WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Du patient objet au patient sujet.


par Marie Jutteau
IFSI des diaconesses - Université Paris Descartes - Diplôme d'état infirmier 2019
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II.1.3 Du corps objet au corps humain

Comme vu précédemment, la médecine s'est fondée sur une perception fragmentée du corps. Cette approche a été remise en cause par les médecins, les soignants et les usagers, car ils considéraient qu'elle ne prenait pas suffisamment en compte le sujet.

A cause de la croissance de la spécialisation en médecine, les patients sont confiés aux spécialistes selon leur atteinte organique et une médecine sur la concurrence se développe. De plus, le patient subit le jargon médical, la complexité des actes médicaux et le pouvoir de décision du spécialiste en question. Ce modèle dit « paternaliste » repose sur l'idée selon laquelle le médecin se voit comme gardien de l'intérêt du patient en prenant des décisions pour lui en respectant seulement un principe de bienfaisance. Le malade est alors réduit au statut d'enfant, il est maintenu dans l'ignorance et s'en remet à la décision médicale qui agira pour son bien, ainsi ce qui justifie l'acte n'est pas le consentement mais la finalité thérapeutique. Lorsque le patient consulte, il subit un interrogatoire puis des examens en vu d'un diagnostic. En plus de devoir supporter cette situation, il souffre de l'aspect physiologique et psychologique

Page 16 sur 84

de sa maladie. Il se retrouve dans une situation où l'appel au soulagement le conduit à accepter les soins décidés par les soignants en faisant confiance à leurs compétences.

Le médecin apprend à aborder le sujet par son corps, ses plaies et ses dysfonctionnements en les observant, les écoutant ou les palpant. Il n'est pas pour autant familier avec celui-ci car comme dans la société, le corps reste tabou1, comme l'aurait énoncé le médecin et écrivain Norbert Bensaïd « Le corps existe, mais les médecins n'aiment pas penser qu'il est habité. Sinon ça s'érotise et les angoisses surgissent. ».

En revanche, depuis quelques années, des mouvements en faveur de la dignité du patient a permis une prise de conscience progressive. De plus, l'évolution des techniques et des technologies associées à une rationalisation économique permet l'indignation d'un grand nombre de soignants subissant cette instrumentalisation croissante qui engendre une distanciation avec le patient.

La considération du patient comme un individu émerge dans les soins infirmiers notamment grâce à Virginie Henderson, chercheur, enseignante et infirmière du XXème siècle grâce à ses célèbres quatorze besoins fondamentaux2. Elle réalise ce classement avec une approche à la fois biologique, physiologique, psychologique, sociale et spirituelle. A propos des quatorze besoins, la moitié se détache de l'approche corporelle traditionnelle du patient.

Grâce à la théorie Kohlberg puis l'analyse de Carol Gillian et surtout le psychanalyste et pédopsychiatre Donald Winnicott, les notions du cure et du care émergent. Le cure pourrait s'illustrer par les pratiques techniques réalisées au XVIIème siècle, portées sur la pathologie et l'organe malade plutôt que la personne. En revanche, le care sera axé précisément sur le sujet, ce qu'il éprouve et ce qu'il ressent et renvoie à la notion positive du soin qui porte sur l'attention et l'accompagnement du patient.

C'est ainsi que la prise en compte de l'ensemble des affections physiques et psychologiques s'inscrit dans le décret relatif au études préparatoires et aux épreuves du diplômes d'état infirmier le 5 septembre 1972 (renouvelé le 11 février 2002).

1 HAMON, H.1994 dans Mon voyage sur la planète médicale

2 Cf Annexes III

Page 17 sur 84

En 1979, Marge Reddington complète la démarche de V. Henderson par sa grille des Besoins Humains1 : ses besoins ne sont pas hiérarchisés contrairement à la célèbre pyramide de Maslow. Ici, en plus du traditionnel item qu'est « le niveau physique » nous trouvons « le niveau psychologique », « le niveau spirituel » et ce qu'elle nomme « la partie communicante des âmes » qui établirait le besoin de se relier à soi et aux autres.

Le travail d'une équipe pluridisciplinaire permet d'aborder différentes approches dans la prise en charge du patient. L'équipe soignante travaille avec l'entièreté du corps du patient et ce qu'il représente pour lui. C'est la raison pour laquelle la place du psychologue et des socio-esthéticiens sont primordiales dans les établissements de santé tout comme les médecines parallèles qui s'adaptent à chaque patient selon leur expérience et leur sensibilité à ces approches.

Nous ne pouvons pas parler du corps sans introduire la notion d'autonomie qui lui est propre. En effet, chaque sujet serait souverain de soi-même et donc de son propre corps. Selon Michela Marzano dans L'éthique appliquée : « le droit de disposer de son corps et de sa personne, en définitive, devient un véritable pouvoir : une liberté de disposer, intégrée à l'autonomie et liée au principe de l'autodétermination de chaque personne ». C'est la raison pour laquelle il est intéressant de déterminer ce qu'est l'autonomie dans ce contexte.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams