Biographies des demandeurs d'asile interrogés
Cyprien
Entretien du 26 décembre 2007
Rwandais. Homme mûr, ingénieur
industriel de formation, qui a étudié en Belgique.
Il revient au Rwanda en plein génocide (1994) ne
sachant pas ce qu'il se passait alors. Il est obligé de vivre un temps
(3 mois) dans le stade de la capitale. Pour sortir du stade on l'oblige
à « prendre parti » entre la cause hutu ou la cause tutsi. Il
choisit « les vaincus », les hutus donc, qui fuient le pays. Il
traverse le centre du pays, rejoint la zone occupée par les
français de l'opération Turquoise. Puis il sort du Rwanda,
rejoint la République Démocratique du Congo qui accueille alors
un flux massif de réfugiés, dont parmi eux des militaires. Le
désordre qui y règne l'amène à continuer
jusqu'à Kigoma. Il Rejoint là des réfugiés
rwandais. A la frontière il devait présenter ses passeports il
souligne le fait qu'il est déjà « un clandestin »
puisqu'il se fait arrêter par la police locale assez souvent. Conscient
de devoir éviter les camps,il se dirige donc vers le Mozambique,toujours
dans une phase instable. Arrive au Nord du Mozambique (Pemba) il recherche une
antenne du Haut Commissariat aux Réfugiés. Mais le HCR ne se
trouve que tout au Sud, a près de 3000km de la capitale. La police le
dirige à l'Ouest vers une ONG (à Nampula) appelée HCR mais
en fait chargé du rapatriement des ressortissants mozambicains. A ce
moment il fait partie d'un groupe de quelques rwandais. Là il commence
à faire la quête pour survivre. Des missionnaires les conduisent
à la capitale. Sa motivation est de chercher « un lieu paisible
».
A la capitale le HCR est peu disponible en attendant il vit
dans le poste de police. Là ils sont libres d'entrer et de sortir afin
de se présenter régulièrement au HCR qui les reconduit
à chaque fois (2 semaines en tout).Le HCR ne regarde pas
particulièrement leur cas ou leur demande. Le HCR les achemine
finalement au camp de Masaca, utilisé par l'ONU pour le transfert des
mozambicains (camp de transit) ; là il y a beaucoup de
nationalités différentes. Il y monte un dossier sur ses origines
et sa situation. Il devient résident du Mozambique puis fait son projet
professionnel, obligé de passer par une formation afin de pouvoir
quitter le camp. Il est embauché dans une usine mozambicaine puis passe
son permis (1996). Dès lors le Mozambique accueille beaucoup de
rwandais.
Le Rwanda demande alors officiellement au Mozambique le
rapatriement de ses ressortissants. Celui-ci, en réponse à cette
demande, exige en vain des garanties de sécurité suffisantes pour
les Rwandais qu'on lui demande de rapatrier vers leur pays. Dès lors le
Rwanda tente de semer une certaine insécurité au sein de la
communauté rwandaise sur le territoire mozambicain et cela afin de
déstabiliser celle-ci. Cyprien échappe de peu à trois
tentatives de meurtre sur sa personne (2005) et se résigne alors
à fuir à nouveau. Le HCR ne pouvant le faire sortir du pays, il
se procure un faux passeport du HCR (titre de voyage) pour les
réfugiés. Il Prend l'avion pour la France et une fois
arrivé sur le territoire, se dirige au poste de police. Il prend contact
avec France Terre d'Asile qui lui parle du
115.Il vit un temps à l'hôtel puis on lui
conseille d'aller au CADA de Dijon (octobre 2006).L'OFPRA refuse son cas, faute
de preuves tangibles (il n'a pas de documents attestant sa bonne foi).Il
travaille en tant que bénévole au Resto du Coeur
et aux Paralysés de France afin de s'occuper.
Venantia
Entretien du 15 novembre 2007
Congolaise (RDC), la quarantaine, Venantia
possède une licence de psychologie et de sciences de l'éducation
obtenue en Belgique, après avoir enseignée dans son pays. De
retour en République Démocratique du Congo elle souhaite
réaliser une étude sociologique portant sur les raisons de la
motivation des professeurs en dépit de la corruption et des contraintes
économiques qui pèsent sur
cette profession (soldes non payées, faible pouvoir
d'achat).Parallèlement elle a à coeur de contribuer à
« relever » et moderniser les écoles du pays après des
années de guerres. Elle prend la direction d'une école primaire
et mène son étude au moyen d'un questionnaire qui très
vite est perçu comme subversif aux yeux des pouvoirs locaux. Elle
décide alors de continuer son enquête au travers d'entretiens
informels. Accusée de rébellion, elle est arrêtée
(2005) et subit des violences puis est transférée à Uvira,
dans une prison pour dissidents politiques où elle est
régulièrement interrogée sur son étude. Là,
elle est tenue recluse 2 mois durant, comme « oubliée », seule
et se voit pousser à la tentative de suicide. Tombée malade de la
malaria elle est transférée dans un autre camp où un
médecin local de la Croix Rouge Internationale la prend
en charge. Celui-ci, courageusement, lui permet de s'évader et l'aide
même à rejoindre un couvent de soeurs congolaises. Celles-ci
l'expatrient vers la France et lui donnent comme consigne de contacter une
ancienne exilée comme elle, sur Dijon. Arrivée en France en
décembre 2005 elle éprouve de grandes difficultés à
s'adapter aux conditions locales mais parvient à rejoindre Dijon
où elle finit par rencontrer cette personne. Elle se fait
héberger par un résident africain puis commence son dossier de
demandeur d'asile avec l'aide du SCODA. Elle alterne ensuite
logement de fortune au foyer Sadi Carnot de Dijon (au total elle y
reste 51 jours) où les conditions d'hébergement sont
déplorables et survit dans les rues. Atteinte
d'hypercholestérolémie elle est prise en charge par le
PASS des Urgences et voit un psychologue (pour sa
dépression).Elle parvient à obtenir une place au CADA
« Les Verriers » (février 2005) où elle
demeure encore aujourd'hui. Elle continue son étude sur la motivation
des professeurs en France et garde de fréquents contacts avec sa famille
et d'autres enseignants congolais, et envoie même une partie de son
salaire (son état de santé lui a permis de travailler
malgré son statut de demandeur d'asile) pour financer la construction
d'une école primaire en RDC. Militante politique elle reste
engagée auprès de la DRAFA (Association
"Développement de réseaux associatifs entre la France et
l'Afrique") et a pu bénéficier d'une formation pour
être aide soignante auprès des personnes âgées.
Hélène
Entretien du 11 janvier 2008
Géorgienne d'origine allemande par son
père, et russe par sa mère. Elle parle russe, allemand et
géorgien. Elle vit dans son pays natal, la Géorgie, ou elle
obtient son bac et fait ses études à la faculté. Elle
travaille ensuite 32 ans en tant que professeur avant d'arriver en France. Sa
condition est délicate car ses origines russes et allemandes en
Géorgie, la font passer pour étrangère. En effet, la
répression russe dans les régions caucasiennes, engendre un
sentiment de haine vis-à-vis de ces derniers. Cette répression
fait suite au démembrement des pays satellites et à la tentative
russe de les récupérer par tous les moyens possibles.
Hélène prend donc un visa pour la France, de façon tout
à fait officiel. C'est à l'âge de 60 ans qu'elle arrive en
France. D'origine allemande, elle voulait obtenir son statut de
réfugiée en Allemagne, mais comme son visa est français
elle ne le pouvait pas (agrément Dublin).
En France, elle vit pendant 2 mois dans un foyer type Sadi
Carnot. Puis à Colmar, elle fait sa demande d'asile, et obtient par la
Croix Rouge, un studio. Ensuite, elle passe 3 mois dans un autre foyer, avant
que son dossier ne soit transféré à Dijon, au CADA. Elle
loge pendant 2 ans au CADA, avant d'obtenir son statut de
réfugiée. Aussi le CPH lui permet alors d'avoir un F3 à
Quetigny depuis 5 ans. Elle garde beaucoup de contact avec les membres de la
Croix Rouge. Elle n'est pas trop isolée, prend quelques cours de
français mais a un peu de mal à progresser. Elle garde contact et
réseau via un jardin loué à Quetigny, elle y plante des
fruits et des légumes. Elle a un regard moins craintif sur la police
française en comparaison à celle de son pays d'origine. Son
regard sur la société française reste dans son ensemble
positif. Son fils, qui a suivi le même parcours qu'elle, a finit ses
études ; passant des stages dans la sécurité, il y
travaille 2 ans, puis devient français. Il s'est marié, exerce le
métier de chasseur alpin à Bourg St Moritz. Hélène
aurait voulu que son mari soit venu vivre avec elle en France mais celui-ci ne
peut pas envisager un tel cas de figure. Elle continue néanmoins de
garder bien entendu le contact avec lui. Notre
interlocutrice se rend compte que la relation entre la Russie et
la Géorgie s'avère toujours difficile. Elle attend toujours sa
nationalité et a certaines difficultés à se projeter dans
l'avenir.
Dico
Entretien du 16 janvier 2008
Arménien. Il est né en 1977, va
à l'école jusqu'en 1992, puis se trouve obligé de fuir
lorsque la guerre civile éclate. Il fuit alors en Russie avec sa
famille. Là-bas, son père loue une maison et vit de la vente au
marché de produits alimentaires. Tout les 6 mois, ils doivent se rendre
à la « préfecture » pour obtenir une autorisation de
séjour (papier uniquement pour les adultes) à Krasnodar. En 1999,
la préfecture ne donne plus d'autorisation de séjour. La
répression russe est très forte. Suite à la guerre en
Tchétchénie, il y règne une haine des caucasiens. Dico,
grâce à l'aide financière de son père, parvient
à quitter le pays. Il utilise pour cela un passeur, qu'il paie 10000 $.
Dico et sa famille arrivent de ce fait directement à Dijon, en 2002, et
selon les recommandations mêmes du passeur, vont directement à la
préfecture. Après la demande d'asile, ils passent 4 mois à
l'hôtel, aidé par le SCODA puis logent au CADA de
Châtillon. Son statut obtenu en 2003, il demande un logement à
Dijon, trouve du travail dans le bâtiment, puis dans une
célèbre pâtisserie locale depuis 3 ans. En tant que
détenteur de la carte de résident, il est entré dans le
droit commun. Il peut donc obtenir un emploi comme un français ou un
européen. Il obtient même un CDI. Pour trouver un emploi, il a
persévéré. Il se confie à nous : « pas le
choix... sans travail... qu'est-ce qu'on va faire ... c'est le plus dur sans
travail... le matin tu te lèves tu sais pas pourquoi qu'est-ce que tu
vas faire... 1 jour, 2 jours, 2 semaines, 1 mois c'est dur.. ». Le reste
de sa famille est toujours en Russie. Son père est mort, il reste sa
mère et son frère, ainsi que la mère de sa femme. Il
s'intègre assez facilement en France, parle très bien le
français grâce aux relations qu'il entretient dans le travail et
la télévision. La France n'est pas son choix. Il est
français depuis 2005, il est l'un des premiers Arméniens
arrivés au CPH de Dijon. Il est un exemple à suivre pour les
autres Arméniens. Le jeune homme s'intéresse beaucoup à la
politique en France, en Russie et même en Arménie. Il aimerait
faire venir sa famille. Lors de la mort de son père, il s'est senti
coupable d'avoir laissé sa famille là-bas. Il se sent aujourd'hui
à la fois Arménien, Russe et Français.
Omar
Entretien du 21 janvier 2008
Soudanais. Il a fait son service militaire,
et a passé son bac. Refusant de s'engager dans la guerre lancée
par le SPLA (groupe paramilitaire) dans le sud du Soudan, il fuit le pays,. En
1994, il se réfugie au Darfour, région calme à
l'époque. Puis, sans savoir véritablement ou il va, il prend la
direction de la Libye par camion (voyage de 15 jours). A Tripoli, il travaille
dans la soudure à l'arc, sans papiers. Les forces de l'ordre ne font pas
de contrôles, ce qui l'arrange. Il milite alors pour le SPLA, distribue
des tractes contre le gouvernement islamiste de Khartoum. En 2000, ce
même gouvernement conclut avec la Libye des accords pour qu'elle extrade
ses réfugiés. Pendant 2 ans, il se trouve dans l'obligation de se
cacher tout en continuant à travailler. En 2002, le SPLA devient le
SPLAM. Un ami, lui conseille alors de partir pour éviter d'être
tué. En octobre 2002, il passe par la Tunisie, y reste 15 jours dans
l'attente d'un bateau. Il réussi à trouver un passeur qui accepte
de lui faire une réduction de tarifs s'il lui trouve d'autres
clandestins dans le même cas que lui. Il y parvient et paye alors 800 $
au passeur au lieu de 2000$. La barque dans laquelle il se trouve
embarqué fait 7 mètres de long, pour une centaine de personnes.
Le voyage dure 7 jours. Il arrive à Marseille, prend le train pour
Paris, sous le conseil d'amis réfugiés. A la capitale, il demande
l'asile, puis dort 5 jours dehors avec des Soudanais qui ont fait le voyage
avec lui. On lui conseille d'aller à Angers car un logement est dur
à trouver à Paris. Le Soudanais change donc de
ville et lorsqu'il arrive à Angers, il
s'aperçoit qu'aucun logement n'est encore libre pour lui et il se
résigne donc à dormir dans un squat plein d'amiante ou
règne un froid hivernal. Il y demeure 3 mois et décide alors
d'aller à Semur-en-Auxois dans un foyer d'espace
d'accueil ADOMA. Il y reste de 2003 à 2004 et passe son entretien
à l'OFPRA en novembre 2003. Omar aurait voulu aller en Angleterre. Il
parle la langue et a entendu parler de Sangatte. Il ne connaît pas le
fonctionnement du système, contrairement à ceux qui sont suivi au
CADA ou au CPH, par des travailleurs sociaux. Son dossier a été
accepté directement par l'OFPRA, où l'un des agents lui parlait
en Arabe. Obtient sa carte de résident. Il arrive au CPH de Dijon, pour
trouver un logement. Il trouve une formation de soudure grâce à
l'ANPE et à l'association CESAM. Puis il travaille dans le BTP de 2005
à 2007. Il est resté 5 mois au CPH, puis à ADOMA (rue de
Langres), ainsi que dans le quartier des Grésilles. Il obtient un F2 en
2007, se marie en Egypte avec une Soudanaise. La nationalité
française lui est attribué en 2005 (il a du passé un test
linguistique et une double interview, pour la naturalisation).
François
Entretien du 20 décembre 2007
Burundais. Homme de 47 ans. Il est en France
depuis 2006 et exerçait auparavant dans son pays la profession de
professeur d'anglais. En 1993, Le 21 Octobre 1993, des militaires de
l'armée exécutent le président hutu Melchior Ndadaye et
six de ses ministres. Le pays connaît alors de grandes tensions.
L'armée investit ainsi les lieux et de nombreux hutu se trouvent
obligés de fuir le pays. Dans un tel climat de guerre civile,
François ne peut plus vivre de l'enseignement. La situation se calme
progressivement mais lentement. Ayant suivi dans le passé une formation
du programme des nations unies pour le développement (PNUD) relative
à la gestion et l'administration des associations à but non
lucratifs, il choisit alors d'investir ses compétences dans une
association de protection des droits de l'enfant qui aide les orphelins. Ce qui
fait la particularité de François, c'est qu'il est à la
fois hutu (par son père) et tutsi (car telle était l'origine de
sa mère). Par conséquent, il se trouve tiraillé entre les
deux communautés, vit alors dans un village de tutsi mais travaille chez
les hutu. En 2005, un mouvement, le CNDD-FDD dirigé par Pierre
Nkurunziza s'impose comme l'un des principaux mouvements politiques en obtenant
la majorité absolue aux élections communales. Un autre mouvement,
le PALIPEHUTU-FNL entretient des relations difficiles avec le CNDD-FDD. Durant
la même année, François, se trouve en Chine, pays dans
lequel son association lui avait confié la mission de chercher des
couveuses pour des poulaillers. Durant son absence, le PALIPEHUTU-FNL qui
estime qu'il empêche les jeunes d'intégrer la rébellion,
saisit l'occasion pour tuer sa femme et lui donner en cela une leçon
pour qu'il cesse ses activités gênantes au sein de son
association. Dés son retour au Burundi, à l'aéroport
même, François est mis au courant de la tragédie, ce qui
l'oblige à se cacher pour ne pas être à son tour
tué. Un heureux hasard a fait qu'avant de partir en Chine,
François avait demandé un visa pour participer à un forum
de l'OCDE qui se tenait en 2006. C'est alors qu'il se cache que le consul le
contacte de ce fait pour lui annoncer qu'il est autorisé à avoir
un visa et à venir en Europe assister au forum en question. Cet appel
imprévu lui redonne l'espoir de s'en sortir et lui paraît
être un miracle. Il saisit alors l'occasion pour se rendre à Paris
en avion. Au lieu de participer à l'ensemble des discussions du forum,
il va à Stockholm où il pense trouver un meilleur accueil mais
doit vite être rapatrié en France à cause du
règlement Dublin 2. De retour sur Paris, il survit grâce à
de nombreux organismes tels que les Restos du Coeur, le 115 qui lui permet de
trouver où dormir lorsqu'il ne peut pas être accueilli dans un
hôtel. Après avoir fait sa demande auprès de l'OFPRA, il
est transféré à Dijon dans un CADA ou il attend la
réponse du CRR pour savoir s'il peut bénéficier du statut
de réfugié.
Martin
Entretien du 03 novembre 2007
Congolais qui a été
embrigadé de force dans l'armée du général Mobutu
pour le servir. Mais en mai 1997, le général Mobutu se voit
obligé de fuir le Zaïre et Laurent Kabila prend alors la tête
de la République démocratique du Congo. Celui-ci n'hésite
alors pas à exercer une sévère répression sur tous
les anciens militaires de Mobutu. En 1998, pour trouver un peu de
sécurité, Martin doit quitter le Congo et se réfugie en
Angola, pays dans lequel il s'installe 7 ans et exerce la profession de
frigoriste. En 2005, il entend une nouvelle selon laquelle les armées de
Mobutu peuvent revenir travailler au Congo. Dans ce but, il retourne dans le
camp militaire de Kokolo à Kinshasa, capitale de la république
démocratique du Congo. Il se retrouve alors avec d'anciens militaires de
Mobutu. Mais ils se rendent alors vite compte de la tromperie et du
piège dans lequel ils sont tombés. Il se trouve emmené de
force dans d'autres camps ou il subit de nombreux traitements inhumains, endure
coups, blessures, décharges électriques dans ses parties intimes.
Nombreux de ses camarades n'y survivent pas, décimés notamment
par la faim. Dans le camp N'Dolo, il n'a ainsi d'autres solutions pour ne pas
mourir de faim que de se nourrir des cafards qui pullulent dans sa cellule. Un
jour, un homme lui vient en aide, lui propose de lui fournir même les
papiers adéquats pour qu'il puisse prendre l'avion et partir à
Paris, en échange bien évidemment d'une somme d'argent. Martin
utilise alors tous les contacts qu'il peut avoir pour envoyer un signe de vie
à sa mère qui le croit mort, ainsi qu'à sa soeur qui vit
au Canada pour les supplier de lui venir en aide et de lui procurer l'argent
nécessaire afin qu'il puisse sauver sa vie. C'est ainsi qu'il parvient
avec beaucoup de mal à l'aéroport de Roissy. La France n'a jamais
été une destination rêvée pour lui mais personne ne
lui a proposé d'autres alternatives. Il va voir la SCODA à Paris
et y reste 6 mois avant d'être orienté dans un CADA à
Dijon. Au moment où il nous raconte son histoire, il nous avoue que sa
mère a été arrêtée au Congo suite à
son départ car les autorités se sont rendues compte qu'elle
l'avait aidé à s'échapper! En ce qui le concerne, ses
enfants et sa concubine, restés bien sûr au pays lui manquent
d'autant plus.
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