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La géopolitique de la Russie dans la région caspienne: évolution des intérêts


par John Makombo Kibangula
Université de Lubumbashi  - Licence 2021
  

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2. C.1. L'affirmation de la mainmise russe dans la géopolitique de la mer caspienne

LA GUERRE CIVILE syrienne et la lutte contre l'organisation « Etat islamique » ont réaffirmé l'importance stratégique de la mer Caspienne. Sa position géographique et sa relative proximité du théâtre syrien ont permis à l'armée russe le lancement dès le 7 octobre 2015 de missiles de croisière. Ceux-ci désignés par l'armée russe comme missiles 3M14T d'une portée de plus de 1500 kilomètres, sont tirés vers la Syrie par la flotte russe présente en Caspienne depuis les côtes iraniennes. Parmi les cinq Etats côtiers de la Caspienne, Azerbaïdjan, Iran, Turkménistan, Kazakhstan et Russie, cette dernière possède l'arsenal marin le plus important.142(*)

Mais l'intérêt géopolitique des frappes russes en Syrie dépasse le constat de la concrétisation de l'alliance stratégique entre Moscou et Téhéran. Celle-ci est analysée et se comprend à travers les intérêts géopolitiques respectifs en Syrie.

Considérons successivement comment le contexte politique et légal du statut de la mer Caspienne ouvre le champ de la question et permet d'interpréter le rapport de force à l'oeuvre.

Cet accord, qui cristallise une situation de fait, peut être lu comme l'affirmation du leadership russe en Caspienne.143(*)

L'avantage russe est aussi militaire. En effet, bien que le communiqué final du dernier sommet de la Caspienne réaffirme l'exclusivité accordée aux cinq Etats côtiers dans la poursuite d'activités militaires, Moscou, notamment par la force de ses frappes balistiques tirées depuis la Caspienne en Syrie, fait état de sa puissance.

Concernant la Syrie, la flotte russe est surtout symbolique, d'autant plus que l'utilisation depuis août 2016 de la base iranienne de Hamadân située au nord-ouest pourrait marquer la fin de ces frappes : plus efficace en termes de stratégie militaire et moins dispendieuses. Notons toutefois qu'au moment où les avions russes décollaient du nord-ouest iranien, la flotte russe en Caspienne s'est livrée à des exercices dans la partie sud-ouest de la mer.144(*)

Deux enseignements ressortent des tirs en Caspienne et de l'autorisation sans précédent depuis l'instauration de la République islamique donnée pour l'utilisation d'une de ses bases par une puissance étrangère.

Tout d'abord, ceci prouve la supériorité navale russe en mer Caspienne. La course aux armements, évoquée par plusieurs auteurs comme « militarisation de la Caspienne », n'en est pas vraiment une. Si tous sont engagés dans des programmes de coopération militaires, les Etats côtiers hors Russie ne disposent que de matériels légers, destinés principalement aux interventions d'urgence, à la lutte contre le terrorisme ou la préservation des ressources marines. Les efforts iraniens, à l'image du déploiement en 2013 d'un destroyer Jamaran-2 et la mise en service prochaine en Caspienne d'un sous-marin de classe Fateh, d'un tonnage relativement faible (600t), ne bouleversent pas cet équilibre.145(*)

En second lieu, ces évolutions marquent un déplacement du centre de gravité de la capacité militaire russe vers le sud. Ce Sud, continuité d'un axe géopolitique historiquement stratégique pour la Russie, c'est-à-dire les axes fluviaux Volga-Don-Dniepr, qui ont permis aux guerriers Varègues de s'installer dans les régions russes, allant des mers Noire et Caspienne jusqu'à la Baltique, nécessite une attention militaire146(*). De par le conflit syrien, mais aussi depuis le retrait des troupes de la coalition d'Afghanistan, suivi de déclarations et d'actions en direction de l'Afghanistan - par exemple à travers l'arrivée de nouvelles troupes russes au Tadjikistan ou la création d'une force d'intervention commune des pays de la Communauté des Etats Indépendants (CEI). D'autres questions plus transversales expliquent l'intérêt russe, comme la progression du salafisme en Asie centrale, différents trafics - des opiacés par exemple - ou les migrations.147(*)

* 142Isabelle Mandraud,  La Russie dit avoir « testé » 200 armes en Syrie, sans faire de victimes civilesLe Monde 4 octobre 2018.

* 143 Comment Poutine est revenu au centre du jeu diplomatique, article sur le site  lemonde.fr, daté du 1er octobre 2015.

* 144 Alexeï Pouchkov : les frappes russes en Syrie devraient durer "trois ou quatre mois", article sur le site  europe1.fr, daté du 2 octobre 2015.

* 145 Vincent Doix , « Strategie de la mer caspienne : le dernier avatar de la main,ise russe », consulté sur Dploweb.com le 7 juillet 2021 à 16h 45min

* 146Arnaud Delalande, « Force aérienne russe : Quel engagement en Syrie ? »,  Défense et Sécurité internationale, no 121,ý janvier-février 2015, p. 29.

* 147 Serge Jodra « Les marées », consulté sur Cosmovisions.com le 8 juillet 2021 à 19h 20min

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