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Les échanges transfrontaliers entre la ville de Rosso Sénégal et la Mauritanie: Organisation et impacts

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par M. Souleymane DIALLO
Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal) - DEA de Géographie 2004
  

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b) La vallée lieu d'affrontement de la caravane et de la caravelle

Le 18ème siècle sera sous le signe de relations conflictuelles entre les communautés maures (berbères) et noires dans la région sud de la mauritanie. Le Walo très affaiblit est obligé d'opérer le transfert de sa capitale de la rive gauche à la rive droite. En même temps les dépendants, serviteurs et affranchis exploitaient les terres de la partie Nord de la vallée au profit de leurs maîtres : les tributs guerrières des maures blancs. Le 18ème siècle est aussi très important en cela qu'il voit le fleuve devenir un axe majeur de la pénétration européenne. La vallée devient le lieu où vont s'affronter la « caravane » et la « caravelle ». Simultanément se développent des escales fluviales qui, à la longue, sont devenues des villes qui s'échelonnent aujourd'hui le long du fleuve comme : Rosso, Richard Toll, Dagana, Matam, Podor pour ne citer que ceux là. Saint-Louis qui était plus en aval jouait un rôle de commandement qui dépendait beaucoup des axes de circulation que sont le fleuve et la plaine alluviale.

A la fin du 19ème siècle, la plaine riveraine de la rive droite était sous le contrôle des émirats du Brakna et du Trazza. Les maures menaient des activités de plus en plus manifestes aux points de traite et leur « emprise intéressait les gommerais du sud mauritanien et du nord Sénégal ». L'influence des maures est aussi perceptible à travers la religion et les activités commerciales qui se déroulent dans les différents royaumes du Sénégal à l'époque. L'intervention des colons français et la conquête du Nord du Sénégal vont mettre un terme à cette situation chaotique. Une ère nouvelle s'annonçait: la colonisation.

c) la pénétration européenne ou l'ère de la colonisation

« La conquête coloniale a donné un coup d'arrêt à un siècle de crises internes et d'instabilité politique et d'affrontement entre les populations négro-africaines et les maures pour le contrôle des terres en rive gauche»30(*). Le Sénégal et la Mauritanie sont devenus des territoires conquis et font partie de l'empire colonial français. Ces deux territoires sont désormais séparés par des limites administratives définies par le gouvernement colonial. Au niveau des zones riveraines on assiste à de profondes mutations et des relations de toutes natures prospèrent entre les deux rives du fleuve. Ces dernières peuvent être lues comme étant les signes d'un brassage admis et encouragé par l'autorité coloniale.

La colonie de la Mauritanie aura Saint-Louis comme capitale d'où elle sera administrée. Il en sera ainsi jusqu' à son accession à la souveraineté internationale en 1960. Que la capitale de la colonie fût Saint-Louis, c'est sans doute là une explication de la présence de nombreux sénégalais dan le corps de l'administration mauritanienne. Ces fonctionnaires étaient surtout des saint-louisiens ou étaient des ressortissants des autres localités de la vallée31(*). Aux lendemains de la conquête déjà, le sud mauritanien est investi par les ressortissants sénégalais dont la présence sera renforcée.

Les échecs répétés de l'administration coloniale dans son projet de colonisation agricole dans le Walo ainsi que le développement amorcé dans le bassin arachidier sénégalais ont détourné les actions des colonisateurs vers l'intérieur du pays. La production marchande et le commerce sont de plus en plus polarisés par la capitale (Dakar). On assiste ainsi au dépérissement progressif du trafic fluvial. Saint-Louis dont le rôle a été d'approvisionner la colonie de la Mauritanie et des villes intérieurs dans la vallée ne joue plus qu'un rôle secondaire même pour ce qui concerne les villes du Delta qui lui sont géographiquement plus proches. La Mauritanie, région désertique, n'intéressait pas. Elle se retrouve presque délaissée et même marginalisée. Elle s'est tournée vers sa capitale administrative et vers les escales du fleuve Sénégal dont les économies ne sont pas mieux loties ; elles sont soit au ralenti ou tout à fait stagnantes.

La période de la colonisation est aussi marquée par l'implantation des communautés maures au Sénégal. «Elles investissent le petit commerce dans les villes et les villages du Sénégal »32(*).On peu aussi remarquer l'essor des affinités religieuses sénégalo-mauritaniennes grâce à la filiation maraboutique « khadres », « mourides », «  tijanes »33(*) etc.

Les deux colonies du Sénégal et de la Mauritanie, étaient aussi reliées par une intense activité de transport. BONARDEL. R. fait dans son ouvrage référence l'existence d'une activité aérienne entre les deux territoires et du dynamisme dont ces activités se prévalaient. Selon elle, elles assuraient le transport de passagers et surtout assuraient les approvisionnements urgents dans les villes intérieures mauritaniennes qui disposaient de pistes d'aviations à l'époque.

Un bref aperçu sur cette analyse montre ce que SAM. K. avait constaté « les échanges entre les deux rives du Sénégal datent bien avant l'installation des frontières issues du jeu colonial »34(*). Dans le même sillage, DIOP. M .C et DIOUF. M., cités par SAM K. (1996-1997) affirment que « les populations de la plaines riveraine du fleuve n'ont jamais pensé et vécu le fleuve comme une barrière. »35(*) Pour les deux auteurs la colonisation a même favorisé une fragmentation de l'espace constitué par le bassin du fleuve Sénégal par des délimitations frontalières superficielles qui constituent un obstacle à l'intégration.

* 30 LERICOLLAIS André. Idem

* 31 BONARDEL Régine, 1992:« Saint Louis du Sénégal : mort ou renaissance », Paris, l' Harmattan,

* 32Régine BONARDEL, 1992, idem

* 33 Confréries religieuses que l'on retrouve aussi bien au Sénégal qu'en Mauritanie.

* 34 Khadissatou SAM, 1996-1997, «  Situation et intégration socioéconomique au Sénégal : le cas des du département de Matam », Mémoire de maîtrise, section de sociologie UGB Saint-Louis,

* 35 SAM cite ici l'ouvrage de ces deux auteurs intitulé : « Le Sénégal sous Abdou Diouf ».

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