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Les réfugiés politiques et les demandeurs d'asile à Dijon

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par Nassiri ATTAR, Thomas ROBERT et Rémi SANTIARD
Faculté de Médecine, université de Bourgogne - D.U Action Humanitaire 2008
  

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CONCLUSION GÉNÉRALE

Finalement, au terme de cette étude sur les demandeurs d'asile français et plus spécifiquement dijonnais, il paraît évident que leur situation est bien plus complexe et périlleuse que ne le laissent entendre les discours fallacieux et réducteurs entretenus par de nombreux gouvernants actuels. L'amalgame est constamment fait entre migrants économiques, demandeurs d'asile, clandestins, personnes en attente de régularisation ou d'attribution de la nationalité française. Le débat public en devient confus, passionné, déraisonné, ce qu'à très bien souligné l'historien Gérard Noiriel, qui pour protester contre le récent « Ministère de l'Immigration et de l'Identité Nationale », n'a pas hésité à démissionné en Mai 2007 de la Cité Nationale de l'Histoire de l'Immigration. Celui-ci estimait, à juste titre que cette appellation ne pouvait que conforter des préjugés malsains, clairement négatifs et excluant en ce qui concerne « l'étranger ».

Quoi qu'il en soit, nous avons lors de nos nombreux entretiens, partagé avec les demandeurs d'asile divers « morceaux de vie », tous aussi tumultueux, différents, les uns les autres dans leur singularité et leur spécificité. Au moment où nous rédigeons ces lignes, nous venons d'apprendre qu'Hélène a obtenu en Avril la nationalité française et que Venantia et François ont depuis nos derniers entretiens acquis le statut tant attendu de réfugié.

Les témoignages que nous avons recueillis, les discussions que nous avons eues avec les divers travailleurs sociaux, médecins, fonctionnaires nous ont amenées à être directement exposés à leurs doutes et incertitudes quant au bien fondé du traitement réservé ces dernières années aux demandeurs d'asile, dont la situation psychologique, matérielle, identitaire se trouve durant un laps de temps variable et non clairement définie tout simplement en suspens. La plupart des acteurs professionnels dijonnais qui leur viennent en aide au quotidien affichent clairement leur volonté et leur satisfaction de pouvoir leur apporter une aide mais regrettent dans un même temps le désengagement financier évident, progressif de la part de l'Etat qui leur accorde chaque année de moins en moins de moyens pour les prendre en charge dignement.

Sans nier la qualité des décisions de l'OFPRA et de la CRR, ni remettre en cause le caractère infondé de certaines demandes, on peut tout de même constater que les délais raisonnables d'instruction des affaires liés aux demandeurs d'asile sont de plus en plus aléatoires.

La volonté de la France mais plus globalement de l'Europe de réduire absolument et à tout prix les
flux migratoires, se fait souvent au détriment des droits reconnus aux demandeurs d'asile par la
Convention de Genève. Ainsi, depuis 1995, la déclaration de Barcelone qui met en place le

partenariat euro-méditerranéen impose au Maroc de sous traiter la politique d'immigration européenne. Le Maroc se trouve en effet dans la dure position de devoir empêcher par tous les moyens appropriés et souvent au déni des droits de l'homme tout immigré africain, quelle que soit son origine de passer par son territoire pour se rendre en Europe. Dans les faits, cela se traduit par de mauvais traitements infligés aux nombreux migrants qui se réunissent dans des camps informels constitués notamment dans la Foret de Bel Younes, heureusement relayés de temps à autres par l'équipe de Médecins Sans Frontières. Quoi qu'il en soit, cette répression s'exerce à l'égard de tous types de migrants et dans la pratique, les autorités ne cherchent pas à savoir si une personne fuit son pays pour survivre et « pour son combat en faveur de la liberté ».

En France, la CNCDH qui s'inquiète du traitement réservé parfois aux demandeurs d'asile rappelle que tout étranger résidant sur le territoire national bénéficie d'un certain nombre de droits qui doivent impérativement être respectés en toutes circonstances, notamment ceux d'accès aux soins, à l'éducation et d'hébergement d'urgence en cas de détresse sociale.

Cette peur de tout ce qui vient de l'étranger est d'autant plus intrigante qu'un rapport de l'ONU de 2000 prévoit que l'Europe, compte tenu de son vieillissement, devrait de nouveau faire appel d'ici 2050 à entre 47,5 et 150 millions d'immigrés! Cela viserait le maintien de la population européenne et la préservation de l'équilibre de 4 à 5 actifs pour un retraité. Aussi, plus récemment, le rapport de la Commission parlementaire présenté par Jacques Attali en Janvier 2008, chargée de trouver une issue pour « libérer la croissance » prône même le recours à l'immigration: pour « faire face à un marché du travail en tension », l'immigration apparaît comme un « facteur de développement de la population » et en tant que telle comme une source de création de richesse, donc de croissance.

Sous l'effet de la mondialisation, l'immigration va d'ici quelques années s'intensifier et d'elle va dépendre le sort de nos sociétés modernes, tant du point de vue de leurs structures économiques que démographiques. Il y a de grandes chances qu'elle transforme le monde global tel que nous le connaissons aujourd'hui et le rôle qu'elle sera amenée à jouer dans le cadre du métissage des cultures, de l'intercompréhension des civilisations devrait être de plus en plus majeur. Le traitement qui est aujourd'hui réservé en France aux demandeurs d'asile, reste révélateur de la méfiance qui subsiste face à « l'autre ». Il est temps que l'Europe comprenne que nous entrons dans l'ère de la mobilité et que plutôt que réduire à tout prix et avec démesure les flux migratoires, il convient plus que tout de les réglementer justement et sans entretenir la peur.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry