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Du patient objet au patient sujet.


par Marie Jutteau
IFSI des diaconesses - Université Paris Descartes - Diplôme d'état infirmier 2019
  

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II. Cadre de références

II.1. Le corps

Selon le Larousse, le corps se définit par la partie matérielle d'un être animé considérée en particulier du point de vue de son anatomie et de son aspect extérieur. Cette définition reste tout de même discutée à travers les siècles notamment dans le domaine de la médecine.

II.1.1. L'Histoire du corps

L'Histoire du corps débute dès la Préhistoire. En effet, que ça soit par les rites funéraires paléolithiques, les débats de la dissociation de l'âme et du corps de l'Antiquité ou l'apparition des différents types de corps au Moyen-Age, l'homme s'est toujours questionné sur la place physique et spirituelle qu'il a dans son existence. Plusieurs philosophes appartenant à différents mouvements ont développé leur questionnement selon leur courant de pensée. Chez Platon puis chez Aristote, nous retrouvons la confrontation du corps et de l'âme, ces deux entités qu'ils dissocient par la matérialité et l'immatérialité. Dans l'Antiquité, alors que les grecs font du corps beau et sain un objet de culte pour ressembler aux dieux, les romains, eux, donnent naissance au concept de « personne » et « individu » grâce à Marc-Aurèle, philosophe stoïcien.1

Au Moyen-Age puis à la Renaissance, la double vision du corps permet de faire émerger différents courants de pensée, dont le cartésianisme, qui remanie l'approche dualiste antique par René Descartes en 1641 dans ses Méditations métaphysiques, et plus tard le rationalisme, illustré par Emmanuel Kant dans la notion de dignité du corps. A la fin du XVIIème siècle, le cartésianisme se confronte au jansénisme : pourtant, un point commun persiste, celui du rejet du corps.2

La réflexion de René Descartes marque une rupture avec le monde antique car pour la première fois, l'Homme devient sujet, vérité et certitude contrairement à la nature qui devient objet. Ainsi, il différencie des statuts du corps : le corps machine, le corps cadavre, le corps représenté ou encore le corps objet. Cette méthode provient de ce que Descartes considère comme la science, c'est-à-dire la médecine associée à la morale et la mécanique. Son approche marque l'histoire de la médecine car il introduit l'idée selon laquelle l'âme se localiserait dans l'épiphyse et donnerait au corps sa cohérence faisant de lui un individu. Il considère donc que

1 Braunstein, F et Pépin, J. 1999, p. 17-86. Alinéa 8

2 Braunstein F et Pépin J. 1999, p. 87-129. Alinéa 4.

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même si un corps humain est amputé, l'individu reste un, car il a une âme. Ce discernement le conduit à se questionner sur la place du corps en tant qu'état d'âme ou comme un objet de science et d'étude.

Au XIXème siècle, l'Homme devient sujet pensant, maître de ses actes, de ses idées, en quête d'identité1, un individu produit par son histoire. L'effervescence des découvertes techniques et scientifiques conduisent à l'apparition des sciences humaines et vont rompre avec les anciennes philosophies. Ainsi la phénoménologie distinguera le corps objet étudié par la science, du corps sujet et du corps propre appelé la chair2.

L'apparition du stéthoscope et des rayons X ont permis d'associer les sciences humaines aux sciences exactes. En effet, à partir de ce moment la distinction du corps intérieur et extérieur se fait sans ouvrir le corps malade3.

En 1865, Claude Bernard, médecin et physiologiste, pose les premières bases d'une réflexion sur la propriété du corps humain et pose la question des rapports entre les sciences politiques et le corps humain. Ainsi, les expérimentations sur les corps morts vont être légitimées puisqu'elles poursuivraient un but scientifique.

Avant 1804, le Code Civil ne s'intéressait pas à l'appartenance du corps pour soi ou autrui et avait une conception désincarnée de la personne, mais les idées ont évolué depuis. En effet, depuis la loi du 29 juillet 1994 relative au corps humain, un chapitre relatif au respect du corps a été intégré dans le Code Civil.

Le questionnement de la place du corps comme objet ou sujet dans la loi donne la possibilité d'introduire les notions de droit de propriété ou de droit de personnalité. Le droit de propriété légitime le droit de disposition de son propre corps (non-patrimonialité) et permet de distinguer le corps de la chose. Le droit de propriété est complété par la reconnaissance d'un droit de l'individu et repose sur la liberté qu'un sujet exerce sur son intégrité. Ce droit permet de se protéger contre tout acte extérieur menaçant son intégrité et ne porte pas seulement sur

1 Braunstein F., Pépin J, 1999, p. 131-177. Alinéa 2.

2 « La chair n'est pas matière, n'est pas esprit, n'est pas substance. Il faudrait, pour la désigner, le vieux terme d'«élément» au sens où l'on employait pour parler de l'eau, de l'air, de la terre et du feu, c'est-à-dire au sens général... » (M. Merleau-Ponty, Le visible et l'invisible, op. cit., p. 184).]

3 COURTINE, J. 2015, p.15-26

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« l'enveloppe corporelle » mais sur le respect que tout tiers doit montrer. Ainsi, le Code Civil introduit non pas un droit sur le corps mais un droit au respect du corps.

Le Code Civil précise par l'article 16 à l'alinéa 2 et l'alinéa 3 que le corps est inviolable et ne fait pas l'objet de patrimonialité. Ainsi comme l'explique Astrid Marais, 1« Le principe d'inviolabilité du corps humain protège la personne contre les atteintes matérielles portées à son corps par autrui. Les principes de non patrimonialité et d'indisponibilité, quant à eux, encadrent les actes juridiques ayant pour l'objet le corps humain ». D'un point de vue juridique, pour qu'un tiers puisse valablement porter atteinte au corps par un acte matériel, il doit alors remplir deux conditions : une finalité légitime et un recueil du consentement de la personne.

Ainsi la personne est indissociable du corps humain, le corps est le substratum2 de la personne ce qui explique la protection légale du corps. C'est pourquoi il est important pour le soignant d'identifier le type de corps auquel il est confronté : le corps souffrant, le corps silencieux, le corps malade ou dénudé.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote