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Le lien entre la tentative de suicide et la perte d'objet chez l'hystérique

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par Clélia Venturini
Université Paul Valéry Montpellier 3 - Master I psychologie clinique 2005
  

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Chapitre II : approche théorique.

1 L'hystérie.

1.1. Historique.

Le terme « hystérie » dérive du mot grec « Hustera », qui désigne l'utérus.

Les premiers textes parlant de l'hystérie proviennent de textes médicaux de l'Egypte ancienne qui sont regroupé dans le « Papyrus Kahun »1(*)datant environ de 1900avJ.C. Cette pathologie fut d'emblée placée sous le signe de la migration de l'utérus à travers le corps. Sur les trente quatre prescriptions pour les maladies de la femme douze textes décrivaient des manifestations polymorphes associées à un conflit inconscient s'exprimant par des symptômes corporels. Hippocrate reprit ces théories pour souligner le fait que c'était une maladie spécifique aux femmes qui étaient privées de relations sexuelles.

« Si la suffocation se présente subitement, c'est surtout chez celles qui n'ont pas de rapports sexuels avec les hommes, et les femmes d'un certain âge plutôt que chez les jeunes. »2(*)

Au IIième siècle, Galien considère la cause des symptômes hystériques comme n'étant pas la migration de l'utérus mais une maladie organique utérine en relation avec la rétention séminale féminine due à l'abstinence sexuelle3(*).

Au Moyen-âge et à la Renaissance, St Augustin distingue les maladies mentales des possessions. Il fait une liaison entre plaisir sexuel et péché. Il intègre alors l'hystérie dans la catégorie des possessions démoniaques avec une restriction qui est que cet état est strictement féminin. Ces femmes « possédées » sont alors torturées, jugées comme sorcières et condamnées à périr par le feu.4(*)

Au XVIIième siècle, la conception de l'hystérie évolue : l'origine « cérébrale » de l'affection et son existence dans les deux sexes est affirmée. Sydenham Thomas (1624-1698) tente de donner à cette affection une description clinique qui touche autant les femmes que les hommes et qui se manifeste au niveau du corps en particulier lors des moments de tristesse et de passion intense. Le rôle des émotions et les traits particuliers des hystériques entre les crises sont détaillés comme le don d'ubiquité et le caractère caméléon de l'hystérie.

« Cette maladie est un protée qui prend une infinité de formes différentes : c'est un caméléon qui varie sans fin ses couleurs [...] ses symptômes ne sont pas seulement en très grand nombre et très variés, ils ont encore cela de particulier entre toutes les maladies, qu'ils ne suivent aucune règle, ni aucun type uniforme, et ne sont qu'un assemblage confus et irrégulier : de là vient qu'il est difficile de donner l'histoire de l'affection hystérique. » 5(*)

Au XIXième siècle, Briquet affirme que l'hystérie est considérée comme une atteinte organique du cerveau au niveau de l'encéphale. Ainsi les patients, particulièrement réceptifs, sont atteints d'émotions violentes.

« [...] et pour moi, l'hystérie est un névrose de l'encéphale, dont les phénomènes apparents consistent principalement dans la perturbation des actes vitaux qui servent à la manifestation des sensations affectives et des passions. »6(*)

Son traité met l'accent sur la relation du sujet à son milieu et la dimension affective de l'affection hystérique. De plus le rappel et la réplique de l'événement traumatique joue un rôle prépondérant dans sa théorie.

« Il est facile de voir, en examinant les faits, que la névrose hystérique résulte ordinairement de trois ordres différents de modificateurs : les souffrances morales, les souffrances physiques et l'affaiblissement de l'organisme. »7(*)

Charcot décrit les manifestations hystériques qu'il a observées dans son service de la Salpêtrière. Lors des « leçons du mardi » il explique les phases de ce qui appelle « hysteria major ».

« L'hysteria major commence par une attaque épileptoïde qui diffère si peu de la véritable épilepsie qu'on a dénommé la maladie hystéro-epiletique bien qu'elle n'ai rien de commun avec l'épilepsie. La phase épileptoïde se subdivise en période tonique puis en période clonique [...] Vous arrivez enfin à une troisième phase, tout à coup vous voyez la malade qui regarde une image fictive : c'est une hallucination qui varie selon les circonstances »8(*)

Il utilise l'hypnose comme moyen d'investigation.

« Le grand hypnotisme : c'est l'hypnotisme des hystériques. »9(*)

Les élèves de Charcot vont poursuivre les différentes théories qui leur furent enseignées. Ainsi, Babinski va exclure l'hystérie des champs médicaux en expliquant que ces troubles peuvent être obtenus par la suggestion et la persuasion.10(*) Dans le même temps Janet développe dans sa thèse de doctorat une interprétation psychologique de cette maladie en termes de « rétrécissement de la conscience » et par « abaissement de la tension psychologique ». Les troubles hystériques sont alors l'effet des idées subconscientes et la crise doit être perçue comme une reproduction d'une idée ou d'une action ancienne.11(*)

Breuer découvre la catharsis et l'abréaction sous hypnose avec Anna O en 1880. Cette façon de procéder sera reprise puis modulée par Freud. Il propose ainsi un mode thérapeutique à certaines hystériques et inclue à nouveau cette affection au centre des maladies psychiques.

« A notre très grande surprise, nous découvrîmes, en effet, que chacun des symptômes hystériques disparaissaient immédiatement et sans retour quand on réussissaient à mettre en pleine lumière le souvenir de l'incident déclenchant, à éveiller l'affect lié à ce dernier et quand, ensuite, le malade décrivait ce qui lui était arrivé de façon fort détaillé et en donnant à son émotion une expression verbale. »12(*)

Suite à la rencontre de plusieurs de ses confrères dont Charcot et Breuer, Freud travaillera sur les névroses et particulièrement sur l'hystérie. Elle a un rôle actif dans la « découverte de la psychanalyse ». Freud affinera sa théorie et sa pratique tout au long de sa carrière au contact de ses patientes. Pour lui, l'étiologie des symptômes hystériques est dans l'inconscient et du côté du sexuel. Il y a une fixation au niveau du stade génital.

« S'il m'était permis de compléter par une construction toutes les connaissances certaines que nous avons acquises jusqu'ici concernant l'hystérie, je décrirai la situation de façon suivante : la réunion des tendances partielles sous le primat des organes génitaux est accomplie, mais les conséquences qui en découlent se heurtent à la résistance du système préconscient lié à la conscience. L'organisation génitale se rattache donc à l'inconscient, mais n'est pas admis par le préconscient, d'où résulte un tableau qui présente certaines ressemblances avec l'état antérieur au primat des organes génitaux, mais qui est en réalité toutes autres choses. »13(*)

Freud distingue et décrit deux névroses hystériques qui sont l'hystérie de conversion et l'hystérie d'angoisse qui sera plus tard rebaptisée phobie.14(*)

Lacan investit le discours de l'hystérique comme un des quatre discours fondamentaux (du maître, de l'universitaire, de l'hystérique et de l'analyste) et il souligne la question du désir et la question d'être femme.15(*)

En 1980, Le terme de l'hystérie et réduit aux troubles de conversion, aux troubles dissociatifs et à la personnalité histrionique par le DSM-III. Cette affection disparaît du DSM-IV parce que le concept est jugé peu opératoire pour une classification syndromique et trop psychopathologique.

Les manifestations de conversion se distinguent des traits de personnalité par l'intensité des crises émotionnelles et la diversité des effets somatiques.16(*)

Aujourd'hui les signes cliniques de la maladie ont changé, ils sont beaucoup plus discrets et moins spectaculaires. Les crises comme le décrit Charcot pour ses patientes de la Salpêtrière ne se rencontrent plus beaucoup dans notre culture. Par contre la conception sur l'hystérie, que Freud a développée, reste inchangée. 17(*)

Nasio la formule ainsi:

« L'hystérique, comme tout sujet névrosé, est celui qui, à son insu, impose dans le lien affectif à l'autre la logique malade de son fantasme inconscient. »18(*)

La notion d'hystérie a évolué tout au long de l'histoire. Longtemps considéré comme une maladie utérine puis neurologique, elle est intégrée dans les maladies psychiques en intégrant les névroses freudiennes. Cependant la névrose hystérique est difficile à enfermer dans une définition décisive, parce que comme le disait Lasègue (1878) :

« La définition de l'hystérie n'a jamais été donnée et ne le sera jamais. Les symptômes ne sont, ni assez constants, ni assez conformes, ni assez égaux en durée et en intensité pour qu'un type même descriptif puisse les comprendre toutes les variétés. »19(*)

Je me baserai sur la définition de l'hystérie de Lempérière et Féline dans la Psychiatrie de l'adulte, parce qu'elle est en adéquation avec les faits cliniques constatés :

« Une affection à manifestations polymorphes dont l'originalité réside en ce que les conflits psychiques inconscients s'y expriment symboliquement en des symptômes corporels et/ou psychiques variés, paroxystiques ou durables ».20(*)

Après cette définition psychiatrique et conventionnelle, Je m'intéresserai plus particulièrement pour cette étude à la personnalité hystérique.

* 1 PICARD R., 1999. L'hystérie dans les papyrus médicaux de l'Egypte pharaonique. perso.wanadoo.fr/psycause/022/022_egypte.htm.

* 2 PICARD R., 1999. L'hystérie dans les papyrus médicaux de l'Egypte pharaonique. perso.wanadoo.fr/psycause/022/022_egypte.htm.

* 3 RICHARD-DEVANTOY S., 2005. Lecture contemporaine de l'hystérie. Regroupement interrégional de l'ouest, D.E.S. psychiatrie. p.9.

* 4 ISRAEL L., 1976. L'hystérique, le sexe et le médecin. Paris, Masson, 2001. p.5.

* 5.TRILLAT E., 1986. « L'histoire de `hystérie » in RICHARD-DEVANTOY S., 2005. Lecture contemporaine de l'hystérie. Regroupement interrégional de l'ouest, D.E.S. psychiatrie. p.10.

* 6 BRIQUET P., 1975. Traité clinique et thérapeutique de l'hystérie. Paris, Hachette. p.3.

* 7 BRIQUET P., 1975. Traité clinique et thérapeutique de l'hystérie. Paris, Hachette. p.190.

* 8 CHARCOT J.M., 1975. Leçons du mardi à la salpêtrière : 1887-1889. Paris, Hachette. p.174.

* 9 CHARCOT J.M., 1975. Leçons du mardi à la salpêtrière : 1887-1889. Paris, Hachette. p.136.

* 10 RICHARD-DEVANTOY S., 2005. Lecture contemporaine de l'hystérie. Regroupement interrégional de l'ouest, D.E.S. psychiatrie. p.17.

* 11 RICHARD-DEVANTOY S., 2005. Lecture contemporaine de l'hystérie. Regroupement interrégional de l'ouest, D.E.S. psychiatrie. p.17.

* 12 FREUD S., BREUER J., 1956. « Le mécanisme psychique » in Etudes sur l'hystérie. Paris, P.U.F, 2002. p.4.

* 13 FREUD S., 1922. Introduction à la psychanalyse. Paris, Payot, 2001. p.416.

* 14 FREUD S., 1975. « Le petit Hans » in Cinq psychanalyses. Paris, PUF. p.176.

* 15 LACAN J., 1981. Le séminaire livre III. Paris, Seuil. pp.181-205.

* 16 PEDINIELLI J.-L., BERTAGNE P., 2002. Les névroses. Paris, Nathan université. p.23.

* 17 NASIO J.-D., 1990. L'Hystérie ou l'enfant magnifique de la psychanalyse. Paris, Rivages. p.12.

* 18 NASIO J.-D., 1990. L'Hystérie ou l'enfant magnifique de la psychanalyse. Paris, Rivages. p.19.

* 19 PEDINIELLI J.-L., BERTAGNE P., 2002. Les névroses. Paris, Nathan université. p.39.

* 20 LEMPERIERE T., FELINE A., 1977. Psychiatrie de l'adulte. Paris, Masson, 1989. p.96.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984