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Rôle de la société civile et de la barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation des conflicts intercommunautaires : cas des conflicts entre les Babembe et les Banyamulenge à  Fizi


par Bonheur Kyalangalilwa Ngabile
Université catholique de Bukavu  - Licence/ bac +5 2020
  

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3. La résolution des conflits par les structures de la société civile

En ce qui concerne les mécanismes de résolution, de gestion ou de transformations de ces conflits, les théoriciens exploités dans ce travail insistent sur le rôle et les actions des structures de la société civile face à des conflits préoccupant leur société.

C'est en ce sens que les participants au Colloque Régional sur la paix et la résolution des conflits en Afrique centrale (2007)36soutiennent que la société civile joue un rôle très important dans

35 Nicaise Muzinga Lola, « Les conflits ethniques et les problèmes d'identité à l'est de la république démocratique du congo : cas des Banyamulenge », Mémoire de maitrise, éd., Université de Sherbooke, 2001

36 Colloque Régional sur la paix et la résolution des conflits en Afrique centrale, « Paix et Résolution des conflits en Afrique centrale : Que peut faire la Société Civile ?»,Kinshasa, 2007

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un processus de transformation des conflits mais à différents niveaux des conflits, c'est ainsi que dans la prévention des conflits, elle joue le rôle de veille et d'alerte, de bons offices et de plaidoyer ; dans la résolution des conflits par contre, elle joue le rôle de négociateur et de dénonciateur ; et finalement dans le processus de renforcement de la paix durable, elle joue le rôle d'appui au renforcement de la confiance, d'appui à la réhabilitation des communautés et de la mise en oeuvre des politiques de réconciliation. Pour être efficace, il nous revient dans ce travail de vérifier sur le terrain l'application de ces différents rôles de la société civile dans la transformation des conflits et en dégager les difficultés d'application, les limites et les défis en s'appuyant particulièrement sur le cas de la société civile du Sud-Kivu. Abordant dans un sens presque similaire du précédent, Berchmans LABANA LASAY'ABAR(2011)37 dans son article sur : « Le rôle des sociétés civiles dans la résolution des conflits et le maintien de la paix : cas de la société civile congolaise », part du constat de l'apparition d'un nouveau type d'acteur en matière de construction de la paix en RDC, qu'est la société civile, qu'il qualifie à la fois de victime, actrice et partie prenante dans les conflits. C'est dans cette suite que LABANA évoque trois arguments pour justifier l'implication de la société civile dans la résolution des conflits : le premier se base sur l'hypothèse selon laquelle, accepter le rôle d'actrice joué par la société civile dans un conflit, conduit à accepter sa participation au processus de résolution des conflits ; le deuxième argument est que la durabilité des solutions dépend de leur acceptation, de leur intégration et de leurs portées par la population, et enfin le troisième est que compte tenu du fait que la majorité des conflits ont pour cause le déficit de la légitimité de l'Etat, la participation de la société civile dans un processus politique conduit à accroitre cette légitimité et pari cochet à participer au règlement du conflit. Cela étant, sous un angle purement politique, LABANA, se propose d'étudier le rôle des sociétés civiles congolaises dans la résolution des conflits et le maintien de la paix en se focalisant sur les conflits de nature politique, oubliant le rôle que peut jouer cet acteur dans la résolution des conflits intercommunautaires compte tenu de la pluralité identitaire des acteurs qui l'anime. Ce à quoi nous nous proposons de s'intéresser dans le présent travail.

Mais, loin de là, Christiane KAYSER et Flaubert DJATANG (2018)38 en citant Catherine BARNES en contradiction avec les deux premiers ci-haut, montrent que la société civile joue un double rôle dans les conflits et la recherche pour la paix, ils appuient que tant cette dernière peut apporter un soutien de taille aux forces qui font la guerre, tant elle constitue à la fois une

37 Berchmans Labana LASAY'ABAR « Le rôle des sociétés civiles dans la résolution des conflits et le maintien de la paix : cas de la société civile congolaise », Kinshasa, UNIKIN, 2011, 11p

38 C. KAYSER et Flaubert DJATANG, « Les acteurs civils et la prévention des conflits », Berlin, éd. Pain pour le monde, 1ière édition, 2018

39 International Alert «La paix à petits pas ; Inventaire et Analyse des pratiques locales de paix à l'Est de la République Démocratique du Congo : cas du Nord et du Sud-Kivu »

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énergie très puissante dans la construction de la paix et de cela elle joue un rôle très capital à tous les niveaux de l'évolution de la résolution des conflits en accord avec le colloque régional sur la paix et la résolution des conflits en Afrique centrale ; Catherine poursuit en montrant que la société civile participe à l'émergence d'un conflit et permet son éclosion de manière non-violente dans un soucis de susciter un changement nécessaire, il conclut en cela que le conflit dans une société est un moyen pour aboutir aux objectifs du changement social. Ainsi donc dans la consolidation de la paix les auteurs montrent que la société civile joue la fonction de plaidoyer aux côtés d'autres actions comme l'observation des droits de l'homme et d'autres activités conjointes faisant le pont entre les sociétés divisées. Ainsi donc, (Nicaises Muzinga, 2001; la Commission Justice et Paix Belge, 2010 ; International Alert, 2010; Arche d'Alliance et All, 2011 ; Search For Comon Ground,2014 et Bosco Muchukiwa,2016) soutiennent que dans les territoires d'Uvira et de Fizi des structures comme les Barza communautaires, les CCI (Cadres de Concertation Intercommunautaires), des structures féminines, des jeunes et coutumières ont été mis en place par les communautés soutenues par des ONG et le gouvernement en vue de s'impliquer dans la gestion quotidienne des conflits dans leurs communautés et discuter de la paix.

A cote de ces auteurs abordant la société civile comme acteur direct dans les processus de résolution de conflits et de la construction de la paix, beaucoup d'autres recherches ont été menées dans ce sens mais abordant la société civile comme une structure de plusieurs composantes d'acteurs et d'organisation oeuvrant dans un domaine particulier, mettant au premier plan les causes et les intérêts sociaux des communautés. Dans le cas d'espèce, il s'agira des structures de la société civile qui oeuvrent dans la résolution, la transformation, la gestion des conflits et la consolidation de la paix.

C'est ainsi que International Alert (2010)39 dans son article : « La Paix à petits pas ; Inventaire et Analyse des pratiques locales de paix à l'Est de la République Démocratique du Congo : cas du Nord et du Sud-Kivu » se focalise sur les initiatives locales de paix ayant été mises en place dans les deux provinces par les acteurs de la société civile pour gérer les conflits afin de faire face à la crise de justice et à l'augmentation des conflits. C'est dans ce sens qu'International Alert explique les initiatives locales de paix en collaboration avec certaines structures de la société civile dans la résolution des conflits sociaux et la promotion de la paix.

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Dans ce même angle d'idée KAKULE PILIPILI Didier (2012)40 analyse les mécanismes de résolution des conflits fonciers dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu dans le cadre informel et extrajudiciaire, et démontre que le niveau de participation de la population locale à la production du droit réglementant la résolution des conflits fonciers de leur zone est consistant et assure que «les associations de structures locales dans la résolution des conflits fonciers,...sont d'importance capitale» ; analysant les facteurs qui expliquent la récurrence dans le recours à des mécanismes extrajudiciaires et de quelle façon la résolution extrajudiciaire peut agir sur l'issue des conflits fonciers, Kakule aboutit à des résultats tels que : le recours récurent à ces méthodes est due à la création du programme STAREC facilitant la cohabitation pacifique entre population, l'implication des ONG oeuvrant dans le domaine de la résolution des conflits, les solutions gagnant-gagnant que proposent ces mécanismes, les discrédits et l'éloignement des structures judiciaires ; il démontre en suite que la réussite des actions de ces structures dépend de deux conditions dont le crédit accordé aux médiateurs et la volonté des parties en conflit. Ces résultats de Kakule prouvent à suffisance combien le recours à des mécanismes alternatifs de gestion des conflits est important et efficaces dans la résolution des conflits entre communautés comparativement au recours à des mécanismes juridiques, ce qui nous pousse à orienter notre réflexion sur le rôle que peut jouer des tels mécanismes dans des conflits si délicats que sont les conflits intercommunautaires.

Dans leur suite, Niagalé BAGAYOKO et Fahiraman Rodrigue KONE41 rentrent plus loin et cherchent à comprendre l'implication des « Mécanismes traditionnels dans la gestion des conflits en Afrique Subsaharienne », ils trouvent en cela que ces mécanismes sont efficaces et constituent par ce fait des alternatives importants aux dispositifs nationaux et internationaux faisant face aux dynamiques conflictuelles en Afrique ; leur analyse parait très capital en ce sens qu'elle offre les clés de compréhension des principes de base et des acteurs animant le fonctionnement de ces mécanismes traditionnels en Afrique de l'Ouest, ils s'intéressent par la suite aux mécanismes participant à la gestion de cinq types de conflits, parmi lesquels : les conflits de proximité, les conflits de leadership, les conflits fonciers, les conflits intercommunautaires et les conflits intracommunautaires ; en questionnant sur la neutralité et la crédibilité des acteurs intervenant dans la régulation de ces conflits, etc.

40 Kakule Pilipili Didier, « La résolution extra-judiciaire des conflits fonciers en territoire de Masisi : procédures et valeurs juridiques », Mémoire de licence, Université de Kisangani, 2010-2011 Disponible en ligne sur www.memoiresoneline.com

41 Fahiraman Rodrigue KONE « Mécanismes traditionnels dans la gestion des conflits en Afrique Subsaharienne», 2016

42Jean-Luc Marret cité par Patrice Kreidi dans : « Le rôle des ONG et de l'Union européenne dans la résolution de conflits » p9

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En ce qui concerne la société civile et la transformation des conflits, il convient de noter que les auteurs ci-haut émergés parlent du rôle que jouent plutôt les structures ou composantes membres de la société civile de manière générale reprenant les actions entreprises dans ce sens par différentes ONG membres, laissant un flou sur la circonscription de la société civile comme acteur pris singulièrement. C'est dans ce flou conceptuel que la présente recherche trouve son originalité, en se focalisant sur le bureau de coordination de la société civile comme acteur de transformation des conflits, ce qui n'a pas été abordé par les différents chercheurs exploités.

L'analyse de la littérature exploitée ci-dessous revient également sur l'histoire des conflits intercommunautaires à Fizi, dans la province du Sud-Kivu et plus généralement en RDC en démontrant les facteurs ayant concourus à la dynamique de ces conflits, les acteurs surtout visibles ou directs de parts et d'autres, les initiatives entreprises pour apporter une solution à ces conflits et la manière dont s'est investie la société civile prise de manière générale, Barza intercommunautaire comprise dans la recherche de solution à ce conflit. Mais, certaines zones d'ombre méritent également un éclaircissement notamment : sur les acteurs indirects et leurs rôles dans l'alimentation de ces conflits intercommunautaires, sur le rôle que joue le bureau de coordination de la société civile pris singulièrement et la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans la transformation de ces conflits et sur les limites des initiatives précédentes de transformation des conflits ayant été entreprises par différents acteurs pour faire face à ces conflits. Voilà en quelques sortes, des préoccupations sur lesquelles se fonde notre recherche, et auxquelles nous porterons notre analyse tout au long de ce processus de recherche.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand