I-2- Les mécanismes de transmission
Concernant le rôle de ce canal dans la transmission
de la politique monétaire, il part du fait que les ménages
gèrent un portefeuille composé de deux sortes d'actifs à
savoir la monnaie et les titres financiers. Ainsi, tout choc de politique
monétaire affecte le portefeuille des ménages qui cherchent
instantanément à rétablir leur équilibre en
modifiant l'offre et la demande des différents actifs. Ce faisant, ils
provoquent une modification de l'ensemble des taux d'intérêt qui
se répercute sur le coût du capital qui présente le taux
directeur des décisions d'investissement. Il s'ensuit une variation des
investissements qui se répercute sur la production et la demande globale
(Bernanke, Ben S et Blinder, 1992).
Ce mécanisme transite par l'intermédiaire
du taux d'intérêt réel de long terme. Le caractère
réel s'explique par l'hypothèse de la rigidité des prix
qui joue un rôle essentiel dans le processus de transmission de la
politique monétaire selon cette optique.
En effet une expansion de la politique monétaire
est susceptible d'augmenter le niveau des prix attendus et donc l'inflation
anticipé ce qui entraîne une baisse des taux
d'intérêts réels et une augmentation des
dépenses.
Et vice versa en cas de contraction de la masse
monétaire même avec un taux nominal faible la politique
monétaire reste efficace.
Dans le cas où les prix s'ajustent tout de suite,
un changement du stock de monnaie se répercuterait aussitôt sur
les prix et les encaisses réelles resteraient inchangées. De ce
fait un changement de la politique monétaire n'a de conséquences
que si les agents économiques jugent que les grandeurs nominales ne vont
pas s'ajuster instantanément.
Ainsi, si les prix sont rigides et ne s'ajustent pas
complètement instantanément, la contraction monétaire
induit une baisse de la masse monétaire réelle détenue par
les agents et une montée des taux d'intérêts. Cette hausse
du taux réel qui va augmenter le coût du capital et entraîne
une baisse de l'investissement en capital fixe des entreprises, de
l'investissement en logement des ménages, des dépenses de biens
de consommation durable et de la variation des stocks. Cette évolution
provoquera la réduction de la production globale.
D'après Hubbard [1995], la transmission de la
politique monétaire par le canal du taux d'intérêt se fait
en deux étapes :
- Une contraction monétaire
génère, en premier temps, un déséquilibre des
portefeuilles des agents économiques, dû à la diminution
des encaisses réelles avec l'ancienne combinaison d'équilibre
taux d'intérêt-revenu. Les agents possèdent, donc moins de
liquidités, ce qui les amène à modifier la composition de
leur portefeuille en cédant des actifs, en agissant sur leur prix et
leurs rendements.
- La seconde étape consiste à l'impact
négatif de la hausse du taux d'intérêt réel sur la
demande à travers son effet sur l'investissement. En effet, cette hausse
du taux d'intérêt réel de long terme augmente le risque
concernant les projets d'investissements dans le futur suite à
l'augmentation des coûts du capital ; ce qui décourage la
demande globale et ralentit l'activité économique.
Un changement de la politique monétaire engendre
des variations des taux d'intérêts ce qui conduit à trois
effets : les effets de substitution, les effets de richesse et les effets
de transferts d'intérêts. Une contraction monétaire laisse
les agents économiques cherchent l'équilibre de leur portefeuille
après la hausse du taux d'intérêt, donc un processus de
substitution entre les actifs se déclenche sur la base de leurs nouveaux
prix. De même, les fluctuations du taux d'intérêt
affecteront le comportement des agents économiques en variant leurs
recettes et leurs charges financières. En effet, la hausse du taux
d'intérêt affecte positivement la situation des ménages qui
sont considérés comme créanciers nets de
l'économie. Cependant, la situation financière des entreprises,
débitrices, va être aggravée suite à la diminution
de leur activité économique (Strauss-Khan, 1986).
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