INTRODUCTION GENERALE
L'observation de l'évolution de l'économie
mondiale laisse de plus en plus apparaître le poids des décisions
politiques sur les orientations économiques que peuvent adopter les
gouvernements. Il n'est d'ailleurs pas surprenant d'observer à la veille
des différentes échéances électorales, des
décisions qui épousent tant bien que mal les aspirations des
électeurs. Ceci a notamment été le cas aux Etats-Unis
où, à l'approche des élections présidentielles de
Novembre 2004, l'administration Bush quelques mois auparavant, adoptait des
politiques visant à rehausser son image auprès de l'opinion
publique. De ce fait, au souci relatif à la sécurité
intérieure, cette administration demandait au Congrès une
rallonge du budget alloué à la défense en vue de
l'intervention en Irak. Par ailleurs, l'on a pu observer des baisses
consécutives du taux d'intérêt de la Réserve
Fédérale en vue de relancer la consommation et donc
l'économie. De même, l'adoption d'une politique du dollar faible
par rapport à l'euro, les subventions accordées aux producteurs
de coton américains, ainsi que l'embargo sur certains produits de
l'Union Européenne (notamment l'acier) laissent entrevoir une
volonté non seulement de relancer la compétitivité de
l'économie Américaine sur le plan international, mais
également de rehausser l'image de l'administration en place
auprès de l'opinion publique américaine.
En France, l'insécurité a constitué pour
le Président sortant Chirac un véritable cheval de bataille lors
de la campagne présidentielle d'avril 2002, occultant de ce fait les
bons résultats économiques obtenus par le gouvernement socialiste
en place quelques mois auparavant. La lutte contre l'insécurité a
alors occasionné un accroissement du budget du Ministère de
l'Intérieur, marqué notamment par une augmentation des effectifs
de la police et de la gendarmerie française. Aussi, la réduction
des impôts, la résorption du chômage pour ne citer que ces
deux exemples deviennent au fil des temps de véritables enjeux
électoraux ; peu importe l'aptitude ou non des politiciens à
pouvoir les réaliser une fois élus. Ce qui conduit
inéluctablement à établir une relation de plus en plus
croissante entre les prévisions macroéconomiques et les
échéances électorales.
Certaines études (Fouda ; 1997) ont pu mettre en
exergue le lien entre la politique et l'économie au début des
années 1990 au Cameroun. En effet, le paysage politique Camerounais
depuis les indépendances était marqué par l'existence d'un
seul parti. De ce fait, que ce soit au sein du tout premier régime
qu'à l'intérieur de celui qui lui a succédé, les
gouvernants successifs étaient préoccupés aussi bien par
leur réélection que par leur popularité.
Le déclenchement de la crise économique au
milieu des années 1980 au Cameroun a suscité davantage
l'intérêt porté à l'analyse des comportements des
gouvernants relatif à leur capacité à prendre des
décisions économiques adéquates. De plus,
l'avènement du processus de démocratisation au Cameroun au
début des années 1990 a posé les jalons d'une
possibilité d'alternance politique, provoquant alors chez les
gouvernants en place le souci plus accru de leur réélection.
Dès lors, la conduite de la politique économique et notamment la
manipulation des prévisions budgétaires par les gouvernants
intègre progressivement la variable électorale.
Toutefois, « de manière
générale, bien que les interactions entre la politique et
l'économie dans les pays en développement soient aujourd'hui
couramment admises, notamment par les travaux sur la faisabilité des
programmes d`ajustements structurels, les voies de transmissions de ces
interactions n'ont pas encore été toutes jusqu'ici clairement
définies et identifiées» (Fouda ; 1997).
L'intérêt de notre sujet est alors
consécutif à la possibilité qui nous est offerte dans
notre recherche de mettre en exergue la manipulation du budget par les
dirigeants politiques entre les différentes échéances
électorales au Cameroun.
L'analyse des expériences de politique
économique a permis l'émergence d'une nouvelle perspective
d'examen théorique de la politique économique, prenant en compte
le poids déterminant des variables significatives de la
rationalité politique Greffe (1989). De ce fait, il devient
délicat pour les gouvernants en place de se soucier uniquement de la
rationalité économique au détriment de la
rationalité politique dont l'une des variables est la
réélection. Cette dernière étant une
préoccupation permanente des hommes politiques, elle devient dans
certains cas, tributaire du succès de la stratégie
économique adoptée. Cette nouvelle donne révèle le
concept de cycle politico-économique. Greffe (1989) pense à cet
effet que « tout gouvernement analysera ses décisions
à la lumière d'une contrainte de réélection,
préoccupation d'autant plus importante que l'on se rapproche des
échéances électorales ». Abondant dans le
même sens, Paldam (1979) avait établit que le cycle
politico-économique est la fluctuation d'une économie autour de
son sentier d'équilibre de long terme généré par le
système politique. En d'autres termes, le CPE étudie la
manière dont les groupements d'intérêt et les pressions
politiques au sein d'un pays influencent les performances
macro-économiques (Yasemin Kuzu, 2004).
Il ressort de ce qui précède, un
élément fondamental: la périodicité des
décisions de politique économique sous la contrainte des
échéances électorales. De plus, pendant l'année de
l'élection, des hommes politiques lorsqu'ils veulent agir dans le sens
de leur intérêt manipulent les variables budgétaires telles
que les dépenses totales, les payements de la sécurité
sociale, les dépenses du secteur agricole, les transferts (Blais et
Nadeau, 1992).
Il apparaît dès lors que l'examen du cycle
politico budgétaire, reposant sur les mêmes fondements
théoriques que le cycle politico-économique traditionnel, traduit
une analyse des comportements du budget de l'Etat à la veille et au
lendemain d'échéances électorales.
La prise en compte dans l'analyse économique des
données politiques à fait l'objet d'une littérature
considérable. En effet, si à travers la révolution
marginaliste à la fin du 18è siècle, l'économie
néo-classique commençait à exercer une domination sans
précédent, elle ne prenait cependant pas en compte l'effet que
pouvait avoir les Institutions Politiques sur l'économie. Cette nouvelle
approche venait trancher avec certains auteurs classiques (Adam Smith dans
sa «Richesse des Nations » 1776, John Stuart Mill dans
« Principes d'Economie Politique » 1848) et mêmes
physiocrates (De Montchretien (1915), qui à travers le concept
d'Economie Politique avaient auparavant établi un lien étroit
entre la politique et l'économie.
D'un autre côté, les chercheurs en science
politique ont développé des théories normatives sans faire
appel aux concepts propres à la science économique,
conséquence du relâchement de l'interdisciplinarité
marqué notamment par une évolution en rangs dispersés des
recherches en sciences économiques et en sciences politiques jusqu'aux
années 1960.
Le regain d'intérêt porté sur le lien
entre la politique et l'économie s'est révélé
à nouveau après les années 1960 avec l'avènement de
la «Nouvelle Economie Politique ». Cette dernière impose
la prise en compte progressive des Institutions Politiques non plus comme des
variables exogènes à la politique macroéconomique, mais
elle leur fournit désormais le statut de variables endogènes
(Yasemin Kuzu, 2004). Il apparaît dès lors une catégorie
d'économistes qui met en exergue le concept de cycle
politico-économique au milieu des années 1970.
Ce concept est initialement dû aux travaux de Kalecki
(1943). Mais c'est à partir du milieu des années 1970
qu'apparaissent les véritables contributions y relatives. Nordhaus
(1975) en s'inspirant de la courbe de phillips (1958) admet que les
électeurs apprécieront la gestion des hommes politiques et leur
renouvelleront leur confiance en fonction des performances atteintes dans le
passé en matière de lutte contre l'inflation et le chômage.
Kempf (2003) pour sa part établit que « le cycle
politico-économique décrit une variation cyclique de
l'activité économique agrégée, qui découle
des considérations politiques ».
Une première vision des cycles
politico-économiques décrit des modèles théoriques
qui confèrent aux dirigeants politiques un comportement opportuniste.
Autrement dit les hommes politiques mettent sur pied avant les élections
des politiques économiques opportunistes pour augmenter leurs chances
d'élection ou de réélection. L'idée sous jacente
est que les partis politiques n'obéissent à aucune
idéologie et pratiquent des politiques économiques susceptibles
de les faire gagner les élections. La première contribution
relative au cycle opportuniste est faite par Nordhaus en 1975. Il
établit que la pratique par des candidats d'une politique
monétaire expansionniste mène à une augmentation
provisoire de l'activité économique, suivie avec un retard de
l'augmentation de l'inflation. Autrement dit, la performance économique
dans une période est mesurée par le comportement d'inflation et
de chômage. Toutefois, l'étude des cycles opportunistes
révèle deux nuances théoriques. D'une part l'on admet
l'existence des cycles opportunistes rationnels et, d'autre part celle des
cycles opportunistes traditionnels. Ces derniers sont également
étudiés pour la première fois par Nordhaus (1975) dans un
modèle représentant le dilemme inflation chômage auquel
sont confrontés les électeurs.
Dans ce type de cycle, les agents économiques forment
des anticipations d'inflation adaptatives c'est-à-dire qu'ils
prévoient l'évolution de l'inflation à partir des
informations obtenues sur cette inflation dans le passé. Ainsi,
indépendamment de leur considération idéologique, les
gouvernants ont tendance à manipuler les instruments de politique
économique avant les élections. Il faut cependant noter que les
études empiriques menées par certains auteurs et notamment par
Alesina, Robini et Cohen (1997) ne confirment pas l'existence de ce
type de cycle pour un ensemble de pays de l'OCDE au cours de la période
1960 -1993 en ce qui concerne les grandeurs économiques tels que la
croissance du PIB et le taux de chômage. Ils montrent à cet effet
qu'avant les élections, la croissance du PIB n'augmente pas de
façon significative. Ce qui signifie que pour le groupe de pays de
l'OCDE au cours de cette période là, les politiques
économiques mises en place lors des échéances
électorales n'obéissent pas à un comportement opportuniste
traditionnel des hommes politiques. Allant dans le même sens, les auteurs
tels que MC Callum (1978), Paldam (1979), Lewis- Beck (1988), Faust et
Irons (1999) ne trouvent aucune évidence pour un modèle
de CPE de Nordhaus pour le chômage ou la croissance dans des
économies développées en dehors des USA.
S'agissant des cycles opportunistes rationnels, la
rationalité tient ici au fait que les agents économiques forment
des anticipations d'inflation non plus adaptatives mais rationnelles.
C'est-à-dire que ces agents ne tiennent pas seulement compte des
informations sur le passé pour faire des prévisions, mais
également sur toutes les informations qu'ils détiennent et qui
pourraient avoir une influence sur l'inflation dans l'avenir. Ce type de cycle
opportuniste découle des travaux de bon nombre d'auteurs tels que
Cuckieman-Meltzer (1986); Person et Tabellini, (1990) ;
Rogoff (1990) ; et Rogoff et Sibert(1998). Les
études empiriques des cycles opportunistes rationnels aboutissent
à des résultats contrastés relevant de nombreux travaux
économétriques appliqués aux pays occidentaux. Si Alesina,
Cohen et Roubini (1992) peuvent faire ressortir des résultats positifs,
d'autres auteurs n'ont pas pu confirmer l'existence de tels cycles dans les
mêmes pays. Dans tous les cas, il apparaît au vu des études
empiriques menées que les fluctuations économiques que l'on
observe lors des échéances électorales n'épousent
pas toujours un comportement opportuniste des hommes politiques. Cet
état des faits s'accentue encore plus lorsque l'on considère le
cas ou les agents économiques forment des anticipations d'inflation
rationnelles.
Ensuite dans une deuxième vision, les politiciens sont
partisans d'une idéologie politique qu'ils poursuivent activement. Ces
derniers sont développés pour la première fois aux
États-Unis par HIBBS (1977). Cette théorie prend en compte le
fait que les agents économiques et notamment les électeurs
opèrent des anticipations adaptatives en ce qui concerne l'inflation.
Cependant, cette théorie ne trouve pas de confirmation empirique
valable. Une telle situation favorise une approche alternative des cycles
politiques partisans prenant en compte le comportement rationnel des agents
économiques. Si Hibbs (1977) s'est penché sur le
modèle de Nordhaus et a admis l'influence des élections sur les
fluctuations économiques, il relève toutefois que les partis de
la droite et de la gauche ont différentes positions sur les questions
économiques et par conséquent de différents objectifs
macro-économiques. En effet, en terme de fonctions objectives ils ont
différentes préférences concernant l'inflation et le
chômage. Cependant, la théorie partisane de Hibbs trouve une
critique empirique originale dans la mesure qu'elle suppose de manière
incorrecte que les anticipations sont irrationnelles. Ainsi, si l'on suppose
que la politique monétaire est employée pour frapper les
objectifs partisans du chômage et de la croissance, l'explication du
cycle politico-économique apparaît insuffisante.
La prise en compte des anticipations rationnelles dans le
cycle politico-économique a été l'oeuvre pionnière
d'Alesina (1987,1988). Il établit qu'avec les anticipations
rationnelles, seules l'inflation de surprise affecte le rendement. Cette
théorie rencontre un accord général sur l'existence des
effets partisans particulièrement sur l'activité
économique. L'évidence empirique en faveur de cette
théorie est rapportée par les travaux d'Alesina, Roubini
et Cohen (1997) qui rapportent des résultas favorables
concernant la croissance du PIB et du chômage sur un échantillon
de 18 pays de l'OCDE au cours de la période 1960-1993. Il apparaît
en effet que, le taux d'inflation est plus élevé après les
élections (pendant quelques trimestres). Ce qui laisse supposer une
utilisation avant les élections des instruments de politique
économique qui est marquée après par des
différences partisanes temporaires entre les gouvernements de gauche et
de droite.
Dans cette optique, Alesina, Robini et Cohen
montrent à travers leurs tests empiriques sur un groupe de pays de
l'OCDE dont la France, pour la croissance économique et pour le taux de
chômage, que la croissance économique est plus significativement
élevée avec un gouvernement de gauche qu'avec un gouvernement de
droite pendant quelques trimestres après les élections, et que le
chômage est significativement plus bas avec un gouvernement de gauche
qu'avec un gouvernement de droite, pendant quelques trimestres après les
élections, surtout quand il y a changement de majorité. Il est
à noter que la validation empirique de la théorie partisane
rationnelle faite par ce groupe d'auteurs tient compte de la surprise
électorale qui reste inchangée après chaque changement de
majorité. De ce point de vue, une étude empirique de la
théorie partisane par les auteurs a donné des résultats
favorables aux États-Unis, en précisant toutefois que dans ce
dernier cas, les auteurs ne considèrent plus le degré de surprise
électorale comme constant, mais plutôt comme variable pour chaque
élection. Si la justification de l'influence du cycle électoral
sur les fluctuations économiques trouve un début d'explication
avec la théorie rationnelle dans certains cas, dans d'autres, les
résultats des tests empiriques sont défavorables. Ainsi Carlsen
et Pederman (1999) ne
confirment pas cette théorie aux États-Unis en ce qui concerne la
croissance, même en intégrant à la fois le degré de
surprise électorale et la différence idéologique
(démocrate ou républicain) pendant quelques trimestres
après les élections (avec ou sans changement d'administration).
Pour Gärtner (1994), les résultats empiriques pour
l'inflation, la croissance économique et le chômage sur un
échantillon de pays de l'OCDE ne sont pas expliqués par les
cycles politiques partisans rationnels (il n'y a pas d'effets partisans
permanents sur la politique monétaire mais il y a des effets
opportunistes avant les élections).
L'étude des différentes contributions
théoriques sur l'explication des cycles politico-économiques
laisse apparaître de toute évidence une influence des
élections sur les fluctuations économiques. Tout le débat
portant désormais sur la nature de ces derniers. En effet, l'on remarque
d'une part que ces cycles se subdivisent en cycles opportunistes
(étudiés initialement par Nordhaus (1975) et en cycle partisans
(mis en évidence par Hibbs) et, d'autre part, tant pour les
cycles opportunistes que les cycles partisans, l'on admet des modèles
traditionnels (où les agents économiques forment des
anticipations d'inflation adaptatives) et les modèles rationnels
(où les mêmes agents économiques forment des anticipations
rationnels). Il faut toutefois remarquer que les tests empiriques
effectués aussi bien dans les pays de l'OCDE qu'aux Etats-Unis ont
tendance à refuter l'existence des modèles traditionnels ou, tout
simplement les tests empiriques des modèles traditionnels n'aboutissent
pas des résultats favorables.
Par contre, la justification des cycles
politico-économiques intégrant des modèles rationnels
découle des tests empiriques aux résultats dans l'ensemble
favorables, mais où quelques exceptions subsistent. Ces dernières
découlent de l'infirmation ou des résultats défavorables
des modèles rationnels en tenant compte de certains
spécificités liées aux pays.
C'est notamment le cas de la France, où bien que le
test empirique de la théorie rationnelle partisane donne des
résultats favorables en ce qui concerne la croissance et le
chômage pour un ensemble de pays de l'OCDE dont la France, la
théorie rationnelle partisane ne correspond pas parfaitement à la
situation économique de la France. En effet, elle n'est pas
validée empiriquement pour l'inflation, même si elle l'est quand
on considère un échantillon de pays de l'OCDE (dont fait partie
la France). En plus, « cette théorie (théorie partisane
rationnelle) ne prend en compte que les effets post-électoraux, alors
que les gouvernements peuvent prendre avant les élections des mesures de
politique économique pour favoriser leur réélection
(l'inflation est plus élevée pendant quelques trimestres
après les élections) » (Antoine Auberger, 2004).
Toutefois que ce soit par opportunisme ou par
idéologie, la manipulation des grandeurs macroéconomiques telles
que l'inflation, le PIB, le chômage, s'avère complexe pour les
gouvernants. En effet, le budget est plus facile à manipuler que ces
grandeurs dans la mesure où les gouvernants contrôlent leur budget
alors qu'ils espèrent avoir uniquement un impact pour l'économie
(Golden et Poterba, 1980 ; Brown et Stein, 1982). C'est ainsi que des
auteurs à l'instar de Tufte (1978), Frey et Shneider (1978, 1979)
établissent une relation entre les prévisions budgétaires
et les échéances électorales, mettant ainsi en
lumière les cycles politico budgétaires dans les pays tels que
les Etats Unis, l'Angleterre et l'Allemagne.
Toutes les contributions théoriques relatives au lien
entre le budget et les élections laissent apparaître une
volonté des décideurs publics de manipuler le budget en fonction
qu'on soit en présence ou non d'élections. Tufte (1978) ne s'y
trompe d'ailleurs pas lorsqu'il montre qu'aux Etats Unis, le payement de la
sécurité sociale augmente dans les années de
l'élection, alors que les contributions augmentent après les
années de l'élection.
L'appréhension du lien entre la politique et
l'économie a très souvent marqué la littérature
économique. Cependant, une orientation des études sur cette
liaison dans le sens de l'établissement des cycles
politico-économiques a révélé des insuffisances.
Ces dernières sont relatives à l'incapacité des
décideurs publics à influencer certaines grandeurs
macro-économiques à l'instar de la masse monétaire, dont
le contrôle dépend de la Banque centrale (Drazen, 2000b). Cet
état des faits est également observable au Cameroun où la
conduite de certaines politiques économiques est sujette à des
rigidités. En effet la politique monétaire est
élaborée et conduite par la banque centrale sous régionale
BEAC, dont l'indépendance vis à vis du gouvernement ne permet pas
aux dirigeants en place (hommes politiques) de manipuler les
disponibilités monétaires aux fins électoralistes.
Dès lors, le budget apparaît comme l'une des variables sinon la
principale qui peut être sujette à une manipulation probable. De
plus, « ... augmenter les dépenses juste avant les
élections apparaît comme une stratégie beaucoup plus simple
et potentiellement profitable, que d'essayer de mettre sur pied, un cycle
économique à travers des politiques fiscales et monétaires
appropriées » (Blais et Nadeau 1992).
L'étude des comportements du budget au Cameroun nous
pousse à nous interroger sur l'existence d'une relation de
causalité entre les échéances électorales et
l'évolution du budget au Cameroun. En d'autres termes
peut-on étendre l'analyse des cycles politico-budgétaires
au cas du Cameroun ? La réponse à cette
interrogation favoriserait la compréhension de l'influence ou non des
élections sur l'élaboration du budget au Cameroun.
La rareté des études consacrées aux
cycles politico-budgétaires en Afrique et au Cameroun notamment,
consacre l'objectif principal de cette étude qui est celui
d'étendre l'analyse des cycles politico-budgétaires au Cameroun.
Spécifiquement il s'agira :
Ø De mettre en évidence le cycle
politico-budgetaire.
Ø De dégager les déterminants
éventuels du cycle politico-budgetaire au Cameroun.
Une conduite satisfaisante de notre étude
nécessite la prise en compte de deux hypothèses :
H1 : les dépenses
budgétaires ayant un impact direct sur les électeurs augmentent
lors de l'exercice budgétaire correspondant à l'année de
l'élection et diminuent l'année d'après.
H2 : les recettes fiscales qui
également ont un impact sur les électeurs diminuent l'exercice
budgétaire correspondant à l'année de l'élection et
augmentent l'exercice d'après.
La traduction des hypothèses en variables mesurables
empiriquement nous donne les grandes lignes sur lesquelles la recherche sera
axée. Ainsi donc, dans l'optique de mesurer l'action de
l'indécision électorale sur le budget au Cameroun, il nous semble
nécessaire d'adopter deux approches :
Ø Une approche statistique où l'on s'attellera
à observer et à commenter des variations du budget sous
l'influence électorale.
Ø Une approche économétrique où
à l'aide du modèle mis sur pied par BLAIS et NADEAU (1992) nous
mettrons en exergue la même relation.
L'étude que nous présentons ici s'étend
sur la période 1970-2002 et enregistre des données relatives au
budget de l'Etat Camerounais et aux différentes échéances
électorales tenues au cours de cette période. Les données
collectées ici l'on été par le biais de la consultation
des documents portant des données statistiques sur les recettes et les
dépenses budgétaires d'une part et les échéances
électorales sur la période 1970-2002 d'autre part. Ces
données proviennent aussi bien de la Direction de la statistique et de
la comptabilité nationale (DSCN) que des archives de l'Assemblée
Nationale. La conduite de l'analyse révèle quelques
difficultés qui se traduisent principalement par le déficit de
statistiques sur la période 1960-1970, l'absence d'une fonction de
popularité pour bien juger le résultat des élections, la
non coïncidence entre l'exercice budgétaire et l'année
civile et le changement perpétuel des dénominations des
ministères et de leurs attributions.
Notre étude sera présentée à
travers deux parties. La première partie intitulée :
politique budgétaire et cycle électoral : deux notions
indissociables, et la deuxième partie libellée :
Analyse du cycle politico-budgetaire au Cameroun.
PREMIERE PARTIE :
POLITIQUE BUDGETAIRE ET
CYCLE ELECTORAL: DEUX NOTIONS INDISSOCIABLES
Dans cette première partie, avant de décrire la
mise en évidence du cycle politico-budgétaire au Cameroun, il
convient que nous évoquions dans un premier temps la politique
budgétaire comme fondement du cycle politico-bugétaire.
CHAPITRE I :
LA
POLITIQUE BUDGETAIRE : FONDEMENT DU CYCLE POLITICO-BUDGETAIRE AU
CAMEROUN
La justification des cycles politico-économiques
amorcée à l'introduction nous a permis d'établir une
influence des échéances électorales sur les grandeurs
budgétaires dans les pays industrialisés. La confirmation de
cette influence dans les pays africains et au Cameroun notamment,
nécessite que l'on se penche sur la grandeur économique qui
apparaît la plus à même à être manipulable par
les gouvernants, en l'occurrence le budget de l'Etat. Parler du budget de
l'Etat renvoie nécessairement à la politique budgétaire.
Celle-ci s'appuie sur l'élaboration du budget de l'Etat qui n'est autre
chose que la prévision de l'ensemble des recettes et dépenses de
l'Etat pour l'ensemble de l'année. La politique budgétaire est
alors un instrument de politique économique dont l'objet est
l'utilisation des dépenses et des recettes publiques pour modifier
l'équilibre global de l'économie. En ce sens donc, étant
élaborée par le gouvernement, la politique budgétaire peut
être sujette à des manipulations aux fins
électoralistes.
Aussi nous parait t-il propice dans le présent
chapitre, dans un souci perpétuel d'établir une éventuelle
liaison entre les grandeurs budgétaires et l'agenda électoral au
Cameroun, d'évoquer avant l'évolution du budget de l'Etat
Camerounais, la mise en oeuvre de la politique budgétaire
I : LA MISE EN OEUVRE DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE
AU CAMEROUN
L'examen de la politique budgétaire au Cameroun
en tant qu'instrument de la politique économique, voire comme
sous-catégorie de politique économique, permet de poser les
jalons de l'explication d'une éventuelle influence du calendrier
électoral sur les décisions publiques dans ce pays. Ainsi, de par
l'importance qu'elle revêt, il nous semble pertinent avant
d'évoquer sa mise en oeuvre au Cameroun, de faire un arrêt sur les
caractéristiques de la politique budgétaire en
général.
I.1
LA POLITIQUE BUDGETAIRE UN INSTRUMENT SOUMIS A PLUSIEURS CONTRAINTES
L'évocation de la politique budgétaire se
traduit aussi bien par la définition du concept que par les dilemmes qui
peuvent entourer sa mise en oeuvre.
I.1.1
INSTRUMENT DE POLITIQUE ECONOMIQUE OU SOUS CATEGORIE DE POLITIQUE
ECONOMIQUE
Toute politique économique consiste à poursuivre
un certain nombre d'objectifs, à l'aide d'instruments. Et à ce
titre , les instruments qu'on relève traditionnellement sont la
politique budgétaire et la politique monétaire , auxquelles l'on
peut ajouter ou associer la politique de revenus( liée à la
politique budgétaire ) et la politique de change.
La politique budgétaire comme tous les autres
instruments permet alors d'atteindre des objectifs de politique
économique, au quel cas, elle constitue elle-même, une
sous-catégorie de politique économique. Silem et Albertini (1992)
la définissent d'ailleurs comme « une politique
économique conduite au moyen du budget de l'Etat pris globalement,
incluant l'action par les recettes et l'action par les dépenses
publiques ».
Toutefois, si l'on admet que la politique budgétaire a
toujours existé, il faut reconnaître que c'est avec la publication
de « la théorie générale » de Keynes
en 1936 qu'elle est consacrée. En effet, la politique budgétaire
apparaît dès lors comme le moyen le plus efficace pour
résorber le chômage et entretenir une forte croissance. En
s'appuyant sur l'élaboration du budget et notamment sur le solde de
celui-ci, les décideurs publics peuvent agir sur l'activité
économique du pays. Aussi, dans une perspective keynésienne,
grâce au multiplicateur d'investissement notamment, un déficit
budgétaire peut permettre de relancer l'activité
économique grâce au supplément de revenu distribué
aux agents économiques. La croissance des revenus qui en résulte
va permettre, en retour, d'augmenter les recettes fiscales et de diminuer le
déficit budgétaire. Par exemple, une redistribution des revenus
par l'intermédiaire du budget au profit des ménages à
forte propension à consommer peut permettre un soutien de la demande ou
de la consommation. D'un autre côté les économistes
favorables à la politique budgétaire estiment que cette
dernière peut lutter efficacement contre les tensions inflationnistes.
Pour eux l'accroissement du taux d'imposition diminue les revenus d'un montant
plus élevé que sa cause et cet effet entraîne à son
tour une réduction de la demande. La réduction des
dépenses publiques ou leur stagnation nominale diminue la demande
réelle de l'Etat puis par effet de multiplication, le revenu des autres
agents et enfin leur demande.
Cependant si la politique budgétaire peut être
préconisée, elle reste tout de même soumise à
plusieurs contrariétés.
I.1.2 UN INSTRUMENT SOUMIS À PLUSIEURS
ENTRAVES
La mise en oeuvre de la politique budgétaire se
heurte très souvent à bon nombre de difficultés
liées aux limites et contraintes qui l'entourent.
A-LES
LIMITES DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE
La politique budgétaire rencontre un certain nombre de
limites qui remettent en cause son efficacité dans la conduite de
l'activité économique.
1-Les
anticipations des agents économiques
Si l'on se réfère à la théorie des
anticipations rationnelles, les effets de la politique budgétaire ne se
réalisent que dans de faibles proportions. Les agents économiques
anticipent les effets d'un déficit budgétaire. Que celui-ci soit
financé par emprunt (anticipation d'une hausse future des impôts,
pour rembourser plus tard) ou par création monétaire
(anticipation d'une inflation future), les ménages vont épargner
pour faire face aux échéances futures (hausse des impôts,
hausse des prix des biens et services). Par ailleurs, toujours selon la
théorie des anticipations rationnelles, un budget en équilibre
peut être interprété comme une volonté durable
de réduire les impôts. Une anticipation de la baisse des
impôt conduirait alors les ménages à consommer
davantage : une croissance de la demande permettrait ainsi de soutenir
l'activité économique. D'où l'inefficacité de
l'utilisation du solde budgétaire par les pouvoirs publics.
2-L'incohérence temporelle des décisions
publiques
Les dernières contributions des prix NOBEL
d'économie 2004, Kydland et Prescott viennent corroborer l'idée
d'une inefficacité des politiques économiques. L'idée de
base de leurs travaux est que les politiques économiques de
régulation conjoncturelle sont totalement inefficaces. Et ici, c'est
l'incohérence temporelle qui met en cause l'efficacité des
décisions publiques. En effet, pour Kydland et Prescott (1977), les
agents privés forment des prévisions bien informées des
évènements futurs en s'appuyant une connaissance pertinente des
rouages de l'économie. Dès lors que l'on considère qu'ils
peuvent anticiper le comportement du gouvernement, les actions publiques ne
sont pas temporellement cohérentes. Ils peuvent ainsi envisager que le
décideur public est porté à enfreindre ses engagements et
réviser en conséquence leurs décisions.
Si cette contribution vient enrichir l'idée de
l'inefficacité de la politique budgétaire, les conclusions qui en
découlent sont encore plus contraignantes pour la politique
économique en général et la politique budgétaire en
particulier. Ces auteurs stipulent que du fait de l'incohérence
temporelle des décisions publiques, les gouvernements doivent opter pour
des règles fixes et explicites en mesure d'assurer la
crédibilité et la transparence de leurs décisions et de
créer les conditions nécessaires à la stabilité de
l'économie. C'est ainsi que les règles de convergence à
l'instar d'un déficit budgétaire ne pouvant dépasser le
seuil de 3% du PIB, agissent au sein de l'Union Européenne comme une
véritable épée de Damoclès pour les gouvernements
de la communauté. Ceci a pour conséquence d'encadrer la politique
budgétaire et de restreindre encore un peu plus la marge de manoeuvre
d'un tel instrument.
3-Le
pouvoir des parlements démocratiques
Il n'est pas facile d'augmenter les impôts ni de baisser
les dépenses tant les parlements exercent aujourd'hui une influence
considérable sur le budget. Car une modification des composantes du
budget ne peut se faire en régime démocratique parlementaire
qu'en réunissant les représentants de la nation. Et quand on
connaît la versatilité des parlements dans ce type de
régime, la présentation des projets des lois de finances donne
souvent lieu à des débats importants au sein des
hémicycles de telle sorte que le projet de départ se retrouve
sinon rejeté , tout au moins considérablement amendé . Les
gouvernants en place se lancent parfois dans la recherche des coalitions
lorsqu'ils ne sont pas majoritaires. L'exemple des difficultés de
l'actuel gouvernement allemand d'Angela Merkel est patent.
4-Les délais
La politique budgétaire exige des délais de mise
en oeuvre et risque par conséquent d'être incompatible avec les
faits nouveaux ; bien que les lois de finances rectificatives,
l'institution d'un fonds d'actions conjoncturel apportent de la souplesse
à ce système.
5-Le
principe de cohérence de Timbergen
D'après la règle de Tinbergen, une politique
économique à des objectifs fixés (taux de chômage,
taux d'inflation, solde des échanges extérieurs etc.), doit avoir
au moins autant d'instruments (taux d'imposition, taux d'intérêt,
solde budgétaire etc.) que d'objectifs. Ainsi, chaque instrument doit
pouvoir permettre de poursuivre un objectif indépendant. Or, le
problème essentiel de toute politique économique réside
dans le fait que , d'une part les objectifs ne sont pas toujours
indépendants, et d'autre part, que le nombre d'instruments
indépendants est insuffisant par rapport au nombre d'objectifs. C'est
ainsi que lorsque l'on utilise la politique budgétaire pour influencer
l'activité économique, le déficit budgétaire peut
agir sur deux objectifs : le chômage et l'inflation. Sur le plan
théorique, le principe de cohérence se trouve violé.
B-LES
CONTRAINTES DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE
Elles sont considérables et se déclinent en
contraintes internes et contraintes externes.
1. Les
contraintes internes
Comme nous l'avons évoqué plus haut, les
dilemmes de la politique budgétaire découlent de son utilisation
comme instrument de politique économique pour atteindre des objectifs. Le dilemme inflation/chômage est l'un des plus
célèbres des dilemmes en économie qui a été
révélé à la suite des travaux de
l'économiste britannique Philips en 1958. En effet, il est établi
que toute poursuite de l'un des deux objectifs (inflation ou chômage) se
fait au détriment de l'autre. C'est ainsi que le déficit
budgétaire en poursuivant le plein-emploi, conduirait à une
hausse des salaires sur le marché du travail, et donc à une
hausse des prix, pour que se rétablissent les profits de l'entreprise.
Même si cette allégation a perdu de sa verve par la suite avec le
phénomène de « stagflation » observée
dans les années 70, depuis le début des années 90, la
liaison inflation-chômage semble correspondre à la logique de
Philips. A cela nous ajoutons les contraintes des capacités de
production, les contraintes de financement de la protection sociale.
2- Les
contraintes d'ordre externes
Souvent plus nombreuses et plus fortes que les contraintes
internes, du fait de la mondialisation et de l'interdépendance des
économies nationales.
Les politiques de relance de l'activité sont souvent
utilisées pour favoriser la croissance économique. Ces politiques
visent à assurer un soutien à la consommation et/ou à
l'investissement. L'instrument de prédilection est alors la politique
budgétaire. Mais ces politiques se heurtent malheureusement à la
hausse des importations (équipement), préjudiciable à
l'équilibre extérieur. Les effets de la croissance sur
l'équilibre extérieur dépendent de
l'élasticité des importations par rapport au PIB. De plus si
l'activité est restreinte chez les principaux partenaires commerciaux du
pays, la croissance de la production nationale aura toutes les
difficultés à trouver des débouchés
extérieurs.
En somme, si la politique budgétaire reste un
instrument utilisable, il faut dire que son efficacité dépend de
la prise en compte de plusieurs contraintes et limites lors de sa mise en
oeuvre et notamment au Cameroun.
I.2 - LA POLITIQUE BUDGETAIRE AU CAMEROUN
La politique budgétaire s'appuyant sur
l'élaboration du budget de l'Etat, il apparaît donc
nécessaire dans le cadre de l'examen et de la mise en oeuvre de la
politique budgétaire au Cameroun de se pencher aussi bien sur les
composantes et les principes du budget de l'Etat que sur les choix publics au
Cameroun en matière budgétaire.
I.2.1- COMPOSANTES ET PRINCIPES BUDGETAIRES AU
CAMEROUN
A- LES
COMPOSANTES DU BUDGET DE L'ETAT
Dans sa définition classique du budget, le
décret français du 31 Mai 1862 établit que :
« Le budget est un acte par le quel sont prévues et
autorisées les recettes et les dépenses annuelles de l'Etat, et
les autres services que la loi assujettit aux mêmes
règles ». Cette définition du budget est devenue
obsolète avec le temps. En effet, l'article 1er de
l'ordonnance N° 62-DF-4 du 7 Février 1962 sur le régime
financier au Cameroun établit que « le budget de l'Etat
prévoit et autorise en la forme législative les charges et les
ressources de l'Etat. Il est arrêté par le parlement dans la loi
des finances qui traduit les objectifs économiques et financiers du
gouvernement ». Cette définition fait apparaître
clairement que le budget du Cameroun s'articule au tour de deux
composantes : les dépenses et les recettes.
a- Les
recettes publiques
Il s'agit pour l'essentielle (à plus de 90%) des
ressources fiscales et droits douaniers (plus les dividendes des entreprises
publiques et les recettes de privatisation des entreprises publiques par
exemple)
Suivant l'article 13 de l'ordonnance de 1962, les recettes du
budget comprennent :
§ Les revenus du domaine ;
§ Les rémunérations des services
rendus ;
§ Les contributions, subventions ;
§ Les remboursements des prêts et avances ;
§ Les produits des emprunts de l'Etat et les
prélèvements exceptionnels ;
§ Les avances et les subventions accordées
à l'Etat ;
§ Les prélèvements sur les fonds de
réserve ;
§ Les produits divers ;
§ Les fonds de concours ;
§ Les impôts, les contributions et les taxes.
Il est classique de distinguer les impôts directs et
indirects. Les premiers comprennent principalement l'impôt sur les
revenus des personnes physiques, l'impôt sur les sociétés
et de manière marginale l'impôt de solidarité sur la
fortune. Les impôts indirects les plus élevés dans notre
pays sont pour l'essentiel les taxes sur la consommation, la première
d'entre elles est la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).
b- Les
dépenses publiques
Les dépenses publiques votées par le
parlement correspondent aux dépenses dont la reconduction est
nécessaire, afin que la gestion des services publiques soit
assurée de façon permanente et que les obligations de l'Etat,
à l'exemple du paiement des intérêts de la dette publique,
puissent être remplies. La classification des dépenses publiques
adoptée par la législation camerounaise est la classification
économique qui se subdivise en deux : d'un côté les
dépenses administratives et les dépenses de transfert et de
l'autre les dépenses de fonctionnement et les dépenses
d'investissement. Mais pour un souci de bien appréhender l'étude
du budget au Cameroun nous nous appuierons sur la classification fonctionnelle
du budget car, « si le budget dans sa présentation officielle
évalue les moyens financiers nécessaires à
l'accomplissement des tâches de l'Etat, il ne donne pas en revanche
d'indication précise sur le résultat de ses
interventions .......de plus, la présentation fonctionnelle du
budget s'efforce de répondre à cette préoccupation
,puisqu'elle contribue à l'évaluation des coûts liés
à la fourniture d'un service ou à l'accomplissement d'une
tâche particulière par l'Etat ( à l'exemple de la
construction d'une longueur donnée d'autoroute, de la fourniture
à chaque élève d'un type d'enseignement
déterminé,des actions menées en vue de la
prévention et de l'éradication de telle ou telle
épidémie frappant la population,etc. » ( Cros ;
1994)
La conception fonctionnelle ou « performance
budget » en Anglais, fait ressortir le coût des services
administratifs et de leur rendement. Le budget fonctionnel est utilisé
par les pays tels que : Les USA depuis 1947, la Hollande depuis 1952.
En somme, cette classification fait ressortir :
1) Les dépenses de fonctionnement qui
sont l'ensemble des dépenses nécessaires pour faire fonctionner
l'Etat, dont principalement la rémunération des
fonctionnaires.
2) Les dépenses d'intervention qui
regroupent l'ensemble des interventions économiques et sociales de
l'Etat : versement des revenus, d'aide, de subvention et d'indemnisation
aux ménages, entreprises et collectivités territoriales ;
mais aussi les dépenses d'investissement civils et militaires.
3) Le remboursement de la dette publique, qui
est la conséquence des déficits budgétaires
accumulés par l'Etat sur laquelle nous reviendrons plus bas.
L'élaboration des dépenses et des recettes
publiques doit respecter des contraintes institutionnelles.
B-LES PRINCIPES
BUDGETAIRES
L'élaboration, l'exécution et le contrôle
du budget de l'Etat sont assis sur des principes essentiels qui sont : la
périodicité, l'autorisation, la prévision, la loi.
a- Le
budget est un acte de prévision à caractère financier
Dans le souci de faire face à ses engagements, l'Etat
énumère des voies et Moyens pouvant lui permettrent d'atteindre
cet objectif. C'est ainsi que le gouvernement élabore un tableau qui
retrace l'ensemble des dépenses à effectuer et des recettes
à réaliser. BIDIAS (1971) le considère comme
« un devis de dépenses nécessaires au fonctionnement de
l'administration du pays pendant une période déterminée et
une énumération des voies et moyens devant permettre de faire
face à ces dépenses». Le budget de l'Etat revêt de ce
fait un caractère évaluatif qui le différencie du bilan
d'une société où sont répertoriés les
éléments positifs et négatifs sous forme d'actif et de
passif.
b- Le
budget est un acte d'autorisation à caractère politique
S'il constitue un acte qui donne l'autorisation d'engager les
dépenses et de percevoir des recettes, il s'apparente également
à une sorte de délégation limitative accordée aux
gouvernements pour effectuer ces dépenses et réaliser ces
recettes. Il faut noter en plus que non seulement cet acte d'autorisation est
délivré par le parlement (à travers le vote de la loi des
finances), mais également et surtout le gouvernement se soumet aux
sanctions liées au non-respect du budget. Ces sanctions peuvent
être des questions écrites lors du vote du budget, la
réduction des crédits.
c- Le
budget est un acte périodique
L'exercice budgétaire au Cameroun s'étend sur
une période d'un an. Il a longtemps chevauché entre deux
années s'écartant ainsi de l'année civile et
épousant plutôt des raisons politiques (rentrée
parlementaire). Jusqu'en 2003, cet exercice allait du 1er juillet de
l'année N au 30 Juin de l'année N+1. Mais depuis 2004 il
épouse l'année civile c'est-à-dire du 2 Janvier de
l'année N au 31 Décembre de l'année N. L'étendue de
la période budgétaire est donc annuelle au Cameroun. Autrement
dit les recettes et les dépenses de la loi des finances ne sont valables
que pour un an. Toutefois, le budget d'une année peut être
reconduit l'année suivante si le parlement n'a pas pu voter la loi des
finances qui lui est présentée. Le Président dispose alors
du droit de reconduire par douxième le budget en cours jusqu'à ce
qu'une nouvelle loi des finances soit votée.
d- Le
budget est une loi
Le socle du budget est la loi des finances qui
« n'est pas une loi comme les autres. En effet, tandis que la loi est
un acte-régle qui édicte en général des
règles impératives, permanentes, applicables pour tous, la loi
des finances, elle, est un acte condition, car son existence est indispensable
pour déclencher les règles régissant les recettes et les
dépenses publiques » BIDIAS (1971).
En plus de ces quatre caractéristiques, l'on peut
ajouter les principes d'une part de l'unité et de l'universalité
et d'autre part de l'équilibre.
e-Le
principe de l'unité et de l'universalité
Pour SEMEDO (2001) ce principe traduit que « le
budget doit contenir les recettes et les dépenses de l'Etat dans un seul
document ; il ne s'agit pas du solde par opération, mais d'un
tracé poste par poste indiquant les recettes et les
déboursements ».Ce qui permet d'apprécier
l'ordonnancement et saisir d'un coup d'oeil les grandes lignes.
f-Le
principe d'équilibre
L'équilibre du budget signifie que le montant des
dépenses publiques est égal au montant des recettes publiques
classiques (impôts notamment). Il traduit le fait qu'en principe il ne
devrait exister ni d'excèdent ni de déficit. Et que toute
dépense se devait d'être justifiée par des contributions
témoignant du souci des individus de consentir à la
« levée de l'impôt ».
A la suite de ces contraintes nous pourront relever d'autres
contraintes qui doivent être prisent lors de l'élaboration de la
politique budgétaire au Cameroun.
I.2.2- DES CHOIX PUBLICS FORTEMENT INFLUENCES
L'examen de la politique budgétaire que nous avons
effectué plus haut laisse présager un instrument de politique
économique qui reste confronté à certains aléas.
Cette réalité au niveau général se retrouve
également au Cameroun lorsqu'on vient parler de la mise en oeuvre de la
politique budgétaire. En effet, celle-ci reste très
influencée par plusieurs facteurs, parmi lesquels la conjoncture
économique occupe une place prépondérante.
A-L'EFFET DE LA CONJONCTURE
S'il est vrai que la politique budgétaire est un
instrument à la portée des décideurs publics dans
l'optique d'atteindre les objectifs de politique économique, il faut
aussi noter que celle-ci s'accommode au Cameroun des différentes
situations économiques.
L'on peut relever pour bien évoquer les effets de la
conjoncture sur les choix publics au Cameroun, trois périodes : une
période d'envol de l'économie de 1960 à 1985 ; une
période de grande morosité économique de 1986 à la
mi-1994 et une période de reprise depuis la mi-1994. A ces trois
périodes correspondent également trois types de décisions
publiques ou de politique budgétaire.
1-1970-1985 : U ne politique expansionniste
1960 marque la prise des rennes du pouvoir par des dirigeants
nationaux, suite à l'indépendance du pays. Longtemps
cantonnée entre les mains des colonisateurs, l'économie
camerounaise est dorénavant aux mains de ses fils.
Le début de la période est marqué par un
patriotisme des gouvernants qui veulent construire le pays et le doter
d'infrastructures et d'un système productif de bonne qualité.
C'est la période de gros investissements de l'Etat financés en
grande partie par les recettes d'exportations des produits de base dont les
cours sont très flatteurs. La politique économique menée
à cette période s'apparente à une politique de relance de
l'activité économique. En effet, au cours de cette période
les décideurs politiques soutiennent la croissance de la production, et
donc l'emploi, par une politique budgétaire expansionniste. Ceci
s'aperçoit par la création de plusieurs entreprises publiques
dans les années 1970 et surtout dans le secteur agricole. Au
début des années 1980, l'industrie pétrolière va
bénéficier du même engagement étatique.
L'intervention de l'Etat s'effectue par des aides à la
consommation, des revenus appréciables et surtout des subventions
à l'investissement, dans le cadre du déficit budgétaire.
Il en résulte des rentrées fiscales supplémentaires, une
baisse des coûts unitaires de production (économies
d'échelle) qui réduisent les tensions inflationnistes et
permettent de maintenir l'équilibre extérieur.
De plus, l'embellie pétrolière du début
des années 80 permet au Cameroun de faire face à la chute des
cours des produits d'exportation qui plonge déjà d'autres
économies de la Zone Franc comme la Côte d' Ivoire dans une crise
économique
Les pouvoirs publics ont adopté une politique de
stérilisation partielle des recettes dans le souci d'utiliser la manne
pétrolière durablement. Cette politique budgétaire
apparemment prudente, va s'avérer par la suite insuffisante au regard
des années qui suivront le boom pétrolier. Au niveau de la
fiscalité, les décideurs publics orientent leurs efforts sur la
fiscalité pétrolière au détriment des autres types
d'impôts.
2-De
1985 à la mi- 1994 : Une politique de rigueur
1985 marque le début de l'effondrement de
l'économie Camerounaise. La crise économique qui s'en suit trouve
son origine dans un premier temps dans des facteurs externes. La crise
économique a fait son apparition avec la baisse des cours des produits
d'exportations entre 1985 et 1988, combinée à la
dépréciation du dollar américain, monnaie en laquelle
étaient valorisées les exportations. Ce qui entraîne une
chute conséquente des recettes de l'Etat à partir de 1989. En
revanche, le développement de la crise est dû très
largement à des facteurs internes que les possibilités offertes
par la manne pétrolière masquaient.
La prise de conscience de cet état de crise par
l'ensemble des classes de la société n'apparaît
réellement qu'à la fin 1993, lorsque la baisse cumulée des
salaires de la fonction publique atteint près de 70. Ainsi, ce choc
externe de grande ampleur, relayé par un ajustement des finances
publiques douloureux et tardif, révèle les bases fragiles d'une
politique budgétaire tournée plus vers la captation des rentes
que vers le développement diversifié de son secteur productif. La
gestion de la nouvelle source de revenus que constituait la rente
pétrolière a renforcé le poids de l'action
discrétionnaire des pouvoirs publics sur l'économie ;
« une économie où la redistribution de la rente
pétrolière jouait un rôle central mais excessif »
(Aerts, Cogneau, Herrera, De Monchy, Roubaud ; 2000). Les pouvoirs publics
n'ont qu'une marge de manoeuvre limitée face à ce choc externe.
Ils décident un allègement de la fiscalité sur le
pétrole dans l'espoir de relancer la production. La seule solution
possible pour équilibrer son budget est de réduire ses
dépenses, avec des conséquences plutôt négatives sur
la croissance économique du pays, et d'augmenter son endettement.
La réduction des salaires de la fonction publique en
1993, a été fortement critiquée car en terme
d'efficacité « il aurait mieux valu réduire le nombre
d'agents plutôt que de baisser arbitrairement leurs salaires. Mais dans
le contexte politique de l'époque, il était difficile d'appliquer
une telle mesure, le gouvernement étant politiquement fragile et
fortement contesté pour sa gestion passée. » (Dubois,
1997).
Enfin il faut noter que c'est à cette période
que le Cameroun entre dans le cycle de réformes économiques
menées sous l'égide des bailleurs de fonds et notamment le FMI et
la Banque Mondiale, réformes dans lesquelles se trouve encore
actuellement le pays.
3-Depuis la mi-1994 : Une politique de relance
L'annonce de la dévaluation du FCFA a
créé une onde de choc sur l'ensemble de la population,
entraînant une prise de conscience plus forte de la réalité
de la crise économique. Les résultats macroéconomiques se
sont peu à peu améliorés. On assiste à une
augmentation des recettes fiscales, une hausse des importations et une relative
stabilité des prix.
Depuis 1994, on assiste à une discipline en
matière de finances publiques. Les déficits sont de plus en plus
maîtrisés du fait non seulement de meilleurs choix en
matière de collecte de l'impôt, mais également au niveau de
l'affectation des ressources. L'on observe une reprise de l'investissement, un
abandon progressif par l'Etat du système productif au profit du
privé et un service de la dette tant intérieure
qu'extérieure, plus régulier .Toutefois Le problème de la
reprise de la croissance sur le long terme et de ses retombées en termes
sociaux reste entier. La charge fiscale demeure forte sur les entreprises, de
même que l'endettement national. Si bien que « toute nouvelle chute
des cours sur les marchés mondiaux ou l'apparition des troubles sociaux
ou politiques graves peuvent remettre en cause à tout moment, le fragile
équilibre actuel et mettre à nouveau le pays hors du cadre
macroéconomique actuel défini avec les bailleurs de
fonds » (Dubois, 1997). D'où une menace plausible sur le point
d'achèvement de l'initiative PPTE en cours.
Il découle de tout ce qui précède que la
mise en oeuvre de la politique budgétaire au Cameroun reste
influencée par la conjoncture économique. Mais d'autres facteurs
peuvent aussi être relevé.
B--LES
AUTRES FACTEURS
Parmi les autres facteurs qui influencent la mise en oeuvre
de la politique budgétaire l'on peut relever aussi bien l'importance de
l'opinion publique , la présence des bailleurs de fonds accrus par le
poids devenu insoutenable de la dette.
1-L'effet d'éviction du service de la dette
extérieure
L'un des facteurs qui influencent fortement la mise en oeuvre
de la politique budgétaire au Cameroun est l'encours de la dette
extérieure et, partant, son service. Il convient de rappeler ici que
suite au retournement de la conjoncture économique au milieu des
années 80, les finances publiques laissent apparaître un
déficit budgétaire chronique. Le financement du déficit
primaire est alors assuré pour l'essentiel, par un recours au
financement extérieur. Ceci a pour conséquence, à partir
de 86/87, un gonflement durable des tirages sur l'extérieure et un
accroissement très sensible du service de la dette. La situation n'a
d'ailleurs guère changé avec une dette extérieure
estimée à 8,5 milliards de dollars en 2002.
La charge de la dette absorbe une part disproportionnée
des recettes publiques, freinant l'investissement public, empêchant la
relance de la demande intérieure, et risquant au moindre problème
social, ou politique, de contraindre le pays à quitter de nouveau le
cadre d'équilibre macro-économique négocié avec les
bailleurs de fonds. Le gouvernement ne possède alors qu'une très
étroite marge de manoeuvre pour mener à bien les réformes
nécessaires. Le service de la dette a ainsi influencé sur la
croissance (croissance négative sur plusieurs années), en
évinçant les investissements privés et en modifiant la
composition des dépenses publiques. Dès lors le lourd service de
la dette extérieure a occasionné l'accroissement de la facture
des intérêts et du déficit budgétaire de l'Etat, de
même que l'on a assisté à une réduction de
l'épargne publique. Une telle situation a conduit les gouvernements
successifs à négocier des allègements de la dette contre
l'application des réformes économiques contenus dans les
programmes d'ajustement structurels , renforçant ainsi le pouvoir et
l'influence des bailleurs de fonds sur l'élaboration des politiques
économiques au cameroun.
2-Des
bailleurs de fonds plus présents
Parler de l'influence des bailleurs de fonds dans la mise en
oeuvre des politiques économiques et de la politique budgétaire
au Cameroun, c'est reconnaître que celle-ci intervient à la suite
de la crise d'endettement dans laquelle vit le pays. Aussi bien les bailleurs
de fonds multilatéraux que bilatéraux, leur intervention
croissante effective ou apparente dans la gestion publique découle de
l'insoutenabilité de la dette publique extérieure. Il faut
cependant noter que, et contrairement à bon nombre de pays africains,
ce n'est qu'en 1988 que le Cameroun se voit appliqué les premiers
programmes d'ajustement structurels énoncés par le FMI et la
Banque Mondiale. Le pays signe alors un protocole d'accords de réformes
macroéconomiques, marqués notamment par le respect des
différents équilibres monétaires et financiers. Il est
demandé au pays de procéder notamment à une meilleure
discipline budgétaire marquée par une restructuration de ses
dépenses et de ses recettes. Rappelons nous que lors de la
période faste (1980-mi-1986), les principales recettes de l'Etat
étaient assises sur des variables instables comme le prix du baril de
pétrole et le taux de change du Fcfa. Aussi, les dépenses
à l'instar de la masse salariale étant, par nature , une variable
peu flexible à la baisse, son développement aurait dû
être conçu à long terme, et donc en fonction des
potentialités de croissance en volume . C'est à dire en adoptant
un comportement plus prudent pour un pays soumis à des fluctuations des
termes de l'échange qu'il ne peut maîtriser.
a-La
prépondérance des institutions de Bretton Woods
Le laxisme dans la gestion publique va coûter
très cher au pays lorsque celui-ci entre dans le cycle de reformes,
surtout en termes de souveraineté des décisions
budgétaires. Même l'Aide Publique au Développement est
conditionnée par l'application de ces réformes. C'est ainsi que
si la convention de Lomé IV ne fait pas explicitement
référence, dans son texte, aux institutions de Bretton-Woods,
elle insiste cependant sur le fait qu'un accord sur le programme de
réformes envisagé doit préexister avec les principaux
bailleurs de fonds multilatéraux pour que l'éligibilité
soit automatique. Ces institutions sont, en effet considérés
comme les plus compétentes en matière d'analyse
macro-économique, notamment monétaire et financière , de
mise à jour des rigidités structurelles des différents
secteurs de l'économie, et d'évaluation des capacités de
financement nationales. Alors que le FMI met surtout l'accent sur
l'équilibre des agrégats monétaires et financiers, et sur
le contrôle de la demande globale, la Banque Mondiale insiste davantage
sur la restructuration des appareils productifs et administratifs, sur la
formation d'un capital national, physique, social et humain et sur le
renforcement de l'offre globale. Ces deux institutions jouent de facto un
rôle de leader incontestable dans ces domaines, ce qui leur permet de
débattre dans un dialogue permanent avec les gouvernements successifs
camerounais, des orientations de la politique économique qui sont
reprises dans des documents officiels.
b. Des bailleurs de fonds
bilatéraux solidaires des prescriptions du FMI et de la Banque
mondiale.
Les autres bailleurs de fonds ont souvent la
responsabilité d'animation des secteurs particuliers. Ainsi par exemple,
l'Union Européenne assure le leadership dans le domaine des
infrastructures, la France dans ceux de l'éducation en français
et de la restructuration de l'administration économique et
financière, la Belgique et l'Allemagne dans la santé etc. ces
interventions sectorielles s'intègrent dans le cadre
macro-économique défini par les négociations entre les
institutions de Bretton-Woods et le gouvernement camerounais.
S'il est indéniable que les réformes
structurelles sont indispensables au Cameroun, plusieurs voix
s'élèvent toutefois pour fustiger les mesures de ces
institutions. En effet ces dernières ont tendance à
considérer le développement comme le résultat d'une
combinaison de techniques particulières issues des concepts et de
démonstrations de la science économique et validées par
des résultats des applications empiriques qui s'en déduisent.
Plus généralement, les considérations sociales ou
politiques qui reflètent les objectifs de cohésion sociale et
d'internalisation des procédures économiques, sont souvent
considérés comme secondaires par rapport à la recherche
d'un sentier de croissance optimal, basé sur le respect des
équilibres monétaire et financier et à la
nécessité d'un taux de croissance élevé du PNB.
Toutefois, la récente prise en compte des aspects de bonne gouvernance,
de formation du capital humain, de préservation du capital social et de
lutte contre la pauvreté permet d'infléchir cette vision dans un
sens plus holistique.
3. L'interdépendance des
économies nationales dans le cadre de la
Zone
CEMAC
Tout comme pour le cas des programmes d'ajustement
structurels et autres initiatives PPTE, l'appartenance du Cameroun à un
ensemble économique et surtout monétaire qu'est la zone franc,
restreint l'autonomie du pays en matière d'élaboration de la
politique budgétaire. D'après l'un des critères de
surveillance multilatérale le déficit budgétaire ne
pouvant pas excéder les 3% du PIB dans la Zone CEMAC, ceci ne permet pas
au Cameroun d'utiliser facilement un solde budgétaire déficitaire
comme un instrument de politique économique. pourtant dans une
perspective Keynésienne (rôle du multiplicateur d'investissement)
un déficit budgétaire peut permettre de relancer
l'activité économique grâce au supplément de revenu
distribué aux agents économiques. La croissance des revenus qui
résulte va permettre en retour, d'augmenter les recettes fiscales et de
diminuer le déficit budgétaire.
Tout ceci laisse donc entrevoir une possible influence de la
politique sur les grandeurs budgétaires.
Il ressort de l'examen de la mise en oeuvre de la politique
budgétaire au Cameroun que celle-ci demeure comme dans les autres pays
un instrument de politique économique soumis à plusieurs
contraintes. Ces contraintes au Cameroun si elles découlent de la
conjoncture qui prévaut elles laissent paraître une possible
influence de la politique. Cet impact de la politique sur les grandeurs
budgétaires peut trouver un début d'explication à travers
l'examen de l'évolution des variables budgétaires au Cameroun.
II : EVOLUTION DU BUDGET DE L'ETAT AU
CAMEROUN
La description faite du budget de l'Etat dans la
première section à travers tous les éléments qui le
caractérisent a posé les jalons d'une étude de ce budget
en terme d'évolution. Car en effet, s'il est un acte annuel, il
intègre également les différents éléments de
la conjoncture économique qui prévaut au moment de son
élaboration. Aussi, le volume de dépenses publiques peut
être différent selon qu'on se trouve en période de
croissance soutenue ou de récession. Ainsi, il s'agit au niveau de cette
section d'essayer de présenter le comportement du budget de l'Etat au
Cameroun à la lumière des différentes situations
économiques qu'a connu le pays depuis son accession à
l'indépendance. Ceci se fera alors d'une part, à travers les
recettes et d'autres part, du point de vu des dépenses publiques.
II.1-EVOLUTION DES DEPENSES PUBLIQUES
Les dépenses constituent comme nous l'avons vu,
l'ensemble des engagements que se donne le gouvernement au cours d'une
année. Aussi, il s'agit ici d'observer cette évolution des
dépenses publiques au Cameroun sous deux aspects : Une
évolution en taux de croissance et une évolution en niveau.
II.1.1-EVOLUTION EN NIVEAU DES DEPENSES PUBLIQUES
Il s'agit ici d'observer l'évolution en termes de
quantité des dépenses totales, des dépenses de
fonctionnement et des dépenses d'investissement. Le graphique 1
ci-dessous illustre l'évolution de 3 types ces dépenses.
Graphique
1 : Evolution en niveau des dépenses Totales,
d'investissement et de fonctionnement
Source : Construit par l'auteur à partir des
données de la DSCN
a-
Dépenses Totales
L'observation de la courbe des dépenses totales laisse
entrevoir 3 phases :
La première phase traduit un accroissement des
dépenses totales de l'exercice 70/71 jusqu'à l'exercice 86/87
atteignant de ce fait 800 milliards de Frs CFA.
La deuxième phase traduit une diminution
modérée de ces dépenses jusqu'en 94/95.
A partir de 95/96, survient une reprise de l'accroissement
jusqu'en 2002. L'on peut toutefois noter un léger répit à
l'exercice 98/99.
b-
Dépenses de fonctionnement
La courbe des dépenses de fonctionnement connaît
une évolution identique de la courbe des dépenses totales, dans
la première phase de celle-ci après le pic de 86/87, 460
Millions, on observe plutôt de légères fluctuations
jusqu'en 97/98. Exercice à partir du quel les dépenses
s'accroissent.
c-
Dépenses d'Investissements
L'observation des dépenses d'investissement traduit une
évolution similaire à celle des dépenses de fonctionnement
dans leur première phase. Ensuite l'on observe des fluctuations
légères les exercices suivants. Tout en remarquant que ces
dépenses d'investissement n'ont plus pu atteindre jusqu'en 2002 leur
niveau le plus élevé de l'exercice 86/87 qui était de 340
millions
II.1.2- EVOLUTION EN TAUX DE CROISSANCE DES DEPENSES
PUBLIQUES
Les taux de croissance nous permettent de mesurer l'ampleur de
l'évolution des dépenses publiques. Les graphiques ci-dessous en
font illustration.
a- Les
Dépenses Totales
Graphique 2 :
Evolution en taux de croissance des dépenses totales
Source : Construit par l'auteur à partir des
données de la DSCN
Une vue d'ensemble du graphique 2 ci-dessus laisse
apparaître des fluctuations du taux de croissance des dépenses
totales que l'on peut subdiviser en trois phases :
- Une première phase de fluctuations positives et
modérées qui va de l'exercice 70/71 jusqu'à l'exercice
86/87 avec un maximum de 0,3 % en 72/73 et un minimum de moins de (+ 0,07 %) en
77/78. Ce qui nous donne un écart de plus de + 0,2 % entre le taux de
croissance le plus élevé et le taux de croissance le plus bas des
dépenses totales.
- Une seconde phase de fluctuations négatives et
modérées qui va de 87/88 à 92/93 avec un minimum de plus
de (- 0,2 %) et un maximum de 0. Il faut toutefois relever à ce niveau
une période de stabilité de ce taux de croissance qui avoisine
les 0 % les exercices 91/92 à 94/95.
- Une troisième et dernière phase qui va de
94/95 à l'exercice 2001/2002 où les taux fluctuent positivement
avec un minimum qui avoisine 0 % en 98/99 et un maximum de + 0,4 % en 96/97.
b- Les
Dépenses de fonctionnement
Graphique
3 : Evolution en taux de
croissance des dépenses de fonctionnement
Source : Construit par l'auteur
à partir des données de la DSCN
L'observation du graphique 3 laisse apparaître des
fluctuations du taux de croissance des dépenses de fonctionnement que
l'on peut subdiviser en trois phases :
- Une phase de fluctuations positives d'une amplitude assez
faibles +0,2 % de l'exercice 70/71 à 86/87 avec un maximum de plus de +
0,3 % et un minimum de moins de + 0,1 % en 86/87.
- Une seconde phase de fluctuations à la fois
négatives et positives d'une grande amplitude mais relativement
constante avec un maximum d' un peu plus de + 0,1 % en 90/91 et un minimum de
moins de - 0,1 % en 92/93.
- Une troisième et dernière phase de
fluctuations positives du taux de croissance allant de l'exercice 96/97
à l'exercice 2001/2002.
c- Les
Dépenses d'Investissement
Graphique 4:
Evolution en taux de croissance des dépenses
d'investissement
Source : Construit par l'auteur
à partir des données de la DSCN
On observe également une fluctuation du taux de
croissance des dépenses d'investissement.
Cependant, l'on peut remarquer deux types de fluctuations
laissant entrevoir deux phases principales :
- Une première phase de fluctuations positives et
modérées de 70/71 jusqu'en 86/87 avec un maximum de près
de (+ 0,5%) et un minimum en 74/75 de près de (+ 0,1%) en 79/80
- Une seconde phase de fluctuations positives et
négatives d'une amplitude forte (+0,8%) avec un maximum de près
de (+ 0,4%) en 95/96 et un minimum de près de moins (-0,4%) en 2000/201
cette période de 86/87 à 2001/02.
En somme, l'évolution des
dépenses budgétaires tant à niveau qu'en taux de
croissance que nous venons de faire laisse apparaître : Pour les
dépenses totales, une phase d'expansion suivie d'une phase de
récession et d'une phase de reprise. Les dépenses de
fonctionnement et d'investissement quant à elles ne laissent pas
apparaître aussi clairement cette subdivision.
En effet, les dépenses de fonctionnement si elles ont
connu une phase d'expansion jusqu'au milieu des années 1986/ 1987 ont
plutôt connu ensuite une petite phase de stabilité de 87 à
97 et une reprise à partir de 98, cette dernière se traduisant
par une augmentation du niveau de ces dépenses dépassant leur
niveau le plus élevé atteint dans le passé. Les
dépenses d'investissement à l'inverse ont connu une phase
d'expansion jusqu'en 87 suivie d'une diminution et augmentation alternative
jusqu'en 2002 ; mais jamais n'ont pu atteindre leur niveau
élevé de 1986/87. Cette évolution des dépenses
budgétaires peut traduire dans une certaine mesure l'évolution de
la situation économique au Cameroun entre 1970/2002. En effet, le
Cameroun au contraire de nombreux pays d'Afrique subsaharienne a longtemps
été considéré comme un modèle de
prospérité économique. Dans les années 1970, bien
que très dépendant de la production de produits primaires,
dynamisme repose un tissu économique diversifié et une main
d'oeuvre relativement bien adapté à ses besoins.
Au début des années 1980 voire dès la fin
de la décennie précédente alors que la plupart des pays
voisins entrent en phase d'ajustement, le Cameroun connaît une
prospérité forte et rapide qui s'interrompt brutalement au milieu
de la décennie.
-De 1970 à 1986, la croissance du Cameroun
s'accélère en termes réels : le PIB par tête
double tandis que la consommation des ménages par habitant est
multipliée par 1,5. Au cours de cette envolée on distingue 3 sous
périodes. De 1970 à 1977, la croissance atteint un rythme moyen
annuel d'environ 4%, permettant une lente amélioration du PIB par
tête.
-De 1977 à 1981, la croissance s'accélère
(+13% en moyenne) à la suite de la découverte du pétrole
et de sa mise en exploitation. De 1982 à 1985, la croissance se
maintient à un rythme soutenu (autour de 8%)
- Au cours de la période de 1970-1985, la structure des
dépenses de l'Etat, apprécie en part du PIB évolue de la
façon suivante :
- Stabilité des poids des salaires aux alentours de
5,4% ;
- Forte montée de l'investissement qui passe de 5%
à 10,7% de 80 à 85;
- Poussée des dépenses en matériel
jusqu'en 1983, où elles représentent un niveau voisin de la masse
salariale, suivie d'un reflux jusqu'en 1985 où leur part revient
à un niveau voisin 1980 ;
- Les subventions accompagnent la croissance et se
maintiennent aux alentours de 1,5% du PIB ;
- Le poids des intérêts reste faible signe d'un
développement de la croissance de l'Etat largement
autofinancée.
A la fin de l'année 1985, sans être parfaite,
la situation du Cameroun est relativement favorable. Les perspectives de
croissance sont correctes et, grâce aux recettes
pétrolières, le pays dispose d'une bonne marge de manoeuvre. Deux
ans plus tard, tout s'effondre prenant de cours l'administration camerounaise.
L'origine de cette crise est à observer dans les facteurs
externes : réajustement à la baisse du prix de
pétrole et des autres matières premières, en particulier
le café, le cacao, le coton, mais aussi la modification et la
parité du dollar en francs CFA. En revanche, son développement
rapide est dû très largement à des facteurs internes que
les possibilités offertes par la manne pétrolière
masquaient, le retard pris par l'Etat dans l'ajustement de ses dépenses,
puis de la masse salariale dans les années qui suivent.
L'exécution de l'exercice budgétaire 1986/87 fait
apparaître une hausse sensible des dépenses de l'Etat (+ 61
milliards de Frs CFA par rapport à 1985/86, dont + 26 Milliards de masse
salariale et + 20 Milliards du matériel). Les années 85/86 et
86/87 sont marquées par une croissance soutenue des dépenses +
18% : des dépenses de fonctionnement (dont 14% de hausse de masse
salariale).
Le retard pris à ajuster les dépenses, en
particulier des dépenses d'investissement financées pour
l'essentiel par des ressources pétrolières, est sans contester
à l'origine de la crise. En 1987/88, les autorités mettent en
place de façon autonome, un programme qui conduit à une
réduction de 40% de dépenses d'investissement. Sous l'impulsion
du FMI et de la BM, cette contraction des dépenses se poursuit en
1988/89 et 89/90 : l'investissement se réduit encore de 15% par
rapport à 87/88. Ce programme atteint aussi les dépenses de
matériel et les subventions, mais la masse salariale continue à
croître jusqu'en 1991/92. Ce n'est qu'en janvier 1993 que les mesures
fortement restrictives permettent de réduire ce poste de manière
significative. Il en résulte une succession de déficits du solde
primaire dont le montant cumulé atteint près de 500 milliards
à la fin de l'exercice budgétaire. Malgré les efforts
d'ajustement réel, la compétitivité globale de
l'économie apparaît comme fortement dégradée et seul
un ajustement monétaire peut permettre de corriger une telle
différence de prix.
En doublant la valeur en monnaie nationale des exportations
pétrolières et en accroissant les recettes fiscales indirectes,
la dévaluation doit également conduire à un
rétablissement moins douloureux du déficit primaire de l'Etat.
L'ajustement des dépenses se maintient les années suivantes, la
stabilité des taux de salaire moyen des fonctionnaires occasionne de
nouvelles pertes de pouvoir d'achat après les fortes baissent de 1993.
Un programme de réduction de réduction des effectifs (POE) est
mis en place. Le nombre de fonctionnaire se réduit de 10% entre 1993 et
1997, 1994 et 1995 voient une reprise notable des exportations non
pétrolières et de l'investissement privé, dopé par
les retours de capitaux et l'apurement des arriérés de paiement
intérieur de l'Etat. Cette amélioration de la situation
économique des dépenses se poursuit jusqu'en 2002.
Le budget de l'Etat étant par principe
équilibré, l'examen de l'évolution des dépenses
publiques implique naturellement un examen similaire des recettes publiques.
II.2-
EVOLUTION DES RECETTES PUBLIQUES
Tout comme pour les dépenses publiques nous ferons ici
une évolution en niveau et une évolution en taux de croissance
des recettes budgétaires.
II.2.1- EVOLUTION EN NIVEAU DES RECETTES BUGETAIRES
Graphique 5 :
Evolution en niveau des taux des recettes publiques
Source : Construit par l'auteur à partir
des données de la DSCN
L'on peut remarquer en observant le graphique ci-dessus que
l'évolution des recettes budgétaires est similaire à celle
des dépenses budgétaires. Cette similarité dans
l'évolution des deux grandeurs budgétaires peut être
expliquée par le principe d'équilibre budgétaire qui
sous-tend la préparation du budget. En effet si les principales recettes
(impôts et droit douanier) ne peuvent financer toutes les dépenses
prévues dans le budget, le gouvernement peut équilibrer le budget
en procédant aux emprunts qu'il devra ensuite rembourser.
Aussi peut-on observer une évolution en trois
phases :
- Une première phase allant de l'exercice
70/71à 86/87marquée par une augmentation modérée
des recettes budgétaires.
- Une seconde phase allant de l'exercice 88/89 jusqu'en 94/95
marquée par une diminution et une stagnation des recettes
budgétaires.
Une troisième et dernière phase allant de 95/96
jusqu'en 2001/2202 marquée par une reprise de l'accroissement des
recettes budgétaires. A une telle évolution de ces recettes
correspond des taux de croissance.
II.2.2- EVOLUTION EN TAUX DE CROISSANCE DES RECETTES
BUDGETAIRES
Graphique 6 :
Evolution en taux de croissance des recettes budgétaires
Source : Construit par l'auteur à partir des
données de la DSCN
Tout comme les quantités, les taux de croissance
évoluent en trois phases. Cependant, à ce niveau on observe des
phases de fluctuations.
- La première phase correspond à des
fluctuations positives et modérées de l'exercice 70/71
jusqu'à l'exercice86/87
- La seconde phase établit des fluctuations
négatives revenant tout au plus à un niveau avoisinant 0. Le
minimum se situant à plus de (-0.2%.
- La troisième et dernière phase établit
des fluctuations positives. Le taux de croissance maximum à ce niveau se
fixant à près de 0,4% entre 97/98 et 98/99.
En somme, les recettes budgétaires ont une
évaluation tant en niveau qu'en croissance qui s'apparente à
l'évolution des dépenses publiques. Et tout comme ces
dépenses, les recettes obéissent à l'évolution de
la conjoncture dans le pays de 1970 à 2002. En effet, la hausse de la
part de l'impôt sur les revenus et les profits dans le PIB reflète
la hausse des revenus tirés du pétrole par l'Etat, à
travers la redevance SNH (Société Nationale d'Hydrocarbure) et la
fiscalité sur les compagnies pétrolières.
- De 1980 à 1985, la hausse de la part de cette
catégorie d'impôt dans le PIB (de 8 à 12%) et, partant de
l'ensemble des recettes de l'Etat est considérée avec celle de la
part des impôts directs dans les exportations de pétrole (40
à 70 %).
- Avant les années 1985 à 1993, la forte
réduction des recettes pétrolières est à l'origine
du déséquilibre des finances publiques au Cameroun. Entre 1985/86
et 1992/93, les recettes de l'Etat diminuent de moitié passant de 877
à 431 milliards de FCFA. En pourcentage du PIB. Les recettes
budgétaires baissent de 21 % à 16 % de 1985 à 1987 aux
années 1988 - 90 pour remonter de près d'un point en fin de
période.
- A partir des années 1994, le rebond des
prix du pétrole (+ 10 % puis + 6 %) permet une stabilisation des
recettes pétrolières à l'exportation. Les recettes
agricoles et la baisse du taux d'épargne (gains de richesse) permettent
une hausse importante de la consommation des ménages. Pour provoquer une
amélioration du taux de pression fiscale ; plusieurs facteurs se
combinent : un rétablissement des taux de recouvrement des
impôts sur la production intérieure et sur les importations,
l'augmentation du prélèvement pétrolier, la forte
augmentation des taux de TVA liée à la réforme
fiscalo-douanière, et enfin la mise en place d'un droit unique de sortie
sur les exportations agricoles. La hausse des recettes et la poursuite de
l'ajustement des dépenses débouchent sur un rétablissement
spectaculaire du déficit public, qui atteint - 2.8 % du PIB en 95/96, et
même - 1,1 % en 96/97 selon les estimations.
Au terme de ce chapitre, l'on peut commencer à
comprendre pourquoi la politique budgétaire est un élément
fondamental dans l'analyse des cycles politico-budgétaires. En effet,
pour mener à bien les décisions publiques que les dirigeants
politiques prennent, un instrument de politique économique est à
leur disposition : Il s'agit de la politique budgétaire. Bien que
celle-ci garde son caractère d'instrument de politique
économique, il ne demeure pas moins qu'elle constitue également
une sous-catégorie de politique économique, dans le sens
où la manipulation des éléments comme le solde
budgétaire peut permettre d'atteindre des objectifs de politique
économique tels que la croissance ou le plein-emploi. Cependant, il faut
noter que comme tout instrument de politique économique, la politique
budgétaire est soumise à des rigidités qui
réduisent sa marge de manoeuvre. Au rang de ces dernières l'on
peut citer les anticipations des agents économiques,
l'incohérence temporelle, qui remettent en cause l'efficacité de
l'utilisation d'un tel instrument. D'un autre côté, elle fait
l'objet de quelques dilemmes à l'instar de l'arbitrage entre le
chômage et l'inflation, ou entre la croissance et l'équilibre du
solde extérieur.
Toutes ces caractéristiques, du moins une grande
partie de celle-ci peuvent être applicables à la façon dont
la politique budgétaire est mise en oeuvre au cameroun. La politique
budgétaire au Cameroun est très influencée par la
conjoncture mais également par d'autres facteurs tels que la dette (qui
favorise l'omniprésence des bailleurs de fonds bilatéraux et
multilatéraux), l'interdépendance des économies de la zone
CEMAC et une opinion publique de plus en plus intéressée par le
débat politique.
Si tous ces facteurs conditionnent la mise en oeuvre de la
politique budgétaire au Cameroun, notre souci ici est d'analyser le
comportement des dirigeants camerounais en matière budgétaire
à la lumière de réaction de l'opinion publique dans le
cadre des échéances électorales, ceci afin de mettre en
évidence le cycle politico-budgétaire au Cameroun.
CHAPITRE II :
LA
MISE EN EVIDENCE DU CYCLE POLITICO-BUDGETAIRE AU CAMEROUN
L'examen de la littérature sur les cycles
politico-économiques que nous avons fait à l'introduction montre
que les connaissances sur les interactions entre la politique et
l'économie dans les pays développés se sont beaucoup
accrues. En effet, depuis 25 ans, un ensemble de travaux portant sur les
réactions politiques aux indicateurs économiques, les fonctions
de la popularité, et les modèles politico-économiques ont
sans cesse posé les bases de la justification de l'existence des cycles
politico-économiques dans les pays occidentaux.
En revanche, du point de vue des pays en développement
en général, et ceux d'Afrique en particulier, on dispose de
très peu d'études alors que « les faits montrent
que les interactions entre la politique et l'économie y sont
décisives ». (Morisson, Lafay, Dessus ;
1993). Plusieurs raisons peuvent justifier cet état des
choses : l'instabilité politique constante qui fait de l'Afrique
« la région par excellence des coups
d'Etat » (JOHNSON, SLATER et MC Govan ;
1984 ; Okane, (1981). Par ailleurs, le cadre institutionnel qui se
décrit à travers les régimes autocratiques ou
quasi-autocratiques donne lieu à une fréquence très faible
des échéances électorales et même très
souvent à des cas où, celles-ci ont lieu dans des conditions
éloignées des scrutins libres et équitables
rencontrés dans les pays développés rompus à la
démocratie (Morisson, Dessus, Lafay ; 1993). Qu'à cela ne
tienne, l'intérêt pour l'analyse des interactions entre la
politique et l'économie dans les pays africains semble s'être
ravivé au cours de ces dernières années en raison de la
crise économique qui frappe durement le continent depuis le début
des années 1980 (Fouda,1997).
Dans l'optique de mettre en exergue l'influence de la
politique sur l'économie à travers les comportements qu'adoptent
les politiciens au Cameroun, il nous paraît propice de décrire les
observations qui laissent entrevoir l'existence du cycle
politico-économique dans ce pays. Aussi nous paraît-il important
avant d'effectuer une analyse statistique des donnés budgétaires
à la lumière de l'agenda électoral de revenir sur le cycle
électoral et la nature des choix publics au Cameroun.
I : DU CYCLE ELECTORAL ET DES CHOIX PUBLICS AU
CAMEROUN
La confirmation de l'influence électorale sur les
données économiques constatées dans les pays
industrialisés reste timide dans les pays en développement du
fait de la rareté des études y relatives. Toutefois,
l'observation de la vie économique dans ces derniers pays laisse
entrevoir cette interaction entre la politique et l'économie. L'Afrique
Sub-Saharienne en général et le Cameroun en particulier ne
dérogent pas à cet état des faits. Aussi, nous semble t-il
propice avant d'évoquer la nature des choix publics au Cameroun de
s'arrêter tout d'abord sur le cycle électoral.
I .1-
DU CYCLE ELECTORAL AU CAMEROUN
Depuis son accession à l'indépendance, le
1er janvier 1960, le Cameroun a connu plusieurs élections et
consultations. Entre 1960 et 2002, l'on a assisté à bon nombre
d'échéances :
· 9 élections présidentielles ;
· 10 élections législatives ;
· 5 élections municipales.
Avant la révision de la constitution de 1972 par
L'Assemblée Nationale dans le cadre du vote de la loi N° 96-06, du
18 Janvier 1996, le cycle électoral camerounais obéissait
à une périodicité de 5 ans pour toutes les
élections (présidentielles, Législatives ou Municipales).
La nouvelle constitution prévoit un renouvellement des mandats des
élus pour une durée de 5 ans pour les législatives et
les Municipales. Le président de la république quant à lui
est élu pour un mandat de 7 ans renouvelable une fois.
On relève dans l'histoire des élections au
Cameroun deux référendums. En octobre 1961 et en Mai 1972. Le
référendum d'octobre 1961 interpellait les populations du Nord
Cameroun et des provinces anglophones sur leur désir d'être
rattachées au Cameroun francophone ou au Nigeria voisin. Cette
consultation a conduit à un rattachement des parties du Nord Cameroun au
Nigeria et de l'adhésion des deux provinces anglophones au Cameroun,
aboutissant à la République Fédérale du Cameroun
composée d'une part de la partie Anglophone et d'autre part de la partie
Francophone. En mai 1972, dans un souci de pacification et
réunification, l'ensemble des camerounais sont consultés dans le
cadre d'un référendum, à éprouver leur désir
de voir les deux Etats fédérés désormais
réunis en un seul ou non. A la suite de ce référendum le
oui l'emporte et la république fédérale du Cameroun
devient le 20 Mai 1972, la République Unie du Cameroun.
Le processus d'unification totale du pays connaît son
terme avec quelques années plus tard (le 04 février (1984), avec
un décret présidentiel instituant la République du
Cameroun. Hormis ces deux consultations référendaires, le
Cameroun a connu au total 24 autres élections entre 1960 et 2002.
Toutefois, 18 d'entre celles-ci ont été organisées dans un
contexte de parti unique, dominé successivement par l'Union Camerounaise
(U.C.) 1960-1965, l'Union Nationale Camerounaise (U.N.C) 1965-1985 et le
Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (R.D.P.C) 1985-1990. Le
04 juillet 1990, le Président Paul BIYA au pouvoir met fin au
monopartisme et épouse le vent démocratique qui frappe
déjà plusieurs autres pays du continent et dont l'une des
manifestations principales est le pluralisme politique. A cet effet une
commission de révision de la législation sur les libertés
publiques est créée par décret présidentiel le 21
Juillet 1990. Au mois de Décembre de la même année,
l'Assemblée Nationale vote une série de lois parmi lesquelles une
portant sur la liberté d'association et la création des partis
politiques.
Dès lors, plusieurs Associations à
caractère politique de personnes sortent de la clandestinité pour
devenir de véritables formations politiques légales. Parmi
celles-ci le Social Democratic Front (SDF), l'Union Nationale pour la
Démocratie et le Progrès (UNDP), l'Union des Populations du
Cameroun (UPC) font office de pionniers. Les premières élections
qui ont marqué l'ouverture démocratique du pays se sont tenues en
Mars 1992 pour les législatives suivi un peu plus tard en Octobre de la
même année par les présidentielles. A cette époque,
déjà on assiste à des changements majeurs.
L'Assemblée Nationale devient pluraliste et le parti au pouvoir (RDPC)
ne doit sa majorité à l'hémicycle qu'à une alliance
avec le Mouvement pour la Défense de la République (MDR).
L'élection présidentielle quant à elle aboutit à
des résultats serrés. Paul BIYA l'emporte avec 39,9% des voix au
détriment de l'opposant John FRU NDI candidat du SDF qui récolte
35,9% des votes exprimés.
Par ailleurs, le cycle électoral Camerounais a subit au
cours de son histoire quelques perturbations. A cet effet, l'on peut noter le
06 Novembre 1982 une alternance sans élection à la tête de
l'Etat Camerounais. Le Président AHMADOU AHIDJO démissionne et
cède le pouvoir à Paul BIYA son premier ministre de
l'époque et actuel Président de la République du Cameroun.
En plus de ce changement majeur, l'on peut noter depuis 1973 que 5
élections ont été anticipées c'est-à-dire
organisées avant l'échéance normale des mandats ;
parmi lesquels :
· 3 élections présidentielles (Janvier
1984, Avril 1988 et Octobre 1992)
· 2 élections législatives (Mai 1973 et
Mars 1992)
Les différentes consultations tenues au Cameroun
peuvent être résumées dans le tableau ci-après
Tableau 1:
Dates des différents types d'élections au Cameroun :
(1960-2002)
NOMBRES
|
Elections présidentielles
|
Elections législatives
|
|
Mois
|
Années
|
Mois
|
Années
|
1
|
Mai
|
1960
|
Avril
|
1960
|
2
|
Mars
|
1965
|
Juin
|
1965
|
3
|
Mars
|
1970
|
Juin
|
1970
|
4
|
Avril
|
1975
|
Mai
|
1973
|
5
|
Avril
|
1980
|
Mai
|
1978
|
6
|
Janvier
|
1984
|
Mai
|
1983
|
7
|
Avril
|
1988
|
Avril
|
1988
|
8
|
Octobre
|
1992
|
Mars
|
1992
|
9
|
Octobre
|
1997
|
Mai
|
1997
|
10
|
|
|
Juin
|
2002
|
|
Referendums
|
Elections municipales
|
1
|
Octobre
|
1961
|
Octobre
|
1972
|
2
|
Mai
|
1972
|
Octobre
|
1977
|
3
|
|
|
Octobre
|
1987
|
4
|
|
|
Janvier
|
1996
|
5
|
|
|
Juin
|
2002
|
Sources : Jeune
Afrique Economique et Documentation du CEAN, IEP de l'université de
Bordeaux.
Il faut noter à ce niveau du cycle électoral que
si toutes les élections se font au suffrage universel direct seule deux
sont susceptibles d'avoir un impact significatif quant à la mise en
oeuvre de la politique budgétaire. Les élections
législatives permettent de désigner les 180 députés
qui sièges à l'Assemblée Nationale et dont l'une des
prérogatives est de voter le projet de loi des finances proposé
par l'exécutif. Les députés apparaissent donc comme les
garants du budget de l'Etat tant pour son élaboration que pour son
contrôle. L'élection présidentielle quant à elle
permet de désigner celui qui dirigera le pays pendant une période
de sept ans. Or le président de la république nomme les membres
du gouvernement sur proposition du premier ministre, chef du gouvernement qu'il
a pris le soin de nommer auparavant. Dès lors, il apparaît
évident que c'est le président de la république qui donne
les grandes orientations tant politiques qu'économiques, que le premier
ministre a la charge d'en conduire l'exécution.
Les élections présidentielles et
législatives apparaissent alors comme de véritables lieux
d'enjeux politiques qui intègrent les choix de Politique Economique
à mettre en oeuvre dès l'accession au pouvoir. Ces choix de
Politique Economique se traduisent également dans la gestion publique
dont il est important d'en relever la nature.
I.2 : LA NATURE DES CHOIX PUBLICS AU CAMEROUN
L'exploration des contributions relatives aux
cycles politico-économiques dans les pays africains dont le Cameroun,
nous permet de relever des similarités tant au niveau du cadre
institutionnel que de l'irrationalité des électeurs face aux
choix opportunistes réguliers des gouvernants
I. 2.1: DES CHOIX
OPPORTUNISTES ET REGULIERS
La théorie des cycles politico-économiques prend
appui sur l'idée que les détenteurs du pouvoir politique et plus
précisément les gouvernants conscients que la conjoncture
économique n'est pas sans effet sur le choix des électeurs, ou
plus probablement guidés par leur sens pragmatique essaient de stimuler
artificiellement l'activité économique au cours des
périodes précédant les élections afin de favoriser
leurs partis ou les candidats qu'ils présentent. Ces hommes politiques
de façon périodique agissent soit en mettant sur pied des
politiques économiques conformes avant les élections (cycles
opportunistes), soit ils appliquent des politiques économiques conformes
à l'idéologie de leur parti ou mouvance (cycles partisans) afin
d'augmenter leurs chances de réélection.
L'observation spontanée des pays en
développement en général et Africains au Sud du Sahara en
particulier confirme bien que leurs gouvernants essaient de relancer
l'activité économique peu avant les élections. Et qu'ils
n'hésitent pas à reporter ces dernières lorsque la
situation économique ne leur est pas favorable (Report des
élections municipales de Janvier 2001 en Juin 2002 au Cameroun), ou
même à les retarder par rapport à
l'échéancier électoral (retard de l'organisation des
élections législatives de 2001 au Gabon (Engueleguele
Maurice ; 2002). La gamme des dispositions que les gouvernants Camerounais
prennent apparaît alors extrêmement large : Paiement des
arriérés de salaires des fonctionnaires, règlement sans
encombre des pensions retraite, accélération du remboursement par
l'Etat de sa dette intérieure, gel de privatisations source de
licenciements massifs, regain des recrutements de jeunes diplômés
dans la fonction publique...
Les relations essentielles entre les décisions des
gouvernants et les événements à la fois économiques
et politiques ont fait l'objet de quelques études dans les pays
Africains.
C'est ainsi que Morisson, Lafay, et Dessus (1993) en se
penchant sur un échantillon de 23 pays africains (Afrique du Nord et
Afrique Sub-Saharienne) et parmi lesquels le Cameroun, relèvent le
caractère opportuniste des mesures prises par les gouvernants. Ils
établissent que dans ces pays, les décideurs politiques mettent
sur pied des politiques économiques populaires (libéralisation)
à la veille des élections (la hausse des salaires de la fonction
publique, la hausse des prix des cultures de rente aux planteurs, la
construction des routes....). Les mois suivants les échéances
électorales sont la période par excellence de la mise sur pied de
ces gouvernants une fois élus des politiques impopulaires
(répression) car très rudes ( les coupures dans les subventions
en produits alimentaires, les augmentations d'impôts sur les biens de
consommation, les privatisations d'entreprises publiques ou parapubliques, de
forte réductions des taux de protections douanières qui frappent
les revenues ou menacent les emplois des groupes biens organisés...).
Toutes ces variations des comportements des gouvernants rejoint l'idée
de l'existence des cycles politico-économiques marqués par une
phase d'expansion avant les élections suivie après d'un
inévitable refroidissement de l'activité voire d'une
récession (Mac Rae; 1977). Abondant dans le même sens, Sipa
(2001), décrit la période préélectorale
comme « le moment où la marmite est pleine, ces
différentes mesures peuvent être analysées comme une
injection directe de la monnaie dans le circuit économique national. Et
cette injection a pendant quelques temps des effets bénéfiques
induits (directs ou indirects) sur la production et la croissance du pays
(emplois, revenu, réinvestissement...) ».
La situation au Cameroun ne diffère pas tellement de
celle des autres pays africains au sud du Sahara. Aussi observe-t-on
généralement des comportements des gouvernants à la veille
des élections qui tendent à prendre des mesures incitatives et
favorables aux yeux de l'opinion dans un but de se maintenir au pouvoir.
Fouda (1997) dans une tentative d'analyse des interactions entre la
politique et l'économie au Cameroun sur la période 1960-1992
à la lumière du cycle politico monétaire, aboutit à
des résultats intéressants. En effet, il trouve que pour les
différentes élections (présidentielles et
législatives) on observe une hausse des disponibilités
monétaires six à huit mois en moyenne avant chaque
élection. Et de manière plus précise, il apparaît
que ce mouvement de hausse s'amorce huit mois avant l'élection et
culmine cinq à six mois avant celle-ci. L'on assiste ensuite à un
déclin progressif des mêmes disponibilités
monétaires au fur et à mesure que l'on s'éloigne des
élections. Ceci est relatif à l'hypothèse que toute action
des pouvoirs publics à des fins électoralistes, que ce soit
à travers la manipulation des instruments de politique monétaire,
l'augmentation des salaires nominaux, des prix des produits agricoles
d'exportation, et/ ou des injections des revenus pétroliers dans
l'économie, se répercutent sur les disponibilités
monétaires. Par ailleurs, dans le cadre d'une étude menée
sur 23 pays africains (dont le Cameroun) sur la période 1980-1990 par
Morrisson, Lafay et Dessus (1993), il apparaît que les hommes politiques
adoptent des comportements opportunistes à l'approche de chaque
élection (présidentielle, municipale ou législative) dans
le but non seulement de leur propre réélection, mais
également dans celui de satisfaire les principaux bailleurs de fonds
notamment le FMI et la Banque Mondiale.
L'on peut remarquer que, pour atteindre leur objectifs de
manipulation de la politique budgétaire en fonction de l'agenda
électoral les gouvernant Africains en général et
Camerounais en particulier doivent intégrer le caractère
irrationnel de l'électeur Africains.
I.2.2 : L'IRRATIONALITE DES ELECTEURS ET UN CADRE
INSTITUTIONEL PARTICULIER
Si l'on peut observer que les mesures prises avant les
élections par les tenants du pouvoir au Cameroun laissent entrevoir une
soumission à certains facteurs externes (influence des bailleurs de
fonds, coûts des matières premières...), l'on peut
également remarquer que même lorsque ces choix sont
effectués par des gouvernants eux-mêmes. Les citoyens usent des
profits immédiats qu'ils en tirent pour résoudre les
problèmes précédemment accumulés pendant de long
mois voire plusieurs années (remboursement des dettes aux
créanciers invariablement suivie par de nouveaux emprunts,
réalisation des soins médicaux longtemps
différés...) et non pour réinvestir. Ce qui les
ramènent rapidement à la situation de précarité
initiale et rend illusoire la perspective de stimulation artificielle
même temporaire des économies nationales que visent ces choix de
politique économique. Un tel état des choses révèle
l'irrationalité des électeurs africains en général
et camerounais en particulier. Toutefois, comme le pense si bien Engueleguele
(2002) « l'inopérabilité des théories
macro-économiques pour formaliser la rationalité des
électeurs africains ne doit pas conduire à conclure qu'il n'est
pas utilitariste ou peu sensible à la conjoncture économique.
Elle confirme au contraire que cette rationalité ne saurait être
construite de façon arbitraire par transposition
décontextualisée de paradigme élaboré ailleurs ou
étroit, mais que sa conceptualisation doit plutôt résulter
de l'observation empirique des pratiques de cet électeur ».
Morisson, Lafay et Dessus (1993) pensent d'ailleurs à cet effet que pour
un accroissement même temporaire du revenu, les électeurs le
considèrent comme un motif de contentement. Et donc ces mesures ne
permettent pas à ceux qui les initient d'atteindre leurs objectifs car
entraînant des effets pervers.
Par ailleurs, à l'inopérabilité
éventuelle des théories macroéconomiques pour formaliser
la rationalité des électeurs Africains, l'on peut ajouter que
« les gouvernements des pays en développement exercent le
pouvoir dans un cadre institutionnel différent de celui des pays
développés et sont soumis à de multiples contraintes
propres à ces pays » (Morisson, Lafay, Dessus, 1993).
Ainsi, les multiples régimes autocratiques ou quasi autocratiques qui
ont jonché les pays africains pendant de nombreuses années ne
permettaient pas la tenue d'élections libres et équitables comme
cela est le cas dans les pays industrialisés.
Il apparaîtrait trompeur de penser que l'étude
d'un cycle politico-économique au Cameroun ne peut bien se faire
qu'à partir du moment où le pays s'est ouvert au courant
démocratique des années 1990 ; période à
partir de laquelle les enjeux électoraux devenaient de plus en plus
nombreux et diversifiés du fait de l'existence d'une opposition et de
l'agrandissement du paysage politique avec la présence de nombreux
partis politiques. En effet, « ...même dans un régime de
parti unique ou même autocratique, les gouvernants ont sinon un souci de
réélection, du moins un souci de popularité. Il est
possible qu'un tel souci a pu animé les gouvernants successifs du
Cameroun pendant la période antérieure à l'ouverture
démocratique » Fouda (1997).
En somme, l'observation des comportements des gouvernants au
sein des pays en développement en général et au Cameroun
en particulier, laisse entrevoir une réelle volonté de
manipulation des données économiques aux fins
électoralistes ; que ce soit dans un souci d'être
réélu ou celui de « soigner leur image de marque
à la fois auprès des partenaires occidentaux du pays, des
organisations financières internationales (FMI, Banque Mondiale) et des
organismes internationaux des droits de l'homme » (Fouda 1997).
Cependant ces choix ce font dans un cadre institutionnel particulier aux pays
dans la mesure où sur près de 45 ans d'indépendance le
processus de démocratisation ne court que depuis 15 ans et
n'épouse pas encore en totalité toutes les attentes en
matière de démocratie. De plus le caractère
aléatoire qui entoure la nature de l'électeur africain qui est
difficile à fidéliser plonge les gouvernants dans une incertitude
quant aux gains à tirer des mesures budgétaires qu'ils mettent en
place à la veille des élections. Ce qui rend encore plus
intéressant l'étude du comportement du budget au Cameroun
à l'aune des élections dont l'une des étapes passe par
l'analyse statistique des données budgétaires par rapport
à l'agenda électoral
II : ANALYSE STATISTIQUE DES DONNEES BUDGETAIRES PAR
RAPPORT A L'AGENDA ELECTORAL
Dans la poursuite perpétuelle de notre souci de
mettre en exergue l'action du calendrier électoral sur le budget de
l'Etat au Cameroun, nous allons procéder ici à une analyse
statistique des variables budgétaires.
II.1 : LES DEPENSES BUDGETAIRES
Les dépenses analysées à ce niveau
concernent les dépenses de fonctionnement et d'investissement
allouées à chaque département ministériel à
la fois pour son fonctionnement et pour ses interventions. Nous avons alors
sélectionné les départements ministériels dont les
interventions sont susceptibles d'influencer l'électorat.
a-les
dépenses militaires
Sont réunis dans ce type de dépenses la
totalité des dépenses budgétaires relatives aux forces
armées et polices.
Le graphique 7 ci-dessous présente les variations de
ces dépenses :
Graphique 7 :
Variations des dépenses militaires par rapport à l'agenda
électoral
Source : Construit par l'auteur à partir des
données de la DSCN
La lecture de ce graphique ne donne pas une indication assez
claire d'un cycle politico-budgétaire. En effet, les dépenses
militaires n'augmentent toujours pas à la veille des élections.
De plus, elle semble plutôt augmenter les exercices suivant
l'année de l'élection. L'on peut même noter que les
accroissements les plus prononcés ont lieu en milieu de mandat (ou l'on
observe des taux de croissance de l'ordre de 12% en 89/90 et de près de
20% en 97/98). Ce qui laisse penser qu'à l'approche des
élections, les gouvernants n'augmentent pas toujours les dépenses
militaires dans le but de satisfaire l'électorat. En effet, les
exercices où les variations sont positives et les plus
élevées ne sont pas des exercices d'élection. A titre
d'exemple l'exercice 78/79 près de 30% d'augmentation, pour l'exercice
82/83 on observe un taux de croissance de près de 25%.
b-les
dépenses d'éducation
Il s'agit ici de toutes les dépenses relatives aux
divers types d'enseignement généraux (primaire, secondaire, et
supérieur). Les variations de ces dépenses sont
résumées au sein du graphique ci-dessous
Graphique 8 :
Variations des dépenses d'éducation par rapport à l'agenda
électoral
Source : Construit par l'auteur à partir des
données de la DSCN
L'observation du graphique 8 laisse apparaître de
fortes variations des dépenses d'éducation lors des exercices
correspondant avec la période électorale. Ces dépenses ont
tendances à augmenter en période électorale et diminuer en
milieu de mandat électoral.
L'on peut noter par exemple un fort accroissement de plus de
60% de ces dépenses lors de l'exercice 72/73 (élection
législative de mai) et une forte diminution de près de 20%
l'année d'après. Egalement, on observe un fort accroissement de
plus de 40% lors de l'exercice 79/80 date de l'élection
présidentielle. Tandis que pendant pour l'élection
législative de mai 97 l'accroissement des dépenses
d'éducation à une amplitude de près de 60%.
Même si cela n'apparaît pas très clairement
l'on peut déjà observer à ce niveau une influence de
l'agenda électoral sur les dépenses d'éducation.
Dépenses d'agriculture
Il s'agit ici des diverses dépenses de l'Etat
relatives au monde rural, qu'il s'agisse de la régularisation des
marchés agricole, de l'aménagement foncier, de
l'amélioration de l'habitat en milieu rural, des diverses aides
financières accordées aux exploitants.
Graphique 9 :
Variations des dépenses agricoles par rapport à l'agenda
électoral
Source : Construit par l'auteur à partir des
données de la DSCN
L'influence de l'agenda électoral n'apparaît pas
très clairement ici. En effet, l'on a une alternance dans le
comportement de ces dépenses c'est-à-dire elles ne peuvent
être aussi bien élevées en année électorale,
et basses en milieu de mandat que basses en année électorale et
élevées en milieu de mandat. A titre d'exemple, ces
dépenses varient vers la baisse entre l'exercice 80/81 de près de
12% et l'exercice 96/97 de plus de 60% (date d'élection
législative et présidentielle).
Ici aussi la présence d'un cycle
politico-budgétaire n'est pas très évidente.
d-Les
dépenses de santé et affaires sociales
Figurent ici des dépenses d'actions sociales de
l'Etat ; en matière de santé publique et d'assistance
sociale. (Condition féminine, enfant de la rue,...).
Graphique 10 :
Variations des dépenses de santé et affaires sociales par rapport
à l'agenda électoral
. Source :
Construit par l'auteur à partir des données de la DSCN.
Les variations de ce type de dépense traduisent assez
clairement une volonté des gouvernants à accroître ces
dépenses lors des échéances électorales. En effet,
la quasi majorité des exercices budgétaires coïncidant avec
les échéances électorales connaissent une variation
positive de ce type de dépegse. Hormis l'exercice 87/88, au cours de
tous les autres exercices électoraux » ont vu un
accroissement des dépenses en matière de santé publique et
en asistance sociale. A titre d'exemple pour les exercices 74/75, 79/80, 96/97
on a des augmentations de l'ordre de 13%, 38%, 25% respectivement. Par contre,
les exercices hors mandat électoral constituent des périodes de
diminution des deux types de dépeÍses (diminution de moins de 10%
en 76/77).
Tout ceci laisse présager un impact des
élections sur les dépenses de santé publique et
d'assistance sociale.
e-Dépenses de travail et prévoyance sociale
Ce type de dépense enregistre l'ensemble des actions
en faveur de l'emploi, de formation professionnelle, et des concours financiers
apportés aux divers régimes de prévoyance sociale.
Graphique 11 :
Variations des dépenses de travail et de prévoyance sociale par
rapport à l'agenda électoral
Source : Construit par l'auteur à partir des
données de la DSCN
Les variations que nous observons sur le graphique ci-dessus
laisse apparaître un accroissement assez significatif de ce type de
dépense au fur et à mesure que l'on s'approche de l'année
de l'élection. En effet, lors de la plupart des exercices
précédents ou coïncident avec une élection, on
observe une augmentation de ces dépenses au détriment des autres
exercices budgétaires se situant après ou en milieu de mandat.
A titre d'exemple, les exercices 84/85, 91/92, 92/93, 96/97
et 97/98 connaissent une variation positive des dépenses, lors que les
exercices tels que 78/79, 90/91, et 95/96 (une baisse de près de 10%)
connaissent des variations négatives puisque ce sont des exercices hors
mandats électoraux.
En somme, une analyse graphique donne un résultat
contraste des variations des dépenses allouées aux
départements ministériels (stratégiques)
c'est-à-dire dont la manipulation peut influencer l'électorat.
Ainsi, si les dépenses militaires et agricoles ne semblent pas
obéir à un cycle politico-budgétaire, les dépenses
allouées au secteur de l'éducation, au travail et à la
prévoyance sociale, santé et affaires sociales nourrissent quant
à elles l'idée d'une variation en fonction de l'agenda
électorale.
Cependant, une analyse du budget du point de vue uniquement
des dépenses ministérielles n'occulte pas la
nécessité d'un exercice similaire pour l'autre composante du
budget que sont les recettes.
II.2
LES RECETTES FISCALES
Il faut noter ici que nous nous intéressons uniquement
aux recettes liées aux impôts et autres taxes, car non seulement
ce type de recettes constitue la plus grande part (90%), mais en plus elles
sont prélevées sur les contribuables. Et ce sont ces derniers qui
constituent l'électorat pour lequel se battent les politiciens. Ainsi
une diminution ou une augmentation des impôts s'accompagne le plus
souvent d'une réaction positive ou négative des
électeurs.
Graphique 12 :
Variations des recettes fiscales par rapport à l'agenda
électoral
Source : Construit par l'auteur à partir des
données de la DSCN
L'analyse graphique des variations des recettes fiscales
à partir du graphique ci-dessus traduit assez clairement une influence
des élections sur les recettes fiscales. En effet, les exercices
reliés à une élection connaissent une baisse des recettes
fiscales à titre d'exemple entre l'exercice 88/89 et l'exercice 92/93,
on observe une diminution de Près de 50% de même entre l'exercice
95/96 et l'exercice 96/97, on a une diminution de près de 10% par
contre, l'exercice 84/85 connaît un pic d'augmentation de plus de 60% car
on se trouve ici juste après une échéance
électorale.
Toutefois, si l'on peut relever qu'une augmentation des
recettes fiscales peut être liée à une croissance
économique assez soutenue et qu'un ralentissement ou une
récession de cette dernière peut être à l'origine
d'une diminution des recettes fiscales, l'augmentation des recettes fiscales
lors des exercices hors mandat électoral et une diminution de ces
mêmes recettes lors des exercices à échéances
électorales, suscite une possible influence de l'agenda
électoral.
En définitive, l'évolution comparée du
budget de l'Etat au Cameroun par rapport à l'agenda électoral au
Cameroun laisse penser à une possible relation de causalité entre
ces deux notions. Les comportements qu'adoptent les dirigeants camerounais vis
à vis des variables économiques en général et du
budget en particulier sont similaires à ceux des dirigeants des autres
pays africains. En effet, ces comportements traduisent des choix opportunistes
qui apparaissent de façon régulière à l'approche
des échéances électorales. Toutefois l'on peut noter que
ces choix sont souvent soumis à des contraintes tant internes
qu'externes, ne donnant pas à ces gouvernants la possibilité de
manipuler aisément les variables budgétaires. Néanmoins,
une analyse graphique des variations des dépenses et des recettes
budgétaires au Cameroun pousse à penser à une influence du
calendrier électoral sur le budget. Par ailleurs, le caractère
insuffisant de cette analyse qui prédit mais pas de façon tout
à fait claire la présence d'un cycle politico-budgétaire
nous pousse à approfondir notre analyse. Ainsi, pensons-nous qu'une
analyse économétrique à travers un modèle bien
élaboré nous permettra d'adopter une position plus
édifiante sur l'existence d'un cycle politico-budgétaire au
Cameroun.
Ainsi nous nous sommes attelés tout au
long de la première partie de notre travail à mettre en exergue
le comportement de la politique budgétaire mise sur pied au Cameroun
durant la période de 1970-2002. Il en ressort que comme dans tous les
autres pays la politique budgétaire reste un instrument largement
utilisé lors de cette période. Toutefois, nous avons pu relever
des rigidités qui entourent cet instrument et qui sont relatives
à des facteurs aussi bien économiques que politiques. Et à
ce dernier titre, l'environnement politique exprimé à travers le
calendrier électoral semble influencer les prévisions
économiques en général et le budget en particulier au
Cameroun. En effet, si l'évolution du budget au Cameroun subit
inéluctablement l'influence de la conjoncture économique au
Cameroun, ses principales variables (dépenses et recettes) sont
également sous l'emprise de l'incertitude électorale. Ce qui a
laissé entrevoir la possibilité de l'existence d'un cycle cycle
politico-budgétaire.
Cependant, une analyse des comportements des
dirigeants Camerounais vis à vis du budget à l'aune des
échéances électorales nous permettra, dans la seconde
partie d'adopter au vu des résultats que nous obtiendrons une position
plus édifiante là-dessus.
DEUXIEME PARTIE :
ANALYSE DU CYCLE
POLITICO-BUDGETAIRE AU CAMEROUN
Après un aperçu d'un début de
justification de l'existence d'une relation entre le calendrier
électoral et la politique budgétaire au Cameroun, il nous semble
propice dans la conduite de notre travail de procéder à l'analyse
effective du cycle politico-budgétaire au Cameroun.
Aussi la présente partie comporte t-elle
deux chapitres : le premier chapitre c'est-à-dire le chapitre 3 est
intitulé « Les déterminants du cycle
politico-budgétaire au Cameroun », révèle
à travers l'estimation d'un modèle économétrique
des variables susceptibles de présager une éventuelle
manipulation opportuniste et électoraliste du budget par les pouvoirs
publics Camerounais. Le deuxième chapitre c'est-à-dire le
chapitre 4 est quant à lui intitulé « Cycle
politico-budgétaire et constitutionnalisation économique» et
se base des conclusions du chapitre précédant pour évoquer
la pertinence de l'adoption de règles fixes en matière
budgétaire en particulilier et économique en
général dans l'optique de `lier les mains aux dirigeants
Camerounais'.
CHAPITRE III :
LES
DETERMINANTS DU CYCLE POLITICO-BUDGETAIRE AU CAMEROUN
La problématique de notre travail consiste à
mieux appréhender la causalité fondamentale qui existe entre le
calendrier et le budget. Une partie de cette justification nous a permis
d'évoquer une possible influence de l'agenda électoral sur les
variables budgétaires. Cependant, les résultats obtenus de
l'analyse graphique s'avèrent contrastés et ne permettent pas de
prendre une position assez précise. C'est pourquoi le présent
chapitre se permet d'apporter un affinement de l'analyse
précédemment faite, par le biais d'une analyse
économétrique. Celle-ci est basée sur un modèle
dûment choisi (section 1) et dont l'analyse des résultats
contribueront à infirmer ou confirmer les conclusions déjà
obtenues dans le chapitre 3.
I: LE CHOIX DU MODELE
Le but poursuivi dans cette section est de construire un
modèle économétrique permettant de tester l'existence
d'une relation de causalité entre les échéances
électorales et le budget au Cameroun, débouchant sur
l'éventualité d'un cycle politico budgétaire. Aussi nous
semble t-il propice avant d'expliciter le modèle en justifiant les
modifications qui lui sont apportées pour une applicabilité au
contexte camerounais, de s'arrêter dans un premier temps à la
présentation et la justification des variables utilisées dans le
modèle.
I. 1 : Choix et définition des
variables
L'étude de l'influence de l'agenda électoral sur
les prévisions budgétaires au Cameroun nécessite la prise
en compte de bon nombre de variables.
I
1.1 : La variable dépendante : une variable
budgétaire
La variable à expliquer dans notre modèle est
une variable budgétaire. Dans le cas d'espèce, nous utilisons les
dépenses et les recettes dans la mesure où elles constituent les
principales variables que les gouvernants ont l'habitude de manipuler aux fins
électoralistes. Ce choix se justifie également par
l'intérêt que les dépenses ont le plus souvent
suscité auprès de nombreux auteurs. Ainsi, Tufte (1978) porte ses
études sur les dépenses de sécurité sociales aux
Etats-Unis. Spafford. (1981) et Foot (1971) montrent que les
dépenses de constructions routières augmentent à
l'approche des élections au Canada. Blais (1978) relève
l'impact du secteur agricole sur les élections au Canada.
L'établissement explicite de l'influence du calendrier électoral
sur le budget au Cameroun nécessite une focalisation autant sur les
dépenses que sur les recettes budgétaires. De plus, il
apparaît nécessaire de procéder également comme au
niveau de l'analyse graphique à une estimation des dépenses des
principaux départements ministériels d'une part et d'autre part
d'appréhender le comportement des principales recettes à travers
une estimation des recettes fiscales. Les variables dépendantes se
déclinent donc en :
A-Les
dépenses
a- Les
dépenses agricoles
Cette variable enregistre l'ensemble des dépenses
réservées au ministère de l'agriculture dans le budget au
cours de la période 74/75 à 2001/2002.
b- Les
dépenses militaires
Dans cette variable l'on retrouve l'ensemble des
dépenses affectées aux forces armées à
savoir : L'armée de l'air, l'armée de terre et la marine. A
cela on ajoute aussi la police.
c- Les
dépenses d'éducation
Cette variable regroupe l'ensemble des dépenses
réservées au ministère de l'éducation national plus
l'enseignement supérieur.
d-Les
dépenses de santé publique et Affaires sociales
On y retrouve l'ensemble des dépenses affectées
au ministère de la santé publique, ainsi que des affaires
sociales.
e-Les
dépenses de travail et de prévoyance sociale
Cette variable renferme les dépenses
réservées au ministère du Travail et de la
Prévoyance Sociale.
B- Les
recettes
Il s'agit ici de l'ensemble des recettes fiscales
prévues dans le budget au cours de la période 1970-2002. Nous
retiendrons uniquement les recettes fiscales car non seulement elles
constituent la plus grande part des recettes budgétaires mais aussi
parce que le comportement de l'impôt constitue un bon indicateur
A toutes ces variables dépendantes nous associerons
à chaque fois un bon nombre de variables explicatives.
I 1.2 : Les variables explicatives
a- La date des élections
Cette variable regroupe l'ensemble des élections
présidentielles et législatives qui ont eu lieu au Cameroun de
1970 à 2002. La rétention dans notre étude des
élections présidentielles et législatives aux
dépens des autres élections qui ont lieu au Cameroun est due au
fait que d'une part l'élaboration du budget se fait par le chef du
Gouvernement en l'occurrence le Premier Ministre, sous la haute autorité
du Président de la République, et d'autre part, la mise en
application du budget par le gouvernement n'est possible qu'après une
adoption du projet par l'Auguste chambre sous forme de loi de finances. Ainsi
les élections présidentielles et législatives ressortent
les acteurs principaux du budget de l'Etat camerounais : Le
Président de la République instigateur de la politique
gouvernementale, et les députés garants du budget.
Nous procèderons alors comme GOLDEN et POTERBA (1980)
et ALESINA (1988) qui séparent dans des groupes distincts les
années correspondantes à des phases spécifiques du cycle
électoral. Dans le cas d'espèce nous aurons :
§ Elec : qui correspond à l'année de
l'élection
§ Elec1 : qui correspond à l'année
précédant l'année de l'élection
§ Elec2 : qui correspond à 2 ans avant
l'année de l'élection
§ Elec3 : qui correspond à l'année
suivant l'année de l'élection
§ Elec4 : qui correspond à 2 ans après
l'année de l'élection.
b-La
variable dépendante retardée
La variable dépendante que l'on retarde ici n'est autre
que la variable budgétaire que nous avons choisie plus haut et qui
représente suivant les hypothèses soit les dépenses des
départements ministériels, soit les recettes fiscales. Dans le
cas d'espèce le nombre de retards est de un.
c-Le
trend
C'est une variable qui prend la valeur 1 l'execice70/70, 2
l'exercice 71/72, 3 l'exercice74/73 ..........et 32 l'exercice2001/2002
I.2 : Le modèle
économétrique
Le modèle économétrique sur lequel porte
notre étude dans l'optique de déceler la présence d'un
cycle politico budgétaire au Cameroun s'inspire du modèle
linéaire autorégressif élaboré par Blais et Nadeau
(1992). En effet, dans l'optique de mettre en évidence l'influence de la
politique sur les décisions publiques locales au Canada, ils
procèdent à une analyse empirique du comportement du budget de 10
provinces canadienne à la lumière des élections entre 1951
et 1984. De plus cette étude se propose de tester l'existence des cycles
dans la gestion des provinces canadienne.
L'étude empirique que nous menons en s'inspirant de ce
modèle intègre quelques spécificités liées
à l'environnement camerounais.
D'abord, nous travaillons sur des variables budgétaires
nationales qui représentent non pas les dépenses des communes
mais plutôt des dépenses prévues au plan national. Aussi,
nous reprenons ensemble les dépenses qui figurent sur les lois de
finances allant de l'année 1970 à l'année 2002. Ce qui
représente un nombre N=32 observations.
Ensuite le modèle ne tient pas compte de
l'idéologie politique (gauche ou droite) telle que définie au
Canada, mais intègre d'autres variables qui semblent pertinente pour le
cas camerounais.
Tout ceci nous conduit à élaborer et à
tester le modèle dont la forme générale est la
suivante :
=++++++++
§ - :
représente la variable budgétaire en l'occurrence
soit les dépenses des départements ministériels, soit les
recettes fiscales suivant l'équation à estimer.
§ : dépenses ou recettes engagées par les
gouvernants pendant la période t-1
§ : variable dummy qui prend la valeur 1 année de
l'élection, o sinon. Un signe positif et significatif de cette
variable accrédite la thèse d'un cycle opportuniste.
§ : variable dummy qui prend 1 année
précèdent l'élection o sinon.
§ : variable dummy qui prend 1 deux ans avant les
élections, o sinon.
§ : Variable dummy qui prend 1 l'année suivant
l'élection, o sinon
§ variable dummy qui prend 1 deux ans après
l'élection, o sinon
§ trend : Variable égale à 1 en 70/71,
2en 71/72 ........32 en 2001/2002
§ : terme d'erreur
§ t : année budgétaire.
Le choix du modèle que nous avons précisé
dans cette section nous permet d'inscrire la validité de nos
hypothèses de recherche dans une logique quantitative déductive.
Ce dernier conduit à l'expérimentation d'un modèle
économétrique dont les tests des hypothèses de recherche
évoquées pourront nous édifier davantage et nous permettre
de porter un jugement définitif et d'apporter ainsi une réponse
à notre question de recherche. Ceci nécessite donc de se tourner
vers les estimations et l'analyse des résultats de ces estimations.
II : ESTIMATION DES RELATIONS ET ANALYSE DES
RESULTATS
Le fil directeur de notre étude ressort de la
proposition principale qui se définit en termes que : les
dirigeants politiques camerounais manipulent les variables budgétaires
dans le but de se voir réélire. Il appert que leurs comportements
donnent lieu à un cycle politico-budgétaire au Cameroun. Les
hypothèses sous-jacentes et qui seront soumises à des tests sont
donc :
H1 : Les dépenses ayant un impact direct sur les
électeurs augmentent l'année précédant
l'élection et diminuent l'année d'après.
H2 : Les recettes fiscales diminuent l'année
précédant l'année de l'élection et augmentent
l'année suivant l'année de l'élection
L'étude descriptive opérée à
travers l'analyse graphique au sein du chapitre 3 s'est avéré
insuffisante pour affirmer ou infirmer de telles hypothèses. C'est
pourquoi nous avons recours dans ce chapitre à la méthode
économétrique pour tester nos hypothèses. Ceci se fera
à travers les estimations des MCO sur des modèles de
régressions multiples qui tiennent compte d'un certain nombre de
variables jugées pertinentes par la littérature économique
en la matière.
Aussi, après l'élaboration des tests de
diagnostics garantissant la validité des hypothèses fondamentales
des MCO, nous procèderons à l'estimation des équations et
à l'interprétation des résultats.
II.1 : TESTS DE
DIAGNOSTIC
L'utilisation des séries temporelles dans nos
estimations requiert les tests de diagnostic suivants pour garantir la
validité des hypothèses fondamentales des MCO et surtout rendre
possibles les tests de significativité des différents
coefficients du Modèle. En fait, il s'agit de s'interroger en amont sur
la validité de l'usage que l'on fait des outils
économétriques mis à notre disposition, en gardant
à l'esprit les hypothèses statistiques qui ont
présidé à leur élaboration et dont la violation ne
serait- ce que partielle viendrait à fragiliser la validité des
valeurs numériques obtenues. C'est dans cette optique que nous
envisageons de procéder aux tests de diagnostic concernant la
stationnarité des variables et l'auto corrélation des
résidus, en supposant que toutes les autres hypothèses sont
vérifiées.
II-1.1 : L'auto corrélation des erreurs et
normalité des erreurs
Les
diagnostics relatifs aux résidus des modèles de régression
par les MCO sont centraux dans la mesure où, la normalité et
l'autocrrélation des erreurs résultent de nombreux tests et
outils statistiques très souvent utilisés.
A. NORMALITE DES ERREURS
Le problème de
normalité des erreurs se pose lorsqu'on souhaite tester la performance
du modèle ou de construire l'intervalle de confiance pour effectuer les
tests de STUDENT des paramètres .il convient de vérifier la
normalité des erreurs. Le cadre le plus formel et adéquat est le
test de JARQUE et BERA (1984), fondé sur la notion de Skewness
(asymétrie) et Kurtosis (aplatissement).
L'examen des
résultats du test de Jarque -Bera des figures présentées
à l'annexe confirment l'hypothèse H0 de la normalité des
erreurs
B. AUTOCORRELATION DES ERREURS
Nous sommes en présence d'autocorrélation des
erreurs lorsque les erreurs sont liées par un processus de reproduction.
Etant donné que nos variables sont des séries temporelles,
domaine de prédilection des problèmes d'autocorrélation,
nous recourons d'habitude au test de Durbin et Watson pour
vérifier la présence ou l'absence d'auto corrélation. Mais
dans le cas présent la présence d'une variable retardée
necessite l'utilisation de la statistique h de durbin et
watson. L'observation des variables DW montre que nous sommes dans les
zones de rejet de l'autocorrélation des erreurs.
II.1.2 : La stationnarité des variables
Avant le traitement d'une série chronologique, il
convient d'en étudier les caractéristiques stochastiques. Si ces
caractéristiques c'est-à-dire son espérance et sa variance
se trouvent modifiées dans le temps, la série chronologique est
considérée comme non stationnaire. Dans le cas d'un processus
stochastique invariant, la série temporelle est alors stationnaire.
L'une des conditions requises pour l'estimation par les MCO des modèles
utilisant les séries temporelles est que chacune des variables du
Modèle soit stationnaire. Autrement dit un processus est dit
stationnaire si la loi qui régit la valeur de chacune de ces variables
aléatoires dont il est la succession est indépendante de la date
t (E.Quinet, 1969)1(*). Les
processus stationnaires peuvent être classés en deux
groupes : les processus strictement stationnaires et les processus
faiblement stationnaires. Nous nous limiterons à la notion moins rigide,
celle de la stationnarité au sens faible.
Soit (Xt, t T) un processus réel du second
ordre (E(X2) < + , t T). Le processus est dit faiblement
stationnaire si : l'espérance mathématique, la variance et
la covariance de la série sont stationnaires. Ainsi une série
chronologique est dite stationnaire lorsque sa moyenne est nulle, sa variance
constante et finie, et sa covariance entre deux périodes ne
dépendant que de la durée qui sépare ces deux
périodes. Dans ce cas, elle est dite intégrée d'ordre
zéro (I(0)).
Nous utiliserons le test de Dickey et Fuller augmenté
(Augmented Dickey-Fuller (ADF)) pour la détermination de l'ordre
d'intégration des séries. Ce test consiste à
régresser la première différence d'une série sur la
série retardée d'une période et des différences
retardées. Cette régression est faite avec une tendance et une
constance. Considérons l'équation suivante :
Yt = b1Yt-1+ b2Yt-1 +
b3Yt-2 + b4t + b5
La variable Yt sera dite stationnaire si
b1 n'est pas significativement différent de zéro. Pour
réaliser le test il faut deux hypothèses. Ainsi, ces
hypothèses sont les suivantes :
H0 : Yt est I(1)
contre H1 : Yt est I(0)
De manière alternative, on peut aussi tester les
hypothèses :
H0 : b10
Et H1 : b1=0
La prise de décision est faite en comparant la
statistique du test d'ADF à des valeurs critiques de la table de Dickey
et Fuller. Cette statistique est négative et doit être en valeur
absolue supérieure à la valeur critique de la table de Dickey et
Fuller pour que l'hypothèse H0 soit rejetée. Si ces
conditions sont vérifiées, la série est dite
intégrée en niveau ou stationnaire. Autrement, l'hypothèse
H0 est acceptée et la série est dite non
stationnaire.
Les résultats sont récapitulés dans le
tableau ci-dessus et montre que les variables sont stationnaires en niveau ou
I(o)
Tableau 2 : Résultats des tests de
stationnarité
Variables
|
ADF (en niveau et sans tendance
|
Valeur critique de MacKinnon
|
Ordre d'intégration
|
Depa
|
-2,863388***
|
-2,6242
|
I (0)
|
Depm
|
-3,050387*
|
-3,6576
|
I (0)
|
Dep.s
|
-2,9981**
|
-2,9591
|
I (0)
|
Depe
|
-6,08021*
|
-4,3226
|
I (0)
|
Deptps
|
-2,87962**
|
-2,6181
|
I(0)
|
Impots
|
-2,807001**
|
-2,6191
|
I(0)
|
Source : Réalisé par
l'auteur à partir du test de racine unitaire des variables
§ * : indique une significativité à
1%
§ ** : indique une significativité à
5%
§ *** : indique une significativité à
10%
II. 2 : ESTIMATION DES RELATIONS
Nous procèderons ici tour à tour à
l'estimation des différents types de dépenses que nous avons
retenues et les recettes fiscales. Il est à noter ici que nous reportons
au sein des tableaux récapitulatifs des résultats des
estimations, l'ensemble des résultats étant confiné au
sein des tableaux présentés en annexe.
II.2.1 : ESTIMATIONS DES DEPENSES
A- Tableau
récapitulatif :
Tableau
3 : Estimation des dépenses budgétaires
Variables indépendantes
|
Dépenses Militaires
|
Dépenses de santé et affaires sociales
|
Dépenses d'agriculture
|
Dépenses d'éducation
|
Dépenses de travail et prévoyance sociale
|
C
BUD (t-1)
Elec3
Elec1 Elec
Elec2
Elec4
Trend
|
-0.2 (0,053)
-0.16 (0,0001)*
0.12 (0,32)
0.18 (0,11)
0.17 (0,11)
0.06 (0,46)
0.14 (0,063)
0.003 (0,06)
|
0.3 (0,7402)
0.06 (0002)*
-0.2 (0,64)
0.25 (0,08)
0.26 (0,01)*
-0.2 (0,05*
-0.18 (0,30)
-0.004 (0,57)
|
-0.37 (0,08)
0.02 (,006)
0.29 (0,24)
0.2 (0,52)
0.2 (0,007)*
-0.2 (0,82)
-0.02 (0,40)
-0.05 (0,88)
|
-0.1 (0,6)
-0.11 (0,005)
0.15 (0,18)
0.13 (0,01)*
0.12 (0,04)*
-0.06 (0,07)
-0.08 (0,15)
-0.01 (0,26)
|
-0.25 (0,12)
-0.23 (0,07)
0.27 (0,61)
0.31 (0,05)*
0.31 (0,01)*
-0.16 (0,06)
-0.09 (0,33)
-0.03 (0,56)
|
N
R²
R² ajusté
F
DW
|
32
0,56
0,38
2.74
2,45
|
32
0,63
0,49
2.61
2.09
|
32
0,59
0,39
2,94
2,30
|
32
0,52
0,37
3,25
1.74
|
32
0,72
0,70
3.52
2.48
|
Source : Construit par l'auteur à
partir des résultats présentés en annexes
* Significative à 5%
B-
Interprétation des résultats
a-
Les dépenses militaires
La deuxième colonne du tableau ci-dessus
présente des résultats d'une estimation réalisée
pour expliquer les dépenses allouées aux départements de
la défense et la sécurité nationale. L'on remarque un
degré assez élevé de la variance expliquée (0.68),
témoignant d'un modèle stable. Elec est certes positive mais
n'est pas significativement différente de zéro. Autrement dit, il
est impossible de conclure à la présence d'un cycle opportuniste
à la lumière de cette seule variable. Ce résultat indique
qu'il est nécessaire de prendre en compte simultanément plusieurs
variables dummy (Elec1 eElec2, Elec3, Elec4). Ce modèle ne permet pas
d'établir distinctement la présence d'un cycle électoral
des dépenses militaires. En effet, les coefficients des dépenses
militaires en t-1 et en t+1 sont certes positifs, mais seul le coefficient en
t-1 est significativement égal à zéro.
La présence d'un cycle électoral des
dépenses militaires n'est pas distinctement établit.
b-Les
dépenses de santé et affaires sociales
La troisième colonne de notre tableau présente
les résultats d'une estimation des dépenses de santé et
affaires sociales au Cameroun. L'on remarque un degré assez
élevé de la variance expliquée (0.63). Nous observons que
la variable Elec est significativement différente de zéro et
positive. Ceci signifie que par rapport à toutes les autres
années de mandat, à l'année de l'élection, les
dépenses de santé et affaires sociales sont significativement
supérieures.
La présence d'un cycle opportuniste semble acquise en
ce qui concerne ce type de dépenses. Pour autant le coefficient de
l'année de l'élection est inférieur à celui de
l'année précédente.
c-
Les dépenses agricoles.
La quatrième colonne de notre tableau présente
les résultats d'une estimation réalisée pour expliquer les
dépenses d'agriculture au Cameroun. Nous remarquons un degré
moyennement élevé de la variable à expliquée
(0.59). La variable Elec n'est pas significativement différente de
zéro, bien que positive. Autrement dit, il est impossible de conclure
à la présence d'un cycle opportuniste à la lumière
de cette seule variable. Toutefois, la prise en compte simultanément de
plusieurs variables exogènes pour caractériser le cycle
électoral ne donne pas des résultats meilleurs, dans la mesure
où aucun des coefficients de cette variable n'est pas significativement
différent de zéro.
La présence d'un cycle électoral des
dépenses d'agriculture n'est pas établit.
d-
Les dépenses d'Education
Les résultats de l'estimation réalisée
pour expliquer les dépenses d'éducation au Cameroun sont
présentés par la 5e colonne de notre tableau, l'on
remarque un degré assez faible de la variance expliquée (R²
= 0,52)
On observe que les variables Elec1 et Elec sont positifs et
significativement différents de 0. Ce qui signifie que par rapport
à toutes les autres années de mandat, l'année
précédent l'année de l'élection et l'année
de l'élection, les dépenses d'éducation sont
significativement supérieures.
On peut également remarquer que le coefficient pour
l'année d'élection est moins élevé que celui de
l'année précédente. Ceci laisse entrevoir la construction
d'un cycle opportuniste pour les dépenses d'éducation.
e-
les dépenses de Travail et prévoyance sociale
La colonne 6 de notre tableau présente les estimations
pour expliquer les dépenses de travail et prévoyance sociale au
Cameroun. Nous observons également à ce niveau un degré
assez élevé de la variable à expliquer. On observe que les
variables Elec et Elec1 sont positives et significativement différents
de 0. Ceci signifie que par rapport à toutes les autres années de
mandat, l'année précédente de l'année de l'Election
et l'année de L'élection les dépenses de travail et
prévoyance sociale sont significativement supérieure. On peut
également remarquer que, le coefficient pour l'année
précédente.
En effet, le niveau de ces dépenses atteint un seuil
d'un maximum en t avant de diminuer
Ceci laisse entrevoir la présence d'un cycle
opportuniste pour les dépenses de travail et de prévoyance
sociale au Cameroun.
II.
2. 2- ESTIMATION DES RECETTES FISCALES
A-Tableau récapitulatif
Tableau
4 : estimation des recettes fiscales
Variables
dépendantes
Variables explicatives
|
Impôts
|
C
|
0.2 (0,1439)
|
Bud (t-1)
|
0.03 (0,05)
|
Elec3
|
0.11 (0,33)
|
Elec1
|
-0.09 (0,06)*
|
Elec
|
-0.05 (0,08)*
|
Elec2
|
0.20 (0,08)
|
Elec4
|
0.19 (0,11)
|
Trend
|
0.004 (0,28)
|
N
|
32
|
R²
|
0,62
|
R² ajusté
|
0,54
|
F
|
2,54
|
DW
|
1,92
|
Source : Construit par l'auteur
à partir des résultats présentés en annexes
Significativité à 10%
B-
Interprétation des résultats
Le tableau ci-dessus indique une estimation pour expliquer les
recettes fiscales au Cameroun.
Nous observons un degré assez élevé de la
variance expliquée (R² = 0,62). On observe que les variables Elec1
et Elec2 sont significativement différents de 0. Seulement seul Elec et
Elec1 sont négatives. Ce qui signifie que par rapport à toutes
les autres années de mandat, l'année de l'élection et
l'année précédente de l'élection est
significativement supérieure par rapport aux autres années de
mandat.
Cependant, l'on remarque que le coefficient pour
l'année précédente l'élection est moins
élevé que celui de l'année de l'élection.
Ce qui laisse présager la présence d'un cycle
opportuniste pour les recettes fiscales au Cameroun.
À la vue de ces estimations ci-dessus, il ressort
plusieurs observations.
Pour les principales dépenses budgétaires au
Cameroun, l'on peut établir la présence du cycle opportuniste
pour les dépenses d'éducation, les dépenses de travail et
de prévoyance sociale, et les dépenses de santé et
affaires sociales.
Ce qui vient d'une part corroborer les résultats
déjà obtenus pour ce type de dépenses au niveau de
l'analyse graphique et permettre de valider la première
hypothèse.
Par contre, cette hypothèse n'est pas
vérifiée pour les dépenses d'agriculture et la
présence d'un cycle opportuniste des dépenses militaires
n'apparaît pas très clairement. Ce qui à ce niveau aussi a
été révélé par l'analyse graphique faite
plus haut.
Pour les recettes fiscales, l'on peut établir la
présence d'un cycle opportuniste corroborant ainsi l'idée
déjà émise par l'analyse graphique. Ainsi
l'hypothèse d'une diminution des recettes fiscales l'année
précédente l'année de l'élection et d'une
augmentation l'année suivant l'année de l'élection se
trouve validée
L'analyse économétrique du cycle
politico-budgétaire effectué dans ce chapitre nous permet de
montrer que les décisions publiques au Cameroun sont influencées
par l'agenda politique. Plus précisément, il apparaît que
certaines de ces dépenses et recettes du budget de l'Etat camerounais
connaissent des fluctuations liées aux échéances
électorales. Ainsi les dépenses d'éducation, de
santé, et affaires sociales, de travail et de prévoyance sociale,
augmentent de manière importante lors de l'exercice budgétaire
qui abrite l'élection et lors de ce dernier exercice par rapport aux
autres exercices budgétaires des mandats présidentiels et
législatifs. Ceci s'explique sans doute par le fait qu'une augmentation
des dépenses d'éducation a un impact direct sur la population
(électorat). En effet, l'on assiste à un accroissement de
l'investissement dans les infrastructures scolaires à
l'amélioration des conditions des instituteurs, professeurs, et
enseignants.
Dans le même ordre d'idée, les infrastructures
sanitaires des recrutements du personnel sanitaire ainsi que de nouvelles
politiques de lutte contre certaines pandémies s'accroissent à
l'approche des élections. De plus, des mesures d'incitations du niveau
d'emploi et du traitement social des travailleurs et des retraités
augmentent en période électorale.
D'un autre côté, l'analyse nous a permis de
relever que les recettes fiscales diminuent considérablement un exercice
après l'élection. Ce qui se traduit par une diminution de la
pression fiscale lors des élections et d'une reprise plus forte de
celles-ci après l'élection.
Toutes ces mesures tant du côté des recettes que
des dépenses ont pour seul objectif de rendre les gouvernants en place
populaire et de conduire leurs partis ou les candidats qui les
représentent vainqueurs aux élections ; rejoignant de ce
fait l'idée de ENGUELEGUELE (2002) selon laquelle l'on observe
généralement au Cameroun des comportements des gouvernants
à la veille des élections qui tendent à prendre des
mesures incitatives et favorables aux yeux de l'opinion dans un but de se
maintenir au pouvoir.
Ainsi l'existence d'un cycle politico-budgétaire
opportuniste semble confirmer comme nous l'avions déjà
présumé avec l'analyse graphique. De même, comme nous
l'avions déjà présagé au cours de l'analyse
graphique, la difficulté à établir un cycle
électoral des dépenses militaires et des dépenses
agricoles a persisté même au niveau de l'analyse
économétrique.
Ceci peut avoir plusieurs explications. En effet, le Cameroun
étant un pays relativement stable sur le plan social et politique par
rapport aux autres pays africains, une augmentation des dépenses
militaires ne fournirait peut-être pas un signal positif à
l'électorat puisque celui-ci se sent relativement en
sécurité, les politiciens au pouvoir ne trouveraient donc pas
avantage à augmenter ces dépenses, car n'ayant aucun impact
favorable pour eux sur l'opinion. Tout au plus, les recrutements au sein de
l'armée répondraient plus à un souci de rajeunissement, de
professionnalisation et de régénération de l'armée.
De même que pour les dépenses militaires, les dépenses
agricoles ne se prêtent pas un cycle électoral. En effet leur
montant n'est pas modifié à l'approche des élections plus
qu'à d'autres années du mandat. Les explications plausibles
peuvent être trouvées dans le fait que ces dépenses
obéissent plutôt aux caprices de la conjoncture, le Cameroun
fournissant principalement des produits de base issus d'une agriculture
très peu mécanisée. Or de tels produits sont soumis
régulièrement à une instabilité des termes de
l'échange sur le marché mondial.
Un tel comportement des pouvoirs publics Camerounais qui se
traduit par une modification opportuniste de certaines variables
budgétaires nécessite que l'on se penche sur l'instauration ou
non des règles intangibles pour `lier les mains aux gouvernants
Camerounais.
CHAPITRE IV :
CONSTITUTIONNALISME
ECONOMIQUE ET CYCLE POLITICO-BUDGETAIRE AU CAMEROUN
L'idée de plus en plus répandue d'un
encadrement des décisions publiques en matière de politique
économique en général et de politique budgétaire en
particulier découle d'un constat établi depuis longtemps dans la
littérature économique : la volonté
délibérée des gouvernants de manipuler les grandeurs
économiques notamment budgétaires en fonction de leur
aspirations. Une telle attitude tranche avec celle qui devrait être
normalement adoptée, c'est-à-dire prendre des décisions
qui épousent les intérêts communs des agents
économiques. Dès lors, la définition des normes
économiques inflexibles et obligatoires à tous les gouvernants
s'inscrit dans une logique de restriction de ces manipulations
délibérées auxquelles se livrent les dirigeants
politiques. Le constitutionnalisme économique épouse donc cette
argumentation dans la mesure où il « représente un
ensemble de principes de gouvernement : des restrictions effectives aux
pouvoirs des gouvernants, la garantie des droits fondamentaux de la personne,
l'absence de toute forme d'arbitraire » (Friedrich, 1968 ;
Nwabueze, 1973). De plus comme le souligne ces auteurs, le constitutionnalisme
dans son application pénètre la conscience collective des
gouvernants et des gouvernés. Ceci suppose une approche
démocratique, une conscience limitée du pouvoir et un sens des
responsabilités de la part des gouvernants.
De telles prescriptions trouvent également
résonance au Cameroun dans la mesure où comme nous l'avons
évoqué plus haut, les variables budgétaires font l'objet
d'une modification en fonction de l'agenda électoral. Aussi,
après avoir dans une première section, élucidé le
constitutionnalisme d'un point de vu général, nous consacrons la
deuxième section au cas particulier du Cameroun.
I.
CONSTITUTIONNALISME ECONOMIQUE : UNE VISION GLOBALE
L'observation de l'évolution de la vie
économique dans le monde et notamment dans les pays occidentaux consacre
l'idée d'une volonté de plus en plus récurrente de
l'encadrement des décisions économiques. Si au plan national, les
agents économiques désirent une constance dans les
décisions des gouvernants, la tendance des pays à se regrouper
dans des ensembles économiques et/ou politiques accroît cette
volonté de normalisation des décisions en matière de
politique économique. Toutefois si le constitutionnalisme
économique est souhaité et parait justifié, l'on peut
néanmoins relever qu'il ne constitue pas une solution à tous les
cas.
I.1 JUSTIFICATION DES
REGLES FIXES
L'encadrement des décisions des gouvernants en
matière économique à travers des règles fixes peut
trouver une justification aussi bien du fait de l'infraction et l'insuffisance
des règles existantes, mais également de l'incohérence
temporelle et de l'inefficacité des décisions publiques.
I.1.1 INCOHERENCE
TEMPORELLE ET INEFFICACITE DES DECISIONS PUBLIQUES
L'inefficacité reconnue à la politique
budgétaire par certains auteurs économistes repose sur bons
nombres de facteurs parmi lesquels l'incohérence temporelle occupe une
place de choix. Selon Kydland et Prescott (1977), la notion
d'incohérence temporelle développe l'idée selon laquelle
même en absence d'incertitude, les dépenses qu'un agent prend en t
sont parfois en contradiction avec celles qu'il avait prévu de prendre
auparavant. Ce principe ne repose pas sur une hypothèse
d'irrationalité des comportements et/ou des anticipations. Les
décisions sont optimales au moment où elles sont prévues
ou mises en oeuvre. Les dirigeants politiques n'appliquent pas toujours les
décisions qu'ils annoncent. Cette inconstance dans les décisions
des dirigeants politiques au cours du temps suscite beaucoup de
préoccupations auprès de l'opinion publique. Un tel comportement
n'engendre pas un climat économique favorable d'après Kydland et
Prescott(1977).
La justification de la prescription de règles aux
gouvernants pour les obliger à respecter impérativement leurs
décisions, trouve également une place favorable à ce
niveau. En effet, en plus de l'insuffisance et de nombreuses violations dont
elles font l'objet par les gouvernants, on peut aussi relever
l'inefficacité même des décisions que prennent ces derniers
en terme de politique de régulation conjoncturelle. L'incohérence
temporelle des mesures publiques occupe donc une place
prépondérante pour justifier l'adoption des règles fixes
et explicites. Celles-ci seraient en mesure d'assurer la
crédibilité et la transparence des décisions
gouvernementales, et de créer des conditions favorables à la
stabilité de l'économie.
Le mérite d'une telle vision revient à Kydland
et Prescott. Leurs travaux sur l'incohérence temporelle des
décisions publiques « n'ont pas seulement transformé la
recherche économique, mais ont également profondément
influencé les politiques en matière de politique
économique en générale, plus particulièrement en
matière de politique monétaire (...) dans de nombreux pays les
dix dernières années », d'après
l'académie royale des sciences de Suède.
En réponse à l'incohérence temporelle des
décisions de politique économique, les mêmes auteurs
prescrivent que les pouvoirs publics doivent engager leur
crédibilité en fixant des règles de conduite qu'ils
respecteront inéluctablement. Aussi doivent-ils renoncer à leur
pouvoir discrétionnaire au profit des règles codifiées par
des lois ou des traités. Ces prescriptions semblent être
progressivement suivies ou appliquées. C'est ainsi que par exemple, le
principe de l'indépendance des banques centrales apparaît de plus
en plus comme une solution idoine à l'incohérence temporelle, en
matière de politique monétaire. Ceci est une réaction
à la tentation qui peut être grande, pour tout gouvernement (dont
dépend la politique monétaire) d'opter par exemple à la
veille d'élection pour une inflation surprise dans l'optique de
réduire le chômage. Pour lever l'équivoque sur un tel
comportement, l'exercice de la politique monétaire est confié
à des institutions indépendantes du gouvernement en l'occurrence
les banques centrales des pays. Ces nouvelles autorités
monétaires assignent alors librement l'objectif de stabilité des
prix. Un tel mouvement tend à se généraliser de nos jours
dans le monde.
Les gouvernants ou les décideurs publics ayant une
propension à ne pas respecter leurs engagements, un transfert de la
définition et de la conduite de la politique monétaire à
une institution indépendante revêt d'après ces auteurs un
avantage : la Banque Centrale annonce des objectifs fixes et immuables. Ce
qui permet l'ancrage des prévisions des agents, ceux-ci sachant que cet
objectif ne peut être révisé de façon surprise. Si
dans le domaine monétaire l'incohérence temporelle des mesures
gouvernementales peut justifier une adoption de normes intangibles et
explicites, le domaine budgétaire n'est pas en reste.
En effet, des politiques budgétaires de
régulation conjoncturelle peuvent s'avérer totalement
inefficaces. Si par exemple, les entreprises et les ménages utilisent au
mieux l'information pour former leurs anticipations, le système
économique atteint spontanément un état de plein emploi
des ressources. Dès lors, toute décision budgétaire
s'avère inapte à agir sur l'emploi et à créer un
surcroît de bien-être social
L'incohérence temporelle remet ainsi en cause
l'efficacité des décisions publiques en matière
budgétaire. D'où la nécessité d'adoption des
règles intangibles. L'institutionnalisation de telles prescriptions
permettrait alors d'ancrer les prévisions des agents économiques.
Ainsi, en matière de finances publiques, la règle de
maîtrise de déficit budgétaire impose la restriction des
dépenses d'investissement, la vente d'actifs publics, et la
réduction de la part relative de la dette publique.
I.1.2 INFRACTION ET
INSUFFISANCE DES REGLES
Les expériences existantes
de cycles politico-économiques en général et
budgétaires en particulier dans les pays occidentaux
révèlent une infraction récurrente des règles
économiques prescrites. Dès lors, un encadrement des
décisions des gouvernants à travers des règles semble de
plus en plus prônée. Pour Niskanen (1992) les nombreuses
infractions commises par le gouvernement fédéral sur la loi
fiscale américaine (accroissement considérable des
dépenses et de l'endettement fédéral) nécessite un
nouvel ensemble de règles pour une constitution fiscale plus explicite
et plus contraignante que le simple vote dans la législation courante.
En effet, lors des 140 premières années de
l'histoire américaine, le budget était contraint par deux
règles fiscales contenues dans la constitution. L'une
était relative à des limites formelles sur les dépenses
des dirigeants. L'autre stipulait que le gouvernement devrait emprunter
seulement pendant les récessions. Ce qui fait qu' à la fin des
années 1920, les dépenses fédérales ne
représentaient que 2,6% du PIB, et la plupart étaient relatives
aux dépenses militaires. Par ailleurs la dette fédérale
représentait 16% du PIB. Mais l'on a assisté ensuite à une
violation récurrente de ces règles. Les dépenses
fédérales dépassent donéravant 20% du PIB et ne
concernent plus uniquement les dépenses militaires, mais font
également part belle à d'autres dépenses telles que le
paiement de transferts, etc entraînant un plus grand déficit et
une augmentation de la dette fédérale. La conséquence
immédiate est qu'au fil du temps, la violation des règles
budgétaires originelles a conduit à la transformation de ces
dernières. Dès lors, « le congrès et le
président peuvent autoriser n'importe quel type de quantité de
dépense et de taxes, soumises seulement aux règles de vote par la
législation courante » (Niskanen ; 1992).
Plus récemment aux USA, les objectifs de déficit
fixés dans la loi de 1985 sur l'équilibre et le contrôle
d'urgence du déficit (loi Gramm-Rudman) ont été largement
dépassés. Dans ce contexte, la loi de mise en oeuvre du budget de
1990 (Budget Enforcement Act) à instituer des plafonds pour les
dépenses discrétionnaires (couvrant la quasi-totalité des
dépenses de défense, les salaires et les autres dépenses
de fonctionnement gouvernementales, ainsi que beaucoup de programmes de
subventions)
Ceci vient confirmer non seulement la volonté des
gouvernants à manipuler à leur guise les variables
budgétaires mais, remet surtout en cause la qualité coercitive de
la nouvelle loi basée sur la majorité au Congrès. Car en
effet, cette nouvelle disposition ne fait suffisamment pas pression sur les
décisions qui affectent les dépenses fiscales, les taxes et les
emprunts aux USA. La nécessité de nouvelles règles fixes
et plus contraignantes semble donc s'imposer pour faire face au laxisme des
dirigeants.
Le constitutionnalisme économique trouve
également une place favorable dans le cadre de l'Union
Européenne. En effet, au début des années 1990 les dettes
publiques et les soldes budgétaires accusaient des variations
considérables d'un Etat membre à l'autre et il en était de
même des taux d'intérêt. Le traité de Maastricht et
le Pacte de stabilité et de croissance institué en 1997
établissent les conditions nécessaires à la
préservation de la discipline budgétaire dans le cadre de la
monnaie unique. Ce traité fixe le seuil du déficit pour
l'entrée en Union monétaire à 3% du PIB, ce qui permet une
convergence à long terme de la dette aux alentours de 60% du PIB. Le
pacte qui a introduit de possibles pénalités financières
pour le non respect du plafond de déficit, exige aussi que les positions
budgétaires soient « proches de l'équilibre »
ou excédentaires à moyen terme, ce qui conduirait
asymptotiquement à une dette nulle. En outre, des effets externes ou des
débordements comme le creusement du déficit budgétaire de
l'un des membres de l'Union Monétaire entraîne une augmentation du
taux d'intérêt réel de long terme que tous les
gouvernements doivent acquitter sur leur dette publique ainsi qu'une
dépréciation de l'Euro.
L'analyse classique des externalités nous enseigne
qu'il est possible grâce à la mise en place d'institutions
favorisant la coopération d'une part, empêchant ou rendant
coûteuse des stratégies opportunistes d'autres part, d'atteindre
des équilibres plus favorables au sens de Pareto. Ainsi face aux effets
de débordement négatifs des règles telles que des
règles budgétaires adoptées dans l'Union Monétaire
Européenne pénalisent donc les pays incriminés. Toujours
dans le cas de l'UME, l'accent mis sur les risques que présenteraient
les stratégies individuelles nuisibles c'est à dire celles qui
engendre les effets de débordement négatifs a conduit à
mettre en place presque exclusivement des institutions visant à
empêcher les membres de nuire.
Ainsi donc, le constitutionnalisme a facilité
l'intégration régionale en Europe occidentale en consacrant dans
chaque pays la notion d'un Etat limité dont la volonté pourrait
être assujettie à une autorité supranationale dans les
domaines spécifiques d'intervention. Au total, une normalisation des
décisions économiques semble justifiées autant pour un
pays (USA) que dans le cadre d'une communauté économique voire
monétaire comme l'Union Européenne, pour faire face aux
violations récurrentes des règles économiques par les
décideurs publiques.
I.2 CONSTITUTIONNALISME
ECONOMIQUE : UNE APPROCHE DISCUTEE
L'infraction récurrente des règles
économiques, conséquence de l'incohérence temporelle des
décisions des gouvernants, d'une part et, d'autre part, de
l'insuffisance des moyens de pression sur les décideurs publics, a
éveillé la volonté de certains auteurs à
préconiser aux pouvoirs publics des règles. Celles-ci se
traduisent notamment par une maîtrise de l'inflation et du déficit
public. Cependant, des voix s'élèvent de plus en plus pour
remettre en cause la pertinence des normes fixes. Cette remise en cause peut se
traduire par l'inefficacité de ces prescriptions, ou même par leur
caractère non démocratique.
Dans les pays occidentaux, et les pays Africains de la Zone
Franc, l'on assiste à une politique économique pratiquée
avec inflexibilité et qui est régie par des normes fixes qui
traduisent la recherche de la crédibilité. C'est ainsi que, les
deux principaux instruments de politique économique sont confinés
dans une logique d'atteinte des objectifs intermédiaires (la
maîtrise du déficit et le contrôle de l'inflation). La
politique monétaire et la politique budgétaire sont
élaborées dans les buts principaux de maîtrise de ces
objectifs.
Pourtant, même au niveau interne, des auteurs comme
Taouill (2005) dans son analyse sur l'économie marocaine aux prises avec
des règles fixes, montre que ces objectifs intermédiaires sont
atteints au détriment de l'objectif final qui est la croissance.
Même dans un cadre communautaire à l'instar de l'Union
Européenne des auteurs comme Le Cacheux (2005) relève des
externalités négatives qui traduisent les coûts
supportés par l'application des règles fixes. Pour lui,
« le respect du pacte de stabilité fait supporter aux
gouvernements des Etats membres des coûts individuels de divers types
-coûts politiques et de réputation, coûts en terme de
contraintes pesant sur les objectifs spécifiques de chaque gouvernement,
coût résultant de la moindre souplesse de la politique
budgétaire, stabilisateur automatique inclus,... qui expliquent qu'en
dépit des risques de sanction, pécuniaires ou de
réputation notamment, certains choisissent d'enfreindre la
règle ».
L'exigence d'un solde budgétaire de base
supérieur ou égale à 0 ou du moins d'un déficit
budgétaire ne pouvant excéder 3% du PIB, est une règle
destinée à assurer la maîtrise des finances publiques. Une
telle rigueur de la politique budgétaire impose la restriction des
dépenses d'investissements, la vente d'actifs publics, et la diminution
relative de la dette publique. Ce faisant, « elle sacrifie la
qualité des finances au profit d'une approche comptable centrée
sur la gestion du solde budgétaire » (Taouil, 2005).
En cantonnant la politique budgétaire à cette
gestion, les pouvoirs publics Européens (dans le souci du respect de la
règle communautaire) se privent de leur fonction de régulation.
En s'en tenant à cette discipline budgétaire quelque soient les
chocs qui affectent l'économie, ils s'abstiennent d'utiliser le budget
à des fins conjoncturelles en vue de réduire l'ampleur des
fluctuations du niveau de l'activité. Ainsi dans le cadre d'une
croissance faible, le strict respect de la discipline budgétaire impose
des mesures de contraction de la demande globale qui accentue la logique
récessive.
La règle budgétaire peut également
apparaître contre productive. La facilité en matière de
finances publiques permet d'adapter la décision aux évolutions
conjoncturelles. Dans un contexte de sous-emploi ou de chômage dans
l'Union Européenne, une politique expansive est à même de
participer à la résorption du déficit de la demande sans
générer nécessairement une hausse des prix. La
réduction de la part relative de l'endettement extérieur et
l'existence de liquidités oisives augmentent la marge de manoeuvre quant
à la gestion des finances publiques. La pratique d'un déficit de
régulation, financé par l'emprunt interne est de nature à
avoir une efficacité à la fois macroéconomique et
microéconomique. Ce déficit est en mesure de rehausser
significativement le niveau d'activité, de soutenir la demande
auprès du secteur privé, d'améliorer les perspectives de
profit des entreprises, et d'engendrer les ressources nécessaires
à son autofinancement.
De plus,l' expérience démontre
que les catégories de règles susceptibles de s'avérer
utiles dans une phase donnée de réduction du déficit
peuvent ne plus suffire à un stade ultérieur. Les
évolutions récentes ont mis en lumière un certain nombre
d'inconvénients et de carences dans la mise en oeuvre. Aux USA, le cadre
a été de plus en plus contourné et les règles sont
arrivées à expiration sans être prorogées. Dans la
zone Euro, le cadre est actuellement remis en question et le problème de
la conception et de l'application optimale des règles occupe le devant
de la scène. Les USA, engrangeant des excédents, la contrainte
des plafonds de dépenses a été levée par une
série d'ouverture de crédits d'urgence en 1999 et 2000, puis par
une révision à la hausse des plafonds pour 2001 et 2002. Dans
plusieurs pays Européens, le plafonnement du déficit n'a pas
empêché la rechute décrite plus haut et la prescription
d'un budget « proche de l'équilibre ou
excédentaire » n'a pas été plus efficace.
Au total, les effets de règles et budgétaires
intangibles peuvent engendrer un biais restrictif qui se manifeste dans une
croissance atone, accompagnée d'un chômage de masse dans un
contexte de stabilité inefficace. Dans ce contexte donc, on ne peut que
s'interroger sur la pertinence de l'adoption des règles fixes dont le
coût en terme de croissance et d'emploi soit élevées.
A la suite de l'inefficacité plausible des
règles fixes pour le Cameroun, nous pouvons également relever que
ces normes n'obéissent à aucun processus démocratique. En
effet, ces prescriptions sont l'oeuvre de certains économistes qui
conseillent un strict encadrement des décisions publiques. De telles
directives font que les décisions qui engagent l'organisation
institutionnelle, les objectifs et les instruments de la politique
économique sont soustraits aux délibérations publiques.
L'immunité dont jouissent par exemple les règles d'un plancher de
déficit à 3% dans l'Union Economique et Monétaire est
exemplaire de ce déficit démocratique. Ce qui fait dire à
Taouill (2005) que : "La soumission de la politique à des
règles à priori implique un déni de la
démocratie
Il n'est cependant pas toujours aisé d'établir
une similitude entre la volonté des bureaucrates et celle du peuple sur
certaines questions sociales. Le rejet de la constitution Européenne
est un exemple patent du fossé qui peut séparer les aspirations
du peuple des conclusions parfois trop concessionnelles et techniques de la
bureaucratie. De plus, même si le gouvernement est un produit des
élections (c'est à dire de la volonté du peuple), la
théorie sur les cycles politico-économiques et surtout
l'incohérence temporelle des décisions prises par les
décideurs publics montrent une inadéquation entre les promesses
et les réalisations.
Les idées économiques n'agissent pas uniquement
sur les ressources et les revenus des citoyens, mais aussi sur leurs droits de
liberté. Pourtant comme le souligne Sen cité par Taouill (2005)
« on ne peut trancher les dilemmes sociaux qu'à travers des
processus de choix publics fondés sur la participation, le dialogue, les
débats ouverts... Le pilotage unilatéral y compris s'il est le
fait du meilleur des experts, ne saurait en soit constituer une
solution » L'économie est alors trop importante pour
être laissée aux seuls experts.
C'est ainsi que se penchant sur l'indépendance des
banques centrales comme préalable de la crédibilité de la
politique monétaire, Hetzel (1990) pense que « la politique
monétaire émerge comme partie du processus général
des décisions démocratiques plutôt que des paradigmes
économiques des économistes ».Toujours sur cette
autonomie des banques centrales, Aubin (1999) établit que «
la politique monétaire d'un pays doit demeurer compatible avec un
équilibre du système social, dans ces dimensions à la fois
économiques et politiques. L'indépendance de la banque centrale
qui reste toujours conditionnelle à un état de la
législation n'est peut-être pas tant alors la cause d'une plus
grande stabilité des prix que le signe d'une détermination de la
société à renoncer aux facilités de politiques
monétaires plus laxistes ».
En somme donc, la recherche de la crédibilité
qui sous-tend l'adoption de règles peut ne pas être
établie dans la mesure où le cantonnement de la politique
budgétaire peut s'avérer inefficace car où la
maîtrise du déficit budgétaire et le contrôle de
l'inflation peuvent être atteins au détriment de la croissance et
de l'emploi. En outre, une norme immuable du déficit budgétaire
ne pouvant excéder 3% par exemple, dictée sans consultation
préalable des populations sous quelque forme que ce soit, couve en elle
un déficit démocratique.
L'observation dans un cadre global de
l'impérativité d'un constitutionnalisme économique tend
à montrer que celui-ci est justifié. Toutefois, certains
économistes estiment que la définition de normes
économiques devraient épouser les particularités des pays
ou groupements de pays pour être efficace et notamment, la
nécessité d'un soutient du développement économique
qui passe par une stimulation de la croissance à la croissance et
à l'emploi pour les pays comme le Cameroun.
II- DECISIONS PUBLIQUES AU CAMEROUN : LA NECESSITE D'UNE
NORMALISATION
L'existe au Cameroun d'un cycle politico-budgétaire
pour certaines dépenses rejoint dans une certaine mesure ce qui se passe
généralement dans les pays occidentaux, c'est à dire que
les dirigeants politiques prennent des décisions au gré de leur
volonté. En effet, pendant l'année de l'élection, des
hommes politiques lorsqu'ils veulent agir dans le sens de leur
intérêt manipulent des variables budgétaires telles que les
dépenses totales, les paiements de la sécurité sociale,
les dépenses du secteur agricole, les transferts (Blais et Nadeau ;
1992). Au Cameroun, nous avons pu établir que ce sont les
dépenses et recettes qui ont une importance capitale aux yeux des
électeurs qui sont manipulés.
Ce type de comportement suscite le désir de leur
appliquer des règles intangibles en matière de politique
économique en général et, budgétaire en
particulier. Ceci à cause de la violation récurrente et
l'insuffisance des normes déjà existantes d'une part et, d'autre
part, à cause de l'inefficacité même des décisions
publiques au cameroun. Toutefois, si ces règles doivent être
coersitives, elles doivent intégrées les particularités
Camerounaises et donc être adaptées à l'objectif de
développement économique du pays.
I.1- VIOLATION RECURRENTE ET INSUFFISANCE DES REGLES
EXISTANTES AU CAMEROUN
La variation de certaines dépenses et recettes
budgétaires au Cameroun nous conduit à établir un cycle
politico-bugétaire. Il apparaît que :
- Pour les dépenses d'éducation, on observe de
fortes variations des dépenses d'éducation lors des exercices
correspondant avec la période électorale. Ces dépenses ont
tendance à augmenter en période électorale et diminuer en
milieu de mandat électoral. L'on peut noter par exemple un fort
accroissement de plus de 60% de ces dépenses lors de l'exercice 72/73
(élection législative de mai) et une forte diminution de
près de 20% l'année d'après.
- Pour les dépenses de santé et affaires
sociales, la quasi majorité des exercices budgétaires
coïncidant avec les échéances électorales connaissent
une variation positive de ce type de dépense. . A titre d'exemple pour
les exercices 74/75, 79/80, 96/97 on a des augmentations de l'ordre de 13%,
38%, 25% respectivement. Par contre, les exercices hors mandat électoral
constituent des périodes de diminution des deux types de dépenses
(diminution de moins de 10% en 76/77).
- Pour les dépenses de travail et de prévoyance
sociale, lors de la plupart des exercices précédant ou
coïncidant avec une élection, on observe une augmentation de ces
dépenses au détriment des autres exercices budgétaires se
situant après ou en milieu de mandat. A titre d'exemple, les exercices
84/85, 91/92, 92/93, 96/97 et 97/98 connaissent une variation positive des
dépenses, alors que les exercices tels que 78/79, 90/91, et 95/96 (une
baisse de près de 10%) connaissent des variations négatives
puisque ce sont des exercices hors mandats électoraux
- Pour ce qui est des recettes fiscales, entre l'exercice
88/89 et l'exercice 92/93, on observe une diminution de Près de 50%. De
même entre l'exercice 95/96 et l'exercice 96/97, on a une diminution de
près de 10% par contre, l'exercice 84/85 connaît un pic
d'augmentation de plus de 60% car on se trouve ici juste après une
échéance électorale.
Ce qui donne lieu à un non respect des engagements que
prennent les politiciens auprès des électeurs à la veille
des élections. De plus, une augmentation des dépenses publiques
ou une diminution des recettes budgétaires à l'approche des
élections sans fondement économique, fait supporter de divers
coûts. Parmi ceux-ci, l'on peut relever un possible accroissement du
déficit budgétaire financer à court terme par un
endettement supplémentaire de l'Etat dû à un non respect de
paiement de la dette en cours ou encore à un relèvement des taxes
et des impôts après les élections.
L'accroissement du déficit public et celui de la dette
publique qu'a connu le Cameroun au plus fort de la crise économique,
c'est à dire la période 1986 jusqu'à 1994, ne se justifie
pas seulement par la baisse des cours des principales matières
premières et la dépréciation du dollar. En effet, des
rigidités sociales et politiques dont certaines persistent encore
actuellement à un moindre degré, peuvent expliquer les
difficultés rencontrées par un gouvernement politiquement
contesté pour mettre en oeuvre l'ensemble des reformes
préconisées, notamment celles ayant un coût social
élevé.
Par exemple, les prix officiels aux producteurs de cacao,
n'ont pu être diminués que lors de la campagne 1989/90, soit deux
ans après la chute des cours. La masse salariale de la fonction publique
n'a été réduite qu'en 1993(de 4 à 20% en Janvier et
de 50% en Novembre), lorsqu'il s'est avéré que le budget de
l'Etat ne pourrait plus régler les échéances de la dette
aux bailleurs de fonds multilatéraux. De même, en ce qui concerne
l'emploi, on a continué d'augmenter les effectifs de l'administration
publique entre 1985/86 et 1991/92(exercices précédant les
élections) en recrutant de jeunes diplômés (ce qui avec 10%
d'effectif supplémentaire en faisait le seul secteur en croissance) et
on a préféré réduire le traitement des
fonctionnaires plus tôt que les effectifs.
Une telle absence de discipline dans la gestion publique a
occasionné la suspension du Cameroun des PAS des institutions de Bretton
Woods en 1992 d'une part, et d'autre part les Etats-Unis et l'Allemagne ont
interrompu leur aide. Si les accords que le Cameroun passe avec les bailleurs
de fonds internationaux comportent des sanctions en cas de leur non respect,
ceci n'est pas le cas sur le plan interne. En effet, comme dans bon nombre de
pays au monde, il n'existe pas au Cameroun de règles fixes suffisamment
explicites et contraignantes pour les gouvernements
L'insuffisance de la règle budgétaire, plus
connue sous le nom de loi de finances réside entre autre dans la
manière dont elle est votée ou adoptée au niveau de
l'Assemblé nationale. Car, bien qu'elle soit soumise au vote des
députés, contrairement aux USA ou l'on a besoin de deux tiers des
membres du Congrès pour adopter les textes, au Cameroun l'alinéa
1 de l'article 19 de la constitution établit que «
L'Assemblée Nationale adopte des lois à la majorité simple
des députés ». Ceci donne libre cours à
l'adoption du budget conforme aux désirs des gouvernements en place,
pour peu que la majorité simple des députés de
l'Assemblée Nationale soit constituée en totalité par des
membres du parti politique au pouvoir. Même si l'unanimité de
l'hémicycle était requise pour l'adoption des lois, certes la
marge de manoeuvre serait plus réduite mais l'on peut toujours imaginer
une situation ou, l'Assemblée Nationale soit constitué en
totalité des députés d'un même parti. A cet effet,
la règle de la majorité ne limite pas suffisamment l'action
gouvernementale sur les questions budgétaires.
En plus de la violation récurrente et de
l'insuffisance des normes économiques actuelles au Cameroun, l'on peut
également remettre en cause l'efficacité même des
décisions des gouvernements au Cameroun. La manipulation de certaines
données budgétaires peu constituer une décision
inefficace, car si pour former leur anticipation, les entreprises et les
ménages utilisent au mieux l'information, le système
économique Camerounais peut atteindre spontanément un état
de plein emploi des ressources. Ce qui rendrait donc par exemple improductive
la politique d'augmentation des dépenses d'éducation, de
santé, d'emploi et de prévoyance sociale, ou encore une
diminution des recettes fiscales à l'approche des échanges
électorales au Cameroun. Ceci découlant du fait que les agents
privés au Cameroun peuvent effectuer des prévisions bien
informées des évènements futurs en s'appuyant sur une
connaissance pertinente des rouages des l'économie Camerounaise.
Dès lors que l'on considère qu'ils peuvent anticiper le
comportement du gouvernement, les actions publiques ne sont pas temporellement
cohérentes. Ils peuvent ainsi envisager que le décideur public
est porté à enfreindre ses engagements et réviser en
conséquence leurs décisions. D'où la
nécessité d'adoption des règles fixes telle que la
règle de maîtrise du déficit budgétaire pour faire
face aux violations et à l'inefficacité des règles
existantes.
II.2 DES REGLES PLUS
CONTRAIGNANTES ET PLUS ADAPTEES AU CONTEXTE CAMEROUNAIS
La violation permanente des règles économiques
au Cameroun, conséquence du non respect des engagements pris par les
pouvoirs publics auprès de l'électeur donne lieu à un
environnement économique plus ou moins incertain. Dans un tel contexte,
le constitutionnalisme économique semble trouvé sa place pour
répondre à l'insuffisance des règles existantes, l'on
pourrait mettre en place des règles plus contraignantes et mieux
adaptées au cas Camerounais qui ne sont pas un frein aux objectifs de
développement.
L'action gouvernementale sur la monnaie a
commencé à être limitée depuis par la
création en 1972 de la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC).
L'article 1er des statuts de la BEAC établit que la Banque
Centrale définit et conduit la politique monétaire de tous les
Etats membres avec pour objectif la stabilité de leur monnaie commune,
le FCFA. L'indépendance reconnue à la BEAC, ainsi que
l'évolution de sa réglementation au cours du temps limite sans
cesse l'influence des gouvernements. La programmation monétaire par
exemple, en cours au Cameroun depuis 1992 constitue une nouvelle avancée
dans ce sens. Désormais l'augmentation de la masse monétaire est
conditionnée par la création de richesses dans chaque Etat
membre, dont le Cameroun. Dans ce contexte, il est difficile voire impossible
aux dirigeants politiques camerounais d'agir volontairement sur la masse
monétaire aux fins électoralistes.
Comme autre règles, l'on pourrait par exemple
définir dans la constitution une loi qui fixerait les modalités
d'augmentation et de réduction des dépenses budgétaires,
qui soit immuable et non adaptable aux volontés des gouvernants, mais
plutôt à des situations précisées à l'avance
dans la constitution.
Les règles communautaires connues sous le nom de
critères de surveillance multilatérale au sein de la CEMAC,
peuvent par exemple être érigées en lois imposables
à tout gouvernement au Cameroun. Ces lois seraient en plus
encadrées par des sanctions en cas de leur violation par le
gouvernement. En outre, la modification éventuelle d'un de ces
critères ferait désormais l'objet d'un amendement
préalable de la constitution.
Ainsi, les critères suivants pourraient être
requis comme constitutionnelles et leur violation passible de sanctions pour
les auteurs :
- Le solde budgétaire de base rapporté au PIB
nominal supérieur ou égal à 0
- L'inflation maintenue à moins 3% par an
- La non accumulation d'arriérés de paiement
extérieure sur la gestion de la période courante
-L'encours de la dette intérieure et extérieure
rapporté au PIB minimal n'excède pas 70%.
Auxquels l'on ajouteraient « les critères du
second rang » du pacte de convergence, de stabilité de
croissance entre les Etats membres de UEMOA suivants :
- La masse salariale n'excède pas 35% des recettes
fiscales
- Les investissements publics financés sur ressources
internes doivent être supérieurs ou égaux à 20% des
recettes fiscales
- Le déficit extérieur courant hors dons/PIB
nominal n'excède pas 5%
- Les recettes fiscales son supérieures à 17% du
PIB nominal.
La règle du déficit budgétaire contenu
dans les critères de convergence impose la restriction des
dépenses d'investissement, la vente d'actifs publics et la
réduction de la part relative de la dette publique. Une telle discipline
budgétaire peut certes priver le décideur public camerounais de
sa fonction de régulation, mais elle peut permettre par contre de
limiter le laxisme dans la gestion publique et surtout des manipulations
opportunistes du budget , bien que la pilule soit amère à
avaler pour les autorités camerounaises .
L'exemple des réformes économiques que le
Cameroun a conclus avec les bailleurs de fonds et notamment les institutions de
Bretton Woods depuis bientôt 20 ans, montre toute la difficulté
qu'éprouvent les gouvernements successifs à tenir leur
engagement. D'ailleurs la coïncidence entre certaines années
d'élection au Cameroun (1992 à 2004, par exemple) et la mise
« off-track » du pays des programmes du FMI et la Banque
Mondiale les mêmes années , restent très
révélatrice. Cependant, l'avantage de ces accords est qu'
à tout moment le pays peut-être sanctionné par une
exclusion de ces programmes. Et par ricochet, se voir priver du financement des
autres bailleurs de fonds bilatéraux (France, Allemagne, Union
Européenne...) pour qui, le respect des accords du FMI est la condition
sine qua non d'un éventuel appui. Ce qui met constamment le pays sous
pression et contraint l'action gouvernementale.
L'on pourra alors imaginer que de telles pressions soient
requises au niveau des lois constitutionnelles du pays. Ce qui obligerait les
gouvernements à respecter leur engagement. De la sorte, leurs
décisions ne seraient plus temporellement incohérentes et ne
constitueraient plus une entrave aux prévisions des agents
économiques. L'on s'avancerait alors vers un environnement
économique stable dicté par des prévisions des agents bien
informés. Cependant, si ces normes doivent lier les mains aux
dirigeants Camerounais, elles ne doivent pas pour autant d'une part freiner le
développement économique du pays, et d'autre part ne doivent pas
être dénués de toute saveur démocratique. C'est
ainsi que la politique budgétaire ne doit pas seulement se confiner
à atteindre les objectifs intermédiaires comme la maîtrise
du déficit, mais doit également atteindre l'objectif final qui
est la croissance. Même dans le cadre du respect des critères de
surveillance multilatéral de la CEMAC les règles fixes doivent
d'abord être ériger pour satisfaire l'objectif premier du pays
à savoir le développement économique et non l'entraver.
A titre d'illustration La définition d'une cible
d'inflation à 3% par la BEAC pour l'ensemble des pays membres de la zone
CEMAC traduit l'engagement en faveur de la stabilité des prix
définie comme l'objectif prioritaire de la Banque Centrale. Une telle
règle peut s'avérer inefficiente.
Le niveau élevé des taux d'intérêt
réels imposés par l'objectif de la stabilité des prix
produit un double impact négatif sur l'investissement privé d'une
part; il décourage de part son impact sur le coût du
crédit, les projets de développement des capacités de
production. D'autre part, il leste les charges financières des
entreprises en mettant certaines dans l'incapacité d'honorer leur dette.
Conséquence, de nombreuses petites et moyennes entreprises au Cameroun
éprouvent des difficultés financières récurrentes
qui donnent lieu soit à une évasion fiscale de celles-ci soit
à leur disparition pure et simple. Dans ces conditions, les banques sont
amenées à constituer des provisions sur créances douteuses
et à rationner le crédit en imposant des taux
d'intérêt exorbitants. D'où une situation de
surliquidité des banques actuellement d'une part, et d'un
déplacement de l'activité bancaire vers des opérations de
banque moins traditionnelles : assurance, transfert d'argent ..., d'autre
part.
Par ailleurs, « loin d'être vertueuse, une
inflation trop basse est un obstacle à l'ajustement » Taouill
(2005). De ce fait, les entreprises, soumises à la concurrence par les
prix sont amenées faute de pouvoir ajuster les coûts de
production, à réduire l'emploi. La crédibilité
poursuivie par l'engagement en faveur de la stabilité des prix peut donc
s'avérer inefficace, et les retombées escomptées en termes
de surcroît d'investissement et de croissance, amoindries. Ceci du fait
d'une demande d'investissement insuffisante entraînant une diminution de
la formation brute du capital fixe ; d'autant plus que celle-ci
dépend surtout de l'investissement étranger dopé par des
privatisations en cours au Cameroun.
Un tel état de choses peut également avoir des
conséquences sur l'investissement privé national. Celui-ci ne
serait pas entravé par le brouillard des signaux du marché par
l'inflation, mais par la gestion restrictive de la demande globale. Le ciblage
de la stabilité des prix, quelque soit la conjoncture, peut créer
des rigidités qui entraînent un sacrifice en terme de production.
Dans une situation de sous utilisation des ressources financières telles
qu' au Cameroun, les autorités monétaires peuvent user de leur
pouvoir discrétionnaire en stimulant l'offre de crédit. Une
inflation modérée a l'avantage d'alléger les frais
financiers à travers la réduction des taux d'intérêt
réels et d'accroître la production et la demande de travail. Une
règle de ciblage souple de l'inflation peu apparaître mieux
adéquate à la résorption des chocs de surliquidité
bancaire en cours, et un soutien aux prêts bancaires à
l'équipement. Ces discrétions apparaissent d'autant mieux
appropriées qu'il n'y a pas au regard de la faiblesse de la demande
globale actuelle, de tensions sur le prix qui justifient un objectif strict en
matière monétaire. Il apparaît alors que bien que les
pouvoirs publics Camerounais soient dépossédés de la
définition et de la conduite de la politique monétaire,
l'adoption des règles fixées en matière monétaire
par la BEAC ne constitue pas une garantie quant à la santé de
l'économie.
De telles réserves prouvent bien que la
définition des normes intangibles en matière économique au
Cameroun doit tenir compte des particularités du pays et surtout de
l'objectif primordial qui est le développement économique, qui
nécessite une croissance soutenue et une stimulation de l'emploi.
Notre volonté dans ce chapitre était
d'évoquer la nécessité d'un constitutionalisme
économique au regard du cycle politico-budgétaire que nous avons
pu établir dans les chapitres précédant. Dans un premier
temps, l'idée d'une constitution économique aboutit à une
application de plus en plus accrue de celui-ci et qui semble être
justifié dans bon nombre de pays dans le monde, notamment aux USA et
dans l'UE. Cependant, certains auteurs économistes estiment que
l'encadrement des décisions publiques n'est pas toujours efficace et
porte en lui un déni de démocratie. Au Cameroun, la
nécessité de la normalisation économique trouve son
explication dans le contexte de notre travail au niveau de la manipulation des
variables budgétaires aux fins électoralistes par les dirigeants
politiques camerounais. Cependant, il nous parait utile de rappeler que si les
règles intangibles sont indispensables au fonctionnement, de
l'économie Camerounaise tant sur le plan national que dans le cadre de
la CEMAC, ces règles doivent toutefois tenir compte des objectifs de
développement économique auxquels aspire le pays.
Au terme de cette deuxième partie de notre travail,
nous avons pu mettre en relief le cycle politico-budgétaire au Cameroun
de façon effective. L'analyse de ce dernier nous a conduit à
travers un modèle économétrique sur le cas Camerounais
(chapitre3), de ressortir les variables budgétaires qui sont
manipulées aux fins électoralistes et constituent dans ce sens
les déterminants du cycle politico-budgétaire au Cameroun. Cette
analyse s'est poursuivie dans la nécessité d'édictions de
règles inflexibles en matière économique en
général et en matière budgétaire en particulier au
Cameroun. Ce qui a été fait dans le chapitre 4 intitulé
constitutionnalisme économique et cycle politico-budgétaire au
Cameroun.
CONCLUSION GENERALE
Parvenu au terme de notre recherche, il convient, d'en
rappeler les principales articulations. De prime abord, nous nous sommes
employés à présenter la politique budgétaire et le
cycle électoral au Cameroun comme deux notions. A l'avenant, les
comportements de la politique budgétaire au Cameroun au cours de la
période 1970-2002 nous ont fourni des perspectives de lecture des
décisions budgétaires sous la contrainte de l'indécision
électorale au Cameroun. Puis il nous a paru utile pour les soins de la
recherche de procéder à une analyse graphique de certaines
variables budgétaires comme cadre méthodologique devant offrir
à notre travail sa justification scientifique. Enfin, l'analyse d'un
modèle économétrique a permis de valider nos
hypothèses et de faire émerger un certain nombre de conclusions.
En réponse à ces conclusions, nous avons évoqué la
pertinence d'un encadrement des décisions publiques au Cameroun par des
règles.
Ainsi, peut-on établir une relation
périodique entre les élections et le budget au Cameroun ?
Autrement dit, peut-on parler de l'existence d'un cycle politico-budgetaire au
Cameroun ? Telle était notre préoccupation dans ce
travail qui repose sur un essai d'analyse de la gestion publique au
Cameroun.
L'objectif de notre recherche a tout simplement
consisté à révéler l'action du cycle
électoral sur les variables budgétaires au Cameroun.
Afin d'atteindre cet objectif, nous avons émis deux
hypothèses :
§ H1 : les dépenses
budgétaires qui ont un impact direct sur les électeurs augmentent
l'exercice budgétaire correspondant à l'année de
l'élection et diminuent l'exercice d'après.
§ H2 : Les recettes fiscales diminuent
l'exercice budgétaire de l'année de l'élection et
l'exercice précédent, et augmente l'exercice suivant
A l'issue de l'analyse d'un certain nombre de variables,
exprimant les données collectées par le biais de la consultation
des documents portant des données statistiques (annexes) sur les
dépenses et recettes budgétaires, et les échéances
électorales au Cameroun sur la période 1970-2002, les
résultats ont été observés suivant une estimation
par la méthode des moindres carrés ordinaires. L'estimation a
porté sur 6 relations ou équations :
§ Une estimation des dépenses militaires ;
§ Une estimation des dépenses
d'agriculture ;
§ Une estimation des dépenses
d'éducation ;
§ Une estimation des dépenses de santé et
affaires sociales ;
§ Une estimation des dépenses de travail et de
prévoyance sociale ;
§ Une estimation des recettes fiscales
Il découle de ces 6 estimations l'existence d'un cycle
opportuniste pour les dépenses d'éducation, de santé et
affaires sociales, ainsi que de travail et de prévoyance sociale. La
validité d'un tel cycle pour les dépenses agricoles et militaires
s'est avérée peu évidente du fait de la non
significativité des coefficients des variables explicatives pour ces
dépenses, bien que ces coefficients soient tous positifs.
Au vu de nos résultats nous pouvons dire que les
dirigeants politiques manipulent les variables budgétaires en fonction
des échéances électorales. Aussi, l'on observe un
accroissement des dépenses de santé, d'éducation, de
travail et de prévoyance sociale une année, voire deux
années avant les élections, accroissement qui atteint son pic
l'année de l'élection pour diminuer progressivement
l'année suivant l'élection ; une diminution des recettes
fiscales une année avant les élections et une augmentation
l'année après les élections. De ce fait, le niveau de ces
dépenses budgétaires est significativement supérieur
l'année de l'élection et l'année avant l'élection
par rapport aux autres années des mandats législatifs et
présidentiels, et le niveau des recettes budgétaires
significativement inférieur pendant ces mêmes années. Ceci
corrobore l'idée des partisans des cycles opportunistes pour qui les
hommes politiques prennent des décisions économiques qui
épousent les aspirations des électeurs pendant les
échéances électorales ; rejoignant de ce fait les
conclusions de l'étude menée sur 23 pays Africains (dont le
Cameroun) sur la période 1980-1990 par Morrisson, Lafay et Dessus
(1993). Selon eux, «les hommes politiques adoptent des comportements
opportunistes à l'approche de chaque élection
(présidentielle, municipale ou législative) ».
Par ailleurs, les résultats issus de l'estimation des
dépenses d'emploi et de prévoyance sociale font ressortir un
cycle opportuniste plus robuste. Un accroissement très fort des
dépenses de travail et de prévoyance sociale est observée
l'année des élections pour une chute importante des mêmes
dépenses l'année suivant les élections. Cependant, il est
à noter que l'environnement Camerounais ne prête pas à une
possibilité de cycle partisan dans la mesure où l'on ne
relève pas d'une part, une véritable scission idéologique
entre parti au pouvoir et opposition et d'autre part, une véritable
alternance politique.
De tels résultats nous ont poussé à
évoquer une éventuelle normalisation de l'action publique au
Cameroun qui puisse empêcher les politiciens d'agir à leur guise
sur les variables budgétaires. Il en découle que la
constitutionnalisation économique est certes susceptible de mettre fin
à une gestion opportuniste des finances publiques au Cameroun,
rejoignant ainsi la prescription des normes flexibles pour l'économie.
Prônée par les lauréats 2004 du prix Nobel
d'économie Kydland et Prescott. Pour ces auteurs, les pouvoirs publics
doivent leurs pouvoirs discrétionnaires au profit de règles
codifiées par des lois et des traités. Pour remédier donc
à l'incohérence temporelle des décisions de politique
économique au Cameroun, le gouvernement doit engager sa
crédibilité en fixant des règles de conduite qu'il doit
impérativement respecter.
Des contraintes institutionnelles permettraient alors
d'ancrer les anticipations des agents économiques. La définition
de la politique économique en fonction des règles à
l'instar d'une cible d'inflation à 3% et de la limitation du
déficit public à 3%, est sensée faciliter les
anticipations en créant un environnement stable. Cependant, ces
prescriptions ne semblent pas constituer une solution pour certains auteurs,
car d'une part, elles peuvent être inefficientes et d'autre part
constituer une dictature ` de l'expertise sur la démocratie'. S'agissant
de l'inefficience, Taouill (2005) en se basant sur l'économie Marocaine
établit que l'application des règles intangibles est largement
inefficiente, la maîtrise du déficit et le contrôle de
l'inflation sont atteint au détriment de la croissance dans ce pays. Sur
le plan démocratique, les critères de surveillances
multilatérales établies dans la zone CEMAC, confèrent aux
règles d'inflation à 3% et de solde primaire positif ou nul une
immunité qui comporte un déficit de démocratie. Car ces
règles sont exemptes de tout débat démocratique au sein
des pays membres de la CEMAC. Au total donc, l'existence établit des
cycles politico-budgétaires au Cameroun ouvre une fenêtre sur la
qualité des règles économiques applicables aux pouvoirs
publics Camerounais.
Le présent travail de recherche ne saurait
prétendre avoir épuisé son sujet. Comme toute entreprise
d'Humain, il recèle un certain nombre d'insuffisances qui contribuent
à le rendre perfectible et à donner carrière à
d'autres travaux. Parmi ces insuffisances nous relevons le déficit de
statistiques sur la période 1960-1970, l'absence d'une fonction de
popularité pour bien juger les résultats des élections, la
non coïncidence entre l'exercice budgétaire et l'année
civile. Par ailleurs, la timidité des recherches sur les cycles
politico-économiques dans les pays africains et donc la quasi absence
d'éléments comparatifs dans notre contexte font largement
dépendre notre mémoire d'une littérature encore fortement
extravertie.
En définitive, nous souhaiterions que ce premier
travail de recherche qui constitue un essai d'analyse de la gestion publique au
Cameroun suscite beaucoup d'engouement, d'envie et d'intérêt de
notre part pour approfondir les recherches dans ce domaine. /.
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TABLE DES MATIERES
DEDICACES.................................................................................................................I
REMERCIEMENTS........................................................................................................II
SOMMAIRE
............................................................................................................
..III
RESUME..................................................................................................................
IV
ABSTRACT..................................................................................................................V
LISTES DES SIGLES ET DES
ABREVIATIONS...................................................................VI
LISTE DES GRAPHIQUES
...............................................................................
............ VII
LISTE DES
TABLEAUX.............................................................................................
VIII
INTRODUCTION GENERALE
...........................................................................................1
PREMIERE PARTIE :
11
POLITIQUE BUDGETAIRE ET CYCLE ELECTORAL: DEUX
NOTIONS INDISSOCIABLES
11
CHAPITRE I :
13
LA POLITIQUE BUDGETAIRE : FONDEMENT DU CYCLE
POLITICO-BUDGETAIRE AU CAMEROUN
13
I : LA MISE EN OEUVRE DE LA POLITIQUE
BUDGETAIRE AU CAMEROUN
13
I.1 LA POLITIQUE BUDGETAIRE UN INSTRUMENT SOUMIS
A PLUSIEURS CONTRAINTES
13
I.1.1 INSTRUMENT DE POLITIQUE ECONOMIQUE OU SOUS
CATEGORIE DE POLITIQUE ECONOMIQUE
14
I.1.2 UN INSTRUMENT SOUMIS À PLUSIEURS
ENTRAVES
14
A-LES LIMITES DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE
15
1-Les anticipations des agents
économiques
15
2-L'incohérence temporelle des
décisions publiques
15
3-Le pouvoir des parlements
démocratiques
16
4-Les délais
16
5-Le principe de cohérence de Timbergen
16
B-LES CONTRAINTES DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE
16
1. Les contraintes internes
17
2- Les contraintes d'ordre externes
17
I.2 - LA POLITIQUE BUDGETAIRE AU CAMEROUN
17
I.2.1- COMPOSANTES ET PRINCIPES BUDGETAIRES AU
CAMEROUN
18
A- LES COMPOSANTES DU BUDGET DE L'ETAT
18
a- Les recettes publiques
18
b- Les dépenses publiques
19
B-LES PRINCIPES BUDGETAIRES
20
a- Le budget est un acte de prévision
à caractère financier
20
b- Le budget est un acte d'autorisation
à caractère politique
20
c- Le budget est un acte
périodique
20
d- Le budget est une loi
21
e-Le principe de l'unité et de
l'universalité
21
f-Le principe d'équilibre
21
I.2.2- DES CHOIX PUBLICS FORTEMENT INFLUENCES
21
A-L'EFFET DE LA CONJONCTURE
21
1-1970-1985 : U ne politique
expansionniste
22
2-De 1985 à la mi- 1994 : Une
politique de rigueur
22
3-Depuis la mi-1994 : Une politique de
relance
23
B--LES AUTRES FACTEURS
24
1-L'effet d'éviction du service de la
dette extérieure
24
2-Des bailleurs de fonds plus
présents
25
a-La prépondérance des
institutions de Bretton Woods
25
b. Des bailleurs de fonds bilatéraux
solidaires des prescriptions du FMI et de la Banque mondiale.
26
3. L'interdépendance des
économies nationales dans le cadre de la
26
Zone CEMAC
26
II : EVOLUTION DU BUDGET DE L'ETAT AU
CAMEROUN
27
II.1-EVOLUTION DES DEPENSES PUBLIQUES
27
II.1.1-EVOLUTION EN NIVEAU DES DEPENSES
PUBLIQUES
27
a- Dépenses Totales
28
b- Dépenses de fonctionnement
28
c- Dépenses d'Investissements
28
II.1.2- EVOLUTION EN TAUX DE CROISSANCE DES
DEPENSES PUBLIQUES
29
a- Les Dépenses Totales
29
b- Les Dépenses de fonctionnement
30
c- Les Dépenses d'Investissement
31
II.2- EVOLUTION DES RECETTES PUBLIQUES
33
II.2.1- EVOLUTION EN NIVEAU DES RECETTES
BUGETAIRES
33
II.2.2- EVOLUTION EN TAUX DE CROISSANCE DES
RECETTES BUDGETAIRES
34
CHAPITRE II :
37
LA MISE EN EVIDENCE DU CYCLE POLITICO-BUDGETAIRE AU
CAMEROUN
37
I : DU CYCLE ELECTORAL ET DES CHOIX PUBLICS AU
CAMEROUN
38
I .1- DU CYCLE ELECTORAL AU CAMEROUN
38
I.2 : LA NATURE DES CHOIX PUBLICS AU
CAMEROUN
41
I. 2.1: DES CHOIX OPPORTUNISTES ET REGULIERS
41
I.2.2 : L'IRRATIONALITE DES ELECTEURS ET UN
CADRE INSTITUTIONEL PARTICULIER
43
II : ANALYSE STATISTIQUE DES DONNEES
BUDGETAIRES PAR RAPPORT A L'AGENDA ELECTORAL
45
II.1 : LES DEPENSES BUDGETAIRES
45
a-les dépenses militaires
45
b-les dépenses d'éducation
46
Dépenses d'agriculture
47
d-Les dépenses de santé et affaires
sociales
48
e-Dépenses de travail et prévoyance
sociale
49
II.2 LES RECETTES FISCALES
51
DEUXIEME PARTIE :
53
ANALYSE DU CYCLE POLITICO-BUDGETAIRE AU
CAMEROUN
53
CHAPITRE III :
55
LES DETERMINANTS DU CYCLE POLITICO-BUDGETAIRE AU
CAMEROUN
55
I: LE CHOIX DU MODELE
55
I. 1 : Choix et définition des
variables
55
I 1.1 : La variable dépendante :
une variable budgétaire
56
A-Les dépenses
56
a- Les dépenses agricoles
56
b- Les dépenses militaires
56
c- Les dépenses d'éducation
56
d-Les dépenses de santé publique et
Affaires sociales
56
e-Les dépenses de travail et de
prévoyance sociale
57
B- Les recettes
57
I 1.2 : Les variables explicatives
57
a- La date des élections
57
b-La variable dépendante retardée
58
c-Le trend
58
I.2 : Le modèle
économétrique
58
II : ESTIMATION DES RELATIONS ET ANALYSE
DES RESULTATS
59
II.1 : TESTS DE DIAGNOSTIC
60
II-1.1 : L'auto corrélation des erreurs
et normalité des erreurs
60
Les diagnostics relatifs aux résidus des
modèles de régression par les MCO sont centraux dans la mesure
où, la normalité et l'autocrrélation des erreurs
résultent de nombreux tests et outils statistiques très souvent
utilisés.
60
A. NORMALITE DES ERREURS
61
Le problème de normalité des erreurs
se pose lorsqu'on souhaite tester la performance du modèle ou de
construire l'intervalle de confiance pour effectuer les tests de STUDENT des
paramètres .il convient de vérifier la normalité des
erreurs. Le cadre le plus formel et adéquat est le test de JARQUE et
BERA (1984), fondé sur la notion de Skewness (asymétrie) et
Kurtosis (aplatissement).
61
L'examen des résultats du test de Jarque
-Bera des figures présentées à l'annexe confirment
l'hypothèse H0 de la normalité des erreurs
61
B. AUTOCORRELATION DES ERREURS
61
II.1.2 : La stationnarité des
variables
61
II. 2 : ESTIMATION DES RELATIONS
63
II.2.1 : ESTIMATIONS DES DEPENSES
64
B- Interprétation des résultats
64
a- Les dépenses militaires
64
b-Les dépenses de santé et affaires
sociales
65
c- Les dépenses agricoles.
65
d- Les dépenses d'Education
65
e- les dépenses de Travail et
prévoyance sociale
66
II. 2. 2- ESTIMATION DES RECETTES FISCALES
66
A-Tableau récapitulatif
66
B- Interprétation des résultats
67
CHAPITRE IV :
70
CONSTITUTIONNALISME ECONOMIQUE ET CYCLE
POLITICO-BUDGETAIRE AU CAMEROUN
70
I. CONSTITUTIONNALISME
ECONOMIQUE : UNE VISION GLOBALE
70
I.1 JUSTIFICATION DES REGLES FIXES
71
I.1.1 INCOHERENCE TEMPORELLE ET INEFFICACITE DES
DECISIONS PUBLIQUES
71
I.1.2 INFRACTION ET INSUFFISANCE DES REGLES
73
I.2 CONSTITUTIONNALISME ECONOMIQUE : UNE
APPROCHE DISCUTEE
75
II- DECISIONS PUBLIQUES AU CAMEROUN : LA
NECESSITE D'UNE NORMALISATION
78
I.1- VIOLATION RECURRENTE ET INSUFFISANCE DES
REGLES EXISTANTES AU CAMEROUN
78
II.2 DES REGLES PLUS CONTRAIGNANTES ET PLUS
ADAPTEES AU CONTEXTE CAMEROUNAIS
81
CONCLUSION GENERALE
86
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
90
Tableau 1: Dates des différents types
d'élections au Cameroun : (1960-2002)
40
Tableau 2 : Résultats des tests de
stationnarité
63
Tableau 3 : Estimation des dépenses
budgétaires
64
Tableau 4 : estimation des recettes
fiscales
67
Graphique 1 : Evolution en niveau des
dépenses Totales, d'investissement et de fonctionnement
28
Graphique 2 : Evolution en taux de croissance
des dépenses totales
29
Graphique 3 : Evolution en taux de croissance
des dépenses de fonctionnement
30
Graphique 4: Evolution en taux de croissance des
dépenses d'investissement
31
Graphique 5 : Evolution en niveau des taux des
recettes publiques
34
Graphique 6 : Evolution en taux de croissance
des recettes budgétaires
34
Graphique 7 : Variations des dépenses
militaires par rapport à l'agenda électoral
46
Graphique 8 : Variations des dépenses
d'éducation par rapport à l'agenda électoral
47
Graphique 9 : Variations des dépenses
agricoles par rapport à l'agenda électoral
48
Graphique 10 : Variations des dépenses
de santé et affaires sociales par rapport à l'agenda
électoral
49
Graphique 11 : Variations des dépenses
de travail et de prévoyance sociale par rapport à l'agenda
électoral
50
Graphique 12 : Variations des recettes
fiscales par rapport à l'agenda électoral
51
PREMIERE PARTIE :
11
POLITIQUE BUDGETAIRE ET CYCLE ELECTORAL: DEUX
NOTIONS INDISSOCIABLES
11
CHAPITRE I :
13
LA POLITIQUE BUDGETAIRE : FONDEMENT DU CYCLE
POLITICO-BUDGETAIRE AU CAMEROUN
13
I : LA MISE EN OEUVRE DE LA POLITIQUE
BUDGETAIRE AU CAMEROUN
13
II : EVOLUTION DU BUDGET DE L'ETAT AU
CAMEROUN
27
CHAPITRE II :
37
LA MISE EN EVIDENCE DU CYCLE POLITICO-BUDGETAIRE AU
CAMEROUN
37
I : DU CYCLE ELECTORAL ET DES CHOIX PUBLICS AU
CAMEROUN
38
II : ANALYSE STATISTIQUE DES DONNEES
BUDGETAIRES PAR RAPPORT A L'AGENDA ELECTORAL
45
DEUXIEME PARTIE :
53
ANALYSE DU CYCLE POLITICO-BUDGETAIRE AU
CAMEROUN
53
CHAPITRE III :
55
LES DETERMINANTS DU CYCLE POLITICO-BUDGETAIRE AU
CAMEROUN
55
I: LE CHOIX DU MODELE
55
II : ESTIMATION DES RELATIONS ET ANALYSE
DES RESULTATS
59
CHAPITRE IV :
70
CONSTITUTIONNALISME ECONOMIQUE ET CYCLE
POLITICO-BUDGETAIRE AU CAMEROUN
70
I. CONSTITUTIONNALISME
ECONOMIQUE : UNE VISION GLOBALE
70
II- DECISIONS PUBLIQUES AU CAMEROUN : LA
NECESSITE D'UNE NORMALISATION
78
CONCLUSION GENERALE
86
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
90
* 1 Cité par Taladidia
Thiombiano dans « économétrie des modèles
dynamiques »