I-3- Mutations financières et canal du taux
d'intérêt
L'apparition du phénomène
des innovations financière a donné lieu à
l'émergence des plusieurs nouveaux produits financiers qui font partie
intégrante du portefeuille des ménages.
Ainsi, le portefeuille devient plus vaste vu
l'augmentation du panier des produits qui le constitue. Cette gamme des
produits devienne hétérogène dans la mesure où une
part des produits est échangeable à court terme et l'autre est
à moyen et long terme.
La modification des taux stimule une substitution entre
la monnaie et les actifs d'une part et entre les actifs eux même d'autre
part.
Dans une période d'augmentation des taux, il y a
appel à une substitution de la monnaie en faveur des actifs financiers
et à une substitution des actifs non risqués pour les actifs
risqués qui permettent de profiter de la hausse des taux.
Dans une période de baisse des taux, la
substitution s'opère entre la monnaie et les titres d'une part et entre
les actifs à rentabilité variable qui seront cédés
pour acheter les actifs à rentabilité fixes d'autre part.
Les nouveaux produits financiers engendrés par les
mutations financières font que la substitution se réalise selon
les mouvements des taux d'intérêt vue que la substitution suite
à la baisse diffère de celle à la hausse.
De cette façon, la banque centrale est devant une
situation compliquée puisque la manipulation du niveau d'un taux pour
les objectifs de politique monétaire entraîne la modification d'un
ou plusieurs autres taux qui peuvent être non correspondant aux
mêmes objectifs.
Ainsi, si la banque centrale considère que le taux
d'intérêt des certificats de dépôts est
élevé et décide par conséquent de le baisser en
vendant un grand nombre de certificats qu'elle possède, il y aura un
large mouvement de cession de ces produits puisque leur
rémunération baisse pour l'acquisition d'autres produits
financiers tel que les actions. Le rabattement des agents pour les actions
pousse les émetteurs de nouvelles actions à baisser leur
rendement, une telle baisse qui peut ne pas correspondre aux objectifs de la
politique monétaire (Icard, 1994).
Il s'avère donc que la politique monétaire
visant la baisse des taux des certificats de dépôts a
entraîné indirectement la baisse des taux des actions suite au
chevauchement entre les divers produits dû en grande partie à
l'innovation financière.
Par ailleurs, l'adoption d'une politique monétaire
rigoureuse avec l'augmentation des taux visant à maîtriser
l'inflation à travers le renchérissement des crédits, la
baisse de la consommation, de la production et de l'investissement peut
contournée par les nouveaux produits financiers qui permette aux
ménages de couvrir immédiatement des crédits
octroyés. En effet les produits de couverture permettent aux agents de
s'endetter à l'instant t avec le taux en vigueur à cet instant
pour utiliser ultérieurement le crédit surtout en période
de hausse des taux. Ce comportement rend les autorités monétaires
incapable de contrôler la demande globale puisque la consommation,
l'investissement et la production peuvent continuer à croître en
période d'augmentation des taux (Estrella, 2002).
Le lancement des nouveaux produits financiers rend les
taux plus volatiles et insensibles aux manipulations de la banque centrale,
donc l'arbitrage induit par le changement des taux d'intérêts sur
les prix perd une grande partie de son efficacité.
La conduite de la politique monétaire à
l'aide des taux d'intérêt devienne compliquée dans un
environnement caractérisé par l'innovation financiére
puisque les effets indirects l'emportent sur les effets directs lisible
à l'aide du modèle IS-LM. Cette présentation du
modèle IS-LM soulève plusieurs interrogations.
D'une part, le partage prix-volume de la politique
monétaire est éludé. En supposant des prix flexibles et
des anticipations parfaites et en adjoignant une relation dynamique entre
l'inflation et l'activité réelle, le canal de taux
d'intérêt disparaît.
D'autre part, si on élargit des actifs financiers
et qu'on distingue entre les actifs à court terme et les actifs à
long terme : on peut se demander comment la politique monétaire qui
contrôle les taux à court terme, va modifier les taux à
long terme qui sont supposés orienter les dépenses
réelles.
Bernanke et Blinder (1995) démontrent que beaucoup
d'études empiriques n'arrivent pas à prouver un mécanisme
via le coût du capital des entreprises. Le canal monétaire
fonctionne essentiellement en information symétrique c'est-à-dire
que les agents économiques disposent d'informations complètes et
identiques et que les marchés sont parfaits. L'investissement des firmes
est indépendant de leur structure financière. Les financements
externes et internes sont substituables et une variation des taux directeurs de
la Banque Centrale a des conséquences sur le coût des fonds
propres et le coût des capitaux empruntés.
De ce fait, Bernanke et Gertler (1995) considèrent
que l'échec du taux d'intérêt comme mécanisme de
transmission de la politique monétaire a encouragé d'autres
mécanismes, notamment le canal de crédit.
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