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Collecte des eaux de ruissellement et réutilisation des eaux usées dans l'agriculture en Afrique Subsaharienne

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par Ariane Manuela Amin
CERDI/Université d'Auvergne, Clermont Ferrand - Master en analyse économique du Développement option développement durable dans les pays en développement et en transition 2008
  

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Deuxième Partie :

Collecte des eaux de ruissellement et réutilisation des eaux usées en agriculture en Afrique subsaharienne

Dans cette partie, nous présenterons les résultats des différents travaux effectués pendant le stage.

Introduction générale

· Importance de l'agriculture pour l'Afrique subsaharienne

Plus de 800 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde (FAO, 2004) et les chefs d'État et de gouvernement se sont engagés par les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) à réduire leur nombre de moitié d'ici à 2015 (Sommet mondial de l'Alimentation, 1996 ; Déclaration du Millénaire, 2000).

La faim généralisée dans ce monde d'abondance dérive essentiellement de la pauvreté, des conflits armés, des bouleversements politiques, sociaux et économiques, des distorsions en termes de commerce international et des catastrophes naturelles.

Le Sommet mondial de l'alimentation, qui a eu lieu à Rome en novembre 1996, sous l'égide de la FAO, a réaffirmé le droit de toute personne d'être libérée de la faim, en reconnaissant que la solution définitive aux problèmes de pauvreté, d'insécurité alimentaire et de malnutrition réside dans une croissance économique durable et équitablement répartie dans la société toute entière (FAO, 1996).

En Afrique subsaharienne, les fondateurs du nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) ont déclaré en 2003, que "l'agriculture sera le vecteur de la croissance économique équitable en Afrique" (Afrique Relance, 2004). C'est donc du développement de cette agriculture que vont dépendre la nutrition des populations africaines, plus touchées par la faim. En effet, dans 30 pays d'Afrique subsaharienne la majorité de la population souffre de sous-alimentation, soit plus de la moitié des 50 pays recensés par l'Organisation des Nations unies pour  l'alimentation et l'agriculture (FAO, 2002). Le nouveau Rapport sur le développement dans le monde 2008 (Banque Mondiale, 2007) Intitulé « L'agriculture au service du développement », va dans le même sens en préconisant d'investir davantage dans l'agriculture en Afrique et de placer ce secteur au centre des efforts de développement.

Le défi à relever au niveau de ce secteur est de taille car, les difficultés de l'agriculture en Afrique subsaharienne sont nombreuses et variées. On peut recenser entres autres, la faiblesse des investissements dans ce secteur de la part des gouvernements africains, la taille réduite et la dispersion géographique des marchés locaux, l'instabilité et le repli des cours mondiaux des exportations agricoles africaines, les pratiques agricoles précaires qui épuisent progressivement les éléments nutritifs des sols du continent, les sécheresses fréquentes et graves, la dépendance persistante vis-à-vis de précipitations aléatoires.

Le programme intégré pour le développement de l'agriculture en Afrique, publié en 2003 par NEPAD avec l'assistance de partenaires au développement, entend s'appuyer sur une plus grande utilisation de la science et de la technologie, améliorer les infrastructures rurales, les conditions d'accès aux marchés, la fertilité des sols et l'utilisation des ressources en eau pour accroitre les productions agricoles sur le continent.

· Infertilité des sols et rareté de l'eau dans l'agriculture en Afrique subsaharienne

Selon les statistiques de la FAO sur les terres, on estime à quelque 874 millions d'hectares la superficie des terres cultivables en Afrique (Terrastat, 2003), mais 83 % ont d'importantes déficiences, par exemple une faible fertilité. Seuls 12,6 millions d'hectares de terres agricoles bénéficient d'une politique d'aménagement et de maîtrise de l'eau et 7 % seulement des terres arables du continent sont irriguées. La situation est encore plus préoccupante en Afrique subsaharienne où la vitesse de croissance de la population est bien plus grande que dans n'importe quelle autre région du monde et près de la moitié des terres sont des régions arides et semi-arides. En effet, des analyses montrent que la disponibilité en eau et la dégradation des sols en Afrique subsaharienne est plus grave quand la densité de population est plus élevée (FAO, 1999).

La raréfaction de terres fertiles et des ressources en eau et la concurrence pour leur obtention constituent des obstacles majeurs aux progrès à faire en matière de sécurité alimentaire et de réduction de la pauvreté.

Les producteurs en Afrique subsaharienne font face à ces obstacles en développant des capacités d'adaptation qui passe par la collecte des eaux de ruissellement dans le milieu rural et la réutilisation des eaux usées des villes dans l'agriculture urbaine et périurbaine.

Il est prouvé qu'il existe de nombreuses possibilités de parvenir à de hauts niveaux de productivité de l'eau par goutte d'eau consommée par une augmentation substantielle de la collecte des eaux de ruissellement. Le défi à relever dans le domaine pour l'amélioration de la productivité de l'agriculture pluviale demeure la promotion de techniques appropriées. En effet, il y a des limites au-delà desquelles ces technologies deviennent inefficaces.

Pour l'utilisation des eaux usées, la problématique se situe ou niveau de la promotion de pratiques d'irrigation comportant moins de risques pour la santé et l'environnement. Aussi, la recherche sur les modalités de réduction des risques sanitaires liés à l'utilisation des eaux usées urbaines pour la production de cultures au niveau de l'exploitation agricole, du marché et des ménages, pourrait permettre à l'agriculture urbaine et périurbaine irriguée de contribuer durablement à l'amélioration des moyens de subsistance des populations.

Concernant ces deux problématiques, notre travail s'est organisé autour de 2 points essentiels :

- Faire le point dans la littérature sur les travaux qui ont concerné l'analyse des limites des techniques de collecte des eaux de ruissellement (TCER) dans les zones arides et semi-arides en Afrique subsaharienne.

- Analyser l'efficience technique des pratiques d'irrigation dans le maraichage urbaine et périurbaine au Burkina Faso afin de faciliter l'introduction des mesures visant à réduire les risques sanitaires liés à la réutilisation des eaux usées dans cette agriculture.

2.1 Techniques de collecte des eaux de ruissellement et risques en agriculture en Afrique Subsaharienne.

Introduction

Les zones arides et semi-arides couvrent environ 41% de l'Afrique sub-saharienne (figure 2) et se caractérisent par des terres peu fertiles et des précipitations faibles et irrégulières (300-600 mm par an). Pourtant, la satisfaction des besoins alimentaires dans ces régions repose essentiellement sur l'agriculture. Les terres agricoles sont exploitées principalement en agriculture pluviale et seulement 2% d'entre elles sont irriguées (FAO, 2004). La grande variabilité des pluies, les calamités naturelles, et d'autres causes anthropiques, exposent les populations de ces zones à une grande insécurité alimentaire.

L'un des objectifs pour améliorer les moyens de subsistance dans ces régions est d'optimiser l'agriculture pluviale qui contribue pour 30 à 40% au produit intérieur brut (Banque mondiale, 1997), pour 90% à l'approvisionnement alimentaire (Savenije, 1999) et couvre plus de 95% des terres cultivées tropicales de l'Afrique Subsaharienne, qui sont peu humides (FAO, 2002). Le défi qui s'impose consiste donc à augmenter la production agricole par goutte de pluie. Il faut pour cela accroître l'efficience de l'utilisation de l'eau à la fois dans l'agriculture pluviale et dans celle irriguée afin de répondre à la demande alimentaire présente, future et à la compétition croissante pour l'eau (Fox & Rockstrom, 2003).

Il a été démontré que les pratiques indigènes de récupération des eaux de pluie et de conservation des eaux dans les sols permettent de réduire le ruissellement et les pertes en terre, de réhabiliter les terres dégradées, et d'améliorer l'humidité et les éléments nutritifs des sols. Ces pratiques font référence au concept plus général de récupération des eaux de ruissellement.

Figure2 : Zones agro-écologiques en Afrique Subsaharienne

Source : FAO,1996

La collecte des eaux de ruissellement qui est définie comme étant la collecte et l'utilisation des précipitations à partir de bassins versants, est reconnue comme une technique commune de production au sein des zones arides et semi-arides. De nombreuses études ont été faites sur ces pratiques (Cater et Miller, 1991; Hensley et al., 2000; Wiyo et al., 2000)

Le potentiel de la collecte des eaux de ruissellement pour améliorer la productivité des cultures a reçu beaucoup d'attention dans les années 1970 et 1980. De nombreux projets de collecte des eaux de pluies ont vu le jour en Afrique sub-Saharienne durant cette période. Les principaux objectifs étaient de lutter contre les effets de la sécheresse en améliorant la production et, dans certains cas la réhabilitation des terres dégradées et abandonnées (Critchley et Reij, 1989).

Toutefois, peu de projets ont réussi à combiner l'efficacité technique à faible coût et l'acceptabilité des agriculteurs locaux ou des agro-pasteurs limitant ainsi l'adoption de ces techniques.

Vu l'opportunité qu'elles représentent non seulement pour l'agriculture mais également pour les populations pauvres d'Afrique Sub-saharienne, il est nécessaire de réfléchir sur la question des risques susceptibles d'affecter la viabilité des techniques de récupération des eaux de ruissellement dans le domaine agricole.

Dans le cadre de notre travail, nous avons rassemblé la littérature existante sur les liens existants entre les techniques de collecte des eaux de ruissellement (TCER) et les risques en agriculture spécifiquement dans les zones arides et semi-arides de l'ASS. Notre synthèse a été construite autour de 3 points : l'aptitude des TCER à s'intégrer aux stratégies de gestion des risques pour les producteurs, les facteurs limitatifs liés à la mise en oeuvre de ces techniques et enfin, les risques contraignant l'adoption et l'efficacité desdites techniques au niveau du producteur.

2.1.1 TCER comme stratégie de gestion des risques en Agriculture

Pour analyser la capacité des TCER à atténuer le risque en agriculture dans les zones arides et semi-arides en ASS, nous nous intéresserons à la question des risques pour les agriculteurs de la zone puis nous exposerons à l'aide de quelques études sur le potentiel des TCER à améliorer les conditions des exploitants.

2.1.1.1 Risques et Agriculture en ASS

Il est largement reconnu, en ce qui concerne les pays en développement qu'un niveau élevé d'incertitude caractérise la vie des populations dans les petits ménages agricoles. Dans les zones arides semi-arides d'ASS plus particulièrement, les agriculteurs font face à des irrégularités des précipitations avec une grande variabilité annuelle, des évaporations potentielles annuelles élevées, de grande quantité d'eaux de ruissellement en raison de la faible infiltration et du déficit d'humidité du sol qui limitent la production végétale (Evenari et al., 1971 ; Perrier, 1988; Ben Asher et Berliner, 1994). De ce fait, cette agriculture pluviale, ne parvient pas à satisfaire les besoins alimentaires minimums de la population qui croit de plus en plus rapidement.

Végétation anéantie dans une région affectée par la sécheresse, sol Dior, Sénégal.

Source : FAO, Ch. Errath

Les périodes de sécheresses sont une raison importante de la faiblesse des rendements et constituent le moteur des stratégies d'aversion du risque chez les agriculteurs. La perception des risques induite par la sécheresse, ne favorise pas les investissements dans la fertilisation du sol.

Pour beaucoup de petits exploitants agricoles dans les zones semi-arides il n'est tout simplement pas utile d'investir dans la fertilisation (et d'autres intrants extérieurs) aussi longtemps que le risque de mauvaise récolte reste périodiquement récurrent, avec un risque de baisse de rendement également élevé, en raison de la rareté périodique de l'eau pendant la période de croissance des cultures (Rocktrom et al, 2002). Le faible niveau annuel ou saisonnier des précipitations n'est donc pas uniquement la contrainte critique dans la production agricole, mais aussi l'irrégularité des précipitations (Sivakumar et Wallace, 1991).

La recherche indique que le manque d'éléments nutritifs du sol est aussi un facteur limitatif pour la croissance des cultures dans les régions semi-arides (Klaij et Vachaud, 1992; Breman et al., 2001; Fox et Rockstrom, 2003). L'eau et les nutriments interagissent ainsi à limiter la croissance des cultures. Comme la disponibilité de l'eau est le facteur aléatoire des deux, il est ainsi le facteur essentiel qui détermine la perception des risques de perte de récolte auprès des agriculteurs. Selon Flug (1981), et Ngigi(2003) une terre marginale avec un niveau annuel de pluies aussi bas que 300 mm, peut devenir productive si sa disponibilité limitée en eau est améliorée par les techniques de TCER.

2.1.1.2 TCER & Réductions des risques en agriculture en ASS

Les techniques de collecte des eaux de ruissellement (TCER) peuvent être subdivisées en 3 grands systèmes selon la source et le processus de récupération des eaux de ruissellement. On a donc :

· La collecte des eaux de pluie à partir de petits bassins versants (Micro-TCER) ;

· La collecte à partir de grands bassins versants (Macro-TCER) ;

· La récupération des crues des cours d'eau ou la culture de décrûes (TRC/CD).

Ces systèmes fonctionnent à différentes échelles et varient considérablement en termes de performances et d'adoption par les utilisateurs potentiels.

· Collecte des eaux de pluie à partir de petits bassins versants (Micro-TCER)

Techniques de Zai associé aux cordons pierreux

Source : PATECORE

Les Micro-TCER récupèrent les eaux de ruissellement provenant de petits bassins versants (<1 000 m2) et servent à accroître la disponibilité en eau d'une surface de culture relativement faible (< 100 m2). Comme Micro-TCER on a les techniques de Zai (petites fosses + fertilisants organiques), de demi-lunes, les diguettes en terres et/ou en pierres, etc.

Différentes études ont testé la capacité de ces techniques à réduire les risques pour le producteur. Ngigi et al, (2005) dans une analyse coût-bénéfice, expérimentée dans la région du Laikipia au Kenya, ont montré que la création et l'exploitation d'étangs au sein des champs sont des solutions pratiques pour atténuer les pertes de récolte dans les régions semi-arides, qui sont dominantes dans la plupart des pays d'Afrique

Premières pousses de cultures sous Zai

Source : www.christianaid.org.uk/Images/Zai

Subsaharienne. Millogo et al, (2005) ont révélé une grande performance des cultures de sorgho sous Zai dans les provinces du plateau central du Burkina Faso.

Dans la majorité des villages étudiés, le surplus de production réalisé par producteur, comparé aux productions antérieures était de plus de 0.5 T. Viljoen et Kundhlande, (2003) ont également démontré, dans la région du Thaba Nchu en Afrique du Sud, que les systèmes de Micro-TCER permettent une réduction de plus de 55% du risque lié à l'investissement pour la culture de maïs, de haricot sec et de tournesol.

Les Micro-TCER en palliant le manque en eau dans le sol requis pour la croissance des cultures, garantissent une amélioration des rendements. Ils atténuent par conséquent, les effets de la sécheresse, source de risques pour les producteurs.

· Collecte à partir de grands bassins versants (Macro-TCER)

Les Macro-TCER se réfèrent à des systèmes de stockage dans de grands réservoirs, des eaux de ruissellement récupérées à partir de grands bassins versants (de 0.1ha à 200 ha). Ces techniques favorisent une recharge des aquifères (nappes phréatiques) et permettent une meilleure croissance des cultures (IWMI, 2004) dans la zone de ruissellement c'est-à-dire entre la source de captage et le réservoir. Gowing et al (2003) observent cependant que, les débits et la force du ruissellement de ces systèmes entraînent de sérieux risques d'érosion. Prinz et al (1994) prétendent que leur avantage est qu'aucune perte potentielle de terres arables n'est causée par la présence des bassins versants mais par contre que leurs pentes sont non favorables à l'agriculture.

Culture de contre saison sur les rives d'un petit barrage dans le nord de la Côte d'Ivoire ;

Source : Audrey Fromageot, 1999

Leur contribution à la réduction des risques de production se réfère à la possibilité de procéder à une irrigation additionnelle grâce aux ressources recueillies. Une étude au Burkina Faso et au Kenya a révélé que l'irrigation supplémentaire, participe à l'amélioration des rendements, à l'autosuffisance en consommation céréalière, et enfin favorise une production de cultures hors-saisons (Barron et al., 1999). De plus, leur potentiel pour la réduction de la pauvreté a été observé dans la région semi-aride du Makanya en Tanzanie (Mutabazi et al. 2005) où les rendements des cultures de maïs ont permis aux producteurs d'excéder le PIB/tête annuel et le seuil de pauvreté.

· Récupération des crues des cours d'eau ou la culture de décrûes (TRC/CD)

Les techniques de récupération des crues (TRC) sont des systèmes complexes de récupération et/ou détournement, des crues des cours d'eau qui sont canalisées vers les exploitations agricoles. Peu d'études en ASS, se rapportent à la performance des TRC dans l'atténuation des risques de production. Cela est sans doute dû au fait que ce sont des techniques peu fréquentes dans ces régions, que l'on retrouve plus en Afrique du Nord.

Aussi, les quelques études sur le sujet, localisées en Erythrée et au Soudan, établissent plutôt un risque de baisse de production pour les cultures, particulièrement pour le maïs sous ces conditions, due à la salinité (Mehari, Schultz, Depeweg, 2006) et une faible viabilité des structures mise en place (Johan A. van Dijk, 1996).

La complexité des TRC emmène les producteurs dans certaines zones à pratiquer une agriculture de décrûe (CD) aux alentours de ces cours d'eau.

L'agriculture de décrue se réfère à l'exploitation des terres inondées par les crues, après la baisse du niveau des eaux. Cette pratique bien qu'intéressante est cependant source de grandes incertitudes. En effet, les surfaces cultivables disponibles dépendent fortement de paramètres aléatoires que sont l'ampleur des crues et leur durée.

Les résultats suite à l'adoption des techniques de TCER en ASS sont encourageants dans l'ensemble, malgré ceux mitigés liés au TRC/CD. Les TCER offrent aux paysans la possibilité d'améliorer les rendements, en jugulant l'effet des saisons sèches intra-saisons et post-saisons des pluies sur les cultures. Elles permettent aussi une recharge des aquifères et des nappes phréatiques.

Toutefois, bien que les TCER représentent des opportunités prometteuses concernant les questions de risques de production dans les zones arides et semi-arides en ASS, leur réelle efficacité, préalable à l'optimisation de leur adoption et de leur vulgarisation, présente certaines limites.

2.1.2 Limites à la mise en oeuvre et à l'efficacité des TCER.

Dans une analyse de l'introduction des projets de TCER en Afrique subsaharienne, Reij et al. (1988) et Critchley et al. (1992) ont constaté que les résultats sont décevants en termes d'adoption. Une raison centrale à ce constat, étant un manque d'attention aux facteurs sociaux. Des résultats similaires ont été rapportés pour les sols et la conservation de l'eau en général (Hudson, 1991). Critchley et al. (1987) a noté également des erreurs dans le choix des systèmes, qui sont attribuées principalement au manque de données sur la pluviométrie. En plus, beaucoup de tentatives de transfert des TCER d'une zone favorable à une autre zone ont quelques fois échoué, en raison de la non prise en compte des effets potentiels de contextes sociaux et / ou de conditions physiques différentes. Les contraintes à la mise en oeuvre et à l'efficacité des TCER comme on le constate peuvent être diverses. Pour notre analyse, nous privilégierons trois angles d'approches : les limites techniques, économiques et enfin les risques inhérents aux projets de promotion de ces techniques.

2.1.2.1 Facteurs techniques limitant l'efficacité des TCER

Les Limites techniques envisagés ici sont celles susceptibles de contraindre la viabilité technique des systèmes mis en place. Nous considérerons ici, les incertitudes et conditions climatiques (pluviométriques) et les caractéristiques biophysiques.

· Facteurs climatiques et/ou pluviométriques

Les systèmes de TCER ont une grande capacité à réduire les risques de production liés à la variabilité des pluies dans les zones arides (Rockstrom et al. 2005). Cependant, ces techniques ne sont adaptées que sous certaines conditions pluviométriques. Un système de TCER n'est viable dans une zone qu'avec une pluviométrie comprise entre 100 et 800 mm par an (Bruins et al, 1986). En dehors de cet intervalle, le climat et les sols ne favorisent pas la mise en place de ces techniques.

Tsuboa, et Walker, (2007) trouvent que dans la région semi-aride d'Afrique du Sud, les effets de El Nino qui induisent une baisse de la pluviométrie, sont évidents sur la baisse du rendement du maïs cultivé sous un microsystème de récupération des eaux de ruissellement. Pourtant, dans une étude ciblée en ASS, Fox et al. (2002) montrent qu'il n'existe pas de limites agro-hydrologiques pour le doublement des rendements des cultures de base même dans un environnement sujet à la sécheresse, en augmentant la quantité d'output par goutte de pluie. Ngigi (2003) prétend cependant que dans le cas de l'utilisation des TCER pour l'irrigation additionnelle, le déficit de rendement est maintenu durant les périodes critiques. En effet, au delà de l'opportunité que les techniques de récupération des eaux de ruissellement ont de contribuer à la résilience face aux sécheresses, il est impossible d'échapper aux effets des années de rudes sécheresses (Rockstrom, 2003).

En plus des sécheresses intermittentes, Rockstrom (2000) relève comme risque hydro-climatique majeur dans la zone de savane semi-aride en ASS, la faible distribution des pluies. Les systèmes de Micro-TCER, par exemple en dépit de leur effet positif sur la disponibilité en eau du sol, sont insuffisants pour juguler les effets des saisons sèches intra-saison pluviale de 10 à 15 jours consécutifs, qui surviennent fréquemment en raison de la mauvaise distribution des pluies (Barron et Okwach, 2004). En plus des changements dans leurs occurrences, la connaissance de l'intensité des précipitations dans un secteur donné est également importante pour la viabilité technique d'un système de récupération des eaux de ruissellement.

· Facteurs biophysiques.

La couverture végétale, le relief, le type de sol et sa profondeur sont des paramètres biophysiques importants susceptibles d'impacter l'identification et l'efficacité d'une TCER (Prinz et Singh, 2000). L'analyse du terrain est indispensable pour la détermination de la longueur de la pente, paramètre crucial dans l'élaboration d'une TCER. En effet, la longueur de la pente peut être utilisée pour déterminer le système approprié dans le choix entre macro, micro ou systèmes mixtes de récupérations des eaux (Prinz et al 1998). La convenance d'une surface donnée comme site de capture ou de culture en matière de récupération des eaux de ruissellement dépend fortement des caractéristiques suivantes du sol : la structure de la surface, le taux d'infiltration et de percolation, la profondeur du sol, sa texture et sa structure qui détermine la quantité d'eau qui peut y être stockée. Gowing et al (2003), relèvent également que les contraintes biophysiques spécifiques à chaque zone représentent des risques pour le transfert et la diffusion des techniques de TCER. Leur conclusion est que les TCER ont démontré une grande capacité à accroître la productivité des cultures de maïs en Tanzanie mais dans les seuls cas où il y a eu adéquation entre les systèmes mis en place et les conditions et spécificités environnementales des sites en question.

Pour résumé, l'occurrence des pluies ou la prévalence de la sécheresse, leur distribution, le relief, la végétation, les caractéristiques du sol sont les facteurs susceptibles d'influer sur la viabilité technique des TCER. Le défi imposé par ces contraintes est de rendre compatible les spécificités du site aux techniques de TCER

2.1.2.2 Facteurs économiques limitant l'efficacité des TCER

Les limites envisagées ici font référence aux facteurs économiques qui impacteraient la mise en oeuvre ou l'efficacité des techniques de TCER. Nous examinerons dans cette section, les besoins d'investissements en main d'oeuvre et en fertilisants inhérentes aux TCER et les problématiques liées à l'accès aux marchés.

· TCER & Investissement  

Le coût d'investissement élevé associé aux techniques de Macro-TCER dans certains sites, s'avère être le plus grand obstacle à l'engagement des exploitants à tout investissement (Barron et al, 2005). Ngigi (2002) affirme cependant que, comparé aux grands projets d'irrigation, les techniques de collecte des eaux de ruissellement sont simples, abordables, et respectueuses de l'environnement. Toutefois quelque soit la technique, diverses études montrent qu'elles sont intensives en main d'oeuvre et très souvent en fertilisants. Le risque lié à la main d'oeuvre se rapporte au coût d'opportunité du travail dans la zone du projet. L'existence d'opportunités de travail en dehors des fermes accroît le coût initial du projet et détermine souvent sa viabilité (Fox et al, 2005).

En plus du coût du travail, le besoin en fertilisant est une autre source d'accroissement des investissements. Il existe une forte dépendance mutuelle entre tout investissement dans une TCER et l'investissement en fertilisant quelque soit l'échelle de la technique (Barron et Okwach ,2005 ; Rockstrom et al ,2007).

Bien que des études suggèrent que les TCER réduisent les risques à l'investissement (Kihara, 2002 ; Fox, Rockstrom et Barron, 2005 ), l'état de précarité de la plupart des producteurs de ces régions les contraints à attendre une aide extérieure pour la mise en oeuvre de ces techniques. Dans ce contexte, il est souhaitable de promouvoir les systèmes de crédit qui assureront une gestion appropriée et adaptée des ressources dont disposent les paysans (Fox, Rockstrom, Barron, 2005).

· TCER & Accès aux marchés

Mutabazi et al. (2005), soutiennent que l'amélioration de la productivité de l'eau (accroître le niveau de production par goutte d'eau) dépendrait des bénéfices économiques liés à l'adoption de nouvelles techniques. En effet, les prix élevés des outputs représentent des motivations pour les exploitants. Aussi, il est nécessaire pour la viabilité des TCER, de mettre en place des structures robustes et durables de marché. Il a été noté à Dodoma (Tanzanie) par exemple, que quand les techniques de TCER sont adoptées, tous systèmes confondus, elles sont utilisées pour la production de maïs, riz paddy, légumes; ou pour d'autres produits qui peuvent être échangés sur un marché (Hatibu et Mahoo, 2000). Une étude de L'IWMI-ACDI (international water management institute -agence canadienne pour le développement) en Ethiopie, confirme que la faible performance de ces techniques s'explique par les problèmes liés à l'accès au marché rencontré par les producteurs. Senkondo et al (2004) dans leur analyse de la profitabilité et de la viabilité des cultures de riz paddy, de maïs et d'oignons en Tanzanie sous des TCER, établissent également un lien entre le marché et les TCER.

2.1.2.3 Limites à la promotion des systèmes de TCER

Les limites à la promotion des systèmes de TCER s'intéressent aux aspects limitants l'efficacité des projets de promotion des systèmes de TCER. Nous nous intéresserons dans cette partie aux structures de vulgarisation mais aussi aux conditions socio-économiques des agriculteurs.

· TCER & Structure de vulgarisation

Les risques liés aux structures de vulgarisation se rapportent à la compétence des équipes techniques et également aux procédures de formulation et de gestion des projets. Comme dit un peu plus haut, l'adéquation entre les systèmes de TCER et les spécificités biophysiques des sites est un aspect primordial pour le succès des différents projets. En effet, une expertise minimum est requise pour évaluer la convenance du site et pour la conception de la structure (Bruins;Evenari et Nessler 1986). Cet aspect incombe aux équipes techniques et requiert une certaine aptitude des agents vulgarisateurs. Son absence ou son inadéquation peut constituer un risque potentiel.

En ce qui concerne l'approche projet, une grande considération doit être donnée à l'aspect culturel qui prévaut dans la zone concernée, avant la sélection d'une technique spécifique. Dans les zones arides et semi-arides, tant que tous les besoins jugés prioritaires à la survie n'ont pas été satisfaits, aucune action secondaire ne peut être effectivement entreprise (Hatibu et Mahoo, 2000). De plus, une approche participative doit être privilégiée. Lazaro et al (2000) dans leur analyse des aspects socio-économiques qui émergent dans l'environnement des TCER en Tanzanie, relèvent que l'une des raisons de l'échec de certains projets est qu'ils intègrent très peu les villageois comme parties prenantes. Les chances de succès sont beaucoup plus grandes si les utilisateurs des ressources et les groupes communautaires sont impliqués de façon précoce à la planification du projet.

· Structures et conditions socioéconomiques des exploitants

Les conditions socio-économiques d'une région à l'étude pour tout système de collecte de l'eau sont très importantes pour la planification, la conception et la mise en oeuvre. Les systèmes d'exploitation agricoles de la communauté, les capacités financières de l'agriculteur moyen, l'attitude des agriculteurs vers l'introduction de nouvelles méthodes agricoles, les connaissances des agriculteurs sur l'agriculture irriguée, le régime foncier, le rôle des femmes et des minorités dans les communautés sont des questions capitales.

Awulachew et al (2005) relèvent que le faible investissement en TCER dans les régions semi-arides s'explique par le fait que de nombreux paysans ne possèdent pas les terres qu'ils cultivent soulevant ainsi la question des droits de propriété. De même Bruins et al, (2003) constatent que la rapide évolution de la situation des régimes fonciers dans le district de Kajiado (Kenya) semble favoriser l'intensification de la gestion des ressources. En outre, la délimitation des terres a encouragé certains pasteurs à se mettre à la production mixte de fourrage et de produits pour la vente ou pour leur propre consommation.

Van der Zaag et al (2008) montrent que dans les zones du Bassin de la Volta Blanche au Ghana les jeunes et les femmes qui ne possèdent pas la terre, sont obligés de passer des accords en contrepartie de petits travaux avec les propriétaires terriens pour l'utilisation des puits. Les difficultés dans l'exploitation des structures d'irrigation induites par ce type d'accord, peuvent nuire à l'efficacité de ces systèmes mais également au bien-être du producteur. Une définition claire des droits privés et/ou communaux est donc requise.

La plupart des petites structures de TCER (petits réservoirs, étangs, puits,) sont construites, en effet pour être exploitées et gérées par la communauté. L'existence où la création d'une institution communautaire est importante pour la distribution de l'eau, la planification de l'entretien des structures et la gestion des inégalités et conflits inhérents à l'accès à la ressource. La réussite de ces structures institutionnelles reposerait sur l'existence d'un capital social fort. Lequel ne garantirait pas cependant une réussite dans la gestion de tous les types de ressources. En effet, Beyene et Hagedorn (2006) prétendent que plus la taille de la ressource est grande, moins stable est la participation des membres. Aussi, la gestion communautaire basée sur des structures hiérarchiques ne garantit pas forcement la viabilité des structures installées car elle peut être source d'inégalités. En effet, Msangi et al (2002) prétendent que très souvent, les jeunes, les femmes et les plus pauvres sont défavorisés dans l'accès à la ressource en eau. En outre, des conflits entre exploitants en amont et en aval du système de TCER sont également observés, tel dans le district de Laikipia au Kenya (Kihara, 2002).

Le besoin en politique, en législation et en institutions adéquates est nécessaire pour la gestion des TCER, surtout pour l'agriculture et l'élevage. Au Kenya et dans de nombreux pays en ASS, de telles politiques sont malheureusement inexistantes, ces techniques étant pour la plupart informelles. Aussi, pour réduire les problèmes d'équité tout effort d'amélioration des systèmes de TCER pour relancer la production agricole devrait être accompagné d'une création ou d'un renforcement d'institutions locales ou indigènes qui amélioreraient la représentation de groupes marginaux tels que les femmes, les jeunes et les plus pauvres.

2.1.3 Limites à l'adoption et à la viabilité des TCER pour le producteur.

Le tableau ci-dessous nous donne une vue globale et synthétique des risques perçus par le producteur qui pourrait affecter l'adoption des TCER ou affecter leur viabilité.

Tableau 1 : limites à l'adoption et à la viabilité des TCER pour le producteur

 
 

Risque ex-ante (risque à l'adoption de la technique)

Risque ex-post (risque à la viabilité de la technique)

REF

Description du risque

 
 

1

Incertitude pluviométrique, sécheresse, (Sivakumar et Wallace, 1991).

Pour les exploitants il n'est pas utile d'investir dans la terre si le risque de mauvaises récoltes induit par la sécheresse persiste : risque à l'adoption de la technique si elle requiert un investissement important de la part du producteur.

Il est impossible d'échapper aux effets des années de rude sécheresse avec les TCER (Rockstrom, 2003) : donc risque à la durabilité élevé.

2

Forte évaporation et infiltration

(Ngigi et al, 2005)

Risque à l'adoption faible pour le producteur car ne percevant pas à priori les caractéristiques du terrain.

Risque à la viabilité surtout dans le cas du stockage car pouvant compromettre la capacité d'irrigation supplémentaire.

3

Coût élevé de la main d'oeuvre

(Fox et al, 2005)

Si la main d'oeuvre disponible est rémunérée la pauvreté des producteurs et leur faible accès au crédit peut les contraindre à la non adoption de la technique surtout si elle requiert un besoin important en main d'oeuvre.

Selon les systèmes retenus le besoin en main d'oeuvre peut être important pour la maintenance dans le cas des réservoirs, barrages, ce qui pourrait influer sur la viabilité de la structure.

4

Coût élevé des fertilisants (Fox et al, 2005)

Le coût élevé des fertilisants nécessaire à la mise en oeuvre de certaines techniques comme le Zai par exemple peut décourager le producteur à l'adoption.

La faible performance en terme de rendements sans fertilisants est un risque à la viabilité des TCER.

5

Faible accès aux marches

(IWMI ; Senkondo et al, 2004)

L'objectif principal de la mise en oeuvre de la structure est d'améliorer le revenu par la commercialisation. Le risque à l'adoption est donc élevé.

L'investissement dans l'irrigation additionnelle est économiquement viable, mais seulement si elle est combinée avec une production de cultures à fort valeur marchande ou ajoutée.

6

Faible accès au crédit

L'accès au crédit peut favoriser ou défavoriser l'adoption d'une technique : non favorable pour les cordons pierreux et favorables pour le Zai et les demi-lunes par exemple.

Après une adoption réussie le producteur peut plus ou moins financer son besoin d'investissement pour sa structure : risque limité pour la viabilité

7

Faible prix des outputs

Le prix des outputs pourrait avoir un impact modéré sur les techniques d'irrigation complémentaire car elles permettent la production de produits hors-saison plus profitable.

Si l'amélioration de la production n'est pas valorisée le paysan peut abandonner la technique: risque élevé pour la viabilité

8

Faible ou mauvais encadrement technique (Awualchew et al,2005 )

Le faible encadrement pourrait réduire l'implication de producteurs dans le projet, mais à un degré moyen : risque moyen à l'adoption

Le manque ou la mauvaise assistance technique impacte la viabilité de la structure : risque élevé à la viabilité

9

Faible implication à la formulation du projet (IWMI ; Lazaro et al, ).

Du fait de la faible implication le paysan peut ne pas se sentir concerné par le projet ou le projet peut ne pas rejoindre ses priorités.

Aussi, la structure peut souffrir d'un manque d'entretien et de maintenance : risque moyen à l'adoption et à la viabilité

10

Mauvaise définition des droits de propriété (Awulachew et al,2005 )

Si la terre ne lui appartient pas, ou si le régime de propriété commune n'est pas clair, l'agriculteur n'est pas incité à y investir. Il se pose le problème de la sécurisation de son investissement : Risque moyen à l'adoption car d'autres systèmes de propriété existe.

Les bénéfices liés à l'adoption peuvent faire resurgir des conflits liés à la propriété : Risque élevé à la viabilité

11

Non appartenance du producteur à une communauté a fort capital social (Beyene et Hagedorn, 2006).

Cela à pour effet d'accroître les coûts de l'investissement en l'occurrence le coût de la main d'oeuvre pour la construction et la maintenance : Risque élevé à l'adoption

L'appartenance à une communauté à fort capital social permet de réduire les impacts des conflits ou de les entériner sinon et nuire à la viabilité de la structure. Risque élevé à la viabilité.

12

Non existence d'une structure de gestion de la ressource

L'impact sur l'adoption peut être élevé s'il existe des antécédents de conflits non résolus.

Il peut être également très faible si la communauté est bien organisée et structurée.

Le projet est abandonné dû aux conflits et à des problèmes d'inégalités : Risque élevé à la viabilité.

Source : auteur

Conclusion

Dans les zones arides et semi-arides de l'ASS, les techniques de TCER conduisent à une utilisation productive des ressources naturelles et à la réhabilitation de terres dégradées en particulier dans les zones sujettes à la sécheresse. En effet, elles permettent de tirer le meilleur parti de la pluviométrie disponible tout en garantissant la base de ressources naturelles et en allégeant la pression sur les ressources disponibles. Elles facilitent l'accroissement des productions, même pendant les périodes de saison sèche, et la réduction de l'insécurité alimentaire du fait de l'amélioration des rendements dès les premières années d'intervention.

S'il abonde des études sur la capacité des TCER à réduire les risques pour les producteurs, il existe proportionnellement peu de travaux sur les limites des techniques de collecte des eaux de ruissellement en Afrique subsaharienne.

Aussi les études existantes sont concentrées dans les mêmes régions : Tanzanie, Kenya en Afrique de l'est ; Burkina Faso en Afrique de l'ouest ; Afrique du sud en Afrique australe, limitant ainsi le transfert des résultats. Elles adoptent également des méthodologies très différentes qui rendent difficile les comparaisons. Certaines études sont des simulations et sont faites en station pendant que d'autres sont expérimentés directement au niveau des producteurs. Dans le premier cas, les résultats sont discutables vu l'impossibilité de reproduire exactement les conditions climatiques et biophysiques, et dans l'autre ils nécessitent des observations sur de longues durées.

Il existe également des disparités au niveau des aspects de risques retenus et testés. Les risques techniques sont peu répertoriés dans la littérature. En effet, peu d'études analysent l'effet des facteurs climatiques sur la viabilité des TCER, toute chose qui serait intéressante dans le contexte actuel de changement climatique. Aussi les études existantes sont peu précises sur l'ampleur des risques, c'est-à-dire le niveau de criticité.

Le coût de l'investissement lié aux besoins en main d'oeuvre, en fertilisants et la valeur commerciale des cultures, sont listés comme les principaux facteurs ayant une incidence sur la viabilité économique des TCER. La réussite des TCER est donc très dépendante de cet aspect des risques. En effet, s'il prévaut un faible coût d'opportunité du travail durant la phase de mise en oeuvre, et s'il existe des structures de marché robustes et durables les TCER sont susceptibles d'offrir des possibilités considérables pour l'investissement des agriculteurs démunis.

Les limites socio-économiques constituent les angles d'approche qui ont fait l'objet de plus de travaux. Ils font suite à des analyses d'échec de projets de mise en oeuvre de TCER, et prennent en compte les limites en termes de management de projets, de non prise en compte des caractéristiques socio-économiques des producteurs.

Vu l'opportunité qu'elles offrent, et vu qu'elles interviennent dans des environnements déjà sensibles, il est important que les limites connues des techniques de collecte des eaux de ruissellement soient vérifiées sur le terrain, par des outils appropriés de modélisation et de simulation, et prise en compte dans la mise en oeuvre de tout projet de TCER. Aussi, il est nécessaire d'influencer la recherche dans le sens d'une analyse systématique des limites des TCER en ASS et d'étendre le champ des études vers des zones peu explorées et des aspects de risques peu envisagés. Enfin, il serait intéressant d'établir des niveaux de criticité pour tous les risques afin d'évaluer les niveaux de risque selon les zones de projets.

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