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Transhumance politique et crédibilité des acteurs politiques en république démocratique du Congo.


par Innocent MWENDAPOLE BAGALWA
Université de Lubumbashi - Licence en sciences politiques et administratives 2017
  

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2.3. ORGANISATION POLITICO-ADMINISTRATIVE SOUS LA DEUXIEME REPUBLIQUE

Immédiatement après le coup d'État du 24 novembre 1965, Mobutu s'autoproclame président. En quelques années, Il vide de son contenu la constitution républicaine et crée une véritable dictature.

Toutes les conditions ayant été réunies, il apparaîtra la nouvelle donne politique. MOBUTU gravira lentement mais sûrement les échelons aussi bien militaires qu'administratifs105(*).

Il se fait accorder ou s'octroie des pouvoirs exceptionnels : il cumule les fonctions de premier ministre, de chef de l'armée et de législateur. Il nomme les ministres. Le MPR (Mouvement populaire de la Révolution) est le parti-État auquel toute la population doit adhérer. Le régime de Mobutu est fondé sur l'autorité et le nationalisme, qui sont les secrets de sa longévité. D'entrée, Mobutu se présente comme le libérateur des Noirs, en nationalisant les mines (1966) et déboulonnant les statues coloniales dans la capitale Léopoldville rebaptisée Kinshasa la même année. Les Congolais qui viennent de sortir de l'époque coloniale sont alors très sensibles à cette propagande.

La police politique recherche, intimide ou torturent les opposants politiques. À la suite de voyages en Chine et en Corée du Nord, Mobutu met en place le culte de sa personnalité. Son portrait apparait à la télévision juste avant le journal du soir. Des panneaux dans les rues vantent sa politique ; des chants célèbrent ses vertus106(*).

Dès 1971, Mobutu prend une série de mesures pour se détacher de tout ce qui peut rappeler l' Occident. Le pays est renommé « République du Zaïre ». Les Congolais doivent adopter des noms africains (suppression des prénoms occidentaux, et rajout d'un «  post-nom ») à l'image de Mobutu qui se fait appeler Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Zabanga. La tenue vestimentaire abacost est imposée aux hommes en lieu et place du costume-cravate. Une nouvelle monnaie - le zaïre divisé en 100 makuta (singulier likuta) - remplace le franc congolais. De nombreuses villes sont rebaptisées : Stanleyville devient Kisangani, Elisabethville Lubumbashi.

Lors du sixième anniversaire de l'indépendance, un défilé résume l'histoire du pays, montrant notamment le Belge infligeant la chicotte107(*). En arrière-plan, les relations entre la Belgique et le président sont bonnes : en 1968, en voyage à Bruxelles, Mobutu reçoit le Grand Cordon de l'ordre de Léopold. Le roi Baudouin est à son tour reçu au Zaïre en 1970 et 1985.

Réalisée dans le courant de l'année 1974, la «  zaïrianisation » a constitué l'un des événements des plus importants de la politique menée par le régime mobutiste, à savoir la nationalisation progressive des biens commerciaux et des propriétés foncières qui appartenaient à des ressortissants ou groupes financiers étrangers. En réalité, si cette mesure s'inscrivait officiellement dans un effort visant à la réappropriation nationale de l'économie ainsi qu'à la redistribution des richesses acquises pendant la colonisation, elle constitue surtout un échec.

Avec la fin de la Guerre froide, symbolisée par la chute du Mur de Berlin en novembre 1989, le régime de Mobutu perd la plupart de ses soutiens occidentaux. L'arrestation puis l'exécution de son ami Nicolae Ceausescu en Roumanie semble avoir ébranlé le dictateur. Des manifestations, des grèves, des marches de protestation agitent Kinshasa et d'autres centres urbains.

Le 24 avril 1990, dans le "Discours de la démocratisation", Mobutu annonce une série de réformes politiques pour son pays : abandon de la présidence du MPR, multipartisme, des élections d'ici deux ans108(*). Un premier ministre est nommé fin avril. Porté par ce revirement, l'épiscopat zaïrois propose l'organisation d'une Conférence Nationale Souveraine pour soutenir la transition démocratique. Mobutu accepte. Pendant environ un an et demi (août 1991-décembre 1992), la Conférence, réunie à Kinshasa, discute d'une nouvelle constitution pour remplacer celle de Luluabourg (1964) mais ne débouche sur rien. Une "marche de l'espoir" organisée par les chrétiens de Kinshasa est réprimée dans le sang le 16 février 1992109(*). Contrairement au voeu de la rue, Mobutu ne compte pas abandonner le pouvoir. L'élection d' Étienne Tshisekedi wa Mulumba, principal leader de l'opposition radicale, comme premier ministre par les Conférenciers110(*) n'apporte pas de changement. Mobutu le démet de son poste le 5 février 1993.

Les tentatives de libéralisation du régime ne résolvent pas la crise économique. Dans les années 1990, le PIB diminue. Le pays n'arrive plus à assumer le service de la dette. Les services publics s'effondrent, l'inflation galopante ruine le pouvoir d'achat. Le 21 septembre 1991, des soldats, impayés, pillent les magasins de Kinshasa et d'autres villes. Nouvelles scènes de pillage, du 28 au 30 janvier 1993, dans la capitale, beaucoup plus violent : on compte environ un millier de morts dont l'ambassadeur de France111(*).

KabunguluNgoy-Kangoy112(*)résumelestroisfacteursdesurviedurégimede Mobutuenprinciped'alignementauxblocs,principededocumentationetd'exploitation.

AinsiparmilescausesdelachuteduMouvementPopulairedelaRévolution (M.P.R.),nousévoquonslescausesendogènes(1)comprenantlagestion irresponsableparlerégime(A),ledérèglementdel'économie(B),lestensionset contestationspopulaires(C)etcausesexogènes(2):ellescomprennentle démantèlementdesdictaturesdanslemonde(A),lespressionsinternationales(B), lesconsultationspopulaires,àl'issuedesquellessontsortis6128 mémorandumsprovenantdetouteslesforcesvivesdelanation(lesintellectuelles,professeurs,cadres,chercheurs,étudiants,fonctionnaires, gestionnairespubliquesetprivés,banquiers,industriels,commençants,paysans, agriculteurs, artisans, artistes, églises, partis politiques, etc.).

* 105Oshim Esinga Michel-Archange,Essai de contextualisation du discours politique du président Mobutu sese-seko, préalable a l'énonciation de ce discours (1965-1975), Art.Annales FLSH, N°15, 2011, p.6.

* 106 Mobutu roi du Zaïre, film documentaire de Thierry Michel, 1999.

* 107 IDEM.

* 108Ngimbi Kalumvueziko, Congo-Zaïre: Le destin tragique d'une nation, L'Harmattan, 2013, p. 179.

* 109 Wikipedia, op.cit.

* 110Ngimbi Kalumvueziko, Op.cit., p.181.

* 111 Wikipedia, IBIDEM.

* 112KabunguluNgoy-Kangoy, cité par Jerry M'pereng Djeri Op.cit., p.43.

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