline Vallet, 2012, p4). Parmi ces réseaux, Facebook se distingue par sa popularité et le nombre de ses visiteurs. Selon Caroline Vallet (2012, p4), Facebook est le site le plus populaire, qui connaît une incroyable ascension (devant My Space). En effet, ce sont plus de 400 millions d'usagers actifs, dont70% se trouvent hors des États-Unis d'Amérique. Ce sont environ 60 millions de statuts mis à jour quotidiennement. En moyenne, un utilisateur compte environ 130 amis sur son profil et envoie près de 8 demandes d'amis par mois. Le profil selon (Alexandre Coutant, Thomas Stenger, 2010. p.5) est

« une narration par laquelle on présente sa face et dont le vocabulaire et la syntaxe sont constitués par les activités en ligne. Cette construction commence dès l'inscription au moment où l'individu remplit les quelques renseignements qui apparaitront dans l a partie «infos». Elle ne fait ensuite que se développer à chaque nouvelle action de l'individu

qui vient allonger le fil d'actualité (mini-feed). Ainsi s'illustre parfaitement l'aspect processuel, multi-facette et narratif de l'identité »

Ces chiffres qui datent de 2012 sont sans cesse en évolution et s'expliquent par le fait que Facebook est ouvert à tout le monde sans exception, et sans coût supplémentaire, sinon le prix d'une connexion Internet.

Au regard de son palmarès, on peut dire que Facebook est la vedette des réseaux sociaux des temps modernes. Mais selon certains auteurs, l'histoire de Facebook pourrait être rattachée à des origines anciennes. En effet dans son article « le poids du prestige », Brigitte Munier(2011) fait un rapprochement du réseau avec le Kula1. L'auteur part d'abord du postulat que sur la toile, l'expression et la promotion du moi exigent un public, aussi l'interaction conditionne-t-elle l'existence de la civilité numérique2. Elle essaie ensuite de montrer que Facebook constitue un exemple privilégié de la dialectique articulant l'individualisme au communautarisme en une dynamique rappelant le kula. Pour elle, « comparer une plateforme plébiscitée par quinze millions de français en 2010 à des échanges rituels intertribaux contribuera à souligner sa capacité à répondre à des besoins socio-culturels anthropologiquement attestés ». Elle parvient à la conclusion que le Kula et Facebook ont en commun de constituer un amplificateur du statut social de leurs membres et un moteur de leur construction identitaire puisque chaque sujet, soucieux de son mana ou de sa réputation, veille à la qualité de ce qu'il offre ou expose. Le don appelle un contre don supérieur selon une dynamique de surenchère qui constitue le fondement de ce type de sociabilité, car il permet de situer le rang ou l'aura de chacun selon une forme d'ajustement. Rapprocher ces deux phénomènes souligne l'ancienneté de la volonté de l'homme de se faire valoir par sa présence.

Parler de Facebook revient généralement à s'interroger sur la façon concrète de construire sa présence en ligne. Antonio.A.Casili(2012) en donne la réponse. Sur la base d'une analyse théorique et d'une expérience conduite sur Facebook, ce sociologue montre comment la structure des communautés sur internet et les pratiques de leurs membres évoluent conjointement.

Pendant une période de cinquante jours, l'auteur observe la manière dont diverses modalités de présence dans un profil d'utilisateur finissent par influencer de manière différente les structures sociales reliées à ce profil. Facebook est choisi comme terrain

11

1Le Kula (cercle en langue mélanésienne) décrit par Marcel Mauss est un système archaïque de dons et de contre-dons observé dans les îles Trobriand à l'ouest du Pacifique.

2Tout internaute est invité à étiqueter (tagging), noter (rating), référencer ou commenter les productions des autres qui, en retour réagiront aux siennes.

12

pour l'expérience à cause de son caractère de médium généraliste. L'article de Casili fait l'historique de Facebook en évoquant sa création en 2004 comme «trombinoscope virtuel» pour les étudiants de Harvard et les transformations subies du point de vue de la participation des usagers que de la diversification des fonctionnalités. Mais un aspect est resté inchangé, l'algorithme appelé Edge Rank qui classe et interconnecte des profils. Chaque utilisateur a une fiche personnelle contenant une adresse électronique, une photo, une liste d'amis et une courte description de ses goûts et activités. L'algorithme de Facebook permet de connecter le profil de chacun de ses membres à celui de personnes proches, de collègues, de vieilles connaissances perdues de vue et, parle un intermédiaire, de former de nouveaux liens avec des inconnus. Dans ce contexte, un« ami» n'est qu'un usager auquel on accorde l'accès à des contenus spéciaux (textes, liens internet, musiques), afin d'améliorer sa position structurale. On peut donc s'accorder avec Caroline Vallet (2012) pour en déduire que les amis Facebook ne représentent pas forcément le cercle d'amis conventionnel d'une personne. Plus il aura accès à davantage d'informations, plus il sera influent, plus ses actions auront un poids plus important. On en déduit donc qu'en « améliorant sa présence via son profil, un utilisateur pourrait maximiser son capital social». A l'issue de cette expérience sur Facebook, l'auteur abouti à la double dynamique qu'il nomme «co-évolution» et selon laquelle la structure des réseaux s'adapte aux membres et les membres s'adaptent aux changements de la structure.

Un autre auteur qui s'est intéressé à l'histoire de Facebook est Franck Rebillard. Il tente de faire la genèse d'un projet dont la progression fulgurante trahie les conditions dans lesquelles il est né. En effet lorsque Mark Zuckerberg, à peine diplômé de Harvard met sur pied une version numérique du «trombinoscope» de son université en 2003-2004, rien ne présageait, que Facebook qui rassembla au départ des étudiants d'un même établissement, verra son succès grandir aussi rapidement pour l'amener à s'étendre au monde entier. Selon l'auteur, les opérateurs justifieront cette ouverture par la nécessité du partage entre les usagers.

Ainsi Facebook se présente désormais comme un espace d'échange et de mise en commun pour les internautes. C'est du reste ce que laisse apparaitre Mark Zuckerberg lui-même dans le bilan de l'année 2009 en ces termes : «Ce fut une grande année pour l'ouverture et l'interconnexion du monde. Merci pour votre aide, plus de 350 millions de personnes utilisent Facebook à travers le monde afin de partager leurs existences en ligne.». Pourtant le plus fort était à venir et c'est ce qui ressortira des propos de Caroline Vallet(2012) qui soutient que par la multiplicité des informations qu'il possède sur d'innombrables personnes, le site Facebook possède un trésor économique et politique inimaginable et inestimable. C'est à juste raison que

13

certains considèrent qu'il constitue le quatrième pouvoir sur la planète. Et sil'on s'en tient à cette thématique du partage et à la rhétorique de l'ouverture et de l'interconnexion, qu'elle légitime, on peut s'aventurer dans la recherche d'un sens à l'attachement que, la frange la plus active de la population(les adolescents) voue à Facebook.

? Facebook et les adolescents

Si le réseau Facebook a conquis le monde et ravis la vedette à d'autres systèmes semblables, son influence sur les adolescents semble être le plus marqué. Michel Marcoccia (2012.p.5), soutenant que l'usage majoritaire de l'internet par les adolescents est communicationnel, à travers l'utilisation de dispositifs de sites de réseaux sociaux, indique que la messagerie instantanée intégrée à Facebook est utilisée par 90 % des lycéens et 60 % des collégiens. Cette avis est soutenu par Dominique Pasquier(2010.p1) qui reconnait que l'adolescence étant marqué par le diktat des apparences, la norme du groupe ou l'appartenance à une culture, l'adolescent voit en internet un moyen de communication privilégié pour échanger, partager, s'exprimer, exister librement . ». Cette préoccupation est partagée par Johann Chaulet (2009) qui a mené des enquêtes sur les usages adolescents des tics. A l'issue d'une analyse des usages adolescents d'internet, l'auteur présente un point de vue personnel, reposant sur une expérience et une analyse approfondie préalables qui justifient les prises de position à l'égard d'un objet complexe et multiforme. Il essai de montrer comment ces usages articulent une volonté d'autonomie à l'égard des parents et un désir de créer du lien et de faire groupe avec les pairs. Cette perspective lui permet de questionner certains éléments importants du lien social des plus jeunes à l'heure de la médiatisation grandissante des pratiques de communication. Il parvient à la conclusion selon laquelle si l'adolescence pose problème dans ce qu'il ya de complexe dans son attachement à internet, cette relation est également le lieu privilégié d'observation de formes de sociabilité intensives et polymorphes. Les outils de la communication à distance occupent, un rôle considérable dans le quotidien des adolescents, pour lesquels la communication figure en bonne place parmi les activités extrascolaires. Et les adultes qui jouent un rôle légitime de régulation devraient le faire avec modération car dit-il « l'exploration et le hasard jouent un rôle important dans les nouvelles formes de compétences et de connaissances auxquelles ces technologies offrent accè » (Johann Chaulet, 2009, p10). Cette idée est soutenue aussi par Alexandre Coutant, Thomas Stenger (2010).

Ce qui nous permet de postuler que Facebook peut offrir des possibilités d'appropriation de connaissances.

14

? Facebook et développement de compétences

Les réseaux sociaux peuvent s'avérer dangereux pour les adolescents mais cette situation ne devrait pas nous pousser à « jeter le bébé avec l'eau de bain », car soutien (Johann Chaulet, 2009, p10) «.... Il semble en effet qu'un certain nombre des compétences sociales que nous attendons de nos enfants, et qu'il leur faudra détenir, sont apprises en ligne par l'expérimentation, le jeu et le contact avec les pairs. »

Dans un dossier intitulé le «Web.2 à l'école» le site «cahiers pédagogiques» publie l'enquête de Audrey Guilbaud-Varachaud, professeure documentaliste sur les pratiques personnelles de ses élèves sur Facebook. Partant de la question centrale peut-on trouver un intérêt pédagogique à Facebook ?, elle monte un projet mobilisant à la fois histoire et techniques documentaires. Ainsi en octobre 2009, un questionnaire est distribué à une classe de 3ème incluant la connaissance de Facebook, la possession d'un profil, la régularité de la consultation du réseau et des questions sur les paramètres de confidentialité.

Le projet consista pour les élèves, regroupés en binôme de recenser trois à cinq événements des plus marquants et des plus significatifs dans divers domaines qui se sont déroulés entre 1914 et 2001. Ils résument ensuite chaque événement, expliquent pourquoi ils l'ont retenu en illustrant par des textes, images et vidéos. Enfin ils insèrent le tout sur Facebook le jour de l'anniversaire de l'événement.

A noter que le projet est intégré dans le cadre du socle commun de connaissances et de compétences, et permet de travailler, en histoire, la compétence « Situer et connaitre les grandes périodes de l'histoire de l'humanité ».

Reconnaissant que d'autres travaux fussent nécessaires pour répondre efficacement à la question, y a-t-il un intérêt pédagogique à utiliser Facebook dans les apprentissages des élèves ?, l'auteur conclut tout de même par ces résultats :

-l'apprentissage des dates en histoire devient ludique, mais tout aussi efficace du fait que le support est plus attractif,

-la publication numérique permet de mettre en valeur le travail des élèves,

-en travaillant avec Facebook, l'on peut répondre aux objectifs du socle commun et donner du sens aux apprentissages,

-en travaillant sur l'écriture et la maîtrise de la langue, l'autonomie et la responsabilité du citoyen, la formation à l'esprit critique et au « e-réputation », on développe une réelle éducation à l'information et à une culture numérique.

Et au regard même de ces résultats, l'auteur est convaincu que « Facebook, outil de communication utilisé par les élèves avant tout dans le cadre de leurs pratiques personnelles,

15

peut donc aussi être investi dans le cadre scolaire pour former à un usage raisonné des nouvelles technologies. » (Johann Chaulet, 2009, p15)

Cette étude bien qu'ayant un champ réduit (une classe) présente des résultats intéressant quant à l'utilisation de Facebook orientée vers l'acquisition de connaissances scolaires.

La revue de littérature nous a permis de découvrir le phénomène Facebook sur trois aspects essentiellement. Sa popularité en tant que réseau social, son rapport avec les adolescents et la possibilité qu'elle pourrait offrir en matière de mobilisation des connaissances. La popularité le succès et son l'influence sur les adolescents ne font l'objet d'aucun doute aujourd'hui. Que l'on soit dans les pays développés ou en Afrique on s'accorde à dire que Facebook est le réseau social le plus populaire. Il est en pole position dans 127 pays sur 137 étudiés Ropars (2014) et dénombre plus de 900 millions d'utilisateurs actifs mensuels dans le monde (Fléchette 2015). Chez les élèves en France on affirme que Facebook est le plus connu des collégiens. (Stéphanie Lambert 2012). Seulement, malgré cette présence planétaire, les données scientifiques accessibles sur le réseau sont celles recueillies en occident. En effet en Europe et en Amérique plusieurs études ont déjà fait l'Etat de la question sous plusieurs angles. En plus des articles parcourus plus haut et à titre indicatif, on note Melle Faget Marie (2009) sur « réseaux sociaux et vie privée » ; Vaugeois (2006) qui traite de la dépendance ; (Anne Poux et al 2012) qui analyse les enjeux de Facebook et Flechette (2015) qui aborde l'usage. Par contre en Afrique et plus particulièrement au Burkina Faso les recherches en la matière ne sont pas légions. C'est du reste ce qui justifie en partie notre choix d'investiguer sur la thématique de Facebook dans un contexte de sous-développement, mais où les difficultés économiques ne semblent pas avoir d'influence sur la prospérité du réseau

2. Les savoirs locaux

De façon générale on entend par savoir locaux, l'ensemble des connaissances propres à un lieu, à une région, à une communauté. La littérature courante définit les savoirs locaux comme des systèmes de savoirs spécifiques à chaque culture ou société. Ces savoirs constituent la base du processus décisionnel dans tous les domaines et activités qui ponctuent la vie des communautés rurales. Ils sont connus sous plusieurs autres dénominations telles que « savoirs endogènes », « savoirs paysans », « connaissances autochtones » ou « Ethnoscience ». Ce sont les savoirs qu'une communauté s'est appropriée en les adaptant. On distingue les savoirs productifs et socioculturels, les savoirs réservés et démocratisés.

Pour l'UNESCO (2003), les savoirs locaux désignent les ensembles cumulatifs et complexes de savoir, savoir-faire, pratiques et représentations qui sont perpétués et développés par des

16

personnes ayant une longue histoire d'interaction avec leur environnement naturel. Ces systèmes cognitifs font partie d'un ensemble qui inclut la langue, l'attachement au lieu et à la vision du monde.

La FAO (2005), en donne une définition conceptuelle en affirmant que les savoirs locaux sont un ensemble de faits liés au système de concepts, de croyances et de perceptions que les populations puisent dans le monde qui les entoure.

Selon Warren (1993), les savoirs locaux représentent l'ensemble des connaissances acquises par une population locale à travers l'accumulation d'expériences et l'interprétation de l'environnement dans une culture donnée. Il comprend les idées, les expériences, les pratiques et les informations qui ont été soit générées localement ou soit produites en dehors de la communauté, mais qui ont été transformées par la population locale et incorporées à travers le temps aux conditions culturelles agro-écologiques et socio-économiques locales.

Hountondji (1994) quant à lui, insiste sur l'aspect culturel en soutenant que, le savoir local est une connaissance vécue par la société comme partie intégrante de son héritage. Le savoir local représente le reflet des facteurs agro-écologiques et socio-économiques emboités dans les préférences et traditions culturelles. Tout savoir local est donc relatif à une culture.

En somme on peut retenir de toutes ces définitions que les savoirs locaux ou endogènes sont une façon de vivre (Batiste, 2002, p2). C'est aussi un ensemble d'expériences cumulées selon les termes de (Little Bear, 2009). Enfin l'African technology studies policy Network(2012) soutient que les savoirs endogènes constituent une source d'information pour la science. Ces définitions montrent aussi que des hommes ont eu le souci de découvrir ce que sont les savoirs locaux et continuent de s'interroger sur la question.

Mais l'intérêt de la communauté internationale pour les savoirs locaux est relativement récent (Nacoulima, 2012). En effet c'est seulement à partir de 1980 que des recherches vont mettre l'accent sur les raisons qui ont conduit à la marginalisation et à la négligence des savoirs locaux, particulièrement dans les pays en développement avec un héritage colonial. On note qu'auparavant les savoirs locaux étaient perçus comme des curiosités, voire de la superstition, donc contraires aux connaissances scientifiques. Pourtant selon B.E Dialla (2005, P.7), « les savoirs locaux ont été développés, pratiqués et transmis de génération en génération et ont fait leurs preuves. C'est sur la base de ces savoirs locaux que les populations rurales ont pu s'organiser, s'adapter et survivre dans des environnements bien souvent hostiles ». On reconnait par ailleurs que Gregory Knight(1974) avec son étude sur les pratiques agricoles des Nyiha en Tanzanie, est l'une des premières personnes à attirer notre attention sur la prise de conscience vis-à-vis des savoirs locaux. Etude à l'issue de laquelle cet appel a été lancé :

17

«...la nécessité d'apprécier la pensée d'une société comme étant un corps de connaissance cohérent et rationnel, développé et prouvé pendant des temps immémoriaux, et légué comme culture à des générations successives... Il se pourrait même que les Nyiha ou d'autres groupes ethniques aient quelque chose à nous apprendre sur la nature» (Knight, 1974, p.260-261)

Depuis cet appel, il y a eu un regain d'intérêt dans les cercles académiques pour les systèmes

de savoirs locaux et le mode de vie des populations dites indigènes d'Afrique et d'ailleurs. Ce nouvel intérêt a créé un domaine diversifié de savoir qui a été tour à tour appelé Ethnoscience, Systèmes endogènes de connaissance traditionnelle, Connaissance d'environnement communautaire, Connaissance technique endogène, Science populaire, Ecologie populaire, Savoir local, Science villageoise, Connaissance locale endogène et bien d'autres appellations encore.

Leur champ de connaissances embrasse plusieurs domaines tels que l'histoire, la linguistique, l'économie, la sociologie, la politique, l'administration, la communication, les technologies énergétiques, la science des sols, de l'eau, du climat, la biologie des plantes, des animaux domestiques et sauvages, des insectes, la médecine, les systèmes de classification, le temps, l'artisanat, la religion. Dans tous ces domaines, chaque groupe social a développé un savoir pouvant atteindre un degré élevé de sophistication.

Un tel savoir semble si fiable que les sociétés traditionnelles l'ont exploité avec succès et pendant longtemps pour assurer la survie du groupe. Et l'on peut s'accorder avec Dialla (2005, P.7) pour dire que les savoirs locaux représentent ainsi un pan important de la culture des communautés rurales et constituent de ce fait, un capital qui a des vertus potentielles à même d'impulser le développement.

L'intérêt pour nous d'évoquer les savoirs locaux dans le cadre de cette étude réside dans le fait que la parenté à plaisanterie que nous nous proposons d'explorer à travers Facebook en fait partie.

3. La parenté à plaisanterie, qu'est-ce que la littérature en dit ?

La parenté à plaisanterie considérée comme un instrument de maintien de la cohésion sociale s'inscrit au nombre des faits culturels. Que savons-nous de ce phénomène dont l'origine remonte à des temps immémoriaux ?

Les cousinages de plaisanteries en Afrique de l'Ouest entre universalismes et particularismes, c'est sous ce titre que Etienne Smith(2004) écrit qu'il existe en Afrique de l'Ouest des cousinages de plaisanteries révélant de façon originale la tension, constitutive de la relation à l'autre, entre ethnocentrisme et tolérance, hiérarchie et conflit. Cette pratique selon lui est à la

fois confirmation « plaisante » de la différence par l'expression de stéréotypes et reconnaissance d'un trait d'union et lien de sympathie. Ces cousinages plaisants offrent l'exemple d'une « distance moyenne », combinant des éléments d'universalisme et de particularisme. Etienne Smith conclut ses propos par une importante invitation, celle de repenser les points de passage entre ces deux concepts. Tout en partant de l'aspect universel de la pratique, nous essayons d'envisager les changements que le phénomène peut subir avec le numérique dans sa particularité burkinabé.

Sur son site web, le ministère de la culture du Burkina Faso présente un célèbre article intitulé« La parenté à plaisanterie au Burkina Faso, 3Ethnicité et culture : l'Alliance à plaisanterie comme forme de culture ciment entre les ethnies au Burkina Faso ». On en retient que c'est un fait frappant dans le paysage culturel du Burkina Faso. Ce pays compte une soixantaine d'ethnies et, en dépit de cette diversité d'ethnies et de cultures, il règne un esprit de tolérance au sein des populations qui cohabitent paisiblement. C'est du reste ce que soutient Sissao (2004, p 1) en indiquant que la stabilité sociale du pays doit « moins à l'action politique qu'à la force d'institutions traditionnelles comme la parenté et l'alliance à plaisanterie », garantes de paix sociale et véritable « privilège historique ».

C'est l'occasion de souligner le rôle de la parenté à plaisanterie comme ciment entre les ethnies, entre les familles, entre les villages, entre les régions et qui finalement favorisent la cohabitation pacifique empreinte d'entraide mutuelle.

Si cette publication du ministère de la culture laisse voir clairement la pole position que cette pratique occupe dans la cohésion sociale au Burkina, elle invite comme bien d'autres écrits à aller plus loin dans la découverte du thème en lisant l'ouvrage de Alain Joseph Sissao4.

En effet dans son ouvrage intitulé « Alliances et parentés à plaisanterie au Burkina Faso. Mécanisme de fonctionnement et avenir » Alain Joseph Sissao dresse un tableau complet des relations à plaisanterie au Burkina Faso, tout en décrivant les apports des relations séculaires à la construction d'une société africaine moderne. La présence de relations à plaisanterie contribuerait à la stabilité sociale observée dans cette partie de l'Afrique de l'Ouest. C'est à juste titre que l'auteur qualifie cette institution de « privilège historique » (Sissao 2002 p. 16). Se fondant sur une série d'enquêtes menées dans les différentes provinces du pays l'auteur

18

3 http://www.burkinatourism.com/HISTOIRE-La-parente-a-plaisanterie-au-Burkina-Faso.html

4 « Alliances et parentés à plaisanterie au Burkina Faso. Mécanisme de fonctionnement et avenir »,2002

explore les différentes modalités selon lesquelles se présentent les alliances et parentés à plaisanterie observables sur le terrain africain.

La première partie de l'oeuvre concerne le contexte historique et social de l'émergence des alliances et parentés à plaisanterie, la deuxième vise à l'analyse de leur fondement et de leur impact dans la vie sociale et dans la troisième sont envisagées les perspectives d'avenir dans le sens d'une « réappropriation de la tradition pour le futur », c'est-à-dire de la « modernisation » de ce phénomène. Pour nous, la question que cela suscite d'entrée de jeu c'est : le numérique permet-elle cette réappropriation ?

Pour ce qui concerne le rôle des alliances et parentés à plaisanterie, Sissao reprend l'ensemble des valeurs attribuées généralement au phénomène en les illustrant de maints récits : « purification, moquerie, injure, civisme, effet de défoulement (catharsis), entraide, solidarité, ciment social, portée éducative, vertu thérapeutique au sens où ce jeu permet de « faire le fou pour ne pas le devenir ». (Sissao 2002, p.37)

Ces fonctions dont parle Sissao, sont aussi évoqués par d'autres auteurs. Ainsi dans « Gens de parole », Sory Camara(1992), qui a entrepris une étude de différents aspects de l'alliance, retient que celle-ci « permet de canaliser les tensions éprouvées dans des rapports de parenté clanique et avec les alliés matrimoniaux ». Selon lui « le sanankuya5, à travers les échanges verbaux à caractères irrévérencieux entre alliés, établit une relation pacificatrice qui joue le rôle d'exutoire de tensions qui, autrement, dégénéreraient en violences ». A travers des codes de langage verbal et non verbal les populations alliées s'accorde à décrisper l'atmosphère même en cas de funérailles. Cette forme de métalangage soude les groupes sociaux et les groupes ethniques alliés.

Dans sa thèse sur les moose, « Essayer la folie pour voir, risque et prudence des moose » Damiba(1993) abonde dans le même sens en soulignant que le dakéére6 fait partie de la catégorie des discours appelés théâtralisations sociales. C'est ainsi que dans le cas d'un décès les alliés contribuent à « exorciser » les douleurs de leur allié en s'autorisant des insultes, en banalisant le mort et la mort. Ce qui du reste contribue à retremper la collectivité meurtrie dans la joie de vivre.

19

5 Sanankuya,traduction de parenté à plaisanterie en langue Bambara

6 Dakéére, terme consacré pour designer la parenté à plaisanterie en mooré(langue des mossis)

Dans la seconde partie de l'oeuvre, Alain Joseph Sissao dresse la nomenclature concernant les relations à plaisanterie dans les différentes ethnies du pays, suivie d'une typologie des alliés à plaisanterie. Outre le rôle cathartique qu'on lui reconnaît, l'alliance à plaisanterie se présente comme une instance de réconciliation garante de stabilité sociale, puisque les conflits mis en scène se désintègrent d'eux-mêmes. Il s'agit aussi d'une « école de rhétorique », dans la mesure où l'individu doit apprendre à maîtriser l'art de la parole pour garder la tête haute face aux invectives publiques de ses alliés. L'auteur indique, pour chaque relation, le symbole qui la représente7. Il met en valeur la portée éducative de la parenté et l'alliance à plaisanterie, qui ont pour fonction de renforcer la cohésion sociale en prônant une certaine solidarité interethnique et une transmission des valeurs, en particulier l'art de « bien parler » et de savoir répliquer. Selon lui « Les faits qui sont à l'origine de l'alliance et parenté à plaisanterie ont, en fait contribué au raffermissement des relations sociales, interethniques, communautaires et régionales et ont été de puissants ferments de culture » (Sissao 2002 p. 110).

Dans la dernière partie, sont envisagées les perspectives de « réappropriation » du phénomène pour le futur ainsi que la possible modernisation des relations à plaisanterie. Comme le rappelle Alain Joseph Sissao (2002, p..), les relations à plaisanterie sont évolutives, continuant de se développer en fonction des rencontres et de l'histoire partagée. Parmi les apports de la pratique, la faculté de médiation est un élément fondamental qu'il faudrait pouvoir conserver dans la perspective d'un avenir harmonieux pour la nation tout entière.

Les propositions d'adaptation au monde d'aujourd'hui et qui se fondent sur la volonté d'unité nationale sont faites : ateliers d'initiations, « organisation de matchs de football et de soirées récréatives interethniques », création d'un enseignement des alliances et parentés à plaisanterie au sein du cursus scolaire et universitaire, confection de documents pédagogiques sur l'origine des alliances et parentés à plaisanterie, organisation de colonies de vacances entre régions « alliées à plaisanterie », institution d'une journée nationale, etc., pour « cultiver la différence ».

20

7la boisson zom koom(littéralement eau de farine), symbole de l'alliance à plaisanterie entre les Moosi et les Samo ; les arachides évoquant l'alliance à plaisanterie entre les Bisa et les Gurunsi ; le haricot, symbole de l'alliance à plaisanterie entre les patronymes Traoré et Koné, qui se qualifient mutuellement de « mangeurs de haricots » , etc. Ainsi entend-on fréquemment les Gouin accuser les Lobi d'être des « mangeurs de chiens » et ces derniers se défendre en rétorquant que « les Gouin sont de grands buveurs de banji (vin de palme) »

Alain Joseph Sissao conclut ainsi que face à la « modernisation sauvage », au « clientélisme », au « népotisme », au « clanisme », au « régionalisme », il est impératif de « puiser à la source de la tradition pour ne pas perdre son identité » (Sissao 2002, p132).

L'auteur nous invite, à travers cet ouvrage, à envisager une modernité qui tienne compte des valeurs du passé en sachant conserver leur sens malgré les changements socioculturels.

Et en cela il a le soutien de Méké Meité(2004) 8qui dans son article « Les alliances à plaisanterie comme voie », évoque les possibilités d'un recours aux alliances à plaisanterie pour aider à résoudre le conflit ivoirien.

L'oeuvre de Sissao intéresse notre étude pas seulement en la quantité des informations qu'elle procure mais aussi et surtout en ce qu'elle insiste sur la nécessité d'une adaptation au monde actuel. Nous allons donc nous inscrire dans cette perspective en nous focalisant sur un aspect de la modernité qui n'est pas particulièrement évoqué dans l'oeuvre : la pratique de la parenté à plaisanterie sur les réseaux sociaux. Facebook participe-t-il à la réalisation des recommandations faites par l'auteur ?

Cette revue de littérature nous a permis de faire l'Etat des connaissances non seulement sur Facebook en tant que réseau social leader, sur les savoirs locaux vus de plus en plus comme facteurs de développement et support d'éducation mais aussi et surtout sur la parenté à plaisanterie, objet de notre étude. Ce parcours nous a permis de comprendre la capacité de Facebook à rendre facilement accessible des connaissances et des valeurs notamment dans le milieu des jeunes qui en sont les bénéficiaires privilégiés. Facebook apparaît donc comme un espace privilégié de diffusion d'un domaine marginalisé comme celui des savoirs endogènes et mieux un cadre de conservation et de transmission d'un grand acquis culturel de l'humanité qu'est la parenté à plaisanterie. Ce constat nous amène à nous interroger sur ce en quoi Facebook fait évoluer la pratique.

21

8Méké Meité est Maitre de Conférences u département de lettres modernes à l'Université de Cocody à Abidjan en Côte d'Ivoire

CHAPITRE 2 : PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE 1. Problématique, hypothèses et objectifs de l'étude

Cette partie est consacrée à la description de la situation problématique, aux questions de recherches, aux hypothèses et aux objectifs de l'étude

1.1. De la problématique et des questions de recherche

Nous l'avons dit plus haut, plusieurs études se sont intéressées à différents aspects de la question et certaines se sont même inquiétées de la capacité de résistance de cette pratique culturelle aux mutations actuelles. La revue de littérature, montre que certains auteurs qui ont abordé la thématique insistent sur la nécessité de préserver la parenté à plaisanterie en travaillant à l'adapter à la modernité. De façon générale les propositions se focalisent sur les activités favorites9 des jeunes sans toutefois faire cas des réseaux sociaux (Sissao A ; 2002)

Dans ce monde moderne marqué par le développement de l'individualisme et la mise en cause de plusieurs pratiques traditionnelles, où la question de l'appartenance perd par moment son sens on est en droit de se demander si la parenté à plaisanterie peut trouver aux réseaux sociaux notamment en FB un espace d'expression. Et comme les sociaux numériques(RSN) constituent un symbole phare du monde moderne, il est donc loisible de s'interroger sur ce à quoi nous attendre lorsque la parenté à plaisanterie s'exporte sur Facebook. A l'heure où les rencontres virtuelles se multiplient et ou les échanges et les centres d'intérêts semblent faire fi de l'origine des individus, nous voulons comprendre à travers cette étude comment la parenté à plaisanterie se manifeste sur FB. Les traces de la pratique observées à travers les groupes sur Facebook parviennent elles à traduire sa vivacité ? En somme quelle changement la parenté à plaisanterie subit-elle avec le numérique ? Pour investiguer sur cette problématique nous sommes partis d'une question principale de recherche qui s'intitule comme suit.

Question principale de recherche

Quel changement Facebook apporte à la pratique de la parenté à plaisanterie ?

De notre principale question de recherche découlent quatre questions secondaires qui orientent notre étude à savoir.

Questions secondaires de recherche

Quel est le niveau d'ancrage de la parenté à plaisanterie dans la société Burkinabé ?

Quels sont les repères qui attestent que la pratique occupe une place importante sur FB ?

22

9 Matchs de football, soirées récréatives, création d'un enseignement des alliances à plaisanterie...

23

En quoi FB constitue un avantage à la réalisation des fonctions de la PAP ?

Quels sont les facteurs limitant l'expression de la PAP à travers FB ?

Ces questions nous ont permis d'émettre quatre hypothèses de recherche que nous vérifierons

à travers les résultats auxquels nous sommes parvenus.

1.2. Des hypothèses de la recherche

y' La PAP est une pratique qui intéresse tous les groupes ethniques du Burkina Faso

y' La multiplicité des groupes et la variété des thèmes traités témoignent de l'intérêt accordé à la PAP sur FB

y' De par sa capacité à faire fi du temps et de l'espace, FB est un outil qui fait progresser la PAP

y' L'aspect virtuel de FB et le caractère endogène de la PAP constituent des facteurs limitant la pleine expression de la pratique sur le réseau social 1.3. Des objectifs de l'étude

L'objectif global de la recherche est de rechercher au regard de ce qui se passe en temps réel ce que Facebook apporte de plus à la PAP

De façon spécifique, il s'agit de :

y' Présenter la pratique dans ses principaux caractéristiques y' Décrire la place qu'elle occupe sur Facebook

y' Montrer en quoi FB constitue une opportunité à l'expression de la PAP

y' Présenter les limites de la rencontre entre le virtuel et le réel

2. Fondements théoriques

Différents courants théoriques ont été proposés pour expliquer le phénomène d'adoption des technologies de l'information, tant dans une perspective individuelle qu'organisationnelle. Avant d'opter pour une théorie donnée il est nécessaire d'explorer plusieurs car comme le soutient Allison (1971), adopter un cadre théorique unique limiterait la compréhension du phénomène à une seule dimension tandis qu'un cadre conceptuel multiple apportera plus de richesse à l'analyse. Dans le cadre de cette étude, même si nous ne sommes pas à mesure d'en mobiliser plusieurs, nous tenterons de tenir compte du constat de Chau et Tam (1997), « lorsqu'on emprunte un cadre théorique, il est nécessaire de le raffiner et de l'ajuster en

fonction de l'objet d'étude afin d'en retirer une analyse plus sensible ». Ainsi essayerons-nous d'adapter le modèle retenu aux contextes de FB et de la parenté à plaisanterie.

Aussi avons-nous choisi d'explorer deux théories susceptibles d'être mobilisées dans le cadre de notre étude. Ce sont La théorie des comportements interpersonnels(TCI) et la Théorie de l'analyse des réseaux sociaux.

2.1. La théorie des comportements interpersonnels(TCI)

Plusieurs modèles théoriques ont été utilisés pour expliquer les comportements individuels dans le cadre de l'introduction des technologies d'information et de communication dans des contextes variés. Après avoir exploré quelques-uns et au regard de la particularité de notre sujet, nous avons perçu en la TCI est un modèle qui pourrait lui être applicable. La TCI est un modèle psychosocial qui a été utilisé afin de comprendre les comportements d'adoption des technologies de l'information, Triandis (1980). Cette théorie, qui englobe la plupart des variables10 déterminants individuels de l'adoption des TIC se distingue cependant de ces derniers par un plus grand raffinement des construits proposés. En effet, selon la TCI, un comportement possède trois déterminants directs à savoir l'intention, l'habitude et les conditions facilitant l'adoption. L'intention comportementale comporte, à son tour, quatre types de déterminants : les facteurs sociaux, les conséquences perçues (dimension cognitive de l'attitude), l'affect (dimension affective de l'attitude) et les convictions personnelles. La théorie des comportements interpersonnels a été employée par Thompson, Higgins et Howell (1991) afin d'étudier le comportement d'adoption des ordinateurs personnels au sein d'une organisation. Une autre étude (Limayem, Roy & Bergeron, 1994) a démontré que les facteurs sociaux, les conséquences perçues, les habitudes et les conditions facilitantes influençaient le comportement d'adoption de la technologie. Ces deux expériences nous consolident dans la pensée que la TCI peut aider à comprendre l'adoption de Facebook par les pratiquants de la parenté à plaisanterie pour véhiculer leur message. On pourrait donc retenir la TCI de Triandis (1980) non seulement parce qu'elle englobe les construits de la plupart des autres cadres théoriques utilisés pour comprendre les comportements humains, mais aussi parce qu'elle intègre des dimensions comme les valeurs personnelles et les rôles sociaux qui ne sont pas pris en compte dans les autres modèles. En outre, le modèle de Triandis comporte un aspect culturel qui aide à comprendre l'intention des générations actuelles à adopter le réseau social dans leur

24

10 La diffusion des innovations(DI) de Rogers (1983 ; 1995) ; La théorie de l'action raisonnée(TAR) de Fishbein et Ajzen (1975) ; Le modèle de l'acceptation de la technologie(MAT) de Davis (1989)

pratique. Seulement dans le cadre de notre recherche cette théorie parait difficile à manipuler du fait de sa complexité.

2.2. Théorie de l'analyse des réseaux sociaux(TAR)

Dans le cadre de cette étude, deux constats essentiels nous poussent à explorer la théorie de l'analyse des réseaux.

Premièrement c'est l'expansion des usages des réseaux sociaux numériques (RSN ou sites de réseautage) portés par le développement de plates-formes techniques issues du Web 2.011, et également par l'engouement des diverses catégories sociales vers ce type de mises en communication médiatées.

Deuxièment, nous fondant sur l'affirmation Whinston (2008, p. 763) : « social computing in general manifests more of the social aspects as compared to computing aspects. », on peut supposer qu'en termes de perception, les RSN « tiennent plus du social que du technique ». Ainsi, bien que l'analyse des réseaux ne soit pas considérée par tous comme une théorie sociale homogène mais plutôt une stratégie d'investigation de la réalité sociale (Burt 1980)12, elle peut permettre de décrire aisément un phénomène social connu qui se manifeste dans un cadre nouveau, comme celui de Facebook dans le cas de notre étude. Dans l'exploration de la théorie de l'analyse des réseaux, nous privilégions l'approche relationnelle ou de la « cohésion sociale » qui met le point sur les connexions directes et indirectes entre acteurs. L'explication de certains comportements sociaux se fait donc en référence aux types de connexions qui s'établissent et sont fonction d'un certain nombre de facteurs, dont la densité, la symétrie, ou le sens directionnel des relations. Pour les adeptes de l'approche relationnelle cette dernière est plus à même de cartographier précisément les relations qu'un individu peut avoir avec un autre individu dans la société et qu'elle se conforme mieux aux techniques de recueil et d'analyse des données utilisées en sciences sociales.

L'approche relationnelle, aboutit a posteriori à l'identification de sous-groupes sociaux qui sont souvent décrits à la fois eu égard à leurs caractéristiques structurelles et culturelles. Cela principalement par ce que ces deux caractéristiques peuvent paraître liées dans la représentation que l'on se fait de la réalité sociale.

25

11 Terme inventé par Dale Dougherty et popularisé en 2004 pour désigner « la nouvelle génération de site Internet et d'internautes qui utilisent des interfaces permettant d'interagir avec le contenu des pages ». Le passage au web 2.0, web communautaire et interactif, a multiplié les communautés virtuelles en diversifiant les possibilités de connections entre profils d'internautes et les types d'objets mis en partage.

12 « C'est plus un `paradigme', une `perspective `ou une `fédération d'approches'(...) qu'une théorie prédictive visant à produire des lois explicatives d'un phénomène social... sous certaines conditions ».

Hajer Kefidu(2010) se fondant sur M.Archer(1996)13 signale que la compréhension de la dynamique des usages des réseaux sociaux numériques nécessite la mise en place d'un cadre d'analyse qui explicite indépendamment chacun des éléments suivants, puis en étudie les interactions :

-l'utilisateur en tant qu'acteur social

-le cadre structurel

-le cadre culturel

-les spécificités propres des RSN.

Un tel cadre d'analyse permettrait de répondre à des questions telles que : qui utilise l'outil ? Pour quels usages ? Quelles en seraient les répercussions sur les mécanismes de communication et de coordination, le partage de l'information et de la connaissance à un niveau intra ou inter organisationnel ?

Dans cette optique en effet, on peut s'intéresser à la question de savoir si une plateforme de réseautage donnera lieu à un tissage d'« amis » analogue à celui qui a lieu dans le monde réel, ou si au contraire, des distorsions importantes ont lieu dans le réseau d'« amis virtuels ». C'est cette préoccupation à laquelle nous tentons de répondre dans cette recherche en essayant de voir ce qui change dans la parenté à plaisanterie dans le cadre du numérique avec le réseau Facebook. Hajer Kefidu(2010) quant à lui affirme que « ces derniers(les RSN) altèrent assez peu les modes d'interaction dans les réseaux sociaux réels ». Appliqué à notre sujet, on pourrait s'attendre à ce que la pratique de la parenté à plaisanterie sur Facebook soit assez proche de celle de la réalité.

2.3. Choix d'une théorie de référence

A l'issue de l'exploration des deux théories nous avons opté d'utiliser la théorie de l'analyse des réseaux sociaux numériques dans une perspective relationnelle inspirée de l'analyse des réseaux sociaux « physiques ». A leur image, les réseaux sociaux en ligne peuvent être définis comme l'ensemble des sites qui permettent de mettre en relation des personnes (ami, connaissance, collègue,) rassemblés en fonction de centres d'intérêts communs, comme par exemple les goûts musicaux, les passions ou encore la vie professionnelle. Les groupes constitués sur Facebook pour la parenté à plaisanterie rassemblent des personnes qui se sentent lier par ce phénomène social. Leur centre d'intérêt étant la parenté à plaisanterie nous espérons à travers l'analyse des réseaux vérifier ce que Facebook apporte de particulier à leur alliance.

26

13 Dans « Culture and Agency : the place of culture in social theory »

27

3. Cadre Méthodologie

Le cadre méthodologique présente la démarche que nous avons suivie pour mener la recherche. Elle prend en compte le champ de recherche, la méthode de recherche, la population et l'échantillon de la recherche, les techniques de collecte des données et le mode d'analyse.

3.1. La méthode de recherche

Nous avons opté pour l'approche qualitative dans notre recherche. La méthode qualitative vise à faire comprendre le sens que les acteurs donnent à leur expérience, à leur action, à leur comportement. Elle se fonde sur le sens que donnent les acteurs à la réalité, réalité construite par eux à travers leurs interactions dans le milieu. Le site de la recherche devient comme une école pour le chercheur qui apprend à partir des données recueillies. Une telle recherche se situe en milieu naturel, au coeur de la vie quotidienne qu'elle cherche à comprendre. L'approche qualitative se caractérise aussi par son échantillon restreint.

3.1.1. Le champ de l'étude

Notre revue de la littérature a montré que l'interaction entre différentes personnes par la plaisanterie est une pratique qui peut se rencontrer dans différentes localités du globe. Prétendre parler de cette pratique dans sa diversité peut paraitre prétentieux. De la même façon il est connu que le concept réseaux sociaux englobe plusieurs outils au nombre desquels Facebook. Aussi dans un souci d'efficacité, nous avons choisi de circonscrire notre champ d'étude au contexte du Burkina et de Facebook uniquement.

3.1.2. La population de la recherche

La population de recherche présente les différentes catégories de personnes susceptibles de participer à cette étude et qui objectivement ne peuvent pas tous être retenues. Dans le cadre de notre recherche la population est constituée non seulement des différents groupes ethniques, des chercheurs mis aussi des membres et administrateurs de réseaux Facebook faisant la promotion de la parenté à plaisanterie. Aussi importante que soit toute la population de notre étude, nous ne pouvions pas la considérer dans son entièreté. Nous nous sommes donc contentés des membres et administrateurs des groupes de PAP actifs sur FB.

3.1.2. L'échantillon retenu

Notre tâche consistant à examiner la pratique de la parenté à plaisanterie sur FB notre matière est essentiellement constituée des différents groupes dédiés au phénomène sur le réseau social. Les critères principaux sur lesquels s'est appuyée la constitution de l'échantillon sont :

-le type de PAP le plus représentatif en présence et sur FB. Ce critère a permis de retenir la PAP qui se pratique entre groupes ethniques ;

-les groupes ethniques les plus représentatifs en termes de nombre de locuteurs ;

-les groupes les plus représentatifs en termes d'audience sur FB.

Au total nous avons retenu quatre (04) groupes dont 1 administrateur et deux(02) membres par groupe. Soit en tout 12 personnes. Et pour chaque groupe nous avons déroulé un fil de discussions.

Tableau 1 : récapitulatif de l'échantillon

Nom du groupe

Nombre de participants

administrateurs

Membres

14Samo-mossi

1

2

15Gulmace-yaadce

1

2

16Bobo et peulh

1

2

17Gourounsi-bissa

1

2

Total

04

08

28

14 Les mossis ou moose constituent le groupe ethnique le plus représentatif en termes de nombre (51%) de la population du pays. Ils seraient venus du Ghana voisin pour occuper le territoire en combattant et en assimilant d'autres peuples. Les samos eux feraient partie des peuples autochtones de l'actuel Burkina Faso et auraient refusés de s'assimiler aux mossis. De nos jours aucun événement culturel ne se déroule chez les mossis sans que les samos ne soient représentés et vice versa.

15 Les gulmaces occupent la partie Est du pays. Ils sont aussi présents au Togo et au Niger. Certains historiens ont essayé d'établir un lien entre eux et les mossis mais les deux langues sont éloignées l'une de l'autre. Les Yaadces(parents à plaisanterie des gulmaces) sont des mossis occupant la partie nord du pays et parlant une dialecte différente mais compréhensible du Moore(langue des mossis) du centre.

16 Les Bobos est un groupe habitant l'ouest du pays, ils occupent la 2eme capitale du pays à laquelle ils ont prêtés leur nom (Bobo Dioulasso). L'un de leur mets locaux pour lequel ils subissent les railleries de leurs parents à plaisanterie(les peulh) est le plat de chenilles de karité. Les peulhs est sont des peuples nomades dont la principale activité est l'élevage surtout des bovins, leur zone de prédilection est le sahel burkinabé mais on les retrouve partout dans le pays. Leur langue parlée(le fulfuldé) vient en troisième position par le nombre des locuteurs après le Moore et le jula.

17 Les gourounsis forment un ensemble constitué de plusieurs groupuscules occupant principalement le centre ouest et le centre sud du pays. Les Bissas quant à eux occupent la partie Est sur une partie de la bande séparant le Burkina du Ghana, cet espace est dit être le premier royaume mossi. Y règne aujourd'hui encore une famille royale puissante.

29

3.2. Technique de collecte des données

Selon Duchesne (1999), « la recherche des données se fait à partir de méthodes variées et en fonction de leur opportunité par rapport aux objectifs spécifiques de la recherche, à ses hypothèses et aux sources dont on dispose».

Dans notre travail, il s'agit de mobiliser des outils qui nous permettent d'apprécier la contribution au plan qualitatif. Nous avons recherché les documents écrits susceptibles de mieux éclairer notre problématique et soumis les personnes faisant parti de notre échantillon à des entretiens. Nous avons donc retenu la recherche documentaire, l'entretien et le suivi de fils de discussion.

3.2.1. La recherche documentaire

Lors du travail empirique, nous avons pu rassembler un certain nombre de documents sur le sujet en visitant aussi les centres de documentation et les bibliothèques disponibles. Ce qui nous a permis d'obtenir des données littéraires. La recherche documentaire s'est opérée à travers la lecture d'ouvrages généraux, des articles scientifiques et l'exploitation de liens sur internet en vue de faire le point des connaissances sur la question et pouvoir orienter notre recherche.

3.2.2. L'entretien

Comme le précise notre échantillon, des administrateurs et des membres de 4 groupes ont été soumis à des interviews. Le guide de l'entretien a été construit sur quatre rubriques essentiellement. La première rubrique concerne la connaissance et la perception des membres sur la parenté à plaisanterie ; la seconde est consacrée à la place qu'occupe la pratique sur FB ; La troisième partie questionne l'apport de FB à l'évolution de la pratique ; la dernière partie recueille les avis des participants sur les perspectives quant au rôle de Facebook dans la conservation et la diffusion de la parenté à plaisanterie. L'utilisation de cet outil se justifie par le fait que c'est une technique qualitative de collecte des données qui a pour avantages de créer une interaction verbale entre le chercheur et les participants ; sa flexibilité et sa souplesse permettent une expression libre du participant tout en offrant la possibilité au chercheur, de rebondir sur ses propos pour poser d'autres questions.

Pour la réalisation des interviews nous avons recouru aux outils de messagerie de FB à savoir Messager et whatsapp. Le choix de ces outils s'explique par les facilités qu'ils offrent d'entrer en contact avec le participant, épargnant ainsi le chercheur des longs déplacements.

30

3.2.3. Analyse des fils de discussion

Il s'est agi ici de nous faire admettre dans des groupes Facebook pratiquant la parenté à plaisanterie afin d'observer directement le flux des échanges et de pouvoir par moment susciter des fils de discussions. Après avoir sollicité une invitation en tant que membre dans neuf(09) groupes, nous avons été accepté presqu'automatiquement dans quatre groupes puis dans deux(02) autres groupes une dizaine de jours plus tard et, dans un(01) groupe 1 mois plus tard. Cette approche était nécessaire non seulement pour les besoins de l'observation mais aussi pour faciliter l'entrer en contact avec les administrateurs et les membres des différents groupes avec qui nous devions mener les entretiens. L'objectif étant de rechercher et d'analyser les interactions entres les +utilisateurs qui reflètent la présence de messages véhiculant la parenté à plaisanterie sur Facebook, nous avons procédé par le recueil des traces. Est considérée comme trace dans le cadre de notre étude tout message posté dans le groupe et qui traduit une manifestation de la parenté à plaisanterie. Puisse qu'il s'agit d'investiguer sur une activité humaine dans un espace virtuel, nous avons pensé que la méthode d'analyse des traces serait la mieux adaptée. Cette méthode est, selon Giroux (1998), une méthode qui consiste à retrouver des traces pour « les analyser afin de reconstituer le portrait de l'humanité (...). Elle permet d'interpréter des traces de l'activité humaine...»

3.3. Brève description d'un groupe Facebook de parenté à plaisanterie

Dans un groupe Facebook de PAP on retrouve deux entités ethniques. C'est d'ailleurs l'esprit de deux groupes opposés qui donnera du sens aux échanges. En effet il manquera l'interaction si un groupe ethnique se retrouvait seul sur une page FB pour parler de la parenté à plaisanterie. Il arrive que plus deux groupes ethniques ne se retrouvent dans le même espace d'échange. Seulement dans ce cas l'interaction est limitée car affirme ADM2 « ..un groupe ethnique A peut être allié à un groupe B, à un groupe C et à un groupe D, mais il se trouve qu'il n ya aucune alliance entre B, C et D. c'est pourquoi je dis un tel groupe Facebook est difficile à gérer... »

Sur le plan de la présentation les pages FB ne présentent pas de grandes différences. Dans la quasi-totalité des groupes, la page est reconnaissable par :

-un titre qui précise les ethnies concernées : « parenté à plaisanterie les samos et les mossis » ; « Gulmantche vs Yaadces » etc

-une photo de profil qui généralement illustre parfaitement l'esprit d'humour qui soutend la parenté à plaisanterie ou l'idée de rapprochement des deux peuples

31

-un message de profil qui rappelle l'esprit qui doit prévaloir dans les échanges. On note en exemples :

« Les objectifs de ce groupe est de permettre une bonne collaboration entre ces ethnies des échanges d'idées courantes NB-pas de pornographie svp-soyons sérieux-le responsable » (groupe parenté à plaisanterie Bobo/Dafing)

« Avis à tous les amateurs de viande de chien, de voleur de zoom koom, au mangeur d'arachide... Votre maitre vous parle. ce site est fait pour vous. Votre participation. »(groupe Samo/mossi)

Capture1 : entête d'une page FB de Parenté à plaisanterie

Commentaire :

Cette capture montre la page entête d'un groupe FB-PAP. On y voit le titre (Parenté à plaisanterie les Samos et les Mossi), la photo de profil qui montre un singe sur le dos d'un chien. Les mossis diront que les samos sont des « mangeurs de chien », tandis que dans l'imaginaire des samos la position du singe reflète la ruse des mossis.

4. Procédure d'analyse des données

Au regard de l'approche qualitative utilisée dans l'enquête, nous avons opté de procéder à une analyse thématique des données. C'est un modèle d'analyse inductif qui se prête au traitement des données qualitatives et favorise l'émergence des thèmes à travers les discours des participants. C'est pourquoi le dépouillement s'est fait par regroupement de réponses selon les rubriques du guide d'entretien. Les membres et les administrateurs identifiés ont été soumis au même guide. Aussi traitons-nous les données de façon globale tout en évoquant les réponses qui ont trait à l'administration des groupes lorsqu'elles apparaissent pertinentes.

32

DEUXIEME PARTIE : TRAITEMENT ET ANALYSE DES DONNEES

Cette partie, consacré aux aspects pratiques de l'étude comporte trois grandes sections : la présentation et l'analyse des données ; la discussion et l'interprétation des résultats, assortis des perspectives sur lesquelles s'ouvre cette étude. Pour en faciliter la lecture et pour garantir la pertinence nous recourons souvent à des extraits de réponses sous anonymat. A cet effet, les outils de collecte ont été codés. Par exemple pour les administrateurs de groupes qui sont au nombre de 4, nous avons utilisé le code ADM. Et chacun est identifié par un chiffre : ADM1 pour le premier et ADM4 pour le quatrième. Pour les membres au nombre de huit, on lira MG1, MG2, MG3...MG8.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus