WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Rôle de la société civile et de la barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflicts intercommunautaires : cas des conflicts entre les Babembe et les Banyamulenge à  Fizi


par Bonheur Kyalangalilwa Ngabile
Université catholique de Bukavu  - Licence/ bac +5 2020
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE I. CADRE THEORIQUE

I.1. REVUE DE LA LITTERATURE

La question au tour des conflits intercommunautaires dans la partie Sud-Est de la province du Sud-Kivu a été abordée différemment, mais de manière un peu complémentaire par les théoriciens et les experts dans le domaine d'étude de paix et des conflits, la plupart d'entre eux dans leurs analyses reviennent sur les facteurs (les causes) les plus profonds de ces conflits (Nicaise MUZINGA LOLA ; International Alert ; APARECO ; International Crisis Group ; ADEPAE, Arche d'alliance et Life and Peace Institute ; Inter-cluster Régional et OCHA; Saerch For Common Ground ; Bosco Muchukiwa; etc.), d'autres sur le mécanismes ayant été développés par les structures de la société civile pour en faire face (Labana Lasay'abar ; KAYSER ; Flaubert DJATANG; International Alert ; KAKULE PILIPILI Didier; etc.) et d'autres encore sur leur histoire

1. L'histoire des confits intercommunautaires à Fizi

Les auteurs (Life and Peace et Al., Bosco Muchukiwa, Search For Common Ground, Pool Institute, etc.) sont ici presque unanime que les conflits intercommunautaires entre autochtones et allochtones à l'Est de la RDC et plus particulièrement dans les territoires de Fizi et d'Uvira remontent des mouvements migratoires des populations hutus et tutsi des pays voisins de l'Est de la RDC (le Rwanda et le Burundi) vers les territoires voisins de ces deux pays dans le Kivu ;ils soutiennent en plus que ces conflits ont été amplifiés par les guerres internes, le génocide Rwandais, et les guerres civiles et politiques au Burundi avec les poursuites de ces guerres sur les terres congolaises ; ils montrent en fin que ces conflits se radicalisent historiquement à travers les différentes décisions et actes administratifs sur la nationalité, l'accès à la terre et la gestion des entités administratives par les peuples dit allochtones.

2. Les facteurs ou causes des conflits

Les travaux identifiés précédemment soulignent un lien de causalité entre les causes des conflits intercommunautaires tel que vécu dans différentes provinces de la RDC et dans différents pays de la sous-région des grands lacs. International Alert (2010)24, revenant sur les sources de la récurrence des conflits intercommunautaires et communautaires opposant les Banyamulenge et les autres communautés dans la région de Fizi et de la plaine de la Ruzizi, montre d'emblée

24 International Alert « La paix à petits pas, Inventaire et analyse des pratiques locales de paix à l'Est de la République Démocratique du Congo : Cas du Nord et du Sud-Kivu », 2010, pp68

11

que les principaux facteurs de conflits dans cette région sont : l'identité, le foncier et le pouvoir coutumier prenant de l'ampleur depuis la rébellion du RCD de 1998. Complétant cette étude Life and Peace Institute et Al. (2011)25, trouvent qu'au-delà du foncier, de l'identité et du pouvoir coutumier, les conflits intercommunautaires à Minembwe et dans la collectivité chefferie de la plaine de la Ruzizi opposant : pour le premier les Banyamulenge aux Babembe et pour le second les Bavira, Bafuliru aux Barundi, ont comme racines la gestion de la transhumance et la question d'érection de Minembwe en territoire. Surencherant les idées des études précédentes, International Crisis Group (2013)26, affirme pour sa part que la conflictualité dans la région Est de la RDC s'inscrit dans une compétition foncière et économique locale entre différentes communautés de cette région ;

Revenant sur les causes des conflits intercommunautaires entre autochtones et allochtones, Search For Common Ground (2014)27, trouve dans son rapport réalisé dans les hauts plateaux d'Itombwe et dans la plaine de la Ruzizi que les causes de ces conflits paraissent interconnectées et tournent au tour de la mobilisation de l'identité ethnique, l'accès aux ressources économiques, le foncier, le pouvoir et la transhumance.

L'APARECO (2019)28, montre pour sa part qu'il est impossible de comprendre la dynamique au tour des conflits entre les Banyamulenge et les autres communautés particulièrement les Babembe à Minembwe sans pour autant mettre en cause la vision impérialiste de Paul Kagame dans les conflits à l'Est de la RDC, ainsi qu'une analyse approfondie sur la question de la manipulation de l'identité des Banyamulenge. Par contre, Inter-cluster Régional et l'OCHA (2019)29, se focalisant sur l'aspect interactionnel des conflits intercommunautaires entre allochtones et autochtones, trouvent que la cohabitation entre ces communautés est marquée par des luttes de positionnement basées sur les faits passés des enjeux politiques et économiques, se manifestant par des cycles de violence atroces, trouvant leur base dans les oppositions individuelles et la gestion de la transhumance. D'autres facteurs comme : la lutte pour le contrôle des ressources économiques, les alliances avec les groupes armés étranger, la

25 Life and Peace Institute et al., « Au-delà des groupes armés, conflits locaux et connexions sous-régionales : l'exemple de Fizi et Uvira (Sud-Kivu, RDC) », Bukavu, éd. Série des Grands lacs, 2011, pp160

26 International Crisis Group, « Comprendre les conflits dans l'est du Congo (I) : la plaine de la Ruzizi, Brussels », Rapport Afrique de Crisis Group N°206, 23 juillet 2013, pp37

27 Search For Common Ground, « Analyse de conflit et évaluation des besoins en stabilisation - hauts plateaux de Mwenga et plaine de la Ruziz »i, 2014, pp41

28 APARECO, « Memorandum : Vérité sur la guerre de Minembwe », Paris, 2019, pp32

29 Inter-Cluster Régional et OCHA, « Plan de réponses stratégique et opérationnel face à l'impact humanitaire de la crise conflit intercommunautaire dans les Moyens et Hauts Plateaux de Fizi et Mwenga » Bukavu, 2019, pp18

12

faible présence de l'autorité de l'Etat, l'enclavement de cette région, ainsi que le découpage élevant Minembwe en statut de commune rurale, sont vus comme déclencheurs de ces conflits.

En plus, l'étude d'Interpeace (2013)30 dans leur rapport sur la manipulation des identités et stéréotypes dans l'alimentation des conflits intercommunautaires dans la région des grands lacs, confirme la non exclusivité de la dimension ethnique dans les conflits intercommunautaires dans les grands lacs, tout en se focalisant sur le rôle de l'identité comme moteur des conflits dans les grands lacs, Interpeace trouve en accord avec les études précédentes que les conflits intercommunautaires sont due à des manipulations des identités telles que : les identités «allochtones» versus «autochtones» et les identités linguistiques au Nord-Kivu, à cela s'ajoute les identités professionnelles entre agriculteurs et éleveurs au Sud-Kivu ; les identités liées à la double nationalité et identités ethniques au Rwanda et finalement les identités d'appartenance politique et les identités ethniques au Burundi.

Complétant cette étude, Bosco MUCHUKIWA et Marcellin KASAGWE (2019)31 montrent que les conflits intercommunautaires au tour des questions identitaires, divisent dans les hauts et moyens plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira les ethnies Bembe, Bavira, Bafuliru, Banyindu, Banyamulenge et Batwa se mobilisant au tour du pouvoir coutumier et connaissant la participation des coalitions de groupes armés nationaux et extérieurs de la sous-région, ils notent que la notion des conflits intercommunautaires est un fourre-tout et désigne à la fois les antagonismes entre ethnies qui se battent au sujet de leur identité culturelle, de pâturages, de la reproduction des activités économiques, du contrôle des facteurs de production et de gestion des entités modernes crées par l'administration coloniale. Revenant sur les types et enjeux des conflits dans leur milieu d'étude, Muchukiwa et Kasagwe soutiennent à la lumière de ces précédents auteurs, que les enjeux des conflits intercommunautaires dans ces espaces gravitent autour des pâturages, du pouvoir, du territoire, de l'argent et de l'aide au développement, cela étant, la monopolisation de ces enjeux par une ethnie provoque les conflits intercommunautaires.

C'est dans la suite de ces analyses que Justine Brabant et Jean Louis K. Nzweve (2013)32 dans leur article: « la houe, la vache et le fusil ;conflits liés à la transhumance en territoires de Fizi

30 Interpeace, 2013, « Manipulation des identités et stéréotypes : enjeux et défis pour la paix dans la région des Grands-Lacs », Gecko Media, octobre, 70p

31 Bosco Muchukiwa et Marcellin Kasagwe « Conflits dans les moyens et hauts plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira : modus operandi des acteurs et crise politique régionale en perspective» Bukavu, 2019, pp24

32 Justine Brabant et Jean Louis K. Nzweve «La houe, la vache et le fusil ; Conflits liés à la transhumance en territoires de Fizi et Uvira (Sud-Kivu, RDC) : État des lieux et leçons tirées de l'expérience de LPI » ,Bukavu, éd. Série des Grands lacs, 2013, pp167

13

et Uvira (Sud-Kivu, RDC) : Etat des lieux et leçons tirées de l'expérience de LPI » partant du cas où durant les saisons sèches un déplacement fréquent des vaches et des taureaux guidés par leurs bergers est constaté dans les hauts et moyens plateaux d'Itombwe vers la plaine et le littoral du lac Tanganyika à la recherche du pâturage, ce mouvement cause le ravage par le troupeau des champs des cultivateurs contribuant ainsi à l'alimentation des conflits au tour de la transhumance entre les cultivateurs (Babembe et Bavira) d'une part et éleveurs (Banyamulenge et Fuliro) d'autre part. Ces auteurs montrent par la suite que la transhumance participe à la mobilisation des dynamiques locales de la violence ainsi qu'à l'émergence des conflits intercommunautaires à travers l'accentuation des tensions sur la perception de droit de pacage, les barrières de mai-mai, les vols des bétails, l'organisation des banyamulenge en milices d'autodéfense, etc., ce qui conduit à des attaques de vengeance des agriculteurs sur les bétails dévastateurs des cultures des éleveurs conduisant à la manifestation des besoins d'autoprotection de part et d'autres.

Revenant sur les conflits intercommunautaires qui ravagent la province du Sud-Kivu en général, Bosco Muchukiwa (2016)33, montre que dans cette province, durant des années, des violents conflits intercommunautaires opposent au tour de la terre les Babambe et les Babuyu à Fizi, au tour du contrôle administratif les non originaires (Batutsi) et les originaires à Kalehe et aussi dans le territoire d'Uvira, ces conflits opposent les non originaires (Barundi et Banyamulenge) aux originaires (Bafuliru et Bavira) au tour de la nationalité, de la création des nouvelles entités administratives et de l'identité. Il montre par la suite que cette répartition de l'espace va aboutir à la production des nouvelles entités territoriales et administratives et que l'oubli des écarts entre le territoire ethnique et Etatique d'une part et entre le peuple autochtones et allochtones d'autre part est un facteur non négligeable de conflictualité; et propose par la fin quelques pistes d'orientation des actions en vue de la paix sociale allant à l'exigence de la reconnaissance réciproque des organisations territoriales, de l'histoires des peuples, jusqu'à la prise en compte des règles de droit.

Au-delà des facteurs sus évoqués, le Pool d'Appui à la Stabilisation des experts de la société civile congolaise (2017)34, partant de l'analyse des conflits dans la zone de Fizi, trouve que les conflits intercommunautaires dans cette zone demeurent encrés dans les facteurs comme l'activisme des groupes armés, ainsi que dans l'instrumentalisation des acteurs étatiques pour la défense des intérêts économiques et le trafic des ressources naturelles. Dans la dynamique

33 Bosco Muchukiwa « Identités territoriales et conflits dans la province du Sud-Kivu en RDC », Genève, éd. Globethics.net, 2016, pp 62

34 Pole Institute « Analyse croisées de conflits à l'Est de la RDC », Goma, 2017, pp157

14

des conflits à Fizi, le Pool d'Appui à la Stabilisation trouve deux types d'acteurs du processus des conflits que sont les acteurs des conflits incluant les groupes armés, les manipulateurs politiques, certains leaders religieux, certains chefs coutumiers et certains jeunes leaders ; par contre, un autre type d'acteurs est constitué des acteurs de paix comprenant les initiatives locales de paix, les dialogues intercommunautaires, interreligieux, inter jeunes. Ainsi donc, ce conflit se trouve renforcé par l'appui matériel et financier que reçoivent les groupes armés de ces différentes communautés ; c'est dans ce cadre qu'il confirme dans cet article que les conflits intercommunautaires à Fizi ont une certaine connexion sous-régionale à travers l'activisme des groupes armés étrangers Rwandais et Burundais.

Pour sa part, Nicaise MUZINGA LOLA (2001)35 par contre oriente ses analyses sur l'origine des conflits intercommunautaires au tour des l'identité entre les Banyamulenge et les autochtones, il trouve de ce fait que les causes des conflits au Kivu trouvent leur fondement dans quatre facteurs dont les facteurs ethniques, parmi lesquels nous trouvons : l'héritage colonial et les préjugés ethniques ; en suite il trouve les facteurs politiques dont : la politique «mobutiste» consistant à créer des conflits ethniques dont il était le seul capable à résoudre, la guerre civile rwandaise, la loi congolaise de 1981 sur la nationalité et les conclusions de Vangu ; les facteurs économiques contenant la dépossession des terres aux autochtones au Kivu, ainsi que la «zaïrianisation» ; finalement il trouve les facteurs idéologiques tels que l'apport des réfugiés Rwandais et les milices hutus. Suite à l'identification de ces facteurs de conflits au Kivu, il propose quelques solutions pour sortir de cette crise dont : le dialogue inter congolais, l'élargissement de la notion de nationalité et de citoyenneté, la mise en place des lois et institutions démocratiques et la mise en place des mesures d'encadrement et d'éducation intellectuelle.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera