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Le français comme langue véhiculaire chez les étudiants étrangers subsahariens: cas des résidences de l'université Salah Boubnider Constantine I


par Moustapha Badamassi Sarkin Sada
Université frères Mentouri Constantine I - Master 2021
  

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II.3 La néologie

La néologie est également un phénomène résultant de celui de contact des langues et est source d'enrichissement des langues. L'ensemble de mots d'une langue donnée ne peut jamais être perçu comme clos. En effet les locuteurs d'une langue donnée font souvent recours à des créations des mots soit nouveaux ou à partir d'autres mots qui existent déjà dans une autre langue, gardent partiellement ou totalement la forme de ces mots, leurs sens. C'est ce qui fait que les langues s'enrichissent et c'est dans cette optique que Bernard Quemada déclare « qu'une langue qui ne connaîtrait aucune forme de néologie serait déjà une langue morte, et l'on ne saurait contester que l'histoire de toutes nos langues n'est, en somme, que l'histoire de leur néologie. » (Bernard Quemada, 1971, P 138).

Nous tenons à souligner que nous avons relevé très peu de néologie lors de l'analyse de notre

corpus.

Extrait de l'enregistrement N°8 :

I1: [ wallay ] (du zarma et songhaï) il sait pas comment [ makanda ] aime la vie hein (rire) /../ [ makanda ] (rire) /.../ [ makanda ] euh ::::::: (rire) /

I3: (rire) comme les [ moudjs ] ( algériens) la qui se suicident < qui ont les problèmes

Dans la première intervention (celle d'I1), nous remarquons l'emploi du terme « makanda » à trois reprises et dans la seconde (I3) l'emploi de « moudjs », il s'agit de deux créations lexicales que nous avons observées quotidiennement chez notre public. Ces termes leurs servent de repère. Pour les subsahariens dans les résidences de l'université Salah Boubnider et en Algérie en général ces deux néologismes signifient :

? Est qualifié de « makanda » tout étranger subsaharien ; ? Et est qualifié de « moudj » tout algérien.

Pour le premier néologisme ils se sont inspirés d'une province de Kongo central en République Démocratique du Congo. Il s'agit donc d'une néologie de forme.

Quant au second « moudj » ils se sont inspirés du mots « moudjahidine » terme de religion désignant une personne qui prend les armes au nom de l'Islam et qui fait le djihad (la guerre sainte qui défend la religion musulmane.)

Chapitre III Analyse des corpus et présentation des résultats

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II.4 Le registre de langues le plus fréquent

Le registre de langue ou encore niveaux de langue renvoie aux différentes manières d'exprimer un même message au sein d'une communauté linguistique donnée. En effet ces différentes manières peuvent varier chez un même locuteur ou bien d'un locuteur à un autre selon la situation de communication. Cependant il existe plusieurs types de registre de langues, nous proposons ci-joint la classification des registres selon Françoise Gadet32 :

+ Soutenu : recherché, soigné, cultivé, élaboré, contrôlé, tendu ; + Standard : standardisé, courant, commun, neutralisé, usuel ; + Familier : relâché, spontané, ordinaire ;

+ Populaire : vulgaire, argotique.

Nous sommes référés aux caractéristiques de ces différents registres et dans notre corpus nous avons remarqué que le plus fréquent est le registre familier dont les caractéristiques sont :

> De nombreuses abréviations ;

> Forme interrogative directe simple et sans inversion du sujet ;

> Un vocabulaire relâché ;

> Remplacement de « nous » par le pronom sujet « on » ;

> La suppression de « ne » dans les locutions négatives ;

> L'utilisation abusive du présent de l'indicatif ;

> Une prononciation plus rapide et moins soignée ;

> Une syntaxe simplifiée et souvent approximative : des phrases courtes, parfois inache-

vées, ou au contraire, interminables; des phrases nominales, souvent asyntaxiques.

La plupart des caractéristiques énumérées ci-dessus sont attestées chez nos enquêtés, plus précisément dans leurs productions orales que nous avons soumis à l'analyse.

Dans les extraits suivants par exemple nous remarquons la fréquence des interrogations directes, sans inversion du sujet :

Extrait de l'enregistrement N°3 :

I2 : tu peux arranger ça non

Extrait de l'enregistrement N°4 :

32 GADET Françoise, 2003, La Variation sociale en français, Paris, Orphrys, P.99.

Chapitre III Analyse des corpus et présentation des résultats

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I1: euh tu as tu as déjà déposé le mémoire ou bien

I2: non non non j' (ne) ai pas encore fini il me reste les parties dédicaces et xxx

I1: et tu vas déposer quand

I1: tu veux prier

Nous constatons dans l'extrait ci-dessous l'utilisation d'un vocabulaire relâché. Extrait de l'enregistrement N°5 :

I4: il fait comme ça /./ aujourd'hui /./ il filmait comme ça /./ il fait ça là /../ je le taquinais quoi ah mais toi tu (ne) t'habilles pas bien mais prouve que tu es avec moi oh :: je le taquinais /../ ah le gars a sorti iPhone avec trois oreilles ah j'ai vu ça (rire) y'a pas match

Dans les extraits suivant nous soulignons le remplacement de « nous » par le pronom sujet « On » :

Extrait de l'enregistrement N°6 :

I3: vous faites la même chose

I2: oui on fait la même chose

Extrait de l'enregistrement N°7 :

I3: parce que genre c'est très risqué au fait /./ genre /./ nous par exemple on (ne) sera pas en contact direct avec les patients /./ mais /./ c'est nous on doit contrôler genre le sous dosa / le sous dosage le sur dosage /../ donc si tu fais une erreur là /

Extrait de l'enregistrement N°8 :

I2: moi-même je (ne) sais pas (rire) /./ c'est casque ou bien on doit acheter /./ mais ce qui est sûr on doit acheter marteau (rire)

Nous avons également souligné dans la quasi-totalité des enregistrements la suppression de « ne » dans les locutions négatives que nous avons pris soin de mettre entre parenthèses et en gras comme nous l'avons souligné dans le protocole de transcription. À titre d'exemple nous pouvons citer :

Chapitre III Analyse des corpus et présentation des résultats

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Extrait de l'enregistrement N°8 :

I1: tu sais que même le coupecoupe /./ on (ne) vend pas ça comme ça hein /./ et la

scie on ne nous vend pas ça /./ on vous demande /../ on te regarde /./ bizarrement /./ on te regarde bizarrement et après on te demande tu vas faire quoi avec /./ mais j'en ai besoin je (ne) vais pas me suicider est-ce que je suis suicidaire /./ eh /../ si j'ai envie de me suicider je pars je me jette et puis c'est bon > /

Extrait de l'enregistrement N°4 :

I2: non non non j' (ne) ai pas encore fini il me reste les parties dédicaces et xxx I1: on est dans la même faculté /./ mais eux ::: ils (ne) font pas le truc de mémoire la /../ mais chez nous y'a ça

I1: [ wallay ] (du zarma ou songhaï) je (ne) sais /./ je (ne) sais pas

Extrait de l'enregistrement N°3 :

I2: tu vas ici là en haut la tu (ne) vas pas toucher

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon