Chapitre I:
Mutations Financières et
Canaux de Transmission de la Politique Monétaire
Introduction
La théorie économique distingue deux canaux
traditionnels de transmission de la politique monétaire : le canal
du taux d'intérêt et le canal du taux de change. Cependant, ces
deux canaux paraissent incomplets pour apprécier efficacement la
transmission de la politique monétaire puisqu'ils ne tiennent pas compte
du rôle des structures financières.
Les insuffisances de l'analyse traditionnelle des
mécanismes de transmission de la politique monétaire ont
amené certains économistes à chercher si les
problèmes d'information sur les marchés des crédits aident
à étudier l'impact de la politique monétaire sur la
sphère économique réelle. Les différents
mécanismes provenant dans ce cadre sont englobés dans l'optique
du canal du crédit de transmission de la politique monétaire.
Les mécanismes de transmission des effets de la
politique monétaire représentent donc l'un des grands
mystères économiques et l'étude de ces canaux permet
d'élucider une partie de ce mystère en présentant les
mécanismes par lesquels se transmettent les impulsions émanant
des autorités monétaires.
L'émergence et le développement des
innovations financières ont nuancé cette capacité de
transmission dans la mesure où le rôle de ces canaux est vivement
contesté. De ce fait, Les autorités monétaires se trouvent
confrontées à un défi majeur puisqu'elles sont tenues
d'atteindre les objectifs fixés tout en intégrant les innovations
financière comme variable pouvant perturber la bonne conduite de la
politique monétaire. Afin de pouvoir disséquer l'impact des
innovations financière sur les divers canaux, il convient, tout d'abord
de les identifier.
Section -I- Le canal du taux d'intérêt
Le taux d'intérêt occupe une place importante
dans l'analyse économique de part son influence sur la demande globale
et sur le marché monétaire.
Je débute la présentation des
mécanismes de transmission de la politique monétaire par les
canaux de taux d'intérêt, car il s'agit d'un thème
classique de la littérature, ainsi qu'il est le premier
mécanisme qui est étudié dans les modèles
macroéconomiques conventionnels, dans ce point, il est le principal
mécanisme de la politique monétaire dans le modèle
keynésien.
I-1- Le cadre théorique de base (le modèle
keynésien)
Le principal apport du modèle original
réside dans la détermination simultanée, en
économie fermée, du revenu national et du taux
d'intérêt à partir d'une interaction entre les
marchés des biens et services (IS) et les marchés de la monnaie
(LM).
La courbe (IS) représente l'ensemble des
combinaisons du taux d'intérêt (i) et de revenu (Y) qui assurent
l'équilibre sur les marchés des biens et services. Sur ce
marché le niveau général des prix étant
donnée, l'offre (Y) correspond au niveau qui se partage entre la
consommation (C) et l'épargne (S), (Y=C+S).
La demande globale (D) se décompose en
consommation (C) et investissement (I), (D=C+I) et l'équilibre entre
l'offre et la demande dépend donc de l'équilibre entre
l'investissement et l'épargne (I=S ? Y=D).
L'investissement est une fonction décroissante du
taux d'intérêt. L'épargne est une fonction croissante du
revenu.
Ainsi la courbe (IS) représente les couples de
valeur (Y, i) compatibles avec la réalisation de l'équilibre sur
le marché des biens et des services (I=S) ; la pente de IS est
négatif, si i diminue, I augmente, alors S doit augmenter aussi
(I=S) ; cela présuppose que Y augmente également donc i et Y
varient en sens inverse (cette pente est d'autant plus forte que
l'investissement est moins sensible aux variations du taux
d'intérêt).
La courbe (LM) représente l'ensemble des
combinaisons de taux d'intérêt (i) et de revenue (Y), qui assurent
l'équilibre sur le marché monétaire. Sur ce marché,
l'offre M est déterminée par la politique de la Banque
Centrale.
La demande L se partage en une demande d'encaisses de
transaction (L1) et de spéculation (L2).
La demande d'encaisse de transaction est une fonction
croissante du niveau de revenu (plus on est riche, plus on dépense et
plus on a besoin de paiement).
La demande d'encaisse de spéculation L2 s'explique
ainsi : les spéculateurs conservent leurs encaisses
monétaires lorsque les cours des titres financiers sont
élevés, car ils anticipent alors une baisse. Ils les utilisent au
contraire pour acheter des titres quand les cours sont bas, espérant
réaliser une plus value. L2 est une fonction décroissante du
taux d'intérêt car le cours des titres varie en sens inverse du
taux d'intérêt, L2 =L2(i), la condition d'équilibre est
donnée par M=L1(Y) + L2(i).
La courbe LM représente les couples de valeurs (Y,
i) compatibles avec cet équilibre. Sa pente est positive.
L'intersection des courbes IS-LM donne le couple de
valeurs (Y, i) compatible avec l'équilibre sur le marché des
biens et des services et sur le marché de la monnaie.
i
IS LM
Y
Graphique 1 : Le modèle
IS-LM
On voit immédiatement que la position
d'équilibre dépend de celle des courbes IS et LM ce qui permet de
mettre en évidence les deux grands formes de politique
conjoncturelles : la politique budgétaire se traduisant par un
déplacement de IS et la politique monétaire correspondant
à un déplacement de LM.
L'équilibre sur les deux marchés se
réalise suite à l'intersection des deux courbes IS et LM
permettant jointement le revenu (y) et le taux d'intérêt (i) qui
représente la variable de connexion entre la sphère
financière et la sphère réelle (Hicks, 1937).
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