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Impact des subventions à l'exportation des produits agricoles sur la croissance economique des pays en voie de développement: Cas du Niger

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par Fatchima MAHAMAN
Université Abdou Moumouni de Niamey-Niger - Maitrise 2006
  

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Chapitre deuxième : Les caractéristiques de l'agriculture africaine en général et nigérienne en particulier par rapport au commerce international

Introduction

L'Afrique de l'ouest demeure une région profondément agricole, en dépit de la baisse du volume de certaines productions pour lesquelles la région avait occupé une place de choix sur l'échiquier mondial jusqu'à la fin des années 1960 (arachide, café, cacao, huile de palme par exemple). Cependant le constat général qui se dégage est celui d'un secteur peu performant, en panne d'innovation et surtout incapable de s'adopter aux mutations de l'économie mondiale et de l'environnement international.

2.1 L'importance de l'agriculture dans les économies sous développées (cas de l'Afrique de l'ouest

L'agriculture ouest africaine est une composante majeure de l'économie régionale : un produit de 30 milliards de dollars soit une contribution de plus d'un tiers au produit brut régional, avec 65% des actifs, constitue un facteur essentiel de la stabilité sociale. A l'exception de la Côte d'Ivoire et du Sénégal, la transformation industrielle des matières premières demeure modeste.

L'Afrique de l'ouest totalise une surface cultivée de 55 millions d'ha pour une surface cultivable de 235 millions d'ha. De même, moins de 10% des surfaces irrigables est effectivement irrigué aujourd'hui. A ce jour, l'augmentation de la production agricole régionale résulte globalement de l'accroissement des surfaces cultivées et non d'une croissance de la productivité. Cette tendance devrait se poursuivre.

Tableau 1 : Produit brut régional (84 millions de dollars)

secteur

agriculture

industrie

services

% du PIB

35%

28%

37%

2.1.1 L'agriculture secteur moteur des économies sous développés

En dépit du recul sensible qu'elle a connu ces dernières années, l'agriculture ouest africaine continue d'avoir un poids essentiel dans le tissu économique et social des différents Etats. Le secteur emploie la majorité des actifs ouest africains (60 à 70%). En effet, la proportion rurale (dont l'immense majorité travaille dans le secteur agricole) reste encore importante dans l'ensemble des Etats, avec toutefois de grandes disparités d'un pays à l'autre allant selon le PNUD-RDH 2000 de 41,7% au Cap vert (pays le plus urbanisé) à 82,6% au Burkina Faso. Une bonne partie des populations des villes moyennes continuent de travailler dans le secteur agricole, transformant les périphéries urbaines en des véritables zones de production. Il s'agit là d'une fonction essentielle qui prend une importance significative en cette période de rareté de l'emploi et de pauvreté généralisée. Mais l'agriculture éprouve de plus en plus de difficultés à contenir cette population en nette croissance, et cette situation a tendance à renforcer les migrations intérieures et extérieures. Le secteur agricole a été le principal réceptacle des migrations internationales et continue d'être une des causes des mouvements de population dans la sous région (colonisation agricole). En même temps qu'il constitue l'une des causes de la mobilité de la main d'oeuvre dans la sous région, le secteur agricole apparaît également comme un des facteurs de restructuration de l'espace.

La contribution du secteur agricole à la formation du PIB est partout supérieure à 10%. Elle varie selon le PNUD de 17,4% au Sénégal à 62,4% en Guinée Bissau. Même dans des pays comme le Nigeria qui constitue le premier producteur africain de pétrole, l'agriculture garde une place très importante dans la formation de la richesse national(37,7% en 1999), même si elle ne contribue qu'à concurrence de 1% aux recettes d'exportations de ce pays. Ailleurs, l'agriculture est la principale source de richesse des Etats notamment en devises étrangères. En effet les exportations des produits agricoles participent pour plus de 50% à la formation des recettes d'exportation de la majorité des Etats (exceptions faites du Nigeria et du Cap vert). En Guinée Bissau, les exportations de noix de cajou participent pour 95% aux recettes d'exportation. Au Bénin et au Mali, le coton fournit certaines années respectivement 80% et 70% des recettes d'exportations officielles. Le secteur agricole est ainsi la principale source de devises extérieures de la plupart des Etats de la sous région.

Le secteur agricole a donné naissance dans certains pays à une industrie agro-alimentaire dynamique et de rayonnement régional (au Nigeria, en Côte d'ivoire et dans une certaine mesure au Ghana) ou à un tissu industriel constitué pour l'essentiel d'unités de transformation. Il est donc le moteur du développement de nombreux pays.

Au total, le secteur agricole constitue le poumon de l'économie des pays ouest africains. Il a permis la mise en place d'une économie agro exportatrice dans laquelle la sous région s'est spécialisée au point d'occuper la première place dans la production et l'exportation de certaines cultures. Cette position constitue cependant une des faiblesses majeures de l'économie ouest africaine qui repose sur des secteurs très sensibles à la conjoncture du marché international (volatilité des prix des matières premières, forte propension à la substitution des produits), installant l'agriculture dans un cercle vicieux qui ne favorise pas sa contribution décisive au développement économique et social de la région.

Tableau 2 : Poids du secteur agricole dans l'économie des Etats de L'Afrique de l'Ouest en 1999

 

Population rurale %population totale

PIB agricole en % du PIB total

Bénin

59,3

38,6

Burkina

82,6

33,3

Côte d'Ivoire

54,1

26,0

Guinée Conakry

69,1

22,4

Guinée Bissau

78

62,4

Mali

71,3

46,9

Niger

81,4

41,4

Nigeria

58,2

31,7

Libéria

ND

ND

Gambie

69,9

27,4

Cap-vert

41,7

12,2

Ghana

53,7

36

Togo

67,8

42,1

Sénégal

54,3

17,4

Sierra Léone

64,7

44,2

Source : PNUD, rapport mondial sur le développement humain 2000

2.1.2 Contribution à la croissance économique dans la zone UEMOA

A l'instar des économies des pays sous-développés de la zone UEMOA, le Niger a une économie essentiellement agricole car l'agriculture répond aux besoins de première nécessité. Elle constitue le secteur moteur de l'économie pour la plupart de ces pays puisqu'elle contribue à une part importante dans le PIB et représente le premier secteur générateur de revenu pour la population et pour l'Etat.

Au Mali par exemple, elle contribue pour 45% à la formation du PIB, emploie 80% de la population et procure à l'Etat 75% des recettes d'exportation. La faiblesse des échanges à l'échelle mondiale du Mali (0,02% des importations et moins de 0,01% des exportations globales) contraste avec leur évolution et la modification de la structure de ses exportations. Le déficit commercial de l'année 2001 s'élève à 134,4 millions FCFA contre 204,4 pour 2000. Les perspectives de croissance pour 2002 au sein de l'UEMOA, évaluées à 4,4% ne favoriseront pas le développement du commerce intracommunautaire, à l'exception des hydrocarbures. Seul le renforcement de politique de diversification des produits agricoles et leur transformation locale contribueront à terme à diminuer les importations de céréales et de produits alimentaires et à améliorer les recettes d'exportation et réduire le déficit commercial.

Au Bénin, le secteur emploie environ 55% de la population active et contribue pour 36% de la structure du PIB. Principalement au travers de la filière coton, il participe à hauteur de 15% aux recettes de l'Etat en lui procurant 88% de ses recettes d'exportation. Le commerce extérieur du Bénin est en expansion constante depuis 1990 en terme de valeur des échanges (à l'exception de l'année 2000).

L'année 2002 se caractérise par une tendance à la hausse des exportations, stimulée par une bonne campagne coton (2001/2002) et la poursuite de la croissance des importations, la balance commerciale restant structurellement déficitaire. En 2002, les échanges du Bénin se sont élevés à 1,08 milliards d'Euro, soit une poursuite dans les mêmes proportions de l'augmentation de 11% constatée en 2001. La balance commerciale s'aggrave mais les dégâts sont limités grâce à une augmentation de 25% des exportations, stimulées par une excellente campagne cotonnière et de bons niveaux de production de karité et de cajou en 2001/02.

En outre, en 1997, la part du secteur primaire dans le PIB de Guinée Bissau (53%) s'est accrue en valeur courante, par rapport à 1986 (49%) au détriment du secteur secondaire qui participe pour environ 15% à la constitution du PIB. L'économie agricole occupe plus de 80% de la population active, le riz constituant la principale culture vivrière. L'agriculture commerciale représente 20% du PIB et plus de 90% des recettes d'exportation. La diversification de l'économie dans le secteur primaire reste encore limitée mais est amorcée. Le décollage récent de la production cotonnière (4500 tonnes de coton graine en 1997/1998) devrait se confirmer au cours des prochaines années mais ses effets sur le PIB ou sur la balance commerciale (5% en prévision 1998, environ 10% à terme de 3ans) resteront faible.

Les résultats du secteur primaire sont déterminants dans l'évolution de l'économie burkinabé : les années de forte croissance correspondent toutes à des années de récoltes céréalières abondantes liées à des conditions pluviométriques favorables ; le secteur cotonnier qui connaît un développement important depuis une dizaine d'années contribuent également à ses résultats. Le secteur agricole contribue pour près de 40% au PIB, assure 80% des exportations totales et emploie environ 86% de la population active. Les perspectives offertes par la filière cotonnière sont prometteuses compte tenu de l'importance des débouchés internationaux et des possibilités de transformation de l'industrie textile.

Le secteur représente environ 39% du PIB au Niger. Après deux années de déclaration, l'activité économique a été caractérisée en 2001 par une forte augmentation du PIB dont le taux de croissance passe de -0,2% en 2000 à 5,9% en 2001. Les principaux déterminants de cette croissance sont d'une part les résultats de la campagne agricole (en terme d'offre) et d'autre part la consommation des ménages et l'investissement (en terme de demande).

Le secteur primaire est tiré par la branche agricole dont la valeur ajoutée a augmenté de 15,6% en 2001 (-4,6% en 2000). La production céréalière estimée à 3,1 milliards de tonnes en 2000 est en grande partie à l'origine de cette croissance.

S'agissant des échanges extérieurs, les importations des biens et services se sont accrues de 4,4% en volume alors que les exportations ont chuté de 4,2%.

Globalement, les contributions à la croissance du PIB de la consommation finale, de l'investissement et des échanges extérieurs ont été respectivement de 5,4%, 0,9% et -0,4%. Sous l'effet de la production nationale, le taux d'épargne intérieur est passé de 3,4% en 2000 à 8,5% en 2001.

Au Niger, l'agriculture est au centre de la croissance économique et de la réduction de la pauvreté. Le secteur agricole représente environ 39% du PIB, 20% des exportations et quelque 85% des emplois. Au cours des trois dernières décennies (1966-1999), la performance agricole nigérienne a été faible et le taux de croissance s'élevait à 0,9% en moyenne par an et en terme réel. Cette situation a provoqué une baisse de 2% par an du taux agricole du PIB/hbt. La pauvreté est toujours aussi répandue dans les zones rurales où vivent 80% des 9,6 millions d'habitants peuplant le Niger. Globalement dans la zone UEMOA la contribution du secteur agricole au PIB est partout significative. Ce qui dénote l'importance de ce secteur dans les économies ouest africaines.

2.1.3 L'agriculture problème et perspectives pour un développement

2.1.3.1 Problème de l'agriculture ouest africaine

L'analyse des indicateurs de performance montre que les activités agricoles sont encore loin d'enregistrer les mêmes succès que ceux des pays développés. L'agriculture ouest africaine se caractérise par la faible productivité des actifs. La valeur ajoutée par travailleur agricole a été en moyenne de 350 dollars des Etats-Unis au cours de la période 1996-1998 (FAO 2000). Elle varie cependant d'un pays à un autre. La valeur ajoutée par travailleur est de 1074 dollars des Etats-Unis pour la Côte d'Ivoire, pays le plus performant (avant la crise) alors qu'elle se chiffre à 195 et 161 respectivement pour le Niger et le Burkina Faso.

Les rendements agricoles sont extrêmement bas dans l'ensemble. Ceux du maïs par exemple sont dix fois plus faibles que ceux obtenus dans les pays développés du Nord. Ceux du mil et du sorgho frôlent à peine la barre des 700 kilogrammes par hectare. Les rendements de l'igname, tubercule dont l'Afrique de l'ouest occupe la première place pour le volume de la production mondiale, ne sont guère meilleurs. Ils varient entre dix et quinze tonnes à l'hectare selon les variétés, pour un potentiel de productivité deux fois supérieur.

Les pertes post-récoltes demeurent encore très élevées. La très faible performance des systèmes de stockage, de transformation et de conservation se traduit par des pertes post récoltes particulièrement élevées pour certaines cultures. Pour les céréales, elles atteignent 30% pour les systèmes de production traditionnels qui caractérise encore plus de 70% des exploitations agricoles de la sous région. Elles dépassent le chiffre de 50% pour certaines spéculations comme la tomate et les fruits. Il en résulte une faible croissance du secteur dont le taux se situe globalement autour de 2%, impulsé essentiellement par certaines productions destinées au marché international, comme le coton, le café et le cacao. Ce taux de croissance est nettement en dessous de celui du croît naturel de la population qui se situe aux environs de 3%. Il est également largement en dessous du seuil de 7 à 8% du taux de croissance du PIB prescrit par la banque Africaine de développement pour espérer une réduction sensible de la pauvreté.

S'il est généralement admis que cette faible performance est tributaire des carences politiques et institutionnelles des Etats, il ne faut pas perdre de vue le rôle déterminant que jouent de nombreux autres facteurs tels ceux liés aux contraintes écologiques et foncières, au faible recours aux innovations technologiques et aux effets des conflits politiques et de l'environnement international. L'agriculture ouest africaine est encore très fortement dépendante des conditions climatiques. L'irrégularité, la baisse des précipitations, le déplacement des isohyètes du nord vers le sud ont accru la vulnérabilité des activités agricoles qui pour l'essentiel sont calquées sur le rythme des saisons. La maîtrise des conditions naturelles est faible, moins de 10% des surfaces cultivées sont irriguées en dépit des énormes potentialités de la région. La fragilité des sols et la baisse continue de leur fertilité  justifient largement le fait que l'accroissement de la production soit obtenu en grande partie par l'extension des superficies emblavées. La durabilité de l'activité agricole se trouve ainsi compromise par le rythme de déforestation qui prend des proportions parfois inquiétantes dans certains pays.

L'introduction et le recours à certains moyens modernes de production (attelage, tracteurs) demeurent encore peu répandus et leur développement est souvent lié à la présence des cultures de rente. L'accès aux moyens modernes de production est rendu difficile par leur coût élevé et ceci dans un contexte d'insuffisance et d'inadéquation du marché des intrants et des crédits. Cependant au delà de toutes autres considérations, la faiblesse des innovations technologiques dans l'agriculture ouest africaine résulte principalement d'un manque criant de volonté politique et d'incohérence des politiques de développement des Etats. En effet, les politiques scientifiques et technologiques mises en oeuvre par les Etats incluent rarement des stratégies consacrées aux innovations technologiques, confinant l'agriculture dans un archaïsme qui perdure à ce jour ; les reformes structurelles lancées ces dernières années ont implicitement réduit les conditions d'accès aux innovations pour les petites exploitations non formellement tournées vers les cultures de rente. Même si les agriculteurs de la nouvelle génération sont de mieux en mieux instruits, le niveau actuel de leur transformation ne les dispense pas de conseil agricole que l'Etat arrive difficilement à dispenser.

La faible performance du secteur agricole ouest africaine peut également être attribuée aux multiples conflits politiques latents ou ouverts qui minent la sous région. S'ils n'ont pas encore pris l'ampleur des guerres d'Afrique centrale ou de la région des grands lacs., il n'en demeure pas moins que les conflits passés ou en cours en Afrique de L'ouest sont sources d'importants déplacements de population et des graves dysfonctionnements dans le secteur agricole. Non seulement leur financement distrait les ressources additionnelles nécessaires au développement agricole mais ces zones de conflit deviennent aussi des régions à risque alimentaire.

Au total l'agriculture ouest africaine souffre encore de graves insuffisances qui l'empêchent d'atteindre un niveau de performance comparable à ceux d'autres régions du monde. Elle est confrontée à un défi majeur que les politiques mises en oeuvre ont peine à intégrer dans leur stratégie : celui de concilier les mutations en cours avec les exigences de l'environnement international.

2.1.3.2 Perspectives pour un développement durable

Le secteur agricole ouest africain est en quête de stratégies pouvant lui impulser une nouvelle dynamique. Les signes d'essoufflement de la stratégie agro-exportatrice sont perceptibles comme en témoigne la situation chaotique dans laquelle se trouve le marché de coton. En effet l'Afrique de l'ouest qui ne participe qu'à concurrence de 0,4% au commerce mondial perd constamment des parts de marché, liées en grande partie à la perte de compétitivité de

ses produits agricoles. De là découle la nécessité de déployer une meilleure insertion dans l'économie régionale.

Quatre axes stratégiques nous apparaissent indispensables à mettre en place pour relancer le secteur agricole, pour l'adapter aux exigences du marché régional ou international et à l'évolution des questions environnementales et foncières. Ces stratégies doivent également tendre à préserver les acquis de l'agriculture paysanne. Le premier axe stratégique doit concourir à la mise en oeuvre d'un ensemble de mesures visant à minimiser les risques naturels, écologiques et les dysfonctionnements induits par les problèmes fonciers. Le second axe est lié à la diversification des exportations, ce qui implique deux aspects : la diversification des produits agricoles et leur transformation. Le troisième axe stratégique a trait au renforcement des capacités des acteurs dans la perspective d'accroissement de leur professionnalisme. Enfin la question du financement, qui constitue un des goulots d'étranglement du secteur agricole, peut constituer un axe stratégique à prospecter.

2.2 Les principales cultures africaines et nigériennes en particulier

L'agriculture ouest africaine est composée de deux sortes de cultures. Les cultures vivrières et les cultures commerciales. Même dans les cultures commerciales, il y a une partie exportée et l'autre partie consommée localement.

2.2.1 Les cultures vivrières

Les cultures vivrières sont dominées par des productions céréalières dont entre autres : le mil, le sorgho, le mais, le riz, le fonio etc....

Au cours des dernières années, le Burkina a pu dégager un excédent céréalier ; toutefois celui-ci connaît d'importantes fluctuations : après la récolte record 2003-04, un repli a été observé lors de la campagne 2004-2005. La dernière campagne (2005-2006) a de nouveau été excellente sans toutefois atteindre les niveaux un moment envisagé.

Tableau 3 : Evolution de la production céréalière au Burkina Faso (en milliers de tonnes)

 

2003-2004

2004-2005

2005-2006

mil

1184,3

937,6

1196,3

sorgho

1610,3

1399,3

1552,9

mais

733,5

505,6

799,6

Riz paddy

95,5

74,5

93,5

fonio

8,7

9,1

7,8

ensemble

3632,3

2926,1

3649,5

Au Mali, la production céréalière totale pour la campagne 2004-2005 est estimée à 2,84 millions de tonnes. Elle est en baisse de 16,4% par rapport à la campagne exceptionnelle 2003-2004, elle est néanmoins en augmentation de 0,5% par rapport à la moyenne des 5 dernières années et devrait encore augmenter pour la campagne 2005-2006. Pour ce pays la production céréalière est principalement destinée à l'autoconsommation et n'est commercialisée qu'a hauteur de 20%.

Au Bénin en revanche, les céréales sont largement dominées par le maïs qui représente 80% de la production céréalière et occupe 755000 hectares avec un taux de croissance très dynamique. Il nourrit 80% de la population méridionale. Le sorgho vient ensuite avec 14% (il occupe 206000 ha), puis le riz pour lequel le Bénin est déficitaire (50000 tonnes de brisures de riz sont importées chaque année de Thaïlande), le petit mil et le fonio. L'essentiel de la production céréalière est essentiellement tournée vers la consommation locale, avec une exception notoire pour le maïs, en tête des céréales pour l'approvisionnement des grandes villes du sud et depuis quelques années fait figure de culture d'exportation vers les marchés régionaux.

Le mil et le sorgho sont les cultures vivrières de base au Niger, 90% des terres cultivées leur sont consacrées. Le Niger est d'ailleurs le premier producteur en Afrique noire francophone. La production, de l'ordre de 1millions de tonnes de mil sur 2millions ha et 300000 t de sorgho sur 500000 ha peut varier de 10 à 15% d'une année à l'autre en fonction de la pluviométrie. Le mil et le sorgho sont essentiellement autoconsommés. Seule une faible part de la récolte est commercialisée. Le riz est cultivé le long du fleuve Niger et la Komadougou. Sa production qui était de 39000t/an entre 1966 et 26600t en 1977. La production du riz paddy s'est considérablement accrue (81000t en 1987-88) grâce à la politique hydro agricole, mais a de nouveau chuté au début des années 90 (40000t). Le manioc est la 4e culture vivrière, son rendement est de 8690/ha. La production agricole en 2004 a été sévèrement affectée par l'invasion acridienne et la sécheresse dans les régions nord du Niger, causant une perte totale de la production céréalière estimée à 26% en moyenne dans les régions affectées et 7% à l'échelle nationale compte tenu du poids de ces régions dans la production céréalière totale. Les pertes de production sont dues pour 2/3 à la sécheresse et pour un tiers aux criquets pèlerins.

Les résultats des autres régions sont presque similaires dans la sous région ouest africaine. La différence provenant des années de bonne ou de mauvaise pluviométrie 

Tableau 4 : Evolution de la production céréalière (en tonnes) au Niger

 

1999

2000

2001

2002

2003

2004

mil

2289686

1678631

2358741

2570401

2744908

2354260

sorgho

475956

370746

663609

669709

757556

686722

niébé

420084

262657

509469

654232

549035

364757

maïs

15284

3920

2325

16900

2216

4822

riz

61989

60458

76400

79949

56980

15099

Source : DCV- ministère du développement agricole

2.2.2 Les cultures commerciales

Le coton constitue la principale culture commerciale dans la plupart des pays de la sous région. C'est le pilier de l'économie burkinabé. Au niveau national, la commercialisation du coton graine constitue le principal revenu monétaire du monde rural. Il est également le premier produit d'exportation du Burkina générant 50 à 60% des entrées de devises du pays. Les perspectives offertes par la production cotonnière sont prometteuse compte tenu de l'importance des débouchés internationaux et des possibilités de transformation de l'industrie textile. La production de fibre est exportée à hauteur de 97% vers les marchés suivants :

- Asie du sud-est (Inde, Thaïlande, Indonésie, Vietnam, Taiwan) : 66%

- Europe : (Allemagne, Italie, Portugal, Suisse) : 21%

- Amérique latine (Colombie, Venezuela) : 2%

- Marché intérieur : 3%

50 à 55% de la production mondiale proviennent de pays où la production est directement subventionnée (USA, Grèce, Brésil, Espagne, Egypte, Chine, Turquie, Mexique) faussant complètement le jeu du marché cotonnier et les ajustements entre l'offre et la demande par les prix. Au Niger, le coton est la 2e culture commerciale. Sa production a démarré sur une plus forte échelle après 1960 quand la compagnie française pour le développement des fibres textiles a été chargée d'en développer la culture. La production sert à approvisionner l'usine SONITEXTIL de Niamey. Cette culture a connu une régression notable depuis 1980. La filière constitue la base de l'économie rurale et agro-industrielle au Bénin. Sa contribution, en terme de valeur ajoutée, est estimée à 13% du PIB. Elle représente entre 70 et 80% de la valeur totale des exportations et 35% des rentrées fiscales (hors douane).

Le Togo produit aussi et exporte le coton. C'est le 2e produit d'exportation du pays. Ainsi le cours moyen du coton enregistre au début 2004 une hausse de 27% par rapport au premier trimestre 2003.

Au Mali, le coton occupe la première place dans les revenus des producteurs.

L'arachide constitue aussi une culture commerciale. Elle est la principale culture commerciale au Niger. Le pays est le 3e producteur d'Afrique occidentale.

Au Niger, les cultures pour les quelles il existe un surplus significatif sont le niébé et l'oignon avec des surplus exportables de plus de 10000t pouvant atteindre près de 600000t en 1998 et dans une moindre mesure le sésame, le souchet et l'ail avec des produits orientés vers l'exportation variant entre 5000 et 10000t par année. La tomate et le chou représentent également des potentiels d'exportation mais la période de production est très réduite. D'autres productions comme le henné » peuvent aussi constituer un potentiel assez important dans la promotion des exportations. La filière oléagineuse détient un fort potentiel de développement au Burkina. Le secteur participe aujourd'hui à hauteur de 10% dans les exportations globales du pays après le coton et l'élevage.

Tableau 5 : Principales productions en milliers de tonnes au Burkina Faso

Produit

2003

2004

2005

Arachide coque

358,1

245,3

331,2

Noix de cajou

3,0

3,0

ND

karité

110,8

116,8

122,1

Graines de sésame

29

29

ND

Niébé

491,8

304,2

534,2

Igname

35,5

89,7

90,10

Patate douce

28,5

40,9

51,5

Manioc

6,6

6,9

7,3

Pour le karité, la production nette demandée est passée de 64300t en 1995

à 122100t en 2005 avec un potentiel estimé à 600000t induisant 200000t de beurre. La Suède est le principal importateur.

Deux tiers des ménages agricoles produisent de l'arachide ou du sésame qui se trouvent souvent couplés dans la même exploitation. Les autorités burkinabés estiment la croissance de la production du sésame à 15% dans les années à venir et 7% pour l'arachide. L'exportation de sésame rapporte deux milliards de Fcfa par an à l'économie burkinabé. L'arachide et le karité contribuent quant à eux à hauteur de 4,3 milliards de FCFA

Tableau 6 : Evolution des productions des principales cultures de rente au Niger (1995 à 2004) en tonnes

 

Souchet

Sésame

Ail

Arachide

1995

763

867

 

ND

1996

2545

28925

 

ND

1997

5

2821

4049

ND

1998

6589

5448

9781

ND

1999

2373

7421

5190

103760

2000

1205

14073

6869

113216

2001

1782

9437

5582

82006

2002

19442

9864

2400

153729

2003

26312

5709

5964

209369

2004

20453

4890

5201

168225

Source : SSA/DCV/MDA

Au Bénin trois filières semblent particulièrement intéressantes pour l'avenir :

- L'anarcade (noix de cajou) : progression annuelle des exportations de 45% en moyenne. Expédiées en Inde pour y être traitées et conditionnées, leur exploitation locale offrirait de fortes opportunités pour le marché européen ;

- Le palmier à huile : relancée depuis les années 90, l'objectif serait d'assurer une production annuelle suffisante pour se substituer aux importations. Pour mémoire, le Bénin était le premier producteur d'huile de palme d'Afrique francophone jusqu'au années 60 ;

- L'amande de karité : la demande du nord est en progression et constitue un débouché non négligeable.

En Côte d'Ivoire, le cacao, l'hévéa et le palmier à huile sont des filières prometteuses pour le pays. Le caoutchouc naturel constitue en valeur l'un des tous premiers postes d'exportation de l'agriculture industrielle du pays. En 2004, les exportations ivoiriennes se sont chiffrées à près de 88 milliards de FCFA-137 millions d'Euro soit un peu plus de 7% des exportations de l'agriculture industrielle. Cette même année, 80% de ces exportations étaient destinées aux pays de l'union européenne.

Pour le cacao, la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial devant le Ghana, avec 40% de la production mondiale. Ce secteur représente 10% du PIB. Première source de devises du pays, les exportations de cacao fibres et de cacao transformé représentaient près de 45% des recettes d'exportation du pays en 2003, soit près de 2,1 milliards d'Euro. Toutefois, seul 25% du cacao est aujourd'hui transformé localement. Quant à l'huile de palme, le secteur se place au quatrième rang des exportations de produits de l'agro alimentaire après le cacao transformé, les conserves de thon et le café. Les exportations d'huile de palme totalisent en 2003 6% seulement des exportations totales des produits de l'agro alimentaire et 1% seulement des exportations totales du pays, pour un volume de 78000t, principalement à destination de la sous région.

2.2.3 Les autres cultures

Les autres cultures sont les fruits et légumes pour lesquels, le Sénégal pourrait confirmer sa position d'exportateur significatif. La filière fruits et légumes contribue à la croissance économique du pays mais également à l'investissement et la création d'emploi. La filière constitue un secteur important dans l'économie agricole, la production globale étant estimée à 863000t en 2005.

2.3 La structure commerciale des produits agricoles de la zone UEMOA

Comme la plupart des pays de l'UEMOA, la balance commerciale du Niger a été constamment déficitaire sur la période 1991-1998, mais l'évolution de ce déficit ne dégage pas un trend précis. Son niveau, élevé en 1994 indique que, contrairement à la plupart des pays de l'UEMOA, le Niger n'a pas su tirer pleinement profit de l'opportunité offerte par la dévaluation du FCFA. Le taux de couverture dont le niveau était relativement satisfait en début de période se dégrade fortement à partir de 1995.

2.3.1 La structure et l'évolution des importations des produits agricoles

Le volume des importations du Niger en 2001 représente 227 milliards de FCFA contre 195,5 milliards de FCFA en 2000, soit une augmentation de 16%.

Les importations de la Côte d'Ivoire ont également augmenté leur part en passant de 18,5% à 29,2% en 2000 et 28% au 1er semestre 2001.

Les importations maliennes atteignent 725 milliards de FCFA, elles reprennent le rythme soutenu (20%) qu'elles avaient connu en 1998.

Les importations togolaises en valeur CAF au 1er semestre 2004 se chiffrent à 66,5 milliards de FCFA, soit une baisse de 0,8% par rapport à la période précédente.

2.3.2 La structure et l'évolution des exportations des produits agricoles

Le commerce extérieur nigérien déjà déficitaire en 2000, continue sa progression en 2001, avec un taux de croissance négatif de 75%.

Les exportations enregistrent une baisse de 16% entre 2000 et 2001 (105,5 milliards de FCFA soit 160 millions Euro) en 2001 contre 126,3 milliards de FCFA (soit 192 millions d'Euro) en 200à. En revanche, la balance commerciale de la Côte d'Ivoire est structurellement excédentaire, ce qui est exceptionnel en Afrique. Le commerce extérieur joue traditionnellement un rôle fondamental avec des exportations représentant en moyenne 40% du PIB et un degré d'ouverture de l'économie supérieur à 30%. La dévaluation du FCFA et la reprise des cours des produits agricoles d'exportations de la Côte d'Ivoire ont améliorer la compétitivité des produits ivoiriens et ont eu une influence très positive sur le commerce extérieur du pays jusqu'en 1998. Pour le Mali, le déficit commerciale de l'année 2001 s'élève à 183,4 milliards de FCFA contre 204,4 pour 2000.

Au premier trimestre 2004, les exportations togolaises en valeur enregistrent une croissance de 3,6% par rapport au premier semestre 2003 en s'établissant à 56,7milliards de FCFA en 2001.

Quant aux exportations béninoises, elles se sont élevées à 255 millions d'Euro.

2.3.3 Les partenaires commerciaux de la zone

L'UE est le principal partenaire des pays de l'UEMOA et particulièrement la France. Ce pays contribue pour 14,7% et 48% respectivement des exportations de la Cote d'Ivoire et du Niger. Les meilleurs clients du Bénin sont les fabricants de textile fortement importateurs de coton égrené : l'Inde (44 millions d'Euro), l'Indonésie (26 millions d'Euro), la Chine (17 millions d'Euro), le Pakistan (14 millions d'Euro) et la Thaïlande (14 millions d'Euro). La France participe à hauteur de 7,5 millions d'Euro et demeure un des tous premiers investisseurs du pays. Les exportations vers les pays africains ne représentent qu'une part marginale dans le commerce extérieur du Bénin, 14 millions d'Euro pour le Ghana, 5 millions d'Euro pour le Niger.

Pour le Mali, l'Italie et la Suisse seraient ses deux premiers et principaux clients et l'UEMOA représenterait environ 20% des expéditions de marchandises. La Côte d'Ivoire entretient des relations privilégiées avec l'UE avec 43,5% des exportations totales au premier semestre 2001 (soit une baisse de 1,6% par rapport à l'année 2000 et 42,6% des importations (33% au premier semestre 2000). La France est le premier client de la Cote d'Ivoire avec 14,7% des exportations du pays et est le deuxième fournisseur du pays après le Nigeria avec 20,3% des importations totales en 2000 et 21,6% au premier semestre 2001.

Les pays membres de l'UEMOA sont les premiers clients du Togo. Au premier trimestre 2004, les exportations du Togo en direction des Etats de l'UEMOA se chiffrent à 27,9% des exportations togolaises au premier trimestre 2004.

Parmi les clients du Togo, on citera la Chine, le Ghana, Taiwan et la France.

Les 5 principaux partenaires du Niger à l'exportation sont :

- La France (48% avec 54 milliards de FCFA) ;

- Le Nigeria (40% avec 42 milliards de FCFA) ;

- La Grande Bretagne (2,1% avec 2milliards de FCFA) ;

- La Côte d'Ivoire (1,2% avec 1,3 milliards de FCFA) ;

- Le Ghana (1,1% avec 1,1 milliards de FCFA)

2.4 L'évaluation de la compétitivité du secteur agricole nigérien 

La compétitivité prix de l'agriculture nigérienne a été mesurée essentiellement à travers le taux de change réel spécifique au secteur. Cet indicateur a été calculé de manière à évaluer la compétitivité du Niger vis-à-vis du Nigeria, pays vers lequel les opérateurs nigériens exportent une grande partie de leurs produits agro-pastoraux.

2.4.1 L'évolution de la compétitivité du secteur agricole : la compétitivité de l'agriculture nigérienne vis-à-vis du Nigeria : le taux de change réel

Le Nigeria est le principal partenaire du Niger au niveau de la sous région. Une part considérable des échanges entre les deux pays passe par des circuits informels et porte essentiellement sur les produits agro-pastoraux. C'est la raison pour laquelle la compétitivité prix entre ces deux pays a été mesurée au travers d'un taux de change réel bilatéral qui prenne comme référence le taux de change parallèle CFA Naira plutôt que le taux officiel.

De 1990 à 1993, le niveau du taux de change réel ainsi calculé indique que la concurrence semble avoir joué en faveur du Nigeria (Cf. graphique 4). La compétitivité prix des produits du Niger s'est dégradée de 22 points de pourcentage au cours de la période et cette situation est en partie imputable à l'appréciation du FCFA par rapport à la Naira (Cf. graphique 3). En effet, la valeur du FCFA par rapport à la Naira a augmenté d'environ 240% en trois ans sur le marché parallèle. (Cf. tableau 7)

Cette forte appréciation du FCFA a largement compensé les effets favorables, sur la compétitivité des produits nigériens, de la hausse des prix des produits agricoles au Nigeria (157%). Si bien que lorsqu'on ramène les prix du Nigeria en FCFA en les combinant avec le taux de change, ceux-ci baissent de 24,5% au cours de la période, contre - 3,3% pour les prix observés au Niger (Cf. tableau 7). Il s'en est suivi une dégradation de la compétitivité du secteur agricole entre 1990 et 1993.

Tableau 7 : Progression des composantes des taux de change réels Niger-Nigeria

 

1990-1993

1993-2000

1994-1998

1999-2000

Déflateur agricole Niger

-3,3%

65,8%

17,2%

4,5%

Deflateur agricole Nigeria-Naira

156,7%

287,7%

158,8%

0,5%

Taux de change parallèle du FCFA_Naira

239,9%

35,9%

45,2%

-2,8%

Déflateur agricole Nigeria_FCFA

-24,5%

185,4%

78,3%

3,3%

Taux de change réel_ Niger_Nigeria

-21,9%

72,1%

52,1%

-1,1%

Source : calculs des auteurs à partir des données de la BCEAO et de la banque mondiale

2. 4.2 Performance extérieure du secteur agricole nigérien : évaluation ex-post

L'évolution des indicateurs calculés permet de tirer les principales conclusions ci-après :

- malgré les résultats obtenus en terme de compétitivité prix, tout au moins entre 1994 et 1998, le graphique 2 ci-après montre clairement que les importations nigériennes en produits agricoles ont suivi une tendance à la hausse tandis que les exportations sont restées relativement stables au cours de la période post-dévaluation.

Graphique 2 : Importations et exportations agricoles totales

- Par conséquent, la balance commerciale du secteur agricole est demeurée structurellement déficitaire entre 1990 et 2003, ce qui traduit un véritable problème de compétitivité pour le secteur. Malgré un impact favorable, observé entre 1994 et 1996, la dévaluation de 1994 n'a pas permis de renverser définitivement la tendance à la dégradation du déficit commercial (Cf. graphique 6). Du reste, l'indicateur de contribution de l'agriculture au solde commercial de l'économie nigérienne a été, pratiquement chaque année, négatif au cours de la période considérée. Rapporté au total des échanges globaux ( exportations + importations), le niveau de cet indicateur est passé en moyenne de - 26,9% en 1990-93 à - 6,9% en 1994-96 puis à - 47,38% en 1997-2003 ( Cf. tableau 8). Cette évolution met en évidence le rôle joué par le secteur agricole dans l'explication de la faible performance extérieure globale de l'économie nigérienne. Ainsi, les opérateurs du secteur n'ont pas su tirer profit de la hausse des prix des produits étrangers résultant de la dévaluation et donc de la compétitivité prix qui en résulte (Cf. graphique 3 et 4), pour réussir une véritable promotion des exportations et la substitution des importations des produits agricoles.

Tableau 8 : secteur agricole global

 

1990-1993

1994-1996

1997-2000 2001-2003

Balance commerciale (en milliards de FCFA)

-15,26

15,66

-37,69 -55,54

Taux d'exportation (%)

Part de marché à l'exportation (%)

Par/Monde

Par/Afrique

6,60

0,02

0,51

15,66

0,02

0,59

11,28 8,39

0,02 0,01

0,46 0,45

Avantage comparatif révélé à l'exportation

Par/Monde

Par Afrique

Coefficient de spécialisation de Balassa

Indice des exportations nettes de Balassa (%)

231,36

475,13

-0,33

-6,36

523,28

337,91

-0,24

-2,81

496,86 564,83

305,10 382,41

-0,31 -0,38

-9,70 -10,34

Taux de pénétration des importateurs (%)

12

18

19 17

Taux de couverture des importations par les exportations (%)

51,04

74,75

54,76 45,16

Taux de structure des importations

Par/Monde

Par/Afrique

332,89

191,88

461,43

241,45

557,87 555,18

268,98 249,65

Indicateur global de spécialisation (IGS)

Par/Monde

Par/Afrique

-101,53

283,25

61,84

96,45

-61,41 9,66

36,13 132,77

Indicateur de contribution au solde (CSX) en % des échanges

-26,93

-6,96

-39,26 -58,20

Indicateur de contribution au solde/PIB (0/00)

-26 ?34

-9,27

-44,64 -57,02

Source : calcul des auteurs à partir des données de la FAO

Une raison possible de cette contre performance extérieure du secteur agricole nigérien pourrait provenir des contraintes climatiques qui pèsent sur sa capacité de production.

a) La faible performance en matière de substitution aux importations se reflète dans l`évolution du taux de pénétration des importations. Ce taux est passé d'une moyenne de 12% en 1990-93 à entre 1994 et 2003 (Cf. tableau 8)

Ainsi la dévaluation de 1994 ne semble pas avoir permis au Niger de réduire sa dépendance en matière d'importations de produits alimentaires. Au delà du fait que la dépréciation du taux de change effectif réel consécutive à la dévaluation du FCFA n'a duré que très peu de temps, cette situation peut également trouver une explication dans les contraintes qui pèsent sur la capacité de production agricole du Niger. Le coefficient de spécialisation de Balassa est resté, sur l'ensemble de la période étudiée très proche de la borne de -0,33 correspondant au cas où un pays présente un désavantage comparatif sur un produit donné (Cf. tableau 8). Ce résultat ne semble pas conforter l'idée reçue selon laquelle le Niger serait un pays spécialisé dans la production agricole.

b) Pourtant, au cours de la période étudiée, le niveau de l'indicateur d'avantage comparatif révélé est nettement supérieur à la norme de 100 qui traduit l'existence d'un avantage comparatif dans l'exportation d'un produit donné. En outre la dévaluation a été suivie par une amélioration de l'avantage comparatif du Niger vis-à-vis du reste du monde. Toutefois, on n'observe pas la même performance par rapport aux pays africains et l'avantage comparatif ayant baissé par rapport aux pays africains en passant d'une moyenne de 475 avant la dévaluation (1990-93) à environ 338 entre 1994 et 2003 (Cf. tableau 8). Néanmoins, l'indicateur de part de marché des produits agricoles nigériens est resté globalement très faible (inférieur à 1% même lorsqu'on prend comme référence les pays en voie de développement).

Au total, l'évolution des indicateurs quantitatifs révèle que la balance commerciale du secteur agricole, tous produits confondus, a été déficitaire au cours de la période étudiée, ce qui reflète un problème global de compétitivité de l'économie. La dévaluation de 1994 ne semble pas avoir eu d'effet perceptible sur la performance extérieure de l'agriculture nigérienne prise dans sa globalité.

Toutefois, on peut dire que le Niger présente un avantage comparatif dans l'exportation des produits agricoles. L'analyse des indicateurs de spécialisation (qui tiennent compte aussi de la performance en terme de substitution à l'importation) révèle que cet avantage n'est pas exploité. Une des raisons possibles pourrait provenir des multiples contraintes qui pèsent sur la capacité de production, l'agriculture étant un secteur fortement sujet aux aléas climatiques qui caractérisent l'économie nigérienne.

Il convient cependant de rappeler que ces résultats concernent le secteur agricole dans son ensemble. Une analyse relativement plus fine permettra de voir dans quelle mesure une conclusion aussi générale s'applique aux principales filières agro pastorales.

Graphique 3: taux de change nominal parallèle du FCFA/ Naira et déflateur agricole du Nigeria

Graphique 4 : compétitivité des produits agricoles vis-à-vis du Nigeria

Graphique 5 : composantes du taux de change réel pour le secteur agricole

Graphique6 : Evolution de la balance commerciale agricole du Niger

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