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intermédiation bancaire et croissance économique au Cameroun

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par nelly adeline Ngono
université de Ngaoundéré - Maîtrise en économie monétaire et bancaire 2007
  

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SECTION3 : CONTRIBUTION THEORIQUE DES BANQUES AU FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT ET LIMITES DE CELLES-CI AU CAMEROUN

Cette dernière section aura pour objectif après un aperçu théorique de la contribution de l'activité bancaire au développement économique de montrer les limites de celles-ci dans le cas particulier du Cameroun.

I. Banques et financement du développement économique

Le système bancaire devient l'un des partenaires de l'Etat en matière de développement du fait qu'il joue un rôle primordial dans la création et la mobilisation des ressources de développement aussi bien nationales qu'étrangères. Il est également capable de fournir la garantie et l'expertise nécessaire au bon choix des projets de développement et prémunir les investisseurs publics et privés contre les risques de dérapage et de mauvaise gestion. En effet, les crédits de campagne, le soutien d'une activité commerciale ou des services sont autant de contribution au financement du développement que les financements de création industrielle ou d'infrastructures agricoles ou encore d'autres activités économiques. La participation du système bancaire au développement se concrétise donc dans le rôle que doit jouer le système banquier à savoir : la collecte de l'épargne disponible, la création de l'épargne productive, la création de l'investissement productif, l'investissement direct et la coopération technique.

A. Du point de vue de l'épargne

Tout d'abord en ce qui concerne l'épargne disponible, les banques canalisent l'épargne sous diverses formes puis la redistribue dans l'économie en crédits à des agents économiques organisés et productifs.

En ce qui concerne la création de l'épargne productive, le système bancaire représente la seule et unique structure institutionnelle capable d'induire, de créer, de développer et de motiver l'épargne productive : l'orientation des liquidités disponibles vers des canaux qui doivent être transformés par la suite en investissement productifs en faveur de l'épargnant et du pays en général. Raison pour laquelle, le système bancaire est important dans les pays du tiers monde caractérisés par une propension publique et privée à l'épargne faible, la fuite des capitaux nationaux à l'étranger semblant être plus ou moins forte, l'acquisition spéculative au nom des biens réels plus ou moins productifs et plus ou moins nécessaires constituant le mode essentiel de la transformation des disponibilités liquides au niveau des ménages et la fiscalité aussi bien directe qu'indirecte frappant la production et la consommation est lourde, de plus elle est inégalement répartie et peu indicatrice de l'accumulation du capital productif.

B. Du point de vue de l'investissement

En ce qui concerne la création des investissement productifs, l'intermédiation bancaire joue un rôle de financement de l'investissement indirecte tout d'abord : octroi des crédits d'investissement aux agents économiques. En effet, la banque est en mesure de sélectionner, encourager, soutenir l'investissement productif de l'entreprise et décourager et même éliminer les mauvais choix. Par ailleurs, l'économie dans le tiers monde est entée dans une phase de création de richesse, où les contraintes de ressources productives sont devenues plus astreignantes et les problèmes de gestion deviennent primordiaux, c'est alors que le rôle du système bancaire qui consiste à orienter les ressources disponibles vers les meilleurs projets de développement devient crucial ; puis de l'investissement direct : la création des portefeuilles productifs, fait d'affaires, directement crées et gérées à travers ses filiales, le soutien plus ou moins directe des projets industriels, agricoles ou commerciaux. C'est ainsi que les systèmes monétaires et financiers des pays en voie de développement doivent trouver les moyens afin de stabiliser les ressources des banques, renforcer les capitaux propres et inciter les banques à prendre une part plus active dans la création directe des projets qui leurs sont propres.

En ce qui concerne la coopération technique, le système bancaire national doit jouer le rôle de conseiller et de guide, de formation des cadres financiers des entreprises à tous les niveaux, et particulièrement de la formation des cadres capables d'évaluer les projets. En fait, tous ces aspects concrétisent la fonction des banques comme conseiller de développement.

II. Limites de l'activité bancaire au Cameroun

Les principales obstacles rencontrés par l'intermédiation bancaire au Cameroun sont : le taux de bancarisation ainsi que la prolifération du secteur informel.

A. Le taux de bancarisation

Aujourd'hui, parmi les nombreux obstacles rencontrés par l'intermédiation bancaire, figure en premier lieu la faible bancarisation de l'économie. En effet, la plupart des agences des banques sont concentrés dans le centre urbain. Au Cameroun, près de 42% du réseau bancaire se trouve dans les grandes villes. On observe donc une inégale répartition et une insuffisance de couverture du territoire nationale (Tchouasi, 1996). L'insuffisance de ces structures se fait donc ressentir au niveau même de l'implantation des banques qui choisissent des grandes villes en délaissant les campagnes. Cette situation a pour conséquence une incitation à la thésaurisation dans les zones rurales. La banque apparaît donc comme une institution « des gens de la ville » ou des « gens riches ». Les zones rurales sont peu desservies, et on assiste à un affaiblissement du taux de bancarisation qui est le rapport de la population estimée sur le nombre d'agences des banques.

Etant donné que le système bancaire camerounais est un système hérité de la métropole et malgré les restructurations qui sont intervenues, le système s'est développé culturellement et économiquement en rupture avec les mentalités de la population ; ce qui n'est pas favorable au financement du développement.

L'atrophie du réseau des banques commerciales dans presque tous les pays d'Afrique et en l'occurrence au Cameroun n'a servi qu'à affaiblir le taux de bancarisation, ce qui influence négativement le rôle des banques en matière de collecte et d'affectation de l'épargne et de la distribution du crédit.

TABLEAU : Taux de bancarisation de l'économie Camerounaise

Années

1989

1990

1991

1992

1993

Tb

1,09

1,08

0,67

0,81

0,72

Tc

54129

51444

50791,9

35322

26791

Tg

15,8

12,9

10,76

11,4

8,72

SOURCE : Ezé Ezé (2001)

Tb = Population totale / nombres de banques

Tc = Population totale / nombres de comptes

Tg = Population totale / nombres de guichets

B. le secteur informel

De plus, on note au Cameroun une absence de relation étroite entre les banques et les clients permettant d'avoir une information fiable sur l'emprunteur. Cette carence incite les banques à prêter à une clientèle estimée parfois à tort. Les agents économiques dans un tel contexte font alors recours au secteur informel dont l'élévation induit du taux d'intérêt favorise les détenteurs du portefeuille liquidité du marché. La diminution observée au Cameroun du crédit bancaire aura pour conséquence une demande excédentaire de liquidité sur le marché informel. Les manifestations les plus visibles au Cameroun de l'intermédiation sont les tontines et les mutuelles (Bekolo ,1989). Elles sont plus proches de la population.

Le développement du système financier informel rend précaire le rôle de l'intermédiation formel. En effet, ce système présente divers instruments permettant de mobiliser l'épargne tant en milieu urbain qu'en zone rurale et revêt plusieurs formes parmi lesquelles en plus de celles citées plutôt figurent également les coopératives d'épargne, les caisses populaires et autres, ces formes étant plus proches et ayant les capacités d'adaptation à une clientèle qui ne trouve pas de réponses à ses problèmes dans le système bancaire classique. Le développement du système informel constitue donc une limite à l'activité de l'intermédiation bancaire.

La méfiance qu'éprouve la population vis-à-vis des banques depuis les crises bancaires survenues dans les années 80 ; et cela malgré les réformes est également à l'origine du recul de l'intermédiation bancaire.

C. L'environnement difficile

Les cadres juridiques et institutionnels sont généralement déficients et les améliorations sont lentes dans des pays tel que la Cameroun. Le système juridique manque de moyens financiers et le public ne compte guère sur l'objectivité et la rapidité des procédures devant les tribunaux. L'indice d'information des créanciers, qui mesure la capacité des établissements financiers, d'obtenir des informations sur la solvabilité des clients et l'indice du cadre juridique est également faible. La faible protection des droits privés et la difficulté de faire respecter les contrats représentent également une limite à l'intermédiation financière : les établissements financiers hésitent à prêter ; car ils ont du mal à obtenir des garanties de paiement et à saisir des actifs en cas de défaut de paiement. Les emprunteurs ont souvent du mal à apporter des garanties en raison du flou des titres fonciers du aux manques de pièces justificatives et à la coexistence de plusieurs systèmes de propriétés.

En définitive, ce chapitre nous permet de constater que de manière théorique il existe bien un lien entre l'intermédiation bancaire et la croissance économique dans le cas du Cameroun ; celui-ci s'exprime soit à travers le taux d'intérêts réels, le taux d'investissement et la productivité marginale du capital. Mais l'étude historique de l'évolution de l'intermédiation bancaire camerounaise nous montre qu'en dépit des réformes engagées dans les années 90 pour assainir notre système bancaire, celui-ci n'arrive toujours pas même au jours d'aujourd'hui à influencer positivement et de manière tangible la croissance économique.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld