WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Exploitation agricole des ressources naturelles de la région de l'Est du Burkina Faso: Diagnostic des risques et impacts environnementaux de la culture du coton dans la Province de la Kompienga

( Télécharger le fichier original )
par Alain Péoulé K. GOMGNIMBOU
Université de Ouagadougou - Master en Science et Technologie 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE II : CARACTERISTIQUES DE LA REGION

2.1. CARACTERISTIQUES BIOPHYSIQUES

2.1.1. Climat

Dans sa majorité, la région de l'Est est située dans la zone soudanienne. Le climat est de type soudanien au Sud et Sahélien au Nord. La zone est comprise entre les isohyètes 1200 mm et 400 mm (INERA, 2000). D'après PICOFA (2003), la zone la mieux arrosée dans la région de l'Est est située à l'extrême Sud dans les provinces de la Kompienga et de la Komandjari.

Selon une étude du MCE(2003), la province de la Kompienga est marquée par une saison sèche d'octobre à avril au cours de laquelle sont enregistrées les plus fortes chaleurs (mars, mai) et, une saison de pluies de mai à fin septembre.

La moyenne des précipitations annuelles enregistrées au cours des dix dernières années dans la ville de Pama est 901,87#177;1 80,23 mm.

ANNEE

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

Janvier

-

-

-

-

-

-

-

11,6

-

-

Février

-

-

-

-

-

-

-

-

1,2

15

Mars

22 ,7

-

-

-

-

5

-

-

-

-

Avril

28,8

77,4

11,8

53,5

21,1

13,9

46

22,6

62,4

13,1

Mai

50,6

147,7

73,2

144,7

90,3

67,1

148,5

88,9

64,8

74,1

Juin

197,2

166,1

83,5

148,1

102,1

79,6

103,9

91,5

143

96,5

Juillet

11,2

189

129,5

208,1

149,1

94,2

94,2

190,5

284,2

103,9

Août

209,6

244,7

349,1

232 ,3

359

204,6

323,2

109,5

197

165,2

Septembre

152,1

377

268,1

185,8

178,1

125,1

283,5

163,7

88,7

171,9

Octobre

34

74,2

45

47,7

16,7

69,9

19,7

3,1

68,8

97,2

Novembre

-

-

-

 

-

2

-

5,3

-

-

TOTAL

806,2

1296,1

960,2

1020,4

916,4

666,5

1019

686,9

910,1

736,9

Source : DPAHRH/Pama

Tableau 1 : Répartition temporelle de la pluviosité (en mm) à Pama

2.1.2. Sol, Relief et Géomorphologie

La géomorphologie du Burkina Faso témoigne d'une action érosive très ancienne menant vers le développement d'une pénéplaine généralisée, l'altitude moyenne est de 400 m. Le relief est essentiellement conditionné par la situation géologique.

A Pama (chef-lieu de la province de la Kompienga), le relief est de type pénéplaine avec des dénivellations faibles. Le point le plus culminant est à 356 m au sommet d'une colline située au Nord de Pama, le point le plus bas à 140 m à Mampa au sud de Pama (lit du Koulpéologo). Ces zones à relief accusé correspondent à des massifs circonscrits (Pama, Tindangou, Samboini, Diébiga). L'altitude moyenne varie entre 250 et 300 m. Cette altitude baisse progressivement jusqu'à 3 rivières principales : le Koulpéologo à l'Ouest, le Singou à l'Est et le Potiona au Nord (MCE, 2003).

Les sols constituent l'expression des actions combinées du climat, du relief, de la végétation et de l'homme sur la roche mère (TERSIGUEL, 1992). Du point de vue géologique, la région d'étude se caractérise par la prédominance du socle cristallin précambrien. Il reste que des vestiges de roches très anciennes, gréseuses ou gréso-schisteuses constituent le massif du Gobnagou et ses abords. Les principaux sols rencontrés sont :

- les sols ferrugineux tropicaux peu lessivés sur matériaux sableux, sablo-argileux ou argilo-sableux qui sont pauvres avec des teneurs basses en calcium, potassium et phosphore ;

- les sols peu évolués d'érosion, sur matériaux gravillonnaires ayant une profondeur insuffisante avec une faible capacité de rétention en eau ;

- les sols bruns tropicaux sur matériaux argileux qui ont un potentiel chimique élevé ; - les vertisols sur alluvions ou matériaux argileux qui ont une richesse minérale élevée ; - les sols hydromorphes à pseudogley sur matériaux à textures variées caractérisés par un

excès d'eau temporaire (PICOFA, 2003).

2.1.3. Le réseau hydrographique

D'après MCE (2003), la totalité de Pama appartient aux sous bassin versant de la Pendjari, elle-même affluent du Nakajima. La Pendjari et ses affluents ne coulent pas en saison sèche. Mais de nombreuses mares ou retenues permanentes sont situées sur le cours de la rivière. Le débit international sur la Pendjari est de 7,8m3 /s à la station d' Arly. Une retenue artificielle importante (la Kompienga) a été réalisée sur la rivière Ouali. La capacité de stockage est de

2,5 milliards de m3. De plus 3 grands ensembles hydrogéologiques sont constatés et sont caractérisés en fonction de la nature lithologique des formations aquifères : les granitoïdes, les formations schisteuses volcano-sédimentaires, les formations sédimentaires et superficielles.

En plus du lac du barrage, de nombreux points d'eaux serpentent la province :

- la Kompienga appelée aussi Kpenpiena ou Koulpéologo,

- la Bigou non permanente, - la Singou non permanente, - et la Pendjari permanente.

2.1.4. La végétation

D'après INERA (2000), la végétation de la région est caractérisée par une savane arbustive au nord et une savane arborée au sud.

Aussi, elle est de type « savane arborée », plus claire à proximité des villages avec le maintien d'un parc à karité, néré, tamarinier et baobab qui sont des espèces protégées et exploitées par les populations. Le tapis herbacé est continu avec une présence marquée de graminées pérennes dont andropogon (PICOFA, 2003).

La savane arbustive de type clair est dense et domine sur les versants à pente faible de la zone de marnage. Dans la zone plane ou en légère dépression, ils se forment les terrasses et les berges de la Kompienga et des autres cours d'eau qui sont dominés par la forêt galerie, la savane boisée et la savane marécageuse. Le potentiel floristique est dynamique dans les différentes zones de réserve totale ou partielle dans la province (DRED-EST, 2005).

2.1.5. Le potentiel faunique

L'espace protégé dans la région Est représente environ 11,3% des réserves fauniques du pays avec une faune abondante et variée (DRED, 2003). Ces aires de conservation ont été établies en vue de la préservation d'un patrimoine à la fois national et international. Très importante par la biodiversité, la zone abrite environ 55 à 70% des derniers éléphants du Burkina Faso et les derniers survivants Ouest Africains de quelques espèces telles que le guépard, le damalisque, le pangolin et le lycaon. Le Parc national d'Arly représente environ 26,57% des réserves fauniques du pays (CLARK, 1997).

D'après l'UPC de Pama (communication orale, 2006), la province abrite incontestablement les plus grandes réserves de faune cynégétique du pays. Elle est riche et diversifiée. On y rencontre les grands mammifères de l'Afrique de l'Ouest. Les espèces couramment rencontrées sont entre autres des éléphants, antilopes, singes, buffles, lions, hypotragues, hippopotames, bubales, waterbuk, phacochère, cynocéphale, hyène, cob de buffon, cob de roseau, céphalophe, ourébi et guib harnaché.

Il faut noter que le damalisque et la panthère sont deux mammifères que l'on rencontre de façon sporadique dans la forêt. Enfin, la faune aviaire compte également diverses espèces et il y a aussi la présence de reptiles.

2.2. CARA CTERIS TIQUES SOCIO-ECONOMIQUES

Les principaux secteurs économiques sont l'agriculture et l'élevage. L'agriculture est l'activité socio-économique la plus pratiquée dans la région Est et occupe la quasi-totalité des ménages soit environ 80% de la population (DRED-Est, 2003). Les systèmes d'exploitation agricole et les systèmes d'élevage sont décrits comme étant extensifs et fortement consommateurs des ressources naturelles (SPACK, 1997 ; INERA, 2000 et MAHRH, 2005).

2.2.1. Les systèmes d'exploitation agricoles 2.2.1.1. L'agriculture

SPACK (1997) fait constaté que l'agriculture des gourmantché repose sur une culture pluviale, extensive avec un outillage traditionnel et dans certains endroits de la région la terre est rarement labouré et dès que les premières pluies tombent, le paysan sème.

Les exploitants agricoles de la région de l'Est pratiquent l'agriculture et l'élevage de façon plus ou moins intégrée. La majorité des familles paysannes vivent de l'agriculture vivrière, pratiquée sur de petites exploitations, avec un itinéraire technique extensif : peu de fertilisants organiques ou minéraux, faible taux d'équipement en culture attelée. Dans la majorité des cas,

c'est la main d'oeuvre qui constitue le facteur limitant à la production, et dès qu'un exploitant peut faire l'acquisition d'une chaîne de culture attelée, il augmente ses surfaces en culture. Les cultures de rentes dans la région sont essentiellement le coton, l'arachide, le sésame et le niébé. Les autres spéculations sont le mais, le petit, le mil, le sorgho (INERA, 2000).

2.2.1.2. Elevage

L'Est est une réelle région d'élevage, les risques de concurrence avec l'agriculture pour le besoin en ressources naturelles sont présents. Dans toutes les provinces de la région le cheptel est important (SPACK, 1997).

Trois systèmes d'élevage coexistent dans la région :

L'élevage transhumant : c'est une zone de transhumance importante pour les animaux du sahel nigérien et burkinabé. Certains éleveurs basés dans la zone pratiquent par ailleurs la transhumance vers le Bénin et le Togo ;

L'élevage extensif sédentaire : celui-ci a pris beaucoup d'importance tant au niveau des éleveurs peulhs que celui des agropasteurs gourmantchés et mossis. Cet élevage est estimé à environ 1 bovin, 1 ovin et 1,5 caprin par habitant. Il représenterait 16% de l'effectif bovin burkinabé ;

L'élevage fermier : cet élevage est encore très marginal au plan quantitatif. Il est très lié à la culture attelée pour les bovins, il est davantage pratiqué pour les ovins, souvent par les femmes. Sur le plan technique, la pratique de l'embouche paraît assez « rustique » et serait susceptible d'amélioration permettant une rentabilité économique directe et une production beaucoup plus importante de matière organique (PICOFA, 2000 et DRED-Est, 2003).

2.2.1.3. La chasse, la pêche et le tourisme

Ces activités ont connu un essor grâce aux potentialités naturelles dont regorge l'ensemble de la région. En effet, cette zone fait partie d'un grand écosystème transfrontalier entre le Burkina, Bénin et Niger. Selon CLARK (1997) le taux de braconnage, le flux de visiteurs touristiques font preuve des potentialités fauniques dont regorge la région.

En 1995, la production totale de poisson était estimée à 2.500 tonnes/an grâce aux aménagements hydro-agricoles et le secteur hydraulique de la Kompienga, de Bilanga et Boudieri. Les recettes générées par la chasse sont de 129 850 500 FCFA (DRED-Est, 2004). La province de la Kompienga est réputée pour ses sites touristiques. Selon les statistiques de DRED-Est (2005) dans cette province, les recettes liées à l'activité cynégétique sont très impressionnantes. Elles sont passées de 65 753 500 FCFA à la campagne de 2002/2003 à 64 813 200 FCFA en 2003/2004 pour atteindre en 2004/2005 un montant de 66 725 700 FCFA. Cet effort économique provient essentiellement des activités de la pêche et de la chasse dans les différentes réserves forestières et zones aménagées à cet effet.

En somme, il est notoire que les activités liées à l'exploitation faunique procurent des revenus aussi bien aux populations impliquées dans la gestion de la faune qu'aux budgets de l'Etat et aux concessionnaires privés.

2.2.1.4. Les autres activités

L'activité industrielle est inexistante, elle se limite à la production d'électricité grâce au barrage de la Kompienga. Aucun site minier d'envergure n'a été identifié dans la province. Il existe cependant, une carrière d'exploitation de granite de bitumage à Pama. L'artisanat est surtout utilitaire et porte essentiellement sur la vannerie, la forge, la poterie et le tissage (des nattes surtout). L'artisanat d'art est peu développé (DRED-EST, 2005).

2.3. Activité cotonnière dans la zone 2.3.1. Contexte historique

Le processus d'extension de la culture du coton, en tant que culture commerciale, au Burkina Faso avait exclu les cercles de l'Est actuel (provinces du Gourma et de la Tapoa) jusqu'au lendemain de l'indépendance (SCHWARTZ, 1997a). D'après SCHWARTZ (1998) in SOMDA et al (2006), la population de l'Est en général pratiquait traditionnellement la culture du coton à des fins domestiques et vendait éventuellement les excédents sous forme de bandes tissées. Malgré la mise en place de l'appareil colonial français dans les années 1924 à 1929 qui rendait obligatoire cette culture et le dispositif d'encadrement (ORD) associé, la population de cette région ne s'est pas immédiatement convaincue à s'investir particulièrement dans la production de coton. C'est en 1989 avec le Projet de Développement Rural Intégré (PDRI) que la relance de la culture cotonnière a été affichée comme un objectif majeur dans la région.

2.3.2. Dynamique et défis de l'activité

Première culture de rente dans plusieurs systèmes d'exploitation agricole notamment dans les régions productrices, la culture du coton est en pleine expansion dans toute la région de l'Est. D'après UPPC-K (communication orale, 2006), la province de la Kompienga comptait 145 de GPC (Groupement de Producteur de Coton) qui sont repartis dans les trois (03) départements. Selon la même source, il y avait entre 12 à 45 membres dans chaque GPC ce qui fait 1.740 à 6.525 producteurs potentiels qui s'investissent dans cette spéculation.

On trouve ici l'explication de l'importance de cette filière dans l'économie des ménages et partant de sa place dans les stratégies de lutte contre la pauvreté de cette province.

Depuis la libéralisation du secteur du coton intervenu en 2000, l'exploitation et la commercialisation de la production de la région de l'Est est dévolue à la SOCOMA (Société Cotonnière du Gourma). Cette société dispose deux (02) usines dont la plus ancienne (installée à Diapaga) a une capacité de 30.000 T et la dernière est installée dans le département de Kompienga qui est opérationnelle en 2007.

De nos jours, les défis auxquels sont confrontés, cette filière sont énormes. D'après HAMSAR (2004) in (CSAO, 2005) les défis auxquels se heurtent le sous-secteur coton sont complexes. Des subventions accordées dans les pays développés qui affaiblissent le cour, l'augmentation de la production dans le monde, la concurrence accrue des fibres synthétiques, les innovations technologiques, les nouveaux moyens de lutte contre les parasites, la percée de la biotechnologique chez les producteurs des pays développés et d'Asie même d'Afrique du sud et les effets préjudiciables sur l'environnement.

Depuis l'introduction de la culture du coton dans la région de l'Est, elle est sujette à discussion. PICOFA (2003), fait constaté que tous les spécialistes de la gestion des ressources naturelles sont inquiets face au fort courant d'immigration et à l'expansion de cette culture, les conditions d'un développement durable et le maintien de fertilité sont peu assurés. La dégradation des ressources naturelles, peu réversible, fragilise le développement touristique de cette partie de la région.

La problématique environnementale de la culture de coton dans la région de l'Est est sans doute l'expansion des parcelles exploitées. Il est couramment admis que le paramètre extension des superficies emblavées semble militer en faveur de la destruction des ressources naturelles par cette culture.

En effet, les statistiques de MAHRH/DSA (2007) indiquent que 4800ha ont été emblavées dans la province en 2006 par les producteurs en coton.

2.3.3. Evolution spatiale de la production

Dans la région de l'Est, l'accroissement de la production a été conforté par le « plan de relance de la culture cotonnière adopté en février 1996 » et qui couvrait la période de 1995/2001. Ce plan prévoyait entre autre l'extension de la culture à des nouvelles zones productrices potentielles (50 000 ha envisagés dans l'est et le sud du pays Sissili et Comoé) selon MAHRH (2003).

En 1996, la production cotonnière de l'ensemble de la région de l'Est était de 2.280T pour atteindre 31 .055T en 2005 et 22.929T en 2006. Sur la même période considérée celle de la province de la Kompienga a évolué tendanciellement en hausse de 172T en 1995 et 5.706T en 2006(confère figure N°4).

Depuis l'année 2004, la production de la région semble se stabiliser autour de 30 000T.

En 11 années de campagne cotonnière soit de 1995 à 2006, les superficies emblavées et la production ont évalué tendanciellement vers la hausse.

35000

30000

25000

20000

15000

10000

5000

0

Année

R-Est KPG

R-Est= Région de l'est ; KPG=Province de la Kompienga

Source : MAHRH/ Direction des statistiques agricoles : Campagnes agricoles de 1995 à 2006

Figure N°4 : Production cotonnière de la Région de l'Est et de la province de la Kompienga

Par contre, les rendements de la région sont restés stationnaires et connaissent une baisse depuis 2004 ce qui s'est traduit par la baisse de la production. Le plus grand rendement obtenu par la province a été de 1208T/ha réalisé en 2006. La moyenne des rendements des 10 dernières années est 1035,54 T/ha pour la région tandis qu'elle est de 1054,33T/ha pour la province de la Kompienga.

1400

1200

1000

800

600

400

200

0

R-Est P-KPG

Année

Source : MAHRH/ Direction des statistiques agricoles : Campagnes agricoles de 1995 à 2006

Figure N°5: Evolution temporelle des rendements dans la région de l'Est

En revanche, les superficies ont aussi accru, mais à un rythme moins accéléré. En effet, de 1995 à 2006, les parcelles ensemencées ont évolué de 3.828 ha à 26.077 ha soit un accroissement de près de 7 fois pour la région Est alors que la province de la Kompienga a triplé les superficies emblavées de 2001 à 2006.

25000

20000

35000

30000

15000

10000

5000

0

Année

R-Est P-KPG

Source : MAHRH/Direction des statistiques agricoles : campagnes agricoles de 1995 à 2006
Figure N° 6: évolution des superficies emblavées en coton dans la région de l'Est

2.4. Conclusion partielle

En définitive, il faut mentionner que la région possède d'énormes potentialités fauniques, forestières et hydrauliques. Ce qui lui offre des atouts pour amorcer son développement économique. L'agriculture et l'élevage sont les principales activités qui occupent la population de la zone. Cependant, cet équilibre risque d'être rompu au regard de la forte migration que connaît la province. Cette migration s'accompagne d'un développement d'activités anthropiques notamment agricoles. Ainsi, l'expansion de la culture de coton dans ces dernières années est un facteur qui aggraverait les effets pervers sur l'écosystème de la région.

CHAPITRE III : PROBLEMATIQUE DE LA CULTURE DU COTON ET ECOSYSTEME

LECLECH (1998) définit l'écosystème comme l'unité écologique de base par un milieu physique, le biotope, et les organismes animaux et végétaux qui y vivent, la biocénose. Mais on ne peut pas réduire l'écosystème à l'énumération de ses composantes biologiques. Il convient aussi de décrire le milieu physico-chimique, et les relations qui s'établissent entre et dans tous les compartiments. Il ne faut pas non plus se contenter de dresser un tableau à l'instant `T» d'un écosystème, mais voir ou contraire sa dynamique d'évolution au cours du temps. Tout cela est conditionné par les facteurs biotiques et abiotiques extérieurs qui l'influencent. Les agro systèmes sont des écosystèmes agricoles c'est-à-dire les espaces où l'homme se livre à des activités de culture et d'élevage.

Dans les pays en développement en général, la problématique de l'environnement se pose surtout en terme de déséquilibre entre les ressources naturelles d'une part et les besoins sans cesse croissants de la population d'autre part. A la recherche d'une amélioration de leurs conditions de vie, les populations (dont le noble augmente à un rythme très rapide) exercent une pression accrue sur les ressources de leur environnement. Cette pression se traduit par la rapide diminution des ressources naturelles, une importante baisse de la biodiversité et une perturbation du fonctionnement global des écosystèmes naturels (CRE, 2001).

Le développement de l'agriculture est une priorité dans les pays africains et il est souvent tributaire de l'utilisation des pesticides pour accroître les rendements des cultures de rentes (coton, café, cacaoyer etc.). La protection des cultures contre les ravageurs, les maladies et les concurrents pour les éléments nutritifs, la lumière et l'eau est aussi ancienne que la culture des plantes elle-même. Exclusivement manuelles à l'origine, les méthodes de protection des cultures employées par l'homme se sont enrichies au cours du temps de procédés culturaux, mécaniques, chimiques, biologiques et biotechniques. L'utilisation de produits chimiques de synthèse y est considérée comme une mesure de secours (PAN, 1993).

3.1. Environnement international de la production cotonnière

3.1.1. La production mondiale

En 1998-1999, la production mondiale de fibre a été de 18,6 millions de tonnes contre environ une moyenne de 19 millions sur la période 1989-1991. Elle a connu une légère amélioration à la campagne de 1997-1998 avec une valeur d'environ 20 millions de tonnes. Mais à partir de la campagne 98-99 jusqu'en 2001, elle a fluctué entre 18 millions et 19 millions de tonnes (voir tableau N°2).

ANNEE

1998/99

1999/00

2000/01

2000/02

2002/03

Monde

18572

19051

19314

21438

19158

Chine populaire

4507

3832

4420

5313

4921

Etats-Unis

3030

3694

3742

4421

3747

Inde

2805

2652

2380

2678

2308

Pakistan

1372

1872

1785

1807

1698

Ouzbékistan

1002

1128

958

1067

1027

Brésil

521

700

939

766

827

Turquie

4495

4382

4306

4521

3730

Autres

4495

4382

4306

4521

3730

Source: United Department of Agriculture, Foreign Agriculture, Service, Cellular séries, 08-2003 in MEF et GTZ (2003).

Tableau N°2: production mondiale de coton fibre (en millier de tonnes)

En outre, on constate que sur la période de référence du tableau, les deux premiers producteurs demeurent la Chine et les Etats-Unis. Les deux pays, grands producteurs de coton, totalisent plus de 40% de la production annuelle mondiale de coton, avec des parts respectives de 23% et 19%. C'est donc dire que leurs politiques cotonnières influencent nécessairement le marché mondial (MEF, 2003).

3.1.2. La production au Burkina Faso

A l'exception pratiquement des provinces sahéliennes, le coton est cultivé un peu partout. Cependant, la principale aire cotonnière est située à l'Ouest ; elle s'étend sur le cinquième du territoire national et produit près de 95% du coton graines commercialisé par le Burkina. Cette aire bénéficie de conditions naturelles favorables à la culture de coton (MEF, 2003). Amorcé après 1947, le développement de la culture de coton est surtout notable à partir de la fin des années 1960. L'augmentation est progressive jusqu'au milieu de la décennie 1980 et à partir de 1994-1995, la croissance s'est accélérée (d'environ 88 000 T de coton graine en 84/85, elle passe à 406 000 T en 2003 pour atteindre 71 2707 T en 2005 (MAHRH, 2006).

En réalité, la forte augmentation de la production dans la deuxième décennie de 1980 masque d'énormes disparités régionales et intra régionales. En effet, à côté de la zone cotonnière qu'est l'Ouest, on trouve les régions Centre et l'Est du Burkina se présentant également comme des régions productrices.

400000

200000

800000

700000

600000

500000

300000

100000

0

Année

Production

Source : MAHRH/ Direction des statistiques agricoles : Campagnes agricoles de 1995 à 2006 Figure N°7 : Evolution de la production cotonnière au Burkina Faso

3.2. Les intrants chimiques et minéraux du cotonnier

3.2.1. Classification des pesticides chimiques

En plus des classifications basées sur les caractéristiques biologiques et physiques, il existe une classification chimique des pesticides. On distingue deux catégories principales de pesticides : les pesticides minéraux et les pesticides organiques. Les pesticides organiques comprennent à leur tour les substances botaniques ou pesticides naturels et les substances de synthèse.

Parmi les pesticides de synthèse, on retrouve principalement quatre groupes : les organochlorés (OC), les organophosphorés (OP), les carbamates et les pyrethrinoïdes de synthèses.

Les pesticides d'un même groupe chimique possèdent souvent les mêmes caractéristiques en ce qui concerne leur toxicité, leur persistance, leur mode d'action etc (voir Tableau 3). Un pesticide peut être désigné par sa formule chimique, son nom scientifique, son nom commun et son nom commercial. Le nom commun représente la matière active du produit. Une même matière active peut être vendue sous plusieurs noms commerciaux différents et être présentée sous plusieurs formulations différentes.

Matière active

DL 50

Classe

Délai

Cancéri-

Téra-

Toxi-

Toxi-

Nocif

 

(orale aigue

de danger

d'inter-

gène

to-

que

que

Pour

Formulation commerciale

sur rat

selon

diction

(exp.ani-

gène

pour

pour

Auxi-

 

en mg/kg)

CEE/OMS

avant récolte

mal)

(exp. animal

abeille

pois- son

liaires

Colonne 1

2

3

4

5

6

7

8

9

.Organochlorés aldrine

38 DD

/Ib

42

*

*

*

*

 

chloredane

460 DD

/II

 

*

*

 
 
 

DDT

113 DD

/II

42

*

*

*

*

 

dieldrine

46 DD

/Ia

42

*

*

*

*

 

endosulfan

80

T/II

60

*

 

*

*

4

heptachlore

100 DD

 

49

*

 

*

*

 

.Organophosphorés

 
 
 
 
 
 
 
 

Diméthoate

150

Xn/II

60

 
 
 

*

3-4

Malathion

2100

X/III

21

 
 

*

*

 

Ométhoate

50

T/IIb

42

 
 

*

*

 

parathion

13 DD

T/Ia

56

*1)

 

*

*

 

.Carbamates

 
 
 
 
 
 
 
 

Aldicarbe(themik)

0,93 DD

/Ia

 
 
 

*

*

 

carbaryl(sevin)

300

Xn/II

35

*

*

*

*

3-4

carbofuran(furadan)

8

Xn/Ib

70

*

*

*

*

 

méthomyl

17

T/Ib

14

 
 

*

*

4

.Fongicides bénomyl

10000

 

56

*

*

 

*

 

captafol

5000

 

35

*

*

 

*

1

captane

9000

 

28

*

*

 

*

1

folpel

7000

 

28

*

*

 

*

 

thirame

560

Xi/III

42

*

*

 

*

1-2

.Herbicides alachlore

atrazine

1200
2000

/III

90
90

*2)

 
 

*

1

glyphosate(roundup)

4320

 

42

*2)

 
 

*

1-2

paraquat
simazine

150
5000

T/II

14
70

*

*

 
 
 

DD :Dirty Dozen ; a :utilisation interdite ;

Colonne 3 : T=toxique ; Xn : nocif, Xi : irritant, Ib : très dangéreux ; Ia=extrêmement toxique/très toxique, II=modérément toxique/nocif, III= peu dangéreuxColonne 9 : 1=inoffensif ; 2=faiblement nocif ; 3=moyennement nocif ; 4=très nocif

Tableau N°3: Dangers potentiels de pesticides d'usage répandu

3.2.2. Rôle des produits phytosanitaires

Les pesticides sont des produits chimiques ou naturels qui permettent de lutter contre les maladies des végétaux, les insectes ravageurs et les rongeurs. Ils peuvent être des fongicides, des herbicides, des insecticides, des rodenticides, ou des nématocides. Chacun de ces produits à une fonction bien précise.

Pour aboutir à une molécule commercialisable, il faut en synthétiser environ 20 000. Les études biologiques et toxicologiques nécessitant 7 à 8 ans. Il y a actuellement près de 912 matières actives homologuées et plus de 8833 spécialités commerciales (LECLECH, 1998). Les maladies et ravageurs des cultures, les adventices entraînent des pertes considérables allant selon les régions du monde et les espèces cultivées de 20 à plus de 50% des récoltes potentielles. Utilisés dès le siècle dernier, des produits d'origine minérale comme le soufre (en 1857) ou la célèbre bouillie bordelaise (en 1884) ont permis de lutter efficacement contre les fléaux, importés d'Amérique que sont l'oïdium et le mildiou. Mais c'est avec le développement de la chimie de synthèse que la protection des cultures a trouvé ses principales armes (LECLECH, 1998).

D'après des statistiques, en culture cotonnière, H. armigera est le ravageur potentiellement le plus dangereux. On estime que 20% de la production de coton de la campagne 1991 a été détruite, du seul fait de cet insecte au Burkina Faso (MARA et al., 1995).

Selon KUMAR (1991), les insecticides sont à ce jour la principale arme de l'homme contre les insectes ravageurs. L'utilisation à grande échelle, des produits agrochimiques est l'un des atouts premiers facteurs de réduction des pertes causées par les ravageurs.

En Afrique et dans les pays du tiers monde en général, l'utilisation massive des pesticides a coïncidé avec la « révolution verte ». Elle s'est traduite par la mise au point de semences et de variétés améliorées à hauts rendements. En outre, elle a permis le développement des cultures d'exportation comme le café, le coton le cacao, le thé, le palmier à huile et les bananes. Les intrants agricoles étaient utilisés à fortes doses pour optimiser les rendements de ces produits (CRE, 1991).

Ainsi, il apparaît clairement l'importance de l'utilisation des pesticides en agriculture.

3.2.3. Caractéristiques principales des pesticides

L'utilisation des pesticides a des effets non intentionnels multiples. Les risques sont liés aux caractéristiques physico-chimiques (persistance, solubilité, coefficient d'adsorption) et toxicologiques des molécules en interaction avec la nature des sols et les conditions climatiques.

3.2.3.1. Transfert des produits phytosanitaires

Le sol reçoit in fine la plupart des produits phytosanitaires utilisés en agriculture et constitue donc la plaque tournante de leur devenir. A partir de cette matrice six (06) phénomènes peuvent avoir lieu à savoir :

· volatilisation,

· photodécomposition,

· entraînement par ruissellement, soit en solution, soit absorbés sur les particules,

· entraînement par lessivage,

· immobilisation par adsorption sur les argiles ou les matières organiques

· et dégradation physico chimique ou biologique par les micro-organismes du sol. Seuls les processus de photo décomposition et de dégradation participent à la disparition réelle du produit. Les autres mécanismes correspondent à des stockages où à des déplacements. La multiplicité des paramètres intervenant sur le devenir des molécules rend celle-ci difficilement prévisible (LECLECH, 1998).

3.2.3.2. Toxicité

PAN (1993) indique que le chemin que peut suivre une substance depuis la « frontière du système homme » vers l'intérieur du corps et l'action qu'elle peut y avoir dépendent avant tout de ses propriétés physico chimiques et toxiques.

Ainsi, la charge de matière active sur le lieu de travail dépend de plusieurs facteurs différents. Elle augmente avec la concentration du produit et la concentration de la matière active dans la formulation commerciale.

Les effets de l'exposition aux pesticides chez l'homme ou chez l'animal nécessitent de distinguer :

- l'intoxication aigue qui est liée à une pénétration massive du produit dans l'organisme. Les symptômes (digestifs, cardiovasculaires, respiratoires, nerveux) apparaissent peu de temps après le contact (24-48 heures). Cette toxicité est assez bien connue. Elle est évaluée par la DL50 ou CL50 ainsi que par des études sur les propriétés irritantes et allergisantes. Elle est exprimée en mg de matière active par kg de poids vif.

- L'intoxication chronique quant à elle est le résultat d'une exposition répétée ou continue à des doses faibles, les signes apparaissent souvent très tardivement. Les effets sont multiples : cancérigène, mutagène, tératogène, stérilité atteinte progressive d'un organes (foie, rein etc), baisses immunitaires (PAN, 1993).

Malgré la sévérité des procédures d'homologation, les données expérimentales, obtenues sur des cellules ou des animaux, restent difficilement transposables aux conditions naturelles ainsi que chez l'homme, les phénomènes de transfert dans l'écosystème, de bio accumulation d'interactions avec d'autres substances toxiques (engrais, solvants, tabac, alcool, médicaments), rendent le problème particulièrement difficile.

3.2.4. Les conséquences de l'usage des pesticides 3.2.4.1. Effets agronomiques non intentionnels

La simplification des systèmes de cultures et l'utilisation répétée de certains pesticides ont conduit à plusieurs phénomènes indésirables.

LECLECH (1998) décrit les trois (03) phénomènes de la manière suivante :

- sur les évolutions de flores: D'après cet auteur, l'application répétée d'herbicides ayant le même spectre d'activité, conduit à la raréfaction des espèces, et corrélativement favorisent le développement d'une flore adaptée, généralement moins active, mais à fort pouvoir de régénération.

Herbicides Utilisation Plantes favorisées

Phytohormones Céréales Graminées : vulpins, folle,

acétiques ovines, chiendents...

Urées substituées Céréales Ombellifère : gaillets

difénamide Tomate Solanacées : morelles, datura

nopropamide Colza, vigne Crucifères ; moutarde,

ravenelle, capselle

Propyzomide Choux, tournesol, Crucifères et composées

soja, pépinière

oxadiazon Vigne, vergers, Caryophyllacées : mouron des

Pépinières oiseaux céraistes...

Source : D'après LECLECH (1998).

Tableau N°4 : Spectre floristique après usage d'herbicide

L'évolution de la flore n'est qu'une conséquence de l'empirisme et de l'utilisation abusive du désherbage chimique. Les répercussions techniques sont lourdes, elles entraînent une complication notoire des interventions. Mais, les retombées économiques sont encore plus graves, l'apparition d'un tel problème impliquant toujours un surcroît du désherbage.

- la biodégradation accélérée des pesticides : L'usage répété d'un même produit sur un même site entraîne la prolifération d'une flore microbienne spécifique l'utilisant comme substrat. Il en résulte en quelques années une baisse progressive de la persistance agronomique du produit et par conséquent une chute d'efficacité.

De nombreux cas ont été signalés dans le monde principalement pour les insecticides (carbamates et organophosphorés) et quelques herbicides et carbamates uniquement. Cette famille semble donc particulièrement concernée. Bien que le phénomène soit encore limité, il exprime bien les dangers de la combinaison monoculture mono traitement.

- effet sur les organismes non visés : KUMAR (1991) fait écho des effets des pesticides sur les organismes non visés en ces termes : les insecticides affectent les processus biologiques de nombreux organismes vivants et peuvent donc s'avérer toxiques pour un grand nombre d'animaux autres que ceux appartenant aux espèces visées. Dans certains endroits où des traitements ont été effectués contre les insectes, des populations entières d'oiseaux ont été décimées ou largement réduites, des populations de poissons ont été considérablement abaissées et l'on a décelé des résidus de produits chimiques dans le tissu adipeux humain ainsi que dans la viande et le lait de bétail.

En Afrique de l'Ouest, l'utilisation de l'HCH( Hexachlorocyclohexane) a causé la destruction d'ennemis naturels de ravageurs dans l'écosystème du cacaoyer et a provoqué la multiplication d'espèces précédemment insignifiantes, qui ont pu atteindre des proportions de ravageurs (OWUSU MANU, 1976 ; KUMAR, 1979).

DE BOCH et BARLETT (1951) ont étudié les effets des insecticides sur les ennemis naturels des agrumes et se sont aperçus que l'augmentation intervenue dans les populations de chaque ravageur était liée à la domination du nombre des ennemis naturels (KUMAR, 1991).

Des recherches effectuées à long terme en nouvelle Ecosse, au Canada, sur une période d'environ 20 ans, ont montré que 52 espèces ravageurs des vergers des pommiers sont maîtrisées de manière efficace par leurs ennemis naturels. Dans le sud des Etats-Unis, l'usage

important d'insecticide sur le cotonnier a permis à l'araignée jaune d'acquérir le statut de ravageur économique, le nombre de ces insectes étant si élevé qu'ils envahissent

« Presque toutes les feuilles » (KUMAR, 1991).

3.2.4.2. Problématique des résidus

3.2.4.2.1. Les limites admises dans l'alimentation

Les études toxicologiques permettent de définir une dose sans effet sur l'animal le plus sensible (DSE en mg/kg de poids corporel) pour l'homme en adoptant un facteur de division d'au moins 100, parfois 500 ou 1000 si certains risques sont encore mal définis.

La teneur en résidu de récolte test multiplié par la consommation moyenne en aliment donne une évaluation de la charge en pesticide de la ration alimentaire. Si la DJA (Dose Journalière Admise) n'est pas atteinte, on retient cette teneur comme limite maximale de résidus (LMR en mg/kg) dans les denrées alimentaires. De la même manière, on fixera pour l'eau une concentration maximale admissible (CMA). Si les DJA sont unanimement reconnues, les LMR sont variables d'un pays à l'autre, du fait des modalités d'obtention et de réglementations différentes. En Europe, elle est basée sur la consommation quotidienne de 400g de fruits et légumes d'un homme de 60 kg : (LMR = DJA × 60 × 1/0,4).

Actuellement, dans le cadre de l'OMC, un comité sur les résidus de pesticides est chargé de l'harmonisation de celle-ci. Le « Codex alimentaire » élaboré conjointement par l'OMS et la FAO constitue dans l'immédiat la référence.

En 1980, la directive européenne (80/778/CEE) sur l'eau de boisson a fixé la CMA à 0,1 ug/litre (1 ug : 10-6 g) pour l'ensemble des produits phytosanitaires. La concentration totale en pesticides ne devant pas dépasser 0,5 u g/ litre.

De nombreux insecticides, et surtout les organochlorés comme le DDT (Dichloro-diphénil trichloroéthane), laissent des résidus dans les biotopes terrestres et aquatiques, provoquant une concentration cumulative dans la chaîne alimentaire et l'amplification biologique. Les résidus peuvent avoir des effets défavorables sur les écosystèmes, en créant un déséquilibre affectant la chaîne alimentaire, les insectes nécrophages, les relations insectes-hôtes, les relations insectes-plantes etc. Par ailleurs, une partie importante du produit chimique appliqué et des produits de sa dégradation peuvent persister pendant des années dans le corps des animaux, y compris le corps humain. De très faibles concentrations peuvent avoir des conséquences biologiques significatives. Elles peuvent causer des cancers (substance teratogène), ou provoquer des transformations génétiques (LINCER et al., 1981).

3.2.4.2.2. Développement des phénomènes de résistances

Rare en 1950, le phénomène de résistance concerne aujourd'hui plusieurs espèces d'adventices, de pathogènes et de ravageurs. L'acquisition de la résistance à un pesticide est principalement liée à deux mécanismes (LECLECH, 1998) :

· modification du site d'action : il s'agit de mutation ponctuelle affectant les gènes qui codent pour la cible du pesticide. C'est le cas de la résistance chloroplastique à l'atrazine développée par une cinquantaine de dicotylédones.

· Détoxication accrue : elle résulte, d'une amplification des gènes codant pour des enzymes dégradant ou neutralisant le pesticide de modification de la conformation de l'enzyme le rendant plus efficace ou de gènes régulateurs contrôlant le degré d'expression de ceux-ci. Par exemple, chez le puceron du pêcher (Myzus persicae), la résistance aux organophosphorés est due à une surproduction d'estérases. C'est également le cas de la résistance à l'atrazine des graminées adventices.

Le risque d'apparition de la résistance est d'autant plus élevé que la matière a un site d'action unique. Ainsi, la résistance se caractérise par un changement génétique en réponse à une sélection provoquée par un insecticide.

D'après GEORGHIOU et TAYLOR (1997), le nombre d'espèces d'insectes et d'acariens parmi lesquelles des souches résistantes ont été signalées, serait passé de 1 en 1908, à 364 en 1975 (tableau N°5). L'impact du développement de résistances dans la lutte moderne anti- ravageurs est extrêmement important. Les agriculteurs sont contraints d'utiliser des doses croissantes et d'effectuer des traitements plus fréquents pour tuer les mêmes nombres de ravageurs. Ceci entraîne, non seulement une perturbation de l'écosystème supérieure à ce qu'elle aurait été si l'on avait effectué des traitements moins fréquents à des doses plus faibles, mais aussi à des coûts plus élevés et une perte d'investissement dans la mise au point d'insecticides.

Année

Nombre total d'espèces résistantes

Nombre d'espèces d'insectes et d'acariens résistants contre 1,2,3,4 voire 5 groupes de matières actives

1 2 3 4 5

1938

7

7

0

0

0

0

1948

14

13

1

0

0

0

1955

25

14

18

3

0

0

1969

224

155

42

23

4

0

1976

364

221

70

44

22

7

1980

428

245

95

53

25

10

1984

447

234

119

54

23

17

Matières actives ; DDT « drines » (aldrine, diéldrine, endrine), organophosphorés, carbonates, pyréthrinoïdes Tableau N° 5 : Développement de résistances multiples d'insectes et d'acariens (d'après GEORGHIOU et TAYLOR, 1977).

Certaines souches d'insectes et d'acariens sont devenues à leur tour, résistantes à l'arsenic, au DDT ainsi qu'aux autres hydrocarbures chlorés, puis aux organophosphorés, aux carbamates et plus récemment aux pyréthrenoïdes et à l'ensemble des spécialités commercialisées par la lutte anti-ravageurs.

Le développement des phénomènes de résistance est le problème le plus urgent de la lutte moderne anti-ravageur. D'après l'OMS (1976) « la résistance est sans doute le plus sérieux obstacle ou combat contre les maladies transmises par des vecteurs et constitue la cause principale de la difficulté à éliminer valablement le paludisme dans de nombreux pays ».

Les cas de résistances signalés ne concernent pas seulement les insecticides les plus récents mais également les régulateurs de la croissance des insectes, les chimiostérilisants, et même les agents de la lutte biologique (SAWICKI, 1979).

3.2.4.2.3. Accumulation dans la chaîne alimentaire

Les organochlorés en raison de leur persistance élevée s'accumulent dans les chaînes alimentaires, le produit passe en s'accumulant par exemple dans les microorganismes aquatiques aux poissons et des poissons aux rapaces ou à l'homme. Les poissons et les crustacés représentent pour la population de nombreux pays en développement la principale source de protéines alimentaires. Ils sont souvent attrapés dans les rizières ou des lacs directement ou indirectement contaminés par des pesticides agricoles et de lutte contre les vecteurs. Un autre itinéraire d'accumulation même des aliments pour bétails contaminés aux animaux domestiques, puis à l'homme. Même, de petites quantités résiduelles d'organochlorés (voir Tableau N°6) passent presque sans perte de l'aliment aux réserves de graisse de l'animal ou dans le lait (PAN, 1993).

Chez les mammifères, les organochlorés sont transmis avec le lait de la mère à l'enfant, qui est plus vulnérable et qui les emmagasine à son tour. La contamination du lait est fonction de l'exposition de la mère. Ainsi, CETINKAYA (1985) in PAN (1993) a montré que les mères habitant en région rurale ont un taux de HCH dans le lait plus élevé que les mères citadines, et que la teneur en DDT du lait de mères vivant dans des régions de productions cotonnières est presque 4 fois plus élevé qu'en région urbaine. Une étude menée au Togo et au Sri Lanka par la GTZ (1978) in (PAN, 1993) sur les résidus à montré que plus 50% des échantillons de légumes dépassaient les normes : 90% des salades et les tomates du Sri Lanka étaient « non commercialisable ». Des études menées au Brésil de 1981 à 1982 et portant sur 1128 échantillons de poudre de lait, de conserves, d'huiles alimentaires, de beurre et de fromage, montrent à quel point les aliments peuvent être contaminés dans les pays en développement : 59% des aliments étudiés contenaient des pesticides en quantité supérieure à la concentration maximale autorisée. De même, en Inde, des études réalisées sur des légumes provenant de différents marchés de Bombay ont produit des résultats semblables : presque 50% des échantillons analysés contenaient des résidus de pesticides à savoir l'HCH, le lindane, l'aldrine, l'heptochlore, l'endrine, le DDT (KHADEKAR et al, 1982).

En Egypte, l'analyse de lait de buffle et de deux espèces de poisson a fait apparaître des taux de lindane, d'aldrine, de diéldrine, de DDT et d'Heptachlore surélevés dans le lait de buffle ; la plupart des échantillons de poisson contenaient du HCH, de l'heptachlore, de l'époxyheptachlore de l'hexachlorobenzène et du chlordane mais en concentration inférieure au lait du buffle. Ce qui est à rapporter au fait que les organochlorés s'accumulent dans les graisses et que les poissons contiennent moins de matières grasses que le lait (DOGHEIM et al, 1988). De même DUSZELN (1991) rapporte que 350 échantillons de céréales et produits aux céréales, légumineuses, pommes de terre, viande et fromage pour l'essentiel provenant de 18 localités au delta du Nil ont été analysés dans le cadre de cette étude qui visait les organochlorés et les organophosphorés. Il est apparu que ceux-ci étaient dépassés dans 43% des échantillons pour le HCH, 7% pour le lindane et 9% pour le DDT. Certains dépassements étaient considérables : le taux de DDT de quelques échantillons de pommes de terre était 90 fois, celui de lindane de 10 fois. Des concentrations de résidus très élevés ont également été constatées dans des échantillons de riz paddy, de farine de blé, de farine de maïs et de son de blé.

Pays

Eléments

Nombre
d'échantillon

Concentration du DDT en ppm Min Max

Soudan

Graisses

6

7,8

53

 

Lait

16

1,8

35

Sri Lanka

Graisses

5

11

102

Philippines

Graisses

10

1,2

26

Nicaragua

Graisses

10

19

179

 

Lait

5

24

43

Tanzanie

Graisses

8

2,6

41

Iran

Graisses

17

2,4

63

Thaïlande

Lait

98

0,75

28

Min=minimum ; Max=maximum

.Taux de DDT et de ses métabolistes dans les matières grasses.

Tableau N° 6 : Teneur en DDT de graisses et de lait humain dans des pays en développement (D'après GTZ 1978)

3.2.4.2.4. Contamination des matrices écologiques

Lorsque l'on applique un pesticide seul, une infirme partie de la quantité employée atteint les organismes visés, ravageurs et parasites. Plus de la moitié du produit passe directement dans l'atmosphère lors de l'application par une liaison avec les aérosols, les produits chimiques peuvent être transportés sur de longues distances et lavés à terre lors des pluies. Ce processus entraîne une diffusion égale des pesticides sur les continents et les eaux de surface. On peut trouver aujourd'hui des traces de pesticides dans le monde entier : dans le corps de manchots

de l'Antarctique comme dans les graisses des esquimaux d'Alaska ou jamais des pesticides n'ont été appliqués (PIMENTEL, 1983; RAMADE, 1986 in PAN, 1993; CRE, 2000).

3.2.4.2.4.1. Quelques expériences au plan mondial

En général, les pesticides peuvent passer dans l'air et contaminer l'atmosphère par plusieurs chemins : par dérive lors de l'application, par volatilisation depuis la surface du sol et des plantes et par entraînement par le vent de particules de sols contaminés.

D'après VANDENBROCK, 1979 ; OSIBANJO et BOMGBOSE ( 1990) in FAO, 1993 , les hydrocarbures chlorés (CLHC) en tant que substances hydrophobes ont un fort potentiel d'accumulation biologique dans les plantes aquatiques, les poissons et les mollusques et subissent une amplification biologique le long des niveaux trophiques.

SCHRIMPF (1984) a constaté que la pollution de l'air par des pesticides (diclarine, endrine, DDT) dans des régions urbaines de colombie est en rapport avec l'usage intensif de ces produits dans les surfaces agricoles voisines. Il a également constaté que la teneur en DDT de l'air était 10 fois plus élevée en Colombie qu'en Europe centrale. KAUSHIK et al. (1987) ont mesuré de fortes concentrations de DDT et HCH dans l'air de la capitale indienne New Delhi. Des analyses sur plusieurs années de l'eau du lac Mashu sur l'île Hokkaïdo du Japon ont fait apparaître des concentrations de lindane de plus en plus élevées dont les sources possibles de provenance sont la Chine et la Corée où ce produit est employé fréquemment PAN (1993).

En Californie, on a décelé des pesticides dans des gouttelettes de brouillard, des organophosphorés et de leurs produits de transformation par oxydation mais aussi d'herbicides tels que l'atrazine et la Simazine. La concentration de ces produits était considérablement plus élevée que l'eau de pluie (GLOTFELTY et al., 1987).

A Bhopal, l'analyse de l'eau de boisson a révélé des résidus de pesticides dont les concentrations moyennes pour le HCH étaient de 4,6 ppm dans les puits, 6,1 ppm dans les fontaines et 5,2 ppm dans les étangs ; pour le DDT 5,7 ppm dans les puits, 14,4 ppm dans les fontaines et 16,0 ppm dans les étangs DIKSHITH (1990).

Au Salvador, on a décelé des concentrations élevées des pesticides dans les eaux souterraines comme les eaux de surfaces dans les régions cotonnières. Dans les puits, l'aldrine et la diéldrine atteignaient des concentrations de 19ug/l et le DDT de 11 1ug/l (CALDERON, 1981 in PAN, 1993).

En France diverses enquêtes indiquent une prépondérance de contamination par le lindane et les triazines. Des composés retirés de la vente depuis plusieurs années ont également été identifiés (heptachlore, aldrine, diedrine, DDT). Ainsi, les résidus de pesticides dans les eaux souterraines présentaient des concentrations en lindane de 0,2 à 10,6 ug/l au nord de la France et en Atrozine 0,5 à 1 ug/l au sud la France (LECLECH, 1998).

HUNT et BISHOFF (1960) ont constaté que le phytoplancton d'un lac de Californie renfermait 5 ppm d'un insecticide voisin de DDT, le TDE alors que sa concentration dans les eaux n'était que de 0,014 ppm (RAMADE, 1978). L'alimentation expérimentale de bécasses avec des vers de terres contaminés à des doses d'heptachlore de 2,86 #177; 0,24 ppm, comparable

à celle que renferme les échantillons de ces annélidés prélevés en Louisiane dans leur territoire d'hivernage provoque après 35 jours la mortalité de 50% des oiseaux intoxiqués (STICKEL et al. 1965 in RAMADE, 1978).

De même RAMADE (1978) rapporte que la contamination des eaux douces par les pesticides exerce une influence catastrophique sur la faune ichtyologique. Celle-ci semble résulter en bien des cas d'un appauvrissement des eaux en matières alimentaires animales à savoir le zooplancton, larves d'insectes dont se nourrissent les poissons. A cet égard, les travaux canadiens relatifs aux effets, des traitements aériens avec le DDT des forêts du New Brusnswick conclu en définitive par la raréfaction des peuplements de Saumons des rivières qui en traversent ces régions et intéressent donc les écosystèmes limniques.

Une étude effectuée en 1949 et en 1951 sur la persistance des insecticides dans le sol, à Beltsville au Maryland, démontra qu'après 14 ans on pouvait retrouver 40% de chloredane, 41% d'endrine, 16% d'héptachlore et 45% de toxophène. Quand au DDT, après 17 ans la dose résiduelle était de 39% (CHAPUT et al., 1971).

3.2.4.2.4.2. Quelques expériences africaines

Les activités anthropogènes sont la première source ponctuelle de l'apport d'hydrocarbures chlorés dont l'environnement aquatique, les pesticides organochlorés (OCP) pénètrent dans l'environnement aquatique principalement à la suite d'application délibérés ou accidentellement, tandis que l'entrée des PCB dans le milieu aquatique est indirecte et principalement accidentelle. La production agricole vivrière nécessaire à la population du continent qui naît rapidement et celle des cultures de rapport nécessaire à son essor économique, ainsi que les activités menées depuis les années 1940 pour lutter contre les vecteurs de maladies représentent les principales sources d'apport anthropogène d'OCP (FAO, 1993).

Le destin final de ces polluants notamment leur répartition dans les différents compartiments de l'environnement aquatique dépendra d'un certain nombre de facteurs dont : la concentration, la dilution, la solubilité dans l'eau, les processus géochimiques qui se produisent, l'adsorption sur les sols, les particules en suspension et les sédiments, la lipophilicité et la bioaccumulation biologique dans les organismes vivants (KHAN, 1977).

Les résidus de ces produits chimiques toxiques trouvés dans l'eau, les sédiments, les poissons et autres biotes aquatiques peuvent constituer un risque pour les organismes aquatiques, pour leurs prédateurs et pour l'homme.

Dans les différentes régions africaines, la littérature existante permet de se faire une idée sur l'état de la contamination des ressources.

* En Afrique du Nord

Les rares informations dans la sous région reposent en grande partie sur des études qui ont été faites depuis la fin des années 70 en Egypte concernant les taux résiduels de CLHC dans différents compartiments écologiques des plans d'eau intérieurs et côtiers.

EL-SEBEA et ABU-ELOMAYEM (1979) avaient décelé des taux quantifiables de lindane, d'heptachlore, d'O-P' DDT de pp'-DDT à des concentrations allant de 100 à 950 ug/l dans le Nil dans une première étude en 1970.

SAAD et al. (1985) ont analysé des échantillons de sédiments composites prélevés en 1968 dans le lac de Monzalah et en 1970 dans le lac Mariant et dans l'hydrodrome de Nozha pour doser le DDT et les PCB. Alors que le lac Mariant et l'hydrodrome de Nozha présentent des concentrations relativement bas de DDT total (29,8 et 54,1 ng) respectivement, le lac de Manzalah avec 877 ng/g s'est révélé fortement pollué. Les taux de PCB ont été 17,8 ; 21,4 et 71,2 ng/g (lindane) ; respectivement pour le lac Mariant, l'hydrodrome de Nozha et le lac de Mozalah.

En 1978/79 ABU-ELAMAYEM et al. (1979) ont trouvé des taux de contamination dans le poisson de 34,98 ng/g (lindane) ; 38,96 ng/g (p,p'-DDE), 17,36 ng/g (p p'-DDT) et 60,76 ng/g (DDT total).

MACKLAD et al. (1984 b) ont suivi les taux de pesticides chlorés dont deux espèces de poissons provenant du lac Mariant et de l'hydrodrome de Nozha. Dans les poissons de l'hydrodrome les taux de DDE dans l'espèce Mugil allaient de 3,13 à 822,0 et de 3,0 à 1320,0 ng/g de poids humide, dans le muscle et le foie du poisson respectivement. Par ailleurs, on trouve encore du DDT dans les organismes aquatiques, bien qu'il soit interdit depuis plusieurs années. D'une manière générale, les concentrations des pesticides chlorés étaient moins élevées dans les poissons du lac Mariant que dans ceux de l'hydrodrome.

* En Afrique de l'Est

Les bassins versants de l'Afrique de l'Est et de l'Océan indien sont des sites d'agriculture intensive, d'urbanisation et d'industrialisation. La plupart des études portent sur l'analyse du biote et d'échantillons de faune sauvage les tissus musculaires et hépatiques de vingt neuf spécimens de poissons appartenant à sept espèces différentes ont été échantillonnés et analysés par EL-ZORGANI et al. (1979) du point de vue des isomères et des métabolites du DDT. Dix seulement des 58 échantillons analysés contenaient des concentrations décelables de résidus d'OCP. On a trouvé du P P'-DDE dans les dix échantillons (3-153) ng/g du poids frais tandis que le pp'DDT n'a été trouvé que dans trois échantillons (5-14)ng/g entre 6 et 184 ng/g. La source probable de contamination chimique du lac de Nubie est la région de culture du coton qui s'étend le long du Nil bleu et du Nil Blanc dans le centre du Soudan.

Sur la rive nord du lac Tanganyka, on cultive du coton, de la canne à sucre et du café, cultures qui font l'objet de pulvérisations aériennes de pesticides à raison d'environ 45 tonnes par an. Dans l'environnement marin, le DDT, l'endrine, l'aldrine, le toxophène et d'autres pesticides proviennent à l'océan Indien par l'intermédiaire des cours d'eau, mais proviennent aussi des grandes villes de Dar-Es-Salam Tanga, Lindi et Zanzibar (BRICESON et al., 1990).

PAASIVIRTA et al. (1988) ont analysé des échantillons prélevés dans le lac artificiel la retenue de Nyumba ya Mungu en Tanzanie. Les concentrations moyennes trouvées dans les sédiments étaient de 1 ng/g pour le DDE et DDD, de 3 ng/g pour le DDT, de 1 ng/g pour le lindane de 4 ng/g pour la diéldrine et de 131 ng/g pour la Tanzadrine, un photo-métabolite de

la diéldrine. Les valeurs moyennes trouvées dans les plantes aquatiques, par gramme de poids secs ont été de 15 ng de DDe, 18 ng de DDT, 4,5 ng de lindane, 27 ng et 25 ng de tanzadrine. Des oiseaux piscivores (martins-pêcheurs et cormorans) qui ont été contaminés par le biais de la chaîne alimentaire contenaient 10 ng/g de diéldrine et de 60 à 200 ng/g de DDE (KOEMAN et al., 1972).

MUGACHIA et al (1992 a, 1992 b) ont décelé un niveau moyen de DDT total moyen observé dans les requins était de 702 ng/g (la valeur la plus élevée a été de 3415 ng/g). Les taux de résidus du groupe HCH allaient de 4 à 290 ng/g. Dans les poissons d'eau douce, le DDT allait de 52 à 11125 ng/g.

* En Afrique de l'Ouest et du Centre

Selon FAO (1994), pendant plus de trente ans, de nombreux insecticides chlorés ont été utilisés dans cette sous région pour l'agriculture. La lutte contre les vecteurs de maladies et la santé publique, mais peu de données concernant les quantités employées sont disponibles. OGUNLOWO (1991) a étudié la présence et la concentration de CLCH dans 9 cours d'eau de l'Etat d'Ondo, grande région cacaoyère du Nigeria. Il a trouvé (en ng/l) les valeurs suivantes : lindane ND-6,4 (2,4), heptachlore ND-5,0 (2,1). OKONNA (1985) a mis en évidence la présence de résidus de pesticides dans les eaux de la lagune de Lagos. Les concentrations trouvées, en ng/l étaient les suivantes : lindane 85,3 ; aldrine 19,3 ; DDe 12 ; HCB 1,9 ; endrine 12,5 et diéldrine 28,0.

SUNDAY (1990) a analysé 20 échantillons de sédiments provenant de rivières et de cours d'eau passant dans la ville d'Ibadan, dans l'Est d'Oyo. Les concentrations moyennes en ng/g de poids sec étaient les suivantes : diéldrine (1,4) ; á- HCH (1,6) ; aldrine (0,04). MARCHAND et MARTIN (1985) ont évalué la contamination des sédiments de la lagune Ebrié par le DDT et ses métabolites, le lindane et le PCB. Les concentrations en ng/g (poids sec) sont de l'ordre de : lindane 0,5-19 ; DDE 0,2-149 ; DDO 0,2-803 ; DDT 0,2-354 ; PCB 2- 213. Deux sites critiques ont été mis en évidence : la baie de Bietry et la baie de Marcory qui sont fortement polluées.

Une étude réalisée en 1988-1989 par la faculté des sciences de l'université du Bénin au Togo montre que toutes les eaux y compris celle du robinet, sont souillées par l'aldrine et accessoirement par l'heptachlore, le lindane, l'endrine et le DDT (CRE, 2000).

Au Bénin, SOCLO et KABA (1992) ont relevé les concentrations moyennes suivantes pour les poissons : HCB < 0,016 ; lindane 0,10 ; heptachlore 0,02 et DDT 1,86 ; en ng/g, de poids frais.

En Gambie, JALLOW (1988) a trouvé les concentrations moyennes de lindane en ng/g en poids frais suivants : poisson 0,029 ; crevette 3,07 et huître 1,74.

* En Afrique Australe

MHLANGA et MADZIVA (1990) au Zimbabwe ont communiqué les concentrations de HCH, aldrine, diedrine et DDT total trouvés dans différentes matrices du lac Mclluwaine. Les valeurs obtenues (fourchette, moyenne) ont été dans le poisson (ng/g en poids frais) : á -HCH ND-240(04,1) ; diéldrine ND-24 (1,33) ; DDT total (66,6) ; dans l'eau (ng/l) : á -HCH 26-270

(100), diedrine 10-530 (200), DDT total 30-700 (400) et dans les sédiments (ng/g en poids frais) : HCH 2,0 -42 (16) ; aldrine ND-12 (1,0) ; diéldrine ND-16 (5,0) ; DDT total 32-146 (76).

MATHIESSEN (1983) a mesuré les concentrations de DDT et de ses métabolites dans les compartiments écologiques des principaux cours d'eau se déversant dans le lac Kariba. Les valeurs obtenues ont été < 20-300 ng/l dans l'eau, 40-740 ng/g en poids humides dans les sédiments, 170 ng/g en poids frais dans le muscle des poissons et 150-740 ng/g en poids frais dans les mollusques. Les taux de résidus ont également été mesurés dans le foie de poisson (440ng/g en poids frais) et les ovaires de poisson (360 ng/g en poids frais).

3.3. CONCLUSION PARTIELLE

Les impacts de la culture du coton sur les écosystèmes ont été décrits et mis en évidence. L'usage des intrants chimiques (pesticides et fertilisants) permet certes d'améliorer les rendements mais ont été des sources des dégâts collatéraux. Ces effets qui, très souvent, vont au delà des agro-systèmes dans lesquels cette culture est pratiquée peuvent affecter tout l'écosystème. Aucune matrice écologique n'est épargnée des risques de contamination. Au vu de ces données, la zone cotonnière Est du Burkina Faso n'est pas à l'abri de ces risques eu égard à la dynamique de l'expansion de cette spéculation.

Deuxième partie : MATERIEL ET METHODOLOGIE

précédent sommaire suivant










Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy



"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire