Deuxième partie : Analyse empirique de
l'activité bancaire sur le
Développement économique du Cameroun
Tout au long de la
première partie de cette étude, il a été question
pour nous de rappeler les concepts et les différentes relations
théoriques qui rentrent dans le cadre de nos préoccupations en
passant en revue la littérature existante concernant la relation entre
la fonction d'intermédiation des banques et la croissance
économique.
Dans la deuxième partie, nous allons
effectuer une analyse empirique de l'influence de cette activité sur la
croissance économique du Cameroun. Celle-ci sera principalement
basée sur la vérification des hypothèses émises
dès le départ. Cette vérification obéira à
une approche hypothético-déductive du problème qui
consiste à construire une réponse empirique à partir de la
littérature existante ; nous utiliserons comme modèles de
références les travaux de McKinnon (1988), Bencivenga et Smith
(1991), Roubini et Sala-I-Martin (1992,1995), Levine (1997) qui se sont
imprégnés du paradigme théorique de la relation entre
libéralisation financière, développement financier et
croissance économique. Nous adopterons donc pour se faire une
méthode économétrique basée sur un modèle
linéaire qui nous permettra d'analyser la part des banques dans
l'évolution économique du pays. Cela à partir d'indicateur
tels que les crédits au secteur privé à court, moyen et
long terme ( Ccmlt) ; la masse monétaire ( M2) ; la marge
d'intermédiation bancaire (Mi) ainsi que le produit intérieur
brut réel(PIBr). Cette partie aura pour objectif principal de
déterminer de manière effective la contribution des banques dans
le développement de l'économique camerounaise quand on sait que
le Cameroun repose principalement sur « une économie
d'endettement ».
Pour atteindre cet objectif,nous procèderons
tout d'abord à une présentation et à une justification des
variables ainsi qu'à la présentation du modèle qui sera
employé (chapitre3), ensuite nous analyserons les différents
résultats obtenus qui nous éclairerons sur la
réalité du phénomène étudié
(chapitre4).
Chapitre 3 :
Opérationnalisation de la relation banques - croissance
La science économique pour
comprendre la réalité utilise comme toutes les autres sciences de
nombreuses méthodes lui permettant de mieux cerner certaines
observations et d'avoir une connaissance exacte des faits grâce à
des outils adaptés. Parmi ces outils deux en particulier retiendrons
notre attention à savoir : la statistique et
l'économétrie. Mais de manière spécifique
l'économétrie car « elle est l'application des
méthodes statistiques et mathématiques à l'analyse des
données économiques ; le but étant de trouver les
fondements théoriques et empiriques ; à les vérifier
et à les réfuter » (Maddala, 2001). Son utilité
dans notre étude est liée au fait qu'elle est la branche de
l'économie qui consiste à établir des lois ou à
vérifier des hypothèses à partir de données
chiffrées tirées de la réalité. Ainsi, ce chapitre
sera axé de manière particulière sur la
présentation des variables retenues (section1), ainsi que sur la
spécification du modèle économétrique le mieux
adapté à notre travail (section2).
Section1 : Définition et présentation
des variables
Les variables sont des grandeurs susceptibles de prendre
différentes valeurs. Elles peuvent être soit qualitatives
(variables nominales, variables ordinales), soit quantitatives (variables
discrètes, variables continues). En économie, ces indicateurs
sont divers ; mais dans notre cas spécifique, quatre indicateurs
provenant des sources de la BEAC, du FMI et de l'INS ont été
retenus sur une période allant de 1980 à 2003 soit 23
années.
I-les indicateurs de mesure du
phénomène
Nous nous emploierons dans cette sous-section à effectuer
une présentation des divers indicateurs aussi bien de la croissance
économique que de l'intermédiation bancaire que l'on retrouve le
plus souvent au sein de multiples études empiriques.
A- les indicateurs de la croissance
économique
Pour pouvoir appréhender le comportement d'un
phénomène économique, il faut au préalable
définir une mesure permettant de quantifier ce phénomène.
Dans le cadre de notre étude, la variable expliquée ou encore
variable endogène est représentée par la croissance
économique qui aura pour principale indicateur le produit
intérieur brut réel en abrégé PIB réel qui
peut être vu comme étant le total de la valeur ajoutée des
biens et des services réalisés dans un territoire pendant une
période donnée y compris par les ressortissants étrangers.
Cette dernière caractéristique constitue la principale limite du
PIB réel comme indicateur de la croissance ; en effet, celui-ci
tient compte de la production des non résidents (missions
diplomatiques,...) mais pas de la production des nationaux à
l'étranger et pourtant, les premiers ne réintroduisent pas les
profits de leur production dans le circuit économique Camerounais au
contraire l'envoi à l'étranger dans leurs pays respectifs pendant
que les seconds introduisent plutôt les profits de leur production
à l'étranger dans le circuit économique Camerounais. Il y
a donc un manquant réalisé par les ressortissants
étrangers et un apport effectué par les nationaux à
l'étranger donc ne tient pas compte le PIB réel.
B-les indicateurs de
l'intermédiation bancaire
Toujours dans le cadre de ce travail, trois variables
explicatives ou exogènes ont été retenues à
savoir :
v La vocation principale des banques est le financement de
l'économie à travers son outil principal qui est
l'intermédiation bancaire. BIALES (1999) dit à ce
propos que : « la banque est une institution qui
assure une grande partie du financement de l'économie grâce
à des prêts variés adaptés aux besoins des
emprunteurs... ». Ces concours accordés par les banques
peuvent être subdivisés en deux groupes : ceux
accordés à l'économie (c'est-à-dire au secteur
privé) et ceux accordés à l'Etat ; mais ces derniers
servant principalement en définitive au remboursement de le dette
extérieure ne seront pas considérés comme prêts
influençant la croissance d'où le choix de notre variable
explicative ; les crédits accordés au secteur
privé aussi à bien à court, moyen et long
terme.
v Les banques durant leurs activités (principalement le
processus intermédiation) créent de la monnaie lorsqu'elles
accordent des crédits aux agents économiques non bancaires
(Entreprises, ménages, Etat et les collectivités publiques).
Cette opération revêt un intérêt crucial pour
l'économie parce que non maîtrisée elle peut conduire
à des déséquilibres tels que l'inflation, la
détérioration du pouvoir d'achat, les risques de
dévaluation et autres ; raison pour laquelle nous avons retenus la
masse monétaire comme variables explicatives. Mais cette masse
monétaire est constituée de plusieurs composantes à
savoir : M1 qui regroupe les disponibilités immédiatement
utilisables dans les transactions courantes ; M2 qui regroupe M1 et la
quasi-monnaie et enfin M3 qui regroupe M2 et l'épargne contractuelle. Le
second agrégat monétaire étant donc le plus significatif
nous retiendrons comme autres variables explicatives de la croissance
économique ; la masse monétaire M2.
v Un élément donc nous ne pouvons ne pas tenir
compte dans notre étude est le plan de restructuration bancaire mis en
place dans les années 80 pour faire face aux difficultés
bancaires liées à la crise économique qui a sévie
durant la même période. Un des apports de ces réformes, est
justement l'assainissement financier des banques qui en est
résulté et qui a permis à celles-ci de réaliser des
résultats nets d'exploitation positifs et conséquents. Hors, ces
bénéfices réalisés par les banques devraient leurs
permettre de mieux s'intégrer et s'adapter aux besoins de la population,
ainsi d'être plus efficientes et sans doute plus efficaces. Il nous
revient donc de voir si l'excellente rentabilité affichée par le
système bancaire depuis sa restructuration est le corollaire d'une
meilleur implication dans le circuit économique et social et de ce fait
d'un meilleur développement économique d'où le choix de
cette dernière variable explicative : la marge
d'intermédiation bancaire.
Notre présentation effectuée, il
nous est maintenant possible d'opérationnaliser ou de modéliser
le concept.
II- Modélisation du concept Banque -
Croissance
Les débats nés autour de certains
concepts de l'économie ont toujours été le reflet de la
division de la théorie économique par les écoles de
pensée. La contestation et l'adhésion à une théorie
économique résultent de la définition et du contenu que
tel ou tel auteur donne à un concept.
A- Justification du choix de la mesure de la croissance
économique
De manière générale, la variable que l'on a
coutume d'employé pour la mesure de la croissance est le taux de
croissance du PIB réel qui se calcule de la façon
suivante :
Taux de croissance du PIB=DPIB par tête/ PIB par
tête
Mais King et Levine (1992,1993) affinent l'analyse en ajoutant
à ce calcul du taux de croissance du PIB une autre formule qui
est :
Taux de croissance du PIB=
INV x EFF*
Avec
INV= investissement brut domestique et
EFF*= DPIB par tête
PIB par
tête investissement
brut domestique
Afin de tenir compte de la dépréciation du
capital, King et Levine définissent EFF* :
0,1(1 -
INV)
EFF= EFF* +
INV
Se qui revient donc à : EFF = DPIB par tête/ D
du stock de capital
Mais dans ce travail compte tenu de la nature de nos variables
nous utiliserons plutôt comme indicateur de la croissance
économique le PIB réel qui se définit comme l'ensemble des
biens et services produits sur le territoire national quelque soit la
nationalité des producteurs.
Ce PIB se calcule de plusieurs manières à
savoir :
- Selon l'optique de la production ou optique de la valeur
ajoutée dans laquelle il est l'agrégat des valeurs
ajoutées des différentes branches de l'économie:
PIB = Somme des VA + Droits de Douanes + Impôts
indirects - Subventions
- Selon l'optique de l'utilisation ou optique de dépense
dans laquelle le PIB est l'équivalent des multiples usages de la
richesse nationale. C'est l'ensemble des différents emplois qui sont
faits de la richesse nationale d'un pays :
PIB = Consommation des ménages + Dépenses
gouvernementales + Investissements privés + Exportations -
Importations
- Selon l'optique du revenu dans laquelle le PIB est le cumul des
différents revenus tirés par les différentes
catégories d'agents économiques résidents, en raison de
leurs multiples activités :
PIB = Revenu des matières premières + Revenu
de la main d'oeuvre (salaires) + Revenu du capital (intérêts,
dividendes) + Revenu des entreprises (bénéfices)
Figure1 : Courbe d'évolution
du PIB réel au Cameroun
Source : World Bank
§ En ordonnée le PIB réel au Cameroun en
valeurs réelles
§ En abscisse les années d'observations à
compter de 1980
La courbe ci-dessus retrace l'évolution du PIB de 1980
à 2003. Sur cette courbe, l'on remarque tout d'abord durant les
années 80 de manière plus précise de 1986 à 1988,
une chute du PIB réel due à la crise financière que
traversait le pays durant cette période nous pouvons prendre l'exemple
des nombreuses liquidations bancaires ou alors réformes qui sont
intervenues durant cette période ; et ensuite, après la
dévaluation de 1994, ce PIB s'est fortement accru cela à cause
des bienfaits qui sont résultés de cette dévaluation sur
l'économie.
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