Section II. Les conséquences de la guerre
Les conséquences de cette série de crises
armées sont très importantes. Pour mieux les apprécier,
rappelons d'abord la composition des arsenaux des acteurs (A), ce qui permettra
ensuite de se faire une idée des dégâts engendrés
(B).
A. La modernité de la logistique67
Le qualificatif «moderne» est utilisé pour
désigner aussi bien le niveau d'élaboration des stratégies
de combats mises en oeuvre par les protagonistes que les différentes
catégories d'armes constitutives des arsenaux de ces derniers.
L'appréciation de cette modernité se fera suivant une double
orientation : les moyens aériens (1) et les moyens au sol (2).
1. Les moyens aériens
Ce sont les avions mis en oeuvre par les différents
acteurs pour effectuer des missions aéroportées comme le
transport du matériel et des troupes (a) ou encore pour appuyer les
unités de combat au sol (b).
a. Pour le transport du matériel et des
troupes
Pour accomplir cette mission les protagonistes ont mis en
oeuvre plusieurs types d'appareils, parmi lesquels l'Iliouchine 76 big
et l'Antonov 24 (illustration, infra, Annexes,
série 01 : les arsenaux des protagonistes, photos n°s 01
et 03, pp : 116 et 117).
L'Iliouchine 76 big est un joyau
technologique de la firme soviétique Ilyushin corporation. Il est
spécialisé dans le transport des cargaisons lourdes et de gros
gabarit : les pièces des centrales électriques, des pièces
d'assemblage pour l'industrie pétrolière, des pièces et
moteurs pour avions immobilisés, de satellites pour missions spatiales,
etc. Possédé par le camp gouvernemental, cet appareil a
été mis à contribution dans le transport du
matériel militaire lourd et super lourd, dans
67Les informations de cette section relatives aux
caractéristiques et aux capacités opérationnelles des
armes sont issues des entretiens que nous avons eus avec les stratèges
militaires des trois armées tunisiennes et de l'expertise que nous avons
sollicitée du CESA.
le transport des hélicoptères68 de
combat et de celui des produits alimentaires destinés aux
combattants.
Toujours d'origine soviétique, l'Antonov 24
est un appareil robuste et fiable. Sa spécificité c'est
qu'il peut s'adapter à des aéroports de circonstance. Cet
appareil a servi dans le transport des troupes, dans l'évacuation des
blessés et dans le transport du matériel militaire léger.
Il a été décisif dans le tournant de la guerre, notamment
quand le camp du PCT est parvenu à contrôler la zone Nord avec ces
deux aéroports : Ouésso et Owando. C'est avec ce type d'appareils
qu'il a rallié l'Angola pour ouvrir le front Sud-ouest. C'est encore
avec ce type d'appareil que s'opérait le ravitaillement du PCT par le
biais des facilités aéroportuaires gabonaises. Enfin, c'est avec
cet appareil que le camp gouvernemental ralliait ses positions et certaines
places fortes de l'UNITA.
A côté de l'Iliouchine 76 big et
de l'Antonov 24, les belligérants ont mis à
contribution d'autres appareils aériens.
b. Pour l'appuis aux combats
Il est question ici des appareils militaires aériens
impliqués directement dans les combats. C'est le cas, entre autres,
d'une part des Hélicoptères MI-24 ou le
Hind, et de l'Hélicoptère Puma SA 330
L, et d'autre part des chasseurs bombardiers MIG-21
«Fishbed».
D'origine soviétique, l'Hélicoptère
MI-24 est un appareil de combat redoutable (illustration,
infra, Annexes, série 01 : les arsenaux des protagonistes, photo
n°04, p. 117). Il est équipé d'une mitrailleuse de 12,7
mm quadritube en tourelle, de 4 paniers de 62 roquettes ; de 4 paniers de 32
missiles anti-char AT-2 «Swatter» à guidage infrarouge. Le
Hind est opérationnel dans la lutte anti-char, l'assaut
terrestre, l'évacuation des blessés, des civils et dans les
missions commandos. Il vole à une vitesse maximale de 320 km/h et
à un plafond opérationnel de 4500 mètres. Son rayon
d'action au combat est de 220 km. Possédé
68Les hélicoptères étaient
transportés en pièces détachées des lieux d'achat,
les pays de l'ancien bloc de l'Est via le Caire, jusqu'à
Pointe-Noire, où ils étaient ensuite assemblés dans les
ateliers militaires.
par le camp gouvernemental, il est entré en action,
comme d'ailleurs tous les autres hélicoptères, à partir du
mois d'août 1997, en bombardant massivement les positions adverses dans
les quartiers Nord. Son entrée en action a procuré une avance
indéniable au camp gouvernemental sur son adversaire.
Quant à lui, le MIG-21 «Fishbed»
est l'avion de combat soviétique le plus prolifique de
l'après deuxième grande guerre (illustration, infra, Annexes,
série 01 : les arsenaux des protagonistes, photo n°07, p.
119). Il appartient à la catégorie des chasseurs
bombardiers. Comme armes, il possède un radar très performant,
«Jay bird», spécialisé dans les recherches et les
poursuites, un canon de 30 mm, deux missiles air-air AA-2 «Atoll» et
de deux paniers d'environ 94 roquettes chacun.
Au Congo, ce type d'appareil a été mis en oeuvre
dans les dernières heures des hostilités par le camp du PCT avec
l'aide de son allié le plus important, l'Angola. Il a
forcé l'issue du conflit en faveur du PCT. Ces appareils militaires
aériens spécialisés dans les combats ne sont qu'une
catégorie des armes effectivement utilisées par les
belligérants pendant les hostilités. Car, d'autres types d'armes
étaient également de la partie.
|