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Du patient objet au patient sujet.


par Marie Jutteau
IFSI des diaconesses - Université Paris Descartes - Diplôme d'état infirmier 2019
  

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II.1.2. La place du corps dans la médecine

Même si le corps connaît une place privilégiée dans la médecine, un tournant s'opère au cours du XIXème siècle grâce aux avancées scientifiques, techniques et sociologiques. En effet, les scientifiques distinguent la santé de la maladie, le corps normal de l'anormal, la vie et la mort, dans une société qui se médicalise de plus en plus.

Il reste tout de même important de noter que la Renaissance marque une époque conséquente dans l'avancée de la médecine notamment grâce à l'évolution des études expérimentales sur le corps. L'observation et la dissection permettent les premiers enseignements de l'anatomie grâce au célèbre médecin belge André Vésale (1514-1564). Au XVIIème siècle l'apparition des études microscopiques permet la découverte des différentes systèmes (sanguin, lymphatique et pulmonaire).

Ces expérimentations sur le corps humain ont permis ces avancées : le corps est alors devenu l'objet privilégié des scientifiques. Ces études ont fait du corps une matière savante sur laquelle les médecins ne voulaient avoir aucun doute. Le discours médical dissocie le corps sain du

1 MARAIS, A. 2018. P.163

2 Substratum : le support de la personne.

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corps malade qui fait de la personne une simple structure modélisable.1 Le XXème siècle tente de trouver un équilibre entre cette dépossession et réappropriation du corps. La médecine a réduit le patient à son corps-objet en oubliant qu'il pouvait être corps-sujet. Elle a alors limité la maladie à une altération des fonctions biologiques plutôt que l'expérience émotionnelle et personnelle du malade. En oubliant le ressenti du malade, la médecine se centre de plus en plus sur les signes, symptômes et état clinique du patient afin d'établir un diagnostic sans considérer le vécu, le retentissement et l'expérience du malade.

Ce processus d'observation des symptômes et des effets cliniques d'une pathologie se retrouve dans la démarche expérimentale des médecins SS utilisée dans les camps de concentration lors de la Seconde Guerre Mondiale sur les populations déportées. Les nazis avaient pour objectif de soigner le peuple allemand des races dites métissées considérées comme des parasites. Les nazis estimaient que le sacrifice des « faibles et indésirables » permettait la survie de la race allemande. De cette manière, envieux des avancées médicales et technologiques de l'Europe à cette époque, les médecins SS dirigèrent des expérimentations dans des conditions cruelles et barbares mutilant et tuant des cobayes humains avec des apports scientifiques discutables. Les différentes expériences étaient effectuées sur les corps vivants afin de réaliser des recherches sur la gémellité, sur la stérilisation des hommes et des femmes, sur les brûlures, sur les maladies parasitaires, comme la malaria, ou encore sur l'absorption d'eau de mer associée à l'hypothermie2.

Le 20 novembre 1945 débutera le Procès de Nuremberg et permettra la mise en place du Procès des médecins accusant les médecins et fonctionnaires nazis de crime contre l'humanité et crime de guerre. Ce jugement donnera naissance au Code de Nuremberg3 : une liste de dix critères indiquant ce qui est considéré comme « acceptable » dans l'expérimentation sur le corps humain. Ces dix critères reprennent des éléments fondamentaux qui étaient déjà connus au début du XXème siècle mais ils permettent l'élaboration du premier texte législatif universel à ce sujet. Le premier article rappelle la nécessité exclusive du consentement, point de départ du droit de possession et de respect de son corps.

1 MARZANO, Michela. 2002, pp. 47-81.

2 CYMES, M.2016,p.91-98,p.149-164, p.191-192.

3 Cf Annexes I

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En juillet 1994, la France se dote de nouvelles lois à propos du droit de disposer de son corps : la loi relative au respect du corps humain introduisant l'obligation du recueil du consentement de la personne, préalablement à toute intervention thérapeutique. En 1995 est alors adoptée la charte du patient hospitalisé précisant que le patient n'est pas seulement un malade mais une personne avec des droits et des devoirs.

Le 4 mars 2002 est promulguée la loi relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé aussi appelée loi Kouchner. Cette loi introduit la notion de démocratie sanitaire qui a pour objectif de donner la parole aux usagers et de permettre aux citoyens d'être informés sur la politique de santé et d'exprimer leurs besoins et leurs attentes. Le patient devient alors acteur et il est donc nécessaire de l'informer, de recueillir son consentement et considérer sa participation active à son traitement. Cette loi repose sur une stratégie de soins ou de prévention en adéquation avec le respect de la personne, le respect de sa dignité et de son autonomie, fondement de la prise de décision.

Cette évolution de la considération du corps dans la société et dans la médecine nous conduit à nous questionner sur la manière dont il est humanisé dans les soins et la place qu'il occupe pour les soignants.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein