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Géostratégie des ressources naturelles et les conflits de la République du Congo 1990-2002 : rivalité de puissance et contrôle de l'énergie

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par Sédard-Roméo NGAKOSSO-OKO
Institut des Relations Internationales du Cameroun - Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées en relations internationales, option diplomatie 2005
  

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Intérêt de l'étude

Les ressources naturelles sont devenues des agrégats indispensables à la civilisation moderne et contemporaine. Leur importance aujourd'hui est telle que la vie de l'homme est inenvisageable sans elles. Elles se trouvent au coeur de tous les enjeux internationaux de l'heure : culturels, sociaux, économiques, technologiques, diplomatiques, stratégiques, politiques et environnementaux. C'est dans cette optique qu'une réflexion approfondie sur ces entités est intéressante, surtout à une époque où les progrès scientifiques et technologiques ont modifié les rapports entre les hommes et entre les pays. Il est indispensable de prendre conscience des enjeux que représentent ces agrégats dans la définition et la configuration des rapports entre les Etats, dans la formation et l'expression de leur puissance dans le contexte industriel et post-industriel.

Cette étude invite les pays détenteurs de telles ressources à les repenser sous une triple orientation. D'abord sous le prisme des innovations et progrès technologiques que le monde connaît actuellement, ensuite sous celui des avantages qu'ils sont susceptibles de tirer de leur valorisation et des risques qu'ils courent parce que leurs territoires abritent ces agrégats. Enfin, les enjeux inhérents à leur valorisation et les liens qui existent entre ces agrégats et les conflits armés depuis le dernier siècle du millénaire écoulé et qui se poursuivent avec le nouveau millénaire.

Par ailleurs, cette étude nous interpelle personnellement. En effet, nous terminons notre formation à l'IRIC. La maîtrise des enjeux inhérents à la valorisation des ressources naturelles s'impose afin de répondre efficacement aux nombreuses exigences qui jalonneront notre parcours. Surtout dans le contexte de l'Afrique actuelle, marquée par des conflits armés et engagée contre la marginalisation économique. Mais, que sait-on aujourd'hui de l'émergence de la conflictualité en rapport avec ces agrégats en République du Congo ?

Etat de la question

Il s'agit de faire un tour d'horizon sur les études portant sur les guerres congolaises de 1990 à 2002. En effet, il existe une très peu abondante littérature sur

cette question. Pour des raisons de compréhension, celle-ci est scindée en trois groupes de documents.

Le premier groupe de documents est l'oeuvre des protagonistes nucléaires de l'échiquier congolais. Comme le montre le tableau ci-dessus (Supra, p. 08), d'un côté, il y a le PCT, devenu le parti au pouvoir, alternativement à l'issue de sa victoire militaire de 1997 sur l'UPADS et après sa victoire aux élections de 2002. De l'autre côté, il y a l'UPADS, ou le parti au pouvoir de 1992 à 1997. Dans ce groupe de documents, il y a principalement les archives gouvernementales congolaises. Le deuxième groupe est l'oeuvre des institutions. Essentiellement, nous évoquerons les rapports de missions de certaines Commissions de l'Assemblée Nationale et du Sénat français. Le dernier groupe de documents est quant à lui, constitué des essais, des monographies et des articles de revues.

Dans le premier groupe de documents, l'auteur de Les Guerres civiles du Congo-Brazzaville : novembre 1993, janvier 1994 - 5 juin 1997, estime que ces crises armées ont été soigneusement commanditées15. Elles sont l'acte d'un pouvoir qui n'a pas su gérer les affaires de l'Etat, et, qui, craignant d'être sanctionné, a recouru à la violence armée systématique. Par ailleurs, si ce régime a pu en toute impunité se comporter comme en pays conquis en institutionnalisant la gestion tribale du pouvoir et la conversion en armes de la richesse nationale, c'est parce que la Communauté Internationale et les grandes puissances ne s'étaient pas dressées devant lui comme l'exigent les principes de gestion des Etats modernes.

La particularité de ce document est qu'il contient des actes gouvernementaux authentiques sur la période qui concerne cette étude. Toutefois, il n'exprime que la vision de l'un des protagonistes du conflit, en l'occurrence le camp gouvernemental actuel, c'est-à-dire celui du PCT. Pour cela, il est partiel et partial.

Le deuxième groupe de documents inaugure cependant une lecture originale des guerres du Congo en interrogeant l'histoire et les habitudes de la population. Le Rapport d'information n°376 : missions au Cameroun et au Congo de la

15REPUBLIQUE DU CONGO, Les Guerres civiles du Congo-Brazzaville : novembre 1993, janvier 1994, 5 juin 1997 T. I, sans lieu, sans date, 232 pages.

Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des forces armées du Sénat français estime que la conflictualité au Congo s'inscrit dans une culture de la violence solidement ancrée dans les habitudes de la population et de ses dirigeants16. Illustrée par les dérives des différents régimes militaro-marxistesléninistes qui se sont succédés à la tête de l'Etat, cette violence a atteint son paroxysme avec l'assassinat du Président Marien NGOUABI en 1977. Il ressort de l'analyse de ce document que, entre 1990 et 2002, le Congo ne fait que renouer avec son passé profond, qui, comme un sort, il essayait de conjurer.

Toujours dans ce deuxième groupe de documents, il y a le rapport de mission de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée Nationale française intitulé Le Congo-Brazzaville après la guerre civile : un pays à reconstruire17. A la lecture de ce document, il ressort que les conflits armés du Congo sont la consécration du choc des ambitions rivales des principaux animateurs de la scène nationale. Ces derniers se sont livrés à un affrontement permanent, passant par de continuels renversements d'alliances. Dans ce contexte, une vie politique sereine était impossible, car, cela affaiblissait considérablement le jeu démocratique.

Enfin, dans le dernier groupe, il y a plusieurs contributions. D'abord celle d'Elizabeth DORRIER-APPRIL, « Jeunesse et ethnicités citadines à Brazzaville » qui dénie le caractère ethnique des violences qui ont suivi les élections de 1992 au Congo18. Elle montre que les violences de Brazzaville sont le fait de la manipulation, par les ténors politiques, d'une jeunesse largement citadine et massivement instruite, mais peu ethnicisée, et dont les débouchés professionnels sont nuls. En réalité, elle soulève la question de la mise à l'écart de la jeunesse dans la distribution de la richesse nationale. Au-delà du cas du Congo-Brazzaville

16X. de VILLEPIN, (dir.), Missions au Cameroun et au Congo. Rapport d'information n°376, Sénat, Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des forces armées, Paris, 2001, 96 pages.

17G. CHARASSE, (dir.), Le Congo-Brazzaville après la guerre civile : un pays à reconstruire, Assemblée Nationale, Commission des Affaires étrangères, Paris, 2001, 28 pages.

18E. DORIER-APPRILL, « Jeunesse et ethnicités citadines à Brazzaville », in MUSANJI NGALASSO, Mwatha, (dir.), Démocratie : le pouvoir des mots, Politique africaine, n°64, décembre 1996, http://www.politiqueafricaine.com, consulté le 02 mai 2005.

même, c'est la problématique de l'avenir des jeunes Africains scolarisés et sans emplois qui est posée.

Il y a ensuite cette autre contribution de Patrick QUANTIN intitulée « Congo, on achève les transitions »19. L'auteur recherche et trouve les conditions de cette montée des hostilités dans la transition de 1991 à 1992. En effet, la Conférence Nationales Souveraine avait posé les conditions de mise en place d'un régime conçu pour succéder à trois décennies d'autoritarisme militaro-marxistes-léninistes. Mais, la transition qui avait pour mission de mettre sur pied ce régime a échoué. Elle a beaucoup plus été une transaction autour de la recomposition du bloc hégémonique de l'Etat avant de confirmer la tripolarisation de la scène politique nationale en un système d'alliances foncièrement instables et hostiles. Cette lecture se caractérise par sa promiscuité avec celle faite plus tôt par Guy MENGA dans son ouvrage paru en 1996, la Transition escamoté e20.

Toujours au sein de cette dernière catégorie de documents, mention doit être fait des contributions de H. OSSEBI, de F. BERNAULT et de J. TONDA qui se déploient à partir d'un référent unique, la recherche de terrain. En effet, Ces spécialistes étaient sur le terrain au moment de la survenance des événements analysés. Cela confère à ces textes la connotation de contribution locale à l'interprétation globale des guerres du Congo et, de manière extensive, au contexte social de l'émergence de ces violences.

Le premier dans son article intitulé «De la galère à la guerre : jeunes et «Cobras» dans les quartiers Nord de Brazzaville », fournit une analyse fondée sur l'observation du comportement des miliciens, les «Cobras», du général Denis SASSOU-NGUESSO21. Son étude conforte l'hypothèse de la violence juvénile succédant au monopole du parti-Etat, le PCT. Aussi, cette violence juvénile est-elle

19P. QUANTIN, « Congo, on achève les transitions », in SINDJOUN, Luc, (dir.), Transition démocratique, milices et coups d 'Etats, la politique électorale au miroir du droit, hégémonie occidentale et démocratisation en Afrique, des juristes au-dessus de tout soupçons ? Polis, Volume 6, n°2, 1998, http://www.polis.sciencespobordeaux.fr, consulté le 08/12/2004.

20Guy, MENGA, Congo-la transition escamotée, Paris, L'Harmattan, 2000, 210 pages.

21H. OSSEBI, «De la galère à la guerre : jeunes et «Cobras» dans les quartiers Nord de Brazzaville », in QUANTIN, Patrick, (dir.), Les Deux Congos dans la guerre, Politique africaine, n°72, décembre 1998, http://www.politique-africaine.com, consulté le 02 mai 2005.

en rupture avec l'orthodoxie définie par les états-majors politico-militaires pendant les hostilités. Elle est manifeste à travers les pillages et autres exactions dans la vocation des miliciens.

Quant à elle, dans « Archaïsme colonial, modernité sorcière et territorialisation du politique à Brazzaville, 1959-1995 », Florence BERNAULT revient sur la trajectoire historique de l'ancienne capitale de l'AEF, Brazzaville22. Elle insiste sur l'origine coloniale de cette ville utilisée pour concentrer les populations locales, contrôler la dissidence et pour diffuser une idée spécifique du pouvoir colonial. Tout est en place depuis longtemps pour fournir le cadre des crises politiques successives : émeutes de 1959, Révolution de 1963, coups d'Etat de 1968 et surtout de 1977, soldé par l'assassinat du président en exercice. Tout cela bien avant les événements de 1990 qui mènent à la Conférence Nationale Souveraine et à la guerre civile qui a atteint un point de non retour en 1997. Il ressort que les guerres du Congo ne résultent pas de contradictions entre une culture politique archaïque et un espace urbain moderne, mais de l'articulation d'un système politique moderne et d'un espace archaïque, la cité coloniale.

Pour terminer, « La guerre dans le «Camp Nord» au Congo-Brazzaville : ethnicité et ethos de la consommation/consumation » 23 de Joseph TONDA pose la problématique de l'instrumentalisation de l'ethnicité. Il s'attache à montrer comment la fabrication d'un groupe ethno-régional constitue le passage obligé de la stratégie de reconquête du pouvoir d'un des protagonistes de la guerre de 1997. Il parle de ce qui ce passe dans le «Camp-Nord», donc dans le fief du général Denis SASSOU-NGUESSO, avant de confirmer la centralité des pillages dans le comportement des miliciens. I1 démontre que la «vérité» de la guerre est dans le rapport des hommes aux choses.

22F. BERNAULT, « Archaïsme colonial, modernité sorcière et territorialisation du politique à Brazzaville, 1 959-1995 », in QUANTIN, Patrick, (dir.), Les Deux Congos dans la guerre, Politique africaine, n°72, décembre 1998, http://www.politique-africaine.com, consulté le 02 mai 2005.

23J. TONDA, « La guerre dans le «Camp Nord» au Congo-Brazzaville : ethnicité et ethos de la consommation/consumation », in QUANTIN, Patrick, (dir.), Les Deux Congos dans la guerre, Politique africaine, n°72, décembre 1998, http://www.politique-africaine.com, consulté le 02 mai 2005.

La particularité des contributions de ce dernier groupe est qu'elles accordent une importance particulière aux modes d'actions populaires et à l'imaginaire qui accompagnent les comportements observés. Dans cette optique, la politique officielle et formelle, celle des institutions internationales, des gouvernements et des conférences diplomatiques, les enjeux économiques des multinationales et des entrepreneurs de moindre envergure ne sont pas abordés comme tels. C'est précisément la dimension économique de ces guerres qui sera mise en évidence.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway