WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Formatin du collectif et processus de construction du lien social des les activités économiques spontanées:Une apprche sociologiques des opératrices du ''poteau'' de Elf à Douala au Cameroun

( Télécharger le fichier original )
par François GUEBOU TADJUIDJE
Université de Douala - Diplôme d'Etude Approfondie en Sociologie; option économie 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

-CHAPITRE V-

LE QUOTIDIEN DES ACTEURS DE LA PROSTITUTION ET LA SYMBOLIQUE DE LA CONSTRUCTION DU LIEN SOCIAL

I- LA NOUVELLE CONFIGURATION ET LE CIRCUIT ADAPTATIF OU DE SOCIALISATION

A-LA PROSTITUTION A LA ELF : DISPOSITION DE L'ACTIVITE AU QUOTIDIEN

Le bitumage et l'électrification du boulevard ont fait naître une autre configuration plus grave et spécifique de la prostitution par étalage commerciale. En pleine émission télévisée, la présidente122(*) d'une ONG luttant contre la prostitution demandait déjà si ce ne sont pas les de leurs actions politiques du pays à travers certaines autorités qui encouragent le phénomène. Il s'agit des proxénètes ou négociateurs dans les Bars et Restaurants en journée. En effet, débusquées hier des cabarets et buvettes de la capitale économique pour exhibition de slips et de sexe, ces actrices dites danseuses n'ont fait que déplacer leur activité pour la nuit et à d'autres lieux mais avec les relais des négociateurs en journée et des proxénètes en soirée. Lesquels sont leurs gardiens, leurs protecteurs qui assurent leur sécurité en se faisant appeler « les boys »

Ainsi dit, sur "les trottoirs" qui jouxtent les grandes artères et les petits couloirs de l'axe lourd et de l'ancienne station Elf venant ou allant vers le rond-point Dakar à Douala entre 18h30 et 5h30 où ces filles du poteau attendent l'arrivée des clients potentiels, attente qui se concrétise par identification, pourparler ou négociation et recrutement. En effet, celles-ci loin de prendre un local pour exercer leur métier, négocient les chambres de passe, des auberges ou des hôtels si bien installés dans le coin. La précision claire est qu'elles négocient souvent, avant pour ne payer qu'en fonction soit du nombre de clients entretenus, soit du nombre de temps mit. A vrai dire toutes les couches sociales s'en sont baignées et ont pris du goût ; hommes de pudeur, hommes en tenues, autorités influentes et gouvernantes ne sont pas des restes, bien au contraire ils sont les « bons payeurs », les hommes sur qui on mise pour espérer le « jack pot »comme le déclare Martine123(*). Mme Mouthe124(*) appuie de par ses propos que  tous ces hommes bien de là-bas sont de grands consommateurs des prostituées, facilités par les proxénètes ou les réceptionnistes d'hôtels qui sont chargés du marché du recrutement de filles. Cette prostituée qui travaille tous les jours à la Elf Axe lourd pour satisfaire les différents désirs charnels sous-traite ses marchés avec les gardiens de ce service et de nombreux autres intermédiaires et d'autres médiateurs (les aubergistes, « les boys », les bar mens, les collègues, les patrons des auberges et des bars...). Le commerce du sexe comme tous les autres marchés ne tient pas à la seule détermination de celles qui la pratiquent ou livrent leur corps. Elles sont habituellement victimes de leur naïveté ou de leur ignorance surtout quand elles y arrivent par la force de la conjoncture. Ainsi des collectifs au même titre que des réseaux naissent pour réguler ou pour mieux gérer cette activité économique spontanée exercée par dans l'ombre et en toute répression. Il s'agit des proxénètes ou des intermédiaires le plus souvent mus par de vieilles prostituées devenues dirigeantes des débits de boissons, des cabarets et des cafés ou de simples "bandits commerçants" qui, identiques aux trafiquants d'enfants aménagent la micro société. Ces proxénètes d'un autre genre recrutent et détournent les filles depuis les villages et les campagnes, en leur proposant les possibilités ou tout simplement un travail bien rémunéré dès l'arrivée à Douala. Offres irrésistibles, une fois en ville, confrontées au chômage, elles sont harcelées pour la restitution des frais et les autres charges du voyage. Les filles sont ainsi contraintes à se prostituer pour survivre, mais aussi à payer un lourd tribut à ceux ou à celles qui les protègent pendant un moment même si après elles doivent se livrer à elles-mêmes ou encore à leur propre compte.

Eu égard à cette situation et aux difficultés de leur zones d'action, certaines organisations et associations voient le jour entre ces opératrices filles du poteau dans le but de venir en aide aux prostituées ou filles nouvellement arrivées et surtout aux petites filles qui ont besoin de beaucoup d'informations pour réussir régulièrement leur intégration au poteau et atteindre leur autonomie ; c'est comme des réseaux.

Au début quand je suis arrivée, l'amie de ma tante, la maman qui m'a fait venir ne voulait pas me dire la vérité, je travaillais et elle prenait l'argent... nous étions au nombre de quatre qu'elle contrôlait et on avait vraiment beaucoup de travail, ça ne valait pas la peine, c'était l'exploitation ! Elle a refusé de nous rembourser mais Dieu voit tout...Maintenant je suis entrer dans une réunion où je tontine si c'est trop dur 6000Fcfa deux fois par semaines. Là-bas c'est vraiment une famille. Nous on discute sur tous les problèmes de notre métier et comment on peut faire pour que le travail marche bien ; personne ne vient à la Elf la nuit, dans le froid sans dormir pour s'amuser ou pour blaguer, chacun vient pour se chercher même comme il y a toujours les casse-pieds... pour eux nous on a plus peur parce que ici même le préfet connaît ce que nous on fait, il vient souvent ou bien il envoie ses gens et on s'entend toujours. Même les policiers savent que si c'est pour eux on n'a plus peur, car les boss là s'entendent avec nous... d'autres copines ici sortent avec les autorités jusqu'à on les a donné le travail et souvent elles viennent ici nous chercher quand il y a le gros contrat avec un groupe de `benguiss', et tu peux aussi profiter avec un autre qui peut t'amener... moi j'ai souvent la chance pour les trucs comme ça... parce que je suis bien jeune (Une enquêté125(*))

Les principes de la construction du collectif sont liés ici à d'autres réalités bien subjectives comme la notion de la durabilité, la notion des liens marchands, la pratique d'une activité lucrative, la pratique d'une activité en marge des lois, le caractère illégal et répressif, l'attitude d'informalité de l'activité. L'appartenance à cette corporation exige une solidarité de corps qui émerge autour de l'insécurité et du danger selon des principes bien établis et qui ne sont nullement régit par des textes mais qui sont plus ou moins bien connus.

* 122 Propos James Amely KOBELA sur un plateau d'émission de télévision (STV) présentée par Thierry NGONGANG avec le pasteur Blaise KENMEGNE du CIPCRE.

* 123 L'une des opératrices du poteau de la Elf, gérante de call box en journée

* 124 Une de nos personnes-ressources, elle est secrétaire de bureau au service central du MINAS, Dél. Prov. du Littoral

* 125 MADOUCE est âgée d'à peine vingt ans et elle a accepté de nous recevoir à la Elf et de nous donner sa parole mais à coût d'argent ce jour dit t-elle où le marché ne passe pas.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand