WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Du patient objet au patient sujet.


par Marie Jutteau
IFSI des diaconesses - Université Paris Descartes - Diplôme d'état infirmier 2019
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

I.3.2. Analyse et questionnement de la situation n°1

Dans la première situation, je prenais en soin le patient tout en étant moi-même prise en charge par l'infirmier. L'encadrement de ce dernier était nécessaire étant donné que je découvrais ce soin. Ainsi, dans cette situation, le patient est devenu spectateur de mon apprentissage et donc « objet » de cet apprentissage. En dépit du fait que son consentement ait été méticuleusement recueilli, Monsieur L montrait des signes d'inquiétude concernant le soin que j'effectuais car ma technique était encore en cours d'amélioration.

C'est pourquoi j'ai guidé mon questionnement sur la place du patient dans l'apprentissage d'un soin infirmier, notamment autour du concept de « patient objet », et plus précisément ce qu'on appelle « cobaye humain » ou « patient cobaye ».

Il convient dans un premier temps de distinguer les deux types de soins pratiqués auprès de ce patient : d'une part les soins relationnels et d'autre part les soins techniques, chacun devant nécessairement faire l'objet d'un apprentissage.

Page 8 sur 84

Concernant le relationnel, nous le travaillons tous depuis l'enfance au sein de notre environnement social, même si nous l'appréhendons chacun différemment selon nos personnalités. Cependant, le relationnel dans les hôpitaux ou autres structures de soins diffère des interactions sociales habituelles.

Les soins techniques sont, pour ma part, entièrement nouveaux, et requièrent donc un entraînement. Je suis d'abord passée par l'observation, puis par la verbalisation avec mon tuteur. Il m'a ensuite proposé de m'entraîner sur un patient. C'est à partir de ce moment que l'apprentissage du soin m'a perturbé en raison du rôle imposé au patient, qui devint « objet d'exercice ou d'apprentissage ».

On peut également retrouver ce concept (que je détaillerai par la suite) dans ma seconde situation en stage en hospitalisation à domicile, décrite ci-dessous.

I.3.3. Analyse et questionnement de la situation n°2

Dans cette situation, la notion de « patient cobaye » est explicitement exprimée par la patiente. Cependant, le consentement ne fut pas recueilli de la même manière que pour la situation précédente. En effet, dans la première situation, on peut considérer que le consentement n'a pas été correctement recueilli car je n'ai pas dit explicitement au patient que c'était la première fois que j'effectuais le soin. Il ne disposait donc pas de toutes les informations permettant de donner un consentement « éclairé »1. En revanche, lors de mon stage en hospitalisation à domicile, j'ai été particulièrement vigilante sur la transparence des informations que je fournissais pour recueillir le consentement. Malgré cela, on a pu observer que la notion de cobaye était toujours présente.

Selon le Petit Robert2, après la définition désignant le cobaye comme un mammifère rongeur, le cobaye est défini tel « un être utilisé comme un sujet d'expérimentation ». Ce terme est souvent utilisé dans le jargon médical pour désigner un sujet (volontaire ou non) d'expérience.

Il s'agira donc de déterminer les causes pouvant faire d'un patient un sujet d'expérimentation, d'exercice ou d'apprentissage.

1 Selon le Code de la Santé Publique, le consentement est éclairé après avoir reçu de la part d'un soignant une information claire, compréhensible, adaptée à ses capacités de comprendre la nature des actes (article R. 412735).

2 Le petit Robert par Paul ROBERT, Dictionnaire de la langue française, mars 1984.

Tout d'abord, le patient devient cobaye1 lorsque les effets produits par les traitements ou les soins ne peuvent être prédis avec la même certitude que ceux habituellement administrés.

Un patient devient cobaye également lorsqu'il fait l'objet d'un traitement ou d'un soin inconnu du soignant. Cette situation implique donc deux rôles : le soignant, une personne se trouvant dans une situation de découverte d'un soin (que ce soit pour la recherche ou l'apprentissage), et le patient, qui subit la situation d'objet d'apprentissage du soin par le soignant.

Ainsi, il est nécessaire de distinguer le soin lambda, dont les effets sont prévisibles avec une marge d'erreur faible grâce à l'expérience, du soin effectué sur un patient cobaye où l'expérience manque et où certains effets sont inconnus et/ou imprévisibles. La qualité de cobaye réside donc dans l'exposition à un risque plus élevé d'incertitude quant aux effets possibles du traitement réalisé sur la personne.

Pour pallier le défaut d'expérience des étudiants ou des soignants, il est nécessaire d'en passer par des patients cobayes, qui sont les seuls supports fiables dans une démarche scientifique pour expérimenter, adopter puis pratiquer les soins et traitements sur l'Homme. De fait, cette pratique a pour objectif d'améliorer les traitements et de réduire la marge d'erreur en favorisant la prévention des effets secondaires et indésirables. Les expériences sur les animaux sont utiles, mais insuffisantes pour transférer un soin ou traitement directement sur l'humain.

Les patients cobayes sont, en temps normal2, volontaires. Or, nous observons dans la pratique que certains patients sont « instrumentalisés » contre leur gré, notamment lors de l'apprentissage d'un soin à un soignant. Cette déviance s'explique par une faille dans le recueil du consentement ou dans la transmission d'informations auprès du patient.

Page 9 sur 84

1 CHAMAYOU, G 2014, pp. 287-310. Alinéa 40.

2 CHAMAYOU, G 2014, pp. 287-310. Alinéa 6

Page 10 sur 84

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon