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Formatin du collectif et processus de construction du lien social des les activités économiques spontanées:Une apprche sociologiques des opératrices du ''poteau'' de Elf à Douala au Cameroun

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par François GUEBOU TADJUIDJE
Université de Douala - Diplôme d'Etude Approfondie en Sociologie; option économie 2006
  

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-DEUXUEME PARTIE-

ELABORATION DES ELEMENTS EMPIRICO-CONTEXTUELS ET PRATIQUES SUR LE TERRAIN DE L'ETUDE

INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE

Dans cette deuxième partie du travail intitulé élaboration des éléments empirico-contextuels et pratiques sur le terrain de l'étude -celle qui vient après avoir présenté les modélisations théoriques nécessaires du capital social ainsi que ses particularités en concordance avec le champ socioculturel local de activités économiques spontanées- elle s'interroge sur les situations de mise en oeuvre du capital social chez les opératrices filles du poteau de la Elf à Douala. Occasion que nous nous donnons pour passer en revue les données du terrain, c'est dans cette partie que nous aurons l'occasion de présenter, de discuter et d'analyser les différents résultats obtenus sur le terrain ceci sous le prisme et les regards théoriques préalables du capital social. L'interrogation phare ici est de comprendre la formation du collectif dans un cadre social de spontanéité et de profitabilité concurrentielle et ce qui prédisposé l'acteur urbain en même temps vers la pratique d'un tel commerce ou d'une telle activité et vers la construction du collectif  avant d'essayer de voir comment s'opère le processus de construction ou de renforcement du lien social sous le soutènement de la création de capital social chez les prostituées de la Elf Douala. Cette partie tient à passer en revue les déterminants économiques et sociopolitiques des activités économiques spontanées et ceux de la montée du marché du poteau. Le quotidien des acteurs de la prostitution et la symbolique de la construction du lien social constituera un volet important de cette partie. Enfin nous tenons à jeter un regard sur ce qui à notre avis semble vouloir s'imposer ; à savoir cette trajectoire partant de l'itinéraire d'accumulation ou de contingence vers la construction d'un corps de métier assortie des conséquences et des diverses implications de ce marché du sexe. Cette partie sera conclue par une fiche de recommandation ouverte aux politiques et aux décideurs.

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-CHAPITRE IV-

DES DETERMINANTS ECONOMIQUES ET SOCIOPOLITIQUES DES ACTIVITES ECONOMIQUES SPONTANEES A LA MONTEE DU MARCHE DU POTEAU

I- CONTEXTE SOCIO-HISTORIQUE DE L'AVENEMENT DES ACTIVITES ECONOMIQUES SPONTANEES

A- ENVIRONNEMENT SOCIO-ECONOMIQUE ET CONJONCTUREL AU CAMEROUN

Passé de 18% dans les années 50 à 47% en 2000, l'accélération du phénomène d'urbanisation au niveau mondial est irréversible. Dans les pays en développement, chiffré à moins de 4%, on réalise qu'en moins de deux décennies, ce taux de croissance urbaine aura doublé. A Douala et à Yaoundé, il varie annuellement entre 5 et 7 %. Du fait de l'explosion démographique, du dépeuplement des villages, et de la forte croissance de la population urbaine, à la suite d'une réelle pression sur les infrastructures et les équipements collectifs, il est observé un déséquilibre entre l'offre et la demande de travail101(*) et une discrimination quant à l'insertion de la femme dans le marché de l'emploi. Devenue plus complexe, de cette vie sociale résulte tant chez les femmes que chez les hommes, des actions spécifiques, des forces sociales dynamiques qui se reversent malgré tout dans certains types d'activités. Visiblement perçues à travers les activités économiques du genre des « bayam-sellams », des « call-boxeurs », des « ben-skineurs », des « sauveteurs », des « chargeurs », des «  fabricants de meubles », des salons de coiffure, des salons de couture, des domestiques, des femmes de ménage, des « opérateurs ou opératrices du poteau » encore appelé prostitution ... à côté d'un Etat qui, resté spectateur loin d'être passif se constitue et se fait finalement identifier en adversaire. Il est primordial pour lui de bien suivre sa politique d'urbanisation et celle de promotion sociale. Dans le même temps, la naissance et l'émergence de ces types d'activités en faisant remarquer un désir d'amélioration des conditions de vie des exclus sociaux débouche significativement sur une autre construction plus symbolique qualifié de logiques endogènes de ripostes en vue de l'amélioration des conditions de vie. C'est enfin dans un contexte de désir d'assainissement de la vie publique urbaine et de lutte contre le marasme économique généralisé (récession économique, insouciance de l'Etat, non-conformisme et désinvoltures des acteurs vis-à-vis des institutions républicaines) que cette étude appliquée non globalement au champ spatial urbain de Yaoundé ou de Douala veut cibler les secteurs des opératrices du poteau102(*)d'une part. Puis tenter non de restructurer le secteur mais d'essayer de comprendre cette logique des acteurs économiques, précisément celle des opératrices du poteau de la zone dite Elf à Douala, dans la formation du collectif malgré la notion de la concurrence en matière d'économie d'autre part.

 Durant plus d'une vingtaine années après la colonisation, le contexte économique camerounais ne souffre pas de grands maux, mais dès les années 87, un violent fouet économique s'abat sur le Cameroun. Détérioration des termes de l'échange, contrainte de la dette extérieure, faiblesse de l'environnement institutionnel, mauvaise exécution des politiques publiques sont autant de fait socio-économique et conjoncturel ayant émaillé l'environnement urbain du Cameroun. On doit ainsi assister à une chute brutale des matières premières, à une baisse drastique des produits agricoles d'exportation (café, cacao, coton...). Avec l'avènement de la crise économique suivie de la chute des prix des produits de son agriculture, les différentes localités gisent dans un état de pauvreté ambiant. Cet état de chose à laquelle les milieux ruraux d'abord font face tiennent sur plusieurs visages et se traduisent par :

- L'insuffisance des revenues

- Les mauvaises conditions de santé

- L'insuffisance d'éducation

- L'insuffisance d'alimentation

- Difficultés d'accéder à l'information.

A côté de cette situation généralisée, il s'ensuit aussi des répercussions aussi généralisées : Exode rural, chute et fuite des responsabilités des parents... et une urgence de créer d'autres stratégies et d'autres logiques de riposte s'est profilée à l'horizon. Du coup l'on remarque la recrudescence réelle des activités économiques spontanées à travers cette vitrine marchande non-conventionnelle communément appelée le poteau ou marché de secours. Dès lors, en fonction des besoins, il se crée des opportunités de secours ; la librairie du poteau pour les livres et fournitures scolaires, la pharmacie du poteau pour la santé, les médicaments et le poteau du sexe pour le commerce du sexe ou la prostitution sexuelle... Ces organisations non naturelles dans les sociétés en crise ont des fondements, des motivations et des rôles dans la lutte plurielle contre la précarité des conditions de vie.

Pressée par le poids de la pauvreté du fait de la crise de leur production agricole, du fait de la forte croissance démographique103(*) et du fait de la crise des responsabilités sociales, la société rurale camerounaise subit de multiples pressions et les influences de la ville aussi. Ainsi, les villages se vident au profit des villes ou des grandes métropoles (Douala et Yaoundé) qui seront débordées du flux massif des populations.

Il est donc clair que l'Etat ayant échoué à beaucoup de ses programmes de développement en milieu rural104(*), les itinéraires les plus sollicités seront le départ massif, encouragé par le cercle familial élargi, des jeunes et des forces productives de la campagne vers les villes avec pour seul espoir la quête d'une condition de vie plus améliorée. C'est ainsi que la situation des activités économiques spontanées dans nos grandes villes prend de l'ampleur105(*) à cause non seulement de la démission de l'Etat mais aussi par la mise en oeuvre d'une politique interne qui s'avère boiteuse pour une crise profonde -elle n'est pas seulement économique, elle touche déjà toutes les dimensions du social, le politique et le culturel de manière flagrante. Taux d'accroissement naturel bas et l'accroissement migratoire poussé, ouvre sur une explosion démographique des villes qui réaffirment position de pays en crise. De là, de nouvelles forces sociales s'organisent pour remplir quelques engagements de l'Etat à travers des actions plus ou moins organisées via le foisonnement des méthodes collectives de survivance mises en place par les jeunes, couches les plus vulnérables. Dans ce contexte actuel marqué donc par la renonciation certaine de l'Etat de ses responsabilités et face à l'indigence qui ne cesse de prendre de l'ampleur, de nouveaux acteurs ont fait surface parfois dans le strict non respect des lois et règlements sociaux. Face à la crise économique et ses effets, les populations commencent à comprendre que le changement de leur condition de vie ne viendra pas forcément d'ailleurs. Dorénavant l'avenir se cherche vers d'autres terrains d'expérimentation, à partir d'actions pertinentes où les groupes deviennent acteurs des changements de leur milieu106(*).

Cette force dynamique des populations urbaines imprégnée à Douala par un goût de survivre laisse croire que plus de 80% de l'activité économique dans la métropole des affaires est centré et groupé dans le secteur informel et fait aussitôt observer une pluralité d'activités économiques spontanées.

B- TYPES ET CARACTERISTIQUES DES ACTIVITES ECONOMIQUES SPONTANEES RECENSEES SUR LE TERRAIN

La notion apparaît pour la première fois à côté de la conception de « secteur informel » en 1971 dans les travaux du BIT au Ghana et au Kenya. Il indique toute la portion de l'économie qui n'est pas ou est peu réglementée par les normes légales ou contractuelles. Ces travailleurs d'un autre genre ne sont souvent pas des salariés dans le sens ordinaire du terme et leur environnement socio professionnel est assurément susceptible, méfiant et vulnérable du fait de leur arrivée contingente. Ce sont absolument des émancipés, en réalité souvent dans les relations de dépendance parfois conflictuelles vis-à-vis de ceux qui les paient ou de ceux qui demandent leurs services. Typiquement, il s'agit des travailleurs du genre des activités de couture, alimentation et tabacs, saisie et traitement des données informatiques, vendeurs ambulants ou dans les marchés non réglementés, micro prestataires du style de services de nettoyage, transport, employés de maison (les domestiques et les blanchisseurs), et les paysans sans terre, tous ayant migré en ville pour tenter de survivre par tous les moyens à l'exclusion sociale dont ils sont victimes.

En effet, ces activités économiques spontanées  du secteur urbain se caractérisent par :

F Une facilité d'accès et pour cette raison, on peut y entrer dès l'irrésistible fouet de la précarité, laquelle entrée se fait juste par reconnaissance et sans enregistrement formel ;

F Le capital très réduit, parfois inexistant et même aussi symbolique ;

F La production est essentiellement obtenue par la main-d'oeuvre, par les actions de routine où la matière première peut être naturelle ou physique comme c'est le cas des filles de la Elf, une des explications de l'insuffisance de la productivité ou du rendement ;

F La faiblesse du revenu. Le salaire du travail est négligeable et souvent inférieur au SMIG107(*) puisque 69,30% des travailleurs de ce secteur gagnent moins que ce salaire minimum mensuel légal; Il est irrégulier et dépend parfois des humeurs des usagers, des clients, des demandeurs ou des patrons et, la notion de contrat de travail ne fait pas partie des sujets du dialogue ;

F Les contraintes liées à l'affiliation à un système de sécurité sociale n'existant pas, laissent finalement le milieu dans un laisser aller total qui le rend victime des péripéties de l'extérieur comme de son propre intérieur. C'est ainsi qu'à chaque situation les acteurs comme les filles de la Elf à Douala développent des stratégies personnelles tout en se constituant en fronts comme ceux des collectifs vus en milieu de prostitution dans nos grandes villes.

* 101 Lire les documents de INS 2005 sur le pourcentage des chômeurs et des sous-employés.

* 102 Dans les deux villes principales du Cameroun, capitale politique et économique, c'est un marché ou secteur qui en se distinguant par son type d'activité marginal, manifeste le rejet de l'ordre, de l'autorité et de tout ce qui est formel au point de s'expatrier et refuser son appartenance aux registres classiques de la vie du pays, s'identifiant ainsi enfin vis-à-vis de la loi comme des acteurs laissés pour compte, à devenir flou devant nécessairement plonger dans la vulnérabilité et le risque solidaire de bien de secteurs concurrentiels ; créant ainsi son propre règne et ses lois dans des territoires tampons dit glissant mais fertiles à côté des marchés d'activités dit loyaux. A Akwa ou à la ELF à Douala, à Mini-ferme ou à l'hôtel de ville à Yaoundé, ces opératrices du poteau sont connues sous diverses appellations à savoir : filles de secours, filles du poteau, filles de l'hôtel de ville, filles de la rue de la joie...

* 103 La table du paysan est pauvre mais le lit est fécond

* 104 PAS ; Programme d'Ajustement Structurel

* 105 KENGNE FODOUOP, op. cit.

* 106 J.M ELA, op. cit, p126.

* 107 Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti qui est d'environ 23 500 francs Cfa

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld