CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS DE POLITIQUE
ECONOMIQUE
Cette étude nous a permis de mieux cerner la relation
entre l'intégration économique de l'UEMOA et les flux d'IDE
entrant dans l'Union. Il ressort de l'analyse économétrique que
l'intégration économique exerce un effet positif et significatif
sur les IDE. Le test de stabilité du modèle avec 1994 comme point
de rupture aboutit à la conclusion que celui-ci est instable, traduisant
ainsi un changement positif et significatif des flux d'IDE entrant après
la création de l'UEMOA. L'hypothèse H1 est donc
vérifiée. Le rôle de l'intégration
étant déterminant pour attirer les IDE, les gouvernants
gagneraient à consolider et à renforcer ce processus. Cela
passerait par une meilleure application des mesures communautaires dans les
pays membres. A ce titre, nous estimons que la seule compétence
économique reconnue aux autorités de l'Union n'assure pas une
meilleure lisibilité de ses actions. Nous suggérons donc que les
compétences de la commission soient élargies dans le domaine
politique afin que celle-ci puisse disposer d'une institution supranationale
forte et puissante. On pourrait alors envisager un transfert des
compétences du Conseil de l'Entente à l'UEMOA. Cela permettra de
mieux assurer la paix et la sécurité dans la zone et
d'améliorer la confiance des investisseurs.
L'étude a également révélé
que les capacités humaines et les infrastructures évoluent en
sens inverse des IDE. Ce constat, s'il est avéré, devrait
interpeller les décideurs à repenser les politiques publiques en
la matière. En effet, le cas du capital humain est
particulièrement pressant dans la zone. « Pour être rentables
d'un point de vue économique, l'éducation et la formation doivent
répondre à l'évolution constante des besoins du
marché du travail -- autrement dit, inculquer aux diplômés
les connaissances et compétences dont a besoin un pays à chaque
étape de son développement économique»14.
Comme on peut le constater, le contenu des formations semble s'inscrire en
déphasage avec l'exigence d'une économie moderne. L'exemple des
pays d'Asie nous enseigne qu'une vision de long terme de la
société voulue et désirée doit être
dégagée en vue d'orienter les bras frais de demain dans le sens
d'une spécialisation plus poussée en matière de formation.
De ce fait, la Commission pourrait aller plus loin dans le cadre de ses bourses
d'excellence en visant le renforcement des capacités des jeunes
diplômés dans de prestigieuses écoles
spécialisées à travers le monde. Il apparaît
dés lors, la nécessité d'une mise en oeuvre effective des
politiques sectorielles de l'Union.
S'agissant du lien entre les IDE et l'investissement, le
principal enseignement que l'on tire de cette étude est que
l'affirmation selon laquelle les IDE exercent un effet positif sur
la formation du capital n'est pas vraie dans tous les cas.
L'hypothèse H2 est donc rejetée. Les
14 Banque Mondiale « Au-delà de la croissance
économique ».
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
investigations économétriques permettent en
effet de distinguer trois groupes de pays. D'abord, le goupe1 (Bénin et
Togo) dans lequel il existe une relation de complémentarité entre
les IDE et l'investissement total à court et à long terme.
Dès lors, les autorités de ces pays pourraient mener une
politique active et discriminatoire au profit des IDE. Ainsi, une nette
amélioration du climat des affaires s'impose (conditions de
création d'entreprise favorables aux étrangers, allègement
de la fiscalité etc.). Ensuite dans le groupe 2 (Mali et Niger), il y a
un effet de substitution entre les IDE et l'investissement total. Le
financement du développement dans ces pays gagnerait à être
orienté vers l'aide et la dette. Enfin au niveau du groupe 3 (Burkina
Faso, Côte d'Ivoire et Sénégal) l'effet des IDE sur
l'investissement est imprécis. Ce groupe de pays pourrait conjuguer une
politique active d'attraction des IDE à une politique d'aide et
d'endettement bien ciblée.
Toutefois, les résultats auxquels nous sommes parvenus
doivent être nuancés, notamment en ce qui concerne la relation
entre l'intégration économique de l'UEMOA et les flux d'IDE
entrant. En effet, le modèle retenu n'incorpore pas certains
déterminants des IDE comme le risque-pays et le climat des affaires pour
faute de disponibilité de données statistiques. La prise en
compte de ces facteurs pourra changer les résultats des estimations.
Aussi, s'agissant du modèle d'investissement utilisé, la plupart
des coefficients estimés ne sont pas significatifs, traduisant ainsi une
faible robustesse des résultats.
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
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