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Collecte des eaux de ruissellement et réutilisation des eaux usées dans l'agriculture en Afrique Subsaharienne

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par Ariane Manuela Amin
CERDI/Université d'Auvergne, Clermont Ferrand - Master en analyse économique du Développement option développement durable dans les pays en développement et en transition 2008
  

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2.2.2.2 Analyse de l'efficience dans le maraîchage au Burkina Faso

Les scores d'efficience obtenus dénotent que dans notre zone d'étude, l'efficience technique des producteurs est plutôt moyenne (0.55) tous systèmes confondus. Ainsi, les producteurs perdent plus de 40% d'output du fait de leur inefficacité.

Le tableau 6 nous montre que les scores par système d'irrigation sont concentrés autour de la moyenne. Ce résultat corrobore notre hypothèse d'une faible différence en moyenne dans les systèmes de production dans le maraîchage urbain au Burkina Faso.

Tableau6 : score d'efficience par système d'irrigation

Système

Système 1

Système 2

Système 3

Système 4

Tous systèmes

Efficience technique

0.5452

0.5733

0.5649

0.5738

0.5504

Source : construction de l'auteur à partir des données de l'enquête FAO-Université de Bobo-Dioulasso (2007)

Cependant, la distribution des fréquences de l'efficacité technique au sein des systèmes, comme nous le montre la figure2, permet une classification entre les systèmes.

Les systèmes 2 et 4 ont respectivement 88.2% et 83.3 % de leur effectif au dessus de 0.5, tandis que les systèmes 1 et 3 ont des fréquences de 70.7% et 83.3%.

Le système 4 est en moyenne plus efficient que le système 2 ( cf. tableau 6), cependant le système 2 en considérant la répartition de l'efficience entre les individus en dessous et au dessus de 0.5 parait plus efficient (figure2).

Ainsi, nous pouvons aisément retenir que les systèmes 2 et 4 sont les pratiques d'irrigation les plus efficaces dans le maraîchage au Burkina Faso.

Figure 3 : distribution des fréquences de l'efficience technique par système d'irrigation

Source : construction de l'auteur à partir des données de l'enquête FAO-Université de Bobo-Dioulasso (2007)

L'évaluation des déterminants de l'efficience technique de ces deux pratiques nous permettrait d'analyser les facteurs clés de cette efficience.

Nous présenterons ici les résultats de l'analyse menée pour le système 4 qui est en moyenne le système le plus efficient.

2.2.2.3 Déterminants de l'efficience technique

Les producteurs qui pratiquent le système 4 ont en moyenne 16 ans d'expérience dans la pratique du maraîchage. La taille de leur ménage se situe en moyenne aux alentours de 10 personnes et sont en majorité de sexe masculin (95%).

75% d'entre eux sont propriétaires de leur exploitation et 95% ont cultivé de la laitue en 2006-2007. Comparé à l'ensemble, nous pouvons supposer à priori que l'expérience, la taille du ménage, le genre du producteur, et la culture de laitue ont un impact sur l'efficience du système. Les résultats de la régression Tobit présentés dans le tableau 8 nous permettront de vérifier cette hypothèse.

Tableau7 : statistiques descriptives des variables explicatives intégrées à l'analyse Tobit

 

Tous systèmes confondus (N=381)

Système4 (N=48)

Variables continues

Variables muettes

Variables continues

Variables muettes

Moyenne

Max

Min

F(%)

pour X=0

F(%)

pour X=1

Moyenne

Max

Min

F(%)

pour X=0

F(%) pour X=1

Age

38.17

81

18

 
 

38.98

63

23

 
 

Tailmena

8.83

36

1

 
 

10.79

35

3

 
 

Msit

10.32

63

0.5

 
 

16.89

40

6

 
 

Sexe

 
 
 

10.24

89.76

 
 
 

4.17

95.83

Nivinst

 
 
 

60.10

39.90

 
 
 

60.42

39.58

Credit

 
 
 

96.06

3.94

 
 
 

97.92

2.08

Régfon

 
 
 

27.30

72.70

 
 
 

25.00

75.00

laitue

 
 
 

29.40

70.60

 
 
 

4.17

95.83

Dist

 
 
 

3.24

96.76

 
 
 

2.13

97.87

Source : Construction de l'auteur à partir des données de l'enquête FAO-Université de Bobo-Dioulasso (2007)

Le test du ratio de vraisemblance nous permet de valider l'adéquation d'ensemble de la spécification de notre modèle. La régression Tobit pour prédire le niveau d'efficience technique lié aux facteurs socio-économiques des producteurs est statistiquement significative au seuil de 1%. Le R² calculé entre les scores d'efficience observés et ceux prédits est de 0.5818 indiquant que les variables du modèle contribuent conjointement à expliquer 58% de la variation de l'efficacité technique.

L'âge, la taille du ménage, l'expérience du producteur, le régime foncier, la culture de la laitue et la distance du cours d'eau à la parcelle ont un impact significatif sur l'efficacité du système au seuil de 10%.

Contrairement, le genre, le niveau d'instruction, l'accès au crédit n'ont pas d'impact significatif dans notre modèle.

Tableau8 : Résultats de l'estimation Tobit pour les déterminants de l'efficience technique du système d'irrigation 4

 

Coefficient

Standard-error

T-stat

Age

-0.0094***

0.0024

-3.98

Sexe

0.0209

0.0955

0.22

Tailmena

0.0106***

0.0027

3.99

Nivinst

-0.0433

0.0312

-1.38

Msit

0.0056**

0.0028

2.02

Credi

0.0628

0.0947

0.66

Regfonc

0.0669*

0.0371

1.80

Lait1

0.3291**

0.1404

2.34

Dist

-0.4568***

0.1670

-2.74

cons

0.8095***

0.1501

5.39

RV test (test du ratio de vraisemblance) Ho : ( =)

 

Stat calculée

Stat lue (p=0.01)

Décision

Chi-deux (9)

46.075025

40.97

Rejet de ho

Ml (Cox-Snell) R2 = 0.58

*significatif au seuil de 10% ; **significatif au seuil de 5% ; ***significatif au seuil de 1%

Source : construction de l'auteur à partir des données de l'enquête FAO-Université de Bobo-Dioulasso (2007)

2.2.2.4 Discussion

L'efficience technique dans le maraîchage urbain et périurbain au Burkina Faso est plutôt moyenne. Quelque soit les systèmes d'irrigation utilisé, on estime à 0,55 la moyenne de l'efficience technique des producteurs.

Avec les niveaux d'intrants actuels, il y a une possibilité d'accroître les rendements d'au moins 40%. Les recherches en vue de l'amélioration des techniques de production dans le secteur sont à encourager.

L'efficience par système d'irrigation est également moyenne, les scores varient entre 0,54 et 0,57. Ces résultats rejoignent ceux de Speelman et al (2008) qui ont trouvé des scores de 0.49 pour des petits systèmes d'irrigation dans les provinces du Nord-Ouest en Afrique du sud. Les systèmes les plus efficients se distinguent par un approvisionnement au moyen des cours d'eau et une distribution par arrosoir. Le mode d'exhaure est soit manuel ou mécanisé à l'aide de motopompes. A priori, le mode d'exhaure à moins d'influence sur l'efficience des systèmes d'irrigation que la source d'approvisionnement et les modes de distribution. Une explication peut être trouvé par le fait que les sources d'approvisionnement sont généralement proches de la surface exploitée et que les efforts demandés pour les différents moyens d'exhaure sont alors sensiblement équivalents.

Les résultats révèlent également que, malgré leur plus grande efficience technique ces systèmes sont les moins utilisés par les producteurs et que celui le plus pratiqué est même le moins efficient techniquement. Il se différencie des autres par la construction de puits et/ou puisard comme source d'approvisionnement en eau. La faible efficience de cette source d'approvisionnement peut venir des investissements initiaux qu'elle requiert comparativement au cours d'eau. Aussi, le faible rendement des puits et puisards c'est-à-dire leur capacité de recharge par heure ne permet pas d'obtenir en permanence les niveaux d'eau nécessaire pour l'arrosage. De ce fait, de nombreux producteurs combinent différentes sources d'approvisionnement pour avoir de l'eau en permanence indépendamment des saisons. La popularité de ce système peut s'expliquer par le facteur de proximité entre la source d'eau et la parcelle cultivée, les habitudes de production et le mimétisme entre producteur.

Dans l'optique d'améliorer la production dans le MUP au Burkina Faso, ce résultat nous renseigne sur les pratiques à encourager et à vulgariser qui sont ceux qui combinent cours d'eau + exhaure manuelle/motopompes + arrosoir. Cependant, une contrainte importante à cette pratique est la disponibilité du cours d'eau qui est a priori aléatoire et les risques élevés de contamination liés à cette source d'approvisionnement. En effet, les eaux de surface sont incluses dans la catégorie des cours d'eau. Aussi, ces eaux sont plus exposées aux pollutions chimiques et microbiologiques, ce qui justifie la promotion de pratiques réduisant les risques pour la santé humaine et l'environnement.

Les facteurs agissant sur l'efficacité de ces technologies de production sont pour les plus significatifs, l'âge, la taille du ménage, l'expérience, le régime foncier, la culture de la laitue et la distance.

L'âge du producteur a un impact négatif sur l'efficacité de la technique. Diverses études trouvent contrairement un effet non significatif de l'âge sur l'efficience pour des producteurs de légumes (Speelman et al, 2008 ; T.Mkabela 2005). Cependant, l'effet de l'âge sur l'efficience est a priori imprédictible. En effet deux explications valables sont retenues pour cette variable : l'âge comme facteur d'expérience donc corrélé positivement à l'efficience comme dans l'étude de Dhungana et al (2004); ou l'âge comme réduisant le consentement à l'adoption de nouvelle technique donc négativement corrélé à l'efficience comme dans les travaux de Binam et al (2003). Dans notre étude, l'âge ne capte pas l'expérience. En effet les plus expérimentés se trouvent parmi ceux qui sont impliquées dans le systeme4 (en moyenne 16 ans de pratique du maraîchage) ou l'âge maximum est de 63 ans pendant qu'il est de 81 ans tout système confondu. Aussi, il ne capte pas non plus le second effet, puisque l'échantillon utilisé dans le Tobit est homogène, tous les producteurs pratiquant le systeme4. Ici, la variable âge capte la qualité de la force de travail du chef d'exploitation. Dans la zone d'étude les chefs d'exploitation sont eux-mêmes impliqués dans la production, aussi la technique d'irrigation est intensive en travail, donc plus l'âge augmente, moins le producteur est efficace. Des conclusions similaires ont été retenues par Awudu et Huffman (2000) pour des petits producteurs de riz au Ghana. Cet effet est cependant peu marqué (moins de 1%) car les exploitants sont aidés dans leur cultures par la main d'oeuvre familiale et ou salariée.

L'âge de l'exploitant ne devrait donc pas être un critère de choix pertinent pour la promotion de la pratique mais plutôt la moyenne d'âge de la main d'oeuvre sur l'exploitation.

L'effet de la taille du ménage est positif. En effet la grande taille du ménage permet de répondre à la demande en force de travail, requis pour l'exploitation du système 4 notamment pour l'exhaure à l'aide de motopompes, et la distribution par arrosoir. Ce résultat indique à priori que soient ciblés les producteurs ayant la capacité de mobiliser une force de travail importante au sein de leur ménage. Cette contrainte peut être levée par une main d'oeuvre salariée, ce qui par contre augmenterait les coûts de production. Cependant, avec les niveaux de productions moyens actuels et les améliorations possibles par gain d'efficience les producteurs peuvent faire face à ces surplus de coûts.

L'expérience et le système de régime foncier ont un impact positif sur l'efficacité du système. L'expérience accumulée au cours des années par le producteur, lui permet d'adopter de bonnes pratiques d'irrigation et facilite leurs bonnes mises en application. Pour la promotion de ce système les plus expérimentés pourrait donc être d'une aide considérable.

L'une des contraintes au MUP au Burkina Faso est la disponibilité en terres et la concurrence croissante entre l'agriculture et les autres activités urbaines. L'impact positif du régime foncier sur ce système de production pourrait quelque peu limiter l'extension. En effet étendre efficacement cette activité agricole dans l'espace urbain et périurbain demanderait une acquisition de terres par les producteurs, ce qui est très limitée. Cependant, vu le lien positif qu'il y a entre le régime foncier et l'efficience, les exploitants actuels devraient bénéficier de reformes visant à faire d'eux les propriétaires de leur exploitation afin d'optimiser leur efficacité.

La production de laitue qui est une culture laborieuse et à haut rendement impacte positivement l'efficience du système. En effet, plus exigeante que les autres légumes, les producteurs qui la cultivent essaient d'améliorer leur efficience par rapport aux autres producteurs et produits. Aussi, les profits escomptés incitent le producteur dans la bonne mise en oeuvre de sa technique de production. La promotion de bonnes pratiques d'irrigation dans le MUP au Burkina Faso doit encourager des cultures très rentables financièrement vu leurs grands impacts sur l'efficience technique.

Enfin, la distance entre le cours d'eau et la parcelle a un effet négatif sur l'efficacité. L'éloignement accroît l'efficience du producteur car il a le souci de minimiser son effort tout en arrosant convenablement sa parcelle. Contrairement, la proximité réduisant les efforts pourraient entraîner le gaspillage. Les producteurs doivent donc être formés à une utilisation efficiente de la ressource en eau disponible.

Les variables telles le genre, le niveau d'instruction et l'accès au crédit ne sont pas significatives. Chavas et al. (2005), pour des petites surfaces exploitées, ont également trouvé que le genre du producteur a un effet non significatif sur son efficience.

L'impact du niveau d'instruction sur l'efficience de petits producteurs varie d'une étude à une autre. Haji (2006), en Ethiopie, a trouvé un impact non significatif de cette variable sur l'efficacité tandis que Binam et al. (2004) trouve un effet positif significatif pour des producteurs camerounais. Cette différence s'explique selon Coelli et al. (1998) par le niveau d'instruction dans l'échantillon utilisé. Le faible niveau dans notre échantillon (39.58%), pourrait donc expliquer nos résultats par rapport à cette variable. Cette explication pourrait également être valable pour l'accès au crédit. En effet, les producteurs dans le maraîchage ont un accès très limité au crédit. Seulement 3.94% ont obtenu un crédit pour la production tous systèmes confondus et 2.08% parmi ceux qui utilisent le système 4. Pourtant, l'accès à un crédit pourrait lever la limite financière inhérente à l'adoption du système 4 pour l'acquisition de motopompes.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand