WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Du patient objet au patient sujet.


par Marie Jutteau
IFSI des diaconesses - Université Paris Descartes - Diplôme d'état infirmier 2019
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II.2. L'autonomie

Selon le Larousse, l'autonomie se définit par la capacité de quelqu'un à ne pas être dépendant d'autrui. C'est la faculté de se déterminer par soi-même, de choisir et d'agir librement. C'est la raison pour laquelle il est nécessaire de la considérer dans un contexte de soin afin d'intégrer au mieux le patient à sa prise en charge. Pour cela, il est important de connaître l'histoire de sa définition afin de comprendre les changements de considération de l'autonomie du sujet.

II.2.1. Définition de l'autonomie

L'étymologie du mot autonomie vient du grec autos qui veut dire « soi-même » et nomos qui signifie « loi, règle ». Ainsi l'autonomie se définit par la capacité de se donner à soi même sa propre loi ou règle. Son contexte d'origine se traduit par le système politique de la Grèce antique

1 Cf Annexes IV

Page 18 sur 84

imposé par les Romains en laissant certaines villes se gouverner par leurs propres lois. A cette époque, l'autonomie ne se définissait pas par l'indépendance ou la souveraineté mais par l'autodétermination, droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

Pour Héraclite, philosophe du VIème siècle avant J-C, l'autonomie se définit par l'art d'acquérir un esprit libre. En ce sens, il lie ce concept à celui de l'éducation. En effet, selon lui « Il ne faut pas agir et parler comme nous l'avons appris par l'héritage de l'obéissance» : c'est-à-dire que l'enfant devient lui-même lorsqu'il sait interpréter, reconsidérer et s'émanciper des règles sociales induites depuis la naissance.

C'est ensuite aux siècles des Lumières que le concept de l'autonomie est particulièrement approfondi notamment grâce à Emmanuel Kant. L'autonomie est la notion clef de la philosophie morale de Kant et est le fondement des devoirs éthiques. Selon lui, l'individu doit être traités comme une fin en soi et non seulement comme un moyen. En effet, il n'est donc pas légitime d'objectifier le sujet dit autonome car c'est un être doté d'une raison, qui fait de lui une personne capable de décider ou penser. Dans la Critique de la raison pratique, Kant fait de l'autonomie le principe unique de toutes les lois morales et l'oppose à l'hétéronomie. L'hétéronomie est le caractère de la volonté (faculté d'exercer un libre choix gouverné par la raison) qui se caractérise en fonction d'éléments extérieurs à lui-même. De cette façon, il introduit les notions avec lesquelles l'autonomie se corrèle, soit la dépendance et la liberté.

Adam Smith, célèbre économiste et philosophe de la même époque, utilise une approche similaire, mais dans le domaine de l'économie, pour analyser l'individu à part entière dont l'autonomie et le jugement sont mis en avant sur le marché.

John Stuart Mill, lui, considère la notion d'autonomie à travers son principe de non-nuisance. En effet, il définit l'autonomie par la capacité d'un individu à décider de la manière dont il veut mener sa vie. Il soutient alors l'antipaternalisme en condamnant « l'usage d'un pouvoir coercif [qui impose] à quelqu'un une manière de vivre pour la seule raison qu'elle serait meilleure pour lui ». Il dénonce, entre autres, dans un contexte éducatif, les abus d'autorités paternelles qui ont tendance à imposer un mode de vie plutôt que de faire accéder l'individu à l'autonomie. Ce paternalisme conduit alors à une restriction de la liberté individuelle et restreint l'individu a agir librement selon le mode de vie choisi tout en respectant les droits d'autrui.

Page 19 sur 84

De nombreux autres penseurs, philosophes ou scientifiques ont donné leur définition de l'autonomie. Parmi eux nous retrouvons Auguste Lecomte, père de la sociologie moderne et des sciences sociales. Il définit l'autonome comme celui atteignant « l'état positif » celui affranchi de l'influence des religions et de la métaphysique.

Finalement, le concept d'autonomie interroge les Hommes depuis l'Antiquité et différentes définitions émergent dans des domaines variés tel que le droit, la médecine, la psychologie, la bioéthique ou encore la sociologie. En résumé, en philosophie, l'autonomie désigne la capacité d'agir selon ses règles personnelles indépendamment des influences religieuses et métaphysiques tout en respectant la liberté d'autrui. En psychologie, elle est définie comme une affirmation de soi en tant qu'individu de manière à répondre à ses besoins en fonction de son expérience personnelle antérieure. En droit, l'autonomie est la faculté d'agir librement sans entraver les droits d'autrui. Enfin, en bioéthique, l'autonomie implique le consentement de la personne pour tout acte réalisé sur sa personne ou son corps. 1

C'est pourquoi il est intéressant de définir ce qu'est l'autonomie dans le soin des soignants et la manière dont elle est considérée.

II.2.2. L'autonomie dans le soin

Dans la pratique médicale et paramédicale, l'enjeu majeur pour les soignants est de faire respecter l'autonomie du sujet dans un contexte de vulnérabilité lié à la maladie. Ce respect de l'autonomie repose sur différentes notions : l'information claire, précise et loyale, la vérification de la compréhension de la personne, la volonté à décider ou non de la personne et le consentement éclairée de cette dernière.

Le respect de l'autonomie du patient implique deux notions : celle de la capacité de jugement et celle de la liberté de pouvoir agir. La capacité de jugement rejoint la capacité de raisonnement, c'est-à-dire la faculté d'identifier et d'analyser une situation donnée afin de choisir une solution et d'en évaluer l'impact. La liberté de pouvoir agir est l'aptitude à refuser ou accepter selon ses choix en fonction du jugement préalablement établis dans le respect des lois et des usages communs. Lorsque l'une de ces notions est altérée il y a un risque que

1 REACH,G.2013 - Vol. 7 - N°4 317-323

Page 20 sur 84

l'autonomie ne soit pas respectée. Pour mieux comprendre ce phénomène, il faut définir la dépendance du patient.

Afin de considérer au mieux l'autonomie des patients, il est nécessaire de déterminer son degré de dépendance. La dépendance se définit par l'impossibilité partielle ou totale d'effectuer des tâches de la vie quotidienne sans aide ou de s'adapter à son environnement.1 Ces activités peuvent être d'ordre physique, psychologique ou sociale. Tous types de pathologies peuvent porter atteinte à l'autonomie du malade et donc augmenter le degré de dépendance.

La dépendance est un concept qui implique une certaine forme de solidarité dans la mesure où l'usager a pour objectif l'ouverture d'une relation avec autrui afin d'obtenir une assistance. Cette notion se réfère à la définition du care, précédemment introduite, sous-entendant la sollicitude, l'attention et le soin réalisés par autrui. Dans un contexte de soin, cela s'illustre majoritairement à travers la relation soignant-soigné ayant pour but une restauration de l'autonomie du patient.

Cette dépendance s'explique par différents facteurs considérés par le modèle CIF. Nous y retrouvons dans un premier temps la déficience qui conduit à une insuffisance physique ou intellectuelle due à une altération d'une structure ou fonction organique. Dans un deuxième temps, l'incapacité se traduit par une limitation d'activité liée à une réduction ou une difficulté d'exécution d'activité. Enfin, il s'agit du handicap par la restriction de participation engendrant des conséquences sociales, culturelles, environnementales et économiques.

De cette manière, plusieurs outils permettent d'évaluer le degré de dépendance et donc d'autonomie de l'usager. Pour faciliter la communication entre les professionnels de santé, il est nécessaire d'utiliser des moyens simples, vérifiés et universels. Ainsi, nous retrouvons la grille AGGIR ou les ALD et IALD. Les ADL (activité de la vie quotidienne) évaluent le degré d'exécution et le besoin d'aide ou non dans la réalisation de six activités quotidiennes2. Les IADL (activités instrumentales de la vie quotidienne) évaluent huit activités impliquant un dispositif extérieur comme un téléphone, des médicaments, les transports ou encore l'argent. La grille AGGIR classifie en six groupes de dépendances, le patient âgé totalement autonome

1 REACH,G.2013.Vol. 7 - N°4 317-323

2 Méga Guide Stages IFSI (c) 2015, pages 577-580.

Page 21 sur 84

à la personne âgée totalement dépendante, ce qui permettra, ou non, d'organiser une aide à domicile par exemple.

Ces manières de considérer l'autonomie de l'individu dans un contexte de soin est particulièrement important pour évaluer le degré et l'exactitude du pouvoir de décision du patient. En effet, les facteurs précédemment cités peuvent altérer le jugement de ce dernier et donc conduire à reconsidérer l'implication du patient dans la décision médicale.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway