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La presse quotidienne nationale européenne peut-elle tirer profit du Web 2.0 ?

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par Marc LEIBA
Institut des hautes études en communications sociales de Bruxelles - DESS de Journalisme Européen 2007
  

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2.1.2. Justifications théoriques et empiriques

Des raisonnements, cette fois économiques, tentent d'appréhender la gratuité à l'oeuvre sur le réseau. Tout d'abord, nous l'avons déjà dit, comme sur Internet le coût de reproduction d'une information est quasi-nul, alors « les théories néoclassiques qui préconisent une tarification au coût marginal se prononceraient donc logiquement pour la gratuité de l'offre de presse sur Internet vis-à-vis du consommateur final » (ATTIAS, 2006). Mais ce n'est pas tout, des économistes contemporains du développement de l'économie numérique ont également pu analyser le phénomène. Ainsi en 2001, Daniel Cohen publiait-il une tribune dans le quotidien Le Monde, intitulée « la propriété intellectuelle, c'est le vol » (Le Monde, 08/04/2001). S'il reconnaît que l'achat d'un bien entraîne automatiquement une propriété exclusive d'une personne sur la chose acquise, il explique que le même raisonnement n'est pas applicable pour la propriété intellectuelle. « Lorsque une idée a été trouvée, rien ne fait obstacle à son usage par tous, sinon la propriété elle-même. Alors que la propriété tout court rend possible l'appropriation d'un objet, le droit de propriété intellectuelle la restreint. » Et d'ajouter « un film comme une chanson ou une formule chimique, ne demande qu'à circuler librement une fois qu'il a été fabriqué ». Pour justifier la gratuité, Daniel Cohen invoque dans ce texte deux arguments. Premièrement, le fait que le nombre d'utilisateurs d'une idée, film ou chanson n'empêche pas la consommation ultérieure par d'autres utilisateurs de la même « chose ». A contrario, un bien classique est détruit ou s'use du fait de sa consommation ou de son utilisation. Deuxièmement, la libre circulation d'un film ou d'une chanson allonge son utilisation ce qui diversifie et augmente les revenus qui en sont issus. Daniel Cohen parle d'un « nouvel équilibre économique, plus proche de sa (le produit) nature originelle ».

De son côté, Olivier Bomsel étudie le phénomène de gratuité à l'oeuvre dans le déploiement de l'économie numérique. Ainsi écrit-il que « le numérique est un Cheval de Troie. Il pénètre et se diffuse d'abord comme un bienfait. Puis déploie rapidement ses effets de réseau. » (BOMSEL, 2007, 11). Il rappelle qu'un effet de réseau se produit lorsque sur un marché, l'utilité d'un consommateur s'améliore avec la consommation du bien ou du service par d'autres consommateurs. Théoriquement, le quotidien payant qui accueille de la publicité dans ses colonnes est sur un marché à « deux versants » qui produit des effets de réseau. Plus il compte de lecteurs, plus il attire des annonceurs et plus il attire des annonceurs, plus il peut diminuer le prix d'un exemplaire et attirer de nouveaux lecteurs. On objectera que ce cercle vertueux ne prend pas en compte la tolérance du lecteur face à la publicité ni la réaction d'un non lecteur face à la variation du prix de vente d'un titre. Sur Internet, comme il est difficile de facturer l'information généraliste au lecteur, « les firmes peuvent mettre en oeuvre des stratégies dites de « marché à deux versants » où l'accès au client gratuit ou largement subventionné est revendu à d'autres clients, payants », en l'occurrence les annonceurs (BOMSEL, 2007, 89). La presse en ligne s'inspirerait donc du modèle économique des chaînes de télévision hertziennes et des stations de radio, à savoir que pour en bénéficier, il faut s'équiper d'un poste voire s'acquitter d'une redevance, mais non payer en fonction de sa consommation.

Enfin, notons le constat d'impuissance économique dressé par Denis Olivennes. Il déplore « le culte de la gratuité » qui « démonétise les oeuvres et (...) dévalorise ceux qui les créent et les produisent » (OLIVENNES, 2007, p.11). Il se désole de ce qu'une même oeuvre artistique, même format, même qualité, puisse être disponible sur des plates-formes de téléchargement légales et payantes, mais aussi illégalement en libre accès via des réseaux d'échanges de fichiers de pair à pair, organisés par exemple par Kazaa ou eMule.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus