2. Les moyens au sol
Il s'agit des moyens mis à la disposition des
combattants afin de leur permettre de remplir les missions confiées par
les Etats-majors. Ici, il faut distinguer la logistique utilisée pour se
mouvoir (a) de celle destinée à combattre (b).
a. Pour la mobilité des unités
Pour la mobilité des unités au sol, les
belligérants utilisaient les moyens de circonstance comme les
véhicules administratifs et des particuliers
réquisitionnés. Cela était visible les jours qui ont
suivis le déclenchement des hostilités. Mais, il y'avait tout de
même quelques véhicules spécialisés. C'est le cas
par exemple des Jeeps et des camions d'une contenance de 20
tonnes de type Iveco, MB-508-D et
Unimog, appartenant aux anciens stocks de l'OTAN. Ces
véhicules furent recyclés avant d'être vendus au camp
gouvernemental, lorsque est intervenu le premier
cessez-le-feu. Les protagonistes ont profité de ce moment
pour reconsidérer leurs potentiels de combat.
b. Pour les combats
En ce qui concerne les combats au sol proprement dits,
plusieurs types d'armes ont été utilisés. Ceux-ci vont de
la AK-47 aux mortiers, en passant par d'autres types de fusils
mitrailleurs aussi sophistiqués que les MG-15,
MG-34 et MG-42, le SA-80,
les RPG et les M-249 (illustrations,
infra, Annexes, série 01 : les arsenaux des protagonistes, photos
n°s13 à 17, p. 122). Ce ne sont là que
quelques uns des types d'armes réellement utilisés.
A côté de ces fusils d'assaut figuraient
également d'autres types d'armes, spécialisés dans l'appui
des mouvements des fantassins ou encore destinés à baliser le
terrain avant que ceux-ci ne commencent leurs opérations. C'est le cas,
entre autres, des mortiers, des BM-21, des
Tanks T-55 et T-72 dans la catégorie
artillerie super lourde. C'est également le cas des
BTR-80 et BTR-90 et les
BRDM, dans la catégorie artillerie lourde
(illustration, infra, Annexes, série 01 : les arsenaux des
protagonistes, photo n°s09 à 12, pp : 120-12 1).
Afin de se faire une idée de ces engins, il sied de présenter le
Tank T-72 et le BM-21.
Le Tank T-72 est un char de fabrication
russe. Il est armé d'un canon de 125 mm, de 30 obus
couplés à deux mitrailleuses : l'une de 12,7 mm et l'autre de
7,62 mm. Toutes les deux sont montées en tourelle. En outre, il dispose
d'un important blindage et ne nécessite que deux personnes pour
être opérationnel : un conducteurcanonier et un mitrailleur de
tourelle.
De fabrication soviétique, le BM-21
est la version moderne des «Orgues de STALINE».
C'est une pièce d'artillerie redoutable et extrêmement pratique.
Elle provoque un déluge de 42 roquettes en quelques fractions de
secondes. Sa spécificité c'est qu'elle peut atteindre plusieurs
cibles en même temps sur une distance de 5 à 20 kilomètres.
Toutefois, la mobilité de sa tourelle lui permet d'améliorer
substantiellement cette performance. Deux personnes, un tireur et
conducteur, suffisent pour le mettre en marche. Les Tank
T-72 et les BM-21 ont été mis
en oeuvre aussi bien par le camp du PCT que par celui de l'UPADS.
- Remarques
La logistique militaire mise en oeuvre par les protagonistes
de l'échiquier congolais est de fabrication soviétique ou encore
des anciens pays de l'ancien bloc de l'Est. C'est dans ces pays que ces armes
de guerre ont été achetées. C'est un problème de
sécurité planétaire consécutif à
l'effondrement de l'URSS. Sont dénoncées ici les facilités
d'acquisition des armes de guerre particulièrement destructrices et
meurtrières au sein de cet espace69.
En outre, les armes mises en oeuvre par les acteurs congolais
paraissent très sophistiquées, quand bien même elles ne
sont pas à l'avant-garde de la technologie militaire de l'heure. On ne
peut s'empêcher de soulever la problématique relative aux
capacités financières des protagonistes. On ne s'imagine tout de
même pas que les multinationales de l'armement leur ont offert tout ce
matériel à titre gracieux ! En effet, comment les
belligérants ont-ils procédé pour se procurer un tel
équipement, qui, à l'heure actuelle représente une fortune
énorme, si l'on s'en tient aux factures reproduites en fin de volume
(Infra, Annexes, Série 03 : quelques documents administratifs,
documents n°s 01 à 02, pp : 124-125) ? Quelles
garanties ces derniers ont-ils pu produire pour convaincre les multinationales
de l'armement ? Enfin, ces garanties n'entretiennent-elles pas un lien avec les
ressources naturelles dont la présence est attestée sur le
territoire congolais (Supra, pp : 24-33) ?
La dernière observation montre que dans l'ensemble, ces
moyens de combats ont permis aux protagonistes d'accroître leurs
capacités opérationnelles : banalisation de la distance,
amplification de la mobilité, des possibilités d'action et de
manoeuvre. Les protagonistes pouvaient ainsi atteindre et détruire des
cibles hétéroclites et très éloignées avec
une précision inégalée et en un temps record.
69T. D. ONDOA, Construction d'un espace de
sécurité en Afrique Centrale post-Guerre Froide : entre action
des Nations Unies et interventions des puissances
étrangères, Mémoire de DESS en Relations
internationales, option diplomatie, Yaoundé, IRIC, 2005, p. 161.
Aussi, pouvaient-ils facilement se mouvoir à
différentes échelles : sous-régionale, régionale et
internationale pour d'éventuelles recherches d'adjuvants. Enfin, ils
pouvaient agir sur de nombreux théâtres successivement ou
alternativement. En tout état de cause, ces appareils ont
contribué à rendre la guerre très sophistiquée, et
donc plus cruelle, violente, meurtrière et destructrice.
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