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Libéralisation financière et croissance économique au cameroun


par Christian BELKE NDONEMO
Université de Ngaoundere - Master recherche  2017
  

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CHAPITRE 2 : LIBERALISATION FINANCIERE ET CROISSANCE ECONOMIQUE : REVUE DE LA LITTERATURE

INTRODUCTION

Apres les développements émulant des auteurs comme Bagehot (1873) et Schumpeter (1911) sur l'importance du secteur financier pour le développement économique, la théorie keynésienne, au cours de la seconde moitié du 20e siècle, a développé une théorie économique qui réserve peu de place à la finance, et la mise en oeuvre de politiques inflationnistes incompatibles avec le développement financier. Il aura fallu attendre le retour en grâce de la théorie néoclassique dans les années 70 pour voir émerger une nouvelle conception de la finance dans le processus de croissance économique et de développement. C'est dans ce contexte que Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973) estiment que le développement financier est indispensable à la croissance économique, et que la faible croissance économique des pays sous-développés serait due à leur faible niveau de développement financier. Par conséquent, ils préconisent la libéralisation financière comme solution à la faible croissance économique et par ce même biais au sous-développement. Ces exposés théoriques, après avoir reçu un écho favorable auprès des organisations internationales (FMI et Banque Mondiale), furent donc expérimentés dans de nombreux pays en développement. Les résultats furent mitigés, et déjà dans certains pays le sous-développement économique et financier laissait place à l'instabilité économique et aux crises financières (Mexique, Argentine...). Le titre de l'article deDiaz-Alejandro «Good-Bye Financial Repression, Hello Financial Crash» (1985) caricature ironiquement bien cette situation. Face à ces échecs des politiques de libéralisation financière, de nombreux courants de la littérature ont élaboré dans les années 80, une analyse critique de la thèse de Mc Kinnon et Shaw.

Dans ce chapitre, nous passons en revue et de façon détaillée les fondements et controverses théoriques autour de la libéralisation financière (section 1), et nous analysons dans les différents travaux empiriques sur la relation entre la libéralisation financière et la croissance économique (section 2).

SECTION 1 : FONDEMENTS ET CONTROVERSES THEORIQUES DE LA LIBERALISATION FINANCIERE

La libéralisation financière trouve ses fondements dans les idées de Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973) pour qui le retard économique des pays sous-développés est dû à la répression financière. Ils vont ainsi préconiser la libéralisation des systèmes financiers afin d'atteindre une croissance rapide, stable et durable. Cette section consiste à exposer les arguments des pionniers de la libéralisation financière (I), les canaux d'action de la libéralisation financière sur la croissance économique (II), et les critiques adressées à l'encontre des idées de Mc Kinnon/Shaw (III).

I- Les auteurs pionniers de la libéralisation financière et leur prolongement

Tout d'abord nous mettons en exergue le rôle du système financier dans la croissance économique, avant d'aborder les arguments fondateurs de la libéralisation financière.

A- L'importance du secteur financier pour l'économie réelle

Avant toute chose, le rôle des intermédiaires financiers, dans l'hypothèse d'une économie primitive, se justifie par la résolution du problème de la double coïncidence né des échanges réalisés par le troc. En absence d'intermédiaire financier, il faudrait que le prêteur rencontre le demandeur de crédit qui puisse être d'accord pour emprunter le montant proposé par le prêteur, au taux d'intérêt et pour la durée qu'il souhaite ; ce qui n'est pas évident. Les intermédiaires financiers par contre permettent de régler ce problème, en collectant et en centralisant l'épargne des agents excédentaires et en octroyant des crédits aux agents déficitaires.

Le premier rôle dévolu au système financier se situe donc dans l'allocation optimale des ressources. Le système financier permet la collecte de l'épargne et son bon usage. Un système financier fonctionnant efficacement draine les ressources disponibles vers les projets les plus rentables, susceptibles d'accroître la productivité et, par conséquent, la croissance économique.

Ainsi Bagehot (1873) explique que le succès du développement britannique est dû à la supériorité de son marché financier de par la facilité relative à mobiliser l'épargne pour financer les investissements à long terme. La mise en place des technologies en Angleterre auraient été facilité par les opportunités d'accès au financement des entreprises. Le sous-développement économique serait donc lié à l'impossible mobilisation des ressources, caractéristique d'un système financier atrophié ou quasi inexistant. Schumpeter (1911) renchérit que le développement financier stimule la croissance économique à travers l'allocation efficace des ressources. Les banques jouent un rôle important dans le développement de l'innovation technologique en finançant les projets à forte chance de succès. Il met plus l'accent sur l'octroi de crédit et non sur la mobilisation de l'épargne. La banque assure le financement de l'entrepreneur innovateur par création monétaire sans s'assurer de l'existence d'une demande face à l'offre d'une part, et sans pouvoir évaluer le risque lié à l'activité d'innovation de l'entrepreneur. Dans ce même ordre d'idées, pour De la Fuente et Martin (1996), les intermédiaires financiers émergent de manière endogène. Ils offrent une meilleure assurance aux firmes et les incitent à prendre le risque en recherche-développement. Les intermédiaires financiers favorisant l'innovation, une corrélation positive apparaît entre le développement financier et la croissance économique.

En outre le système financier permet de collecter, d'analyser et de transmettre l'information à moindre coût ; il élimine le risque de liquidation prématurée d'actifs productifs permettant l'accumulation du capital physique et du capital humain sources de croissance économique. Les intermédiaires financiers permettent une diversification du risque et rendent plus attractive la spécialisation des investissements, facilitant ainsi l'accroissement de la productivité marginale du capital. Ce que confirment King et Levine (1993 b), pour qui les intermédiaires financiers évaluent les projets d'investissement, mobilisent l'épargne et financent les activités innovantes à forte productivité en diversifiant les risques. Les intermédiaires financiers efficaces accroissent la probabilité de succès de l'innovation et accélèrent la croissance économique. A l'inverse, les distorsions subies par le système financier réduisent le taux d'innovation et par conséquent la croissance économique. Bencivenga et Smith (1991) montrent que grâce à la loi du grand nombre, les intermédiaires financiers (les banques) ont la capacité de mettre en commun les risques de liquidité des épargnants et d'investir une part plus importante de leurs fonds dans des projets illiquides, mais plus productifs. Les banques éliminent ainsi le risque de liquidation prématurée d'actifs productifs par le désir d'un agent isolé de disposer de sa liquidité. Les intermédiaires financiers stimulent ainsi la croissance. Berthelemy et Varoudakis (1995) promeuvent le développement du système financier en précisant l'interaction et même l'interdépendance entre le secteur réel et le secteur financier. Pour eux, les effets croisés (des secteurs financier et réel) permettent l'éventuelle existence d'équilibres multiples. Au-dessus d'un certain seuil, le développement financier s'accompagne d'une croissance élevée qui, en retour, est favorable au système financier. Alors qu'au-dessous du seuil critique, le secteur financier aura tendance à se contracter et, le processus de croissance sera bloqué avec pour conséquence une atrophie du système financier. Cette atrophie, en retour, ralentit la croissance.

En bref, le système financier permet le fonctionnement de l'économie réelle puisqu'il finance : les investissements des entreprises (formation de capital, achat de machines, construction de bâtiments industriels et tertiaires) ou d'achats des entreprises (matières premières, fournitures informatiques...) ; la construction d'infrastructures (de communication, de fourniture d'énergie...) ; la consommation et l'achat, notamment d'immobilier, à crédit pour les particuliers ; les décalages de trésoreries entre les dépenses et les achats pour les entreprises comme pour les particuliers; la protection contre des risques de variation de prix (taux de change, taux d'intérêt, prix de matières premières...) par le biais d'outils financiers plus sophistiqués.

L'importance du système financier dans l'économie réelle va connaitre une nouvelle impulsion dans les années 70, avec les développements marquants de Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973) qui vont, chacun de son côté, s'insurger contre la répression financière en cours dans beaucoup de pays, et expliquer l'importance des banques dans la croissance économique. Ils vont de ce fait fortement préconiser la libéralisation financière.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery