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Styles de coping et niveau de stress scolaire chez des élèves de troisième et terminale à  Abidjan.


par Yaba Florence ELOYE
Centre Ivoirien d'Etudes et de Recherche en Psychologie Appliquée - Université FHB Cocody - Master 2 conseiller psychologue 2017
  

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CHAPITRE II - CADRE THÉORIQUE

L'objectif de la présente étude est de mettre en évidence la relation entre les styles de coping et le niveau de stress scolaire chez des élèves en classe de Troisième et Terminale d'Abidjan. Dans le cadre du travail scolaire qu'ils sont appelés à fournir, les élèves en fin de cycle secondaire ont à faire face à certaines difficultés ou situations stressantes, face auxquelles ils mobilisent différentes ressources à leur disposition, dont les stratégies de coping. Comprendre la relation entre coping et stress nécessite un fondement théorique. Un bon nombre de théories sous-tendent l'explication du stress et du coping. Toutefois, nous nous intéresserons au modèle transactionnel élaboré par Lazarus et Folkman, et à l'approche de Frydenberg et Lewis.

En effet, le modèle de Lazarus et Folkman (1984) est l'une des approches théoriques les plus influentes (Chagnon & Mishara, 2004) dans le champ de la recherche sur le stress-coping. Ce modèle théorique s'appuie sur les conditions contextuelles et les mécanismes psychologiques pour expliquer la perception du stress chez une personne, ainsi que l'utilisation de certains types de coping. Cependant les mécanismes socio-cognitifs en question dans ce modèle théorique ont été beaucoup plus étudiés chez des adultes. Cette théorie ne permet pas d'inscrire le coping dans le processus de croissance des enfants, or ces derniers se développent en même temps que leurs compétences à gérer les situations stressantes. La perspective développementale montre que les habitudes de comportements utilisés pendant l'enfance et l'adolescence, ont tendance à se cristalliser plus tard à l'âge adulte. D'où le recours au modèle de Frydenberg et Lewis (1993), qui met davantage l'accent sur l'étude des styles et stratégies de coping des adolescents, dans une approche développementale.

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1- Modèle de Lazarus et Folkman (1984)

Le modèle transactionnel de Lazarus et Folkman (1984) s'inscrit dans une approche cognitive et contextuelle du stress. Ces chercheurs élargissent l'étude du stress au-delà des dimensions biologiques et sociales des travaux antérieurs sur le stress (Selye, 1956), relatifs au syndrome général d'adaptation et aux mécanismes inconscients de défense. Grâce à leur modèle, ils ont fait connaitre les facteurs psychologiques qui déterminent le degré du stress perçu et expliquent les réactions cognitives et émotionnelles de l'individu face à la situation stressante.

D'un point de vue général, le stress couvre un large éventail de situations, qui vont des tracas quotidiens, aux contextes pathogènes et même à l'état de stress post-traumatique. Lazarus et Folkman (1984) définissent le stress comme une transaction particulière entre un individu et une situation dans laquelle celle-ci est évaluée comme débordant ses ressources et pouvant mettre en danger son bien-être. Le « stress » est une expression en anglais qui fait allusion à une « tension » entre l'individu et son environnement. Cependant, pour Lazarus et Folkman (cités dans Bruchon-Schwitzer, 2001), le stress n'est pas simplement une propriété de stresseurs ou d'évènements « objectifs », mais il traduit surtout l'expérience subjective d'un individu particulier vis-à-vis de ces évènements. En d'autres termes, ce sont les interprétations d'évènements indésirables, imprévisibles ou incontrôlables qui engendrent cet état interne de tension. Le stress est ainsi envisagé comme l'ensemble des perceptions d'impuissance, de frustrations ou de malaise qui envahissent l'individu face à des événements aversifs ou difficiles à maîtriser. Une personne se sent stressée si elle a l'impression d'être en danger (stress négatif), ou si au contraire elle se sent suffisamment stimulée pour se dépasser ou relever un défi (stress positif). Cette tension ressentie par l'individu sera donc fonction de certains facteurs, notamment sa perception de la situation, la signification qu'il lui attribue et ses croyances concernant ses compétences à y

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faire face. Dans l'approche cognitive et contextuelle de Lazarus et Folkman (1984), le mécanisme du stress est présenté comme des formes d'évaluations cognitives mises en oeuvre par le sujet.

Pour ces chercheurs, l'adaptation est un processus cognitif qui s'effectue à l'aide d'évaluations et de stratégies, en vue de surmonter une épreuve difficile. L'impact d'un évènement stressant sur les réponses d'un individu peut s'appréhender de façon séquentielle à travers différentes étapes : lors de l'étape d'évaluation primaire qui correspond au concept de « stress perçu », l'individu évalue les caractéristiques de la situation stressante (la personne se demande quelle est la nature et le sens de la situation à laquelle elle est confrontée, ainsi que son impact sur elle). Ensuite vient une autre étape d'évaluation secondaire, qui fait référence à la notion de « contrôle perçu » : elle correspond à l'évaluation des ressources disponibles pour faire face à la situation (l'individu se demande ce qu'il peut faire pour affronter la situation, de quelles ressources il dispose, quelle sera l'efficacité de ses tentatives). Ce principe d'évaluation où le sujet confronte l'environnement à ses ressources personnelles, est identifié à une transaction et constitue un point central de cette approche, d'où le vocable « théorie transactionnelle » du stress. Cette conception réfère aux processus impliquant des actions réciproques entre l'individu et l'environnement (Bruchon-Schweitzer, 2001) et sous-entend qu'avant toute action d'adaptation, il y a d'abord l'estimation de la situation et des moyens dont on dispose.

Selon les différences d'interprétation de la situation, un événement identique n'aura pas nécessairement les mêmes effets sur deux individus (Paulhan, 1992). Un individu peut par exemple percevoir une expérience vécue comme un problème insurmontable ou une menace, et ressentir un stress élevé ; tandis qu'un autre peut concevoir la même situation comme une occasion de profit personnel ou comme un défi et ressentir un stress faible. Par ailleurs, certaines personnes affrontent

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simultanément de nombreux facteurs de stress, à maintes reprises, mais peuvent rester en bonne santé ; tandis que d'autres personnes qui sont objectivement moins exposées à ces mêmes facteurs de stress, seront enclines à tomber malade. Ces constats laissent supposer que dans une certaine mesure, les pensées et les émotions influencent la résistance aux maladies.

Deux grands types de stresseurs sont aussi distingués dans les travaux rattachés à cette posture théorique : les « macro stresseurs » qui sont des évènements critiques survenant ponctuellement et ressentis de façon aigue par le sujet, et les « micro stresseurs » constitués d'événements anodins, irritants et frustrants qui caractérisent les échanges quotidiens entre la personne et son environnement. La sensibilité aux différents facteurs de stress varie d'un individu à un autre, mais il semblerait que la répétition constante des problèmes mineurs de la vie quotidienne, influence davantage l'apparition d'un syndrome de stress chronique, qu'un événement majeur. Dès lors, n'importe quel facteur d'un milieu considéré, constitue une source potentielle de stress, dans la mesure où ce facteur est susceptible d'affecter la plupart des personnes évoluant dans ledit milieu.

Le modèle transactionnel de Lazarus et Folkman (1984) s'est par ailleurs intéressé à la capacité des individus de s'adapter à ces situations de stress. En effet, l'évaluation des caractéristiques de l'évènement stressant et de ses ressources personnelles par l'individu, donne lieu aux stratégies d'adaptation ou de coping. Le "coping" est un autre des concepts clés de cette théorie. Cette notion réfère à l'ensemble des efforts cognitifs et comportementaux destinés à maitriser, réduire ou tolérer les exigences internes ou externes qui menacent ou dépassent les ressources d'un individu (Lazarus & Folkman, op-cit). Le coping est donc le type de réponse produite par un individu face à une situation difficile ; il participe à la mise en place de comportements adaptatifs, permettant de réduire l'intensité du stress ou de minimiser son effet sur le bien-être physique et psychologique.

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Lazarus et Folkman (op-cit) proposent une catégorisation dichotomique du coping, soit les stratégies « centrées sur le problème» et celles « centrées sur l'émotion». La première catégorie vise la résolution du problème par différents moyens orientés vers l'environnement ou envers soi; l'individu entame un processus pour faire face directement au problème. La deuxième catégorie a pour objectif la régulation des émotions, ou l'évitement. L'individu n'agit donc pas directement sur le problème, mais les stratégies déployées ont pour effet de rediriger le stress vers d'autres cibles ce qui rend la situation problématique plus tolérable pour lui, sans pour autant la modifier.

De ce qui précède, il apparait que dans l'approche transactionnelle, l'individu n'est pas passif ou déterminé à l'avance par son environnement physique ou social. Les processus cognitifs et les capacités d'ajustement de la personne agissent dans l'acquisition, le renforcement ou le non-maintien de ses conduites de gestion du stress. En effet, le processus de stress-coping-stress s'inscrit dans une dynamique cyclique intégrant un feed-back qui permet à l'individu de savoir si sa stratégie de gestion du stress est efficace ; s'il estime que la stratégie qu'il a mobilisé pour faire face n'est pas appropriée, il peut réévaluer la situation une nouvelle fois, de manière différente et mobiliser d'autres formes de comportements. Le coping présente un caractère dynamique, et peut évoluer en même temps que la situation stressante se modifie. Il y aurait de cette façon une influence réciproque entre coping et stress. Lazarus et Folkman (1984) soulignent aussi qu'une stratégie de coping est fonctionnelle ou efficace si elle permet à l'individu de maîtriser la situation stressante et/ou de diminuer son impact sur son bien-être physique et psychique. En fonction de leur efficacité, les réponses de coping diminueront plus ou moins l'intensité du stress et ses effets néfastes sur la santé. Toutefois, plus les facteurs de stress sont nombreux, persistants, indésirables, imprévisibles et

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incontrôlables, plus ils peuvent à la longue, affaiblir les capacités adaptatives d'un individu a priori résistant.

En somme, le modèle transactionnel apporte d'importants éclairages dans la compréhension de la relation entre coping et stress, à travers notamment le processus cognitif qui intervient lorsque des individus sont soumis à des stresseurs dans leur environnement. Ce processus consiste en un ensemble de filtres cognitifs (la perception de la situation stressante, le degré du stress ressenti, le contrôle perçu, les stratégies de coping) qui interagissent pour amplifier ou diminuer la réaction de stress. Dans cette perspective théorique, le stress peut être compris comme la perception chez un individu, d'un décalage entre les exigences de l'environnement et ses propres capacités à y répondre ; ou bien encore, comme l'ensemble des perceptions de malaise, de frustrations ou d'impuissance qui envahissent l'individu face à des événements difficiles à maîtriser. Les stratégies centrées sur le problème semblent être plus qualifiées à la production d'une réponse adaptée à la situation problématique, tandis que celles centrées sur l'émotion seraient plus indiquées à court terme, juste pour réduire les tensions internes. La théorie transactionnelle présente un intérêt majeur, parce qu'elle offre un modèle d'analyse qui ne se limite pas à des stresseurs spécifiques et peut convenir pour n'importe quelle situation de la vie quotidienne (situation familiale, scolaire, professionnelle etc...), pourvu qu'elle soit perçue comme stressante par l'individu ; d'où sa pertinence comme cadre théorique dans la présente recherche.

Il faut néanmoins objecter que cette théorie a surtout servi à documenter le stress et le coping des adultes, avec des échelles de mesure comme le «Ways of Coping Scales» de Folkman et Lazarus (1980) spécifiquement conçues pour cette population cible. Cette limite nous conduit par conséquent à nous intéresser à la conception théorique de Frydenberg et Lewis (1993) qui s'applique surtout à une population d'adolescents, similaire à celle de notre étude.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo