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Effets des rejets d'une usine de traitement de la cellulose sur la qualité des eaux du Ntsomo: Etude hydrologique et biologique du cours d'eau

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par Nectaire Lié NYAMSI TCHATCHO
Université de Yaoundé I - DEA en Hydrobiologie et Environnement 2004
  

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III.1- Mesures hydrologiques

Le tableau 2 résume les données hydrologiques du ruisseau Ntsomo.

Tableau 2: Résultats des mesures hydrologiques

Paramètre

Station

1

2

3

4

Pente (%)

8,59

0,80

0,80

0,18

Section mouillée (m2)

0,0087

0,1925

0,1450

0,2700

Vitesse (m/s)

0,090

0,067

0,178

0,200

Débit (m3/s)

0,787.10-3

12,9.10-3

25,8.10-3

54.10-3

· Profil en long

L'observation du profil en long du Ntsomo (fig.3) laisse entrevoir 3 tronçons de pentes relativement différentes. Le tronçon de plus forte pente (8,59 %) s'étend sur 640 m environ, de la source à l'entrée de l'étang d'Efoulan : c'est le cours supérieur du Ntsomo. Le tronçon de pente moyenne (0,80 %) constitue le cours moyen du Ntsomo avec une longueur estimée à 1360 m. Le cours inférieur qui constitue le dernier tronçon a une pente de 0,18 % et une longueur d'environ 3250 m (tableau 2).

· Section mouillée

La section mouillée est globalement croissante de l'amont vers l'aval (fig.4). On note

toutefois que la section à la station 3 est inférieure à celle de la station 2, ceci impliquant une accélération de la vitesse d'écoulement des eaux en ce lieu.

· Vitesse d'écoulement des eaux

La vitesse d'écoulement des eaux prise au niveau des stations d'étude varie de façon

irrégulière quand on va de l'amont vers l'aval (tableau 2). Elle baisse entre les stations 1 et 2, ce qui s'explique par la localisation de la station 1 sur le cours supérieur du Ntsomo où la pente est plus forte (8,59 %), tandis que la station 2 est située à l'entrée du cours moyen où la pente est moyenne (0,80). Toutefois, les autres fluctuations observées sont le fait de la pente du cours d'eau au niveau des stations d'étude.

· Débit

Le débit du Ntsomo augmente graduellement de la source vers l'embouchure. De 0,787.10-3 m3/s à la source on atteint 54.10-3 m3/s à la station 4 soit une augmentation d'environ 70 fois (fig.5). Cet accroissement du débit est dû aux apports latéraux des différents affluents débouchant dans le cours principal.

III.2 - Analyses physico-chimiques

III.2.1- Analyses physiques

· Température

La température de l'eau du Ntsomo varie très peu d'une station à l'autre. Les valeurs extrêmes sont 23,5 °C à la station 4 et 25 °C aux stations 2 et 3 (fig.6). On ne note pas de grandes différences entre ces valeurs et celles de la température de l'air prise à l'ombre au niveau des mêmes stations. En effet, l'écart maximal observé est de 1°C. La température de l'air est toujours supérieure ou égale à celle de l'eau.

· Matières en suspension

A l'état de trace à la source, la teneur en matières en suspension est maximale à la station 3 (fig.7). Cette forte teneur (160 mg/l) serait liée aux apports des effluents d'une porcherie située en amont de cette station. Il faut également noter que le rétrécissement du lit du Ntsomo en ce lieu favorise une accélération du courant qui remet les boues en suspension. Hormis cette station, les teneurs en matières en suspension restent inférieures à la valeur considérée normale (= 30 mg/l) par les critères d'appréciation de la qualité de l'eau présentés par Rodier (1996).

III.2.2 - Analyses chimiques

· pH

Les valeurs du pH obtenues indiquent que les eaux du Ntsomo sont faiblement acides. De 5,05 à la source, le pH augmente à la station 2 (6,50) et reste pratiquement constant aux stations 3 (6,49) et 4 (6,54) (fig.8). Ces mesures sont très proches de celles indiquées par Ajeagah (1997) sur l'Ekozoa et Ngangué (1999) sur l'Abiergué où le pH se situe entre 6,50 et 6,80. Ces valeurs permettent selon les critères de qualité présentés par Rodier (1996) et Arrignon (1998), de classer les eaux du Ntsomo dans la catégorie des eaux favorables à la reproduction et au développement de la plupart des espèces aquatiques.

· Conductivité électrique

La conductivité électrique est faible à la source (141 uS/cm) et très élevée le long du cours d'eau avec un maximum de 1675 uS/cm à la station 2 (fig.9). Les valeurs obtenues pour les stations 2 à 4 sont supérieures à 1000 uS/cm. Arrignon (1998) faisait remarquer que de telles eaux étaient soumises à une minéralisation excessive des matières organiques qui les rendait impropres à l'irrigation. Le maximum obtenu à la station 2 trouve son explication dans la proximité de cette station à l'étang d'Efoulan qui est un milieu lentique, propice à la minéralisation des matières organiques. Cette minéralisation étant essentiellement le fait des bactéries hétérotrophes (Billen et al., 1999).

· Azote ammoniacal et orthophosphates

La teneur en azote ammoniacal est faible à la source (0,05 mg/l) et s'échelonne entre 2,22 mg/l (ST3) et 2,74 mg/l (ST2) (fig.10). La teneur en orthophosphates quant à elle varie nettement le long du Ntsomo. La plus forte valeur a été obtenue à la station 3 (12,72 mg/l) et la plus faible à la station 4 avec 1,83 mg/l (fig.10).

La forte concentration de l'eau en orthophosphates observée à la station 3 s'expliquerait par l'apport des effluents de la porcherie qui se trouve dans son voisinage. Les ions orthophosphates sont la forme minérale du phosphore qui est un élément nutritif biogène favorable à la croissance des algues et macrophytes (Hecky & Kilham, 1988). Sa faible concentration à la station 4 serait la conséquence de son pompage par les algues du genre Spirogyra présentes à cette station, de même que par les macrophytes qui abondent dans cette zone de broussailles. Dans l'ensemble, ces teneurs en orthophosphates sont du même ordre de grandeur que celles obtenues sur l'Abiergué par Foto et Njiné (1997). Les mesures de l'azote ammoniacal obtenues sur le Ntsomo sont par contre nettement inférieures à celles indiquées sur l'Abiergué par les mêmes auteurs.

· DBO5 et DCO

Les valeurs de la DBO5 sont globalement élevées dans toutes nos stations d'étude. De 40 mg d'O2/l à la source, la DBO5 passe à 65 mg d'O2/l à la station 2 et à 70 mg d'O2/l aux stations 3 et 4 (tableau annexe 1). Le profil de la DCO a la même allure que celui de la DBO5 à l'exception de la station 4 où sa valeur (193,80 mg d'O2/l) est d'au moins deux fois supérieure à celle mesurée à chacune des deux stations précédentes (fig.11).

Ces valeurs de DCO et de DBO5 sont semblables à celles obtenues sur l'Abiergué par Foto & Njiné (1997) (DCO et DBO5 comprises respectivement entre 73,50 19,78 mg d'O2/l et 133,01 34,53 mg d'O2/l d'une part et 46,64 11,50 mg d'O2/l et 69,53 22,60 mg d'O2/l d'autre part). La DBO5 sur le Ntsomo est par contre supérieure à celle indiquée sur l'Ekozoa (DBO5 33,30 mg d'O2/l) par Ajeagah (1997).

Le rapport DBO5/DCO > 0,50 indique la présence dans l'eau de matières de dégradabilité facile et rapide (Anonyme, 2002). C'est le cas de l'eau du Ntsomo aux stations 1, 2 et 3. La valeur de ce rapport étant inférieure à 0,50 à la station 4, on peut dire que ce ruisseau accumule en ce lieu des substances difficilement biodégradables. Cette situation serait la conséquence du ruissellement jusque dans le cours d'eau des effluents industriels émis par SITRACEL S.A.

· Oxygène dissous

Les valeurs du pourcentage de saturation de l'eau en oxygène dissous obtenues sont faibles dans l'ensemble et ne présentent pas de grande différence d'une station à l'autre. Leur profil décroît continuellement de la source vers l'embouchure, avec une baisse régulière de 0,5 % de saturation en oxygène quand on passe de la station 2 à la station 3 puis 4 (fig.12).

La condition d'une saturation en oxygène d'au moins 50 % nécessaire au maintien d'un pouvoir normal d'autoépuration (Klein, 1959) n'est satisfaite dans aucune des stations d'étude.

Il est intéressant de rapprocher les faibles teneurs en oxygène dissous aux charges en substances organiques biodégradables (DBO5) qui restent élevées dans toutes les stations, ainsi qu'au fort degré de minéralisation des eaux. La biodégradation de cette importante charge en matières organiques s'accompagnant d'une consommation de l'oxygène dissous par les principaux agents dégradateurs que constituent les bactéries hétérotrophes (Billen et al.,1999) expliquerait les faibles teneurs en oxygène dissous observées.

III.3 - Composantes biologiques

III.3.1 - Chlorophylle a

Les mesures de la teneur des eaux en chlorophylle a et les valeurs de biomasses phytoplanctonique correspondantes sont présentées dans le tableau 3.

Tableau 3 : Résultats des mesures de la chlorophylle a et 

biomasse phytoplanctonique

Paramètre

Station

2

3

4

Chlorophylle a (ug Chla /l)

3,204

7,049

10,680

Biomasse

Phytoplanctonique (ug C/l)

112,14

246,71

373,80

On note une augmentation graduelle de la teneur en Chla de la station 2 (3,20 ìg Chla/l) à la station 4 (10,68 ìg Chla/l) (fig.13). La biomasse phytoplanctonique correspondant à chacune des stations d'étude est 112,14 ìg C/l ; 246,71 ìg C/l et 373,80 ìg C/l respectivement aux stations 2, 3 et 4 (tableau 3).

Cette augmentation graduelle de la biomasse phytoplanctonique est à rapprocher de celle du débit dont le profil est similaire. La croissance de la biomasse phytoplanctonique pourrait ainsi s'expliquer par les apports des différents tributaires débouchant dans le cours d'eau principal.

III.3.2 -Zooplancton

Au cours de cette étude, 444 individus zooplanctoniques ont été dénombrés sur le Ntsomo. Les Rotifères dominent nettement avec 56 % des individus observés, suivis des Arthropodes (19 %) où la super-classe des Crustacés à elle seule constitue les 86 % prédominés par la forme larvaire soit respectivement 249 Rotifères, 86 Arthropodes dont 74 Crustacés avec 50 larves Nauplii (fig.14, tableau annexe 2). Les Ciliés, les Annélides et les Helminthes représentent respectivement 13 %, 6 % et 5 % des individus dénombrés. L'embranchement des Mollusques est le moins représentés avec 1 % des individus observés.

Le profil de la densité zooplanctonique dans le Ntsomo montre une diminution progressive de l'amont vers l'aval (fig.15). Les résultats obtenus par Foto & Njiné (1997) sur l'Abiergué révèlent des densités de 230 ind./ml pour les deux ciliés Paramecium africanum et Colpidium colpada, une valeur supérieure à celle de la totalité des ciliés dénombrés sur le Ntsomo. Cette relative faible densité zooplanctonique serait liée à la faible biomasse phytoplanctonique relevée aux différentes stations d'étude, car selon Pourriot et al., (1982), l'abondance des algues nannoplanctoniques s'accompagne d'un peuplement important d'espèces zooplanctoniques.

La densité zooplanctonique globale à la station 2 est de 199 ind./l où les individus de l'embranchement des Rotifères représentent 64 % des spécimens observés, tandis que Ciliés, Annélides, Helminthes et Arthropodes ont respectivement 10 %, 10 %, 9 % et 7 % (fig.16). L'espèce Notommata pseudocerberus de l'embranchement des Rotifères représente à elle seule près de la moitié de l'effectif zooplanctonique (97 ind./l) à cette station (tableau annexe 2). On y rencontre également les genres Anuraeopsis et Brachionus, indicateurs des eaux â-mésosaprobes et l'espèce Rotoria neptuna qui caractériseles milieux polysaprobes et á-mésosaprobes (Kolkwitz & Marsson, 1908 cités par Verneaux, 1980).

A la station 3 où 154 ind./l ont été dénombrés (tab. annexe 2), on note une prédominance des Rotifères suivis des Ciliés et des Arthropodes avec respctivement 63 %, 18 % et 15 % des effectifs (fig.17). Les espèces dominantes sont Notomanata pseudocerberus et Anuraeopis fissa appartenant toutes à l'embranchement des Rotifères avec respectivement 39 % et 8 % des individus observés. Par ailleurs, la présence de Anuraeopsis fissa est caractéristique des eaux â-mésosaprobes (Arrignon, 1998).

La densité zooplanctonique à la station 4 est nettement moins importante qu'aux deux stations précédentes. On y rencontre 91 ind./l dont 54 % d'Arthropodes, 25 % de Rotifères et 11 % de Ciliés (fig.18). Annélides et Mollusques sont les moins présents avec respectivement 8 % et 2 % des individus dénombrés. Le Rotifère Notommata pseudocerberus dominant aux stations 2 et 3 est totalement absent ici. On y rencontre en outre, des Annélides du genre

Tubifex et des Rotifères du genre Anuraeopsis qui tous deux sont des genres caractéristiques des milieux â-mésosaprobes selon la classification de Kolkwitz & Marsson (1908) cités par Verneaux (1980). Drenner et al., (1993) et Havens (1994) montrent une importante diminution du zooplancton lorsqu'il est exposé aux substances chimiques en mésocosme. La baisse de la densité zooplanctonique observée à cette station vient conforter les présomptions de pollution des eaux par les rejets de SITRACEL. Par ailleurs, cette faible densité zooplanctonique pourrait être la conséquence de la présence de la zone de lessive et de baignade en amont de cette station ; Dejoux (1988) faisait remarquer que les eaux de lessive étaient l'une des causes du dépeuplement faunistique dans les eaux continentales africaines.

III.3.3 - Macroinvertébrés benthiques

Au cours de cette étude, 18 familles de macroinvertébrés appartenant aux embranchements des Mollusques, des Annélides et des Arthropodes ont été identifiées et dénombrées. 107 individus ont été dénombrés le long du Ntsomo, soit 12 annélides (11 %), 38 mollusques (36 %) et 57 Arthropodes (53 %) exclusivement de la classe des Insectes (fig. 19, tableau annexe 3).

Le profil de la densité des Macroinvertébrés le long du Ntsomo indique une plus grande densité à la station 3 (45 ind./ 5 épuisettes), suivie des stations 2 et 4 avec respectivement 36 ind./ 5 épuisettes et 26 ind./ 5 épuisettes ( fig. 20).

A la station 2, on observe 36 ind./ 5 épuisettes dominés par les Mollusques (59 %) dont les familles des Physidae et des Hydrobiidae avec respectivement 14 ind. et 6 ind./5 épuisettes (tableau annexe 3) constituent la moitié des individus dénombrés. On note en outre la présence des Annélides de la famille des Erpobdellidae (tableau annexe 3), qui sont indicateurs des milieux á et â-mésosaprobes (Kolkwitz & Marsson, 1908 cités par Verneaux, 1980).

A la station 3, 45 ind. ont été dénombrés pour 5 épuisettes avec une dominance des Arthropodes de la classe des insectes (62 %), les Mollusques et les Annélides constituant respectivement 29 % et 9 % des spécimens observés (fig.22). Les familles prépondérantes ici sont celles des Chironomidés de l'embranchement des Arthropodes (13 ind. /5 épuisettes)

et celle des Hydrobiidés de l'embranchement des Mollusques. Ces Chironomidés sont par ailleurs caractéristiques des milieux très pollués (Arrignon, 1998).

La densité des macroinvertébrés est moindre à la station 4. On y a dénombré 26 ind./ 5 épuisettes nettement dominés par les Arthropodes (81 %), les Mollusques et les Annélides représentant respectivement 15 % et 4 % (fig.23). Deux familles de l'embranchement des Arthropodes dominent ici : celle des Chironomidae avec 10 ind./ 5 épuisettes et celle des Coenagrionidae avec 7 ind./ 5 épuisettes (tableau annexe 3). Dans les eaux courantes, une certaine quantité d'invertébrés est constamment entraînée vers l'aval suite au phénomène de dérive (Dajoz, 1985). On se serait de ce fait attendu à une plus grande densité de Macroinvertébrés à cette station 4 située vers l'aval. La faible densité de Macroinvertébrés observée ici témoigne de la présence de substances toxiques qui inhibent la prolifération de ces organismes. En outre, elle confirme l'état de pollution des eaux à cette station par des rejets de la SITRACEL relevé par le rapport DBO5/DCO, se traduisant également par sa très faible densité zooplanctonique.

III.3.4 - Evaluation du degré de pollution organique des eaux au moyen

des méthodes biologiques

III.3. 4-1 Utilisation de la méthode des saprobies

Le calcul de l'indice de saprobie de Pantle & Buck (1955) des échantillons récoltés au niveau des stations d'étude donne des résultats relativement similaires (tableau 4) qui indiquent que les stations 2, 3 et 4 se situent dans la zone â-mésosaprobe (1 = S = 2,5).

Ces résultats confirment ceux des analyses physico-chimiques, qui montrent des mesures de DBO5 sensiblement égales d'une station à l'autre. La valeur relativement élevée de cet indice à la station 2, liée à la présence d'espèces indicatrices des milieux á-mésosaprobes et polysaprobes s'expliquerait par la proximité de cette station avec l'étang d'Efoulan situé en amont, en état d'eutrophisation avancée.

La qualité globale des eaux du Ntsomo reste toutefois meilleure à celle indiquée par Foto et al. (2002) pour les cours d'eau Aké, Ebogo, Ewoué, Ntem, Tongolo du même réseau hydrographique du Mfoundi, dont les niveaux de saprobie sont plus élevés.

Tableau 4 : Indice de saprobie de Pantle & Buck (1955) et Indice de diversité de

Menhinick (1964) et de Shannon & Weaver (1948) le long du Ntsomo

Paramètre

Station

2

3

4

Indice de

Menhinick

1,37

2,00

1,54

2,24

1,58

1,20

Indice de

Shannon & Weaver

2,29

2,83

2,48

3,23

1,96

2,29

Indice

saprobique

2,35

-

2,12

-

2,28

-

Niveau de

saprobie

â- mésosaprobe

-

â- mésosaprobe

-

â- mésosaprobe

-

Ciliés

Macroin-

vertébrés

III.3.4.2 - Utilisation des indices de diversité

L'abondance et la structure des communautés de macroinvertébrés inféodées aux habitats aquatiques sont en relation avec les caractéristiques physiques et chimiques des eaux, ce qui fait d'eux de véritables indicateurs biologiques (Hilsenhoff, 1997). Le calcul des indices de diversité de Shannon & Weaver (H') et de Menhinick (d) des Macroinvertébrés au niveau des différentes stations d'étude du Ntsomo indique des milieux de diversité relativement différente. Les valeurs obtenues indiquent une plus grande diversité à la station 3 (H' = 3,23 ; d = 2,24) suivie de la station 2 (H' = 2,83 ; d = 2), la station 4 (H' = 2,29 ; d = 1,20) étant la moins diversifiée (tableau 4). Le calcul de l'indice de diversité de Shannon et Weaver chez les Ciliés donne lieu à des interprétations similaires.

D'après Arrignon (1976) cité par Foto (1997), un indice de Shannon et Weaver inférieur à 2 indique une pollution permanente. Un indice supérieur à 3 est indicateur d'un bon état hydrologique alors que pour les valeurs comprises entre 2 et 3, la situation est douteuse. Dans notre cas, ces indices de diversité suggèrent une situation hydrologique douteuse pour les stations 2 et 3 et une pollution permanente à la station 4.

III.3.5 - Analyses bactériologiques

Les concentrations des coliformes fécaux et des streptocoques fécaux dans les eaux du Ntsomo s'échelonnent respectivement entre 8.103 et 11.103 UFC/100 ml pour les premiers et entre 12.102 et 15.104 UFC/100 ml pour les seconds. Les concentrations maximales de ces microorganismes ont été obtenues aux stations 2 et 3 respectivement pour les coliformes fécaux et les streptocoques fécaux (tableau 5).

46

Tableau 5 : Résultats des analyses bactériologiques (valeurs moyennes) et indication de

l'origine probable des souillures fécales observées dans le Ntsomo

Paramètre

Station

2

3

4

Moyenne CF/100ml

11.103

8.103

10.103

Moyenne SF/100ml

57.102

15.104

12.102

CF/SF

1,93

0,053

8,33

Origine probable des souillures fécales

Mixte

Animale

Humaine

CF   : Coliformes fécaux

SF  : Streptocoques fécaux

Ces résultats obtenus aux différentes stations d'étude attestent que les eaux du Ntsomo hébergent de fortes densités de bactéries fécales indicatrices d'une contamination d'origine fécale de ses eaux.

Considérant les rapports des moyennes de CF/SF, l'origine probable des souillures fécales a été établie d'après les critères de l'Agence américaine de Protection de l'Environnement (Nola et al., 1998). Ainsi, l'origine fort probable de la pollution selon ces critères est humaine si ce rapport est supérieur à 4, animale si le rapport est inférieur à 0,7 ; mixte si le rapport est compris entre 1et 2. La pollution a donc une cause essentiellement animale, mixte et humaine pour les eaux respectivement des stations 3, 2 et 4.

Les fluctuations spatiales de la densité des germes fécaux semblent fortement liées aux facteurs locaux tels que la densité des populations animale et humaine. La station 3 qui apparaît comme la plus contaminée en souillures fécales (fig.24) le doit à sa proximité à la porcherie dont les effluents se mélangent aux eaux du Ntsomo. Nos investigations ne révèlent que très peu de sources ponctuelles de contamination fécale le long du cours d'eau. Nola et al. (1998) indiquent toutefois que les propriétés physiques du sol de la région de Yaoundé (granulométrie, porosité et densité réelle) pourraient favoriser la pollution de la nappe phréatique. On comprendre dès lors que les eaux du Ntsomo puissent être contaminées par le biais de la nappe phréatique souillée par les nombreuses latrines et fosses septiques mal construites dans son bassin versant.

A l'endroit des populations riveraines du Ntsomo qui utilisent ses eaux à la l'abreuvement des animaux, la lessive et la baignade, ces résultats montrent les risques d'infection auxquels elles s'exposent. Selon Rodier (1996), il est admis qu'une eau est susceptible de contenir des microorganismes pathogènes chaque fois que la présence de matières fécales est prouvée.

Long de 5,25 km et ayant un bassin versant d'une superficie d'environ 6,42 km2, le Ntsomo est ruisseau du réseau hydrographique du Mfoundi qui subit des pressions diverses (pressions démographiques, décharges publiques, élevages, industrie, etc...), lesquelles affectent directement ou indirectement la qualité de ses eaux.

Les analyses physico-chimiques révèlent en amont une pollution organique d'origine urbaine à laquelle vient s'ajouter en aval une pollution industrielle provenant de SITRACEL S.A. Les paramètres indicateurs de pollution organique montrent une charge en substances organiques biodégradables (DBO5) globalement élevée le long du cours d'eau. Le rapport DBO5/DCO inférieur à 0,5 indique la présence à la station 4 de substances peu ou pas biodégradables, caractéristiques d'une pollution par les effluents industriels. Cette importante charge en matières organiques biodégradables justifie les niveaux de minéralisation excessifs et explique les faibles teneurs en oxygène observées le long de ce ruisseau, l'oxygène étant consommé par les bactéries et autres microorganismes hétérotrophes lors du processus de biodégradation des matières organiques.

L'examen du zooplancton révèle des densités relativement faibles le long du cours d'eau. Cette faible densité est la conséquence de ce que la biomasse phytoplanctonique reste basse sur toute la zone d'étude. Les Macroinvertébrés comptent 18 familles appartenant à trois embranchements (Mollusques, Annélides et Arthropodes). On note une plus faible densité des Macroinvertébrés à la station 4 qui rapprochée à la baisse de la densité zooplanctonique observée à cette même station atteste d'une pollution des eaux en ce lieu par les rejets de SITRACEL.

L'application de la saprobiontie aux peuplements infusoriens montre que ce ruisseau se situe dans la zone â-mésosaprobe avec une tendance -mésosaprobe observée à la station 2. Le calcul des indices de diversité de Shannon & Weaver et de Menhinick indique une meilleure qualité des eaux aux stations 2 et 3 comparée à la station 4 confirmant ainsi l'état de pollution industrielle des eaux à cette station.

Les eaux du Ntsomo hébergent de fortes densités de bactéries fécales, ce qui indique pour les populations riveraines d'importants risques épidémiologiques liés aux différents usages des eaux de ce ruisseau. L'origine des souillures fécales varie d'une station à une autre et peut être surtout humaine, animale ou même mixte ; ce qui traduit selon le cas la nature des activités anthropiques menées dans les secteurs environnant ces stations. Les populations riveraines en contact avec les eaux s'exposent à des risques sanitaires certains. Des études ultérieures impliquant la recherche des germes pathogènes donneront d'amples informations sur la nature et l'ampleur de ces risques épidémiologiques.

Les analyses physico-chimiques, biologiques et bactériologiques de même que les mesures hydrologiques telles que nous les avons menées ne nous donnent qu'une idée de la qualité des eaux du Ntsomo limitée à la petite saison sèche. Une étude de la dynamique de ces différents paramètres qui s'étendrait sur toutes les saisons de l'année constituerait une base de données pour une meilleure connaissance et une meilleure gestion de ce cours d'eau.

On se serait attendu à une meilleure qualité des eaux de la station 2 du fait de la situation à la sortie des eaux de l'étang d'Efoulan. Une étude de cet étang en vue de l'amélioration de la qualité des eaux du Ntsomo est à envisager.

Une évaluation au laboratoire des effets écologiques des effluents de SITRACEL S.A sur microcosme d'eau douce contribuerait à mieux appréhender l'impact de ces rejets sur le cours d'eau.

Les pollutions relevées dans le Ntsomo, qu'elles soient organiques, inorganiques, industrielles ou fécales soulignent la nécessité d'un suivi permanent de la qualité de ses eaux pour une meilleure gestion de cette ressource. A cet effet, des mesures visant à la réduction des flux polluants sont proposées :

- la sensibilisation des divers intervenants (riverains, pouvoirs publiques, opérateurs

industriels...) sur la nécessité de protéger les milieux aquatiques ;

- la construction dans les élevages de stations d'étangs ou de fosses d'aseptisation des

effluents avant leur rejet dans l'environnement ;

- l'installation d'une station d'épuration à la SITRACEL après l'étude sus-citée afin de

préserver le milieu naturel des méfaits dus aux déchets de sa production ;

- l'initiation des populations à la construction de latrines ou de fosses septiques

modernes afin de limiter les cas de contamination de la nappe phréatique ;

- la création à long terme d'organismes à l'instar de la DDASS, la DIREN, l'Agence de

l'Eau qui en France s'occupent de la surveillance de la qualité du réseau hydrographique, des milieux aquatiques sur les sites de production d'eau potable ou de baignade, de la police des eaux. 

Ajeagah, G.A. (1997). Application of artificial substrate: The polyurethane foams, for the

colonisation of ciliated protists, in assessing the pollution in an urban stream

in Yaounde, memory of master, The University of Yaounde I.

Agence de l'Eau (1993). Etude biologique de l'impact des aménagements sur les capacités

autoèpuratrices des cours d'eau. Etude inter agences, Paris. 

Angeli, N. (1980). Interactions entre la qualité de l'eau et les éléments de son plancton.

In: P. PESSON (Eds). La pollution des eaux continentales.

Paris: Gauthier - Villars.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon