L'huile de Colza
1.
Généralités sur la culture de Colza
1.1 Historique du Colza
Autrefois considérée comme une culture
spéciale par les producteurs mondiaux (Chine, Inde, Canada
et l'Australie). Le colza est aujourd'hui une culture commerciale de
première importance, la deuxième au Canada (canola) en termes de
recettes annuelles, après le blé. En effet, le nom « canola
» est aujourd'hui reconnu par le consommateur dans presque tous les pays
du monde, dont plusieurs cultivent eux-mêmes le canola. Le colza est
donc devenu une culture d'envergure planétaire.
Le canola tire principalement son origine d'une autre culture
oléagineuse, le colza, que certains peuples cultivent depuis des
milliers d'années. L'huile de colza était utilisée comme
huile à lampe par les civilisations anciennes d'Europe et
d'Asie. Plus tard, elle a été utilisée à des fins
alimentaires et non alimentaires. Le canola est une variété de
colza génétiquement modifiée.
Le colza est cultivé en Europe depuis le 13e
siècle, mais son utilisation ne s'est répandue qu'avec la venue
de la machine à vapeur. On s'est alors aperçu que l'huile de
colza adhère mieux que les autres lubrifiants aux surfaces des
métaux qui sont constamment en contact avec l'eau et la vapeur. Vers le
début des années 1940, une grave pénurie d'huile de colza
est survenue lorsque les sources européennes et asiatiques de cette
denrée ont été bloquées par la Seconde Guerre
mondiale. On s'est alors tourné vers le Canada pour la production de
cette huile. On avait un urgent besoin de ce lubrifiant pour les
chaudières à vapeur du nombre toujours croissant de navires de
guerre et de navires marchands. Avant la Seconde Guerre mondiale, le colza
avait été cultivé au Canada, mais uniquement dans le cadre
d'essais à petite échelle dans des fermes expérimentales
et des centres de recherche. Ces essais ont permis de
démontrer que le colza pouvait être cultivé avec
succès, tant dans l'Est que dans l'Ouest du pays.
Le colza, ou ce qu'on croyait être du colza,
était déjà cultivé en petites quantités
à Shellbrook, en Saskatchewan, par un agriculteur
immigré de Pologne. Celui-ci avait commencé dès 1936
à cultiver cette graine dans son jardin, mais il n'existait alors au
Canada aucun marché établi pour ce produit. Au début de la
guerre, lorsqu'il entendit parler de la pénurie de
colza, il commença à augmenter sa production de graines et
à en vendre à ses voisins. Comme la plante et la
semence étaient d'origine polonaise, la plante fut connue au Canada sous
le nom de Polish rapeseed, ce qui signifie « colza polonais ». Ce
n'est que plus tard qu'on a établi qu'il s'agissait en fait de la
navette, c'est-à-dire de l'espèce voisine Brassica
campestris, aujourd'hui appelée Brassica
rapa. Au printemps 1942, en vue de satisfaire la demande de colza, une
petite quantité de graines provenant des cultures d'essai furent
distribuées à quelques fermes expérimentales et centres de
recherche, mais on ne récolta cette
année-là que 1,2 tonne (52 boisseaux) de graines.
Or, il fallait une quantité beaucoup plus grande de
semence pour pouvoir produire en 1943 suffisamment d'huile de colza pour venir
à bout de la grave pénurie de ce produit. On chercha donc
à repérer une autre source de semence, et on parvint à
acheter 19 tonnes (41 000 livres) de graine de colza
auprès des sociétés américaines. Il s'agissait
cette fois-ci de véritable colza (Brassica napus)
obtenu d'Argentine. On appela donc le produit, durant les
premières années de production, Argentine rapeseed,
c'est-à-dire «colza d'Argentine». En 1943, on sema ces graines
sur 1300 hectares, et on obtient une récolte d'un millier de tonnes (2,2
millions de livres). Le colza et la navette, les deux principales
espèces de canola du Canada, sont encore couramment appelées en
anglais Polish rapeseed et Argentine rapeseed.
En Occident, il a fallu attendre la fin de la Seconde Guerre
mondiale pour que l'huile de colza (ou de navette) soit
exploitée à fond à des fins alimentaires. Les
mérites de la plante comme source de nourriture furent finalement
reconnus par l'industrie agroalimentaire, qui estimait cependant
qu'il fallait trouver des techniques de transformation adéquates pour
que la culture soit adoptée avec succès. Les gens d'affaires et
les chercheurs de l'Ouest canadien firent donc les améliorations
nécessaires, et on assista à la naissance d'une nouvelle
industrie alimentaire et d'un nouveau marché.
Au Canada, le premier extrait comestible d'huile de colza a
été produit en 1956-1957. C'était le début d'une
des plus belles réussites agricoles du Canada.
Il faut savoir que les huiles végétales
comestibles sont constituées de substances appelées acides gras.
Ce sont ces acides qui déterminent quelle utilisation, alimentaire
ou industrielle, peut être faite d'une huile
végétale. Ainsi, certains acides gras, comme l'acide
linoléique, sont considérés essentiels à la
nutrition humaine, parce que notre corps ne peut pas
lui-même les synthétiser et doit donc les obtenir à travers
les aliments. Or, à cette époque, l'huile de toutes
les variétés connues de colza et de navette renferme
de grandes quantités d'acide eicosénoïque et d'acide
érucique, lesquels ne sont pas essentiels à la croissance de
l'être humain.
Dès 1956, on mettait en doute la valeur nutritive de
l'huile de colza, notamment en ce qui concerne sa forte teneur en
acides eicosénoïque et érucique. Vers le début
des années 60, les sélectionneurs réussirent à
régler le problème en isolant des plants de colza
à faible teneur en ces deux acides.
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