B- Les nouvelles théories du commerce international
(NTCI)
Les NTCI enrichies de l'analyse de la firme multinationale
(Brainard'1993' Markusen' 1995) sont venues
pallier les insuffisances de la théorie traditionnelle en
intégrant des éléments comme la concurrence
imparfaite' la différenciation des produits et les
économies d'échelle. Elles mettent en avant un arbitrage des FMN
entre proximité et concentration. Des firmes multinationales de type
horizontal apparaissent lorsque les avantages à s'implanter à
proximité des consommateurs sont élevés relativement aux
avantages liés à la concentration des activités. La firme
préfère donc implanter plusieurs sites de production pour servir
les marchés locaux si elle peut réaliser des économies
d'échelle entre ces différents sites du fait de la
présence d'actifs intangibles' si les coûts
d'implantation sont relativement faibles' si les coûts de
transport sont plutôt élevés et si la demande sur le
marché d'accueil est forte. Ces premiers modèles mettent l'accent
sur
les IDE de type horizontal qui correspondent à des
stratégies de conquête de marchés locaux principalement
dans les pays développés. A l'opposé' on parle
d'IDE dits de délocalisation ou verticaux lorsque les firmes
s'intègrent dans une perspective de division internationale des
processus de production. Les FMN répartissent leurs activités
entre les pays en fonction des différents avantages comparatifs. Le
modèle de Markusen & al. (1996) distingue les multinationales selon
cette typologie et complète les résultats du modèle de
Brainard sur l'arbitrage proximité-concentration qui concernent
uniquement les FMN de type horizontal. Les FMN de type vertical apparaissent
entre pays différents en taille et en dotations factorielles et
établissent les étapes de la production les plus intensives en
travail dans les pays où les coûts de la main d'oeuvre sont peu
élevés.
Toutefois' la distinction entre IDE horizontal et
vertical n'est pas aussi claire dans les faits : les FMN s'engagent souvent
dans des stratégies d'intégration complexe' qui
englobent à la fois des formes d'intégration verticale dans
certains pays et horizontale dans d'autres pays (Yeaple' 2003). Les
stratégies d'intégration complexe sont
préférées aux seules stratégies d'expansion
à l'étranger horizontale ou verticale lorsque les coûts de
transport descendent en dessous d'un certain seuil. Des coûts de
transport faibles encouragent l'IDE vertical car ils rendent accessible l'usage
d'une main d'oeuvre peu chère. Des coûts de transport
élevés favorisent au contraire l'IDE horizontal puisqu'ils
rendent les échanges commerciaux plus chers. Entre les deux
bornes' aucun motif d'expansion à l'étranger pris
isolément ne suffit à rendre attractif l'IDE. Il faut en outre
que les firmes trouvent un autre avantage qui réside dans la
complémentarité entre les deux formes d'intégration. Dans
ce cas' les coûts d'accès aux marchés mondiaux
sont doublement abaissés' par la réduction des
coûts unitaires d'une part qui engendre une augmentation des ventes.
D'autre part' par un effet d'échelle proportionnel au volume
de ventes réalisées qui permet de réduire encore plus les
coûts unitaires.
Le modèle de concurrence imparfaite a également
servi de base théorique à l'approche gravitationnelle
(Bergstrand' 1989). Elle s'applique initialement aux flux
d'échanges commerciaux entre deux pays donnés et explique
l'importance des flux par la taille du pays d'origine et d'accueil et la
distance géographique. L'équation est
également applicable aux déterminants des flux
d'investissements. Toutefois' la théorie suggère que
les échanges commerciaux et les IDE soient substituables. Du fait des
coûts de transaction' les exportations sont liées
négativement à la distance géographique et il peut
être plus efficace de produire directement dans le pays d'accueil.
Un certain nombre de variables suggérées par les
différentes approches
théoriques peuvent constituer les déterminants des
flux d'IDE dans les pays
développés ou en développement : taille des
marchés' différences de dotations
factorielles' écarts de coûts
salariaux' distance géographique...
Néanmoins' la spécificité des
économies en transition n'est jamais prise en considération dans
ces approches. Depuis 1990' les PED sont engagés dans un
vaste processus de réformes structurelles. La privatisation de secteurs
entiers de l'économie a constitué un élément majeur
de cette transformation. Différentes méthodes de privatisation
ont été suivies selon les pays en fonction des contraintes issues
de l'héritage laissé par l'ancien système et des objectifs
des gouvernements. Parmi les différentes méthodes (vente
directe' rachat par appels d'offre' privatisation par
bons...)' une méthode principale a toujours été
favorisée. Cette dernière a constitué un signal fort aux
yeux des investisseurs étrangers qui ont privilégié les
pays ayant adopté la méthode de vente directe des anciennes
entreprises d'Etat (Hunya' 1997).
Toutefois' la mobilisation des capitaux
étrangers par le biais de ces réformes économiques a connu
un ralentissement . La mobilisation des IDE dans les PED dépend
également du cadre juridique des investissements' du niveau
de corruption' du niveau du secteur industriel' de
l'administration' des infrastructures de base' du risque
pays et les atouts naturels propres à ces pays.
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