WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse de la politique de décentralisation du système de santé au Burkina Faso.


par Issa SOMBIE
Université de Ouagadougou - Master en Population et Santé 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2. REVUE DE LITTERATURE

Notre ambition est de répertorier un ensemble de facteurs à même de nous permettre de construire nos cadres conceptuels.

D'après Kochen et Deutsch(1980), la prestation des services est d'autant plus décentralisée que les relations de communication et de contrôle entre les prestateurs et les prestataires de services prennent moins de temps et sont plus directes que dans la centralisation. Cette conception de la décentralisation les a amenés à définir 8 variables qui à leur sens, permettent de juger du niveau de décentralisation d'une organisation qui dispense des services aux publics. Les 8 variables sont les suivantes : la pluralité, la dispersion, la spécialisation, la sensibilité, l'aplatissement, la délégation, la participation courante et la participation reconfigurante. Nous reviendrons en détails sur ces variables que les auteurs nomment dimensions dans la section suivante. Nous emprunterons ce cadre pour vérifier notre première hypothèse.

Valéry Ridde (2005) a relevé 10 logiques d'acteurs dans le cadre de la mise en oeuvre de l'Initiative de Bamako. Ainsi, dans leur lutte pour le contrôle des ressources, les différents acteurs, chacun en fonction de sa position et des bénéfices escomptés, met en pratique les stratégies susceptibles de lui permettre d'engranger le maximum de profits. Les logiques sont contenues dans le tableau suivant :

18

Analyse de la politique de décentralisation du système de santé du Burkina Faso

Tableau 2 : Les dix logiques repérées

Accaparement

Neutra /domination

Discours

Clientélisme

Opacité

Connivence

Evitement

Suspicion

Substitution

Mépris du service public

Source : Ridde, 2005

Ce cadre nous semble bien pertinent et pourra nous aider à analyser le jeu des acteurs dans la mise en oeuvre de la décentralisation sanitaire.

Selon Walt et Gilson (1994), les facteurs à prendre en compte dans l'analyse des politiques publiques sont au nombre de quatre : le contenu des politiques, les stratégies d'implantation, le contexte dans lequel elles se déroulent et enfin les acteurs affectés ou influents par rapport à cette nouvelle politique.

Le contenu des politiques fait référence à la nature des solutions pour venir à bout des problèmes qui ont fait l'objet de la formulation de la politique. Dans le cas particulier de notre étude, la politique de décentralisation est un concentré de solutions aux diverses difficultés que traverse le secteur de la santé. Aussi, faut- il que les solutions proposées soient capables d'apporter les changements souhaités et indispensables. Généralement, on constate que dans beaucoup de pays du sud, les solutions ne s'adaptent pas aux problèmes pour lesquels elles ont été formulées, car importées d'ailleurs, loin des réalités locales.

Les stratégies d'implantation comprennent l'ensemble des mesures et dispositions qui doivent être prises pour la mise en oeuvre de la politique. Ces dispositions et mesures doivent permettre d'atteindre les objectifs visés. Il est souvent fait référence aux stratégies « top-down ou bottom-up » (voir Sabatier 1986, Hill 1997 cités par Ridde, 2005). Une autre distinction originale a été proposée par Elmore (1979 ; 1982) autour de deux approches différentes. D'un côté, il y a le « forward mapping » laissant penser que les dirigeants contrôlent l'ensemble du processus d'implantation qui se déroule conformément aux attentes initiales. De l'autre côté, il est possible

19

Analyse de la politique de décentralisation du système de santé du Burkina Faso

de concevoir la mise en oeuvre au regard des comportements des personnes pour qui les politiques publiques sont implantées afin de répondre à leurs besoins, soit le « backward mapping », partant du principe que « that is not the policy or the policymaker that solves the problem, but someone with immediate proximity » (Elmore 1979, p 612) (cité par Ridde, 2005, p 23).

Le contexte concerne les aspects sociaux, économiques, technologiques, politiques et organisationnels de la réforme. Selon le contexte, des occasions seront offertes et des contraintes pèseront sur les modalités de la mise en oeuvre (Monnier 1992). Nous choisirons ce modèle pour la vérification de notre deuxième hypothèse pour cause.

Les éléments qui forment ce cadre nous semblent à même de nous permettre d'expliquer la mise en oeuvre de la politique de décentralisation. En effet, nous soupçons que les contenus de cette politique, imposée plus ou moins par des « opérateurs politiques internationaux » conviendraient peu aux attentes de certains acteurs clés, ce qui ne va manquer de jouer sur leur participation au processus. Aussi, la littérature informe que l'échec de nombre de politique est imputable au choix de stratégies d'intervention ; il leur est reproché d'être inadaptées au contexte, exorbitant au niveau des coûts pour ne citer que ces exemples. Il va de soi que les stratégies d'intervention ne sont pas sans conséquence sur la réussite d'une politique. En outre, la mise en oeuvre des politiques dans les pays africains mobilise un nombre important d'acteurs, comme c'est le cas avec la décentralisation du système de santé du Burkina.

C'est le jeu des acteurs qui fait en partie que dans la mise en oeuvre des politiques, on s'écarte généralement de ce qui avait été prévu. Enfin, le modèle de Walt et Gilson accorde une importance au contexte qui est producteur, semble-t-il de situations, d'éléments à même d'entacher l'implantation d'une politique. Ce cadre est riche d'éléments susceptibles d'être pertinents dans l'explication de notre deuxième hypothèse.

Paul Sabatier (1986) propose quelques éléments, qui selon lui peuvent être favorables à une amélioration des résultats des politiques publiques. Il note que les politiques ayant atteint leurs buts disposaient d'objectifs raisonnables et clairement énoncés, de contenus proches des préférences des acteurs clefs et avaient un nombre de négociateurs réduit à un niveau gérable tout

20

Analyse de la politique de décentralisation du système de santé du Burkina Faso

en s'assurant que la majorité des acteurs sont favorables à l'initiative. Il met donc l'accent sur les objectifs, la nature des solutions et le nombre des acteurs impliqués dans une politique comme des éléments à suivre avec une attention soutenue dans la mise en oeuvre. Même s'il accorde une place aux acteurs dans la mise en oeuvre, ce cadre ne contient pas un certains types d'éléments (stratégies, le contexte, les ressources) qui peuvent être déterminants dans l'implantation de la décentralisation sanitaire.

Bridgman et Davis (1998) apportent quatre autres éléments. Selon eux, pour garantir le succès à une politique publique, il s'avère indispensable de réduire les étapes entre la phase de formulation et celle de la mise en oeuvre, d'opter pour une évaluation continue, aussi les dirigeants se doivent de s'investir sérieusement dans la mise en oeuvre. L'important au niveau de ce modèle est qu'il fait de l'évaluation un facteur non négligeable dans la mise en oeuvre des politiques publiques. Dans nombre de cas concrets, on ne pense à l'évaluation qu'au moment où se termine le programme ou le projet. Ce modèle semble très restrictif des éléments d'influence de la mise en oeuvre.

Gun (1978) a dressé une liste de 10 conditions préalables à la réussite de la mise en oeuvre d'une politique publique. Ces conditions sont les suivantes : un contexte favorable, du temps et des ressources, des moyens disponibles à chaque étape de la mise en oeuvre, une politique fondée sur une théorie valide, un lien direct entre les causes et les effets désirés, une seule agence indépendante pour gérer l'implantation, une bonne compréhension et l'acceptation des objectifs, une liste d'activités bien spécifiques pour chaque participant à la politique, un niveau de coordination parfait et, enfin une autorité en mesure de faire respecter ses décisions2. Appliquer un tel modèle offre l'avantage d'aller dans les moindres détails dans l'explication du processus de mise en oeuvre. Seulement, il ne prend pas en compte les acteurs, qui, estimons-nous, portent en eux une grande capacité d'influence du processus. Les différentes logiques qui orientent les actions des uns et des autres dans la décentralisation sanitaire constituent un foyer d'éléments favorisant ou limitant la marche du processus.

2 Ce résumé de l'ouvrage de Gun a été recopié dans la thèse de Valery Ridde, pp20 et 21

21

Analyse de la politique de décentralisation du système de santé du Burkina Faso

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote