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Exploitation agricole des ressources naturelles de la région de l'Est du Burkina Faso: Diagnostic des risques et impacts environnementaux de la culture du coton dans la Province de la Kompienga

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par Alain Péoulé K. GOMGNIMBOU
Université de Ouagadougou - Master en Science et Technologie 2007
  

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CHAPITRE I : CADRE DE L'ETUDE

1.1. La zone d'étude

La province de la Kompienga comprend trois départements qui sont : Pama, Kompienga et Madjaori (Figure 8). Elle a une superficie totale de 6.998Km2 dont environ 1/3 est occupé par les réserves forestières alors que les réserves de faune occupent un total de 41 7.000ha. Les visites ont concerné chacun des départements. Dans chaque département, les villages où la production cotonnière est effective ont été visités.

Figure N°8 : Localisation des sites d'étude

1.2. Justification du choix du site

L'exploitation durable des ressources naturelles à des fins agricoles est confrontée à des contraintes d'ordre socio-économique mais aussi technique. Ainsi, au regard des besoins sans cesse croissants des communautés en terre, en eau, en ressources forestières animales etc., les techniques et les approches se révèlent de plus en plus inadaptées ou sont mises à rude épreuve et il s'impose d'entreprendre des actions pour contribuer à atténuer les effets préjudiciables sur l'environnement.

Pour la présente étude, les raisons qui ont conduit au choix de cette province sont les suivantes:

- la production cotonnière est à ses débuts, mais on note qu'il y'a tous les profils de producteurs anciens et nouveaux; ce qui offre des perspectives pour la prise en compte des effets dommageables sur l'environnement ;

- de nombreux acteurs de terrains s'interrogent sur les risques environnementaux de cette culture en rapport avec l'équilibre écologique de la région;

- cette Province fait partie de la Région de l'Est qui regorge d'énormes potentialités fauniques du pays d'où la nécessité de contribuer à une meilleure compréhension de la dialectique expansion de la culture de coton et préservation de la biodiversité pour l'adoption des mesures adéquates pour leur gestion rationnelle.

CHAPITRE II : APPROCHE METHODOLOGIQUE 2.1. Contacts et identification des sites

La mise en oeuvre de cette étude a nécessité des concertations avec les services provinciaux qui participent à la gestion intégrée des ressources naturelles et à la protection de l'environnement. Des entretiens informels ont donc été organisés avec les directeurs de la DPECV, DPRA, DPAHRH, et les chefs de services et projets tels que l'UPC, le PNGT et le PAIE en vue d'identifier les sites et les organisations de producteurs. Puis, avec les techniciens de la SOCOMA et l'UPPC-Kompienga nous avons obtenu des informations sur les GPC de chaque département. Cette étape de contacts et d'identification a facilité le repérage des producteurs et facilité les travaux de collecte de données.

2.2. Les hypothèses de recherches

Hypothèse générale est que l'introduction de la culture du coton dans la région de l'Est occasionnerait des préjudices au niveau environnemental.

De façon spécifique :

y' Les pratiques agricoles actuelles présenteraient des risques pour les ressources naturelles.

y' Les retombées socio-économiques constitueraient le facteur important de l'attrait pour la culture de coton.

y' La perception des risques environnementaux chez les producteurs pourrait contribuer à l'atténuation des effets dommageables.

2.3. Méthodologie de collecte des données : les enquêtes

La méthodologie mise en oeuvre dans la collecte des données de cette étude est basée sur une approche holistique impliquant tous les acteurs de la préservation de la biodiversité et la production de coton (Tableau 7). Ainsi, les organisations socioprofessionnelles, les services techniques et les producteurs de coton qui sont concernés par l'utilisation potentielle et la gestion des ressources naturelles ont été pris en compte. En effet, la connaissance des rapports entre les différents utilisateurs des ressources ainsi que la façon dont elles sont gérées pour satisfaire les besoins des populations sont fondamentales pour un développement durable.

Ainsi, une méthodologie spécifique a été adoptée pour chaque acteur :

i) Un questionnaire a été administré aux producteurs de coton (chefs d'exploitation).

ii) Une Interview Semi Structurée (ISS) avec un focus-groupe a été appliquée aux autres producteurs (éleveurs, pêcheurs maraîchers, apiculteurs et CVGF). Les axes essentiels de l'entretien ont été préalablement répertoriés dans un guide d'entretien (check-list).

iii) Avec les services techniques des entretiens ont eu lieu autour de la problématique du coton et des risques environnementaux de cette culture.

iv) Des observations directes sur les pratiques agricoles ont été faites durant l'enquête.

Province Autres producteurs Producteurs de coton Services techniques

Kompienga

Eleveurs

Pécheurs

Maraîchers Apiculteurs CVGF

Membre de GPC Non membre de GPC

Environnement et CV

Agriculture

Ressources halieutiques Ressources animales

PNGT, UPC
Santé, PAIE

Source : Données de l'enquête (2006 et 2007)

Tableau N° 7 : OP et service Technique touchés par l'enquête.

2.4. Outil de diagnostic des sources et facteurs de risques

De nombreux outils de gestion de risque ont été développés en cindynique. Les méthodes MOSAR, AMDEC, HAZOP et HACCP sont utilisées selon les opportunités et surtout la nature du risque à diagnostiquer.

Pour l'identification des sources et facteurs de risque, la méthode MOSAR (Méthode Organisée Systémique d'Analyse du Risque) a été utilisé. C'est une méthode générique qui permet d'analyser les risques techniques d'une installation humaine et d'identifier les moyens de prévention. Selon DASSENS et al (2007) cette méthode est adaptée à l'étude des milieux et permet d'avoir une vision globale des risques engendrés par l'installation. En outre, elle permet de rechercher les dysfonctionnements techniques et opératoires d'une installation ou d'un procédé dont les enchaînements peuvent conduire à des événements non souhaités. Le schéma suivant montre son principe.

Evénement initiateur : événement à l'origine d'un changement d'état ou de situation d'une source de danger du système, il peut être d'origine interne ou externe au système source de danger.

Source de danger : origine du flux de danger, elle est susceptible d'endommager une cible

Evénement initial : événement redouté qui caractérise le point de transition d'une situation normale vers une situation défaillante.

Flux : transaction non désirée du système source avec son environnement sous, forme d'énergie, de matière ou d'information.

Evénement terminal : événement qui résulte de l'aboutissement du flux initié par l'événement initial vers un état perturbé du système (fait avéré quantifiable qui agit sur la cible).

Cible : partie influée par le champ de danger.

Effets supposés : dégâts potentiels sur la cible, engendrés par l'événement terminal.

L'analyse du risque étant une démarche complexe, il faut se donner le maximum de chance de mettre en évidence la majorité des risques d'où l'utilité d'une méthode logique comme MOSAR qui fait appel à la modélisation systémique car après avoir décomposé l'installation en sous-systèmes et recherché systématiquement les dangers présentés par chacun d'entre eux, ces sous-systèmes sont remis en relation pour faire apparaître des scénarios de risques majeurs (PERILHON, 1999).

2.5. Plan d'échantillonnage

L'échantillon qui a fait l'objet du suivi provient des exploitations cotonnières et des autres organisations socioprofessionnelles paysannes présentes dans le site d'étude (voir tableau 8).

. Les exploitations cotonnières : l'échantillon des producteurs a été identifié et choisi à partir de la liste des GPC présents dans la province et en fonction de leur répartition géographique. L'objectif était de couvrir au plus que possible l'ensemble de la province.

Sur environ 145 GPC (dont 70 pour le département de Pama, 45 pour celui de Kompienga et 30 pour celui de Madjoari) que compte l'ensemble de la province (Communication de l'UPPK, 2006), une soixantaine (60) d'exploitations agricoles cotonnières appartenant à trente sept (37) GPC a été retenue pour l'étude sur la base du volontariat mais aussi de l'accessibilité des sites de production.

. Les autres organisations de producteurs paysans : il s'agissait d'organisation d'éleveurs, de pêcheurs, de groupement de gestion des forêts, d'apiculteurs, de maraîchers dont 157 de leurs membres ont été contactés et ont pris part aux discussions de groupe.

Au total, ce sont 19 villages de la province qui ont été visités lors de l'enquête (Cf. liste jointe en annexe).

Département
Organisation

Pama

Kompienga

Madjoari

Total

Cotonculteur

31

14

15

60

Eleveur

59

16

8

83

Pêcheur

8

16

-

24

CVGF

-

-

23

23

Apiculteur

15

-

-

15

Maraîcher

12

-

-

12

Fréquence

57,60%

21,20%

21,20%

100%

Source : Données d'enquêtes (2006 et 2007)

Tableau 8 : Répartition géographique de l'échantillon de producteurs

2.6. Choix des variables

L'objectif principal étant de diagnostiquer les risques et impacts environnementaux liés à la culture de coton, trois thématiques ont été considérées : (i) la caractérisation de l'activité, (ii) l'appréhension des risques sur l'environnement et (iii) l'opinion qui se dégage et la formulation des solutions. Les questionnaires et le guide d'entretien ont été élaborés autour de ces thématiques. Les paramètres d'intérêt peuvent être résumés de la façon suivante :

Les incidences socio-économiques : Il s'agit d'évaluer les retombées financières, les facteurs de production, les changements intervenus en terme d'abandons ou non par les producteurs, de produire d'autres spéculations végétales après avoir introduit la culture de coton. De même, les motifs de maintien ou d'abandon de la culture de coton, les sources de motivation des producteurs pour cette culture et l'ancienneté dans le métier ont été considérés.

Pour l'appréciation de la rentabilité, à défaut de pouvoir faire une comparaison avec les autres spéculations, un calcul simple a été fait pour déterminer la marge brute de la production de coton. Il s'est agi de déduire les dépenses effectuées pour les intrants agricoles (pesticides, engrais et semences) du prix d'achat du coton. Enfin, les acquisitions réalisées par les producteurs grâce au revenu tiré de la production de coton ont été évaluées.

Facteurs de dégradation des ressources de l'écosystème : La dégradation de l'écosystème étant liée à des facteurs anthropiques et naturels, il nous a paru indispensable de prendre en compte les intrants chimiques utilisés (nature, lieu d'approvisionnement), le mode opératoire pour le dosage, les pratiques agricoles (jachère, la succession culturale, le mode d'épandage des pesticides et l'usage des pesticides du cotonnier sur d'autres spéculations.

Risques environnementaux : Pour analyser les risques environnementaux liés à la production de coton, les paramètres suivants ont été considérés :

- la distance des points d'alimentation en eau des humains et des animaux par rapport aux champs de coton ;

- les équipements de protection des producteurs au cours des traitements du cotonnier ;

- le devenir des emballages des pesticides après utilisation et estimation de l'importance à partir des quantités utilisées ;

- les zones de pâture des animaux et

- les intentions d'augmenter les superficies de production.

Perception des problèmes environnementaux : Il s'est agi là d'une enquête d'opinion qui fournit des informations sur les perceptions des producteurs par rapport aux problèmes éventuels qui pourraient survenir suite à l'exposition aux pesticides des humains. Il en est de même des risques encourus par les animaux, l'eau et des dangers pour les sols et les autres composantes de l'écosystème (les abeilles, les animaux sauvages, les poissons). D'autres aspects tels les faits rapportés dans la zone et qui sont liés à l'utilisation des pesticides ont été investigués.

Formulation de proposition : Les interviews ont également permis de collecter des propositions de solutions sur les problèmes associés à la production de coton ou susceptibles de l'être. Chaque acteur concerné par l'utilisation et la gestion des ressources naturelles a ainsi fait des propositions de solutions pour prévenir les risques d'intoxication en particulier, et pour une gestion rationnelle des ressources naturelles en général.

2.7. Organisation pratique de l'enquête

Des sorties de reconnaissance dans la zone d'étude ont été effectuées et ont permis d'identifier et d'apprécier l'importance des GPC et des autres organisations de producteur. Puis, l'enquête proprement dite a couvert les périodes du 18 août au 6 septembre et du 5 au 14 octobre 2006. Le questionnaire a au préalable fait l'objet de test auprès de neuf (9) chefs d'exploitation ce qui a permis d'affiner celui-ci. Un deuxième passage en juillet et août 2007 dans les sites de production a permis la collecte de donnée et faire des observations complémentaires. Les questionnaires et guides d'entretien ont été administrés avec l'aide d'interprète. Les questionnaires ont été individuellement administrés aux producteurs, tandis que les guides d'entretien ont concerné des groupes de producteurs.

2.8. Support de collecte des données

Un questionnaire a été élaboré (voir annexe 1) et administré aux chefs d'exploitations cotonnières. Pour les autres organisations de producteur un guide d'entretien a permis de collecter les informations au cours d'entretien de groupe.

2.9. Analyse statistique des données

Les données collectées ont fait l'objet d'un dépouillement manuel. L'analyse des données à l'aide du tableur EXCEL 2003 a permis de décrire la pratique de la culture de coton, les revenus tirés et les perceptions des producteurs sur les risques environnementaux qui sont associés. Les résultats ont été résumés par des statistiques descriptives : moyennes, fréquences et les écart-types.

Pour permettre de mieux appréhender la portée des résultats de cette étude, il importe de rappeler quelques concepts en relation avec la problématique environnementale de la culture de coton. Il s'agit en particulier des concepts d'impact environnemental.

2.10. Définitions des Concepts en relation avec les risques environnementaux


·
· L'environnement

L'Agence Française de Normalisation (AFNOR) donne les définitions suivantes :

· L'environnement est un ensemble à un moment donné, d'agents physiques, chimiques et biologiques et des facteurs sociaux susceptibles d'avoir un effet direct et indirect immédiat ou à terme sur les organismes vivants et les activités humaines ;

· L'environnement est un ensemble de facteurs physiques, chimiques, biologiques, esthétiques, sociaux et autres constituant le cadre dans lequel un organisme exerce ses activités.

Selon le code de l'environnement burkinabé, l'environnement est l'ensemble des éléments physiques, chimiques, et biologiques naturels ou artificiels et des facteurs économiques sociaux, politiques et culturels, qui ont un effet sur le processus du maintien de la vie, la transformation et le développement du milieu, les ressources naturelles ou non et les activités humaines.

Toutes ces définitions laissent percevoir que la notion de l'environnement est complexe et en fonction de différentes conceptions. Deux principales conceptions peuvent être identifiées :

· La conception biocentrique considère l'existence de l'environnement de façon indépendante de celle de l'homme. Dans cette conception, l'environnement est considéré comme un ensemble d'objets en inter action. C'est un écosystème dans lequel l'Homme (y compris son organisation sociale) et ses activités sont des éléments naturels constituants parmi d'autres.

· La conception anthropocentrique perçoit par contre l'environnement comme un espace de nature physique informationnel défini à travers les relations de l'Homme sujet et des différents objets qui constituent la nature. Dans cette conception l'environnement n'existe que par rapport à l'homme.


·
· Impact environnemental

Dans une approche systémique, l'impact implique l'action d'un système `source' sur un système `cible'. Le système `source' peut être une activité humaine et le système cible est, quant à lui, une composante de l'environnement (homme, faune, flore, écosystème.).

· L'impact direct peut engendrer une succession d'impacts secondaires.

· L'impact potentiel est le risque d'impact qui prend en compte toutes les potentialités toxiques, éco toxicologiques et écologiques. Il se caractérise par l'action d'une source (nature, intensité, etc.), l'exposition et l'accessibilité des cibles, la sensibilité des cibles.

L'impact potentiel est lié à la quantité et à la concentration du rejet, la mobilité et la tendance
à la dispersion, la persistance dans le milieu (dégradabilité, l'accumulation dans les sédiments

des tissus vivants, l'effet nuisible pour l'Homme, les plantes, les écosystèmes et pour les cibles non vivants).


·
· Notion de risque

C'est un événement possible, redouté et caractérisé par la probabilité d'occurrence d'une action et des effets correspondants. Le risque est donc une conséquence environnementale, potentielle d'un anthropo système en fonctionnement anormal lié à un dysfonctionnement.

Dans le cadre de cette étude, le diagnostic des risques et impacts environnementaux de la culture du coton revient à identifier les systèmes `sources' pour apprécier les changements ou les modifications susceptibles d'affecter de façon préjudiciable l'équilibre environnemental dans la région. Autrement dit, quelles sont les modifications ou les atteintes réelles et probables que peuvent induire la culture cotonnière sur les composantes de l'environnement à savoir l'Homme, la flore, la faune et l'écosystème.

Troisième Partie : RESUTATS ET DISCUSSION

CHAPITRE I : IDENTIFICATION DES PRODUCTEURS ET DE LA PRODUCTION

1.1. Caractéristiques générales des exploitations cotonnières

1.1.1. Structure des exploitations

Les résultats rapportés par le tableau N° 9 montrent les caractéristiques de la structure des exploitations à travers la taille leurs l'exploitation, les superficies emblavées pour le coton d'une part et pour les céréales de l'autre ainsi que des éléments caractéristiques du chef d'exploitation.

VARIABLES

ANNEES

2005 2006

Nombre

60

60

Ancienneté de 1-3 ans (%)

 

58

Ancienneté de 4-6 ans (%)

 

22

Ancienneté de plus de 6 -10 ans (%)

 

20

Surface emblavée en coton (ha)

3,23 #177; 3,35

3,3 1#177;2,60

Surface emblavée en céréales (ha)

4,08 #177; 3,92

4,94#177; 3,63

Producteurs Mossi (%)

 

48

Producteurs Gourmantchés (%)

 

38

Autres Ethnies* (%)

 

14

Producteurs à l'âge >20<30 ans (%)

 

35

Producteurs à l'âge >31<41 ans (%)

 

33,33

Producteurs à l'âge >42=65 ans (%)

 

31,67

Producteurs non instruits (%)

 

25

Producteurs alphabétisés (%)

 

30

Producteurs de l'école classique (%)

 

11

Producteurs de l'école coranique (%)

 

34

Producteurs de profession agriculteur (%)

 

88,33

Producteurs d'autres professions (%)

 

11,67

 

Tableau 9 : Caractéristiques structurales des exploitations productrices de coton dans la province de la Kompienga

(*) La composition ethnique des autres organisations paysannes se présente comme suit :

· Les éleveurs sont majoritairement des peulh

· Les apiculteurs composés de Gourmantché

· Les maraîchers composés de Mossi et Gourmantché

· Les pêcheurs constitués de Mossi, de Dioula et de Gourounsi

· Les CVGF composés de Gourmantché.

Les exploitations sont en générale de taille d'environ 6ha où les producteurs pratiquent la culture du coton et d'autres céréales. Les exploitations sont la propriété de plus d'allochtones surtout les Mossi. Tous les exploitants sont actifs avec cependant plus de jeunes entre la vingtaine et la quarantaine. Ils sont en majorité instruits et exercent quasiment la profession d'agriculteur. L'examen des résultats (Tableau 8) indique que la production du coton dans la zone date d'une décennie au plus avec 80% d'entre eux depuis moins un quinquennat. Au regard des superficies exploitées nous constatons un accroissement des superficies moyennes exploitées aussi bien pour le coton que pour les autres céréales rentre 2005 et 2006 respectivement de 2,48% et de 21%. Entre les années, les superficies exploitées en coton sont inférieures à celles destinée aux autres céréales. Le fait notable est que les superficies moyennes emblavées en coton sont toujours inférieures à celles en céréale sur l'ensemble des deux années. Un examen des figures 9 et 10 portant sur les niveaux de superficies exploitées indiquent que :

Le niveau de superficie le plus élevé sur la période d'observation est situé entre 1,5 et 3ha pour : 39,28% et 36,66% en 2005 respectivement pour le coton et les céréales et 45,76% et 28,33% en 2006 respectivement pour le coton et les céréales.

Par contre, en dessous de 3ha d'exploitation les producteurs de coton sont majoritaires en année 2005 et en 2006.

En revanche, lorsque les parcelles d'exploitation sont supérieures à 3ha, ce sont les classes de superficie en céréales qui sont les plus fréquentes sur les deux années d'observation.

 

50,00%
40,00%

 
 
 
 
 

coton céréale

 
 
 
 

[0-1,5 [ [1,5 -3[ [3- 4,5[ [4,5- 6[ = 6

Classe de superficie en ha

Source : Données d'enquête (2006)

Figure N°9 : Niveau de superficies exploitées par les producteurs en 2005

 

50,00% 45,00% 40,00% 35,00% 30,00% 25,00% 20,00% 15,00% 10,00% 5,00% 0,00%

 
 
 
 

coton céréale

 
 
 

[0-1,5 [ [1,5 -3[ [3- 4,5[ [4,5- 6[ = 6

Classe de superficie en ha

Source : Données d'enquête (2006)

Figure N°10 : Niveau de superficies exploitées par les producteurs en 2006

En outre, 61,67% des producteurs affirment être propriétaires des parcelles qu'ils exploitent. Dans ce groupe il y a les autochtones (gourmantché) mais aussi des migrants. Bien que ces derniers ne disposent pas de titre foncier, ils estiment cependant qu'ayant accompli les formalités et ayant eu l'aval des propriétaires terriens ils pensent pouvoir disposer de ces terres. Les 38,33% restants disposent des terres en location ou sous forme d'emprunt. Par ailleurs, selon certains producteurs lorsque les parcelles sont données en location aux producteurs il leur est interdit de pratiquer l'agroforesterie.

Ces éléments de caractérisation des exploitations nous laissent penser à l'émergence de la culture du coton dans la Kompienga, accompagné de l'extension des superficies qui y sont annuellement consacrées en vue d'accroître la production.

L'extension est source de déforestation et d'élimination d'espèces végétales parmi lesquelles les plus vulnérables sont amenées à disparaître. La destruction de biotopes floristiques (végétales) et fauniques qui conduit à la disparition d'espèces végétales et aux migrations ou la disparition d'espèces animales, parmi lesquelles les insectes pollinisateurs telles que les abeilles ce qui est source de baisse de rendement de la productivité agricole et forestière etc.

La disparition définitive d'espèces est source de baisse de la diversité biologique.

Par ailleurs le fait que ce sont les allochtones qui sont majoritaires dans la production du coton pourrait expliquer la tendance à l'extension de la terre en défaveur de l'intensification par l'investissement probablement à cause de l'insécurité foncière due au statut de la tenure du foncier. De pus la production agricole est l'apanage de petits producteurs subsistant, ce qui ne laisse pas entrevoir une proche amélioration des pratiques de production.

Le niveau d'instruction élevé des producteurs est un facteur favorable à l'introduction d'innovations de technologies d'intensification des pratiques et d'éduction à l'éco citoyenneté favorables à la préservation de l'environnement et du cadre de vie.

1.1.2. Equipements agricoles

L'enquête révèle que les grands équipements agricoles (motorisés) sont quasiment inexistants. Un cas de possession de tracteur a été observé dans le département de la Kompienga. Les équipements moyens sont cependant présents. Il s'agit essentiellement du matériel aratoire. Par contre, dans l'aire cotonnière ouest burkinabé, TERSIGUEL (1992) a mis en exergue un développement de la culture attelée et de la motorisation. Dans notre zone d'étude, 76,67% des producteurs détiennent au moins une charrue bovine ou asine. Ces équipements agricoles sont importants dans les exploitations cotonnières car ils peuvent conditionner la taille des superficies exploitées et augmenter la production. SPACK (1997) a déjà évoqué qu'en pays gourma, lorsqu'un paysan acquière une charrue cela s'accompagne d'une augmentation de superficie exploitée. De même, INERA (2000) estime que la culture attelée et dans une moindre mesure, la motorisation se développe en zone cotonnière et engendrent une augmentation de la production cotonnière et vivrière principalement par une augmentation des surfaces cultivées par exploitation et par personne.

Pour les traitements phytosanitaires du cotonnier, 68,8 8% de l'échantillon enquêté ont à leur possession au moins un pulvérisateur manuel ou à pile. Les producteurs qui n'en possèdent pas (3 1,12%) font recours à un emprunt. Enfin, d'autres équipements comme les rayonneurs, les semoirs, les charrettes sont présents chez un certain nombre de producteurs.

1.2. Types de cultures

Dans notre zone d'étude, les spéculations agricoles exploitées par les producteurs sont les suivantes : Zea mays (Maïs), Sorghum dura (sorgho), Pennisetum glaucum (petit mil), riz (Oryza sativa), pour les céréales ; Vigna unguiculata (niébé), Vigna subterranea (poids de terre), Phaseolus vulgaris (haricot) pour les protéagineuses ; Arachis hyppogea (arachide) pour les oléagineuses et Colocynthis vulgaris L. (melon) et la pastèque (Citrullus colocynthis) pour les cultures maraîchères. Il y a par moment une association entre ces cultures. Les associations les plus courantes concernent le maïs et le niébé.

1.3. Rotation culturale

La succession culturale est très courante. Elle concerne la plupart des cultures. L'ordre de rotation vise à permettre aux cultures de bénéficier des arrières effets des fertilisants et de lutter contre certaines adventices selon les enquêtés. Dans l'échantillon concerné par l'étude, 88,88% des interviewés la pratiquent et 11,12% ne la pratiquent pas. Parmi ceux qui la pratique, 66,67% des chefs sont à mesure de donner l'ordre de succession des cultures 33,33% n'en peuvent pas. Le (Tableau 10) rend compte de la situation. Aussi, il faut noter que ces rotations sont très diversifiées.

Photo N° 1: Labour de champ avec une charrue à traction bovine

Ordres de successions Effectif Fréquence (%)

Coton-maïs-coton 8 20

Maïs-coton-maïs 7 17,5

Coton-maïs-sorgho-coton 5 12,5

Coton-sorgho-coton 3 7,5

Mil-coton-maïs-mil 2 5

Sorgho-coton-sorgho 2 5

Coton-petit mil-coton 2 5

Haricot-coton-maïs-haricot 1 2

Coton-maïs-pastèque-coton 1 2,5

Source : Données d'enquête (2006 et 2007)

Tableau N°10 : Successions culturales pratiquées dans la zone de l'étude

Il ressort de l'analyse du tableau que l'ordre de succession « coton-maïs-coton » est le plus fréquent dans près de 37,5% de cas.

1.4. Activité d'élevage dans la culture de coton.

L'élevage est pratiqué par la majorité des producteurs. Le cheptel est constitué de bovins, de petits ruminants (ovins et caprins) ainsi que de la volaille et d'asin. Sur l'ensemble de l'échantillon, seul trois (03) producteurs ne possèdent pas de ruminants. Le taux élevé (95%) de ceux qui possèdent les ruminants s'explique aisément par leurs multiples apports dans les activités agronomiques. La traction (bovine ou asine) et le fumier apparaissent comme les plus fréquents apports des animaux dans la production végétale. Ils sont cités par 80% des producteurs qui utilisent les ruminants dans la réalisation des opérations de labour et de fertilisation. Les autres apports rapportés par 20% des producteurs concernent la génération de revenus monétaires pour acquérir de produits vétérinaires et d'intrants agricoles.

INERA (2000) avait déjà évoqué la forte intégration entre élevage et culture de coton dans la zone cotonnière ouest burkinabé.

1.5. Conclusion partielle

La zone d'étude est marquée par une forte migration. Les ethnies allochtones sont majoritairement les Mossis (48,33%) de l'échantillon de producteurs qui pratiquent la culture de coton. Cette situation pourrait expliquer les actions en défaveur de l'intensification eu égard à l'insécurité foncière. Aussi, la production végétale s'effectue sur des superficies relativement petites avec toute fois une part élevée pour les céréales que le coton. L'ancienneté des producteurs dans la cotonculture étant récente laisse entrevoir une lenteur pour l'adoption des paquets technologiques d'où des risques de dégradation de l'environnement.

CHAPITRE II : RETOMBEES SOCIO-ECONOMIQUES 2.1. Ancienneté et motivation pour la profession

La culture de coton dans la zone d'étude est assez récente pour la majorité (Tableau 11). La moyenne d'ancienneté dans la culture cotonnière est de 4,2 #177; 3,09 ans pour l'effectif interviewé. Sur l'ensemble de l'effectif concerné par l'enquête, 58,33% n'excède pas 3 ans d'ancienneté. Ceux qui pratiquent cette culture depuis au moins 10 ans sont au nombre de sept (07).

Classe d'ancienneté (années) [1 - 3] [4 - 6] [7 - 9] [10 -12] Total

Effectif (producteurs) 35 13 5 7 60

Fréquence (% des producteurs enquêtés) 58,33 21,67% 8,33% 11,67% 100%
Source
: Données d'enquête (2006)

Tableau 11: Répartition des producteurs selon leur ancienneté dans la cotonculture

En ce qui concerne la motivation pour la pratique de la culture de coton, les raisons évoquées sont diverses. Les motivations courantes les plus évoquées sont les suivantes :

· La génération de revenu monétaire : La rentabilité et le bénéfice sont rapportés par 61,04% des producteurs enquêtés comme des motifs de décision d'investir dans la cotonculture ;

· Autres motivations importantes : La facilité d'écouler, l'assurance d'un marché, la possibilité d'acquérir les intrants à crédit, les effets probables d'entraînement positif sur les autres spéculations sont évoqués par 3 8,96% des producteurs. En rapport avec cette dernière motivation, des producteurs indiquent qu'une partie des fertilisants (NPK, Urée) acquis pour la production de coton est utilisée pour d'autres spéculations végétales.

2.2. Organisation de la production à l'échelle de l'exploitation

Dans les exploitations, la production cotonnière se fait en fonction des ressources humaines disponibles mais aussi de l'intérêt que chacun y accorde. Il n'y a pas un ordre d'organisation privilégié dans la zone. Il faut constater que ceux qui disposent d'une famille font participer certains de leurs membres directement ou indirectement. A défaut, ils font recours à l'entraide culturale qui est une forme d'organisation de la culture bien pratiquée dans la zone. La production de coton implique donc toutes les couches socio-économiques présentes au sein des ménages agricoles ou à l'extérieur (Tableau 12). Le tableau 12 résume les principales formes d'organisation de la production de coton. On note que la combinaison de plusieurs types de main d'oeuvre est la règle dans la zone d'étude.

Photo N°2: Entretien de champ lors d'une entraide culturale

Type de main d'oeuvre Nombre de cas Fréquence (% des producteurs

(producteurs) enquêtés)

Femme + enfants + MOS+EC 13 21,31

Femme + enfants + EC 13 21,31

Femme + enfants 8 13,11

EC 7 11,47

Main d'oeuvre salariée 5 8,20

Femme+enfants+MOS 5 8,20

Femme+EC+MOS 2 3,28

Femme 2 3,28

Femme + EC 1 1,64

Femme + MOS 1 1,64

Enfant + MOS 1 1,64

EC+MOS 1 1,64

Femme + EC+MOS 1 1,64

Femme 1 1,64

MOS : Main d'oeuvre salariée ; EC : entraide culturale

Source : Données d'enquêtes (2006 et 2007)

Tableau 12: Participation des catégories socioéconomiques dans la cotonculture

De façon spécifique, les femmes constituent la principale force de travail dans la culture de coton. Elles sont mises à contribution dans 78,69 % des ménages des producteurs enquêtés. La seconde force de travail concerne les enfants utilisés dans 65,57% des ménages des producteurs enquêtés. Si ces catégories socioéconomiques constituent une main d'oeuvre à faibles coûts pour les producteurs de coton, leurs bénéfices tirés de la cotonculture ne sont pas établis. Au contraire, leur contribution étant considérée dans le cadre de la main d'oeuvre familiale, il est fort probable que les bénéfices monétaires de la production de coton leur échappent ou soient marginaux par rapport à ceux du chef de ménage.

En revanche, l'utilisation de la main d'oeuvre salariée dans la production de coton est encore relativement rare dans la zone. Environ 47,5 5% des producteurs enquêtés ont eu recours à la main d'oeuvre salariée. Ce type de main d'oeuvre est seulement utilisé en complément de la main d'oeuvre familiale et/ou de la main d'oeuvre sociale (entraide culturale). L'étude de WININGA (1995) a montré que dans la Tapoa (village de Napoukoré), l'emploi de la main d'oeuvre salariée atteignait 43% à 75% chez les producteurs de coton.

2.3. Revenus monétaires et leur destination

2.3.1. Les revenus bruts monétaires de la cotonculture

Les revenus qui ont été obtenus sont ceux de l'année 2005. Il s'agit des marges brutes obtenues par les producteurs déduction faite des crédits en intrants agricoles (pesticides, semences et engrais) octroyés par les compagnies cotonnières. Ainsi, les 56 enquêtés qui ont cultivé le coton en 2005 ont obtenu une masse monétaire estimée à 27 592 160 FCFA pour un total 160,10 ha emblavés soit une marge brute de 172 343 FCFA/ha. La plus grande marge brute constatée a été de 2,45 millions (pour 14 ha exploités), soit une marge brute de 612 500 FCFA/ha. La plus petite marge est 3 000 FCFA pour un ha exploité. Une perte de près de 60 000 FCFA a été révélée par un producteur. Les revenus tirés du coton sont donc très variables d'un producteur à un autre et en fonction de la taille des superficies emblavées.

2.3.2. Les investissements consentis

Parmi les facteurs de production il y a les intrants agricoles (pesticides, engrais, semences) le matériel agricole et le capital humain (main d'oeuvre) et les autres coûts de production tel que les opérations culturales (préparation du sol et l'entretien des cultures) et la récolte.

En général les pesticides, les engrais, les semences et les pulvérisateurs sont donnés aux producteurs par le biais des GPC sous forme de crédits avant ou pendant la campagne de production. En effet, sur l'échantillon qui a fait l'objet de l'étude 100% ont eu recours à ces crédits auprès de la SOCOMA.

Les crédits de la campagne en cours (2006-2007) sont évalués à environ 16 744 850 FCFA pour les pesticides, les semences et l'engrais pour les 59 enquêtés. Ceci correspond à environ 283 811 FCFA par producteur et 90 269 FCFA par hectare. Le plus gros crédit octroyé est de 2 millions pour 13 ha et le plus petit est de 10 700 FCFA pour 0,70 ha.

2.3.3. Destinations des revenus de la culture de coton

Les revenus tirés de la vente du coton sont diversement utilisés par les producteurs. Dans la zone, les dépenses couramment effectuées après la vente se résument à la résolution des problèmes sociaux. Mais à côté de ces problèmes sociaux certains producteurs ont pu acquérir des biens matériels.

Sur les 60 producteurs qui ont pratiqué cette culture jusqu'en 2005, les revenus ont permis à :

· 31,86% de producteurs d'acheter des animaux (bovins, petits ruminants et ânes) ;

· 17,70% d'effectuer des dépenses tels celles liées à la santé, aux frais de scolarité ;

· 15,93% de construire des maisons ou l'achat de matériaux de construction ;

· 12,39% d'acheter des céréales ;

· 12,39% de se procurer des matériels agricoles (charrue, pulvérisateur, charrette)

· et 9,73% de payer des moyens de déplacement (vélo, moto).

Ces données suggèrent l'importance que les cotonculteurs accordent aux facteurs de production suite à la vente du coton. En effet, les intrants agricoles (animaux, matériels agricoles) constituent plus de 44% des dépenses effectuées avec les revenus tirés de la vente du coton.

2.3.4. Perception paysanne de la rentabilité de la cotonculture

La rentabilité se définit comme étant l'aptitude d'une entreprise, d'un capital ou d'un investissement à dégager un revenu ou un profit. Autrement dit, étudier la rentabilité d'une exploitation revient donc à examiner si le système de production fonctionne bien ou mal. Dans le cas de la présente étude, l'opinion des producteurs a été recueillie. Il ressort que 86,44% de nos interlocuteurs reconnaissent un certain niveau de rentabilité de la cotonculture. Mais, ils mentionnent également la pénibilité des travaux de la culture du coton pour conclure sur le fait que la marge bénéficiaire obtenue ne peut pas compenser l'énergie investie et 13,56% estiment ne pas connaître la rentabilité de cette activité.

L'analyse des facteurs de démotivations dans la culture de coton fournit d'autres renseignements complémentaires sur la perception paysanne de la rentabilité (Figure N°11).

38%

13%

7%

9%

33%

Baisse Prix d'achat et acquisition d'intrants

hausse prix d'intrants et paiement tardif

Risque santé et environnement

Débouchés pour autres spéculations

Problème foncier et GPC

Source : Données d'enquête (2006 et 2007)
Figure N° 11 : Quelques facteurs de démotivations dans la culture de coton

Il ressort que le facteur prix du coton et/ou des facteurs de production sont les principaux déterminants de la poursuite ou non de la culture de coton. Environ, 38% des enquêtés accordent une importance aux niveaux des prix du coton graine et à l'acquisition des intrants. De même, 33% des producteurs fondent leur décision d'abandonner le coton sur le niveau des prix des intrants, le délai de paiement et de l'enlèvement du coton graine. Au total, environ 71% des producteurs fondent leur décision de produire ou non le coton sur le facteur prix, et partant sur le marché. Il est important de souligner que le long délai d'attente des

producteurs pour l'enlèvement et le paiement du coton est une réalité que vivent les producteurs. Cela est un facteur d'autant plus important que les producteurs sont guidés à minimiser certains risques (incendie et battage par la pluie). Aussi, quand le paiement est fait d'autres problèmes (internes aux GPC) relatifs à la répartition des charges des crédits agricoles ne semblent pas convenir à tous les membres.

En revanche, les risques de santé ne semblent pas importants dans la décision des producteurs de produire ou non le coton. Environ 13% des producteurs pourraient abandonner le coton si les risques de santé, environnementaux et la pénibilité de travail perdurerait. Les problèmes foncier et de gestion des GPC pourraient constituer des démotivations pour 6,66% des producteurs. Enfin, une amélioration des débouchés de produits céréaliers et maraîchers entraînerait un abandon de la culture de coton par 8,88% des producteurs enquêtés. Ce dernier critère est similaire au critère lié au marché, c'est à dire au facteur prix. Ce qui fait passer l'importance des facteurs prix (produits et intrants) à 80% des producteurs enquêtés. Une enquête menée par INERA (2000) révèle que la notion du risque financier est la plus déterminante dans la prise de décision chez les cotonculteurs.

2.4. Effets d'entraînement de la cotonculture sur le choix des spéculations agricoles

Les résultats de la question sur le choix des spéculations agricoles par les producteurs et les changements qui y sont intervenus jusqu'en 2005 et avant leur implication dans la culture de coton fournit des informations sur la stabilité des choix de production agricole dans la zone de l'étude.

27%

38%

35%

Ajout de spéculation Abandon de spéculat ion Aucun changement

Source : Données d'enquête 2006

Figure N°12 : Choix des spéculations et changement intervenu chez les producteurs

Il ressort de l'analyse que :

· 27% des personnes enquêtées n'ont pas opéré de changement. En d'autres termes, l'implication des producteurs dans la culture cotonnière n'a pas eu d'effet sur les autres spéculations traditionnellement exploitées. Le coton co-existe de façon générale avec les autres cultures ;

· Toutefois, 35% des producteurs ont dû abandonner certaines cultures. Parmi lesquelles figurent l'arachide, le mil, le riz, le sorgho, l'igname, le haricot et les melons. Seul le maïs n'est pas concerné ;

· En revanche, 38% des producteurs ont introduit des spéculations après l'introduction du coton. Dans ce cas, c'est le maïs qui a été ajouté par 37,04% des producteurs enquêtés. Cela peut s'expliquer par la possibilité d'accès aux intrants (NPK, urée) obtenus à crédit pour le coton et qui sert aussi à la fertilisation du maïs. Cela suggère également une forte relation entre la culture de coton et celle du maïs. Cette forte relation a été favorisée par le dispositif d'encadrement des producteurs de coton dans lequel les compagnies cotonnières font la promotion de la culture de mais en vue de valoriser les arrières effets de la fertilisation du cotonnier.

IL reste cependant que des cas de famine ont été évoqués et les interviewés les lient au fait que beaucoup de producteurs agricoles s'adonnent de plus en plus à la culture de coton au détriment des cultures vivrières. Contrairement aux autres départements, à Madjoari cette préoccupation est partagée par la majorité des producteurs. Ils pensent que la baisse de la production céréalière dans la localité est due au fait que des producteurs céréaliers s'investissent davantage dans la culture cotonnière.

Car, d'après les enquêtés (cotonculteurs et autres producteurs), jadis excédentaire de céréales des autres départements de la province, Madjoari connaît ces dernières années de graves pénuries de céréales.

2.5. Conclusion partielle

La culture de coton génère des revenus substantiels aux producteurs. Elle contribue à la satisfaction de certains besoins sociaux donc importante dans les revenus des ménages de la région. L'organisation sociale de la production est basée sur la main d'oeuvre familiale avec une grande mise à contribution des femmes (78,69% des cas) et des enfants (65,57% des cas). Les effets d'entraînement de la cotonculture sur le choix des autres spéculations agricoles ont été mis en évidence chez près 73% de l'échantillon étudié.

Cependant, si la même dynamique est maintenue, la dégradation des ressources naturelles serait le corollaire de l'expansion de cette spéculation.

CHAPITRE III : LES FACTEURS DE DEGRADATION DES RESSOURCES NATURELLES

3.1. L'extension des champs

La création de nouveaux champs correspond à des soucis de satisfaction de certains besoins. L'exploitation agricole repose essentiellement sur le capital foncier. Donc, il va de soi que les producteurs soient guidés dans la mesure du possible par l'accroissement des superficies. Les principales raisons évoquées par les producteurs pour l'extension des superficies agricoles sont :

· L'accroissement des revenus monétaires pour 74,24% des producteurs enquêtés. L'augmentation des superficies entraîne un accroissement de la production alimentaire et partant un surplus plus important à commercialiser. En outre, l'accroissement des superficies permet de produire non seulement des produits alimentaires, mais également des produits agricoles de rente (coton, et autres) destinés à la commercialisation ;

· La gestion de la fertilité des sols pour 18,18% des producteurs. L'expansion des superficies agricoles permet de limiter les effets de la baisse de la fertilité et de la présence des adventices. Cette stratégie permet de mettre les superficies à faible fertilité en jachère, même si cette technique est de plus en plus rare ;

· La pression démographique au sein des ménages pour 7,5 8% des producteurs. En particulier, l'augmentation de la taille du ménage entraîne la création de nouveaux champs pour répondre aux besoins plus importants des membres.

Photo N° 3: Champ de coton

3.2. Pratique de la jachère

La jachère est une technique qui consiste à laisser un champ au repos pendant quelques années afin qu'il puisse retrouver sa fertilité. Dans le site concerné par l'étude, cette technique n'est plus courante. Sur l'échantillon considéré :

· 70% d'enquêtés ne la pratiquent plus et dans ce sous-groupe, 73, 81% pensent que cela est imputable au manque d'espace tant disque 26,19% estiment que leurs parcelles sont toujours fertiles. En effet, la pression démographique est une réalité dans la zone, ce qui a pour corollaire une pression sur la ressource foncière. Cette situation est valable non seulement chez les migrants mais aussi chez les autochtones.

· Par contre 30% des cotonculteurs affirment la pratiquer et ceci dans le souci d'accroître la fertilité du sol (61,11%) alors que les 3 8,89% des producteurs la lie à l'appauvrissement des sols quoique l'une ou l'autre de ces raisons évoquées poursuivent le même objectif.

3.3. L'apport de la fumure organique

La présence de fosses fumières ou de compostières fonctionnelles permet de se faire une idée sur l'utilisation des engrais organiques. 45% des producteurs ne disposent pas de fosses fumières ou de compostières fonctionnelles. Cela ne signifie pas nécessairement qu'ils n'utilisent pas la fumure organique. Les 55% des producteurs qui en possèdent ont des âges variables. Le tableau 13 résume l'expérience des producteurs enquêtés dans la pratique du compostage à travers l'ancienneté des ouvrages.

Classe d'ancienneté (années) [1- 2] [3- 4] [5- 6] [7-8] Total

Effectif (Producteurs) 20 8 2 3 33

Fréquence (% des producteurs enquêtés) 60,61 24,24 6,06 9,09 100
Source
: Données d'enquête (2006)

Tableau 13: Répartition par classe d'expérience de producteurs possédant des fosses de compostage.

Il ressort que dans le groupe des producteurs qui possèdent des fosses fumières et de compostières fonctionnelles, les plus nombreuses ont entre 1 et 2 ans d'existence. Elles atteignent 60,61%. Le pourcentage restant (39,39%) se compose de fosses fumières et compostières de 3 et 4 ans (24,24%), de 5 et 6 ans (6,06%) et 7 et 8 ans (9,09%). Ces données suggèrent d'une part que cette technique n'est pas répandue et que d'autre part ces édifices ne résistent pas dans le temps et leurs entretiens sont contraignantes d'où un découragement de la part des producteurs. En définitive, les producteurs enquêtés sont faiblement expérimentés dans le compostage comme technique de fertilisation organique des parcelles agricoles.

3.4. Les produits phytosanitaires dans la culture de coton 3.4.1. Les différents types de produits phytosanitaires

L'usage des intrants chimiques et de fertilisants minéraux est une pratique très répandue dans la zone. Les fertilisants minéraux à savoir l'urée et le NPK ont un taux de 100% d'utilisation chez les producteurs de coton. Pour la campagne cotonnière en cours (2006-2007), plusieurs types de pesticides et d'herbicides ont été utilisés (Tableau 14).

Lieux

Insecticides

Matières actives

Herbicides

Matières actives

Fertilisant

 

-Fanga 500 EC

Profenofos

Gramazol

-

-NPK

 

-Rocky C356 EC

Endosulfan et

Glyphalm 80 wg

-

-Urée

Producteur

 

cypermethrine)

Glyphalm 50 wg

-

-Compost

de coton

-Capt

-

Kallach extra

-

-Fumure

 

-Cathio 10 E

endosulfan et thirame

Agrazine

glyphosate

organique

 

Calriz

Propanil

Glycel 41%

Glyphosate

 
 

Titan 25 EC

Acétomipride

Lambda super 2,5

Cyhalatrine

-NPK

 

Callidim 200 EC

Diméthoate

Thionex 35 C

Endosulfan

-Urée

 
 
 

Kallach 360

Glyphosate acide

 
 
 
 

Adwu Na Wuru

Isopropylamine salt

 

Marchés

 
 

Calliherbe 2.4

Amin salt

 

Locaux

 
 

Atrazine 800g

Atrazine

 
 
 
 

Atrazila 80 wp

-

 
 
 
 

Herb extra 720

-

 
 
 
 

Clothodim EC

-

 
 
 
 

Calloxone super

Paraquat dichloride

 
 
 
 

Callitraz 90wg

Atrazine

 
 

Source : Données d'enquêtes (2006 et 2007)

Tableau 14: Types de produits chimiques rencontrés dans la zone

Trois (03) des insecticides utilisés en cotonculture ont fait l'objet d'un suivi chez les enquêtés (cotonculteurs) durant la campagne 2006-2007. La situation sur la quantité utilisée par les producteurs est la suivante : 3 304 litres de Fanga 500EC, 750 litres de Rocky C386 EC et 171,5 litres de Capt.

3.4.2. Circuits d'approvisionnement et lieux de stockage

En principe ce sont les sociétés cotonnières exploitant dans les zones de leur intervention qui mettent à la disposition des producteurs les intrants chimiques et minéraux à travers les GPC. En effet, tous les producteurs enquêtés déclarent se procurer habituellement les intrants chimiques à la SOCOMA.

Cependant, il n'est pas rare que des producteurs fassent recours à d'autres sources pour s'en
procurer en cas de pénurie. Cela est une pratique chez 96,67% des producteurs. Dans ce sous-
groupe, un lot de 79,32 % s'approvisionnent dans les marchés locaux (Pama, Kompienga,

Nadiagou, Kompienbiga) tandis que 10,34% les achètent dans les pays voisins (Togo, Bénin) et 10,34% disent ne pas connaître de lieu d'approvisionnement autre que le circuit des GPC. Nos visites dans les marchés locaux (Pama, Kompienga et Kompienbiga) nous ont confirmé cet état de fait. En effet, dans ces marchés, nous avons observé des pesticides avec des formulations diverses en provenance de multiples horizons. La majorité de ces pesticides sont constitués d'herbicides et d'insecticides destinés à la culture du maïs, riz, sorgho et de coton selon les étiquettes.

Photo N° 4: Point de vente de pesticide dans un marché

Sur les emballages sont inscrits comme sources de provenance Burkina Faso (SAPHYTO), le Ghana, le Bénin et la Chine. Des entretiens avec les vendeurs, il ressort que les producteurs font recourt à leurs produits parce qu'ils sont moins chers.

Une fois les produits achetés, ils peuvent être stockés dans plusieurs endroits. La majorité des producteurs enquêtés (66,67%) ont rapporté que le stockage des produits se fait au niveau des champs, en fait dans leurs cases d'habitation localisées dans les champs de brousse. Pour le reste (33,35%), les produits chimiques sont stockés dans leurs maisons au niveau des villages de résidence. En définitive, il n'existe pas de lieux de stockage spécifique pour les produits chimiques.

3.4.3. Mode d'utilisation

+ Dosage et dilution

Les intrants chimiques sont utilisés pour lutter contre les prédateurs (insecticides et fongicides), améliorer la fertilité des sols (urée, NPK) et contre les adventices (herbicides). Dans cette étude, l'urée et le NPK n'ont pas fait l'objet d'estimation des doses utilisées. Mais lors des entretiens, nombreux sont les producteurs qui disent qu'ils prennent 1 sac d'urée et 3 sacs de NPK pour 1 ha de champs de cotonnier. Ce qui correspond à 50 kg/ha pour l'urée et 150 kg/ha pour le NPK. Mais dans la pratique, ce dosage n'est pas respecté dans la majorité des cas car une partie de ces engrais est utilisée dans la fertilisation du maïs. Par ailleurs,

certains enquêtés ne prennent pas la quantité requise pour limiter la charge du crédit campagne.

Au niveau des pesticides le taux d'utilisation et de 100% pour le FANGA, 97,77% pour ROCKY et 93,33% pour CAPT. Le dosage des pesticides est fonction du type d'appareil d'épandage que les producteurs utilisent. Au delà des pulvérisateurs, il y a une imprécision manifeste de dosage quand bien même il s'agit du même appareil. Le tableau 16 renseigne sur les quantités utilisées et les superficies traitées avec un appareil en UBV (Ultra bas volume).

 
 

Fanga/Rocky

 
 
 
 
 
 

Capt

 
 
 
 

QP

500

1000

500

500

300

250

250

500

500

250

250

200

250

125

125

QE

4.5

4

4,5

4,5

4,7

4,75

4,75

4,5

4,5

4,75

4,5

4,8

4,75

5

4,5

Sup

0,5

1

-

0,75

-

0,25

0,5

0,5

1

-

0,25

0,5

-

0,25

0,5

N

21

1

1

1

1

3

1

3

1

1

3

1

1

11

4

 

QP : quantité de produit en ml ; QE : quantité d'eau en litre ; Sup : superficie en ha ; N : nombre de cas observé

Source : Données d'enquête (2006)

Tableau 15 : Dosage et dilution des pesticides et superficies traitées en appareil UBV

Le tableau 15 montre que les producteurs n'appliquent aucune norme de dosage des insecticides. En effet, 500 ml de FANGA et/ou ROCKY peuvent être dilués dans 4,5 à 5 litres d'eau et appliqués sur 0,5 à 0,75 ha. Il en est de même pour le CAPT ou par exemple 250 ml peuvent être dilué dans 4,5 à 5 litres d'eau pour être appliqués sur 0,25 à 0,5 ha de cultures. Les mêmes observations ont été notées dans le tableau 16 avec le pulvérisateur à TBV.

Produits

QP

500

500

500

300

250

250

250

250

250

200

200

200

10 C

Fanga/

QE

14,5

15

16

32

20

15

16

15

20

20

23

20

201

Rocky

Sup

0,75

0,5

0,5

0,5

0,25

0,5

1

1

0,5

0,25

-

-

-

 

N

1

2

2

1

1

8

1

1

1

2

1

2

1

 

QP

500

500

500

250

250

250

250

250

250

250

250

166

10

Capt

QE

14,5

16

20

15

15

16

16

20

20

23

30

15

20

 

Sup

0,75

0,5

0,5

0,25

0,5

0,5

1

0,25

0,5

-

0,5

0,5

-

 

N

1

1

1

7

2

2

11

1

2

1

2

1

1

 

QP : quantité de produit en ml ; QE : quantité d'eau en litre ; C : capsule de l'emballage ; Sup : superficie en ha ; N : nombre de cas observé

Source : Données d'enquête (2006)

Tableau 16 : Dosage et dilution des insecticides avec le pulvérisateur manuel (TBV)

En définitive, le dosage des pesticides dépend du producteur et certainement de l'état des attaques parasitaires des parcelles de coton. Mais, il faut noter que quelque soit le type de pulvérisateur, chaque producteur prit individuellement applique la même dilution pour Fanga et Rocky. Mais, la quantité d'eau utilisée dans la dilution est plus élevée avec un pulvérisateur manuel qu'avec un pulvérisateur à pile. Il en est de même dans le dosage du Capt.

Nos résultats convergent avec ceux obtenus par BELEM (1985) dans la zone cotonnière ouest burkinabé qui avait noté que les quantités d'insecticides utilisées dans deux des trois villages- échantillons étaient insuffisantes mais il existait des dosages différents entre les producteurs. Un risque lié à ce sous dosage est le développement du phénomène de résistance d'où une utilisation de dosage de plus en plus croissante et des traitements plus fréquents pour tuer les

mêmes parasites. Ceci entraîne non seulement une perturbation de l'écosystème GEORGHIOU et TAYLOR (1997).

+ Nombre d'épandage

Les producteurs de coton de la zone font les traitements phytosanitaires dans l'optique de prévenir les attaques des prédateurs et d'augmenter la productivité et la qualité des récoltes. Dans la zone, il existe une forte variation du nombre de traitements appliqués aux parcelles de coton (Tableau 17). La moyenne du nombre d'épandage enregistré est 9,30#177;3,19. D'après les interviewés, les extrêmes sont 5 pour la borne inférieure et 20 pour la borne supérieure.

Classe de nombre d'épandage [5-7] [8-10] [11-13] > 14 Total Moy. Ecart-type

Nombre de producteurs 18 28 8 6 60 9,30 3,19

Fréquence (% des producteurs) 30 46,67 13,33 10 100

Source : Données d'enquête 2006)

Tableau 17: Répartition des producteurs par classe de nombre d'épandages effectués

La majorité des producteurs de coton enquêtés (46,67%) ont appliqué entre 8 et 10 fois les pesticides sur le cotonnier. Il existe des producteurs (23,33%) qui ont traité plus de 10 fois leurs champs de coton. Enfin, environ 30% des producteurs ont utilisé entre 5 et 7 fois les insecticides dans leurs champs.

Ce même constant a été fait par (SCHWARTZ, 1 997b et LENDRES, 1992) qui concluaient qu'en matière de lutte contre les parasites du cotonnier , l'adéquation est loin d'être réalisée dans l'aire cotonnière burkinabé entre les pratiques paysannes et les recommandations de l'encadrement technique.

3.5. La prise de précaution dans l'épandage des produits chimiques

Avant d'effectuer les épandages tous les producteurs enquêtés déclarent tenir compte de la pluie et de la direction du vent dominant. Dans la quasi-totalité des cas, ils sont soucieux de leur protection mais aussi de la nécessité que l'opération se déroule bien. De même, la pluie est un facteur important à considérer avant l'épandage. Il s'agit d'éviter le lavage du produit et la reprise des traitements phytosanitaires.

3.6. Conclusion partielle

Un état des lieux a permis de mettre à nu les facteurs de dégradation des ressources naturelles de la région. L'extension des champs, la quasi absence de la jachère (70% des enquêtés) et le faible niveau d'apport des fertilisants organiques sont autant de facteurs à risques.

D'autres facteurs comme les circuits frauduleux d'approvisionnement en pesticide le non respect et/ou la méconnaissance des itinéraires techniques d'utilisation des pesticides sont à redouter dans une optique de la conservation de l'écosystème de la zone.

CHAPITRE IV : DIAGNOSTIC DES SOURCES DE RISQUES ENVIRONNEMENTAUX

4.1. Utilisation des pesticides du coton sur d'autres cultures

L'utilisation des produits chimiques du cotonnier pour le traitement d'autres spéculations est un fait réel chez certains producteurs. Environ 61,66% des producteurs ont affirmé avoir appliqué les insecticides du cotonnier sur d'autres cultures. Les cultures concernées sont le niébé, la pastèque le melon et le maïs (Tableau 18).

Spéculations

Profenofes

Endosulfan cypermethrine

Capt

Nombre

Fréquence (% de l'échantillon valide)

niébé

18

5

3

26

60,50

pastèque

9

3

-

12

27,90

Melon

2

1

1

4

9,30

Maïs

1

-

-

1

2,32

Total des cas valides

30

9

4

43

100

 

Source : Données d'enquête (2006)

Tableau 18 : Producteurs appliquant les insecticides du coton sur d'autres cultures

La culture la plus concernée par l'application des pesticides du cotonnier est le niébé dans 60,50% des cas d'utilisation détournée. La pastèque est la seconde culture (27,90% des cas) qui reçoivent des pesticides du cotonnier, suivi du melon (9,30%) et enfin le maïs (2,32%). L'insecticide le plus fréquemment utilisé est le Fanga (profenofes) avec 70% des cas d'utilisation détournée. Il est suivi par le Rocky (endosulfan et cypermethrine) dans 21% des cas et du Capt dans 9% des cas. Les conséquences de cette pratique sont un risque de contamination de ces spéculations et affecteraient la santé des humains et des animaux en cas de consommation.

4.2. Distance des points d'eau par rapport aux champs de Coton

+ Points d'eau de boisson humaine

Les sources d'alimentation en eau de boisson de la population sont constituées des eaux souterraines (puits, forage) et des eaux de surface (bas-fond, rivière, marigot). Le tableau 19 résume les distances entre les champs de cotonniers et les points d'alimentation en eau potable.

Classe de distance (m)

[0-500]

[50 1-1 500]

> 1 500

Total

Forage

Nbre

3

11

17

31

 

F

9,68

35,48

54,84

100

Puits

Nbre

12

11

3

26

 

F

46,15

42,31

11,54

100

Cours

Nbre

10

7

4

21

d'eau

F

47,62

33,33

19,05

100

 

Nbre = nombre de forages ; F= fréquence en %

Source : Données d'enquête (2006)

Tableau 19 : Points d'eau potable et leur distance par rapport aux champs de coton

Les résultats indiquent que:

· Sur les 31 forages où la population de la zone d'étude obtient l'eau de boisson, les 3 forages les plus proches se trouvent à une distance qui ne dépasse pas 500m. Ces 3 forages sont localisés dans les villages de Namatoulaye I, Koalou II et de Pognoan Tikonti. Le reste des forages (23) sont à une distance supérieure à 500m.

· Sur les 21 puits observés huit 46,15% sont à une distance inférieure ou égale à 500m.

· Les bas-fonds, rivières et marigots où la population s'alimente en eau de boisson sont au nombre de 21 et 47,62% de ces retenues d'eau de surface sont à une distance qui n'excède pas plus 500m.

+ Points d'eau d'abreuvement des animaux

Les sources d'alimentation en eau de boisson servent également à l'abreuvement des animaux. A ces sources il faut ajouter les barrages. L'état de la distance de ces sources par rapport aux champs de coton figure dans le tableau 20.

Classe de distance (m)

[0-500]

[501-1 500]

> 1 500

Total

Forage

Nbre

2

3

4

9

 

F

22,22

33,34

44,44

100

Puits

Nbre

9

5

3

17

 

F

52,94

29,41

17,65

100

Cours

Nbre

19

12

11

38

d'eau

F

23,68

31,59

28,93

100

Barrage

Nbre

-

1

2

3

 

F

-

33,33

66,67

100

 

Nbre = nombre F= fréquence en %. Source : Données d'enquête (2006)

Tableau 20 : Points d'eau d'abreuvement de bétail et leur distance par rapport aux champs de coton

Les résultats montrent que :

· Les eaux de surface (bas-fond, rivière, marigot) constituent les points d'abreuvement des animaux les plus fréquemment rencontrés dans la zone. Elles constituent 56,7 1% des points d'abreuvement.

· Ensuite viennent, les puits (25,37%), les forages (13,43%) et les barrages (4,48%).


· Tous les barrages sont situés au moins à une distance supérieure à 500m des champs de coton.

La proximité des points d'eaux des champs de coton constitue un facteur de risque de contamination de ceux-ci. En effet, lors de l'épandage des pesticides, les particules d'aérosols peuvent se déporter dans ces milieux par les mouvements atmosphériques et les eaux de ruissellement ou par infiltration. ILLA (2004) dans son étude en zone cotonnière du Mouhoun attribuait la contamination des eaux et sols par les pesticides aux facteurs infiltration et ruissellement.

4.3. Les mesures de protection

+ Equipements de protection

Pendant l'épandage, le port de matériel de protection est indispensable pour la préservation de la santé humaine. Dans les sites d'étude, l'interview a permis d'apprécier le taux d'équipement des producteurs (Figure N° 13).

35%

22%

12%

31%

gants+Bottes Masques+cache-nez

Mouchoirs+foulards+cha peau

Aucun équipement

Source : Données d'enquête (2006)

Figure N°13 : Niveau d'utilisation de matériel de protection

Ainsi, pendant l'épandage des pesticides 33,7 1% des producteurs se protègent avec un gant ou un masque. D'autres (53,93%) affirment ne disposer que d'un masque, d'un cache-nez, d'un, mouchoir, d'un foulard et d'un chapeau pendant les traitements phytosanitaires. 12,3 6% ont déclaré qu'ils ne portent aucun équipement particulier pendant les opérations de pulvérisation dans les champs.

+ Lieux de nettoyage du matériel de pulvérisation

A la fin de l'épandage des pesticides, les matériels (pulvérisateur et autres instruments) sont nettoyés. Il en est de même pour les personnes qui ont effectué l'opération.

Photo N° 5 : Boîtes vides de pesticides utilisées pour conditionner l'eau de boisson

Dans ce sens, il n'est pas rare que les matériels soient lavés dans des lieux qui ne sont pas recommandés. Les lieux de lavage couramment cités sont les champs, la maison et les points d'eau (Tableau 21).

Points de nettoyage

 

Corporel

Matériel et équipement

 

Fréquence (% des
enquêtés)

Nombre

Fréquence (% des
enquêtés)

Champs 42

Maison 14

Point d'eau 2

72,42 39

24,14 13

3,44 4

69,64
23,22
7,14

 

Source : Données d'enquête (2006)

Tableau 21 : Fréquence des points de nettoyage après la pulvérisation

Ainsi, les producteurs qui se lavent eux-mêmes les mains et les matériels aux champs après l'épandage des pesticides aux champs sont les plus nombreux ; ils atteignent respectivement 72,42% et 69,64%. Mais, environ 24% et 23% des producteurs respectivement se lavent et nettoient les équipements à la maison. Certains points d'eau sont utilisés pour le nettoyage corporel (3%) et du matériel (environ 7% des cas).

4.4. Les emballages des pesticides

Après les traitements phytosanitaires, les boîtes vides sont diversement utilisées. En effet, 18,92% disent qu'elles sont réemployées ; 28,33% déclarent qu'ils les jettent dans la nature pendant que 52,75% des enquêtés disent en faire autrement que les deux types précédemment cités. En fait, ils les brûlent avec les ordures ou ils les enfouissent dans le sol. Lorsque les boîtes sont réutilisées, elles sont nettoyées et servent souvent à l'achat de pétrole, à la conservation des semences et à l'achat du dolo. Elles servent quelquefois aussi à conditionner l'eau de boisson.

4.5. Les zones de pâture des animaux

Aux abords des champs de coton se trouvent les zones de pâture des animaux. Il arrive des moments où les animaux recherchent des fourrages verts à proximité des champs pulvérisés. En effet, la pression foncière amène des animaux à fréquenter les zones non mises en culture qui sont en réalité confinées entre des champs de coton.

Photo N°6 : Animaux dans les couloirs de champs

4.6. Les intentions d'accroissement des superficies

L'accroissement des superficies d'exploitation répond à des besoins socio-économiques. Il faut produire suffisamment pour l`alimentation et faire face aux problèmes sociaux qui se présentent. Dans la zone d'étude, les résultats des enquêtes ont permis de cerner les intentions d'accroissement des superficies agricoles. Il apparaît que 96,66% ont l'intention d'accroître leurs superficies alors que 3,37% sont indécis sur la question. Pour ceux qui veulent augmenter leurs parcelles, il ressort de l'analyse que :

· 41,67% des producteurs pensent accroître leurs superficies exploitées en coton et autres spéculations.

· 28,83% ont l'intention dans les années à venir de n'accroître que les autres spéculations sauf le coton. Dans ce sous-groupe, 75% et 62,50% des cotonculteurs concernés ont des superficies en coton inférieures à 3 ha respectivement en 2005 et 2006.

· 26,67% estiment qu'ils vont augmenter rien que les superficies emblavées en coton. Dans ce sous-groupe, 87,75% et 75% des producteurs ont des parcelles en exploitation inférieure à 3 ha respectivement en 2005 et 2006 avec des niveaux de superficies moyennes exploitées qui sont 2,95ha et 4,01ha respectivement en 2005 et 2006.

Les conséquences sur le plan environnemental de l'accroissement des superficies sont : L'extension est source de déforestation et d'élimination d'espèces végétales parmi lesquelles les plus vulnérables sont amenées à disparaître.

La destruction de biotopes floristiques (végétales) et fauniques qui conduit à la disparition d'espèces végétales et aux migrations ou la disparition d'espèces animales, parmi lesquelles les insectes pollinisateurs telles que les abeilles ce qui est source de baisse de rendement de la productivité agricole et forestière etc.

4.7. La population animale et humaine

L'enquête révèle que les producteurs savent que l'utilisation des pesticides peut affecter négativement les populations écologiques animales. Environ 97% sont conscients de quelques effets sur la population apicole. De même, 73% ont rapporté connaître les effets des pesticides sur la faune sauvage et 97,67% sur les animaux domestiques. Les effets sur les ressources halieutiques (poissons) ont été évoqués par 86,67% des cotonculteurs interviewés.

Des cas d'animaux (bovins) qui sont morts après avoir brouté du fourrage suite à la pulvérisation d'insecticides ont été évoqués par les éleveurs.

Par ailleurs, 73,33% des producteurs déclarent avoir déjà fait des remarques sur leur santé (maux de tête et des yeux, grattage de la peau etc.) et les lient sans doute à l'utilisation des pesticides. Sur ce cas particulier, de nombreux faits ont été rapportés par les cotonculteurs en rapport avec l'usage des pesticides.

4.8. Les ressources végétales

Les dangers que courent les espèces végétales sont liés aux défriches pour non seulement créer de nouveau champs, mais aussi pour s'en servir comme bois de chauffe et comme charbon. Si les producteurs procédaient à moins de défriches, un fort potentiel d'espèces serait conservé. Même si quelques uns d'entre eux estiment qu'il y a nécessité d'imposer un quota d'arbres à conserver dans les champs il se posera un problème pour le suivi.

Photo N°7 : Parcelle d'exploitation défrichée

4.9. L'eau et le sol

Près de 90% de producteurs estiment que l'utilisation des pesticides peut avoir des dangers pour l'eau. En général, la relation est vite établie entre l'eau et les poissons et les êtres humains pour les risques éventuels. Par contre, pour le sol, les réponses sont mitigées. Seuls 48,3 3% pensent que les pesticides peuvent jouer négativement sur les sols ; 10% de

l'échantillon disent ne pas pouvoir se prononcer sur cette question et 41,67% des enquêtés estiment que les pesticides n'ont pas d'effets négatifs sur les sols. Selon eux, l'utilisation des pesticides contribuerait bien au contraire à renforcer et à maintenir sa fertilité.

 

100% 90% 80% 70% 60%

 
 
 

50%

 

Série1

40% 30% 20% 10% 0%

 
 

DPE SDE DPS SDPS IND,

DPE: Danger pour l'eau, SDE: sans danger pour
l'eau, DPS: Danger pour sol, SDPS: sans danger
pour le sol, IND: indécis

Source : Données d'enquête (2006)

Figure N° 14: Niveau de perception de l'effet des pesticides sur le sol et l'eau

4.10. Conclusion partielle

Le diagnostic a permis d'identifier les sources de risques environnementaux suivants : l'utilisation des pesticides du coton sur d'autres cultures, une proximité des champs de coton avec les points d'eau, un faible niveau d'équipement des producteurs en matériel de protection, un nettoyage du matériel de pulvérisation aux abords des points d'eau, un réemploi des emballages des pesticides pour conditionner l'eau de boisson et des zones de pâture des animaux a proximité des champs de coton. Toutes ces sources citées constituent des risques majeurs.

CHAPITRE V : DISCUSSION DES RISQUES ET IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX

5.1. Les risques et impacts potentiels

5.1.1. Risques sanitaires

Les problèmes sanitaires auxquels est exposée la population de la zone sont liés aux différents sources et facteurs de dégradation des ressources naturelles qui ont déjà fait l'objet d'analyse. Il s'agit du mode d'usage des pesticides. En effet, il faut noter que le niveau d'équipement en matériel de protection pendant l'épandage est faible. Ceux qui déclarent disposer de matériel ne l'utilisent pas souvent. Il est bien évident que pendant les pulvérisations l'air est pollué et est chargé de particules d'aérosol qui seraient inhalés par les habitants aux voisinages des champs de cotonnier. Cette situation a été révélée durant nos sorties où des habitants d'un village disaient ceci « lorsqu'ils épandent les pesticides nous passons toute la journée dans de l'air qui n'est pas bien à respirer ».

Aussi, le nombre élevé d'épandage des insecticides (pouvant atteindre 20 fois) expose davantage les producteurs à une intoxication chronique.

L'utilisation des pesticides du cotonnier pour d'autres spéculations, l'association de certaines cultures (haricot) et les abords des champs de coton parsemés par des cultures (maïs, sorgho, oseille, gombo) constituent des risques sanitaires pour la population humaine. Les pesticides peuvent s'accumuler dans les végétaux. Les travaux de NEBIE et al. (2002) rapportés par ILLA (2004) concluaient à la présence de fortes concentrations de cypermethrine (1 à 100mg/Kg et de delthaméthrine (12 à 146mg /kg) à l'issue de l'analyse de divers échantillons de fruits, légume et de céréales.

De même l'utilisation des boîtes vides de pesticides pour conditionner les eaux de boisson sans un lavage sécuritaire est une source de risque sanitaire pour les producteurs.

Les maladies répertoriées qui affectent les producteurs de la zone sont les irritations cutanées, le rhume, les maux de tête et de ventre. Des malaises comme des vomissements et des vertiges sont cités par les producteurs comme des cas qui surviennent souvent après l'épandage des produits chimiques. LINCER et al. (1981) ont mis en exergue que de faibles concentrations de résidus peuvent avoir des conséquences biologiques significatives et causer des cancers ou provoquer des transformations génétiques. Des cas d'intoxication ont été rapportés par les producteurs de coton et d'autres organisations (éleveurs, agriculteurs, maraîchers) lors de nos échanges. L'entretien avec les services de santé (CMA de Pama) ont confirmé certains faits. Il s'agit du cas de cette famille qui a été amenée en urgence à l'hôpital après avoir mangé du tô dont la farine avait reçu accidentellement des pesticides. D'après ce service, des cas souvent graves ont été reçus et un mois avant notre passage deux personnes qui s'étaient versés accidentellement des pesticides dilués ont été admises dans les services de

santé. Ces situations seraient fréquentes chaque année. Cette situation a été déjà mise en exergue par GUISSOU et al. (1996) en zone cotonnière que l'intoxication aux organochlorés a plusieurs degrés de sévérité allant des simples vertiges avec des céphalées aux convulsions voire la mort. FAURIE et al.( 1980) ont fait remarqué une augmentation inquiétante du nombre de leucémies chez les agriculteurs utilisant sans précautions particulières certains pesticides.

5.1.2. Dangers relatifs à l'altération du milieu naturel

> L'empiètement des limites de réserves forestières

Le développement des activités anthropiques notamment la cotonculture le long des réserves partielles et totales que la province partage avec le reste de la région et les pays frontaliers est une réalité. Durant nos sorties et par le biais des investigations des inquiétudes subsistent. Nonobstant la mise en place des CVGF et la surveillance des services techniques (environnement) les limites extérieures à certains endroits sont empiétées. Les zones tampons qui ont été matérialisées risquent de devenir un vieux souvenir. Le cas du village de Samboili illustre bien cet état de fait. Dans le département de Madjoari, certains producteurs quittent les abords des réserves d'eux-mêmes pour se mettre à l'abri des dommages (destruction des champs de coton que les éléphants leurs causent. Il y a donc une nécessité de réactualiser les limites de ces réserves.

> Risques liés aux circuits parallèles d'approvisionnement en pesticides

Le risque majeur lié aux circuits parallèles d'approvisionnement en pesticides est l'utilisation des formulations de pesticides non homologués par la réglementation nationale donc pouvant se révéler très dangereux pour la santé humaine et pour l'environnement.

> Risques liés à la non maîtrise de dosage d'insecticides

Les niveaux de dosage différents constatés chez les producteurs est un facteur qui n'est pas sans risque. Le surdosage ou le sous dosage des pesticides induit des effets particuliers. En cas de surdosage, les fortes concentrations de la matière active détruiraient les parasites ciblés et ceux non ciblés. Aussi, compte tenu du fait que les producteurs sont sous équipés en matériels de protections ils inhaleraient des fortes doses ce qui affecteraient négativement leur santé. De même, les émulsions concentrées qui tomberont dans le sol agiraient négativement sur la micro faune.

Par contre, en cas de faible dosage, d'autres phénomènes pourraient se produire. En effet, les parasites pourraient développer des résistances.

> Risque de contamination des eaux, des sols et des plantes
· Les ressources de l'hydrosphère

La contamination des eaux qu'elle soit de surface ou souterraine est à redouter. Les facteurs
majeurs sont la proximité des points d'eau par rapport aux champs de coton ainsi que la
situation topographique des sites. Les pluies et le ruissellement entraînent d'importantes

quantités de produits phytosanitaires vers les milieux aquatiques environnants. L'étude de CISSE et al. (2004) a permis la détection de 16 pesticides organochlorés dans les puits avec une concentration supérieure à 0,1jtg/litre dans la zone de Niayes au Sénégal. De même, les travaux de ILLA (2004) dans la zone cotonnière burkinabé (boucle du Mouhoun) ont permis de détecter le métidathion à des concentrations dans des puit (2,684ug/l) et l'eau de forage (2,465ug/l) et la lie au transport des pesticides en surface ou en profondeur.

Aussi, il faut noter que la dispersion des pesticides se fait au delà des agro systèmes. En effet, par les mouvements atmosphériques (transport par le vent) les pesticides utilisés peuvent être entraînés vers les ressources lointaines entraînant ainsi un déséquilibre de ces biotopes. Le nettoyage du matériel de pulvérisation dans certains points d'eau est un facteur de risque pour cette ressource et peut affecter la santé humaine et animale.


· La pédosphère

L'utilisation des pesticides et des fertilisants minéraux constitue un fait qui peut affecter la qualité des sols. Aussi, certaines pratiques agricoles telle que l'absence quasi-totale de la jachère constituent des risques potentiels qui pourraient abaisser la fertilité et contaminer les sols surtout par l'accumulation des métaux lourds que contiennent les molécules d'aérosol utilisées. Dans ce registre, HOSCOET en 1968 a pu mettre en évidence, une sérieuse contamination des sols cultivés français par les insecticides organochlorés d'après (RAMADE, 1978). Des travaux similaires montrant la contamination par les pesticides en zone cotonnière existent. Les résultats de SAVADOGO et al. (2006) ont montré une contamination des sols par l'endosulfan et l'aldrine avec des concentrations variant respectivement de 1 à 22ug/kg et 20ug/kg aussi bien en milieu rural qu'en station expérimentale.

L'impact environnemental évident est la modification de la composition physico-chimique des sols. D'autres aspects tel que le brûlage des sous produits agricoles (tiges du cotonnier) et les feux de brousse pourraient contribuer à la destruction de la flore et de la faune pédosphérique.

> La destruction du couvert végétal

L'impact environnemental qui est perceptible dans la zone d'étude est sans conteste la déforestation consécutive à l'extension des superficies cultivées. Elle constitue une menace pour certaines essences ligneuses et non ligneuses. En effet, dans les champs cotonniers, les défriches (sélectives ou non) sont effectuées et en général il ne reste que quelques espèces ligneuses ; ces dernières sont aussi en nombre réduit. Il faut également noter que d'autres producteurs font recours aux feux pour dégager les parcelles d'exploitation.

Les 60 producteurs concernés par l'étude ont emblavé 395,1 ha qui (dont 160,1 pour le coton) pour toutes les spéculations confondues en 2005 et 453 ha emblavés (dont 185,5 ha pour le coton) en 2006. Le fait notable est que la part de superficie allouée à la culture de coton est en nette augmentation. Cependant, les superficies de coton ne dépassent guère 40% des

superficies totales emblavées en 2005 et en 2006. Une estimation des pertes de ligneux à l'hectare pourrait nous situer davantage sur les dommages subis. OUATTARA et al. (2006) sur la base d'images satellitaires relate que dans la province de la Kompienga, le fait majeur qui ressort de l'état de dégradation des formations végétales est incontestable tant sur le plan distribution spatiale que sur le plan qualitatif. La même étude révèle que les superficies occupées par les savanes boisée et arborée ont respectivement régressé de 76,5% et 60% alors que la mosaïque des champs et jachères a augmenté de 23,1%.

Cette destruction végétale accentuera la dénudation des sols d'où des risques liés à l'érosion aussi bien hydrique qu'éolienne des sols.

Photo N°8 : Parcelle déboisée

> L'eutrophisation

Le transport des matières fertilisantes utilisées pour l'amendement des cultures de coton par les eaux de ruissellement vers les lacs et étangs est inévitable. La conséquence est un transfert et un dépôt de ces produits dans les milieux humides d'où un déséquilibre écologique dû à une colonisation des végétaux.

> La pollution visuelle et esthétique

L'abondance des emballages des insecticides et des herbicides qui sont libérés après les traitements phytosanitaires constitue une inquiétude. En effet, l'échantillon étudié (60 producteurs de coton) a libéré 4.397 boîtes vides de pesticides de capacité de 0,5 à 1 litre et 1.044 sachets d'herbicide pour la campagne 2006. Ces emballages qui sont généralement en matière plastique ont été rencontrés dans la nature au cours des enquêtes. Ceux qui les brûlent sans aucune autre forme de précaution ne font qu'augmenter une émanation gazeuse dont les effets écologiques ne sont pas bien connus.

5.1.3. Impacts sur la biodiversité

Les perturbations écologiques inhérentes au système et à la pratique de la production de coton peuvent affecter toute la chaîne trophique. KUMAR( 1991) mettait en exergue que les insecticides affectent les processus biologiques. En effet, la faune, et la flore en passant par la population humaine sont concernées par les effets dommageables. Ces conséquences négatives pouvant être directes ou indirectes. CHAPUT et al. (1971) sont parvenus au fait que l'usage des pesticides en agriculture entraînait les pollutions des nappes souterraines et rivières, des sols (dysfonctionnement de la microflore et faune), l'accroissement des maladies chez les animaux d'élevage exposés.

> L'écologie animale

Pour une meilleure appréhension de ces effets négatifs, il faut distinguer deux composantes : il s'agit des victimes cibles (les ravageurs du cotonnier) et les victimes collatérales (non ciblées). Les ravageurs du cotonnier concernent essentiellement Hélicoverpa armigera mais aussi d'autres parasites. Quant aux populations animales collatérales victimes suite à l'épandage des pesticides, on a les abeilles et autres insectes, la faune sauvage et les animaux domestiques.

> La population entomophile

L'écologie apicole serait la plus affectée. En effet, pendant les pulvérisations, les abeilles qui sont sur les cotonniers meurent si elles sont atteintes par les produits. D'après le Centre de Recherche en Ecologie, une étude faite au Cameroun, en Côte-d'Ivoire et au Kenya en 1999 a révélé que ces dernières années, les insectes nuisibles devenaient de plus en plus résistants aux produits phytopharmaceutiques et que par ailleurs, le taux d'extinction des espèces vivantes est passé de mille à dix milles fois le taux biologique normal.

Les essaims d'abeilles qui sont à proximité s'éloignent davantage. Les apiculteurs rencontrés affirment que la baisse de leur récolte de miel est le fait de la rareté des abeilles dans leur site de production et cela est imputable au « Didici » (dénomination locale des pesticides) utilisés en culture cotonnière. Ceux du village de Kpodjari (situé à 18 km de Pama) disent que : « nos ruches sont vides. Ces dernières années nous sommes à mesure de compter le nombre d'abeilles dans chaque ruche alors qu'auparavant ce n'était pas le cas ».

Aussi, les apiculteurs déclarent que la production (quantité de miel) obtenue dans les ruches placées à proximité des champs de coton est faible par rapport aux autres. La baisse ou la quasi absence des abeilles est inquiétante eu égard au rôle important que ces insectes jouent dans la pollinisation des végétaux et toutes les vertus des produits de la ruche (mil, cire et propolis). C'est aussi une activité socioprofessionnelle qui est mise en péril.

> La faune sauvage

Le fort potentiel faunique qui vit dans les réserves totale ou partielle serait affecté. Les particules d'aérosol qui sont transportées par le vent, l'air et les eaux de ruissellement des champs traités vers les niches écologiques constitueraient une sérieuse menace pour cette faune. Le transfert possible d'aérosol vers les hydrosystèmes et leur inhalation par ces

animaux est susceptible d'affecter négativement leur santé. Il est très courant comme c'est le cas dans certains hameaux de culture de Pama et de Tibadi que les pachydermes viennent brouter dans les champs de cotonnier comme nous l'avons constaté lors de nos enquêtes.

> Les animaux domestiques

Les animaux qui mangent le fourrage vert aux abords des champs traités sont véritablement exposés. En effet, lors des échanges (surtout avec les éleveurs), la culture du coton entrave leurs activités. Les cas d'animaux morts (bovins et petits ruminants) sont fréquents. A Tibadi lors d'une séance d'entretien avec des éleveurs de cette localité on a annoncé à une personne de l'assistance qu'elle venait de perdre 4 bovins après que ces derniers eurent mangé les feuilles des cotonniers traités par les pesticides. Des éleveurs affirment que certains producteurs de coton pulvérisent jusqu'aux abords (le fourrage) pour protéger leurs récoltes. Ces faits ont été cités par des éleveurs de Kompienbiga, Nadiagou, Tibadi et dans la zone de pastorale de Kaboanga (située à environ 35km de Pama).

> La flore

La caractéristique de la défriche pour la culture du coton est qu'elle est sélective ou totale. Dans les champs de coton en général, les espèces ligneuses qui sont préservées le doivent aux intérêts qu'ont les producteurs pour celles-ci. Les principales espèces concernées sont le karité, le raisinier, le tamarin. Les autres espèces sont systématiquement abattues. Un inventaire floristique et un suivi écologique pourraient permettre de mieux apprécier la dynamique de ce problème environnemental en vue d'intégrer les techniques de régénération et de conservation du milieu.

> La microfaune

La contribution de la microfaune à l'équilibre des milieux a été mise en évidence. Elle joue un rôle dans le cycle des échanges entre les sols et les plantes. Pourtant, l'utilisation des pesticides menace sérieusement les microorganismes du sol. L'usage des pesticides affecte leur cycle. Aussi, l'épandage des herbicides non sélectifs tant apprécié par les producteurs pour son efficacité à détruire le couvert végétal suscite des interrogations sur la fertilité du sol mais aussi le devenir des micro organismes de cet écosystème.

Le tableau 22 met en exergue les groupes d'impacts directs et indirects en relation avec la culture du coton dans la région.

Activités

Impacts environnementaux

Directs

Indirects

Usage des produits phytosanitaire (pesticides)

.Pollution des sols

.Pollution esthétique par les emballages

Contamination des êtres vivants

.Pollution des eaux de surface

-Pertes de ressources halieutiques -Contamination de la flore -Contamination des êtres vivants
animaux

-Accumulation de pesticides dans la chaîne trophique

-Eutrophisations

.Pollution des eaux souterraines .Pollution de l'air

- Contamination humaine et animale

- Baisse de la qualité d'eau de boisson

.Bioaccumulation des pesticides dans la

chaîne trophique

- Contamination humaine

- Contamination de la faune

.Elimination d'insectes nuisibles et utiles pour la pollution

- Problème de pollution

- Perturbation de la productivité

végétale

- Perte de biodiversité et déséquilibre écologique

.Contamination du fourrage vert

- Menace sur la santé animale

- Bioaccumulation des pesticides dans les animaux

.Elimination des petits mammifères

Déséquilibre écologique

.Intoxication humaine

- Apparition des malades

- Baisse de facteur de productions

.Coûts élevés

- Usage de pesticides non homologués - Développement de contrebande

Application de fertilisant chimique

.Pollution des eaux

- Eutrophisation

- Diminution des ressources halieutiques

.Production de CH4

Augmentation de l'effet de serre

.Coût élevé

Réduction des marges bénéficiaires

Défriche /déforestation

-Diminution du potentiel floristique

-Empiètement des limites des réserves forestières

- Déséquilibre écologique - Perte diversité biologique - Changement climatique

Tableau 22 : Grille de quelques impacts environnementaux

5.2 Mesure d'atténuation des effets préjudiciables

Les impacts réels ou potentiels de la culture de coton exigent d'entreprendre des actions pour atténuer les effets pervers. En effet, l'exploitation des ressources naturelles ne saurait se limiter à la satisfaction seulement des besoins actuels. Il faut entreprendre des actions pour une utilisation rationnelle des ressources naturelles support des activités anthropiques.

L'utilisation des biens environnementaux de la zone nécessite l'adoption d'attitudes et de pratiques pour la sauvegarde de la santé écosystémique.

Dans cette optique, pour la préservation de la santé et des ressources naturelles de la région, il ressort que :

. 81,97% de nos interlocuteurs estiment qu'il leur faut du matériel de protection et bénéficier de formations sur les itinéraires techniques agricoles,

. 9,83% proposent à cet effet l'abandon de la culture du coton avec une orientation vers les autres spéculations

. et 8,20% des enquêtés pensent que l'utilisation des bio pesticides et l'adoption du coton biologique préserveraient leur santé.

En ce qui concerne le coton biologique, 43,33% disent n'avoir pas de connaissances à ce sujet et 56,67% affirment en avoir déjà entendu parler. En outre, 23,33% des cotonculteurs interviewés disent n'avoir pas reçu de formation alors que 76,67% affirment en avoir déjà bénéficié en matière de gestion des ressources naturelles. Selon les interviewés, ces formations et sensibilisations ont été assurées par les sociétés cotonnières (67%), par l'UICN (18%) et les services de l'agriculture et de l'environnement (15%).

.

5.3 CONCLUSION PARTIELLE

La protection et la gestion rationnelle des potentiels fauniques et floristiques sont un gage pour le succès des projets de développement de la zone. Il est donc nécessaire de réfléchir sur des dispositifs en vue d'atténuer les impacts environnementaux (direct et indirect) identifiés. Des risques sanitaires et des impacts potentiels sur l'environnement ont été révélés. Il ressort que la culture cotonnière dans la zone présente des risques qui n'épargnent aucune matrice écologique. Les effets probables notamment la contamination de toute la chaîne alimentaire et l'altération physique du milieu naturel sont à redouter.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery